L'étoile fuyante - Georges KAY - E-Book

L'étoile fuyante E-Book

Georges KAY

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Beschreibung

Quand la lecture d’un livre trouvé par hasard provoque en vous l’irrépressible besoin de prendre le chemin de Compostelle.
C’est ce qui est arrivé à un atypique « pèlerin », que rien ne prédisposait à suivre les étoiles. Sous forme de journal, avec une pointe d’humour, on y trouve de l’aventure, des rencontres, de l’amitié, de l’émotion et peut-être même de l’amour… 

Un « feelgood » autobiographique. 

www.letoilefuyante.fr

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Seitenzahl: 64

Veröffentlichungsjahr: 2023

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GeorgesKAY

L’étoile fuyante

Longtemps, je me suis couché de bonne heure mais pas sans lecture.

C’est en cherchant un livre dans ma bibliothèque que j’ai découvert cet ouvrage que je ne connaissais pas. Je ne sus que plus tard qu’il avait été gagné dans une kermesse par une de mes filles quelques années auparavant. Ce genre de livre qui aurait pu prendre la poussière plusieurs années avant de finir dans une autre kermesse.

« Garce d’étoile », c’était le titre !

Ça racontait l’histoire d’un drôle de « pèlerin » qui un jour avait quitté son travail de barman place Guérin à Brest pour rejoindre à pied Saint-Jacques-de-Compostelle.

Je « dévorais » le récit d’une seule traite et je me réveillais avec une seule idée en tête : prendre moi aussi le chemin.

C’était en 2004, l’année de mes 50 ans, il fallait que je fasse une pause dans ma vie, je ne savais pas encore sous quelle forme, mais je devais prendre du recul.

La réponse m’était tombée des mains.

Ma détermination fut si forte, qu’à mon travail, je réussis l’exploit d’obtenir tout un mois de congé. Tous mes collègues acceptèrent de travailler plus, ils furent étonnés mais très compréhensifs, je ne partais pas en vacances, j’avais un vrai projet !

Avec cette limite de temps d’un « gros mois », je ne pouvais faire que les 800 km de la partie espagnole. Il me fallait donc partir de Saint-Jean-Pied-de-Port au Pays basque.

Jour1

Le 29 avril 2004, au petit matin, j’ai pris un train à la gare de Morlaix en Bretagne et en cette fin d’après-midi, dans la gare de Bayonne, j’attendais ce petit « tortillard » qui devait me hisser jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Autour de moi, il y avait d’autres pèlerins, reconnaissables à leurs tenues de randonneur.

Dans ce train qui attaquait la « grimpette » des Pyrénées, je dus réconforter une Canadienne anglophone angoissée de se trouver au pied du mur, pourtant moi-même, je n’en menais pas large : « dans quoi m’étais-je embarqué ? Rejoindrais-je un jour Saint-Jacques-de-Compostelle après une marche de 800 km en portant un sac à dos d’une dizaine de kilos dans lequel il yavait toute ma vie pour le mois à venir ? »

À la sortie du train, tout le monde cherchait son chemin, sauf Michel que j’avais rencontré dans le train, il entamait son deuxième pèlerinage, prudent. Je décidais de le suivre.

Il pleuvait sur Saint-Jean-Pied-de-Port et il fut réconfortant de se réfugier dans le bureau des pèlerins. C’est là que nous fîmes valider nos crédenciales, ce sésame cartonné qui nous conférait le statut de pèlerin et nous ouvrait les portes des auberges.

Prudemment, pour mon premier jour, j’avais réservé une chambre dans un refuge de montagne à Honto, à une heure de marche de Saint-Jean-Pied-de-Port. Je voulais assurer ma premièrenuit.

Il était maintenant 20 heures, la pluie redoublait d’intensité, et la nuit allait bientôt tomber.

Était-ce prudent de s’engager à pied dans la montagne dans ces conditions ? J’en parlais à Michel qui fut lui aussi intéressé par une nuit à Honto, nous décidâmes d’y monter en taxi. Ce fut la seule exception « motorisée » de tout mon chemin.

Bien que dépité par ces débuts peu héroïques, à l’arrivée au refuge, je succombais au charme de l’hospitalité basque.

Autour d’une grande table, une trentaine de pèlerins dînaient en dégustant des spécialités locales servies en abondance.

Je me joignais au groupe cosmopolite et dans ce refuge, sur ce pan de montagne, dans la nuit basque, je venais d’entrer dans le « camino » (le chemin en espagnol), tout le stress s’en était allé, j’étais sous le charme !

Jour2

Le 30 avril, après une nuit passée dans une chambre individuelle (ça n’allait pas m’arriver avant longtemps) je me trouvais au petit-déjeuner face à Cathy une Américaine charismatique, avec laquelle je discutais avec plaisir.

Il y avait aussi deux Québécoises, Sylvie et Catherine 28 ans, que je pris pour jeune « nunuche ».

L’avenir allait me donner grandtort…

Sous un grand soleil, il fallait maintenant gravir les Pyrénées, et après 26 km de marche, rejoindre Roncevaux sur le versant espagnol.

J’entamais cette rude ascension en compagnie d’une Autrichienne qui « décrocha » assez vite de mon pas, il faisait plutôt beau et je me sentais pousser des ailes.

Je fis une très grande partie de l’étape tout seul, les paysages étaient magnifiques, c’était enivrant, j’y étais !

Mon ardeur fut bientôt mise à mal par une tempête de neige, qui me surprit en haut d’un col, j’eus beaucoup de mal à extraire ma cape de pluie, tant mes mains étaient gelées, c’est sournois la montagne. Ça ne dura heureusement pas plus d’une demi-heure et le soleil revint.

Plus loin, faisant une pause, assis sur un cairn, je fis la connaissance de Jacqueline avec qui j’allais cheminer jusqu’à Roncevaux, elle avait une anecdote à raconter sur chaque situation et elle chantait pour se donner du courage, elle continuait jusqu’à Burguete où elle avait réservé une chambre.

À 14 heures, je m’arrêtais à Roncevaux. Roncevaux, un tout petit hameau constitué d’un bar et d’un restaurant autour d’un monastère, grande bâtisse austère, dont les portes ne s’ouvrent qu’à 16 heures.

J’étais seul entouré d’une multitude de pèlerins, les contacts étaient encore timides. Catherine, la jeune Québécoise, me demanda si je pouvais régler son cadran (réveil en Québécois) qui était resté à l’heure de là-bas. Je le mis à l’heure et elle décréta que j’étais un « homme technologique », puis elle s’en fut boire uncafé.

La porte du monastère s’ouvrit enfin, on nous fit entrer par petits groupes dans une salle. Nous devions nous asseoir autour d’une grande table et remplir un formulaire : d’où venions-nous ? Quelles étaient nos motivations ?…

Ce n’est qu’après avoir répondu à toutes ces questions, que nous obtînmes enfin un numéro de lit pour lesoir.

À l’entrée du dortoir, ce fut le choc, il faut s’imaginer une immense salle voûtée où étaient entassés 75 lits superposés.

Je trouvais le numéro de lit qui m’était attribué, et j’y posais mon sac ; il n’y avait que quelques douches et toilettes pour tout ce monde, nous devions être cent cinquante, hommes et femmes mélangés.

Après avoir pris ma douche, je me livrais à une pratique qui allait devenir quotidienne et indispensable, laver son linge.

Par manque d’expérience, je mis mes chaussettes et mon caleçon à sécher sur le bout de mon lit en barreaux métalliques, au lieu d’utiliser les fils tendus à l’extérieur. Mon lit devint facilement reconnaissable parmi les autres, c’était celui qui baignait dans une mare d’eau…

Dans le lit de droite, il y avait Catherine ; elle venait de se faire une amie, une jeune coréenne, Soojea. Dans le lit du dessus, il y avait Lawrence, un Américain. Dans le lit de gauche, il y avait Dédé qui avait commencé son chemin en France et il marchait déjà depuis unmois.

Au moment de se sustenter, à la porte du restaurant, un dilemme se présenta :

Service à 19 heures avant l’office ou à 21 heures après l’office, l’aspect religieux du chemin se rappelait à moi. Je choisis le service de 19 heures et me trouvais à table avec Dédé, Maïté et un jeune autrichien que j’avais déjà côtoyé au repas de Honto. Maïté, une gamine de 65 ans, espiègle, pétillante, et d’un entrain inégalable.

20 heures la messe, je rentrais dans la magnifique église du monastère de Roncevaux. J’allais à la messe, de mon plein gré, rien ne m’y obligeait, mais que faire d’autre à 20 heures à Roncevaux, retourner dans le dortoir, aller boire un verre, avec qui ? Tout le monde était à la messe.

Je fus touché par les chants, par la bénédiction des moines, en trois langues. Je ne comprends pas l’espagnol, mais je compris qu’il officialisait notre nouveau statut de peregrino, et je pris cela comme une intronisation. Cette cérémonie se perpétue depuis des siècles, et même pour un athée, c’est impressionnant.