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Icône universelle, Marilyn Monroe vécut un destin tragique de femme écorchée. Figure avant-gardiste et pourtant mal connue, elle avait une perception particulière des hommes, des femmes et même des enfants. Dans cet ouvrage, Henri-Richard Leidgens évoque les derniers mois de sa vie en imaginant une conclusion imprévisible, en opposition avec la réalité historique.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une carrière de réalisateur dans l’audiovisuel,
Henri-Richard Leidgens a travaillé en tant que journaliste radio à RCF Bruxelles où il a rencontré, durant dix ans, de nombreux écrivains. Entre autres, il est également l’auteur de
L’autre regard,
Le regard neuf et
Éclats d’humanité parus successivement en 2020, 2022 et 2023 aux éditions Société des Écrivains.
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Seitenzahl: 79
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Henri-Richard Leidgens
L’homme qui sauva Marilyn
Roman
© Lys Bleu Éditions – Henri-Richard Leidgens
ISBN :979-10-377-8963-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’avenir existe et je suis impatiente de le vivre.
Marilyn Monroe
Californie, le 10 juillet 1962. Un avion, avec à son bord le journaliste belge Richard Henry, atterrit à l’aéroport de Santa Monica. L’homme vient passer quelques jours à Los Angeles pour rencontrer, dès le lendemain, la star la plus célèbre de son temps. C’est la RTB ou « Radiodiffusion Télévision Belge », située à Bruxelles, qui lui offre ce voyage aux USA en guise de remerciement pour la qualité de ses interviews et reportages.
Âgé de quarante-cinq ans, le journaliste « vedette » de la radio nationale a toujours voulu rencontrer cette célèbre actrice qui le fascine depuis longtemps. Encouragé par ses confrères, il espère bien découvrir la face cachée de l’Étoile, la véritable personnalité de celle que le monde entier connaît sous le nom de Marilyn Monroe, de son vrai nom Norma Jean(e) Mortenson, ou encore Jeane Baker, du nom de sa mère.
Richard Henry a toujours excellé dans la pratique de l’interview, mais il préfère dire « entretien ». D’ailleurs, ses principales qualités sont l’empathie et la sincérité. Il sait se rendre proche des gens et s’intéresse à leur vécu. Ainsi, dès qu’il a gagné leur confiance, ses invités se sentent parfaitement à l’aise et les langues se délient. Le journaliste sait aussi que la parole de la personne interrogée compte toujours plus que la sienne, car la tentation est forte de se mettre en valeur lorsqu’on se sait suivi par des millions d’auditeurs.
Cette manière de respecter les autres et de poser les bonnes questions lui a déjà permis de recueillir pas mal de confidences durant plusieurs années…
Les enregistrements mis « en boîte » par le reporter approcheraient le millier. Ils sont principalement constitués d’entretiens personnels avec des écrivains, des hommes politiques, des philosophes, des artistes, des comédiens, des chanteurs, des scientifiques ou des personnes jugées assez intéressantes pour être rencontrées…
Dans son bureau dort donc une quantité impressionnante de « voix célèbres », éteintes ou encore bien vivantes, qui constituent – faut-il le dire –, une part non négligeable de la mémoire universelle, au même titre, en quelque sorte, que d’anciennes plaques photographiques ou de vieux manuscrits. Richard Henry est bien conscient de travailler pour la postérité, tout en apportant néanmoins la même attention aux voix moins connues, mais qui racontent aussi la vie des hommes et des femmes de son temps.
Hollywood, le 11 juillet 1962. Après avoir logé dans un modeste hôtel proche de Sunset Boulevard, le journaliste profite des derniers moments de fraîcheur matinale pour consulter une ultime fois ses fiches et ses notes relatives à la vie de l’actrice.
Vers 10 h 30, il se rend à Brentwood, où réside celle qu’il souhaite rencontrer depuis longtemps. En chemin, il se convainc que derrière l’image de la blonde platinée, libérée et volage se cache une femme intelligente et fort attachante. C’est en tout cas son intuition personnelle depuis longtemps.
Et il a bien l’intention de la vérifier…
Richard Henry se trouve enfin devant le portique en bois du 12305 Fifth Helena Drive. Il a le cœur battant et pose sur le sol sa valise, lourde de matériel. La maison, blanche et sans étage, ressemble plutôt à un grand bungalow. Rien de prétentieux, en tout cas, dans son architecture et son environnement, lorsqu’on sait dans quel quartier de Los Angeles elle se situe. Avant même qu’il tente de signaler sa présence, une jeune femme, assez jolie, vient vers lui :
— Bonjour, je suis Patricia Newcomb, l’attachée de presse de Madame Monroe. Et vous êtes Monsieur Henry, le journaliste belge, n’est-ce pas ?
— Exact, et je suis enchanté, madame (poignée de main). C’est donc vous qui avez répondu positivement à ma requête. Je vous en remercie beaucoup.
— Vous remercierez bien Marilyn vous-même… Suivez-moi, elle vous attend…
Dans une pièce de séjour de moyenne dimension, aux meubles rares, le reporter est invité à s’asseoir sur un canapé confortable, mais qui semble déposé là comme par hasard… La décoration est réduite au minimum. Seules des tentures sombres sont fixées provisoirement sur certaines fenêtres pour empêcher la lumière du jour ou l’obscurité de la nuit, de pénétrer à l’intérieur. L’homme en déduit que la star n’a pas encore eu le temps de s’installer réellement dans sa maison. Ou peut-être est-elle faite pour vivre dans le provisoire ? Peut-être même que, tant qu’elle vivra, elle ne se sentira jamais chez elle quelque part ? Le journaliste pense cela, car il connaît déjà un peu la vie de Marilyn : déplacée de familles d’accueil en institutions, l’éternelle « orpheline » n’a jamais pu poser son sac quelque part. Jamais !
Par la fenêtre, il voit l’arrière du jardin et une modeste piscine accordée, elle aussi, aux dimensions de l’ensemble. De prime abord, l’actrice n’est pas du genre à étaler ses richesses ; dans sa vie privée, elle semble même apprécier une certaine simplicité.
Ce « vieux routier » de la radio ressent alors comme un léger picotement au niveau de la poitrine, tandis que sa gorge se noue. Que signifie cette sensation désagréable ? Le trac ? Oui, c’est le trac ! Voilà bien quelque chose qu’il n’avait plus éprouvé depuis longtemps. « Après tout, c’est bon signe », se dit-il, en regardant sa montre pour la troisième fois.
L’attachée de presse entre, en conversation avec une dame plus âgée :
— Madame Murray, laissez votre lessive, apportez une boisson à Monsieur Henry, avec la chaleur étouffante qui règne ici, il a certainement besoin de se désaltérer. N’est-ce pas, monsieur ?
— Ne vous en faites pas pour moi, Mademoiselle Newcomb, un verre d’eau ou un soda fera l’affaire.
Tandis que « l’assistante à domicile » va chercher les boissons, l’attachée de presse explique quel est son rôle dans la maison :
— Miss Murray est une personne qui nous a été recommandée par le docteur Greenson, le psychiatre de Madame Monroe. Elle s’occupe du ménage : achats, lessive, repas, et autres services. L’ennui, c’est qu’elle semble un peu trop curieuse : on la trouve toujours dans nos pieds quand on s’y attend le moins, si vous voyez ce que je veux dire ?
Eunice Murray – c’est son nom – dépose un plateau ovale sur une tablette basse située devant le canapé. Patricia Newcomb vérifie discrètement que rien ne manque : les tranches de cake, les sodas et les glaçons, dans un plat en verre. Le journaliste remercie la gouvernante, qui sort de la pièce.
L’attachée de presse apporte encore deux cendriers et poursuit tout bas sa discrète conversation :
— En tout cas, rassurez-vous, Monsieur Henry, je veillerai à ce qu’elle ne perturbe en rien vos enregistrements (en faisant un signe de tête en direction de la cuisine). D’ailleurs, moi-même je serai très discrète. C’est bien ce que vous avez souhaité dans votre lettre, n’est-ce pas ?
— Oui, et je vous en remercie, vraiment.
Aussitôt, d’une chambre voisine monte un rire enjoué, frais comme celui d’une enfant, et qui se termine par un charmant petit cri, un peu comme une apostrophe vocale jetée en l’air. Il n’avait jamais rien entendu de pareil jusqu’à présent. Ensuite apparaît une femme blonde, mal coiffée, vêtue d’un peignoir blanc. Elle plonge ses grands yeux dans ceux du journaliste, en lui tendant la main avec un naturel qui le laisse sans voix. Et ils s’observent un instant sans parler, le temps surtout que notre homme réalise ce qui lui arrive.
À peine tétanisé par le charme rare qui se dégage de cette apparition, il devine très vite que la spontanéité de la star est sa manière à elle de mettre les gens à l’aise, tout en balayant usages et conventions.
À présent, il ne pense déjà plus à son trac. Le sex-appeal de la plus grande séductrice du vingtième siècle a agi sur lui et il s’y abandonne tout entier.
— Monsieur Henry, n’est-ce pas ? Mais puis-je vous appeler Richard ?
— Avec plaisir, mad… Madame Monroe.
— Avez-vous fait un bon voyage, Richard ?
— Excellent, madame, et je tiens à vous remercier d’avoir bien voulu m’accorder cette série d’enregistrements.
— Je suis désolée de vous avoir fait attendre, mais j’étais occupée avec mon coiffeur… Ou plutôt, c’est mon coiffeur qui était occupé avec moi (accompagné d’un petit rire) Sydney est un ami très proche, vous savez, et toujours à ma disposition. D’ailleurs, dès que nous aurons terminé, il s’occupera à nouveau de mes cheveux… Et Whitey, de mon maquillage… Comme cela, vous savez déjà tout sur ma vie privée !
Elle rit de bon cœur et poursuit :
— Je suis fort secouée ces temps-ci, car début juin, ma compagnie cinématographique m’a rejetée purement et simplement comme une vieille serpillière pour des questions d’absences répétées, alors que j’étais sérieusement malade. Je souffrais d’une forte sinusite et j’avais beaucoup de fièvre. N’est-ce pas, Madame Murray ?
La femme, qui apporte une pince à glaçons, fait « oui » de la tête, puis se retire.
— Mais ne vous en faites pas, Richard, je suis presque guérie et nous trouverons le temps nécessaire pour nos entretiens.