La clé du secret - Tome 1 - Jeanine Rouzeau - E-Book

La clé du secret - Tome 1 E-Book

Jeanine Rouzeau

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Beschreibung

Dès son enfance, Jeanine Rouzeau fut hantée par des ombres mystérieuses qui dansaient au-dessus de son lit. Effrayée, elle pleurait en silence sous ses draps, cherchant un abri dans l’obscurité de ses paupières fermées, tandis que ses parents restaient sourds à ses tourments. Elle s’est réfugiée dans son monde intérieur, isolée, blessée par l’indifférence, jusqu’au jour où une révélation bouleversa son existence : « Je serai guérisseuse. » Mais pas une guérisseuse ordinaire… Ce moment décisif devint le point de départ d’un chemin hors du commun, jalonné de défis et de gestes empreints de compassion. Une vie où chaque pas résonne comme une promesse de réconfort et de transformation.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Jeanine Rouzeau a toujours porté en elle une certitude : celle d’un chemin tracé par une vocation profonde. De la musique à la peinture, en passant par des métiers d’écoute et de service, chaque étape de sa vie a été guidée par un désir ardent de comprendre, d’apaiser et d’accompagner. Aujourd’hui, cette quête prend tout son sens, l’amenant à consacrer son existence à aider et à soutenir ceux qui croisent sa route avec une dévotion qui inspire et transforme.

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Seitenzahl: 166

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Jeanine Rouzeau

La clé du secret

Tome I

Ésotérisme

© Lys Bleu Éditions – Jeanine Rouzeau

ISBN : 979-10-422-5435-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

Recherche sur soi, en soi

Tout au cours de ma vie, et ce depuis ma petite enfance, je me suis souvent posé des questions sur ma vie.

Je peux même dire en avoir été perturbée à différents degrés, selon les périodes d’intensité émotionnelle qui s’en dégageaient.

Pourquoi avais-je une vie différente de celle de mes petites camarades, et plus tard de mes semblables, mis à part les quelques rares personnes aux mêmes ressentis, ou curieuses et intéressées ?

Pourquoi avais-je très souvent et fortement des perceptions qui s’avéraient juste sur des événements que d’autres ressentaient dissemblables ?

Que se passait-il donc dans ma vie ?

Pourquoi ceci, pourquoi cela ?

Je suppose que tout le monde se pose de telles questions selon les étapes de la vie, mais il me semblait que lorsque je parlais de ce que je vivais, autour de moi, personne ne me comprenait, et surtout dans mes jeunes années j’avais parfois l’impression d’être tout simplement inintéressante.

Il faudrait qu’un jour j’écrive sur ma vie… je sais bien ce que je vis, tout de même !

Les années défilaient, l’envie d’écrire faisait surface de temps en temps, mais entre l’envie et le passage à l’acte il fallait un grand pas, voire un grand saut pour lequel il faut être prêt. Très souvent, et depuis fort longtemps il m’a semblé vouloir faire ce grand pas, surtout ce jour où un collègue de passage, lorsque je travaillais à la Poste, me dit en voyant l’un de mes tableaux :

— Jeanine, tu peins, mais tu ne t’arrêteras pas là… un jour, tu écriras un livre !

Même si je voulais y croire, je n’en étais pas là.

Lorsque maman est décédée en avril 2007, au mois de juillet suivant, je fus réveillée par un léger souffle sur le bas de mon visage. Et comme ce souffle s’est répété à intervalles irréguliers, j’ai tenu un petit journal pendant plusieurs mois, espérant sans doute obtenir un quelconque message. Il n’en fut rien, ou peut-être ne l’ai-je pas décelé.

Ou était-ce tout simplement le signe qu’elle était là, à mes côtés ?

Mes récits furent soigneusement rangés dans un classeur jaune, maman adorait le jaune et tout ce qui était jaune.

Depuis quelques années, je rencontre des enfants, et surtout des tout petits qui me « parlent » d’âme à âme. Je les devine, je me revois en eux.

Il en est d’une dizaine d’années, qui possèdent des dons médiumniques. On les appelle les enfants Indigo. Depuis une bonne vingtaine d’années, je me suis documentée plusieurs fois sur ces enfants, et ce dans différents livres et traités.

Comme ces enfants me ramènent à mon enfance, je me permets de vous donner quelques caractéristiques qui vous feront peut-être comprendre ma vie et leurs vies. Et, je l’espère, cela aidera sûrement les parents de ces enfants.

L’Indigo perçoit, de manière consciente, la vraie nature des choses, au-delà de la matière, ce qui le rend très intuitif.

Il possède une hypersensibilité aux lieux, aux gens…

Il a besoin de justice et de cohérence dans sa vie, sur tous les plans.

Il a besoin de se sentir toujours libre, besoin d’indépendance.

Il prend souvent la défense des plus faibles.

Il éprouve un inconfort majeur dans les rapports hiérarchiques, quels qu’ils soient, il exige une hiérarchie saine et respectueuse.

Il a plus de facilités à communiquer avec la nature et les animaux plutôt qu’avec les êtres humains.

Il a besoin de moments de bulle, pour se recharger.

Il possède une hypersensibilité à l’électromagnétisme.

Il a tendance à fuir la réalité pour se réfugier dans des mondes virtuels en passant son temps à communiquer avec des êtres supérieurs angéliques ou autres.

Il combat pour des causes diverses et variées corps et âme.

Il a le sentiment d’être né avec une mission…

Il a la sensation d’avoir un ou des dons, quelque chose de plus qui le rend spécial, différent.

Il est perturbateur de systèmes établis. S’il est dans une entreprise, une association, et que quelque chose n’y est pas cohérent, à coup sûr il fera tout pour que les choses changent.

Il a le sentiment de marginalité, sensation de s’être trompé de planète ou de parents en s’incarnant.

Il a de l’intérêt pour l’intuition et les capacités extra-sensorielles.

Il a tendance à se poser des questions existentielles et à vouloir les résoudre par un cheminement spirituel.

On croit souvent que les Indigo sont des enfants. En fait, ils sont pour la plupart déjà bien âgés. La première grande vague est arrivée dans les années 1940.

Il existe plusieurs types d’Indigo selon leurs degrés d’évolution.

On distingue trois niveaux d’Indigo.

INDIGO 1 : Ils sont nés à partir des années 1940.

Ce sont des êtres venus avec l’envie de changer le monde, d’amener des choses nouvelles, des idées radicales, mais parfois aussi un peu « fleur bleue ».

Les Indigo 1 ont un sixième chakra développé, mais la société n’était pas du tout prête pour les accueillir tels qu’ils sont.

Souvent, l’Indigo 1 a envie de tout changer d’un coup dans un élan radical. Les Indigo 1 recherchent souvent un maître qui pourra les guider sur leur route. Ils sont des acteurs actifs du changement et amènent de nouvelles façons de penser dans un monde qui n’est pas prêt pour cela.

Ils sont les parents de toute la lignée des enfants Indigo.

INDIGO 2 : Ils sont nés à partir des années 1960.

Leur sixième chakra est très développé. Les Indigo 2 portent les idéaux de leurs parents. Ils ont la possibilité de poser leurs concepts dans la matière. Ils n’ont pas peur de faire le pas pour changer de vie et assumer ce changement.

Ils sont généralement doués d’un sens relationnel extrêmement fort. Ils aiment leur prochain et le lui montrent.

Ils sont très attentifs à leurs proches et souhaitent leur faire découvrir le monde magique dans lequel ils vivent.

INDIGO 3 : Ils sont nés dans les années 1980.

Leur sixième chakra est extrêmement développé. Ce sont les fameux « enfants Indigo », ceux qui s’épanouissent en ce moment. Les Indigo 3 sont de vrais perturbateurs de systèmes établis. Ils refusent de faire ce qu’on leur dit ou leur conseille tant qu’ils ne l’ont pas expérimenté par eux-mêmes.

Ils amènent avec eux tout le savoir des Anciens mais refusent souvent de le reproduire tel quel !

Ils choisissent de tracer leur propre route et de façonner leurs techniques à leur sauce.

Leur grande difficulté est de gérer leur ressenti et d’en faire un outil dans cette existence. Ils sont extrêmement sensibles à toutes les informations qui les entourent car ils les captent en permanence, grâce au développement de leur sixième chakra.

Ces enfants ont généralement un QI très élevé, mais il faut déjà qu’ils apprennent à s’ancrer et à entrer en relation. Ils ont généralement de forts dons médiumniques, de grandes capacités intellectuelles et intuitives. Ils voient surtout les auras.

Les Indigo 3 amènent des changements profonds avec de nouveaux points de réflexion et un angle de vue bien différent de celui dont on a l’habitude.

Ils ont tendance à tout intellectualiser et veulent tout comprendre et tout savoir, ce qui agace leur entourage. Ils sont sensibles à tout ce qui les entoure. Ils doivent apprendre à gérer cela et à se protéger. Le monde des jeux peut les happer et les garder en otage de façon surprenante. Ils se sentent plus à l’aise avec des rapports simples via une interface virtuelle plutôt que dans les rapports physiques quotidiens.

Suivent les « enfants Cristal ». Ils sont nés à partir des années 2000.

Ils représentent environ 3 % des naissances actuelles. Leur septième chakra est ouvert.

Ils portent en eux une énergie tout éthérée que l’on perçoit dans leurs yeux. Ces enfants sont très sensibles au monde qui les entoure car ils sont reliés de manière subtile et permanente à leur environnement, ce sont du coup de vraies éponges qui captent tout. Il arrive souvent de les voir discuter avec un ami invisible ou jouer avec des lutins dans le jardin. Parce qu’ils ont souvent le canal médiumnique ouvert, ils peuvent percevoir les êtres humains décédés ou les esprits de la nature.

Quand ils sont en présence d’une personne Indigo 3, ils deviennent comme elle, c’est très difficile pour eux de stabiliser leur aura. Il deviendra très important pour les parents de les accompagner de manière juste. Il faut vraiment, et le plus souvent possible, ramener à lui-même un enfant Cristal, et ce dès son plus jeune âge.

Ils devront apprendre à se centrer, à faire le va-et-vient entre ce qu’ils perçoivent et ce qui est vraiment. Alors, ils sauront faire la différence entre ce qui leur appartient et ce qui vient de l’autre. Ce sera le début du respect de soi. Il faut qu’ils découvrent comment évoluer dans la société en gérant le flux d’informations qu’ils reçoivent.

S’ils arrivent à mettre ces informations au service de leur prochain ou de leur incarnation, cette dernière leur sera nettement plus légère.

Je me retrouve dans beaucoup de traits caractéristiques cités précédemment. Je pense qu’à cet instant de ma vie, il est temps que je mette à jour ce partage qui m’obsède depuis longtemps.

Tout est partage et dans le partage, le monde change.

Il commence à s’ouvrir à ce partage. Il a compris cette notion surtout.

Bien sûr, nous n’évoluons pas tous à la même vitesse, de la même manière, au même degré, à la même dimension et vers la même opinion.

Nous ne prenons pas tous le même train, et certains préféreront flâner au lieu de courir pour l’attraper. Mais nous devons partager, j’écris bien « nous le devons » car c’est un devoir de la vie de chacun, le devoir de s’aider les uns les autres.

Nous devons partager nos connaissances, nous devons attendre celui qui va moins vite, nous devons aider celui qui a moins d’instruction, celui qui a moins de capacités, de facilités, etc.

J’ai connu en Normandie « Le Grain de Sel » basé sur l’échange de toutes choses, tous métiers, tous services. L’échange d’une ou deux heures de jardinage contre du repassage, bricolage, aide aux cours scolaires, à l’informatique ou surplus de fruits et légumes. Il m’est arrivé d’échanger des soins contre des services de petite maçonnerie, électricité et autres fruits pour confiture ou légumes.

J’ai le désir de partager avec vous un secret pour mieux affronter quelques petits désagréments de la vie quotidienne.

Je vous l’offre avec grand plaisir.

Il m’a fallu plus de quinze années pour glaner, chercher, quémander, découvrir au fur et à mesure de mes « enquêtes », de mes rencontres, ces petits « secrets », ces astuces, ces remèdes qui vous seront à coup sûr profitables dans chaque famille et dans chaque foyer.

Il m’arrive d’en partager au cours de mes soins, surtout pour les enfants en bas âge, mais aussi pour d’autres pathologies.

Pour peu que vous soyez empreint de bonne volonté et de compassion envers vos proches, avec le désir de venir en aide et de mener à bien vos actes dans l’amour et le respect de l’autre, vous ne pourrez que réussir.

Vous découvrirez en vous la base de ce que chacun possède. Cette richesse qui est là, toute prête à répondre à vos attentes, mais dont vous ne savez pas, ou n’osez pas vous servir.

Je le répète souvent dans mes soins et certaines personnes, de plus en plus nombreuses, ont vraiment pris conscience de ce qui est en nous et de tout ce qui est autour de nous.

Ayons confiance en nous, en ce qui est en nous. Nous ne sommes pas seuls. Soyons plus souvent en phase avec nos guides.

La Lumière Universelle qui vient de la source infinie que nous appelons Dieu, Jésus, Bouddha, Marie, ou autres… nous inonde. Il suffit d’en être conscient, d’accepter de la recevoir en soi, de la ressentir illuminer notre âme et la revivifier.

Ce sera déjà un grand, un très grand pas.

Chapitre 1

L’enfance

Cette année-là, en 1946, à Vatan (Indre), au cœur de mon Berry natal, tout autour de la Place de la République, chapeautée comme il se doit par notre superbe mairie, et dans quelques maisons attenantes, vinrent au monde pas moins de douze poupons et poupées sur quarante-deux naissances.

Je vous les présente en partant de la mairie :

Jacqueline Gobard, à la mairie,

Marie Claude Porcheron, grande rue,

Michel Guesnard, sur la place,

Martine et Brigitte Bouchard (cousines) rue de la République,

Marie-Françoise Ferrière, sur la place,

Jackie Drouin, sur la place,

Marie Élisabeth Bauchet, sur la place,

Colette Sevestre, sur la place,

Danielle Delbos, avenue de la Libération (tout près de la mairie),

Jeanine Rouzeau, avenue de la Libération (idem),

Solange Roger, avenue de la Libération (idem).

L’été caniculaire de 1947, connut des nuits écrasantes de chaleur étouffante malgré les fenêtres grandes ouvertes, et les bambins se répondaient à tour de rôle, de maison en maison, et résonnaient en concert gratuit autour de cette place de la République, bien animée par ces petits braillards en sueur sur leurs matelas bourrés de balles d’avoine.

Eh oui, des hommes étaient rentrés dans leurs pénates et avaient mis du cœur et de l’amour à réchauffer leurs tendres et chères épouses privées de tendresse pendant ces années de dernière guerre.

Ces élans de retrouvailles aidèrent grandement à repeupler la France qui en avait bien besoin.

Et c’est ainsi que commence mon histoire.

Je ne sais si ce 17 septembre 1946 fut une belle journée d’automne, dorée et fauve comme les fruits mûrs de la saison. À 13 h 20, je fis une entrée remarquée dans la vie. J’étais déjà hors du commun : une tignasse abondante, très brune, aux reflets bleutés, les yeux en amande et la peau jaune.

Mes parents, Hubert Rouzeau et Madeleine née Rougery, qui tenaient commerce de charcuterie et café m’ont maintes fois raconté que ce fut une pénible journée, la fatigue s’étant installée depuis plusieurs jours d’importante agitation pour les préparatifs d’un grand mariage.

S’ajoutaient donc à cet épuisement l’impatience et l’inquiétude. Maman avait fait front à trente-six heures de travail d’accouchement.

Je montrais quelques réticences à affronter ce début de nouvelle vie, qui certainement m’effrayait déjà.

— C’est une fille ! Madeleine, comment veux-tu l’appeler ?

— Foutez-moi la paix !

Pauvre maman, horriblement manipulée par cette sage-femme qui insistait à l’accoucher normalement. Je me présentais en siège, cordon enroulé trois fois autour du cou : une césarienne aurait sans doute été préférable pour elle, et le prénom, on pouvait voir plus tard après qu’elle se soit reposée.

Et c’est ainsi que la sage-femme proposa « Jeanine ».

À cette époque, à Vatan, se déroulaient deux grandes foires, vingt avril et vingt-six septembre, qui attiraient énormément de monde. Foires avec camelots de toutes sortes sur une grande partie de la place de la République.

Les gros bestiaux, vaches, chevaux, ânes, moutons, chèvres, avaient leurs places attitrées sur le champ’ de foire où marchands et maquignons « topaient » l’affaire conclue devant les badauds curieux et amusés.

Les volailles, lapins, etc., se retrouvaient par-ci par-là avec fromages, œufs, fruits et légumes.

C’était le grand déplacement pour certains qui venaient de plusieurs kilomètres, endimanchés jusqu’aux oreilles, attelant ânes ou chevaux à leur charrette pour faire emplettes et affaires importantes.

Pour cette foire du vingt-six septembre, j’avais donc neuf jours, la sage-femme décidait de coiffer mon importante chevelure car la famille venant de Graçay (Cher), Parpeçay, puis Buxeuil (Indre) ainsi que les voisins des environs profiteraient de la foire pour rendre visite.

Elle s’était appliquée à partager mes cheveux par une raie de milieu et à tenir chaque côté en coque sur le dessus de ma tête, fixé par des peignes.

Étais-je une attraction de foire supplémentaire ? À plus d’un an, on m’appelait encore la petite Chinoise.

Quelques semaines plus tard, un dimanche matin eut lieu mon baptême. Aux dires de papa les cloches s’en souviennent encore, tellement elles furent sollicitées par lui-même, mes grands-pères, mon arrière-grand-père, mon oncle, mon parrain qui s’activaient et se relayaient sur les cordes à tel point que l’une d’elles se décrocha de sa cloche. C’est sans doute cela qui les arrêta enfin.

Bin oui quand même, soyons sages, voyons !

Papa et maman, charcutiers en Berry, gens simples et fort travailleurs m’ont offert une vie dépourvue de câlins et gâteries à tout-va, mais riche d’enseignement sur le respect et les valeurs de la vie, de la nature et de l’être humain.

Attenant à la charcuterie se trouvait le café très animé surtout les jours de marché chaque semaine, et de foire une fois par mois. En hiver, le dimanche soir, les « gincheux » venaient se rassasier vers vingt heures avant de repartir au bal.

Dans ce petit café, à l’heure des casse-croûtes, où se mêlaient odeurs de Picon chaud, grogs à la gnôle, cafés, mais aussi pâtés, saucissons et boudin chaud, cacahuètes fraîchement grillées et la fameuse galette aux patates, il m’arrivait parfois de tourner en rond parmi les clients. J’ai appris ainsi à dessiner un oiseau avec un employé des PTT sur mon petit tableau noir que le père Noël m’avait apporté.

En revanche, il est arrivé quelques rares fois, heureusement, qu’en fin de soirée un « beuvrachon », Le Chaland (je ne sais si c’était vraiment son nom) me prenne dans ses bras pour me faire danser sur un air de musette en tentant de chanter d’une voix nasillarde.

Son haleine vinique m’arrachait des pleurs que je poussais certainement assez fort jusqu’à ce que maman ou Mémaine viennent m’arracher à ses bras qui me tenaient prisonnière. Le pauvre, il n’était pas méchant loin de là, mais il me faisait peur.

Mémaine (Germaine, qui deviendra plus tard Germaine Fakamé) était une Alsacienne arrivée quelques années auparavant avec toute sa famille et bien d’autres malheureux qui avaient fui leur région avec l’exode de 1940. Ils étaient installés sur la Place de la République où s’amoncelaient des bottes de paille pour leur servir d’abris.

Mon grand-père paternel, Ernest Rougery, lieutenant de la Grande Guerre, charcutier avec papa, cultivait de nombreux jardins, enfin ce qu’il pouvait.

Cet homme à l’autorité militaire était toutefois pourvu d’un grand cœur. Avec le peu qu’ils avaient à la charcuterie en bouillons et morceaux de lard et légumes, surtout des pommes de terre ou rutabagas, topinambours, ils arrivaient à cuisiner des marmites de soupe qu’ils distribuaient gratuitement aux réfugiés (un bol par personne) en les servant par la fenêtre de cette petite cuisine de la charcuterie.

Un soir ; un couple qui continuait son chemin de débâcle s’était arrêté pour souper au café. N’ayant plus d’argent, ces jeunes mariés avaient proposé leurs alliances à mon aïeul. Sans hésiter une seconde, Ernest les a installés à une table afin que leur soient servis leurs repas et leur a laissé leurs précieux anneaux.

Mémaine est restée à Vatan quand sa famille a regagné l’Alsace, elle s’était liée d’amitié avec maman et quelques autres personnes ainsi qu’un couple âgé chez lequel elle habitait moyennant un arrangement entre eux.

Les grands-parents ayant cédé le fonds de commerce à leur fille et leur gendre, maman se retrouvait devant une lourde charge de travail et c’est ainsi que Mémaine est arrivée chez nous employée de maison et par la suite nounou pour ma sœur et moi-même.