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Atteinte du syndrome d’Asperger et dotée d’un haut potentiel intellectuel, l’auteure a connu un parcours marqué par les séquelles d’une enfance bouleversée par la violence domestique. Longtemps contrainte de se conformer aux attentes des autres, elle s’est effacée derrière un rôle jusqu’à l’épuisement. Entre quête de perfection et aspiration à l’authenticité, elle témoigne de son combat pour exister pleinement et trouver sa place.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Brillante et surdiplômée,
Jeanne Spachat a mené une carrière exigeante en finance internationale tout en cultivant d’autres passions : l’enseignement universitaire, l’écriture et la course à pied. Animée d’une détermination hors norme, elle livre aujourd’hui un témoignage sincère et percutant, porté par le désir d’inspirer et d’éclairer ceux qui, comme elle, cherchent à trouver leur place.
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Seitenzahl: 83
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jeanne Spachat
La nouvelle vie d’un caméléon
La vie d’une femme d’affaires avec le syndrome d’asperger
© Lys Bleu Éditions – Jeanne Spachat
ISBN : 979-10-422-6351-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Les dernières avancées scientifiques dans le domaine de la neuropsychologie et des troubles du spectre autistique (TSA) ont révélé des liens profonds et souvent surprenants entre des conditions telles que le syndrome d’Asperger, un haut QI, les troubles du comportement alimentaire, et le stress post-traumatique. Il est désormais clair que ces éléments, qui peuvent sembler disparates à première vue, sont en réalité étroitement imbriqués. Ils s’influencent mutuellement, créant des schémas comportementaux et émotionnels qui, bien que complexes, offrent un aperçu unique des défis auxquels certaines personnes doivent faire face1.
Les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, en particulier celles avec un haut potentiel intellectuel, sont souvent confrontées à des défis singuliers. Leur intelligence leur permet de réaliser de grandes choses sur le plan académique et professionnel, mais elle peut aussi les isoler émotionnellement, les rendant plus vulnérables aux troubles anxieux et alimentaires. Les traumatismes de l’enfance, tels que la violence domestique, peuvent exacerber ces vulnérabilités, conduisant à une lutte silencieuse et souvent invisible contre des démons intérieurs.
Je le sais, parce que je suis l’une de ces personnes.
Je m’appelle Jeanne et je suis la femme décrite à travers ces descriptions cliniques. Pendant longtemps, ma vie a été une course effrénée vers l’excellence. Avec un QI de 160, j’ai toujours été perçue comme « la surdouée », celle qui pouvait tout accomplir. J’ai obtenu plusieurs diplômes prestigieux – un doctorat, plusieurs masters – et j’ai construit une carrière prospère dans la finance internationale. Mais derrière ces succès éclatants se cachait une réalité bien plus sombre : celle d’une femme qui, très jeune, est devenue un caméléon pour s’adapter au monde qui l’entourait, répondant aux attentes des autres, au point de s’oublier pendant 40 ans, jusqu’à en tomber malade.
J’ai grandi dans un foyer où la violence était omniprésente. Mon papa, ancien militaire de carrière, autoritaire et brutal, dictait les règles par la force. Chaque cri, chaque coup résonnait en moi, gravant des cicatrices invisibles qui allaient me suivre toute ma vie. Ces expériences ont façonné mon développement, me poussant à chercher des moyens de contrôler ce qui semblait incontrôlable. Le syndrome d’Asperger, avec ses particularités, est venu se greffer à ce terreau de traumatisme, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à mon existence.
Mon besoin de contrôle s’est manifesté de multiples façons. D’abord, par l’orthorexie, cette obsession pour une alimentation saine à l’extrême, puis par la bigorexie, une dépendance à l’exercice physique. À travers ces comportements, je pensais pouvoir maîtriser mon corps et, par extension, mon esprit. Mais en réalité, je me perdais dans une quête insatiable de perfection, sans jamais trouver la paix intérieure que je cherchais désespérément.
Ce n’est qu’à 45 ans, lorsque mon corps a crié au secours sous la forme d’un zona, que j’ai compris que je ne pouvais plus continuer ainsi. Allongée dans un lit d’hôpital, épuisée physiquement et mentalement, j’ai réalisé que ma vie devait changer. Ce fut un moment de révélation, où j’ai enfin compris que je devais lâcher prise, accepter mes fragilités et demander de l’aide.
Ce livre est le témoignage d’une femme qui a appris, parfois à ses dépens, que l’apaisement et la paix intérieure résident dans la capacité à s’accepter telle qu’elle est, avec toutes ses imperfections et une âme d’enfant blessée.
En partageant mon histoire, j’espère offrir un peu de lumière à ceux qui connaissent les mêmes troubles et rappeler à chacun que rien n’est jamais irréversible dans la vie.
Au printemps 1978, les médecins ont décidé que je devais naître le Samedi saint. Ma naissance, comme tant d’autres moments de ma vie, a été marquée par des contrastes saisissants. Je suis venue au monde dans une famille où l’écart des générations était aussi large que l’amour qui les liait. Mon papa, militaire de carrière, était déjà aguerri par les guerres vécues en Afrique et approchait la cinquantaine. Ma mère, quant à elle, avait 24 ans de moins que lui et était une jeune étudiante en médecine qui rêvait de fuir une vie qu’elle voyait déjà toute tracée.
Leur histoire d’amour était digne d’un roman. Maman, en cinquième année de médecine, a rencontré papa dans une station balnéaire. Il incarnait l’aventure et l’expérience, des qualités qui l’ont rapidement séduite. En quelques mois, leur idylle les a conduits à une décision qui allait changer leur vie : m’avoir. Maman, par amour, a alors pris la décision difficile d’abandonner ses études de médecine. À cette époque, concilier études, éducation des enfants et vie de couple était un défi presque insurmontable et l’était d’autant plus avec un homme né « avant la guerre ».
Mais le chemin qu’elle a choisi n’était pas sans obstacle. Maman vivait avec un diabète de type 1 depuis l’âge de 8 ans, ce qui a rendu sa grossesse à haut risque. À 7 mois, elle a dû accoucher prématurément par césarienne. Ma naissance était loin d’être ordinaire, marquée par la fragilité et l’incertitude.
La vie à la maison était tout sauf idyllique. Le salaire de papa, militaire, était notre bouée de sauvetage, mais à peine suffisant pour garder la tête hors de l’eau. Les contraintes financières jetaient une ombre constante sur nos vies. Pour papa, habitué à la liberté, à l’aventure et aux réalités du service militaire depuis ses 16 ans, la transition vers la vie de famille était un choc. Il avait vu le monde, mais il avait aussi été témoin des horreurs et des massacres en Afrique dès la fin des années 50. Ces expériences traumatisantes ont laissé des cicatrices profondes en lui, alimentant un stress post-traumatique qui le rongeait de l’intérieur. La paternité, avec ses limites, et la monotonie du quotidien n’ont fait qu’exacerber ce mal-être. Peu à peu, son amour pour la liberté et le besoin d’échapper à ses souvenirs douloureux l’ont conduit vers l’alcoolisme et la violence.
L’alcool a révélé chez papa une face sombre, destructrice. Notre petit appartement, qui aurait dû être un refuge, est devenu un champ de bataille. Sous l’emprise de l’alcool, papa devenait un cyclone de violence, dévastant tout sur son passage. Il n’était pas seulement question de blesser ceux qui l’entouraient ; il semblait aussi animé par une pulsion irrésistible à détruire tout ce qui était beau et innocent, comme si cette beauté le confrontait à ses propres douleurs et traumatismes. Pourtant, je savais qu’il souffrait aussi de ce saccage. Chaque acte violent semblait le ronger de l’intérieur, comme s’il était piégé dans un cercle vicieux, où la douleur qu’il infligeait reflétait celle qu’il portait en lui. Il était déchiré entre ce besoin de tout anéantir et la souffrance de voir s’effondrer ce qui, au fond de lui, il voulait protéger.
L’un des souvenirs les plus anciens et les plus effrayants de maman date de mes 8 ou 9 mois. Papa, après avoir vidé deux bouteilles de whisky, n’était plus avec nous, mais revivait une scène de guerre traumatisante de son passé en Afrique. Il nous a poursuivies, maman et moi, à travers notre appartement, un poignard à la main. Cette scène, sortie tout droit d’un cauchemar, ne s’est terminée que lorsque maman s’est réfugiée dans ma chambre d’enfant. Ce n’est qu’après avoir entendu papa vomir dans les toilettes qu’elle a osé partir chercher de l’aide chez les voisins. Comme toujours, une fois l’alcool évaporé, papa agissait comme si rien ne s’était passé. La honte, elle, restait pour maman et moi. Je me souviens de ces matins où, les yeux baissés, j’évitais le regard de nos voisins, conscients des cris et des insultes qui avaient secoué notre immeuble la veille.
C’est dans cet environnement instable que j’ai grandi, partagée entre trois générations. À mes 4 ans, maman a pris la décision courageuse de reprendre ses études. Elle ne retournerait pas à la médecine, mais choisirait une formation d’infirmière, plus compatible, pensait-elle, avec notre vie de famille. Ses études médicales passées lui ont permis d’obtenir de nombreuses dispenses, facilitant son parcours à l’école d’infirmières. Je la croisais souvent dans l’ascenseur, elle revenant d’une nuit de travail, moi partant pour l’école. Elle était épuisée.
Mes souvenirs d’enfance sont ainsi faits de contrastes. Je me rappelle les mercredis après-midi passés au cinéma avec papa après les cours de natation, ou nos explorations des musées militaires et des zoos. Ces moments de bonheur sont gravés en moi, bien que teintés d’une tension constante. Avec papa, je marchais toujours sur des œufs, consciente que la moindre étincelle pouvait déclencher une explosion.