Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Jeanne et Robin forment un couple bien assorti. La trentaine.Bruxellois. Ils s’aiment. Et qui a dit que l’érotisme avait déserté les existences conjugales ? Un soir, Jeanne et Robin imaginent un jeu, une combinaison qui les réunira, leur fera connaître d’étranges et excitants tumultes : six papiers dans une boîte en fer-blanc. Six fantasmes qu’ils éplucheront, sans la moindre censure.Gare à qui soulève le couvercle ! Un roman érotique à lire à deux, et plus si affinités.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 134
Veröffentlichungsjahr: 2017
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Xavier Deutsch
Éditions Luc Pire (Renaissance S.A.)
Avenue du Château Jaco, 1 - 1410 Waterloo
éditions Luc Pire
www.editionslucpire.be
La boîte en fer-blanc
Corrections : Astrid Legrand
ISBN : 978-2-50705-516-5
© Éditions Luc Pire, 2017
Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication
ne peut être reproduit, introduit dans une banque de données ni publié sous quelque forme que ce soit, soit électronique, soit mécanique
ou de toute autre manière, sans l’accord écrit et préalable de l’éditeur.
À moi, les feux d’hiver
Le soir des six papiers
Comme ils refermaient derrière eux la porte et se trouvaient sur le trottoir, dans la rue de Flandre, après avoir quitté Denis Vandoorn, Jeanne et Robin se dirigèrent vers Sainte-Catherine. Il n’était pas loin de minuit et Robin proposa d’appeler un taxi, mais Jeanne répondit qu’ils étaient à deux pas du métro, et que rien ne les pressait de rentrer vite. Elle passa la main sous le bras de son mari et ils tournèrent le coin que faisait la rue à cet endroit.
La nuit était douce, très sereine, et le printemps faisait glisser une brise qui emportait (mais d’où ? de la mer ? de la forêt de Soignes ?) un parfum étrange et grisant de sève ou d’iode. L’air était si tiède que Robin portait, sur le bras, la petite veste de Jeanne.
Ils formaient un joli couple. Entre la trentaine et quarante ans. Bien assortis. Cela faisait quatre ans qu’ils vivaient ensemble et leur amour avait peu à peu gagné une patine de tendresse, de cette complicité qui permet de se comprendre en un demi-geste, en une parole prononcée d’une façon particulière qu’ils étaient seuls à connaître. Ils en étaient arrivés à posséder un vocabulaire et une mythologie connus d’eux seuls, qui sont le signe d’une histoire doucement installée.
Sous un réverbère, Jeanne se tourna vers Robin et lui demanda ce qui le faisait sourire. Il dit :
- Je souris ?
Puis, au bout de quelques secondes, il prononça :
- Oh, je pense à Denis. Je crois qu’il aimait beaucoup ta robe.
Jeanne rit à son tour et déclara que c’était vrai, qu’elle s’était demandé si Robin s’en était aperçu. Denis Vandoorn, leur ami, était un gars massif, rougeoyant, pataud. Devant Jeanne, il clignotait généralement. Ce soir, ça n’avait pas manqué, il avait eu envers elle quelques éloges sonores. Un verre ou deux et il perdait le sens de ses paroles.
- Si tu l’avais laissé faire, il t’aurait coincée dans le couloir de l’entrée pour soulever ta robe et vérifier la couleur de ta culotte !
Jeanne rit à nouveau et, d’un ton moqueur et d’une voix qu’elle essayait de rendre grave, elle assura :
- Mais… mon chéri, qui te dit que je ne l’ai pas laissé faire ?
- Cochonne !
Ces taquineries les réjouissaient. Puis, comme ils avaient descendu les marches et franchissaient les portillons du métro, Robin ajouta qu’il n’aurait pas pu en vouloir à Denis :
- Elle est mignonne comme tout, ta robe. Elle te va merveilleusement bien.
- Merci. J’aime la porter.
Ils montèrent dans la rame qui se présentait et s’assirent l’un en face de l’autre. Ils ne partageaient le wagon qu’avec un vieil homme à moitié endormi dans son imperméable gris et un jeune gars barbu qui se tenait debout près d’une des portières. Comme la robe de Jeanne était un peu remontée sur ses jolies jambes, Robin lui fit remarquer en riant :
- Je vois ta culotte !
- Au moins, tu sais que j’en porte une. Et moi, je vois…
Elle arrondit les lèvres et s’exclama :
- Mais tu bandes !
Robin sursauta et, en se tournant à moitié, il fit signe à sa femme de parler moins fort ! Visiblement, le jeune barbu n’avait rien entendu. Jeanne pouffa et répéta :
- Tu bandes ?
Il riait, écarta les mains et répondit :
- Je vois ta culotte !
Le métro entrait à De Brouckère. Jeanne eut un coup d’œil vers les quais et resta sans rien dire puis, comme la rame repartait, elle demanda :
- Qu’est-ce qui te fait bander ? Ma robe ? Ma culotte ? L’idée de ce que Denis aurait pu me vouloir ?
- C’est toi qui m’excites, c’est tout…
- Ah oui ? Je t’excite ? Comme ça, dans un métro ?
- Tu m’excites parfois dans la rue, dans un restaurant, ou quand je t’imagine au boulot. Tu m’excites quand on va au théâtre, quand tu sors boire un verre avec Clara, quand tu…
- Montre.
- Te montrer quoi ?
- Montre à quel point je t’excite. Montre-moi ta queue.
Robin ne répondit rien. Il regarda Jeanne en s’efforçant de comprendre si elle parlait sérieusement. Alors, sans un mot, il ouvrit son pantalon et, après un deuxième mouvement de la tête pour s’assurer que le jeune homme barbu ne les regardait pas, il fit émerger un sexe magnifique, tendu, vigoureux. Jeanne s’émerveilla, mais le métro ralentissait, entrait à Gare Centrale, et Robin fit le geste de se couvrir avec la veste de Jeanne. Ils eurent le même regard vers le quai pour vérifier que personne ne monterait auprès d’eux. Lorsque le métro repartit, Jeanne avança le doigt sous la veste dont Robin s’était fait un rideau et dit à voix basse :
- Je l’adore. Je l’ai toujours trouvée très belle. Tu le sais, que je l’ai toujours trouvée belle ?
Puis elle se pencha, écarta la veste, plia son corps en deux et, sans rien ajouter, elle ouvrit ses lèvres et fit passer un bout de langue. Juste un coup de langue. Puis elle ouvrit la bouche et prit tout en elle. Hop ! Comme ça.
(Il est utile, au lecteur qui s’étonnerait de voir l’auteur de ce récit recourir à une terminologie un peu raide, d’adresser la précision suivante : l’auteur n’ignore pas quelles subtilités de langage met le français à sa disposition pour périphraser des termes tels que « bite », « chatte » ou « queue », mais une obligation s’impose à lui. Les protagonistes de cette histoire, Jeanne et Robin, éprouvent, sinon un goût, du moins une absence de réserve envers ce type de vocabulaire un rien frontal, et l’auteur, sa propre pudeur dût-elle en être ébranlée, ne peut que se conformer à ses personnages : il en va de sa crédibilité, de son honnêteté intellectuelle et, pour tout dire, de sa loyauté. Veuille donc le lecteur voir en cet usage un scrupule de l’auteur davantage qu’une de ses propensions. Il fallait que ce fût dit.)
Robin, donc, réprima un gémissement, puis il se laissa faire. La situation l’émouvait autant que la douceur de la caresse. Les leçons de prudence étaient éloignées, ils en oublièrent tous les deux de s’assurer de ce que le type barbu ne les regardait pas. Et s’il avait regardé, tant pis ! Cela dura jusqu’à ce que, à nouveau, la rame ralentisse. Jeanne se redressa :
- Pourquoi est-ce qu’ils ont construit les stations aussi près l’une de l’autre ? On n’a pas le temps de sucer correctement, dans ce métro !
Robin rit mais se rajusta aussitôt car un jeune couple était monté et s’était assis sur la banquette la plus proche de la leur. D’une mimique malicieuse, Jeanne sembla demander à son mari s’il voulait qu’elle continue, en dépit de la présence de l’autre couple. C’était un jeu, un jeu délicieux qui les unissait, qui resserrait encore les joyeux liens qu’ils avaient créés depuis des années.
Le jeune couple quitta le wagon à Arts-Loi et, lorsqu’il s’en fut allé, Robin dit à Jeanne soudain :
- Donne-moi ta culotte, chérie.
Le métro se remettait en mouvement. Robin avait parlé d’une voix calme, tranquille, mais sur un ton qui n’attendait pas de réponse. Ce n’était pas une question, il avait simplement affirmé que Jeanne lui donnerait sa culotte. Elle comprit les choses de cette façon et, remontant sa robe, elle passa les mains autour de ses hanches et fit glisser le long de ses cuisses une jolie pièce de lingerie en dentelle blanche qu’elle déposa dans la main tendue de son mari. Lui, d’un air blasé, jouant l’indifférence, n’eut que trois mots :
- C’est très bien.
Robin eut un bref regard vers le plafond et désigna du doigt une caméra de surveillance. Jeanne, qui comprit, eut un sourire et déclara qu’aucune loi n’interdisait de retirer sa culotte. Si ? Mais le métro entrait à Maelbeek déjà. La rame était presque vide. Seul était demeuré le vieil homme dans son imperméable gris et sans doute irait-il jusqu’au terminus, jusqu’au dépôt, jusqu’où on lui dirait de descendre.
Jeanne et Robin en étaient à se regarder. Lui, caressant entre ses doigts la culotte de Jeanne ; elle, souriant, savourant, cherchant le petit œil de la caméra comme pour y deviner l’opérateur, derrière un écran. Lui adresser un signe. Elle se demanda s’il y avait seulement quelqu’un pour la regarder. Combien de caméras par rame de métro ? combien dans chaque station ? C’était impossible qu’un homme pût tout contrôler… Dommage ! Mais il restait un doute et, sans quitter du regard le petit œil rond fixé au plafond, elle fit remonter le bord de sa robe. Plus haut. Elle écarta les jambes et se montra.
Robin suivit des yeux le geste de sa femme. Il laissa faire.
Jeanne était belle, ses jambes merveilleuses formaient deux longues lignes d’une grande harmonie qui se rejoignaient dans un pli nacré, velouté. Une sorte de buée.
Leurs souffles à tous deux, celui de Jeanne en premier, s’étaient amollis. Une chaleur les gagnait et l’on ne savait jamais où ce genre de chose pouvait conduire.
Robin regardait. Peu avant Merode se fit entendre l’indication : « Direction-Richting Herrmann-Debroux »qui les fit sourire, mais Jeanne ne tenta aucun mouvement pour remonter le bord de sa robe. Ils se sentaient bercés par les secousses douces du métro.
Même lorsqu’une jeune femme entra et prit place, à Merode, Jeanne ne referma pas ses jambes. Elle s’offrait à cette caméra et peu lui importait de savoir s’il existait quelqu’un, derrière une console, dans un lieu quelconque, pour la regarder. Elle jouissait de cette incertitude. Robin de même.
La jeune femme s’était assise à quelques mètres et ne semblait pas se rendre compte de ce qui avait lieu. Mais Robin se leva. Il tendit la main vers Jeanne qui, curieuse, se leva.
Pas un mot. Robin attira Jeanne contre lui et, de ses mains, il fit remonter le bord de la robe qui était retombé. Il dénuda les cuisses de Jeanne, bientôt ses fesses. Elle ne l’empêcha pas de faire. Elle jouissait à se sentir serrée contre le torse fort de son homme et cependant, comme elle continuait à observer la caméra, elle se déplaça d’un degré, pour donner à voir. Non pas ses fesses, qui étaient de l’autre côté. Mais la chose dans son entier. La scène.
Robin lui caressa le derrière puis le dos.
La jeune femme, qui était montée à Merode et qui avait gardé le visage tourné vers la vitre et l’obscurité, cette fois les observait. Que se disait-elle ? Ses traits ne laissaient apercevoir aucune pensée. Elle regardait.
Puis Jeanne se défit gentiment de l’étreinte et se laissa glisser le long du corps droit de son mari. Elle atteignait la ceinture et la défit. Le pantalon, et l’ouvrit. Elle écarta le sous-vêtement et fit surgir le sexe tendu qu’elle avait senti contre elle.
La jeune femme regardait. Le vieil homme à l’imperméable gris, tout au fond, ne s’apercevait de rien.
Jeanne ouvrit la bouche et prit la queue de Robin en elle. Accroupie, la robe relevée à ses hanches, elle savoura. Si elle releva les yeux un court instant, ce ne fut pas pour rencontrer ceux de son homme, mais pour fixer l’objectif de la caméra.
En revanche, ce qu’elle ne vit pas, c’était précisément que lui, Robin, avait le regard tourné vers la jeune femme qui était assise non loin. Celle-ci ne bronchait pas, ne remua pas une main. Mais elle regardait, et Robin la regardait regarder. Pas un mot. Ce que Robin ressentit, lui-même n’aurait pu le définir. Jamais il n’avait vécu cette situation et c’était pourtant comme si rien d’étrange n’avait lieu. Sa femme le suçait dans une rame de métro en mouvement, sous le regard calme d’une autre femme qui était assise et qui ne semblait rien éprouver d’autre qu’un intérêt sans émotion. Ou, si cette femme était habitée d’une émotion, nul n’aurait pu dire laquelle. Voilà tout, elle regardait.
Il y eut Pétillon, plus loin il y eut Delta.
Robin, qui gardait une conscience des choses, redressa Jeanne. Celle-ci, se relevant, eut d’abord un ultime sourire dans la direction de la caméra, puis elle pivota et vit la jeune femme tournée vers elle. Rien. Pas un mot, pas un trait du visage.
Le métro ralentit et s’arrêta à Beaulieu : il fallait descendre.
Robin ne put s’empêcher d’adresser à la jeune femme un dernier regard. Mais elle s’était retournée vers l’autre côté, vers la fenêtre.
Jeanne et Robin marchèrent d’abord sans parler. Il fallait quitter le moment. Ils se dirigèrent vers la sortie et ce fut alors que Robin éprouva une sorte d’étourdissement. Tout ce qui avait eu lieu depuis qu’ils avaient quitté Denis Vandoorn, il l’avait vécu avec une conscience très pure : comme s’il en avait eu le film sous les yeux avec une grande netteté. Il n’avait pas eu l’occasion d’en mesurer l’étrangeté. Mais sur ce trottoir, auprès de Jeanne dont il gardait la culotte serrée dans sa poche, dans l’air tiède qui les nimbait tous deux, il reçut le reflux de cette vague qui lui avait retourné les entrailles sans qu’il s’en fût aperçu, et il vacilla d’un demi-pied.
Jeanne, qui lui tenait le bras, lui sourit et se serra davantage contre lui. Ils marchèrent sans dire un mot. Tournèrent dans l’avenue de Tercoigne. Ils se trouvaient alors non loin de chez eux mais il était dit que, ce soir, les grandes marées n’avaient pas encore fini de retentir.
La rue des Bégonias s’ouvrait devant eux, qu’ils remontèrent, et chacun sentait se produire des remous dont ils n’arrivaient pas à dire un mot.
Alors Jeanne demanda :
- C’est tout de même vrai qu’il a aimé ma robe, Denis ?
- Absolument.
- Tu crois qu’il bandait ?
- Il va se branler en pensant à toi, dès que ça lui sera possible. En ce moment, sans doute, s’il a rangé la cuisine et qu’il est dans son lit.
- Oh ! Et toi, bien sûr, ça te…
- De savoir que Denis va se branler pour toi ? Oui, ça me…
La main de Robin s’était rendue sous Jeanne, alors qu’ils marchaient. Sous le dos de Jeanne. Il jouait avec l’étoffe de la robe. Il donna corps à ses pensées en soulevant le bord. Il voulait toucher la peau nue et ces deux fesses qui, alors que Jeanne marchait, ondulaient avec langueur.
La place Keym était déserte, mais le café Le Roi Albert était encore ouvert : il y avait de la lumière. Robin tourna le visage vers la vitrine et Jeanne sourit :
- Je te connais si bien !
- Tu crois ?
- Bien mieux que ce que tu imagines ! Tu veux que je te dise à quoi tu penses ? Tu penses que ça te plairait qu’on entre au café, qu’on s’assoie, et que tu puisses déposer ma culotte sur la table pour que le garçon la voie.
- Mmh. Admettons. Tu me connais. Je me demande à quel point.
Ils ne purent pas résoudre la question, du moins pas à ce moment, parce qu’ils arrivaient dans leur rue, la rue du Bien-Faire. Et qu’ils ressentaient l’un et l’autre le désir puissant d’une dernière audace. Au fait, non, il ne s’agissait pas de commettre une audace. Mais un acte, n’importe lequel, qui les eût encore rapprochés. Ils n’eurent rien à se dire. Ils savaient ce qu’ils voulaient, au même endroit, au même moment. Robin n’eut pas à faire s’arrêter Jeanne : elle tendit elle-même la main vers un enfoncement, une sorte de petite ruelle qui se glissait entre deux maisons. Dans l’ombre, elle-même leva sa robe plus haut que les hanches, avec une certaine forme de docilité, de consentement, de résignation simulée, qui excita soudain Robin. Elle se détourna, le visage vers la muraille et le cul sous la lune. Robin s’approcha d’elle et, s’étant ouvert le pantalon, il planta son sexe d’un coup entre les reins de sa femme qui se cambrait pour le recevoir mieux.