La Fascination De Méduse À Travers L’Art, L’Histoire Et La Légende - Andrea Piancastelli - E-Book

La Fascination De Méduse À Travers L’Art, L’Histoire Et La Légende E-Book

Andrea Piancastelli

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Beschreibung

Deux analyses, l’une artistique, l’autre historique, vont nous emmener sur deux voies différentes, toutes deux fascinantes et chargées de valeurs symboliques et psychologiques, pour nous ramener finalement à la même conclusion - la Gorgone monstrueuse renferme un mystère originel. Voyons lequel.
La figure énigmatique à la chevelure de serpent et au regard pétrifiant fascine encore et toujours par son ambiguïté et son mystère : un essai de mythologie qui explore le symbolisme de la gorgone Méduse à travers une analyse historique et artistique, centrée principalement sur le monde antique. Cet ouvrage propose un retour en arrière surprenant, qui conduit le lecteur à une époque antérieure, où d’autres interprétations sont possibles.

[…] “ Ne regarde pas ce que tu vois, mais son reflet ». Voilà ce que dit Athéna à Persée. Par métaphore, ne regarde pas la globalité des choses, ne les considère pas – et ne te considère pas – dans la totalité, car tu pourrais mourir à cause de ce que tu vois, notamment pour ce que tu vois en toi et, tant que tu ne pénètreras pas au-delà de ton reflet, tu te protègeras de toi-même.

Un voyage passionnant dans le temps et, à la fois, un essai spécialisé, étoffé de sources historiques, artistiques et littéraires, dans un parcours de recherche sur les symboles, les mythes, les histoires et les souvenirs lointains, liés au personnage mythologique de Méduse, de la Préhistoire à nos jours.

PUBLISHER: TEKTIME

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Andrea Piancastelli

La fascination de Méduse à travers l'art, l’histoire et la légende

L’AUTEURE

Traductrice italienne indépendante, spécialisée dans les textes de langues anglaise, française et allemande, et diplômée en archéologie de l’Université de Bologne. En 2000, elle a remporté le IIIème prix au concours d’écriture d’histoire de l’art « Italia Nostra » et le Ier prix du concours littéraire de Lidia Ravera. Actuellement, elle écrit régulièrement un blog sur l’antiquité, l’art et le collectionnisme et traduit des ouvrages de divers genres. Originaire de la province de Ravenne, elle a voyagé et étudié à l’étranger à partir de 1999. Elle vit maintenant à Londres, où elle a eu l’opportunité de collaborer avec les grandes maisons de vente aux enchères, Christie’s et Sotheby’s, et avec des organismes chargés de la gestion du patrimoine historique et artistique anglais, comme l’English Heritage.

eBooks

italiantranslator/ebooks

Blog

futuropassato.wordpress.com

Site internet

italiantranslator

Copyright Andrea Piancastelli 2017

Première Édition 2017

Traduction française par Murielle Pahaut

Tous droits réservés.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

[email protected]

Couverture: design de l'auteur

Photo de couverture : © Roberto Bocchini

Illustrations : images du Web, libres de droits

UUID: f1893f18-0c8b-11e9-9535-17532927e555
Ce livre a été créé avec StreetLib Write (http://write.streetlib.com).

Table des matières

MÉDUSE : ENTRE ART ET MYTHE

I. LES GORGONES ARCHAÏQUES

1. Un masque terrifiant

2. La peur de la mort

3. La guerre de Méduse : au-delà de la peur

4. Destruction et protection : Méduse et l’égide d’Athéna

II. TOURNANTS ARTISTIQUES

1. Méduse entre Babylone et Corinthe

2. Méduse et l’ambiguïté de l’eau

III. L’ÂGE CLASSIQUE

1. La source de la connaissance : la métamorphose d’un regard

2. L’art du regard : un regard d’ensemble

3. Le miroir de Méduse

IV. GORGONES HELLÉNISTIQUES ET ROMAINES

1. Méduse domptée

2. Méduse démembrée : les lambeaux de Méduse

Conclusion : Méduse immortelle. Le fascinum de l’ambigu.

AVANT MÉDUSE : ENTRE HISTOIRE ET MYTHE

1. Computation du temps : du matriarcat au patriarcat

2. Perdre la tête

3. Méduse usurpée

4. Réalité ou légende ?

5. Athéna et Méduse, la transformation intérieure

6. Méduse et les mystères féminins

7. Le pouvoir de Méduse, le pouvoir de la Déesse

8. Méduse et le sang

Conclusion : la force de Méduse. Le fascinum du mystère.

Bibliographie

MÉDUSE : ENTRE ART ET MYTHE

Introduction

Il existe un lien entre la parole et l’image, les deux vecteurs de la voix et de la vue de l’homme. On peut voir le mythe dans l’art et l’on peut lire l’art dans le mythe. Je vais me pencher sur un mythe à voir, à regarder dans les yeux, un mythe qui, par son regard, a rendu les poètes grecs quasi muets, incapables de le dépeindre. Voir le personnage de Méduse suffit : un mythe qui laisse la parole à l’art, vu le rareté des sources écrites.

Les définitions du mythe, données par de nombreux érudits, sont légion et extrêmement variées, mais tenons-nous-en ici à l’analyse de R. Otto (1). En grec, mythos a le sens fondamental de « discours », chose dite. C’est Platon le premier auteur à avoir utilisé le terme mythologie et, pour ce philosophe, il signifiait « raconter des histoires » ou « parler de ces histoires ». Ainsi, le mot mythe signifie une chose dite sous forme de récit, une histoire. Mais, bien sûr, toutes les histoires ne sont pas des mythes : par mythes, on entend généralement des « histoires traditionnelles », tout comme le mot mythoi, pour les anciens Grecs, référait aux récits traditionnels des dieux et des héros.

Les dieux grecs voient alors le jour : la tradition mythologique rapporte leurs gestes, en leur attribuant un nom et leurs fonctions respectives, une apparence physique et un ensemble de comportements, structurés autour de leur aspect humain. Les poètes, avec leurs hymnes et leurs théogonies, des chants célébrant la génération des divinités, mettent en place un panthéon, destiné à devenir aussi « traditionnel » que le mythe.

D’après l’étude de K.O. Müller (2), la création de la pensée et la réalité, l’idéal et le réel, apparaissent souvent étroitement liés dans un récit mythologique et, plus ancien est le mythe, plus l’élément réel se confond intimement avec la création de la pensée. D’ailleurs, les données historiques en témoignent, car elles révèlent souvent des événements qui sont mentionnés dans les mythes. Selon K.O. Müller, le mythe procéderait donc de l’histoire ; mais il serait aussi l’expression de la foi dans les dieux de la Grèce, de la et de la piété, dans la mesure où, dans ces récits, l’influence exercée par la divinité est constante. À l’histoire et à la religion, se seraient juxtaposées, dès les temps les plus reculés, des idées « morales », constituant le fondement de la coutume et du droit, et qui s’expriment à travers les mythes. Issu de la réalité et de la religiosité, le mythe devient alors un moyen de communication efficace au service de l’œuvre poétique et de la pensée.

Le mythe naît de la réalité, mais envisagée sous l’éclairage humain : c’est pour cette raison que les mythes ne sont ni uniformes, ni logiques, ni tout à fait cohérents ; ils sont multiformes et changeants, comme l’esprit humain qui les produit. Et le contraire est tout aussi vrai : en suivant le développement de l’homme grec, le mythe se mesure au processus de rationalisation de la réalité et du monde ; en symbolisant des concepts, il invente et fait émerger un monde qu’il fait exister à travers son récit, grâce à la parole. Dès lors, un univers ordonné se constitue, peuplé de dieux aux compétences et aux champs d’action bien définis et délimités, parallèle au monde du commun des mortels, une sorte de niveau surhumain du réel, un monde qui, créé par l’homme, sert de moyen d’ « auto-certification » de son statut de personne rationnelle et réelle.

Toutefois, la conscience étouffée de l’irrationalité et de l’inconstance de l’âme demeure chez l’homme ; celle-ci l’effraie, le terrorise, car il n’a jamais la certitude de l’avoir totalement maîtrisée. Aussi, autour de la grande famille olympienne, il subsiste encore des constellations de figures mineures, que l’on peut difficilement considérer comme des divinités. Elles occupent des espaces marginaux et traduisent parfois l’horreur du désordre qui menace le monde créé, sous la forme d’une kyrielle de groupes mythiques, telles les Géants et les Cyclopes, des créatures qui se situent aux confins du panthéon et qui sont, néanmoins, exclues du culte.

Méduse se rencontre parmi ces figures. Un daimon ambivalent qui provoque un bouleversement, un tressaillement intérieur, à l’instant même où on le regarde. Lorsque les mots sont incapables de décrire ce monstre, l’art y parvient avec une efficacité majeure, car ce qui est à l’origine de ce saisissement peut, certes, être son nom, mais un nom indissociable de son apparence. Méduse est faite pour être vue, Méduse nous regarde. Un parcours iconographique sur la peur de l’affirmation de quelque chose d’incontrôlable, d’indescriptible ; c’est l’art du « double », de l’ambivalent.

[1] R. OTTO, Das Heilige. Über das Irrazionale in der Idee des Göttlichen und sein Verältnis zum Rationalen, München 1936 (trad. fr. Le sacré : l’élément non rationnel dans l’idée du divin et sa relation avec le rationnel, Paris, 1968).
[2] MÜLLER, Prolegomeni zu einer wissenschaftlichen Mythologie, Göttingen 1825.

I. LES GORGONES ARCHAÏQUES

Fig. 1Méduse, relief d’une amphore cycladique provenant de Thèbes, 670 av. J.-C., Paris, Musée du Louvre.

1. Un masque terrifiant

Fig.2 Masque en terre cuite de la Gorgone Méduse, VI–V siècle av. J.-C., Temple de Zeus Diktaios à Palaikastro, Crète, Musée archéologique d’Héraklion.

Au début, les sources iconographiques n’attestent que la présence de la tête des Gorgones ( gorgoneion). L’iconographie du monstre ne présente pas d’emblée un modèle iconographique précis, mais différents types, généralement monstrueux, caractérisés par une vue frontale et de grands yeux. Un sorte de masque en terre cuite de Tirynthe, datant de la fin du VIIIème siècle av. J.-C., est identifié comme celui d’une Gorgone, arborant de grandes oreilles, des yeux globuleux et une bouche ourlée de crocs carnassiers. Le masque a été retrouvé avec d’autres dans un puits sacrificiel, associé au sanctuaire d’Héra, et se trouve actuellement au Musée Archéologique de Naples (1).

En examinant ces premières représentations de la Gorgone, on en déduit aisément que la Méduse apparaît d’abord en tant que masque. Mais il nous faut ici éclaircir le concept de masque. Si on utilise la définition de H. Pernet, « au sens restreint et habituel du mot, le masque est un faux visage dont on se cache la figure pour se déguiser » (2). En d’autres termes, porter un masque est un artifice permettant de ne plus être soi-même : on incarne ainsi la puissance, dont on prend les apparences, pour en arriver à la possession. Une possession superposant la divinité à l’homme implique que celle-ci s’empare du célébrant, en le rendant méconnaissable et en aliénant son identité. De cette manière, entre l’homme et le dieu, s’instaure un échange, une identification, qui éloigne l’homme de sa nature pour le rapprocher de l’altérité, incarnée par la divinité.

Mais si on observe attentivement le masque retrouvé à Tirynthe, une des premières créations artistiques de la Gorgone, on remarque qu’il n’y a pas d’orifices pour les yeux : en effet, le visage de Méduse est un masque, qui, cependant, ne se porte pas pour imiter la divinité, car aucun culte lié à Méduse n’est attesté jusqu’à présent.

En approfondissant notre analyse, on constatera une autre fonction du masque : celle d’effrayer. Pindare décrit la Gorgone comme une figure terrifiante, irradiant d’un pouvoir mortifère (3). Avec ce pouvoir, la fonction particulière de la Gorgone n’est plus cependant simplement d’effrayer : c’est la mort par raidissement face à cette vision terrible. La rigidité est typique de tous les masques ; dans le mythologème de Méduse, cette fonction, intensifiée, apparaît comme l’effet d’un être surhumain, d’un visage qui produit cet effet, même après s’être détaché du corps. Masque et Gorgone ne sont pas séparés, mais identiques. Méduse est le masque, qui pouvait à l’origine exister pour lui-même, sans porteur humain. Prêter un visage à la peur, c’est un moyen de lui donner forme, de la concrétiser et, ainsi, de la rendre supportable. On peut donc sans doute affirmer que les premières œuvres d’art ne sont pas nées de la nécessité de vénérer une divinité ou de s’attirer des puissances invisibles, mais bien du besoin de conjurer le pouvoir des morts. La religion et l’art auraient ainsi une origine commune : l’exigence de s’assurer la protection de l’au-delà (4).

Fig. 3 Masque en terre cuite de la Gorgone Méduse, VI–Vème siècle av. J.-C., Temple de Zeus Diktaios à Palaikastro, Crète, Musée archéologique d’Héraklion.

Le masque dissimule, le masque effraie, mais, surtout, il crée une relation entre l’homme qui le porte et l’être qu’il représente. Ainsi, de par sa rigidité, le masque est mis en connexion, tout d’abord, avec les morts dans son usage archaïque. Celui-ci crée un lien entre les vivants et les morts : les uns deviennent les autres ; il est l’instrument d’une transformation unificatrice : dans un sens négatif, car il supprime la ligne de séparation - dans ce cas-ci, celle entre les vivants et les morts - en faisant apparaître ce qui était caché ; dans un sens positif, puisque cette libération du caché, de l’oublié ou de l’ignoré, implique, de la part du porteur du masque, une identification avec lui. Dans le cas de Méduse, cependant, la transformation unificatrice devient une unification transformatrice. Il s’agit d’une identification qui, au lieu de se superposer, se cristallise au moment où les regards se croisent, et s’accomplit à l’instar du reflet dans un miroir (5). Le regard gorgonique a la même fonction que le masque dans les rites religieux ; par le contact créé en la regardant, la possession prend effet.