L'œuvre de Fumito Ueda - Damien Mecheri - E-Book

L'œuvre de Fumito Ueda E-Book

Damien Mecheri

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Beschreibung

Dans les coulisses de la création de la trilogie de Fumito Ueda.

En raison de leur singularité et de la marque indélébile qu’elles ont laissée chez certains joueurs, les œuvres de Fumito Ueda ( ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian) sont constamment citées lors des débats sur l’art et le jeu vidéo. Un visuel travaillé, une « impression poétique » et des émotions suffisent-ils à faire d’une œuvre une forme d’art ? Pour répondre à cette question, il est d’abord nécessaire de s’attarder sur les coulisses de leur création, sur ce qu’ils racontent et la manière dont ils le font. Ensuite, seulement, il sera possible d’entrer dans le vif du débat. Ses trois jeux sont bien le reflet d’un tout cohérent, personnel, unique, qui a ému à vie certains joueurs et marqué l’histoire du jeu vidéo.

Cet ouvrage s'intéresse à la question de l'essence artistique du jeu vidéo, une interrogation emblématique qui continue de faire débat aujourd’hui.

EXTRAIT

Le jeu vidéo est, dans la majorité des cas, une industrie de création collective au même titre que le cinéma. Les films, quand ils ne sont pas phagocytés par un cahier des charges faramineux imposé par des producteurs et des actionnaires, sont toutefois plus enclins à être portés par une vision, celle du réalisateur. Celui-ci peut être vu comme un auteur au sens fort du terme. Dans le jeu vidéo, les auteurs ne sont guère nombreux, ou rarement mis en avant. Fumito Ueda fait incontestablement partie de ceux-là. Avec ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian, il a prouvé qu’il était possible de concevoir un jeu vidéo dont chaque pore, chaque élément, porte la sensibilité artistique et philosophique de son créateur. C’est pourquoi le chapitre « Création » va s’articuler essentiellement autour de la personnalité de cet homme. Il ne faut pas, bien sûr, perdre de vue le caractère indispensable de ceux qui ont travaillé avec lui au sein de la Team ICO, de genDESIGN et de Japan Studio, pour donner corps à ces trois jeux jusque dans les plus infimes détails. Sans oublier le rôle essentiel qu’a joué le producteur Kenji Kaido pour ICO et Shadow of the Colossus, en s’assurant que l’équipe disposait de toutes les ressources nécessaires et du soutien de Sony pour mener à bien les deux projets.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Passionné de cinéma et de jeu vidéo, Damien Mecheri intègre la rédaction du magazine Gameplay RPG en 2004 en signant plusieurs articles du deuxième hors-série consacré à la saga Final Fantasy. C’est avec cette même équipe que Damien poursuit son travail en 2006 au sein d’une autre publication intitulée Background, avant de continuer l’aventure sur Internet, en 2008, avec le site Gameweb.fr. Depuis 2011, en plus d’une expérience de journaliste radio, il écrit des articles consacrés à la musique pour de nombreux ouvrages édités par Pix’n Love, tels que Zelda. Chronique d’une saga légendaire, Metal Gear Solid. Une œuvre culte de Hideo Kojima, La Légende Final Fantasy VII et IX, Castlevania. Le Manuscrit maudit ou encore BioShock. De Rapture à Columbia. Il est aussi l’auteur de l’ouvrage Video Game Music. Histoire de la musique de jeu.

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Seitenzahl: 464

Veröffentlichungsjahr: 2017

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L’œuvre de Fumito Ueda : une autre idée dujeu vidéode Damien Mecheri est édité par Third Éditions 32 rue d’Alsace-Lorraine, 31000 TOULOUSE [email protected]

Nous suivre : @ ThirdEditions —  Facebook.com/ThirdEditions —  Third Éditions —  Third Éditions

Tous droits réservés. Toute reproduction ou transmission, même partielle, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite du détenteur des droits.

Une copie ou reproduction par quelque procédé que ce soit constitue une contrefaçon passible de peines prévues par la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la protection des droits d’auteur.

Le logo Third Éditions est une marque déposée par Third Éditions, enregistré en France et dans les autres pays.

Édition : Nicolas Courcier et Mehdi El Kanafi Textes : Damien Mecheri Relecture : Christophe Delpierre et Morgane Munns Mise en pages : Julie Gantois Couverture classique : Jordan Grimmer Couverture First Print : Johann « Papayou » Blais

Cet ouvrage à visée didactique est un hommage rendu par Third Éditions à la grande série de jeux vidéo de Fumito Ueda.

Les auteurs se proposent de retracer un pan de l’histoire des jeux de Fumito Ueda dans ce recueil unique, qui décrypte les inspirations, le contexte et le contenu de ces volets à travers des réflexions et des analyses originales.

ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian sont des marques déposées de Sony Computer Entertainment. Tous droits réservés.

Les visuels de couverture sont inspirés des artworks des jeux de Fumito Ueda.

Édition française, copyright 2017, Third Éditions.

Tous droits réservés

ISBN 979-10-94723-65-4

Dépôt légal : avril 2017

Imprimé en Union européenne par Meilleures Impressions

Avant-propos

Le jeu vidéo est-il un art ?

Interrogation emblématique qui alimente les débats depuis des années, la question de l’essence artistique du jeu vidéo continue d’être discutée aujourd’hui. S’il apparaît essentiel pour la reconnaissance de la valeur culturelle du médium, ce sujet fait en réalité grincer bien des dents, tant chez les joueurs et les journalistes que chez les développeurs - sans omettre bien sûr le regard porté par ceux qui sont étrangers au domaine.

Qu’est-ce qui rend cette notion d’art si terrible pour certains ? Est-ce la crainte de voir ce médium populaire adoubé et réapproprié par des hautes instances culturelles - l’enjeu social ? Ou bien est-ce parce que l’art - ce mot composé de trois petites lettres - est tellement chargé de connotations et d’incompréhensions qu’il renvoie à une forme d’ennui bourgeois, d’élitisme méprisant et dédaigneux ? Et si le jeu vidéo était considéré comme un art, cela signifierait-il la fin de sa nature de divertissement ? Surtout, est-ce que cela remettrait en cause ses multiples formes, sa pluralité ?

Intellectualiser est un gros mot, plus encore aujourd’hui où la notion de critique est malmenée et vidée de sa substance. Or, réfléchir sur une œuvre, sur un médium, sur une forme d’art, n’est pas une activité vaniteuse ni suffisante. Réfléchir, c’est essayer de comprendre, d’apprendre, de découvrir. C’est puiser dans ce qu’il y a de plus important. Ce n’est pas incompatible avec l’affect, le ressenti ou le plaisir. Bien au contraire ! La réflexion en est un stimulant.

Lorsque le jeu ICO voit le jour en 2001, il est précédé de plusieurs décennies de jeux vidéo. Il est lui-même hautement influencé par les œuvres vidéoludiques qui ont marqué son créateur, Fumito Ueda : Another World d’Éric Chahi ou encore Prince of Persia de Jordan Mechner. Pourtant, lorsque le joueur en vient à prendre la main de l’éthérée Yorda, lorsqu’il ressent par la vibration de la manette ce contact physique, quelque chose se passe. Quelque chose d’inédit, de profond. Quelque chose qui ne peut exister qu’avec le jeu vidéo. Une idée simple, attribuée à la seule touche R1, et l’interaction numérique venait d’ouvrir une nouvelle porte. Bien sûr, ce geste en apparence anodin n’est qu’un ersatz de ce qui peut se produire dans la réalité. Sa force est ailleurs - elle s’appuie sur tout ce qui compose ICO : sa direction artistique (tout en clair-obscur), ses lignes de fuite, ses mécaniques de jeu simples et évidentes, son absence d’interface visuelle, sa quête de réalisme physique, sa narration minimaliste, sa sensibilité extraordinaire. Une ouverture vers un ailleurs évocateur, qui laisse respirer l’imaginaire. Contemplatif, lent, presque muet, ICO offre une aventure peu commune, poétique, refusant les codes vidéoludiques traditionnels tout en s’en nourrissant. Beaucoup y sont restés insensibles. Aussi nombreux sont ceux qui ont été touchés comme rarement.

Depuis, le médium a évolué, et nombre de développeurs se réclament désormais de ce geste artistique à l’époque inédit, venant d’un homme qui, avant de travailler dans le jeu vidéo, a suivi des études d’art. Un homme dont la volonté et celle de son équipe était simplement de proposer quelque chose qui n’existait pas vraiment. En somme, d’oser, d’innover. Une démarche qui a habité la confection de chacune de ses créations : ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian. Trois œuvres qui partagent une même esthétique, une même philosophie de la conception vidéoludique, voire un même univers. Trois œuvres qui se distinguent pourtant par des concepts et des approches qui leur sont propres. Trois œuvres qui ont ennuyé et irrité certains joueurs, là où d’autres en sont ressortis bouleversés, émus aux larmes par les émotions nuancées et subtiles qu’elles évoquent. Des émotions qui doivent beaucoup, non seulement à la direction artistique raffinée et aux histoires qui puisent dans l’essence des mythes, mais surtout à ce qui définit le jeu vidéo : l’interaction.

En raison de leur singularité et de la marque indélébile qu’elles ont laissée chez certains joueurs, les œuvres de Fumito Ueda sont constamment citées lors des débats sur l’art et le jeu vidéo. Mais les confusions pleuvent : un visuel travaillé, une « impression poétique » et des émotions suffisent-ils à faire d’une œuvre une forme d’art ? La « trilogie ICO » contient les éléments de réponse à cette question.

Pour les dénicher cependant, il est d’abord nécessaire de présenter en détail ces trois jeux. De s’attarder sur les coulisses de leur création, sur ce qu’ils racontent et la manière dont ils le font. Ensuite, seulement, il sera possible d’entrer dans le vif du débat, de confronter les points de vue de nombreux créateurs du milieu, de poser les bonnes questions - après tout, avant même de se demander si le jeu vidéo est un art, encore faut-il d’abord définir ce qu’est l’art. La mauvaise nouvelle, c’est que les théoriciens de l’art eux-mêmes n’ont jamais tranché la question. La bonne, c’est que le jeu vidéo apporte justement de nouvelles pistes de réflexion.

Au centre de l’interrogation trône l’œuvre, au singulier, de Fumito Ueda. Car ses trois jeux sont bien le reflet d’un tout cohérent, personnel, unique, qui a ému à vie certains joueurs et marqué l’histoire du jeu vidéo. Le reflet d’une vision.

Damien Mecheri

Passionné de cinéma et de jeu vidéo, il intègre la rédaction du magazine Gameplay RPG en 2004 en signant plusieurs articles du hors-série n° 2 consacré à la saga Final Fantasy. Damien poursuit son travail avec cette même équipe en 2006 dans une autre publication nommée Background, avant de continuer l’aventure sur Internet en 2008 avec le site Gameweb.fr. Depuis 2011, en plus d’une expérience de journaliste radio, il a écrit ou coécrit de nombreux ouvrages chez Third Editions : La Légende Final Fantasy X, Dark Souls. Par-delà la mort ou Bienvenue à Silent Hill. Voyage au cœur de l’enfer et participe activement aux collections « Level Up » et « L’Année Jeu Vidéo » chez le même éditeur.

Chapitre I — Création