L’utopie Pragmatique - Domenico Villano - E-Book

L’utopie Pragmatique E-Book

Domenico Villano

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Beschreibung

Un voyage dans les pas d’un jeune sociologue, à la découverte des Écovillages et des Communautés Intentionnelles européennes.
Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Comment combiner travail et créativité ? Comment cultiver des relations profondes et durables ? Changer de vie est-ce possible ? Un voyage dans les pas d’un jeune sociologue, à la découverte des écovillages, des communautés intentionnelles européennes et des expériences de ceux qui font vivre les communautés de Findhorn, Taizé, Auroville, Nomadelfia et Urupia. Différentes réalités mais unies par un choix de vie radical, le choix de vivre ensemble, en marge des métropoles modernes, et de redonner vie, avec passion et créativité, aux zones rurales oubliées.

PUBLISHER: TEKTIME

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Domenico Villano

L'Utopie pragmatique

à la découverte des Écovillages et des Communautés intentionnelles

Traduit de l'italien par Murielle Pahaut

Préface

Par Maria Rosaria Mariniello

Elle est à l’horizon […] Je m’approche de deux pas, elle s’éloigne de deux pas. J’avance de dix pas et l’horizon s’enfuit dix pas plus loin.

J’aurai beau avancer, jamais je ne l’atteindrai.

À quoi sert l’utopie ? Elle sert à cela : à cheminer.

Eduardo Galeano, Paroles vagabondes. Fenêtre sur l’utopie.

C’est avec émotion que je rédige, pour la toute première fois, la présentation d’un travail écrit par quelqu’un d’autre; consciente de la lourde responsabilité qui m’incombe, car les premiers mots doivent accrocher le lecteur et donner l’envie de se plonger dans la lecture ou, au contraire, de la poursuivre à son rythme.

Cette tâche m’a été confiée par le jeune auteur lui-même, pour les raisons que je vais maintenant tenter d’expliquer en termes concis, car les mots ont parfois tendance à lasser, même s’ils sont nécessaires pour raconter.

Je suis la présidente de l’Association CortoCircuito Flegreo, fondée en avril 2011 par 27 membres fondateurs, consommateurs, agriculteurs et artisans, qui partagent tous le même désir de réaliser un rêve, mais différententre ville et campagne, entre nature et culture, entre agriculture et terre, et ce, de manière structurée, au-delà de la pratique qui existe déjà depuis quelque temps et qui s’est développée de manière informelle.

La définition de cette expérience s’apparente à celle d’une communauté, bien qu’elle soit en perpétuelle évolution, vu la présence irrégulière de certains membres et la segmentation de la contiguïté territoriale, entravant l’échange continuel. Cependant, l’Association CortoCircuito Flegreo a été fondée avec l’intention de créer un projet issu de principes communs et partagés, lesquels doivent être nécessairement élaborés au cours de l’approfondissement des relations, qu’elles soient humaines, économiques, culturelles ou solidaires, et qui ne sont jamais considérées comme acquises une fois pour toutes par l’acte fondateur de l’association, appelé statut.

De nombreux projets, parmi tous ceux développés ces dernières années, nous ont encouragés à modifier nos modes de vie, en adoptant, ce qu’on appelle pour simplifier, les «bonnes pratiques». Ils nous ont ainsi permis de créer de petites économies solidaires, avec le producteur et avec la Terre, et ce, notamment, en apprenant d’un grain de blé qu’il doit pousser sur un sol qui n’a pas encore été exploité ou encore de la macération d’une petite ortie chétive qu’elle peut contribuer à la croissance d’une salade, lorsqu’elle est pulvérisée sur la plante. En outre, nous avons mis sur pied un système de certification de producteurs et de produits, défini comme une société en participation, car elle vit à travers la rencontre et la connaissance du cycle de production et la vie concrète de celui qui produit, et nous permet également de repousser toujours plus loin la logique du label de qualité payant, qui décide, par délégation, si ce qu’on produit et ce dont on se nourrit est sain.

Ce parcours a toujours été fertile et exaltant, débordant d’idées et enrichissant humainement, suscitant sans cesse le sentiment que cela valait vraiment la peine d’être vécu. Notamment, il nous a fait comprendre les changements avec humilité et nous a enseigné que les dynamiques, générées non seulement de l’extérieur, mais aussi en nous-mêmes, appelées communément «crises», devaient être affrontées chaque jour pour éviter les chutes désastreuses.

Bref, un véritable marché clandestin qui renferme, selon le principe des poupées russes, tant d’autres choses : les circuits d’approvisionnement courts, le préfinancement à la source, le soutien aux activités sociales, les approfondissements et la formation de nouveaux systèmes agro-écologiques, et ce, afin de prendre soin de la Terre et d’en tirer une alimentation non intensive. Ainsi donc, fouler la Terre d’un pas plus léger pour éviter de lui infliger d’autres blessures.

J’ai connu Domenico Villano, il y a un peu plus d’un an.

Il était venu au Lac d’Averno lors d’une de nos réunions bimensuelles, durant lesquelles producteurs et consommateurs s’échangent des expériences, des produits, des idées, des projets et consolident leurs liens d’amitié.

Il nous proposa de visiter le «jardin tropical» de Licola, l’endroit où son grand-père cultive avec amour ses kiwis et ses avocats, pour partager avec nous ses connaissances et les fruits de sa terre. Tout comme sa famille, Domenico aide son grand-père à entretenir ce lieu d’une manière, je dirais, presque magique. Nous avons tout de suite été charmés par l’harmonie de ce jardin, par l’entrelacement des différentes plantes, se soutenant les unes les autres, et dont les branches s’affaissaient sous le poids de grands avocats luisants et la quantité de petits kiwis velus. Nous sommes entrés dans une dimension tropicale, créée en plein cœur de la région phlégréenne, grâce à la passion obstinée d’un grand père, attisée par l’enthousiasme de son petit-fils !

Au cours de nos rencontres successives, Domenico fut toujours très loquace. Le sourire aux lèvres, il me raconta son expérience de jeune étudiant, futur diplômé en sociologie de l’environnement et du développement territorial. Il me parla d’un mémoire au titre fascinant «L’Utopia come pratica. Le comunità intenzionali e l’etica di Foucault» [L’Utopie pragmatique. Les communautés intentionnelles et l’éthique chez Foucault] et decertaines expériences communautaires, italiennes ou non. Il était allé vivre dans ces communautés pour recueillir les aspects quotidiens et les dynamiques conceptuelles, afin de capturer les forces qui en sous-tendent l’ossature et d’interagir avec le travail, les personnes et les espaces. Je ne pus que m’intéresser à ce travail, que je suivais à distance, lorsqu’il allait de-ci et de-là pour étoffer son expérience, couchée ensuite sur le papier, page après page. Il y a quelques mois, il eut la grande satisfaction d’obtenir son diplôme et envoya son travail de find’étude à certains de ses contacts, susceptibles d’être intéressés. Je fus parmi ceux-ci. J’ai donc lu son travail, fraîchement achevé, authentique, traitant tant des questions théoriques que des observations faites sur le terrain, selon les règles de l’art de la sociologie.

En évoquant avec lui tous les efforts entrepris pour réaliser cet ouvrage, j’ai perçu une pointe de déception, liée à l’absence d’opportunités de publication. Son sourire est alors devenu un peu triste, presqu’éteint.

Pourquoi ne pas réaliser son rêve grâce à un soutien à partir de la base ? Pourquoi ne pas lancer cette idée parmi nos membres ? Cela me paraissait cohérent avec nos principes et nos pratiques de durabilité et de résilience.

J’ai donc partagé cette idée avec le groupe territorial de CortoCircuito Flegreo et l’initiative fut lancée.

Cela a marché! Désormais, le travail de Domenico est devenu un petit ouvrage inestimable.

Bonne lecture !

Prologue

Procolo n’était pas un homme primitif, ni un aborigène australien, ni même quelqu’un qui venait d’une terre lointaine. Sur la ligne 1 du métro de Naples, en direction de la Station Centrale, tous les visages lui étaient familiers. Pas vraiment tous, en réalité. Il avait remarqué des étrangers à la peau noire, d’autres aux yeux en amande, ou encore des petites familles attendrissantes, couleur café au lait. Chacun d’eux parlait une langue inconnue mais cela n’avait aucune importance à ses yeux. Quand il était encore jeune, il était allé deux ou trois fois au port de Pozzuoli pour vendre le vin d’une année exceptionnelle, et là, il avait vu des étrangers, venant des quatre coins de la planète. Mais ce qui l’intriguait, c’était plutôt tous les autres: ils lui ressemblaient tellement, avec leurs yeux noirs, leurs cheveux châtains et leur visage familier, mais ils avaient quelque chose d’étrange. Ils étaient tous très grands et habillés comme des princes. Ils arboraient des chemises impeccables, des chaussures toute neuves et des cheveux soigneusement peignés. Il devait sans doute se trouver dans une ville de rois. Il avait entendu parler des villes, de leur saleté, de la misère du peuple et de la grande richesse des seigneurs, enfermés dans leur palais et défendus par leur cour. Mais qui étaient tous ces messieurs dans ce wagon souterrain? Aucun n’avait le visage brûlé par le soleil. Il y avait bien quelques jeunes garçons à la peau rougeâtre, mais il s’agissait d’une couleur étrange, comme s’ils s’étaient dépêchés de s’immerger dans une baignoire pleine de rayons de soleil. Procolo regardait les mains de ceux qui s’agrippaient aux montants tubulaires du wagon pour ne pas perdre l’équilibre. Elles ne ressemblaient en rien aux siennes. Aucune callosité, aucune cicatrice. Elles étaient fines et propres; les ongles bien soignés et longs, plus longs encore que ceux du marquis de De Suricis, l’homme le plus cultivé et le plus riche de Roccafiniterre, son village bien-aimé, où il avait passé presque toute sa vie. Et maintenant, Dieu sait où il se trouvait. À vrai dire, il ne se souvenait pas comment il était arrivé dans ce curieux engin souterrain, mais il était prêt à tout pour retrouver le chemin de la maison. Il tenta de demander des informations à un des passagers, mais, malheureusement, celui-ci arrivait à peine à comprendre ce que Procolo lui disait. Il avait des dents bien droites, comme il n’en avait jamais encore vu, et il parlait une langue qu’il avait déjà entendue une fois, lorsqu’il avait dû aller devant le juge, dans un immense bâtiment de Benevento, pour ce problème de poulets qu’il avait empruntés au poulailler de Mariuccia, sans en demander la permission. Heureusement, cette fois-là, il s’en était bien sorti, avec seulement quelques nuits passées en cellule.

Mais comme il était curieux, ce monsieur aux dents toutes droites, il parlait à Procolo comme s’il était un accusé. Et quelles manières il avait ! Il avait perdu patience après deux tentatives infructueuses et s’était plongé dans la lecture d’un gros livre, lui qui n’était même pas curé! Dans ce wagon, c’était chacun pour soi; personne ne se parlait. Certains passagers lisaient un livre ou un journal, d’autres fixaient le vide, hébétés. Il y en avait bien deux ou trois qui bavardaient dans le jargon des juges, cette fois peut-être un peu plus compréhensible, mais la plupart d’entre eux étaient aux prises avec de drôles d’engins lumineux en métal, parfois pourvus de longues protubérances caoutchouteuses allant jusqu’aux oreilles, et qui ressemblaient à celui du docteur pour mesurer la tension ou qui sait quoi. Procolo était encore tout absorbé par ses observations quand le métro arriva à la Station Centrale et, aussitôt, la foule se précipita convulsivement vers les escaliers mécaniques. Des escaliers mécaniques – en voilà une sorcellerie ! – pensa notre personnage, tandis qu’entraîné par le flot de bras, de jambes et de sacs, il gravissait les escaliers de marbre, serré entre ces deux serpents métalliques, montant et descendant, qui étaient surchargés de personnes. À peine sorti des profondeurs, il fut happé par un tourbillon de lumières, de bruits et de gens et perdit tout sens d’orientation. Il sentit alors ses jambes se dérober, la sueur froide couler sur son front et il s’effondra sur le sol, sans connaissance. Ce ne fut qu’après quelques heures qu’il fut réveillé par un jeune garçon qui, heureusement, prononçait des mots qui ressemblaient à ceux de sa langue. Il parvenait enfin à comprendre quelqu’un. Il s’appelait Mike, il avait seize ans et venait d’Amérique. – De l’Amérique? – demanda Procolo surpris – Et qu’est-ce que tu fais ici? Et pourquoi tu parles comme les gens de la Rocca?

Le jeune garçon proposa au vieux paysan de l’accompagner chez sa tante Pina, qui habitait dans le quartier de la Forcella, tout près d’ici. Chez elle, il pourrait manger quelque chose et reprendre des forces et, chemin faisant, il aurait la réponse à toutes ses questions. Procolo accepta son invitation et se remit péniblement debout. Alors qu’ils marchaient le long du Corso Umberto, Mike expliqua au vieil homme que son arrière-grand-père avait immigré en Amérique, où il avait finalement trouvé un travail de marchand de fleurs en Pennsylvanie. Lui, il avait appris le dialecte grâce à sa grand-mère, la mémoire vivante des origines italiennes de sa famille. Ce jour-là, Mike revenait de la Rocca et il se trouvait, lui aussi, à la station de métro. Cependant, il eut aussi beaucoup de mal à s’orienter dans cette station bondée, car il ne parlait que l’anglais et le dialecte de la Rocca, et il ne comprenait pratiquement pas l’italien. À sa grande déception, même les quelques jeunes de son âge de la Rocca ne comprenaient pas le dialecte de sa grand-mère; il avait juste réussi à échanger deux mots avec des vieillards, âgés de plus de quatre-vingts ans, assis au bar du village.