L'enseignement du tennis en France - Nicolas Stanajic Petrovic - E-Book

L'enseignement du tennis en France E-Book

Nicolas Stanajic Petrovic

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Beschreibung

Nicolas Stanajic Petrovic est un enseignant de tennis français de 51 ans passionné d’histoire du sport en général et d’histoire du tennis en particulier.

Il a commencé à enseigner en 1991 dans son club formateur, le TC St Germain Les Corbeil (ligue de l’Essonne) en tant qu’initiateur fédéral alors qu’il était étudiant en histoire à l’université de Paris IV Sorbonne.

Très vite il se passionne pour l’enseignement du tennis et il suit tout le cursus de formation fédérale au sein de son club formateur : Initiateur 1er degré en 1991 puis 2ème degré en 1993, il obtient le tronc commun du BE1 en 1996 alors qu’il prépare le CAPES d’Histoire Géographie puis l’examen spécifique du BE1 d’où il sort major de promotion de la session de Limoges (Juin 2001) après une formation d’une année avec l’organisme ACTJ.

En mars 2002, il démissionne de son poste d’assistant commercial d’une PME pour se consacrer à temps plein à l’enseignement du tennis, activité qu’il n’a jamais abandonnée, donnant toujours un coup de main sur son temps libre, à ses amis Fred Collombel et Eric Bory, les deux enseignants professionnels du club.

Devenu directeur sportif du TC Soisy sur Seine en septembre 2007 après avoir obtenu son BE2 option direction sportive et formation de cadres puis formateur des futurs enseignants pour le cabinet de conseil Trans-Faire Ile de France en septembre 2008 - en charge de la plateforme de Paris - il démissionne de ses deux postes en avril 2011 suite à une proposition reçue de l’agence TennisAsia pour venir enseigner à Hong Kong.

Nicolas enseigne depuis douze ans maintenant au Ladies Recreation Club, l’un des country club les plus prestigieux de la cité-Etat chinoise.

Ce club fondé en 1883 par les britanniques et qui compte environ 6,000 membres actifs est affilié à la prestigieuse Association Internationale des Clubs Centenaires et bénéficie d’un accord de réciprocité avec le Lagardère Paris Racing, notamment.
Responsable de tout le programme adulte au LRC (cours collectifs et animations), Nicolas manage une équipe de cinq coaches professionnels. Il a assuré, à ce jour, plus de 15,000 heures de cours auprès de membres de plus de soixante nationalités différentes et issus des cinq continents et il côtoie des enseignants du monde entier.

Nicolas reconnaît l’excellence de la formation française et souhaite à travers cet ouvrage en expliquer l’origine et les évolutions tout en remettant dans leur contexte historique les orientations prises par les instances fédérales : il s’agit avant tout d’un ouvrage de synthèse qui, espérons-le donnera envie à d’autres enseignants, chercheurs ou historiens, de développer ce sujet très vaste dans un devoir de mémoire pour les futures générations d’enseignants de tennis français !

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Nicolas STANAJIC PETROVIC

L’ENSEIGNEMENT DU TENNIS EN FRANCE

ORIGINES, HISTOIREÉVOLUTIONS ET PERSPECTIVES

Remerciements

Je tiens à remercier deux personnes en particulier sans lesquelles ce projet n’aurait jamais pu voir le jour : Monsieur Paul Jalabert d’une part et Monsieur Didier Masson de l’autre.

Paul Jalabert est la mémoire vivante du tennis amateur Français, né en 1928, il a été champion de France junior en 1946 et a participé 17 fois au Internationaux de France de Roland Garros entre 1947 et 1966. Il a côtoyé tous les grands noms du tennis français et international et surtout il a l’une des plus grandes collections d’archives du tennis (images et vidéos). Il a rédigé un Album de souvenirs filmés du tennis français qui a été publié en2010.

Didier Masson est un pédagogue averti, ancien conseiller technique régional de la liguede

Picardie (1973-1988), il est le dépositaire de l’héritage du maître-professeur Alfred Estrabeau

(1906-1999). Il est l’auteur de plusieurs livres dont celui intitulé, Le rôle du bras libre, paru en 1984 et vendu à plus de 6,000 exemplaires.

Il a publié très récemment, Un tennis fin dans un corps sain (2020).

Il est malheureusement décédé le 1er Décembre 2022 des suites d’une très longue maladie et je tiens tout particulièrement à lui dédier mon ouvrage.

Letravail en amont a été particulièrement enrichissant et c’est avec beaucoup de passion et d’abnégation mais également grâce à l’aide et au soutien de Paul et de Didier que j’ai pu obtenir les témoignages d’acteurs du tennis français allant d’anciens joueurs amateurs et professionnels, d’historiens du sport en général et du tennis en particulier, de cadres techniques de la Fédération Française de Tennis et de la Direction Technique Nationale, de collègues/confrères enseignants de clubs en France et/ou à l’étranger à des coaches français de renommée internationale.

Après Paul et Didier, je tiens également à remercier les personnes avec lesquelles j’ai eu de nombreux échanges, personnes sans lesquelles il m’aurait été difficile de construire cet ouvrage qui est le fruit de trois années de lecture, de recherches, de comptes rendus et de synthèses en parallèle à mon activité professionnelle de coach en club et à plein temps.

J’ai choisi de lister ces personnes ressources par ordre alphabétique ne souhaitant pas donner plus d’importance à l’une ou à l’autre.

Encore une fois, tous ces hommes et ces femmes ont bien voulu répondre à mes questions et mes interrogations et je les en remercie bien chaleureusement !

Allan Trevor, ex joueur professionnel australien (numéro 54 à l’ATP en 1984), il s’est installé à Marseille où il est devenu directeur sportif du CSM en 1991. Il a notamment entraîné Arnaud Clément lorsque celui-ci était adolescent.

Beust Patrice, ex-joueur professionnel et directeur du premier tennis-études de France. Il a entraîné de nombreux joueurs français (dont Yannick Noah). Il a été responsable du département formation continue des enseignants professionnels à laFFT.

Borfiga Louis, il a été directeur du pôle France de l’INSEP (1990-2006), années pendant lesquelles il a formé dix futurs top cent ATP, dont quatre futurs top dix. Ancien sparring partner de Bjorn Borg, il a été DTN à la fédération canadienne entre 2006 et2021.

Bory Eric, directeur sportif du TC St Germain les Corbeil (Comité Essonne, ligue Ile de France), également professeur d’EPS, il a été formé très tôt à la pédagogie de la mise en situation par Bernard Pinon. Il a été aussi mon guide durant de nombreuses années.

Brossard Philippe, directeur de la Fédération Nationale des Enseignant de Tennis (l’unique syndicat du secteur durant de nombreuses années), il est l’auteur du livre Prof ou champion de tennis paru en1991.

Cassaigne Alain, il a suivi les cours Cochet au RCF à l’âge de onze ans. Il obtient son monitorat en 1972, plus tard il devient entraîneur national puis DTN adjoint, responsable de l’INSEP notamment où il a été le premier entraîneur à faire venir une sophrologue (1984-85).

Cherret Pierre, actuellement directeur de l’Institut de Formation du Tennis (LIFT), il a été auparavant directeur technique de la Fédération Française de Tennis (2018-2021). Il est le coach de Cédric Pioline lorsque ce dernier atteint la finale de Wimbledon (1997).

Clastres Patrick, professeur d’histoire du sport à l’université de Lausanne, il a publié de très nombreux ouvrages, notamment sur l’histoire du tennis (il a lui-même été classé en seconde série). A été missionné par l’équipe du président Giudicelli pour diriger la rédaction de l’ouvrage sur le centenaire de la fédération.

Couvercelle Jean, journaliste sportif spécialisé rugby, golf et tennis pour le quotidien France-Soir à partir de 1967. Il fut le fondateur et le rédacteur en chef du célèbre mensuel Tennis Magazine dont le premier numéro est sorti le 1er avril1976.

Crognier Lionel, directeur de la faculté des Sciences du Sport à l’Université de Bourgogne, organisateur des deux colloques qui ont eu lieu à Dijon en 2008 puis en 2021 sur le thème “Le tennis dans la société de demain”.

Darmon Pierre, numéro un Français de 1959 à 1968, finaliste de Roland Garros en 1963. Il a été entraîné par les illustres maîtres-professeurs Alfred Estrabeau et Jacques Iemetti. Il a notamment partagé des entraînements avec Henri Cochet et René Lacoste.

De Camaret Régis, il a démarré le tennis à l’âge de 17 ans. C’est un “self made man” qui a beaucoup observé et interrogé les champions de l’époque (Nastase, Pietrangeli, Rosewall). Même s’il n’a jamais eu son monitorat, il a compté parmi les entraîneurs les plus performants dans les années quatre-vingt et ce en marge de laFFT.

De Roubin Odile, ex-joueuse de tennis professionnelle (1/4 de finaliste des Internationaux de France en 1973). CTR des Yvelines en 1982 puis responsable de la formation des moins de 12 ans à la FFT, auteur de l’ouvrage Le guide du tennis naturel, paru en1983.

Delpierre Isabelle, petite-fille de Marguerite Broquedis, première athlète française à avoir remporté une médaille d’or aux jeux olympiques toutes disciplines confondues (simple dames J.O de Stockholm en 1912).

Deniau Georges, devenu entraîneur en 1961, il a mis en place les premiers stages de tennis en France début 1970. Entraîneur successif des équipes de France et de Suisse de Coupe Davis, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la technique. Il a également été consultant technique pour Tennis magazine pendant près de quaranteans.

Di Maggio Eric, coach chez Elite Tennis Center à Cannes, il a travaillé avec Patrice Hagelauer au Sophia Country Club et a fait aussi partie du Team Daniel Contet. Éric a également travaillé à la fédération du Qatar, en Chine et à Singapour.

Dron Sever, diplômé de l’Institut des Sports de Bucarest (Roumanie), il obtient l’asile politique en France en 1972 puis son monitorat sous l’égide de Jean Paul Loth et Georges Deniau. Il a notamment entraîné Henri Leconte (finaliste de Roland Garros en 1988) et Julie Halard-Decugis (numéro une mondiale en double en septembre 2000).

Durr Françoise, vainqueur de Roland Garros en 1967, elle a vécu les débuts de l’ère Open. Nommée Capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, elle a joué un rôle actif dans la naissance de la WTA pour la reconnaissance du tennis féminin.

Fizaine Roland, Conseiller Technique et Sportif de la ligue d’Alsace de 1981 à 2016, formateur BE1 puis DE à Strasbourg, passionné d’histoire du tennis. Il a également été membre du jury à l’examen du BE puis du DE pendant de nombreuses années.

Garnier Pierre, ex-entraîneur de la ligue des Pays de Loire, il est actuellement indépendant et organise des formations sur le thème des préférences motrices. C’est un grand collectionneur de raquettes et de revues de tennis.

Glaszmann Caroline, actuellement conseillère en développement de la ligue d’Alsace, son père et son grand-père ont été les premiers à créer une école de tennis pour jeunes en Alsace. Classée en première série, en 1973, elle avait la particularité de jouer son revers à deux mains.

Gouzenes Alban, il a commencé à enseigner en 1980 aux côtés des coaches roumains Ion Tiriac et Sever Dron. Il a eu la chance d’assister le maître-professeur Estrabeau. Entraîneur de la ligue de Paris, il a également enseigné au Racing Club de Paris avant de devenir CTR (Guyane puis Lorraine)

Kronenberger Alain, actuel président du CA Montrouge (Ligue d’Ile de France), il a été CTR des Hauts de Seine avant de rejoindre la DTN. A participé activement à l’élaboration du classeur noir (référentiel fédéral de formation) dans les années quatre-vingt-dix.

Lacaze François, après avoir obtenu son monitorat en 1968, il a enseigné pendant vingt-quatre ans dans différents clubs de la région parisienne. Il est l’auteur du livre Le coupdroit, publié en 2020 et qui est le fruit de trente ans de recherche.

Lamarre Thierry, d’abord avironneur de très haut niveau, découvre le tennis par hasard alors qu’il fait son service militaire au bataillon de Joinville avec un certain Gilles Moretton. Très vite, il décide de faire de l’enseignement du tennis son métier. Il a monté l’agence PTR France en 1997. A ce jour, il a formé plus de huit cent coachs à la méthode américaine.

Letort Olivier, titulaire du BE3 depuis 1998 suite à ses travaux sur le tennis évolutif, il a activement participé à la création du mini-tennis en France dès 1986, aux côtés de Jean Claude Marchon (1933-2020). C’est lui qui est à l’origine des différents formats de jeu. Il a créé Tennis Cooleur et forme de nombreux enseignants à sa pédagogie.

Lovera (née Sherriff) Gail, née et formée en Australie par son père Ross Sherriff, considéré comme l’un des plus grands coachs australiens. Elle a côtoyé et joué avec tous les grand(e)s champion(ne)s australien(ne)s avant de devenir française en1969.

Massias Jean-Claude, devenu le tout premier CTR d’Ile de France en 1970-71 après avoir obtenu le monitorat de tennis en 1969 puis le professorat de sport. Il a été par la suite directeur de l’INSEP puis directeur technique national de la FFT pendant 12 ans (1996-2005).

Michelin Nelly, psychologue clinicienne, elle s’est spécialisée dans le sport de haut niveau pendant dix ans afin d’aider les athlètes à piloter leurs émotions. Elle a notamment travaillé avec Yannick Noah en1983.

Mourey Alain, professeur d’EPS, auteur de plusieurs ouvrages sur la pédagogie du tennis, il a été CTR de Bourgogne et a participé notamment à la réalisation du classeur noir dans les années quatre-vingt-dix. Il a été reconnu comme expert par l’ITF.

Peltre Marie-Christine, retraitée de l’Education Nationale (Professeur Agrégé d’Histoire Géographie), ex - 15, elle a été Présidente de la Ligue de Bretagne avant de devenir vice-présidente de la FFT sous la présidence de B. Giudicelli (en charge de la culture du tennis notamment).

Pestre Bernard, ex-entraîneur national (1984-96), responsable de la formation BE2 à Roland Garros à partir de 1996 et membre du jury de l’examen. Fondateur du département formation et enseignement à la DTN en 1997, il en sera également le directeur.

Pestre Gérard, ex-directeur et fondateur de l’organisme Trans-Faire avec lequel j’ai suivi la formation BE2 option Formation de Cadres & Direction Sportive en 2005/06. Expert en ingénierie de formation. Il est le pionnier de l’organisation de stages de tennis pour jeunes en France dans les années soixante-dix.

Pestre Jean-Paul, ex-directeur a l’ACTJ, mon formateur au diplôme du BE1 promotion 2000/2001. Jean Paul et son équipe pédagogique ont formé plus de 300 enseignants entre 1992 et 2006. L’ACTJ a également été pionnière dans l’organisation de stages sportifs pour tous et notamment de stages de tennis dès la fin des années soixante-dix.

Peyre Guillaume, entraîneur haut niveau (il a conduit Marcos Baghdatis en finale de l’Open d’Australie en 2007), ex-membre du Team Lagardère (coach de Nicolas Mahut et Richard Gasquet), il a travaillé notamment pour la fédération chinoise durant huit ans (en charge des meilleurs joueurs et joueuses).

Piffaut Jean-Christophe, ex-directeur du Tenniseum de Roland Garros, a participé à toutes les étapes de la création du musée. Membre de l’équipe première du TC Chavril (banlieue de Lyon), il a été classé négatif.

Poey Dominique, originaire du pays basque, il a naturellement démarré par le rugby avant de devenir un des meilleurs juniors français en 1970. Il entre à la DTN en 1978 en tant que responsable du deuxième tennis-études national inauguré la même année à Poitiers.

Rebuffé Christian, formateur pour la société Trans-faire depuis sa création en 1993, il a vécu la transition entre le BE et le DE de l’intérieur. Il a été membre de l’équipe technique de la ligue du Val d’Oise. J’ai eu la chance de l’avoir comme collègue chez Trans-faire entre 2008 et 2011 après l’avoir eu comme formateur en 2006 !

Renoult Marc, responsable pédagogique à la DTN, il a été CTR de Seine Saint Denis mais également responsable du club fédéral des enseignants professionnels de tennis durant de longues années.

Rouchon Anne-Marie, numéro huit française en 1964, elle a intégré la DTN au sein de laquelle elle a notamment été co-responsable du programme avenir régional.

Sautet Aurélie, fille du regretté Philippe Sautet (concepteur de la balle souple avec Jean Claude Marchon en 1986), a servi de “cobayes” aux essais de son papa (PDG de Nassau France à l’époque puis plus tard créateur, avec son frère Christophe Lesage, des premiers tournois par année de naissance).

Segur Catherine, ancienne directrice de la ligue de l’Essonne (1979), elle a suivi la formation initiateur fédéral 1er degré encadrée par JC Marchon (1933-2020) en 1976 puis a obtenu son monitorat à plus de quarante ans en 1982. Elle a longtemps dirigé un club sur la commune de Brunoy : le Renaud TC (comité Essonne, ligue Ile de France).

Simon Brigitte, ancienne joueuse professionnelle (demi-finaliste de Roland Garros en 1978), elle a enseigné pendant vingt ans après sa carrière de joueuse avant de s’orienter vers le coaching mental et la nutrition.

Sumyk Sam,breton de naissance, il a rejoint les Etats-Unis en 1990, peu de temps après avoir obtenu son BE. Il a travaillé dans une académie en Floride où il s’est tout de suite orienté sur l’entraînement des joueuses. Il a notamment coaché la biélorusse Victoria Azarenka, la russe Vera Zvonareva ainsi que l’espagnole Garbine Muguruza avec les succès que l’onsait.

Thamin Jacques, quinzième joueur français dans les années soixante-dix, a parcouru le monde enchaînant les tournois sur le circuit international au tout début de l’ère Open, jouant notamment en Asie. Il est devenu enseignant professionnel en 1973. Il est l’auteur du livre Mes belles rencontres de Borotra à Federer, publié en avril2022.

Thorel Eric, initiateur fédéral au TC de Revel (ligue Occitanie) durant deux saisons, il a rejoint les Etats-Unis à la fin des années quatre-vingt où il s’est formé à la pédagogie américaine (USPTA et formation Bollettieri) avant de s’engager chez PBI en 1990. Il est toujours en poste au sein de la compagnie américano-canadienne à ce jour.

Torre Paul a débuté à Rouen avec le maître-professeur Jacques Langanay. Il est l’un des rares joueurs français (avec François Jauffret et Gilles Moretton) à avoir eu le privilège d’affronter le Suédois Bjorn Borg aux Internationaux de France de Roland Garros (1981).

Toumieu André, né en 1961, il a été un des tout premiers joueurs français à jouer son revers à deux mains (dans la lignée de Jean Claude Barclay, François Pierson puis Hervé Gauvain). N’a jamais eu le soutien de la FFT malgré avoir été classé -30.

Valentin Gérard fait partie des tout premiers lauréats au monitorat (promotion 1966), il a longtemps enseigné en club (Charleville Mézières, Ligue de Champagne), avant de rejoindre la DTN en 1984. Il a été directeur du pôle France de Reims avant d’être co-responsable du Programme Avenir National (PAN) avec Alain Solvès notamment.

Mais aussi :

Blanco Jean François, Cabale Yves, Chiambretto Laurent, Collombel Frédéric, Davies Chris, Griffon Clément, Guillon-Schutzle Monique, Hagelauer Patrice, Jenkins Keith, Lepelletier Patrick, Loliée Éric, Marty Jean-Claude, Peter Jean-Michel, Rome Philippe, Simonet Christian, Solvès Alain, Tauziat Nathalie.

17 Juillet 2019 : Rencontre avec Didier Masson, pour une après-midi d’échange autour de la technique. Ici sur le seul court de tennis dont dispose son club affilié à la FFT et qui se trouve sur la commune de Bueil (Comité de l’Eure, Ligue de Normandie).

24 Juillet 2019 :Retrouvailles avec Paul Jalabert, illustre champion de l’ère amateur (1946-1966) et mémoire vivante du tennis français. Moment de partage à son domicile dans le Var. Un homme exceptionnel avec un dynamisme et un enthousiasme incroyable quand il s’agit de parler tennis.

ACRONYMES UTILISÉS

AAA : Amateur Athletic Association (1880)

ACTJ : Association Centres de Tennis pour Jeunes (1978-2006)

AFPT : Association Française des Professeurs de Tennis (1929-1968)

ANET : Association Nationale des Éducateurs de Tennis (1994-2012)

(BE)ES : Brevet d’Etat d’Educateur Sportif (1963)

BSP : Brevet Sportif Populaire (1937)

CCNS : Convention Collective Nationale du Sport (2005)

CNES : Confédération Nationale des Éducateurs Sportifs (1991)

CQP AMT : Certificat Qualification Professionnel Assistant Moniteur de Tennis (2008)

CREPS : Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive (1945)

CSIT : Centre Scolaire d’Initiation au Tennis (1938)

CTR : Conseiller Technique Régional (1960)

(DE)JEPS : Diplôme d’Etat Jeunesse Education Populaire et Sport (2008)

DTN : Direction Technique Nationale (1963)

ENEP : Ecole Normale d’Education Physique (1933-1975)

EPS : Education Physique et Sportive (1945)

ESG : Education Sportive et Générale (1941-1944)

FFLT : Fédération Française de Lawn Tennis (1920-1976)

FFT : Fédération Française de Tennis (1976)

FNDS : Fond National de Développement du Sport (1978-2005)

FNEPT : Fédération Nationale des Enseignants et Professeur de Tennis (1974)

ILTF : International Lawn Tennis Federation (1913-1976)

INS : Institut National des Sports (1945-1975)

INSEP : Institut National du Sport et de l’Education Physique (1975)

ITF : International Tennis Federation (1977)

LIFT : Institut de Formation du Tennis (2018)

OPCA : Organisme Paritaire Collecteur Agréé (1994)

PAN : Programme Avenir National (1996)

PTR : Professional Tennis Registry (1976 aux Etats-Unis et 1997 en France)

RCF : Racing Club de France (1882)

SNBET : Syndicat National des Brevetés d’Etat de Tennis (Paris,1971)

TCSG : Tennis Club Saint Germain Les Corbeil (1976)

UNPT : Union Nationale des Professeurs de Tennis (Côte d’Azur,1970)

USFSA : Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques (1891-1920)

WCT : World Championship Tennis (1982-1989)

WTT : World Team Tennis (1973)

AVANT PROPOS

Je suis né le 5 Juin 1971 à Clichy la Garenne dans les Hauts de Seine (92) mais j’ai grandi dans l’Essonne (91) au sud de Paris et plus précisément dans un des tout premiers villages Kaufman & Broad, où mes parents, tous les deux parisiens, ont décidé d’élire domicile en 1973 : Saint Germain-Les-Corbeil.

J’ai tout naturellement commencé par jouer au football d’abord dans le jardin familial puis contre les portes des garages avant que mes parents finissent par m’inscrire au club de la commune à l’âge canonique de six ans, en 1977 donc !

Comme la plupart des garçons de mon âge et de ma génération, je me rêvais en joueur de football professionnel, bercé par les exploits des “verts” de Saint Etienne emmenés par Michel Platini et Johnny Rep (mon tout premier surnom - enfant j’étais blond et bouclé -) mais aussi par les “reds” de Liverpool qui exerçaient sur moi une véritable fascination.

A cette époque-là les jeunes de mon âge suivaient les matchs davantage à la radio - la Coupe d’Europe des Clubs Champions ne se jouait que quelques mercredis dans l’année, et il fallait batailler dur avec maman pour obtenir l’autorisation de regarder, école le lendemain oblige… Mais je dois avouer que les talents orateurs du regretté Eugène Saccomano (1936-2019) me donnaient la chair de poule et surtout l’envie de me rendre au stade pour voir mes héros en “vrai”.

Heureusement, mon père, enfant du baby-boom, né de l’union de deux immigrés yougoslaves et plus connu sous le nom de Petrovic (prononcez “itch”) que de Stanajic - un surnom en vieux serbo-croate attribué à son grand-père paternel quand celui-ci est arrivé en France - était lui-même un passionné de sport, de football bien évidemment comme tout “yougoslave” qui se respecte mais aussi et surtout d’aviron.

Une discipline confidentielle à l’époque mais où il était particulièrement brillant, ayant notamment remporté, le lendemain de ma naissance, les centièmes Championnats de la Seine, la plus ancienne compétition sportive n’ayant jamais existé en France (la première édition ayant eu lieu en 1853) !

Autant sa passion pour le football m’a bien aidé par la suite, autant son passé d’ancien avironneur de haut niveau (rameur dit-on dans le jargon…) m’a plombé car il s’est avéré être un piètre “coach” : j’ai compris un peu trop tard que les deux sports, aviron et tennis, étaient à l’opposé l’un de l’autre !

L’aviron est en effet un sport à habiletés fermées dont le but est d’aller d’un point A à un point B sans avoir le temps de gamberger quand le tennis est davantage un sport “cérébral” à habiletés ouvertes où de nombreux paramètres sont à prendre en considération et ce à chaque balle frappée, à chaque point joué, à chaque rencontre…Aussi, ses remarques et autres conseils pendant les matchs, et/ou pire, après une grosse défaite étaient très loin d’avoir l’effet escompté…Quelques florilèges :

“Comment as-tu pu perdre contre un mec qui pèse cent dix kilos ?...Tu ne tapes pas assez fort dans cette balle…pourquoi tu renvoies toutes les balles dans la raquette de ton adversaire ?...Ce n’est quand même pas difficile de mettre la balle à droite quand le joueur est à gauche”…Et puis arrête de jouer dans les carrés de service, allonge ton bras nom de Dieu !”

Mon père n’a jamais été politiquement correct mais au fond de lui c’était un vrai compétiteur et surtout un sportif dans l’âme, très attaché à l’esprit club, au respect des règles, même si pour lui il importait moins de participer que de gagner, n’est pas baron qui veut !

Grâce à mon paternel, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre très tôt au Parc des Princes à Paris - en 1975 - pour la venue des verts de St Etienne puis régulièrement par la suite pour y encourager tout naturellement le Paris Saint Germain et notamment ses stars successives yougoslaves : Pantelic, Šurjak, Susic, Halilhodžić, Vujovic et oui il y avait déjà des “itch” qui enchantaient le Parc bien avant l’arrivée de Zlatan (un suédois d’origine yougoslave comme son nom de famille le laisse deviner !)

Et le tennis dans toutça ?

Je l’ai découvert à la fin des années soixante-dix début des années quatre-vingt à la télévision en me passionnant pour les finales de Wimbledon entre Borg et McEnroe, finales symbolisées par une opposition de style criante y compris pour les profanes que nous étions mon père etmoi !

Tout naturellement, mon père avait pris le parti de l’américain - grande gueule oblige - quant à moi j’ai de suite été fasciné par le suédois aux longs cheveux et à la barbe de trois jours…

Même si la télévision en couleur était déjà largement répandue dans les foyers à cette époque, il était bien difficile de savoir où était cette fichue balle blanche (devenue jaune bien tardivement à Wimbledon - en 1986 - tradition britannique oblige).

Aussi, il fallait un très gros effort de concentration pour pouvoir suivre cette balle qui naviguait de haut en bas et de bas en haut de l’écran, un peu comme dans le tout premier jeu vidéo, le fameux “pong”, inspiré du tennis de table ! Et puis pas facile de suivre une balle blanche au-dessus d’un gazon devenu gris clair, particulièrement sur la voie centrale qui menait de la ligne de fond de court au filet.

Et oui, à cette époque, les échanges de plus de deux frappes du fond de court sur le gazon londonien étaient au moins aussi rares que la neige au printemps en région parisienne…

Et pas seulement à cause du matériel disponible à l’époque : raquettes en bois, tamis très réduit, ne donnant aucune marge d’erreur (d’où le fameux conseil “regarde ta balle”) et rendant les passing shot très hasardeux mis un part pour le suédois…

Le gazon des années quatre-vingt n’avait en effet pas les mêmes propriétés que celui que l’on connaît actuellement : le rebond y était beaucoup plusbas…

Nos amis britanniques ont toujours clamé haut et fort, qu’ils n’ont jamais touché à leur revêtement pourtant, la finale de 2001 entre un certain Goran Ivanisevic - né yougoslave en 1971 et devenu croate vingt ans plus tard - et l’australien Patrick Rafter a en effet scellé la fin du tout service-volée à Wimbledon faisant entrer le tennis dans une nouvelle ère au XXIème siècle : la castagne du fond du court !

Ce n’est que très récemment, dans la dernière édition du livre intitulé Wimbledon The Official History publié en 2020, que l’auteur, un certain John Barrett, ancien joueur britannique, membre du All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1955 et devenu vice-président du comité organisateur du tournoi, a admis que le gazon de Wimbledon avait bien subi des modifications couplées à un changement de balles afin d’en modifier le rebond, comme on peut le lire à la page 397 de son ouvrage :

“Another factor at Wimbledon that contributed to the disappearance of volleyers was the change in playing properties of the courts. From 2000 the seed that was used became 100% perennial ryegrass, which gave better wear than the mixture of 70% and 30% creeping red fescue that had been used before. The courts, dressed now with the same loam used to prepare cricket wickets, were also firmer : balls which on the greener, lusher courts used to shoot through on a low trajectory now bounced higher”.

C’est donc après avoir suivi les exploits du suédois Bjorn Borg, qui exerçait une véritable fascination sur moi, que j’ai finalement pris la décision de quitter le club de football de Saint Germain Les Corbeil pour rejoindre le Tennis Club du village en juin 1982, à l’âge de onze ans. Un crime de lèse-majesté juste avant l’ouverture de la coupe du monde de football en Espagne…

Mais à cette époque et avec l’éducation que j’avais reçue, on ne s’éparpillait pas dans plusieurs activités à la fois - activités qui étaient d’ailleurs peu nombreuses - , mais par contre on devait se donner à fond dans celle dans laquelle on avait choisi de s’investir.

Ceci ne m’a pas empêché de continuer à m’intéresser au football, à le pratiquer entre potes (moyen le plus ludique à l’époque pour parfaire sa condition physique et sa coordination), à suivre l’épopée des Bleus de Michel Platini et à me rendre régulièrement au Parc des Princes.

Mais je dois dire que très vite le TCSG est devenu ma “résidence principale”, bien que le club n’eut pas de lieu d’accueil (plus communément appelé “club-house”) et que les six courts étaient réservés principalement aux adultes, je passais mes journées au mur avec les autres gamins et gamines de mon âge, la meilleure formation me diriez-vous !

Et puis j’ai eu la chance de grandir dans les années quatre-vingt au moment même où la petite balle jaune submergeait l’hexagone et où la victoire de Yannick Noah, à Roland Garros le 5 Juin 1983 (le jour même de mes douze ans et alors que j’étais affilié à la FFT depuis tout juste un an) entraina un raz de marée dans les clubs !

J’ai passé les années les plus extraordinaires qu’un gamin puis un adolescent et enfin un adulte passionné de balle jaune puisse connaitre au TC St Germain Les Corbeil, ayant été licencié dans ce club de 1982 à 2007, un quart de siècle sans interruption.

J’y ai fait non seulement ma formation de joueur, entre les mains d’abord de la regrettée Jacqueline Leneuf - que tous les essonniens des années quatre-vingt ont connu - puis sous la houlette de ceux qui sont devenus des amis très chers, Frédéric Collombel, tout d’abord, dès 1987 puis Éric Bory à partir de 1990, deux entraîneurs passionnés et chevronnés qui sont toujours en poste au TCSG, quelle fidélité !

Mais c’est aussi là, et poussé par Éric et Fred, que j’y ai fait toute ma formation d’enseignant : d’initiateur fédéral 1er degré en 1991 (alors étudiant en histoire à l’université de Paris IV Sorbonne) à professeur BE2 en 2006 !

Je suis bien entendu très fier du chemin parcouru dans le club de mon enfance et de la commune où j’ai grandi et chaque fois que je retourne en France, le TC St Germain Les Corbeil reste un passage obligé pour moi et c’est toujours avec beaucoup de plaisir que j’y retrouve les copains, leurs enfants, mes anciens élèves, bref ma deuxième famille !

Aussi près de quarante ans après avoir fait mes premiers pas sur un court de tennis, la passion, pour ce sport, son histoire, la lecture, l’enseignement et l’évolution des techniques m’ont donné envie de consigner tout cela dans cet ouvrage qui j’espère vous sera de lecture plaisante mais surtout vous permettra d’en savoir plus sur de nombreux sujets comme j’en ai moi-même beaucoup appris durant ces trois années de recherche !

L’objet de ce livre est avant tout de décrire le cheminement de la fédération et de tous les acteurs qui ont contribué au développement de l’enseignement du tennis en France.

Il m’a paru très important de tenter de remettre tous les événements, toutes les décisions prises dans leur contexte afin d’être en capacité de comprendre le pourquoi du comment.

Ainsi j’ai souhaité retracer l’histoire de l’enseignement du tennis en France sans parti pris et sans porter de jugement, cet ouvrage se voulant être le plus neutre possible.

Bien entendu, vous verrez que j’ai souhaité, par moment, donner mon avis sur certaines décisions prises mais toujours en prenant en compte le contexte et en gardant du recul :

“mieux vaut tenter de comprendre que de condamner sans savoir”

Un grand merci d’avance pour votre attention, l’histoire de l’enseignement de notre sport est si riche !

Juillet 2018 au TC Saint Germain les Corbeil (Comité Essonne, Ligue Ile de France). A droite sur la photo, mon ami Fred Collombel, à gauche Éric Bory, fidèle ami également. Toujours un plaisir de les retrouver !

En arrière-plan, à gauche, le court numéro six sur lequel j’ai fait mon test d’entrée à l’école de tennis du TCSG en Juin 1982 avec la regrettée Jacqueline Leneuf (1927-2005).

Ci-dessus, photo prise en juin 1984 exactement deux ans après mes tests d’entrée à l’école de tennis duTCSG.

Les anciens reconnaîtront les courts en ciment “mateco’’, terrains qui ont été remplacés par la suite par des bétons poreux.

INTRODUCTION

Bien que codifié par les anglais en 1874 et rapidement introduit en France sur les plages de Normandie, de l’Atlantique et de Côte d’Azur par nos amis britanniques, le tennis, sous sa forme actuelle n’en est pas moins dérivé d’une activité monacale apparue en France au XIème et pratiquée assidûment d’abord au Moyen-Âge puis durant toute l’Époque moderne à la fois par le clergé, la noblesse et la monarchie et ce jusqu’à la Révolution Française en 1789 :

le jeu de paume.

Ce sport a la particularité de faire la part belle à la gent féminine, la première sportive du monde occidental dont on ait une trace écrite est en effet une joueuse de paume, la française Margot la Hennuyère, plus connue sous le nom de Margot de Hainaut.

Cette dernière bat les meilleurs paumiers en 1427 à Paris comme le relate le Journal d’un bourgeois de Paris tenu entre 1405 et 1449 :

“En cette année 1427, vint à Paris une femme nommée Margot, assez jeune, comme de 28 à 30 ans, qui était du pays du Hainaut, laquelle jouait le mieux à la paume qu’aucun homme n’eut vu, et avec ce jouait devant main derrière main très puissamment, très malicieusement, très habilement, comme pouvait faire un homme, et peu venait d’hommes à qui elle ne gagnât, si ce n’était les plus puissants joueurs”.

Ainsi j’aime à dire que le tennis est avant tout un jeu français, inventé par les anglais !

Le major Wingfield (1833-1912), qui est donc le père du lawn tennis a eu l’idée géniale de faire tenir son kit dans une valise portative contenant quatre raquettes, des balles en caoutchouc, un filet, des piquets et des lignes permettant de délimiter le terrain.

Et cela bien avant l’apparition des grandes enseignes de sport !

Les premières balles de lawn-tennis sont en caoutchouc, selon un procédé mis au point par le chimiste américain Charles Goodyear (1800-1860) lui-même et ce pour ne pas abimer le gazon très cher à nos amis d’outre-Manche (sources : Jean-Christophe Piffaut, L’invention du tennis,2007)

Ainsi ce kit portatif pouvait être installé un peu partout (à l’image du jeu de croquet qui était très populaire en Grande Bretagne) et quand les anglais débarquent en vacances en France, ils n’hésitent pas à déployer leur terrain sur les plages du littoral.

Ce jeu très convivial qui a la particularité de pouvoir être pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes va très vite conquérir nos concitoyens !

L’année 1877 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du tennis en France car cette année-là, dix anglais vivant à Paris créés le tout premier club de tennis sur notre territoire, du côté de Neuilly sur Seine, plus précisément sur l’île de la Jatte :

le Décimal Boating & Lawn TennisClub.

Et c’est non loin de l’île de la Jatte que les anglais, encore eux, établiront en 1885 le premier court de tennis régulier en asphalte pour le compte de la société sportive de l’île de Puteaux, à l’endroit même où se joueront les épreuves de tennis des Jeux Olympique de 1900 organisés à Paris (cf. revue La Vie au grand air, 6 mai 1900).

Ces mêmes anglais qui sont même à l’origine de la création des premiers courts en terre battue en France dès la fin du XIXème siècle !

L’histoire retient en effet que les jumeaux Renshaw (William, sept fois titré en simple à Wimbledon et cinq fois en double avec son frère Ernest entre 1881 et 1889) qui donnaient des leçons sur les courts en gazon de Cannes ont eu l’idée de les recouvrir d’une poudre rouge ceci afin de pouvoir mieux distinguer les lignes, l’été, lorsque le gazon était jauni par le soleil.

Cette poudre provenait des pots cassés en terre cuite de la commune voisine de Vallauris : la terre battue étaitnée !

Rapidement de nombreux autres clubs, ou sociétés devrions-nous dire, seront créés (Tennis Club de Dinard en 1879 - considéré à juste titre d’ailleurs comme étant le premier club de tennis français, puisqu’il a été créé par des français uniquement, au contraire du Décimal - puis suivront le Racing Club de France en 1882, le Tennis Club de Paris en 1895...).

1891 est une deuxième date à retenir et à double titre avec la création du premier Championnat de France Amateur de Tennis et la fondation de l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques (USFSA) qui va favoriser la diffusion des activités sportives en France dont le tennis, en organisant de nombreux tournois interclubs bien avant que soit fondée la Fédération Française de Lawn Tennis (FFLT en 1920), qui abandonnera la mention “lawn” - “pelouse” en anglais - que bien plus tard, en 1976..

A travers cet ouvrage, nous allons parcourir le temps afin de retracer l’histoire de l’enseignement du tennis en France, des premiers maîtres-professeurs, véritables artisans de la “balle blanche”, dont les plus réputés étaient Martin Plaa (1901-1978) et son disciple Alfred Estrabeau (1906-1999) en passant par les Ecole de Tennis Suzanne Lenglen créées un peu partout en France juste avant la Seconde Guerre Mondiale, jusqu’aux programmes Fédéraux pensés et diffusés en France à partir de 1992 via la Direction Technique Nationale (DTN) et son Département Formation et Enseignement créé en1997.

Nous verrons aussi que des événements importants ont eu une incidence sur l’approche de l’enseignement du tennis en France et notamment, la création du magazine Tennis de France en 1953, les événements de 1968 qui ont œuvré à la popularisation du tennis et ont permis la pérennité du tournoi de Roland Garros, un temps menacé.

Puis l’élaboration de la méthode française d’enseignement qui à partir de 1972 va permettre d’initier toujours plus de jeunes au tennis, enfin plus tard en 1978, la création du magazine Tennis Info par les instances fédérales (la FFT étant alors la seule fédération sportive à disposer de sa revue propre) va permettre de mieux diffuser les messages de la fédération auprès de ses clubs et donc de ses licenciés.

Seul journal fédéral à parvenir gratuitement dans tous les clubs affiliés, Tennis Info se veut être le magazine au service direct des clubs, tissus vivants dont se composent les ligues mais aussi au service de tous les joueurs quel que soit leur niveau.

A moins qu’il n’ait été créé dans l’optique de contrecarrer l’expansion du nouveau mensuel cent pour cent tennis apparu deux années plus tôt : le fameux Tennis Magazine de Jean Couvercelle ?

Dans tous les cas, toutes ces publications ont permis à notre sport de pénétrer les foyers et de convertir un plus grand nombre de pratiquants quel que soit le tennis pratiqué : loisir et/ou compétition !

Nous évoquerons également le rôle joué, après la seconde guerre mondiale, par les professeurs d’éducation physique et sportive (EPS) de l’éducation nationale dans l’amélioration des techniques d’enseignement.

Ces hommes et ces femmes ont joué un rôle très important dans la diffusion et la démocratisation du tennis en France en direction des plus jeunes notamment.

Nous verrons aussi que la formation des moniteurs et des professeurs de tennis s’est considérablement professionnalisée et étoffée depuis les balbutiements des diplômes fédéraux dans les années cinquante (éducateur & professeurs) à l’actuel DEJEPS et ce grâce notamment à l’émergence d’un courant d’ingénierie de formation dans les années quatre-vingt aboutissant à la création d’organismes de formation agréés par l’Etat.

Enfin il est à noter également que des initiatives individuelles et en marge de la FFT ont permis de faire avancer et progresser la façon d’enseigner ou plutôt d’entraîner en France car il convient bien de faire une distinction entre le tennis de compétition - coaching- et l’initiation auprès de tout public et avant tout dans une optique de loisir et de détente - enseignement -, le premier ne pouvant vivre sans le second.

Nous évoquerons ici les camps d’entraînement et académies fondées notamment sur la Côte d’Azur par d’anciens joueurs professionnels et/ou amateurs passionnés par le tennis, sans oublier l’apport des “étrangers” : Thomas Burke (Royaume-Uni), Joseph Stolpa (Hongrie), Gail Sherriff (Australie), Francis Rawstorne (Afrique du sud), Sever Dron et Ion Tiriac (Roumanie), Bob Brett (Australie)…

Enfin, à la veille des Jeux Olympique de Paris 2024, nous ne manquerons pas de revenir cent ans en arrière lorsque le tennis Français est entré pour la première fois dans son âge d’or sur la scène internationale en dominant quasiment toutes les grandes compétitions d’abord avec la grande Suzanne Lenglen suivis de René Lacoste, Jean Borotra, Henri Cochet et Jacques Brugnon plus connus sous le nom de “Mousquetaires”.

Nous verrons que ces grands noms du tennis français, chacun affublés d’un sobriquet : “la Divine”, “le Crocodile”, “le Basque Bondissant”, “le Magicien” et “Toto” ont laissé une trace indélébile non seulement dans l’histoire du tennis mais également dans celle de l’enseignement. Ces personnages font également partie intégrante du patrimoine culturel, sportif et industriel français !

Suzanne Lenglen est celle qui la première a réfléchi sur l’élaboration d’une méthode d’enseignement et eu l’idée de la leçon collective, aboutissant à la création des premières écoles de tennis.

René Lacoste est l’homme qui a inventé la machine lance-balles permettant de s’entraîner/s’initier tout seul, mais également le grip en cuir pour une meilleure prise de raquette (avant cela, la main était en contact directe avec le bois de la raquette, chose difficile à imaginer aujourd’hui, à l’heure où l’on change de sur grip comme de chemise !).

C’est aussi lui, le père de l’anti-vibrateur afin de pallier aux problèmes de vibrations importantes qu’il a rencontré lors de la mise au point de la raquette métal qu’il a conçu en 1963 et qui a été utilisée pour la première fois, la même année, au tournoi de Wimbledon par le champion français Pierre Darmon.

Cette raquette deviendra très populaire quelques années plus tard, lorsque Lacoste vend le brevet à la société américaine Wilson Sporting Goods qui la commercialise sous le nom de Wilson T2000.

Utilisée dès 1967 par l’américaine Billie Jean King, elle remporte Wimbledon cette année-là, devenant la première joueuse de l’histoire à s’imposer en grand chelem avec une raquette métallique “made in France”.

Le modèle sera popularisé par son compatriote Jimmy Connors au début des années soixante- dix, raquette avec laquelle il joue durant dix huit ans remportant ses huit titres du grand chelem!

Le français Patrick Proisy atteint, lui, la finale de Roland Garros 1972, avec le modèle original créé par René Lacoste.

Raquette révolutionnaire à l’époque car un peu plus légère que les cadres en bois et un peu plus maniable, elle offrait surtout un excès de puissance à la condition de parfaitement centrer la balle.

Henri Cochet quant à lui s’est de suite intéressé à la diffusion de la pratique devenant notamment propagandiste pour le compte de la fédération avant de s’intéresser à l’entraînement, n’hésitant pas à observer les meilleurs joueurs du pays et à prodiguer ses conseils devenant par là même le tout premier moniteur national. Et nous verrons que des quatre mousquetaires, c’est incontestablement lui, qui a laissé le plus grand héritage en matière de réflexion sur l’enseignement et l’entraînement.

Quant à Jean Borotra et Jacques Brugnon, ils n’ont pas hésité à parcourir le monde, avec Henri Cochet d’ailleurs, afin de rencontrer les meilleurs joueurs de tous les continents et d’observer leur façon de s’entraîner.

Ainsi peut-être que nos prochains Jeux Olympiques, organisés pour la troisième fois dans la Ville-Lumière après 1900 et 1924 seront-ils suivis d’un nouvel âge d’or pour le tennis français, actuellement dans le creux de la vague ?

Nous sommes en droit d’y croire car nous verrons que nous avons d’excellents entraîneurs dans tous les domaines (techniques et physiques), de bons formateurs, un réseau très dense de jeunes joueurs et un sport qui est toujours aussi apprécié parmi la population française mais qui en même temps se voit “challenger” par les nouvelles pratiques (padel tennis en tête mais aussi beach tennis et dans une moindre mesure pickleball).

Actuellement, le padel tennis revendique 300 000 pratiquants réguliers en France d’après les récentes déclarations d’Arnaud Di Pasquale, directeur de la mission Padel au sein de la FFT depuis mars 2021, et pourrait entraîner un désintérêt pour la pratique de notre bon vieux tennis ? A moins qu’il ne reste qu’une activité complémentaire permettant de redynamiser la vie dans tous les clubs affiliés à laFFT ?

L’avenir nous le dira !

PREMIÈRE PARTIEAUX ORIGINES DE L’ENSEIGNEMENT DU TENNIS EN FRANCE

“Le premier soin des Anglais, lorsqu’ils émigrent et s’en vont planter leur drapeau sur une terre nouvelle, est de construire d’abord une église, ensuite une école et troisièmement, un “lawn-tennis”E. de Nanteuil, La Paume et le Lawn-Tennis,1898

Les premières traces de réflexions pédagogiques, Burke/Broquedis (1910-1913)

Au début du XXème siècle, le tennis est surtout pratiqué à marée basse sur les plages de la côte d’Opale par des parisiens et des parisiennes issus du milieu bourgeois dont l’objectif premier est de prendre l’air, de bouger son corps bref de prendre du bon temps entre gens de bonnes familles.

A une époque où les congés payés n’existent pas encore (il faudra attendre 1936 et l’arrivée du Front Populaire au gouvernement) la pratique du tennis ne concerne qu’une infime partie de privilégiés dont l’objectif est de s’adonner aux us et coutumes de la noblesse anglaise.

Il faut se rappeler que déjà au Moyen-Age, l’ancêtre du tennis, le jeu de paume était qualifié de “jeu des rois, roi des jeux” aussi ce jeu de tennis désormais codifié et réglementé va rapidement connaître le même engouement et la loi du 1er juillet 1901 qui autorise la libre constitution des associations va accélérer le phénomène : alors qu’en 1900 le tennis est pratiqué dans seulement dix-neuf sociétés civiles (que l’on appelle pas encore clubs), en 1912, l’USFSA compte déjà 1,226 sociétés civiles sur tout le territoire parmi lesquels 133 déclarent la pratique du tennis au sein de leurs activités (cf. Jean Michel Peter, Tennis, “Leisure class” et nouvelles représentations du corps à la Belle Époque, revue STAPS 2010/1, n⁰87).

Pratiqué avant tout comme loisir entre hommes et femmes de même valeur, le tennis est à ses débuts un amusement distinctif, un simple passe-temps entre gens de bonnes familles.

Les travaux de recherche de l’historien Patrick Clastres font ressortir en effet que la plupart des clubs de tennis apparus sur notre territoire avant la seconde guerre mondiale ont été constitués sous forme de sociétés commerciales et non en tant qu’associations.

Ces structures ayant nécessité des efforts d’investissement conséquents (emprise foncière, construction, entretien…), les premiers pratiquants sont aussi à la fois les premiers promoteurs et actionnaires des clubs qui sont pour la plupart des cercles très fermés.

Peu à peu des tournois vont être organisés durant la période estivale tout d’abord par les différents hôtels situés près des côtes françaises (Manche, Normandie, Bretagne, Pays Basque, Côte d’Azur) puis très rapidement par les clubs eux-mêmes.

Ainsi progressivement et tout naturellement les joueurs et joueuses vont chercher à développer leur jeu afin d’être compétitif : il s’agira tantôt de gagner des parties amicales, tantôt de briller dans des tournois.

Et les premiers professeurs sont des britanniques exilés, le plus fameux d’entre eux au début du XXème siècle est un certain Thomas Burke.

Cet homme, né en Irlande, a d’abord été professeur au Lansdowne Club de Dublin où il a, notamment, entraîné son compatriote Joshua Pim (1869-1942), un médecin, qui fut double vainqueur du simple messieurs de Wimbledon (1893-1894).

Burke s’installe en France en 1897 à la demande d’un certain joueur allemand Victor Voss (1868-1936) qui fait de lui son “coach” personnel sur la côte d’azur.

On peut délibérément employer ici le terme de coach car Burke va s’occuper pendant une année complète d’un seul joueur exclusivement en la personne donc de cet allemand qui devient son employeur. Voss sera d’ailleurs finaliste du Nice Lawn Tennis Club puis du tournoi de Monte Carlo durant la période où il bénéficie de l’enseignement, de l’entraînement de Burke.

Après cet épisode de coaching, Burke devient professeur au Tennis Club de Paris (1898), avant d’enseigner par la suite au Nice LTC (1900), puis au Carlton Lawn Tennis Club à Cannes avant de finir sa carrière de professeur de tennis non loin de la capitale sur l’île de Puteaux.

Il décédera en 1920, mais ses trois fils (Tommy, Albert et Edmund) tous nés en France reprendront le flambeau familial.

Le tennis est souvent une affaire de famille, déjà, à cette époque !

Un des tout premiers numéros de la revue Tennis fondée en janvier 1910 par deux professeurs français : Etienne Micard (1889-1910) et Max Decugis (1882-1978) nous renseigne sur Thomas Burke.

Cette revue, exclusivement rédigée par des joueurs et des professeurs a été créée avant tout pour communiquer sur l’actualité du tennis en France et pour pallier un manque d’information générale comme on peut le lire dans l’introduction du premier numéro :

“Alors que l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Allemagne ont leur Lawn Tennis & Badminton, American Lawn Tennis, Lawn Tennis und Golf, les 20,000 ou 30,000 joueurs de tennis que compte au bas mot la France, en sont encore à s’ignorer.

Tennis vient aujourd’hui combler cette lacune. Rédigé exclusivement par des joueurs, il ne s’adresse qu’à ceux qui savent communiquer un peu de vie à la balle, connaissent l’angoisse délicieuse d’attendre le bond imprévu du service, ou qui a deux pas du filet, gardent leur sang- froid devant le drive lancé à toute vitesse”.

Il s’agit donc comme on peut le constater d’une revue créée par des spécialistes et qui ne s’adressent qu’à des spécialistes !

Et d’ailleurs les fondateurs s’empressent de justifier le titre choisi dès la parution du premier numéro :

“Pourquoi Tennis tout court et non pas Lawn-Tennis ? La raison est simple. Si les joueurs anglais, favorisés (?) par l’humidité de leur climat, peuvent faire rebondir leurs lobs sur des pelouses magnifiques, les français n’ont jamais connu le lawn-tennis que sur le sable fin d’une plage ou sur la brique pilée d’un court réglementaire”

Cette remarque s’apparente selon moi et en pleine “entente cordiale” entre nos deux nations, davantage à une volonté de démarcation vis-à-vis de nos voisins britanniques qu’à une réalité dans les faits !

Mais revenons à Thomas Burke car dans un article de cette même revue Tennis intitulé “Le match de professeurs”, les rédacteurs font un compte rendu très intéressant de la partie ayant opposé l’expérimenté irlandais au jeune professeur français Eugène Broquedis (1890-1913) tout juste âgé de vingtans.

Le père du jeune Eugène, Émile Broquedis est maître paumier (c’est-à-dire professeur de paume et fabricant de raquettes) et sa sœur Marguerite, deviendra la meilleure joueuse française avant-guerre mais nous en reparlerons plustard.

On apprend dans ce compte rendu qu’il s’agit seulement de la troisième partie organisée à Paris entre deux professeurs, ces derniers ayant bien mieux à faire :

“Était-ce donc que le professionnalisme en Lawn-Tennis ne prenait pas chez nous ou les joueurs français étaient-ils à ce point parfaits qu’ils n’eussent plus besoin de leçons ? Aucunement, mais Tom Burke, qui était alors presque le seul professeur en France avait autre chose à faire que de s’exhiber. Les clients ne lui manquaient pas, accaparant ses journées, et c’est un travail très dur que de renvoyer des balles pendant huit heures par jour…Depuis, l’évolution s’est faite, les joueurs se sont multipliés ; des professeurs se sont formés en France et ont éduqué les jeunes néophytes tout en entraînant les anciens.”

On voit à travers ces déclarations, que le tennis est devenu une activité très prisée au sein des clubs parisiens, en 1910. Les professeurs sont très occupés et l’enseignement se fait uniquement au travers de la leçon individuelle. Dès cette époque, on fait déjà la distinction entre initiation et entraînement. Mais ce qui est peut-être vrai dans la capitale, ne l’est sûrement pas à l’échelle dupays.

En décembre 1936, le bulletin mensuel de ce qui s’appelait alors l’AFPPT (Association Française des Professeurs et Professionnels de Tennis) fait état de seulement 79 professeurs répertoriés sur tout le territoire (56 Français pour 23 professeurs étrangers, parmi lesquels des britanniques bien entendu, mais aussi des italiens, des allemands et des russes). On peut donc fort penser que les professeurs sont encore très rares en 1910 comme l’évoque, d’ailleurs, le compte rendu de ce match entre Burke et Broquedis.

Mais revenons à ce compte rendu qui semble indiquer que la partie entre les deux hommes était bien une exhibition dont le but était avant tout d’attirer de nouveaux adeptes, ainsi pouvons-nous lire :

“Pourquoi deux professeurs qui se mesurent dans une exhibition amicale, iraient-ils montrer aux spectateurs autre chose que des coups de leçons, des coups classiques ? Ce match doit leur servir de réclame ; s’ils font voir au client des gestes qui semblent acrobatiques, ou des efforts extraordinaires, le client prendra peur, il dira : le tennis est un jeu redoutable et difficile et fatiguant, et il ne prendra pas de leçon.”

Il s’agit en effet ici de faire croire que le tennis est un sport aisé et plaisant, bref cette exhibition tient lieu de propagande pour les professeurs, à une époque où ils sont les seuls maîtres à bord (la fédération de Lawn-tennis ne sera fondée que dix ans plus tard, en 1920).

On y apprend que Broquedis sortira vainqueur de ce match (l’on peut fort justement penser que Burke, proche de la retraite, a décidé de passer le flambeau à son jeune apprenti - les deux hommes étant professeurs dans le même club). Et après cette victoire sur l’irlandais, Broquedis a l’intention de défier le professeur du Tennis Club de Paris, un certain Ware, l’auteur du compte-rendu d’ajouter :

“ Si ce match est conclu avec Ware, je lui ferai, pour ma part, toute la publicité possible ; de telles rencontres sont meilleures, pour la propagande sportive, qu’un match entre deux jeunes fous, qui devant un harem angoissé de suaves oxygénées, se fusillent de balles “ out ” pendant une heure…sans résultat autre que le gain d’une gamelle en ébonite nickelée ou d’un calendrier en acajou repoussé”.

L’auteur semble ici se moquer des joueurs amateurs qui pourtant sont les clients de ces professeurs à moins qu’il ne veuille laisser sous-entendre que les professionnels sont bien meilleurs que les amateurs ?

Pour conclure sur cet article, on constate qu’à la veille de la première guerre mondiale, le tennis qui en est encore à ses balbutiements en France, se veut être un sport noble car les acteurs souhaitent davantage souligner la précision technique, la fluidité, la régularité plus que la force physique et la vitesse.

Mais très tôt la dimension tactique et stratégique du jeu est mise en avant et présentée comme un secteur clef à travailler bien avant la technique !