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Comment surmonter une éducation qui nous a profondément marqués ? Comment progresser dans un monde en constante évolution sans d’abord entamer un voyage intérieur ? Ce paradoxe révèle que la transformation personnelle est essentielle au changement. L’auteur s’immerge dans son enfance, engageant une introspection qu’il juge cruciale pour se libérer de la douleur. Ébranlé par l’enrôlement contraint de son père alsacien dans l’armée allemande et par la perte de sa petite sœur, il réalise que la souffrance peut être le point de départ de la compassion, du pardon et de la paix. À travers ce récit, il prouve que cette guérison est accessible à tous, en suivant un chemin qui nous mène vers une dimension plus vaste que nous-mêmes, invitant chacun à explorer sa propre quête de sérénité et de transformation.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Schneider est un inlassable quêteur de vérités. Après avoir exploré le yoga, le bouddhisme tibétain et la sagesse toltèque, il retourne aux racines de son enfance. Par ce retour, il démontre que tous les chemins mènent à une nouvelle alliance, pur terreau de transformation entre soi et le monde. Ce moment constitue une étape déterminante dans son cheminement spirituel.
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Seitenzahl: 103
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Philippe Schneider
L’ogre, le moine et la jeune fille
© Lys Bleu Éditions – Philippe Schneider
ISBN : 979-10-422-5125-3
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Aux Éditions Publibook :
Chez Le Lys Bleu Éditions :
À ma grand-tante Jeanne
À mon père Roger
À ma sœur Régine
L’ancien feuillage tombe, le nouveau bourgeon jaillit.
Seulement si l’ancien feuillage tombe, le nouveau poussera…
Dialogues avec l’ange, Gitta Mallasz
Mais chez moi, on ne parlait pas.
On taisait ses émotions et ses questionnements.
Les adultes ne donnaient aucune clé pour comprendre les évènements de la vie.
J’ai été élevé dans un royaume de non-dits.
Or, il faut se connaître pour s’aimer.
Et il faut s’aimer vraiment, y compris avec ses manques,
ses défauts et ses failles, pour aimer l’autre.
Longue gestation jamais achevée…
Oui, les ombres de mon enfance m’ont donné naissance !
Marie Christine Barrault
Je demande à l’ange Gabriel
de m’aider à gommer toutes les émotions négatives
qui m’empêchent de vivre comme je voudrais vivre,
qui m’empêchent de m’exprimer comme je voudrais m’exprimer.
Je ne veux pas savoir d’où ces mémoires viennent,
peu m’importe le passé, peu m’importe l’origine de cet état et de ces mémoires.
Je demande que cela soit gommé afin d’être ce que je veux être,
et de pouvoir m’exprimer tel que je souhaite,
tel que je veux m’exprimer,
afin de mieux vivre ma vie et de
mieux vivre plus pleinement la vie1.
Quand j’étais petit, mon rêve était de devenir marin-pompier…Puis, plus tard, sous l’influence de mon éducation judéo-chrétienne, je voulais devenir missionnaire !
De fait, j’adorais le catéchisme ! Mais je crois que j’étais surtout amoureux de la dame du caté… Maman m’avait gardé mes cahiers. Bardés d’images pieuses. Je les ai toujours. J’y avais appris le crédo chrétien. Que sans notre Dieu, point de salut ! Pourtant, dans ma petite tête de gamin de 7, 8 ans, j’imaginais que de l’autre côté de la terre, diamétralement opposé, il y avait un enfant chinois – je n’ai jamais vérifié si cela était exact, mais peu importe – qui, malheureusement, ne connaîtrait jamais Jésus… Tant pis pour lui ? Non, c’était pour moi impossible ! Mais cela ne m’empêchait pas d’aimer cet enseignement. Oui, à cause de la dame…
Un jour, bien plus tard, en m’engageant à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, je découvris la lutte des classes. Ces patrons qui allaient chaque dimanche à la messe, et la semaine exploitaient le prolétariat. Non, c’était pour moi inadmissible ! J’envoyai tout balader… Je veux dire l’Église et ses contradictions. Tant pis pour moi ? Pas tout à fait ! Je gagnai ainsi une indépendance de pensée qui me conduira vers la découverte – un jour, peut-être vous le raconterais-je – du yoga, du bouddhisme et de la sagesse toltèque… Et que mon ami chinois, de l’autre côté du globe, n’était pas condamné. Qu’il pouvait, lui aussi, découvrir à sa manière qu’il existe quelque chose de plus grand que Soi. Car, oui, Dieu ne pouvait être qu’universel !
Pour l’heure, avant toute chose, à l’adolescence, je découvris l’alpinisme et les filles !
Gérard Stumbé, un ami de mes parents, organisait des stages d’initiation dans les Alpes suisses avec l’abbé Bech (prononcez bec). Depuis mon Alsace natal, à une encablure. Réalisant tout de go que ces trois sommets que nous apercevions par beau temps depuis des lustres depuis le massif du Rossberg, notre balade favorite, en étaient les contreforts helvétiques : l’Eiger, le Mönch, et la Jungfrau (l’ogre, le moine et la jeune fille2).
Tout un programme !
C’était une nuit d’hiver. Couchant au refuge dudit Rossberg, je ne pouvais dormir : la pleine lune ! Par les volets entrouverts, ses rayons dardaient l’obscurité de ses traits immaculés. Comme un appel angélique. Diabolique ? Alors, à cet instant irréel, entre rêve et réalité, je m’habillai. Prenant mes effets de montagne, partant à l’aventure : « L’aventure commence à l’aurore, à l’aurore de chaque matin, l’aventure c’est le trésor.3 » Et, à peine parti, avançant sur cette neige diaphane craquant sous mes pieds par cette température bien en dessous de zéro, je vivais un de ces moments rare et intense qui me marquera à jamais. Cheminant comme en songe sur cette surface chimérique, complètement absorbé par ce mirage pourtant bien réel, troublant ma perception : la lune transformée en soucoupe translucide au-dessus de la crête. Et de ma tête. Avançant comme un robot. Progressant somme toute, dans cet instant innommable, vers cette vie nouvelle qui m’attendait…
Quand, patatras, arrivé au rocher du Vogelstein4, je découvris abasourdi, comme en plein jour, mais en pleine nuit, ce paysage aux limites improbables… Étais-je arrivé aux confins de la Terre ? Avais-je atteint les limites de la vie ? Qui étais-je enfin dans ce monde en litige ?
Aussi, je restai là, incrédule. Insoumis. Imparti de je ne sais quelle quête improbable. Tel le chevalier du Graal, cherchant au-delà de ses terres connues cette vérité séculaire tapie au plus profond de lui-même. Mais, ça, je ne le savais pas encore… Ce secret me serait révélé bien plus tard : patience, ce n’est pas mon fort ! Mais déjà j’expérimentais l’indicible liberté d’être seul au monde. Ce monde encombré de givre et d’ombres ; de neige et de roches ; de lumière et d’obscurcissement…
Un bon début ?
Or, me remémorant ce moment formidable, je prenais conscience de cette chance d’avoir eu la liberté de courir la montagne dès mon plus jeune âge. Mes parents avaient gardé de moi cette photo, où, à 2 ou 3 ans, j’arborais déjà cette même démarche altière qui me mènerait vers les plus hauts sommets des Alpes. Plus tard ! Prémonition ? Car, en m’inscrivant à ce stage d’initiation dans les Alpes suisses, mes parents me donnaient toute leur confiance. À moi, l’adolescent ! Gratitude infinie…
Et ce fut une véritable révélation ! À 17 ans, j’en revins obnubilé par le métier de guide qui m’aurait permis de vivre cette passion dévorante. Mais c’était sans compter sur papa qui voulait que ses fils, tout comme lui, deviennent agents EDF… Prédestination ? Me voilà pourtant projeté dans cette ferveur alpine qui va durer 30 ans. Quelle gageure ! Cette flamme va illuminer ma vie. Va aussi l’endeuiller. Et également m’éloigner de mes proches…
Ah, la passion : « Seul ce qui brûle5 » ! Merci à toi, Christiane, ma muse…
Une vie ordinaire, quoi !
À peine orchestrée par un père colérique, engagé de force dans l’armée allemande en tant qu’Alsacien à l’âge de 18 ans : l’ogre ; par la rencontre de celle qui deviendra la femme de ma vie, alors que, moi : drôle de moine, je venais d’avoir 19 ans ; et par la perte de ma petite sœur chérie : la jeune fille, alors que j’avais à peine 5 ans…
Voilà, voilà, pas de quoi fouetter un chat !
Pas si sûr…
À l’adolescence, mon rêve : devenir guide de haute montagne !
Trois heures du matin ! Le gardien du refuge des Michabel nous réveille : « Lenzspitze – Nadelhorn : Raus, es ist jetzt Zeit6 ! » Une nuit sans sommeil. Une nuit en refuge tout simplement ! Imaginez des couchettes superposées avec des matelas de 60 cm de large où chacun s’entasse en se couvrant de couvertures poussiéreuses et malodorantes. Entre les fragrances nauséabondes, les ronflements et les râles, comment dormir ? Impossible ! Alors on se repasse en boucle la course du lendemain. Imaginant le pire…
Du haut de nos 18 et 20 ans, mon frère et moi allions défier l’impossible. Cette traversée de deux sommets suisses de plus de 4000 m était notre consécration. Et sans guides, s’il vous plaît ! En autonomie complète. Étions-nous devenus fous ? Peut-être… Aurais-je moi-même permis cette folie à mes propres enfants au même âge ? J’en doute ! Merci papa, merci maman. Mais, à cette époque bénie d’après-guerre, tout était possible. Dans ces années glorieuses tout était permis. Un espoir de liberté soufflait toute appréhension. Donnait toutes possibilités. Ouvrait toutes réalisations. Nos parents, ayant vécu la guerre et leurs privations, étaient prêts à tout pour apporter satisfaction aux défis de leur progéniture. Mai 68 était en marche (et le changement climatique…).
Un petit déjeuner sans faim. Mais il faut absolument se sustenter en prévision de l’effort intense de l’ascension. On se force : pain, beurre, confiture, chocolat chaud comme il se doit… Pas très diététique, mais c’est comme ça ! Pas mieux que la suppe mit wurst7 de la veille. On n’était pas encore au bio et au végétarien des années 2000… Puis, c’est la nuit qui nous accueille à nouveau. Mais sans lune cette fois-ci !
Nous avançons à la lampe frontale, suivant une piste improbable sur la neige gelée. Le ciel étoilé est hallucinant. Croyez-le si vous voulez, mais il émane une lumière incroyable de ces étoiles, systèmes, galaxies et autres amas… Subitement nous ne sommes plus seuls ! De cette nuit affreuse passée à déprimer, attendant l’aurore, nous voilà plongés dans un monde sidéral aussi lumineux qu’un jour sans nuage. Aussi, nous habituant à l’obscurité – je veux dire à la luminosité des astres nocturnes – nous avançons avec un toupet qui force l’admiration.
Car c’est ainsi, après deux séjours de 15 jours dans la vallée de Saas-Fee en Suisse, deux années de suite, que nous voilà prêts à affronter seuls les 4000 aventureux. Sainte folie, quand tu nous tiens ! Partant ainsi à l’aventure, ayant acquis nos grades d’alpinistes en herbe. Nos parents attendant notre retour sagement au refuge. Au pied. Incrédules !
Précédemment, pendant ces deux années, nous avions donc arpenté l’Alpe. Commençant d’abord par ce qu’on appelle l’école d’escalade. De petits rochers équipés de pitons et dont les passages sont cotés suivant la difficulté. On pouvait ainsi gravir les degrés de 1 à 6 pour se perfectionner. Pour l’instant, nous ne dépassons pas le 4, et encore pour les plus agiles dont je fais partie. De jour en jour, nous reprenons les mêmes passages pour nous perfectionner. Nous évoluons en nous assurant les uns les autres grâce à la corde passée dans les mousquetons arrimés auxdits pitons. Pour notre totale sécurité ! Enfin, presque…
Un jour, j’aborde un de ces passages sans corde. Sentant que j’en étais capable, Gérard, notre instructeur, me laisse faire. Il me surveille du coin de l’œil sans broncher. Je passe le passage sans encombre, un bon troisième degré supérieur, presque du quatre. Je suis aux anges ! Je découvre des émotions intenses que je n’avais jamais connues. Moi que mon père avait tellement humilié dans ses colères incessantes, je prenais enfin confiance en moi… Moi le révolté par mes indisciplines. Mes mauvais bulletins. Mes esquives à ses mauvais traitements. Le « canard sauvage », comme il m’appelait ! À cet instant exceptionnel, je renais à moi-même. Et je sens également la fierté de mon père naître à mes exploits. Non seulement je découvre mes nouvelles capacités, mais, enfin, enfin, j’attire l’admiration de mon propre paternel. Gloire au Père éternel !