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Dans "La dernière nuit de Don Juan", Edmond Rostand revisite le célèbre personnage de Don Juan, célèbre séducteur et libertin. L'œuvre se déroule lors de la dernière nuit de ce héros tragique, alors qu'il est confronté à ses propres démons et à un monde qui lui en veut pour ses actes. À travers un style lyrique et poétique, Rostand évoque les thèmes de l'amour, de la mort et de la rédemption, alliant une profondeur psychologique au drame classique. La richesse de son langage, combinée à une exploration de la conscience morale de Don Juan, confère au récit une dimension philosophique marquée, inscrivant ce texte dans le courant du symbolisme littéraire de la fin du XIXe siècle. Edmond Rostand, dramaturge et poète français, est surtout connu pour sa pièce "Cyrano de Bergerac", mais il a également été influencé par les questions sociales et morales de son époque. Né dans une famille bourgeoise à Marseille, Rostand a été exposé dès son jeune âge à la littérature et au théâtre. Son intérêt pour les personnages complexes et les dilemmes moraux est palpable dans cette œuvre, née de sa volonté de donner une voix à ceux qui sont souvent réduits au silence par leurs actions. "La dernière nuit de Don Juan" est une lecture incontournable pour ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension des nuances de la nature humaine et des contradictions intrinsèques aux passions humaines. Rostand réussit à capter l'esprit d'un personnage emblématique tout en offrant une réflexion sur l'existence et la solitude. Sa prose riche et évocatrice, couplée à une intrigue poignante, donnera aux lecteurs une expérience profonde et inoubliable. Dans cette édition enrichie, nous avons soigneusement créé une valeur ajoutée pour votre expérience de lecture : - Une Introduction succincte situe l'attrait intemporel de l'œuvre et en expose les thèmes. - Le Synopsis présente l'intrigue centrale, en soulignant les développements clés sans révéler les rebondissements critiques. - Un Contexte historique détaillé vous plonge dans les événements et les influences de l'époque qui ont façonné l'écriture. - Une Biographie de l'auteur met en lumière les étapes marquantes de sa vie, éclairant les réflexions personnelles derrière le texte. - Une Analyse approfondie examine symboles, motifs et arcs des personnages afin de révéler les significations sous-jacentes. - Des questions de réflexion vous invitent à vous engager personnellement dans les messages de l'œuvre, en les reliant à la vie moderne. - Des Citations mémorables soigneusement sélectionnées soulignent des moments de pure virtuosité littéraire. - Des notes de bas de page interactives clarifient les références inhabituelles, les allusions historiques et les expressions archaïques pour une lecture plus aisée et mieux informée.
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Veröffentlichungsjahr: 2020
Quand la nuit se referme, l’homme est sommé de répondre de ses masques. Cette intuition, à la fois simple et vertigineuse, innerve La dernière nuit de Don Juan, où le mythe du séducteur invincible se mesure enfin à ce qu’il a fait du monde et de lui-même. L’ouvrage promet une confrontation sans tapage moral, mais exigeante, entre le désir d’illimitation et l’appel de la vérité. À travers la pénombre d’un dernier soir, ce Don Juan n’est plus seulement un héros de défi : il devient un miroir des contradictions humaines, un terrain d’épreuves où la liberté, l’orgueil et la mémoire s’engagent dans un duel discret.
Edmond Rostand, dramaturge français majeur de la Belle Époque, est l’auteur de cette œuvre tardive. Connu pour la verve et l’ampleur de son théâtre, il aborde ici l’une des figures les plus persistantes de la tradition européenne. La dernière nuit de Don Juan prolonge sa méditation sur l’honneur, l’élan vital et la représentation de soi, tout en déplaçant le centre de gravité vers un examen plus intérieur. Loin du panache triomphant, Rostand ose la retenue, l’ironie et une gravité sourde. Sa plume y conjugue élégance et acuité, offrant un récit dramatique resserré autour d’un moment-limite qui condense une vie entière.
Le contexte de composition éclaire l’esprit du livre. Conçue au début du XXe siècle et relevant de la fin de carrière de Rostand, l’œuvre porte l’empreinte d’un temps où l’Europe s’interroge sur ses certitudes. La dernière nuit de Don Juan appartient au versant crépusculaire de l’auteur, et a été publiée après sa disparition. Ce caractère tardif n’est pas anodin : il teinte le mythe d’un clair-obscur qui favorise l’examen de conscience, sans renoncer à la dimension spectaculaire du théâtre. Ainsi, la tradition est convoquée, mais l’accent se déplace vers la fragilité, l’usure des postures et le pouvoir des souvenirs.
La prémisse est limpide et fertile : au seuil de sa dernière nuit, Don Juan se trouve placé dans un dispositif scénique qui lui renvoie, selon des formes changeantes, l’énigme de ses choix. Les espaces se plient aux exigences de l’épreuve, les voix se superposent, l’instant se dilate. Rien n’y dicte une issue ; tout, en revanche, invite à regarder autrement la légende. La scène s’organise comme un laboratoire du jugement et du désir, où la légèreté de la comédie croise la gravité de la méditation. L’intrigue s’avance sans hâte, en veillant à préserver le suspens de son horizon.
Si ce livre s’impose comme un classique, c’est qu’il articule avec rare netteté une interrogation immémoriale – que vaut une existence livrée au caprice de la conquête – à la grâce d’une écriture scénique précise. Rostand ne répète pas une leçon connue ; il décante le mythe pour en révéler la sève. La dernière nuit de Don Juan a marqué les lecteurs et les spectateurs par la justesse de son équilibre entre fantaisie et rigueur éthique. Par son art de condenser des enjeux universels dans une forme théâtrale accessible, l’œuvre a consolidé la place de Rostand au cœur du répertoire moderne.
Elle se situe au croisement d’une histoire longue. Du Burlador de Sevilla de Tirso de Molina à la comédie de Molière et au drame lyrique de Mozart et Da Ponte, Don Juan n’a cessé d’être transformé. Rostand dialogue avec ces jalons sans s’y soumettre. Il assume la flamboyance héritée des scènes antérieures, mais privilégie la chambre d’échos d’un dernier soir, où le bruit de la fête s’éteint. Ce déplacement permet d’examiner la figure non comme un simple aventurier de salon, mais comme un homme face au voile des apparences, entouré d’ombres qui exigent une réponse.
L’ouvrage met en jeu des thèmes durables qui excèdent la légende. La liberté s’y mesure aux dettes invisibles, la séduction à l’épreuve de la responsabilité, l’identité à la comédie sociale et à ses travestissements. La nuit, ici, n’est pas la simple heure des audaces : elle devient le temps de la vérification, de l’écoute et des retours imprévus. La dernière nuit de Don Juan interroge ce que l’on doit à autrui, ce que l’on se doit à soi-même, et ce qu’une existence gagne – ou perd – à s’affranchir de toute limite. Ces questions résonnent au-delà de la scène.
La construction dramatique exploite le pouvoir d’incertitude du nocturne. Le décor, les voix et les présences s’organisent comme un réseau de signes, plutôt que comme une succession d’épisodes. Rostand maîtrise l’art du seuil : rien n’est entièrement dévoilé, rien n’est arbitrairement obscur. Cette dramaturgie de l’entre-deux engage le lecteur à participer, à projeter son propre regard sur les figures qui s’avancent et se retirent. La pièce avance par éclaircies et ombres portées, ménageant un espace de réflexion. Le théâtre devient ici un prisme, non un tribunal, où l’on comprend autant qu’on juge.
L’impact littéraire de l’œuvre tient aussi à sa manière de renouveler une figure saturée d’images. En proposant un Don Juan ralentissant le geste pour écouter le bruissement de sa dernière nuit, Rostand élargit la palette des lectures possibles. La pièce a nourri l’intérêt des lecteurs et des praticiens du plateau pour une réinvention intérieure du mythe, parallèle aux réécritures plus satiriques ou philosophico-morales. Elle s’inscrit ainsi dans la généalogie des variations modernes qui, au XXe siècle, retourneront aux légendes pour y chercher des réponses nouvelles aux inquiétudes du temps.
Son influence s’aperçoit moins dans des filiations proclamées que dans un climat d’exigence : traiter un mythe suppose désormais de le faire parler au présent. La dernière nuit de Don Juan confirme cette exigence par l’exemple et a compté, dans le paysage français, parmi les repères qui autorisent une relecture grave, allusive, poétique, sans renier la théâtralité. De nombreux auteurs et metteurs en scène, au fil du siècle, ont continué de revenir à Don Juan. L’approche rostandienne se propose alors comme un contrepoint précieux, offrant une voie lyrique et introspective parmi d’autres possibles.
Lire ce livre, c’est entrer dans un théâtre de la conscience. On n’y cherche pas tant des péripéties qu’une ligne secrète, celle qui relie les gestes aux conséquences, les rires aux silences, la conquête à la solitude. La prose dramatique – qu’on la imagine sonore, sobre ou fastueuse – invite à une diction intérieure. Elle demande une écoute patiente aux mouvements de la nuit, un goût pour les lueurs obliques et les échos. On y trouvera de quoi nourrir la réflexion morale, mais aussi la joie du langage scénique, ce double plaisir qui définit les œuvres durables.
Aujourd’hui, la pertinence de La dernière nuit de Don Juan demeure intacte. Dans un monde attentif aux responsabilités individuelles, aux effets des séductions, aux jeux d’images et de pouvoir, la pièce offre un miroir exigeant et sans emphase. Elle rappelle que les mythes ne survivent qu’en se laissant réinterpréter, et que l’intensité d’une vie se mesure autant par ses élans que par sa capacité d’aveu. En refermant ces pages, on n’emporte pas une morale imposée, mais une série de questions actives. C’est pourquoi l’ouvrage conserve son attrait : il parle au présent, avec la densité tranquille des vrais classiques.
Dans cette pièce tardive d’Edmond Rostand, la légende de Don Juan est reprise au moment le plus resserré : sa dernière nuit. Le séducteur célèbre, demeuré seul après ses défis à l’ordre moral, attend un rendez-vous qui ressemble à un jugement. La nuit devient un espace d’examen, où l’esprit bravache du héros se heurte au pressentiment d’un compte à rendre. Rostand installe une atmosphère à la fois lyrique et ironique, nourrie de symboles nocturnes et de théâtre. Plutôt qu’un récit d’aventures, l’œuvre propose une traversée intérieure, ordonnée autour d’un bilan qui expose l’éclat, les ruses et les poses du personnage.
Une présence infernale paraît et donne au face-à-face une forme cérémonielle. Ni tonnerre brutal ni sermon : un protocole, presque mondain, s’installe, qui fait de la nuit une scène et du héros un acteur convoqué. L’adversaire, souple et persuasif, annonce non pas une condamnation immédiate, mais une épreuve: il s’agira de savoir ce qui, dans cette vie de conquêtes, relève d’un choix authentique. Don Juan accepte avec superbe, comme on accepte un pari dont on croit maîtriser les règles. Le dialogue, vif et réglé, substitue au fracas du mythe une logique de débat, où humour et politesse durcissent l’enjeu moral.
L’épreuve prend la forme d’un inventaire. On remonte, scène après scène, les épisodes d’une carrière bâtie sur l’adresse, l’audace, la parole. Le tentateur exige moins des aveux que des preuves: un geste gratuit, une fidélité, un désintéressement qui ne seraient pas feinte. À chaque évocation, la phrase brillante de Don Juan éclaire et masque tout à la fois; on perçoit l’art du rôle, la facilité de l’improvisation, mais la question demeure: qu’y a‑t‑il derrière la virtuosité? Ainsi, la dramaturgie déplace l’attention des aventures vers la qualité d’une intention, et oreille et conscience deviennent les arbitres de la valeur.
Rostand multiplie alors les signes du théâtre. Les décors semblent se lever à la demande, les entrées obéissent à une battue invisible, des masques apparaissent. Le dispositif donne au tentateur l’allure d’un metteur en scène, et au héros celle d’un interprète sommé de rejouer sa propre légende. Les images de marionnettes et de fils, discrètes ou insistantes, suggèrent que la séduction est un art d’illusion dont on ne sait plus qui tient la commande. Don Juan, maître des apparences, découvre la gêne de n’être peut‑être qu’un personnage, et interroge, à travers le jeu même, la réalité d’un moi durable.
Autour d’eux, des ombres passées traversent la nuit, silhouettes de compagnes, complices ou témoins, qui composent une sorte de chœur. Elles ne revivent pas des épisodes complets; elles lancent des répliques, des allusions, des fragments d’images qui suffisent à raviver une situation. Le héros, fidèle à sa verve, répond, détourne, charme, mais un sentiment de fatigue affleure, comme si l’éloquence trouvait ses limites. Le temps, discret d’abord, se fait sensible: les sons, les pas, la rumeur du vent scandent l’attente. La figure mythique, face à sa mémoire, semble peu à peu céder la place à un homme qui calcule.
Le cœur du débat porte sur la sincérité. On soumet à l’épreuve diverses attitudes: repentir soudain, élan héroïque, renoncement généreux, simple fidélité à une parole donnée. Chaque posture, si brillante soit‑elle, est auscultée, et l’ironie de l’interlocuteur en révèle la part de calcul. Le séducteur, qui a toujours choisi le mouvement, croyait que la forme suffirait à créer le sens; il découvre qu’ici la forme ne trompe plus. La joute devient plus intime: il ne s’agit plus de vaincre par l’esprit, mais d’établir qu’une intention, une seule, échappa à la stratégie. L’enjeu glisse du scandale à l’identité.
Un moment semble pouvoir infléchir le bilan, lorsqu’un souvenir moins éclatant, presque discret, affleure. Est‑ce une attention spontanée, une vérité tenue malgré l’intérêt, une pitié inattendue? L’œuvre entretient l’ambiguïté et retarde toute certitude. Le tentateur pousse à préciser, exige des contours, refuse les demi‑teintes; Don Juan, lui, se souvient mais doute de la valeur qu’on peut prêter à ses élans. La tension monte: l’espoir d’un élément pur, à même de peser dans la balance, se heurte à la suspicion que tout, chez lui, relève du rôle. L’épreuve cesse d’être un jeu; elle devient une recherche du noyau.
La nuit avance, et la mécanique du temps s’impose. Des signaux sonores, des mouvements d’air, des pas imaginaires resserrent l’espace, tandis que les mots perdent de leur superbe. Le tentateur, sans hausser le ton, encadre l’ultime étape de la vérification: il reste à dire s’il existe, en deçà des postures, une responsabilité assumée. Don Juan répond encore, mais ses armes paraissent moins sûres, comme si la rhétorique rencontrait enfin une limite de réalité. Au seuil de l’issue, l’œuvre rassemble ses motifs — théâtre, masque, souvenir, liberté — et laisse sentir la proximité d’un verdict sans en dévoiler la forme.
Sans livrer ses dernières péripéties, on peut dire que Rostand fait de la figure de Don Juan un miroir du théâtre et de la modernité: l’éclat des apparences y affronte l’exigence d’authenticité. Par sa langue lyrique et son ironie, la pièce interroge la valeur des gestes lorsqu’ils sont joués, et la possibilité d’une vérité chez celui qui vit en représentation. Cette relecture du mythe, resserrée sur une nuit, propose moins une morale qu’une inquiétude durable: qu’est‑ce qu’un moi qui ne serait qu’un rôle? Ce questionnement, porté par une scénographie mentale, donne à l’œuvre sa portée au‑delà du mythe.
La Dernière nuit de Don Juan d’Edmond Rostand s’inscrit à la fois dans un cadre espagnol hérité du Siècle d’or et dans l’univers théâtral français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le mythe se rattache à une Espagne monarchique et catholique, où la confession, l’honneur et la pénitence structurent la vie sociale. En revanche, l’écriture et la réception appartiennent à la France de la Troisième République, marquée par la laïcisation, la presse de masse et les grandes scènes parisiennes. L’œuvre fait donc dialoguer institutions religieuses et judiciaires d’Ancien Régime avec une modernité sceptique, friande de réécritures et de bilans moraux fin-de-siècle.
L’origine canonique du mythe est généralement attribuée à Tirso de Molina, moine-dramaturge espagnol, avec El burlador de Sevilla y convidado de piedra, composé au début du XVIIe siècle (probablement entre les années 1610 et 1630). Le climat de Contre-Réforme, la centralité de l’honneur masculin et le poids de l’Inquisition formaient l’horizon de réception des audaces de Don Juan. À Séville, port d’empire et nœud de circulations, prospérité, piété et contrôle social coexistaient. Ce terreau explique la vigueur du thème de la faute et du châtiment surnaturel. Rostand hérite de cette dramaturgie morale, mais la confronte à des interrogations modernes sur la responsabilité individuelle.
En France, la version de Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre (1665), transpose le mythe dans le cadre du théâtre classique, avec un mélange de comique et de gravité. La pièce suscita des réticences, fut remaniée et parfois prudente face à la censure du temps. Molière y interroge déjà l’hypocrisie, l’athéisme et l’insoumission sociale, tout en conservant l’épisode de la statue du Commandeur. Cette étape française fait de Don Juan un laboratoire critique des normes religieuses et mondaines. Rostand s’inscrit dans cette lignée nationale, attentive à la virtuosité verbale, au panache et aux affrontements de principes.
Au XVIIIe siècle, l’opéra de Mozart sur livret de Da Ponte, Don Giovanni (1787, Prague), universalise le mythe en Europe. Le libertin, séducteur et blâme de l’orgueil, rencontre alors les débats des Lumières sur la morale, la rationalité et la responsabilité. La musique dramatise la tension entre plaisir, défi et sanction, tout en multipliant les tonalités, du comique au tragique. Pendant les siècles suivants, le succès lyrique de ce modèle nourrit une réception transnationale. Rostand écrit dans un univers déjà saturé de variations scéniques et musicales, et sa pièce se mesure à cette tradition prestigieuse de la punition spectaculaire et du jugement ultime.
Au XIXe siècle, le romantisme et ses héritiers multiplient les réécritures: Byron propose entre 1819 et 1824 un Don Juan satirique et picaresque; Pouchkine compose Le Convive de pierre (1830); Zorrilla, avec Don Juan Tenorio (1844), accentue une possible rédemption dans un cadre catholique espagnol. Ces versions déplacent le centre de gravité du mythe, de l’athéisme provocateur à l’ironie historique ou à la conversion finale. En France, fascination pour l’Espagne, goût du pittoresque et quête de l’absolu romantique préparent un terrain favorable. Rostand, familier du lyrisme et du débat moral, choisit d’interroger la dernière heure du héros, moment de vérité et d’inventaire.
Rostand appartient à la Belle Époque (en gros 1871–1914), période d’expansion culturelle, de foi dans le progrès et de rivalités esthétiques. Il triomphe avec Cyrano de Bergerac (1897), conjugaison d’héroïsme, esprit et émotion, puis avec L’Aiglon (1900) et Chantecler (1910). Le goût du vers, des grandes scènes spectaculaires et d’une haute tenue morale caractérise son théâtre. Cette tradition du grand spectacle en langue française permet d’accueillir une nouvelle version de Don Juan où l’éloquence et les dilemmes éthiques priment. La Dernière nuit de Don Juan hérite de cet art de l’élévation, tempéré par une lucidité fin-de-siècle.
Édouard (Edmond) Rostand naît en 1868 à Marseille et s’impose tôt à Paris. Son élection à l’Académie française en 1901 consacre sa place dans l’institution littéraire. Entouré d’acteurs vedettes et de metteurs en scène ambitieux, il participe à l’économie du théâtre de vedettes, qui mise sur la diction du vers et l’ampleur des décors. Si ses pièces dialoguent avec l’histoire nationale, il s’intéresse aussi aux mythes européens durables, dont Don Juan. Cette biographie d’écrivain reconnu explique la liberté avec laquelle il relit une légende, tout en visant une moralité claire, apte à parler à un large public francophone.
La Troisième République française, surtout après les années 1880, voit monter l’anticléricalisme politique, la réforme de l’instruction, et la séparation des Églises et de l’État (1905). Le débat public s’ordonne autour de la laïcité, de la science et d’une morale républicaine sans tutelle religieuse. Ces enjeux pèsent sur la relecture des mythes catholiques ou pénitentiels: la faute n’appelle plus seulement une réponse surnaturelle, mais une interrogation sur la responsabilité civique et l’éthique personnelle. La Dernière nuit de Don Juan, en s’attachant à l’heure des comptes, résonne avec ce basculement: comment juger un individu quand les autorités traditionnelles perdent leur monopole?
