L'élément e - Marc Tettiravou - E-Book

L'élément e E-Book

Marc Tettiravou

0,0

Beschreibung

Cet essai tente de ne plus opposer la Science à la Spiritualité.
La communication atemporelle devient rationnelle grâce à une construction logique et établit le lien continu avec le raisonnable. Un récit de la vie de tous les jours et une pensée sur la raison d’être, vue à travers cette nouvelle donnée de la logique intemporelle. La fragilité de la sensibilité et la force de la raison conduisent ce texte… d’espérance.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marc Tettiravou fait des études de mathématiques à l'Université de Paris Sud-Orsay, de Philosophie à la Sorbonne et de Musique à la Schola Cantorum et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il étudie le violon.
L’élément e est sans doute sa tentative de réponse à la continuité entre les dialectiques métaphysiques et scientifiques.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 186

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Marc Tettiravou

L’élément e

Essai

© Lys Bleu Éditions – Marc Tettiravou

ISBN: 979-10-377-1581-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Raphaelle et Ariane

Mot de l’auteur

Ce livre peut ressembler à un ancien écrit sorti de la poussière du temps. Un livre qui raconte une histoire mirobolante et extravagante, peu crédible. On peut même penser qu’il a été écrit dans un temps de croyance primitive et dans une autre langue, puis traduit en français.

Justement, les mots sont souvent naïfs, simples, parfois crus et parfois, je l’espère, sans adjectif.

Je n’ai pu me soustraire de quelques écritures mathématiques, mais rien de grave !

Je tente aussi d’équilibrer mes propos par des critiques à leur sujet sous forme de raisonnement par l’absurde.

J’ai essayé d’éviter toute approche des connaissances ou théories philosophiques pour qu’il n’y ait pas de confusion avec ce que je dis, même si parfois j’y fais quelques allusions.

Mon intention est de m’adresser à tout le monde pour communiquer l’alerte que je lance à la Science, plus précisément à la Physique. Celle-ci tente de modéliser les phénomènes naturels de l’univers en établissant des lois. Or il y a des phénomènes, connus depuis la nuit des temps, qui sortent du domaine de cette science qui les réfute et les qualifie donc d’irrationnels. Ce qui a pour effet de fermer les portes des découvertes favorables à la condition humaine et plus globalement à la vie et à son utilité.

L’idée est de combler cette lacune et de modéliser des phénomènes que tout le monde ressent, un peu comme un appel intime, et qui constituent somme toute une réalité de l’Univers que la Science ignore.

Ma culture est scientifique et j’ai longtemps défendu, non sa rigueur qui n’a besoin d’aucun avocat, mais son opacité envers certaines réalités. Je me dois de participer à la réparation de cette erreur.

S’il y a une vérité scientifique, elle doit s’exprimer dans le visible mais aussi dans l’invisible, pas seulement parce qu’un enfant d’une certaine principauté a senti que l’essentiel l’est pour nos yeux, mais parce que, nos sens ne distinguant que les objets dans le Temps, il faut aussi que la raison puisse décrire ceux qui n’y sont pas.

Je tente ici d’amorcer le chemin… avec vous.

Préface

Ce n’est pas la première tentative d’introspection de l’atemporalité.

Grand nombre d’ouvrages ont été consacrés à cet exercice, et on note, bien sûr, celui de Descartes comme référence.

Ici, cependant, la méthode rationnelle employée ne se contente pas d’un simple formalisme mathématique puisqu’elle le relie étroitement à la nature humaine. D’ailleurs, l’Homme est au centre du discours et Marc Tettiravou l’inclut dans le cadre global d’une Enveloppe des Univers où le nôtre en fait partie.

Un raisonnement simple sur les « ensembles » conduit à l’existence de plusieurs dimensions, de plusieurs Temps et d’une situation « unique » qui n’en dépend d’aucunes. Cette situation, qui est aussi modélisée par un ensemble, est le déclenchement d’une succession d’évènements physiques dont chacun contient un « élément », trace provenant de l’Ensemble primordial. L’Homme, qui a aussi en lui cette « trace », perçoit ces évènements et tente de les décrire avec de différentes dynamiques de réactions. Parmi ces réactions, il y a nécessairement celle liée à cet « élément » atemporel, celui qui lui permet une communication immatérielle donc parfaite.

L’auteur met en évidence cet « élément » qui est la clé de notre « raison d’être » et qui doit désormais conduire notre destin.

Anna Darouan,

Professeur de Philosophie

Prologue

Le douze avril 1929, à Berlin, lors d’un mémorable concert de l’Orchestre Philharmonique sous la direction du grand Bruno Walter, le jeune violoniste prodige Yehudi Menuhin, qui allait fêter ses 13 ans cette année, interpréta en soliste dans la même soirée un concerto de Bach et ceux de Beethoven et Brahms. « Les trois B », disait-on. La salle de la Philharmonie était comble et parmi l’auditoire se trouvait l’illustre Albert Einstein, lui-même violoniste amateur. À la fin du concert, à la fois abasourdi et émerveillé, le savant se précipita vers les coulisses en enjambant la scène, entra dans la loge du jeune soliste, prit celui-ci dans les bras, l’embrassa, et lui déclara : « … et maintenant, je sais qu’il y a un Dieu dans le ciel… ! ».

Ceci s’est passé deux ans après la Conférence de Solvay où il lança sa fameuse réplique à Niels Bohr : « Dieu ne joue pas aux dés ! ».

Obsession ? Intuition profonde ou tentatives de déductions ? La question de Dieu reste pour le savant un leitmotiv en filigrane. Ce thème le guidera tel un phare dans ses recherches ultimes où il est question de trouver cet ordre « magique » qui relirait le mouvement des atomes et celui des galaxies en une théorie unique.

Depuis, devant l’ordre impitoyable des équations mathématiques qui régissent les modèles des univers, un grand nombre de chercheurs n’excluent pas l’existence d’un élément, extérieur à toutes théories, qui serait à l’origine de ces univers. Ce point de vue peut être une forme d’interprétation d’un fameux théorème de Gödel qui, pour simplifier, montre que la cause d’un système cohérent est extérieure à ce système.

Ce qui m’interpella très tôt dans ma vie, ce sont ces deux mondes, la Musique et la Mathématique, dont l’anecdote du début illustre bien toute ma dynamique passionnelle. Je ne sais si cela correspond à ce que le philosophe Pascal appelait le Cœur et la Raison, mais Menuhin et Einstein ont été et restent mes inspirateurs, mes phares, mes horizons, mes langages. Et puis, je ne puis oublier, et pour Cause, ce que j’appelle cet Autre Élément dont évoque aussi cette première anecdote. Il s’agit quelque part d’une certaine trinité.

J’ai longtemps pensé d’ailleurs que nous avions chacun, de façon différente, notre trinité, sachant que cet « Élément » est commun à toutes celles-ci, l’élément commun qui nous relie « atemporellement ». Hormis cet élément, nous reposons sur une dynamique dichotomique, stabilisante, voire compensatoire. Mes longues réflexions adolescentes étaient nourries entre autres de lectures de Pascal et de Descartes, l’un construisant avec le Cœur et l’autre avec la Raison. Finalement, le Cœur et la Raison constituent le socle de notre dualité, à chacun d’identifier les signifiants du barycentre nous caractérisant, avec les bons coefficients.

Ce qui suit est un essai personnel, « à la recherche du temps perçu », ce temps qui a donné, « après » et « avant » bien d’autres, le mouvement et le tempo de notre « Bigbang » personnel.

Cet essai m’a été probablement soufflé par ma trinité qui pose la question de savoir si l’on peut désormais continuer à omettre cet « Élément » dans les théories de La Physique. Cet élément mérite tout autant de le nommer à l’aide des signifiants mathématiques. L’insolence envers le rationalisme classique m’inspire de le faire. Que la Science traditionnelle, qui m’a façonné et qui a mon grand respect, me pardonne, au fond, je ne la contredis pas.

Mais il me faut auparavant vous dire, comment ma « conscience », à travers l’Espace et le Temps, s’est heurtée à ce qu’elle percevait, comme si l’image reçue ne correspondait pas à une autre projetée du fin fond de l’intuition, cette lueur que nous percevons parfois bien malgré nous, tel le « reflet » d’une lumière non identifiée.

Ondes temporelles

Je me souviens pendant un été, ces après-midi rayonnantes passées sur une immense plage d’Erquy en Bretagne. J’avais dix ans. La lumière du sable brûlant éblouissait. L’émeraude étincelante d’une eau scintillante, enfermée dans de grandes cuvettes naturelles de rochers, attirait les jeux des enfants. L’odeur de l’iode, des algues et des coquillages nous enivrait. Le grondement des vagues rythmait ces après-midi comme une rengaine berçante.

Toutes les sensations nous étaient parfaites.

Nos sens nous suffisaient pour recevoir une plénitude physique, une jouissance de la vie, sans qu’aucune question ne vienne troubler cette harmonie. Nous fûmes gâtés cet été par un temps exceptionnel et chaque après-midi sur cette plage était un enchantement.

Un soir, pendant ces mêmes vacances d’été, ma mère emmena ses enfants au cinéma. On y projetait « Les Dix Commandements ».

Ce film me transporta à des mille et mille de la sphère où j’étais. Les cuivres et les percussions de la musique m’avaient surpris d’entrée et m’ont cloué sue mon fauteuil jusqu’à la fin du film. La projection terminée, je n’ai pu bouger, mon visage ruisselait de larmes et de sueur.

Toute la nuit qui a suivi la séance, je fus hanté par ce personnage en tunique marron et s’aidant pour marcher d’une immense tortueuse et solide branche d’arbre en guise de cane. Le lendemain, je ne pris pas mon petit déjeuner. Après une toilette des plus rapides, je dégringolais l’escalier qui menait à la porte du jardin, sortis et me dirigeais vers une dépendance où étaient rangés des outils et de vieilles affaires. Je cherchais ce qui pouvait ressembler à cette tunique et à cette cane. Une fois trouvé, je me déguisais avec cet accoutrement et décidais de déambuler dans les rues de notre village qui s’était transformé dans mon imagination en décor rocailleux et semi-désertique. La mer que je pouvais apercevoir au loin n’était autre que la Mer Rouge. J’étais bientôt rejoint par quelques enfants des alentours qui, curieux et réjouis, ont décidé spontanément de m’accompagner dans ma traversée burlesque, sous le regard surpris et amusé des paysans qui nous voyaient passer.

« Tu ne tueras point, tu ne voleras point ! » criais-je tout d’un coup en levant la tête et les bras !

« Qui vole un œuf vole un bœuf ! » enchaîna de suite, en criant de plus belle, Madelin, l’un des enfants qui m’accompagnaient.

« Arrête, ça n’a rien à voir ! » lui dis-je.

« Ah bon ? Bon ben, je ne comprends rien à ton jeu, salut ! » me dit Madelin surpris, en s’en allant, déçu.

Je lui avais fait du mal sans le vouloir et je m’en veux encore.

C’est vrai que je n’ai pas communiqué aux autres enfants ce que je faisais, ils m’avaient rejoint de façon spontanée. D’ailleurs, savais-je réellement le sens de ce que j’accomplissais en déambulant avec mon déguisement dans les rues du village ? Certainement pas et par ailleurs, je ne me posais nullement la question.

La réponse de Madelin était justement et finalement bien à propos, et nous ne le savions pas. Je voulais entourer mon jeu d’acteur de quelque chose de « sacré » en enlevant tout sens basique réel, alors que Madelin en avait perçu dans son esprit naïf le côté qui reliait à l’homme, à sa sensibilité. Dans « ne pas voler », il y a de la Raison et pas nécessairement du « Sacré », que j’ai malgré tout ressenti instinctivement, comme attiré par le miroitement d’un reflet dans mon inconscient. L’ordre moral de la Raison ne peut venir du pur instinct, car précisément l’Instinct n’a pas de moral. Mais l’enseignement de Moïse dépasse la Raison et c’est ce que j’avais perçu de façon troublée. Seulement comment communiquer avec la raison quelque chose qui n’est pas raisonnable ?

D’où l’incompréhension que j’ai générée.

Le lendemain matin, j’étais toujours avec mon accoutrement, cette fois-ci, seul, sans autres enfants, assis au bout d’une rue sur un petit espace où se trouvait une croix de chemin. Soudain surgit Madelin en trottinette, en pleine forme, une sucette à la bouche. Il s’approcha de moi et me brandit une autre sucette qu’il venait de sortir promptement de sa poche. « Tiens, c’est pour toi ! » me dit-il, fier, avec un large sourire. « Tu sais, je ne l’ai pas volé ! » me dit-il sérieusement.

« Qui vole une sucette vole une poussette ! » lui rétorquas je en me levant, soulagé de le voir et en le remerciant.

« Je sais que tu n’es pas un voleur », lui dis-je, « tu es un super mec et moi un pauvre con ! ».

Madelin ne me laissa pas poursuivre mes excuses, « si tu veux, je te prête ma trottinette ! » me répondit-il.

L’après-midi, j’étais à la plage. Rien de tout ce qui avait fait mon bonheur n’avait disparu. J’enveloppais mes pieds nus dans le sable pour sentir sa chaleur. La clarté de l’eau m’attirait et j’allai à son contact comme pour prendre un ami dans mes bras.

Mais le rire des autres enfants n’était plus au premier plan. Ils m’entraînaient dans leur jeu mais mon regard était attiré vers un enfant non loin, en fauteuil roulant.

J’avais hâte de retrouver ma tunique et ma cane. Il me semblait que dans ce « paradis », il manquait quelque chose, je ne savais pas quoi, mais ma perception était modifiée, les sentiments qui en ressortaient étaient entourés de tristesse. Comment pouvais-je expliquer, rationnellement, que devant le paradis qu’était ce cadre magnifique, où mes sens ronronnaient de plus belle, que d’autres perceptions, que d’autres sentiments pouvaient en troubler la jouissance ? Je comprenais bien plus tard que ces « Commandements », qui interdisaient certaines choses, interdisaient finalement le contentement et la dynamique de l’instinct en montrant ses limites. Ne pas voler, ne signifiait certainement pas ce que la Raison vous dit, c’est-à-dire voler un bonbon dans le placard de la cuisine. Mais cela signifiait quelque chose que le rationnel ne peut expliquer. Mais quoi ?

Pourquoi cette explication sort-elle du rationnel ?

La sensation d’un équilibre parfait des sens est éphémère. Ces moments passés à Erquy m’ont montré que sans la Raison, si nos sens sont caressés dans le bon « sens » c’est le bonheur. Il suffit que la raison ou le non rationnel viennent mettre leur « grain de sel », nos sens ne trouvent plus de « sens » à ce bonheur ». L’instinct ne peut trouver son équilibre dès que le rationnel ou le non rationnel viennent le brouiller. Peut-on alors trouver un bonheur en dehors de l’instinct ? L’homme le cherche en tout cas, car le bonheur primaire n’est pas durable et reste incomplet, et la vie en société contredit sa dynamique. La Raison a pris le relais pour créer un ordre moral permettant une harmonie de vie sociétale. Mais cette Raison est bousculée par des idées politiques extrêmes issues justement de l’instinct primaire tenace. La guerre entre la Raison et l’Instinct a lieu, les institutions de la démocratie n’ont pu l’éviter. Platon avait prévu ces travers et préconisait une « Aristocratie du Savoir » avec des sages et des savants qui gouverneraient. Cette théorie devait mener à la résolution des conflits et des inégalités et à construire des sociétés harmonieuses.

La question est maintenant de savoir si l’harmonie raisonnable est suffisante. Peut-on se suffire de vivre, sachant que chacun peut manger, dormir, travailler, avoir des enfants et pouvoir les élever et un jour… mourir. L’Homme serait-il venu sur Terre pour viser ce but : naître, vivre en « profitant » le mieux et… mourir ?

Le simple fait de se poser la question prouve que ce but est incomplet.

Vivre le paradis tous les jours sur la plage d’Erquy ne peut suffire. La Raison, au-dessus de l’Instinct, mène à un ordre moral et vital dont l’issue est de mourir.

La finalité raisonnable est esclave du Temps, ce même Temps où le rationnel, donc la Science, est enfermé. Il y a donc quelque part un paramètre qui est libéré du Temps et qui nous pousse vers un bonheur illimité, lequel peu importe, mais c’est cette conviction profonde qui émane en chacun de nous et c’est ce qu’Einstein a aussi exprimé ce 12 avril 1929 à Berlin.

La nécessité d’introduire enfin ce paramètre dans l’écriture scientifique est inéluctable.

Madelin, qui a été le premier à me suivre dans mon déguisement de Moïse, est devenu moine franciscain. Un peu comme la tunique marron que j’avais, il porte la bure des moines. Je ne sais quelles étaient les circonstances qui l’ont mené à la vie monacale. À l’époque où il dévalait dangereusement les pentes avec sa trottinette, aucun signe ne pouvait indiquer cette orientation. Nous aimions tous les deux secrètement la petite Gaëlle, fille de la boulangère qui jouait avec nous sur la plage. Madelin était bien plus entreprenant avec elle que je ne l’étais, et cela m’attristait et me rendait parfois jaloux. À la fin de nos vacances, pendant que mon père chargeait la voiture, elle était venue me dire au revoir et Madelin surgit avec sa trottinette qu’il lâchât en fin de course, laquelle alla s’écraser contre un arbre. Gaëlle avait éclaté de rire, ce qui mit de la brume dans mes espoirs.

Quelque trente ans après Erquy, j’ai rencontré le pilote fougueux de patinette à Toulouse. Il était dans la congrégation des « Frères Mineurs », un ordre franciscain. Dans une rue piétonne, près de la place du Capitole, il m’a reconnu aussitôt et me lança « Qui vole un œuf vole un bœuf ! » avant que nous tombions l’un et l’autre dans les bras.

Un élément entre lui et moi a fait que le Temps ne s’était pas écoulé.

A

État des lieux

I

Évolution de la perception

Nos sens sont les capteurs naturels du monde extérieur et transmettent à ce que j’appelle « l’instinct primaire » et que j’appellerai pour toute la suite « Instinct », des informations nécessaires à notre évolution basique. Se nourrir, dormir, se défendre, se protéger et se reproduire sont les principes de réactions vitales de cet Instinct dont le monde matériel à trois dimensions suffit. Un monde plongé dans le « temps » imperturbable, linéaire croissant, existant depuis toujours. Un Temps, dont l’animal, donc l’Homme, ne dispose pas d’organe spécifique pour le ressentir.

Nos sens sont donc pour rendre compte de notre environnement de façon succincte et suffisante pour assouvir nos besoins instinctifs, en nous donnant les armes de la survie. Ces armes sont rudes et « sauvages ». Cette survie est au prix de sacrifices, de sang et de souffrances physiques. Les premiers hommes vivaient d’abord en famille puis en clan après de rudes accords et concessions. Ils combattaient non sans difficulté les autres clans, les animaux et la nature, il leur fallait toute la force sauvage de l’instinct primaire pour cette survie dans un milieu finalement hostile. Mais ce que l’Homme avait de plus que l’animal, depuis très tôt, c’est d’une part cette aptitude à adorer des objets qu’il considérait comme « divinités » et d’autre part celle à développer ses capacités cognitives qui ont engendré sa « conscience ». L’animal fuit devant un objet qui lui fait peur et dont il n’a pas réussi à avoir le dessus. L’Homme, dans ce même cas, fuit mais revient vers cet objet soit pour comprendre pourquoi il a peur soit pour le vénérer. C’est cette deuxième réaction qui est à noter et qui questionne. Par ce fait, il se détache de l’environnement spatio-temporel et l’idée de l’infini, c’est-à-dire une façon de se soustraire du Temps, l’effleure. Comment d’ailleurs cette idée peut lui être venue, lui qui est totalement plongé dans le Temps et qui vit grâce à l’Instinct qui existe seulement par le Temps ? C’est l’une des questions que Descartes pose à un moment dans l’un de ses traités.

Au cours de l’Histoire, la conscience de l’Homme a peu à peu bousculé cet Instinct et une dynamique parallèle s’est forgée engendrant la Raison qui a osé contredire l’Instinct. La Raison ne remplace pas entièrement l’Instinct qui veille au grain de la survie et du fonctionnement biologique du corps. Elle est là pour une perception plus fine du monde, prenant du recul avec les données instinctives, se référant à de nouveaux concepts abstraits venus, en particulier, de la lumière d’un certain « reflet » qui le sensibilise, sans savoir pourquoi. Ceci a permis une évolution qui se distingue de l’animal, de façon naturelle plus qu’un désir volontaire. Le « Raisonnement », moteur de la Raison, issu de la curiosité naturelle, est venu à l’Homme en cherchant, observant, analysant, synthétisant, théorisant et en donnant des réponses aux questions qui lui viennent en abondance. L’Homme élabore des théories abstraites à l’aide de Postulats et de Propriétés qui lui permettent des déductions. Placés à la suite des postulats, des conséquences sont répertoriées, les unes engendrant les autres et le tout rangé dans une théorie lui servant à démontrer et à argumenter. Ce Raisonnement permet la découverte de la Mathématique qui sert, entre autres, à modéliser les lois de la nature.