L'autre moi cet inconnu - Jean Etienne - E-Book

L'autre moi cet inconnu E-Book

Jean Étienne

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Beschreibung

Nous sommes dans un polar psychologique qui raconte la vie d'un simple garçon vivant seul avec sa mère. Mais il y a un souci dans son cerveau : une présence supplémentaire. Il ne la connaît pas, il ne sait rien d'elle, pourtant elle est en lui, connectée à son esprit. De minime cette présence s'affirme dans des moments cruciaux. Silencieuse à lui, elle agit. Pour lui, pour son bien pense-t-elle, en réparation. Mais sans affects pour l'autre, la victime. Elle entreprend des actes dont il n'a pas conscience. Jusqu'où peut-elle aller pour le protéger ? Comment découvrira-t-il sa présence ? Cette vérité sera-t-elle supportable ?

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Seitenzahl: 154

Veröffentlichungsjahr: 2023

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SOMMAIRE

Léo

Léo enfant

Elle apparaît

Elle plus tard

Elle une autre fois

Léo à l'école

Maman, son histoire

Maman, suite

Léo, la révélation

L'école de police

Léo, son travail

Retrouvaille Léo-Varlet

Léo, souvenirs

Elle de nouveau

Enquête

Léo, épilogue

LEO

J'ai réussi ! J'y suis, ça y est ! Mon rêve depuis tant d'année. Et, comme le demande la fiche métier, j'ai été méticuleux et méthodique en plus du travail d'acquisition de connaissances que cela m'a demandé. Cela n'a pas été facile de l'être, surtout de le rester, la durée est une ennemie. J'ai quelquefois tendance à me disperser, à être un peu dilettante. Mais là, encore plus que pour les examens précédents, il m'a fallu une énorme concentration. Ma vie, ou plutôt ce que je voulais en faire, était en jeu. Je sentais, presque une voix me le disait, que c'était ce que je devais faire absolument sous peine de châtiment. Il fallait que je sois en accord avec mes vœux les plus chers.

Et je ne peux remercier que moi dans cette réussite. Malgré tout il est possible que mon entourage familial immédiat ait une petite responsabilité. Mais elle est bien maigre cette famille. Je n'ai que ma mère, ou pour être exact, plus que ma mère. Faut-il un père pour faire un enfant ? Il peut certainement le concevoir, l'imaginer, en vouloir même. Ma mère n'a jamais été loquace sur le sujet de ce père absent, sur les justifications de cette absence justement.

Plus que ma mère. Elle est une rescapée, une victime rescapée d'un terrible accident domestique dans lequel toute sa famille fut décimée, sauf une sœur qui n'eut plus jamais figure humaine et qui mit fin à ses jours pour cette raison certainement. Accident causé par une fuite de gaz, on suppose. Une étincelle intempestive mais là au bon moment provoqua l'embrasement puis l'explosion de la poche de gaz accumulée dans la pièce. Une déflagration énorme qui brisa nombre de vitres du quartier. Mais surtout souffla la vie de ses parents et de sa sœur. Ce soir de drame elle n'était pas à la maison, prise par d'autres activités. Du moins c'est ce que j'en ai déduit. Elle n'a jamais été très expansive sur ce sujet-là non plus. De même pour mes grand parents, je savais que ces personnes pouvaient exister, mes camarades de classes parlaient des leurs. Les miens n'ont jamais été évoqués qu'en rapport avec leur insignifiante existence. Donc, comme famille je n'ai plus personne. Je ne la connais que par cette histoire. C'est peut-être ce besoin de savoir, ce besoin d'explications qui m'a poussé inconsciemment à me diriger dans cette voie professionnelle, la recherche de la vérité.

Trop, je l'attendais trop ce papier, cette convocation qui m'invite à suivre une formation de « technicien en investigation scientifique ». R.I.S. Me voilà, j'arrive ! J'ai toujours rêvé ma vie dans ce feuilleton. Il n'y a dans cette série que des super héros, des justiciers qui lutte contre le crime. Ça y est, je suis dans le scénario.

Extérieur jour, une villa cossue.

La voiture de service, gyrophare étincelant, s'arrête devant le planton. La sirène a cessé son son stressant. L'OPJ Martine descend, elle claque la portière l'air bougon. Elle salue d'un geste vague les gardiens de la paix qui gèrent la petite foule des curieux. Elle entre dans la maison qu'elle semble reconnaître. Un dernier homme en uniforme a l'air de l'attendre, il la salue.

« Au commissariat on a reçu un appel anonyme, parce que la personne n'a pas dit qui elle était. Elle nous demandait de venir ici au plus vite, puis on a entendu un coup de feu et ça a raccroché. (En plan de coupe on voit une femme de dos qui téléphone.)

– Vous êtes bien sûr d'avoir entendu une déflagration, demanda-t-elle avec sa voie des îles ?

– Oui, oui, mais après on vous a appelé de suite ! Et on a touché à rien à cause de la scientifique. Vous voulez qu'on les appelle ?

– Parce que vous ne l'avez pas encore fait, dit-elle avec un air rageur. Je vais faire les premières constatations, ajouta-t-elle plus calme.

Elle jette un œil perçant autour de la pièce. Elle scrute. Aucun détail ne doit échapper à sa sagacité. Avant qu'elle n'ait pu s'approcher davantage de la scène, le policier qui s'est fait enguirlander lui tend un téléphone.

« Sagnac ! Mon ami ! Comment vas-tu ? Dis-donc, tu vas avoir du boulot au cas où tu t'ennuierais... Oh ! Ça va, je rigole. Ramène-toi avec ton équipe et ton équipement, tu en auras besoin. Ramène aussi le petit nouveau, le jeunot, il est tout mignon celui-là... Ouais... Ouais, non, arrête, t'es con ! Bon, bouge, on t'attends. »

Intérieur jour, dans le bureau des analyses.

Au milieu des microscopes, des appareils bizarres, des éprouvettes, des tubes en verre et autres instruments de laboratoire, Sagnac, les mains posées sur une paillasse, l''air grave, appelle ceux qui devront l'accompagner sur ce nouveau terrain d'enquête : « Éloïse, Julie, Léo, on a du boulot. L'OPJ Martine vient de nous appeler, il y a eu du grabuge dans une propriété. On a besoin de nous, prenez le matos, et fissa, faut pas traîner, en cette saison les mouches viennent vite. »

Extérieur jour, villa cossue.

On arrive sur place. Dans le fourgon j'aide Éloïse à se déshabiller pour qu'elle enfile sa combinaison anti-microbes. Je suis derrière elle, je la bloque contre moi en lui tenant les hanches pour qu'elle mette facilement ses brodequins stériles. Elle est prête à rejoindre la maison. Julie a attendu pour se préparer, elle me veut, elle veut que je l'aide. Je ne peux pas lui refuser cette faveur surtout quand elle est demandée avec un si beau sourire, et si engageant. Elle me remercie en m'embrassant. Chacun ayant les habits adéquats, nous nous rendons sur la scène du crime.

Intérieur jour, dans la villa.

Nous entrons dans la pièce. L'OPJ Martine et Sagnac, le chef, se tiennent dans l'embrasure de la porte. Ils dirigent les opérations en nous donnant des ordres et en prenant des photos. Les petites fioles, les cotons tige, les sachets et les boites se chargent d'indices qui seront étudiés au labo.

J'aurais aimé que Martine ait eu besoin d'une blouse et que je l'aide à l'enfiler, me dis-je en la regardant entre deux prélèvements. Elle a vue mon regard, elle me le rend. Nous avons fini. Avec Martine nous convenons de nous revoir rapidement pour approfondir le sujet. L'enquête commence, le corps peut être enlevé. Sagnac a appelé le docteur légiste Alexandra. Elle arrive avec deux brancardiers. Elle veut voir le corps mais elle n'a pas la tenue appropriée. Elle me regarde avec insistance. Je la trouve belle, elle aussi. Elle me demande de l'aider à mettre ses habits de protection. Nous allons tous les deux dans une pièce à côté. Elle ne me quitte pas des yeux. Un cadavre l'attend mais elle prend son temps pour se dévêtir. Je l'aide en la prenant par derrière. Ses hanches sont moins fines mais toutes aussi agréables. Elles me fait autant envie que les autres actrices malgré son âge.

Mes scénarios sont souvent les mêmes : un cadavre, les personnages qui apparaissent les uns après les autres, les habillages et déshabillages, le travail d'enquête, les fausses pistes, les rebondissements. Par là je comble un vide existentiel. Peu ou pas de rencontres, un célibat forcé involontaire. Je ne connais que le sexe imaginé dans mes scènes. L'école des techniciens de la police scientifique me permettra peut-être de rompre ce schéma. Je le rêve ou je l'espère ? J'aimerai justement que ce rêve se transforme en espoir pour se changer enfin en réalité.

J'arrête pour un temps mes élucubrations. Je me secoue, je reprends mes esprits et le fil du réel. Je suis parti dans mon délire scénaristique sans m'en rendre vraiment compte, à mon corps ou plutôt mon cerveau défendant. Car j'ai encore dans une main l'enveloppe qui contenait les papiers que je tiens dans l'autre que je ne risque pas de lâcher tant leur importance est grande, énorme : la convocation pour intégrer l’École Nationale de Police, section Police Scientifique. J'en suis d'autant plus fier que je sais qu'il y a une concurrence très féroce pour ce concours et que beaucoup de ceux qui s'y présentent ont un diplôme largement supérieur à celui requis, mais pas forcément ma détermination. Ma fierté est là, je n'ai que le minimum nécessaire, un BEP métiers de la biologie.

Je vais retrouver là-bas mon Éloïse, ma Julie, ma Katia, sûrement mon Malik. J'y retrouverai aussi mes formateurs préférés : le chef Sagnac, l'OPJ Martine, le docteur Alexandra. Je sais que nous allons vivre des aventures merveilleuses et pleines de rebondissements, mieux qu'à la télé, en vrai désormais.

Je suis sur que ces huit semaines à l'école vont se passer comme je l'attends, même si je n'y ai pas trouvé mes complices télévisuels. Pas même leur clone ce qui est un peu normal malgré tout. Pour les cours nous avions à faire à des professeurs tous aussi intéressants les uns que les autres, un vrai régal. En revanche, il y avait une intervenante, qui était sortie de cette école quelques années auparavant, qui m'a fait, dès sa présentation, une mauvaise impression. Elle était là pour nous expliquer le travail de terrain comme elle le faisait dans son service, ce qui en soit est une très bonne idée de la part des directeurs. Mais son attitude envers les autres et envers moi en particulier à certains moments était autant déplacée que désagréable. Et il allait falloir la supporter deux heures par jour trois jours d'affilés.

Elle appliquait, mais le faisait-elle volontairement, une technique très utilisée par les soi-disant humoristes amateurs de stand-up, qui consiste à prendre dans l'assistance une ou plusieurs têtes de turc pour valoriser et illustrer ses propos ou pour faire état de son autorité. Elle était comme au spectacle, essayant, grâce à ses cobayes, d'avoir l'attention et l'assentiment de l'assistance. Il ne fallait pas que l'un de nous ait l'esprit un peu dissipé, le regard vague ou ailleurs, sinon nous nous faisions vertement remettre en place. Et cela c'était le premier jour. Le soir, après les cours, nous étions quelques-uns à discuter de cette journée, ce que nous en avions retenue et comment nous l'avions vécue. Nos propos convergeaient tous vers une personne en particulier. Nous convinrent que de drôle l'intervenante était passée par lourdingue pour finir injuste. Nous n'étions que des élèves, nous n'avons pas osé en référer à nos supérieurs. Nous avons été d'accord d'attendre et de voir.

La deuxième séance, le deuxième jour, était organisée en travaux de groupes. Elle passait de table en table pour vérifier l'avancement des travaux ainsi que leurs qualités. Elle distribuait presque des bons points. Et des mauvais points pour un groupe qu 'elle prit en grippe. Groupe qui était constitué de personnes n'ayant pas eu avoir à faire avec elle la veille. Le ton avec lui était sévère voire cassant. Pourtant nous avons pu vérifier que le travail qu'il fournissait était conforme à celui qui était attendu. Le groupe ne compris pas pourquoi elle agissait aussi injustement avec eux. Cela les troubla profondément. Personne n'était là pour subir ce genre de traitement surtout de la part d'une collègue. La promotion qui semblait unie connaissait de ce fait quelques tensions, un certain ressentiment apparaissait. Certains expliquaient qu'elle agissait ainsi pour tester notre capacité à résister à la pression. Je n'en croyais pas un mot. Pour moi elle était quasiment malade, bipolaire même car à la fin du cour elle redevenait une personne presque charmante et presque agréable. Les griefs étaient oubliés et elle s'adressait à chacun comme si rien ne s'était passé. Elle avait deux rôles biens distincts, l'un n'interférait pas sur l'autre. Elle ne semblait même pas se rendre compte de ses manières d'agir quand elle avait la casquette de formatrice.

Le troisième jour, lors d'une simulation de prélèvement d'échantillons, elle s'en pris à un autre groupe dont je faisais partie. Mes collègues voyaient bien que j'avais du mal à supporter ses remarques, ses moqueries, ses railleries. Ils voyaient aussi que j'étais prêt à exploser. Ils eurent la présence d'esprit de me calmer en me faisant comprendre que tout serait bientôt fini, qu'il fallait prendre patience. Ils avaient raison, il fallait la finir. Ils avaient aussi bien que moi cerné le personnage, mais leur réaction était la bonne : ne pas bouger et laisser passer l'orage. Je les ai trouvé très forts mentalement. Je ne sais pas si sans eux j'aurais pu résister à cette folle qui me rappelait un instituteur de triste mémoire. Je les remercierai en d'autres circonstances.

Le quatrième jour, sachant que nous n'aurions plus à la subir, nous étions redevenus serins. Les discussions entre élèves étaient ce qu'elles avaient été avant ses cours. Nous étions tous là dans le brouhaha de la salle de classe attendant notre cour.

Nous eûmes la surprise de voir arriver le directeur de l'école flanqué de ses adjoints et de notre superviseur de la matinée. Toute la classe fit le salut réglementaire à leur entrée dans la salle. Ils ne s'installèrent pas derrière le bureau situé dans un coin de la pièce, ils restèrent debout face à nous. Après nous avoir rendu notre salut, le directeur nous demanda de nous asseoir. Il mit quelques secondes avant de reprendre la parole, le temps de regarder, de scruter, de lire les visages, de tous les élèves présents. Si mes pensées, comme celles des autres certainement, avaient été audibles, un bruit assourdissant aurait demandé : « mais que se passe-t-il ? Que nous vaut cette solennité ? »

– Tout le monde est confiné dans l'enceinte de l'école, dit le directeur.

Personne n'osa tourner un regard mais on sentit une vibration comme une interrogation. Il reprit :

– Nous avons retrouvé ce matin votre formatrice morte dans son lit, probablement assassinée. Vous comprendrez que toute la promotion est suspecte ou, à minima, fait partie des témoins. Nous attendons une équipe d'enquêteur avec ses techniciens. Comme je disais, vous êtes donc à partir de maintenant confiné dans l'enceinte de l'école, dans leur chambre pour les internes, dans la salle polyvalente pour les autres. Vous avez bien sur l'interdiction de quitter l'établissement jusqu'à votre interrogatoire. Je vous remercie, vous pouvez disposer.

L'incrédulité se lisais sur tous les visages. Même s'il y avait du ressentiment envers cette personne, elle n'avait été qu'une épine dans notre formation, elle ne méritait pas de mourir. Toutefois, cela avait un certain avantage, nous avons pu vivre notre première enquête mais nous en étions les sujets. Tout le monde eut à cœur que les inspecteurs clôturent vite cette enquête pour que le meurtrier soit arrêté le plus vite possible. Je trouvais cela tellement extraordinaire que le soir même, quand nous pûmes rejoindre nos logements, j'appelais ma mère pour lui raconter cette histoire. Elle en fut profondément bouleversée, curieusement plus que moi qui avait vécu la chose en direct.

Nous apprîmes par la suite qu'il y avait très peu d'indices et que le coupable ne serait pas découvert de sitôt au grand désarroi de tout le groupe. En marge de cette histoire, je sympathisais avec le commissaire Varlet. En discutant avec lui, j'appris qu'il avait fait une demande de mutation dans une ville où son épouse venait d'obtenir un emploi. Je fis en sorte d'être nommé dans cette zone de travail qui, le hasard faisant bien les choses, se trouvait être ma ville de naissance. J'allais pouvoir de nouveau habiter chez moi, chez maman.

Notre formation dû quand même se terminer. L'ambiance n'y était plus. Chacun avait tendance à regarder l'autre avec une certaine suspicion dans le regard ou dans l'esprit. Car aucun résultat ne vint clore cette sordide affaire. Alors que nous faisions nos vœux d'affectation, l'enquête continuait. En connaîtrions-nous un jour le coupable ?

2

Je sais surtout que j'ai bien occulté nombres de faits, de gestes, de paroles qui faisaient mon quotidien, ma vie, mon existence et qui ont probablement axé cette vie, cette existence. Ne suis-je que la résultante de cette histoire ? Ce serait donc elle qui guiderait mes choix actuels ? Quelle est ma part de décision là-dedans ? Dois-je me scinder en deux, trois ou quatre afin de connaître les parties qui me composent et qui me tiraillent. Suis-je un ou plusieurs dans ce même corps ?

Quelquefois des bribes remontent. Telles les briques d'un mur qui sépareraient les réalités. Mais j'attends d'en avoir assez pour les assembler, pour construire. Ou plutôt comme les pièces d'un mécanisme que j’emboîte, que je place. Je ne les reconnais pas toutes, alors je tâtonne vers la solution. J'entre les informations. Tout va se mettre en place et bouger pour produire l'effet final, celui qui va s'inscrire dans mon cerveau, dans mon inconscient, la chose que je ne comprends pas sur le moment. Celle qui m'interrogera des années plus tard, celle qui m'interroge aujourd'hui.

« Mon chéri, lève-toi, il est l'heure d'aller à l'école ».

Avant qu'elle n'ouvre la porte, je n'étais déjà plus dans le sommeil. J'avais entendu quelques bruits. Le réveil de ma mère ? Les voisins sans doute. Mes yeux avaient aussi perçu que nous n'étions plus dans les lumières de la nuit. La veilleuse dans la prise de courant devenait inutile, elle ne remplissait plus son office. Le matin pointait identique aux autres matins. Mon esprit se dés-embrumait, lentement.

Curieusement ma table de nuit, de récupération, n'était pas assortie à la literie. De fait elle dépassait largement le haut du matelas. La tête du lit était adossée au mur où se trouvait la porte et, quand on ouvrait matinalement celle-ci, la lumière du couloir était coupée par la hauteur du chevet, projetant son ombre sur mon oreiller qui annonçait le plein jour et qui me permettait d'échapper pour quelques secondes encore à sa violence, jusqu'à l'ouverture des volets.

Pour ce faire, elle s'était réveillée et levée peu de temps avant de traverser ma chambre. Elle ne portait généralement que sa nuisette. Elle avait bien une veste d'intérieur, une sorte de peignoir léger et court mais elle ne le mettait qu'après être sortie de ma chambre. Ma tête dans l'ombre, mes yeux s'éveillaient à la nouvelle clarté. En entrant elle n'allumait aucune lampe. Mais