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Un voyage vers le monde poétique de Miyazaki.
Avec sa mise en scène poétique et ses thématiques universelles, comme l’importance de la nature, Hayao Miyazaki est l’un des artistes les plus respectés du monde du cinéma et de l’animation. D’abord réservées à un public japonais, ses œuvres ont fini par toucher le marché occidental. En France, Le Voyage de Chihiro et Le Château Ambulant ont dépassé le million d’entrées dans les salles obscures. Cet ouvrage revient sur la personnalité de cet auteur atypique et de ses collaborateurs, et décrypte, film par film, les thèmes profonds qui traversent l’ensemble de son oeuvre et font de Miyazaki un cinéaste humaniste et essentiel.
Découvrez un ouvrage qui revient sur la personnalité de Hayao Miyazaki et décrypte, film par film, les thèmes profonds qui traversent l'oeuvre de ce cinéaste d'animation de renom.
EXTRAIT
Au sein du studio Ghibli, Hayao Miyazaki est donc beaucoup plus libre de ses projets et de ses choix, se permettant de se consacrer aux longs-métrages d’animation originaux. Le premier à paraître est Le Château dans le ciel en août 1986, qui attire près de huit cent mille spectateurs, pour lequel il aura effectué des repérages en Angleterre et au Pays de Galles. Miyazaki produit l’année suivante, via sa société Nibariki4 basée dans l’arrondissement de Suginami à Tokyo, le documentaire Yanagawa Horiwari Monogatari réalisé par son confrère Isao Takahata. Le film en prises de vues réelles avec quelques courtes séquences animées, qui dure près de trois heures, s’attarde sur l’histoire du canal de la ville de Tokyo située sur l’île méridionale de Kyushu. En avril 1988, Mon voisin Totoro sort au cinéma en séance commune avec Le Tombeau des lucioles de Takahata. Bien que refusé au départ par les producteurs, le succès (huit cent mille spectateurs), et surtout l’impact de Totoro auprès du public, dépassera toutes les attentes. Il deviendra progressivement la mascotte du studio et l’une des portes d’entrée les plus évidentes vers l’œuvre de Miyazaki.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
"Ce livre nous permet de faire connaissance avec Hayao Miyazaki : le chemin qu'il a parcouru avec les différents manga auxquels il a été amené à participer avant de devenir lui même le maitre sur une série de long métrage bien connu. le livre donne un aperçu de sa vie, et des personnes clés avec lesquels il a été amené à travailler. On y retrouve un résumé de chacun de ses long métrages avec une analyse qui peut apporter une nouvelle lecture à ses films et des éclairages culturels." - getlolo, Babelio
À PROPOS DE L'AUTEUR
Amoureux du Japon depuis sa plus tendre enfance, Gael Berton y a effectué son premier voyage en 2003, au cours de ses études de japonais. Depuis, il y est retourné à de nombreuses reprises, explorant les villes et la campagne japonaise du nord au sud. Le site Kanpai!, qu’il a fondé en mars 2000, traite du voyage au Japon en particulier et de la culture japonaise au sens large. Il crée Keikaku en 2014, agence de voyages qui réunit une équipe de passionnés aussi bien au siège en France que dans sa filiale au Japon, pour améliorer l’offre de services vers cette destination.
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Seitenzahl: 294
Veröffentlichungsjahr: 2018
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L’œuvre de Hayao Miyazaki. Le maître de l’animation japonaisede Gael Berton est édité par Third Éditions 32 rue d’Alsace-Lorraine, 31000 Toulouse [email protected] www.thirdeditions.com
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Le logo Third Éditions est une marque déposée par Third Éditions, enregistré en France et dans les autres pays.
Directeurs éditoriaux : Nicolas Courcier et Mehdi El Kanafi Assistants d’édition : Damien Mecheri et Clovis Salvat Textes : Gael Berton Relecture : Zoé Sofer et Jean-Baptiste Guglielmi Mise en pages : Delphine Ribeyre Couverture classique : Sylvain Sarrailh Couverture « First Print » : Atelier Sentô
Cet ouvrage à visée didactique est un hommage rendu par Third Éditions aux films de Hayao Miyazaki. L’auteur se propose de retracer un pan des films de Hayao Miyazaki dans ce recueil unique, qui décrypte les inspirations, le contexte et le contenu de ces œuvres à travers des réflexions et des analyses originales. Les films de Hayao Miyazaki sont une marque déposée du studio Ghibli. Tous droits réservés. Les visuels de couverture sont inspirés des films de Hayao Miyazaki.
Édition française, copyright 2018, Third Éditions.
Tous droits réservés
ISBN 978-2-37784-067-0
Depuis qu’il m’a été permis de découvrir leurs longs-métrages, j’ai toujours été fasciné par l’univers des films d’animation du studio Ghibli, avant de comprendre que cette attirance concernait la vision artistique de l’un de ses réalisateurs en particulier.
Ma première rencontre avec les œuvres de Hayao Miyazaki remonte à 1996, lorsque la chaîne de télévision française Canal+ eut la riche idée de diffuser Porco Rosso, l’un de ses films de milieu de carrière. Le 28 décembre de cette année, alors que la plupart des enfants goûtaient au Disney annuel (en l’occurrence Le Bossu de Notre-Dame, après les déferlantes Aladdin, Le Roi lion et La Belle et la Bête des années précédentes), je m’initiais au prisme de l’animation japonaise hors Club Dorothée, à travers cette œuvre mélancolique qui me reste encore aujourd’hui éminemment chère, peut-être la plus marquante de toutes. Près d’un an et demi plus tard, le 30 mai 1998, je découvrais sur cette même chaîne Mon voisin Totoro, qui achevait d’aiguiser ma curiosité pour l’homme responsable de ces chefs-d’œuvre.
Porco et Totoro : deux chocs culturels qui ont non seulement encouragé mon amour pour le Japon, mais également suscité un intérêt pour Hayao Miyazaki si immense qu’il ne s’est plus jamais tari. Quelques années après avoir découvert le genre manga, c’est l’animation japonaise qui s’ouvrait à moi par le truchement de celui que je considère encore aujourd’hui comme son représentant le plus libre et le plus digne, aussi intransigeant voire exagérément sévère puisse-t-il se montrer par ailleurs.
En 2012, J’ai cultivé ma volonté de retracer cette aventure fantastique à travers les récits de création et les analyses de chacune des œuvres de Hayao Miyazaki sur le site Kanpai ! que je créai au début des années 2000. Si le réalisateur a bonne presse un peu partout dans le monde et en particulier en France, notamment depuis la diffusion du Voyage de Chihiro sur de nombreux écrans de cinéma en Occident, le travail du maître est souvent réduit, d’abord à sa poignée de longs-métrages produits sous l’égide du studio Ghibli (un carcan dans lequel on aurait tort de l’enfermer), mais également, et peut-être surtout, à une superficialité qui trouve ses racines dans l’absence de décodage d’une vision à la fois shintoïste et sociétale particulièrement difficile à appréhender de l’extérieur du Japon.
J’ai donc cherché à (re)découvrir ses principaux travaux dans une perspective plus globale qui m’a permis, au-delà des plongées individuelles dans ces œuvres, de comprendre leurs éléments de langage, d’apprécier l’évolution du regard et du message, de m’arrêter sur les entourages du maître, et enfin de découvrir des clés de lecture transversales, bien plus approfondies encore que lors de la publication des articles initiaux sur Kanpai !.
Cela aura été pour moi une nouvelle plongée extraordinaire dans un univers que je pensais connaître, qui a su me surprendre à nouveau et, surtout, qui ne cessera jamais de m’émerveiller. En vous offrant ce point de vue détaillé et inédit sur les créations de Hayao Miyazaki, je souhaite pouvoir partager mon intérêt intarissable et permettre à toutes et tous de mieux comprendre à la fois leur substance et leurs ramifications.
Amoureux du Japon depuis sa plus tendre enfance, Gael Berton y a effectué son premier voyage en 2003, au cours de ses études de japonais. Depuis, il y est retourné à de nombreuses reprises, explorant les villes et la campagne japonaise du nord au sud. Le site Kanpai !, qu’il a fondé en mars 2000, traite du voyage au Japon en particulier et de la culture japonaise au sens large. Il crée Keikaku en 2014, agence de voyages qui réunit une équipe de passionnés aussi bien au siège en France que dans sa filiale au Japon, pour améliorer l’offre de services vers cette destination.
Dans les textes abordant la vie de Miyazaki trouvés dans des publications non japonaises, on rencontre malheureusement beaucoup de zones d’ombre sur sa vie personnelle et son métier. De plus, outre la partie émergée de l’iceberg (ses onze longs-métrages d’animation), Hayao Miyazaki a travaillé sur de nombreuses œuvres tout au long de sa carrière (mangas, courts-métrages et autres) et ce bien avant la fondation du studio Ghibli. Cette partie va donc s’attacher à livrer une biographie plus précise et complète de l’artiste, avec une présentation de ses travaux, des plus iconiques aux plus méconnus. Cela offre également des clés de lecture éminemment importantes pour mieux comprendre ses œuvres.
Il reste malgré tout essentiel de noter que l’homme fait souvent preuve d’une pudeur et d’une retenue toutes japonaises qui rendent parfois délicats le recoupement d’informations et l’éclaircissement de ses états d’esprit lors de certaines périodes de sa vie. Miyazaki peut se montrer aussi disert et cassant sur certains sujets du débat public que discret voire secret sur nombre de ses choix à la fois personnels et professionnels.
Hayao Miyazaki1, né le 5 janvier 1941 dans l’arrondissement de Bunkyo à Tokyo, en pleine Seconde Guerre mondiale, est le deuxième d’une fratrie de quatre garçons : arrivé après Arita, l’aîné, et avant Yutaka et Shiro, les benjamins. Sa mère, Dora, est femme au foyer, possédant un caractère fort et déterminé. Son père, Katsuji, est ingénieur aéronautique ; il est responsable dans l’entreprise de son oncle, baptisée Miyazaki Airplane, qui produit notamment des gouvernails pour les avions de chasse modèle A6M Zero de l’armée japonaise, utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela nourrira son amour de la mécanique, pour les voitures et en particulier pour l’aviation. Miyazaki écrira sur son père, peu après sa mort, dans le journal Asahi Shinbun en 1995 : « Il demanda à ne pas aller au front, à l’époque c’était impensable. Mais il a pu rester au Japon, et je suis né, donc je suis reconnaissant de cela. [...] À l’usine, il faisait produire en masse par des travailleurs non qualifiés des pièces dont beaucoup étaient défectueuses, mais il nous disait que s’il soudoyait les bonnes personnes, les pièces étaient généralement acceptées. Il n’avait aucun sens de la culpabilité, ni d’avoir été impliqué dans l’industrie d’armes militaires, ni d’avoir fourni des pièces défectueuses. Pour lui, la guerre était quelque chose dans laquelle seuls les idiots s’engouffraient. Si le pays s’engageait dans la guerre, autant faire de l’argent dessus. Il n’avait aucun intérêt pour les causes justes ou le sort de son pays. Pour lui, la seule problématique était comment sa famille allait survivre. »
En 1944, pour fuir les bombardements sur Tokyo, la famille déménage à Utsunomiya dans la préfecture de Tochigi, à quelques dizaines de kilomètres au nord de la capitale, proche de Kanuma où se trouve la société où travaille son père. En 1947, sa mère est diagnostiquée du mal de Pott (une forme de tuberculose) qui la cloîtrera à l’hôpital pendant trois ans. Elle restera ensuite alitée au domicile familial jusqu’en 1955. La maladie de sa mère touchera évidemment le jeune garçon au point de voir la figure maternelle transfigurée dans nombre de ses œuvres au cours de sa carrière, à la fois comme une femme forte et atteinte d’un mal intérieur.
La famille Miyazaki revient à Tokyo à partir de 1950, où le jeune Hayao connaît une scolarité assez classique. Il se définira comme « maladroit et faible, sous la protection de [son] grand frère qui était le plus fort de l’école ». Sur son temps libre, il s’intéresse au manga, notamment aux œuvres d’Osamu Tezuka2 dont il aime à imiter le dessin à partir du lycée, mais dont il supporte mal qu’on le lui fasse remarquer. Pendant de longues années, il parfait son tracé et sa mise en cases. Son père, amateur de cinéma, ainsi que d’autres membres de sa famille l’emmènent régulièrement voir des films. À l’automne 1958, pendant sa dernière année de lycée, Miyazaki découvre le premier long-métrage d’animation japonais en couleurs : Le Serpent blanc du studio Toei Animation. Réalisé par Taiji Yabushita et inspiré de la légende éponyme, un des contes chinois les plus populaires, il narre l’histoire des sentiments qui lient Xu-Xian, un jeune garçon, et Bai-Niang, un serpent blanc transformé en magnifique princesse, au cours d’aventures pleines d’esprits et de pouvoirs magiques. Le film le marque profondément, autant techniquement que dans les émotions transmises ; il le regarde de très nombreuses fois et tombe comme amoureux de la beauté de Bai-Niang. Miyazaki choisit alors de devenir animateur.
Malgré tout, après avoir obtenu son certificat au lycée de Toyotama, il termine ses études à la prestigieuse université Gakushuin dans l’arrondissement de Shinjuku, au département d’économie politique. Comme il n’y a pas de club d’étude du manga, il se rabat sur le proche club de recherche en littérature pour enfants et propose une thèse sur l’industrie japonaise. Pendant ces années, il se perfectionne comme mangaka et accumule des milliers de pages de mangas pas toujours achevés. Certains sont envoyés à des éditeurs qui les refusent systématiquement. Il sort de l’université en 1963 diplômé d’économie et de science politique, prêt à conquérir sa carrière d’animateur.
Miyazaki entre au studio Toei Animation en avril de la même année, en tant qu’animateur intervalliste. Ce poste de bas d’échelle, peu passionnant mais très formateur, consiste à dessiner toutes les images d’animation entre deux étapes principales fournies, elles, par les « animateurs-clés ». À l’époque, son salaire est de 19 500 yens3 (un montant plutôt correct, comparativement aux 13 000 yens que touchent les jeunes employés sans diplôme universitaire) et son loyer de 6 000 yens pour un 7,5 m2 dans le quartier de Nerima à Tokyo. Il travaille sur divers films du studio tels que Les Fidèles serviteurs canins (1963), Les Voyages de Gulliver dans l’espace (1965), Le Vaisseau fantôme volant (1969), Ali-Baba et les quarante voleurs (1971) ou Les Joyeux pirates de l’île au trésor (1971), mais également sur des séries animées telles que Ken l’enfant-loup (1963), Fujimaru, le ninja du vent (1965), Hustle Punch (1965), Robin, la brigade de l’arc-en-ciel (1966), Minifée (1967-1968), Caroline (1969-1970) ou encore L’île au trésor des animaux (1971). Plusieurs de ces œuvres ne franchiront jamais les frontières du Japon.
En 1964, Miyazaki est actif dans des mouvements de gauche jusqu’à être nommé secrétaire en chef du syndicat des travailleurs de la Toei. Il y rencontre trois autres animateurs qui changeront sa vie et sa carrière : Isao Takahata, vice-président du syndicat et futur réalisateur majeur du studio Ghibli, Yasuo Otsuka, chef-animateur de renom qui fut notamment intervalliste sur Le Serpent blanc et suivra Miyazaki sur de nombreux projets les vingt années suivantes, et enfin Akemi Ota, qui devient son épouse l’année suivante, en octobre. Le couple s’installe à Higashimurayama, petite ville dans le grand Tokyo, et donnera naissance à deux enfants : Goro en 1967 (année où il s’achète une Citroën 2 CV !) et Keisuke en 1969.
En 1965, le jeune animateur rejoint Takahata et Otsuka à la conception du film Horus, prince du Soleil. La production, qui devait durer huit mois, s’éternisera sur trois ans pour une sortie au cinéma en juillet 1968. Malgré un impact artistique fort, le film deviendra le plus gros échec commercial de Toei Animation, manquant de causer la faillite du studio. À la fin de la production d’Horus, la Toei confie à Miyazaki et son épouse l’animation de la dernière longue séquence d’action du long-métrage Le Chat Botté (1969), véritable réussite technique qui assoit leur talent et les fait remarquer dans le milieu. Un peu plus tard, après la naissance de leur second fils, Akemi Ota quitte la Toei pour devenir femme au foyer et s’occuper des enfants, une décision tout à fait habituelle dans la société japonaise, mais prise contre son gré. Si elle permet à Miyazaki de se concentrer pleinement à sa carrière en confiant à son épouse la totale éducation de ses enfants, le réalisateur écrira une vingtaine d’années plus tard : « J’ai essayé d’être un bon père, mais en réalité je ne l’ai pas été. Ce que j’entends de mes enfants c’est “ Père ne nous grondait pas avec des mots, mais en nous tournant le dos ”. » Au cours de leurs jeunes années, Goro et Keisuke restent toutefois le meilleur public et une grande source de motivation pour le travail de Miyazaki.
Entre 1969 et 1970, Le Peuple du désert sera le premier court manga/ roman graphique publié par Miyazaki, sous le pseudonyme de Saburo Akitsu. En 1970, il participe à un épisode de Moomin pour Mushi Production, le studio d’animation d’Osamu Tezuka et concurrent direct de Toei Animation. Il déménage avec sa petite famille à Oizumigakuen, à quelques kilomètres à peine, en avril 1969 et pour quelques mois seulement, car l’année suivante il s’installera définitivement à Tokorozawa.
En 1971, Miyazaki quitte la Toei et rejoint son confrère Isao Takahata auprès d’un autre concurrent : le studio A-Pro Telecom. Il commence à travailler sur une version animée de Fifi Brindacier et se rend en Suède avec Yutaka Fujiota pour obtenir les droits d’adaptation, auprès de l’auteure Astrid Lindgren, qui leur sont refusés. Il s’agit de son premier voyage hors du Japon. Les story-boards de Fifi Brindacier seront réutilisés pour les deux moyens-métrages de Panda Petit Panda (1972-1973), dont Miyazaki sera responsable du design et du scénario, Otsuka chef-animateur et Takahata au poste de réalisateur. Ils coréalisent également quatorze épisodes de la première adaptation de la série à succès Lupin III (1971-1972). Au début de l’été 1973, les trois ex-Toei rejoignent Zuiyo Eizo, prélude du futur studio Nippon Animation. Takahata y réalise des séries animées dont Miyazaki gère la conception scénique : Heidi fille des Alpes (1974), pour lequel il aura fait du repérage en Suisse quelques mois plus tôt, et Marco (1976). Pour leur préparation, il voyage en Suisse, en Italie et en Argentine. Il participe également à différents projets : Suzunosuke au plastron rouge (1972), La Grenouille courageuse (1973), Willie Boy (1973), Les Samouraïs géants (1974), Le Chien des Flandres (1975) ou encore Le Raton laveur rebelle (1977). Son style s’affine, à la fois dans le design des personnages et des visages caractéristiques, mais également à travers des séquences d’animation au rythme effréné et aux mouvements ultra-calibrés.
En 1978, Hayao Miyazaki réalise enfin sa propre série animée, encore accompagné de Yasuo Otsuka : Conan, le fils du futur représente une forme de prototype de son œuvre tant dans sa création que ses composantes scénaristiques. Au détour d’une interview, il croise la route de Toshio Suzuki cette même année, alors rédacteur dans le magazine Animage, qui deviendra le futur producteur vedette du studio Ghibli. En 1979, Miyazaki travaille sur Anne aux pignons verts mais quitte Nippon Animation en cours de production, au bout du quinzième épisode, pour rejoindre le studio Tokyo Movie Shinsha (futur TMS), toujours accompagné d’Otsuka. Il y réalise son premier film d’animation : Le Château de Cagliostro, tiré de la série Lupin III (connue sous le titre Edgar de la cambriole en France). Il travaille ensuite pour une filiale, Telecom Animation Film, sur la deuxième série Lupin dont il réalisera plusieurs épisodes (1979-1980). En 1981 et l’année suivante, il scénarise et réalise les six premiers épisodes de Sherlock Holmes, pour lesquels il voyage aux États-Unis et en Italie, série qui sera poursuivie par Kyosuke Mikuriya et diffusée en 1984-1985.
La relation entre Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki devient de plus en plus solide, et ce dernier lui permet de prépublier le manga Nausicaä de la vallée du vent dans le magazine Animage à partir de février 1982, qui connaît un grand succès dès le départ. Il y publie également son roman graphique Le Voyage de Shuna en 1983. Cette année-là, Miyazaki obtient de transposer l’histoire de Nausicaä en long-métrage d’animation avec le studio Topcraft, produit par Tokuma Shoten, Hakuhodo et Isao Takahata. Le studio embauche de nombreux animateurs, dont Hideaki Anno (futur auteur notamment de la saga culte Evangelion) qui deviendra un proche et que l’on retrouvera trente ans plus tard à la voix de Jiro, protagoniste du Vent se lève. Au cours de la production de Nausicaä de la vallée du vent, pendant l’été 1983, la mère de Miyazaki décède, créant une forme de tournant dans sa carrière ; aux thématiques enjouées et légères qu’il a l’habitude de traiter, Miyazaki ajoutera désormais des recherches plus profondes sur le sens de l’humanité et ses actions, imaginant des personnages souvent plus graves et toujours nettement plus tempérés. Le film sort dans les salles japonaises en mars 1984 et marque sa première collaboration avec le compositeur Joe Hisaishi. Avec près d’un million d’entrées, les recettes permettent à Miyazaki et Takahata la création du studio Ghibli en juin 1985, filiale de Tokuma Shoten, débauchant par là même beaucoup des animateurs de Topcraft et s’allouant une plus grande indépendance éditoriale.
Ce qui frappe à travers ces quelques dernières années évoquées, c’est le succès immédiat des projets sur lesquels Hayao Miyazaki a travaillé comme instigateur ou comme meneur (auteur, dessinateur de manga ou encore réalisateur de films d’animation). Ce succès, à la fois public et critique, montre sans aucun doute possible le talent exceptionnel de l’artiste pour imaginer et mettre en scène ses histoires, aussi bien sur papier que dans le mouvement.
Au sein du studio Ghibli, Hayao Miyazaki est donc beaucoup plus libre de ses projets et de ses choix, se permettant de se consacrer aux longs-métrages d’animation originaux. Le premier à paraître est Le Château dans le ciel en août 1986, qui attire près de huit cent mille spectateurs, pour lequel il aura effectué des repérages en Angleterre et au Pays de Galles. Miyazaki produit l’année suivante, via sa société Nibariki4 basée dans l’arrondissement de Suginami à Tokyo, le documentaire Yanagawa Horiwari Monogatari réalisé par son confrère Isao Takahata. Le film en prises de vues réelles avec quelques courtes séquences animées, qui dure près de trois heures, s’attarde sur l’histoire du canal de la ville de Tokyo située sur l’île méridionale de Kyushu. En avril 1988, Mon voisin Totoro sort au cinéma en séance commune avec Le Tombeau des lucioles de Takahata. Bien que refusé au départ par les producteurs, le succès (huit cent mille spectateurs), et surtout l’impact de Totoro auprès du public, dépassera toutes les attentes. Il deviendra progressivement la mascotte du studio et l’une des portes d’entrée les plus évidentes vers l’œuvre de Miyazaki.
L’été suivant sort Kiki la petite sorcière, qui réalise la meilleure performance cinéma de l’année, avec plus de deux millions et demi d’entrées. Toshio Suzuki, qui conseillait déjà l’équipe dans l’ombre depuis des années, rejoint à partir de là ses deux camarades en devenant officiellement producteur au sein du studio. En 1990, Miyazaki produit Souvenirs goutte à goutte, réalisé par Isao Takahata, qui sort en juillet 1991. Cette même année, il décide de dessiner les plans de construction des nouveaux bâtiments que le studio Ghibli va se faire ériger à Koganei, en périphérie de Tokyo. Porco Rosso arrive ensuite en juillet 1992, dépassant les trois millions de tickets vendus et réalise, lui aussi, la meilleure performance cinéma de l’année au Japon, devant Hook (la suite de Peter Pan avec Robin Williams, réalisée par Steven Spielberg) et le film d’animation La Belle et la Bête de Disney. Cette performance sort le studio Ghibli du « pari » financier de chaque nouveau film et offre encore plus de liberté à ses réalisateurs.
Le père de Miyazaki décède l’année suivante ; l’homme ne s’exprimera pas sur ce sujet. Le réalisateur participe alors à la production de Pompoko pour Isao Takahata, qui sort à l’été 1994, ainsi qu’à celle de Si tu tends l’oreille de Yoshifumi Kondo, pour lequel il écrit le script et dessine les story-boards. En mars 1994, Miyazaki achève le manga Nausicaä de la vallée du vent au terme de cinquante-neuf chapitres étalés sur douze ans. Il démarre alors la production de La Légende d’Ashitaka, qui deviendra le bien connu Princesse Mononoké. Pour cela, il se retire plusieurs semaines sur la petite île de Yakushima, au large de Kagoshima tout au sud du Japon, où il fait mûrir l’environnement naturel du film. Il travaille également sur le scénario du clip musical On Your Mark (1995) de Chage & Aska, un duo de rock japonais, dont la réalisation est confiée à de jeunes animateurs du studio Ghibli.
En juillet 1997, au terme de trois longues années d’efforts, sort finalement sur les écrans Princesse Mononoké qui rencontre un succès immense, avec plus de quatorze millions de spectateurs. Il devient le film le plus vu au Japon jusqu’alors, obtient de nombreuses récompenses et propulse son réalisateur sur la scène internationale. C’est son premier film dont la conception utilise l’animation assistée par ordinateur. Toutefois, fatigué par une production longue et parfois douloureuse, se sentant moins vif sur le plan physique (il a alors cinquante-six ans), Hayao Miyazaki quitte Ghibli six mois plus tard pour fonder Butaya (qui signifie littéralement « la maison des cochons »), un studio plus intime mais situé géographiquement à quelques dizaines de mètres seulement. Le décès soudain de Yoshifumi Kondo, qui devait lui succéder, conduit Miyazaki à réintégrer, contre sa volonté initiale, le studio Ghibli en janvier 1999.
Le Voyage de Chihiro débarque en salles au cours de l’été 2001, tel un ouragan. Il totalise près de vingt-cinq millions d’entrées, soit le plus grand nombre de spectateurs de cinéma dans l’histoire du Japon, record qu’il détient encore à l’heure où ces lignes sont écrites. Son succès critique et public retentit dans le monde entier, en témoignent les nombreuses récompenses reçues, parmi lesquelles l’Ours d’or du meilleur film à Berlin en 2002 ou encore l’Oscar du meilleur film d’animation en 2003 (le seul film japonais et le seul dessiné à la main à avoir obtenu cette récompense5). Également en 2001, le 1er octobre, est inauguré le musée Ghibli à Mitaka près de Tokyo, pour lequel Miyazaki réalisera plusieurs courts-métrages d’animation inédits, encore diffusés aujourd’hui dans sa petite salle de cinéma accessible aux visiteurs.
Il est invité en mars 2002 à participer aux Academy Awards à Hollywood (les Oscars), mais refuse, en signe de protestation contre l’invasion américaine en Irak. Il se rendra malgré tout aux États-Unis en septembre pour la promotion du Voyage de Chihiro et visitera les studios Pixar à San Francisco, où il fera la rencontre du réalisateur et producteur John Lasseter (Toy Story, Cars). En 2003, Miyazaki produit pour Hiroyuki Morita Le Royaume des chats, suite indirecte de Si tu tends l’oreille. Son prochain film en tant que réalisateur, Le Château ambulant, arrive en salles en novembre 2004 et réunit quinze millions de spectateurs. Malgré un nouveau score impressionnant au box-office, de nombreuses critiques se font entendre, visant la complexité et le manque de cohérence de l’histoire, liés en coulisses à un début de production compliqué qui verra notamment le départ de Mamoru Hosoda du studio Ghibli, et une récupération difficile de Miyazaki.
L’année suivante, le maître est décoré d’un Lion d’or à la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière, et cité dans le magazine Time comme l’une des cent personnalités les plus influentes de la planète. Il loue ensuite une maison pendant deux mois en haut d’une colline du village de Tomonoura, dans la mer intérieure de Seto au large de l’île de Shikoku. La production de Ponyo sur la falaise, directement inspirée de ces paysages côtiers, débute en octobre 2006. Le film sort en juillet 2008 et réalise près de treize millions d’entrées. Miyazaki revient à des concepts plus enfantins et oniriques, au croisement de Mon voisin Totoro et de Panda Petit Panda.
Début 2009, son court manga Kaze Tachinu (Le Vent se lève) est publié dans le magazine Model Graphix et servira de base à la construction du film éponyme. En 2010 et 2011, il participe respectivement aux scénarios d’Arrietty (Hiromasa Yonebayashi) et La Colline aux coquelicots (de son fils Goro Miyazaki). À la fin de l’été 2011, Miyazaki se rend avec Suzuki à Rikuzentakata, ville fortement touchée par le tsunami du 11 mars de la même année, pour projeter La Colline aux coquelicots et aider moralement les enfants de la région. Le Vent se lève, construit comme un chant du cygne de sa carrière et de sa vie, sort en juillet 2013 et attire près de huit millions de spectateurs dans les salles.
Quelques semaines après sa sortie, le dimanche 1er septembre, Koji Hoshino, président du studio Ghibli, annonce lors d’une conférence de presse à la Mostra de Venise que Hayao Miyazaki prend officiellement sa retraite. Le réalisateur n’est pas présent lors de cette déclaration. Il organise donc le vendredi suivant une conférence de presse à Tokyo pour annoncer qu’il prend sa retraite en tant que réalisateur de longs-métrages. Il indique qu’il continuera à se rendre chaque jour au studio Ghibli et qu’on le retrouvera à travers d’autres projets jusqu’à la fin de sa vie, mais précise également que sa vue a baissé et que cela lui rend plus difficile la création d’animation. Il dit enfin avoir quitté le bureau de plus en plus tôt les années précédentes afin de se reposer. Ce n’est pas la première fois qu’il effectue une telle communication autour de son départ à la retraite, mais son âge au moment de l’annonce (près de soixante-treize ans) et le retentissement de cette déclaration (sur Internet et en particulier les réseaux sociaux) lui donnent une visibilité et une crédibilité nouvelles.
Le réalisateur reçoit de la part de l’Académie des Oscars, le 8 novembre 2014, un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière. Fin 2013, il annonce travailler sur un manga inédit : Teppo Samurai (« Le samouraï au fusil »). Des planches sont même dévoilées au cours d’un documentaire de la chaîne de télévision japonaise NHK en novembre de la même année. Toutefois, en avril 2015, il annonce au cours d’une interview au magazine de modèles réduits Armour Modelling que le travail sur ce manga est mis en pause indéfinie depuis déjà de longs mois.
En juillet 2015, lors d’une courte conférence de presse, Hayao Miyazaki annonce travailler depuis un an sur un court-métrage de douze minutes intitulé Kemushi no Boro (« Boro la chenille »). Contre toute attente, le film, destiné à être diffusé au musée Ghibli, sera réalisé en animation assistée par ordinateur. Sa durée de production étant de trois ans, il est alors prévu de le diffuser à compter du mois de juillet 20176. En novembre 2016, il est annoncé lors d’une interview sur la chaîne NHK que le réalisateur a commencé à travailler sur un nouveau projet de long-métrage d’animation depuis l’été, bien que ce dernier ne sera validé par le producteur Toshio Suzuki qu’en 2017. Suzuki indiquera en octobre 2017 que la raison principale de son retour consistait en la volonté de laisser une trace pour son petit-fils (alors âgé de huit ans) avant sa mort. Un temps, de nombreux commentateurs supposent que Boro la chenille est donc passé du statut de court à long-métrage. Il s’agit en réalité d’un film inédit intitulé Kimi-tachi wa Do Ikiru ka, que l’on pourrait traduire par « Comment vivez-vous ? ». Il s’agit du titre d’un livre pour enfants de 1937 écrit par l’auteur japonais Genzaburo Yoshino (1899-1981). Le livre s’articule autour d’un homme appelé Koperu et de son oncle ; il réfléchit sur la manière de vivre en tant qu’être humain à travers l’évolution spirituelle du protagoniste. Il n’a pas été indiqué que le film d’animation adaptera cette histoire, mais il est décrit comme action-aventure-fantaisie. Bien qu’une sortie cinéma au Japon soit prévue autour de 2020, Miyazaki n’avait dessiné que vingt minutes de story-board un peu plus d’un an après avoir démarré le travail sur le film ; il y a donc fort à parier, une fois de plus, que le planning ne sera pas respecté.
Née en 1938, Akemi Ota () entre aux studios Toei Animation en 1958 où elle débute en tant qu’intervalliste. Elle travaille notamment sur des animés devenus cultes tels que Hakuja-den (Le Serpent blanc) ou Saiyuki (Le Voyage vers l’Ouest). Elle rencontre Hayao Miyazaki en 1964 au sein de ces mêmes studios. En 1965, elle obtient le poste d’animatrice et en octobre, bien que de trois ans son aînée (une situation peu courante au Japon), elle épouse Miyazaki et met au monde leur premier enfant, Goro, en janvier 1967. Elle joue un rôle dans l’animation de Horus, prince du Soleil (1968) et devient animatrice-clé en 1969 sur Le Chat botté. Hayao s’occupe beaucoup de Goro et va aussi bien l’amener que le chercher à la crèche chaque jour, pour honorer sa promesse faite lors de leur mariage qu’ils pourraient tous deux poursuivre leur carrière parallèlement. En 1969, Akemi accouche d’un second fils nommé Keisuke. Miyazaki écrira plus tard qu’il ne pouvait supporter de voir son deuxième fils rentrer à la maison à moitié endormi chaque soir, subissant les rythmes de ses parents. Deux ans plus tard, sur demande de son mari qui passait de plus en plus de temps à son travail, Akemi abandonne sa carrière d’animatrice en 1972 pour se consacrer à ses enfants en devenant femme au foyer. Elle précisera que ce choix a été effectué contre son gré, mais il aura permis de donner à Miyazaki le temps nécessaire pour se concentrer pleinement sur ses créations. En 1987, elle publie un livre intitulé Goro et Keisuke — Journal photo d’une mère au foyer. Keisuke restera, lui, une figure très secrète ; on sait peu de choses sur lui, en dehors du fait qu’il a étudié le design dans une université de Tokyo. Akemi est aujourd’hui membre du conseil de la fondation Totoro no Furusato qui promeut et agit pour la reforestation.
La vie d’Akemi est particulièrement discrète voire secrète. Personnage quasiment sorti de la vie publique à partir de son passage en tant que femme au foyer, on n’en connaît que ce que Hayao Miyazaki veut bien en livrer : des bribes très courtes et vues par son prisme disséminées au cours de quelques interviews éparses au fil des années.
1 En langue japonaise, on écrit son nom . Ces kanjis (caractères japonais) signifient individuellement « palais/sanctuaire shinto » et « cap/pointe » pour le nom de famille. Le cas de son prénom est plus complexe : le sinogramme fait aujourd’hui partie d’une liste de quelques centaines de caractères appelés jinmeiyō, usités seulement pour les noms personnels et non courants. Il symbolise une « personne rapide » et peut également être lu « Shun ».
2 Osamu Tezuka (1928-1989) est un mangaka, animateur et scénariste d’environ sept cents œuvres, auteur notamment de sagas cultes du manga japonais telles que Le Roi Léo, Astroboy, Black Jack, La Vie de Bouddha ou encore Metropolis ; on aime à le citer comme « le père du manga moderne » et nombreux sont les artistes (tant mangakas qu’animateurs), en incluant Miyazaki, qui le désignent comme une influence majeure.
3 Pour donner un ordre d’idée, en 1963, 19 000 yens étaient l’équivalent de 55 euros virtuels (puisque les euros n’existaient pas, bien entendu) avec le cours de l’époque, c’est-à-dire environ 520 euros avec le cours d’aujourd’hui.
4 Littéralement « deux chevaux », en clin d’œil à sa voiture !
5 Notons que la catégorie de « l’Oscar du meilleur film d’animation » n’est apparue qu’en 2002. Auparavant, les films d’animation ne pouvaient concourir que dans les mêmes catégories que les films en prises de vues réelles, et seul La Belle et la Bête, des studios Disney fut nommé dans la catégorie « Meilleur film » en 1992, sans obtenir la récompense. Blanche-Neige et les Sept Nains (1939) des studios Disney, Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) de Robert Zemeckis, et Toy Story (1996) des studios Pixar obtinrent quant à eux l’Oscar pour une contribution spéciale, alloué aux films qui ont fait avancer les techniques du cinéma. Signalons aussi deux cas exceptionnels par la suite, Là-Haut (2009) et Toy Story 3 (2010), tous les deux des studios Pixar, qui ont remporté l’Oscar du meilleur film d’animation tout en ayant été nommés en parallèle dans la catégorie « Meilleur film ».
6 En réalité, il subira un léger retard et sera diffusé à partir du 21 mars 2018 et ce jusqu’à fin août de la même année. Il dure finalement quatorze minutes et vingt secondes. La bande-son complète (voix et bruitages sonores) a été confiée à l’humoriste Tamori, à l’exception d’un morceau au piano de Joe Hisaishi.
Il va sans dire que l’histoire de Ghibli1 est intimement liée à celle de Hayao Miyazaki. Le réalisateur aura ainsi passé près de la moitié de sa vie sous l’égide du ce studio légendaire dont il est cofondateur. Après sa création, Ghibli s’est progressivement imposé comme l’un des plus grands studios de l’histoire du cinéma d’animation japonais, mais également l’un des plus connus et reconnus, à la fois au Japon et en dehors de ses frontières. Il nous semble donc indispensable d’y consacrer ce chapitre afin de découvrir ses fondations et son fonctionnement.
En 1983, la société Tokuma Shoten, éditrice du magazine d’animation Animage, propose à Hayao Miyazaki de produire l’adaptation de Nausicaä de la vallée du vent en long-métrage d’animation. Les aventures de la princesse éponyme sont en effet prépubliées sous forme de manga dans le magazine depuis l’année précédente et elles y rencontrent un public suffisamment enthousiaste pour envisager l’adaptation en la confiant à son auteur. Pour concevoir le film techniquement, le jeune réalisateur fait ainsi appel aux forces vives de Topcraft, un studio d’animation fondé onze ans plus tôt par Toru Hara, ancien animateur chez Toei, confrère de Miyazaki sur Horus, prince du Soleil