La Règle de Saint Benoît - Benoît de Nursie - E-Book

La Règle de Saint Benoît E-Book

Benoît De Nursie

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Beschreibung

La règle de saint Benoît est une règle monastique écrite par Benoît de Nursie pour donner un cadre à la vie cénobitique de ses disciples. Rédigée peut-être entre 530 et 556, elle établit un mode de vie monastique (organisation de la liturgie, du travail, des repas et de la détente entre autres) qui provient de son expérience d'abbé à Subiaco, puis au Mont Cassin. Ce qui la caractérise le plus est sa discrétion, c'est-à-dire son équilibre, sa souplesse, son souci de ne pas faire peser sur les disciples un joug trop contraignant. Outre la manière dont s'organise concrètement la vie des moines, la Règle décrit les vertus monastiques que sont l'obéissance, l'humilité et l'esprit de silence. Elle organise en détail la liturgie monastique, que saint Benoît appelle l'Opus Dei, l'oeuvre de Dieu. Elle constitue le coeur de la vie du moine. Saint Benoît accorde une grande place à l'Abbé : il représente le Christ dans le monastère. Aussi exige-t-il de lui une sagesse et une doctrine exemplaires.

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TABLE DES MATIÈRES

Prologue

Les diverses sortes de moines

Les qualités que doit avoir l’abbé

Comment recourir au conseil des frères

Quels sont les instruments des bonnes œuvres

L’obéissance

Le silence

L’humilité

Les divins offices durant la nuit

Combien dire de psaumes aux heures de la nuit

Comment célébrer la louange nocturne en été

Comment célébrer les vigiles le dimanche

Comment célébrer l’office du matin

Comment célébrer l’office du matin aux jours ordinaires

Comment célébrer les vigiles aux fêtes des saints

En quel temps il faut dire Alleluia

Comment célébrer les divins offices durant le jour

Combien de psaumes chanter à ces mêmes heures

En quel ordre il faut dire les psaumes

La manière de psalmodier

L’attitude de grand respect dans la prière

Les doyens du monastère

Comment les moines dormiront

Les fautes qui entraînent l’excommunication

Quelle doit être la mesure de l’excommunication

Les fautes graves

Ceux qui se joignent aux excommuniés sans en avoir reçu la mission

Quelle doit être la sollicitude de l’abbé à l’égard des excommuniés

Ceux qui, souvent repris, n’ont pas voulu s’amender

Doit-on recevoir de nouveau les frères qui ont quitté le monastère ?

Comment corriger les enfants en bas âge

Les qualités que doit avoir le cellérier du monastère

Les outils et les autres objets du monastère

Les moines doivent-ils avoir quelque chose en propre ?

Tous doivent-ils recevoir le nécessaire de façon égale ?

Les semainiers de la cuisine

Les frères malades

Les vieillards et les enfants

Le lecteur semainier

La mesure de la nourriture

La mesure de la boisson

À quelle heure les frères doivent prendre leurs repas

Que personne ne parle après complies

Ceux qui arrivent en retard à l’Œuvre de Dieu ou à la table

Comment les excommuniés font satisfaction

Ceux qui se trompent à l’oratoire

Les manquements commis en d’autres domaines

La charge d’annoncer l’heure de l’Œuvre de Dieu

Le travail manuel quotidien

L’observance du Carême

Les frères qui travaillent loin de l’oratoire, ou qui sont en voyage

Les frères qui se rendent en des lieux peu éloignés

L’oratoire du monastère

La réception des hôtes

Un moine peut-il recevoir des lettres ou quelque autre chose ?

Les vêtements et les chaussures des frères

La table de l’abbé

Les artisans du monastère

La manière de recevoir les frères

Les fils de nobles ou de pauvres qui sont offerts

Les prêtres qui voudraient se fixer dans le monastère

Comment recevoir les moines étrangers

Les prêtres du monastère

Le rang que l’on doit garder dans la communauté

L’établissement de l’abbé

Le prieur du monastère

Les portiers du monastère

Les frères que l’on envoie en voyage

Si l’on enjoint à un frère des choses impossibles

Que nul dans le monastère ne se permette d’en défendre un autre

Que nul ne se permette d’en frapper d’autres de façon désordonnée

Que les frères s’obéissent mutuellement

Le bon zèle que doivent avoir les moines

Toute la pratique de la justice n’est pas contenue dans cette Règle

PROLOGUE

Écoute, ô mon fils, les préceptes du maître et incline l’oreille de ton cœur ; reçois volontiers les conseils d’un tendre père, et mets-les en pratique, afin que le labeur de l’obéissance te ramène à celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. C’est donc à toi, qui que tu sois, que je m’adresse maintenant, toi qui, renonçant à tes volontés propres, prends en main les très puissantes et nobles armes de l’obéissance pour militer sous le vrai Roi, le Christ Seigneur. Et d’abord, demande-lui par une très instante prière de mener lui-même à bonne fin tout bien que tu entreprendras. Ainsi celui qui a daigné nous compter déjà parmi ses fils n’aura pas, un jour, à s’attrister de nos mauvaises actions. Car, en tout temps, il nous faut consacrer à son service les dons qu’il a mis en nous, afin que non seulement le père offensé n’ait pas à déshériter un jour ses enfants, mais encore que, tel un maître redoutable, irrité par nos mauvaises actions, il n’ait pas à nous livrer au châtiment éternel, comme de misérables serviteurs qui n’auraient pas voulu le suivre jusqu’à la gloire.

Levons-nous donc, enfin, à la voix de l’Écriture qui nous stimule en disant : Voici l’heure pour nous de sortir du sommeil. Les yeux ouverts à la lumière de Dieu et les oreilles attentives, écoutons cet avertissement divin que nous adresse chaque jour la voix qui nous crie : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’allez pas endurcir vos cœurs ; et encore : Que celui qui a des oreilles pour entendre écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. Et que dit-il ? Venez, mes fils, écoutez-moi : je vous enseignerai la crainte du Seigneur. Courez, pendant que vous avez la lumière de vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous saisissent.

Le Seigneur, se cherchant un ouvrier dans la multitude du peuple, adresse à tous cet appel : Quel est l’homme qui veut la vie, et désire connaître des jours heureux ? Que si, à cette demande, tu réponds : « C’est moi », Dieu te dit alors : Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle, garde ta langue du mal et que tes lèvres ne profèrent pas de paroles trompeuses. Détourne-toi du mal et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières ; et avant même que vous m'invoquiez je dirai : « Me voici. » Quoi de plus doux pour nous, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voici que, dans sa bonté, le Seigneur lui-même nous montre le chemin de la vie.

Que la foi et la pratique des bonnes œuvres nous disposent donc, comme une ceinture autour des reins, à marcher en avant par les sentiers que nous trace l’Évangile, afin que nous méritions de voir celui qui nous a appelés dans son Royaume. Si nous voulons habiter dans sa demeure royale, il faut courir par la pratique des bonnes œuvres, faute de quoi, nous ne pourrions y parvenir. Mais interrogeons donc le Seigneur, en lui disant avec le Prophète : Seigneur, qui habitera dans ta demeure ? Qui se reposera sur ta montagne sainte ? Après cette interrogation, mes frères, écoutons le Seigneur qui nous répond, et nous montre la voie qui donne accès à cette demeure, disant : C'est celui qui marche sans tache et accomplit la justice, celui qui dit la vérité du fond de son cœur, qui n'a pas prononcé de paroles trompeuses, qui n'a pas fait de mal à son prochain, ni pris part aux discours injurieux contre lui. C’est celui qui, sollicité par le diable malin, le repousse, lui et ses suggestions, loin des regards de son cœur, le met à néant, saisit les premiers rejetons de la pensée diabolique et les brise contre le Christ. Ce sont ceux qui, craignant le Seigneur, ne s’enorgueillissent pas de leur bonne observance : estimant au contraire que le bien qui se trouve en eux ne procède pas d’eux-mêmes, mais est accompli par le Seigneur, ils le glorifient de ce qu’il opère en eux, et lui disent avec le Prophète : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton Nom donne la gloire. De même, l’apôtre Paul ne s’est rien attribué du succès de sa prédication, lorsqu’il dit : C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. Et il dit encore : Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.

C’est pourquoi le Seigneur dit dans l’Évangile : Celui qui écoute mes paroles et les accomplit, je le comparerai à un homme sage qui a bâti sa maison sur le roc. Les fleuves ont débordé, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, mais elle n'est pas tombée, car elle était fondée sur le roc. Cela dit, le Seigneur attend de nous que nous répondions chaque jour par nos œuvres à ces saints avertissements. C'est pour l'amendement de nos fautes que les jours de cette vie nous sont prolongés, ainsi que le dit l'Apôtre : Ignores-tu que la patience de Dieu t'invite à la pénitence ? Car notre miséricordieux Seigneur dit aussi : Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive.

Lors donc, mes frères, que nous avons interrogé le Seigneur sur celui qui habitera dans sa demeure, nous avons appris les conditions requises pour y habiter ; c’est donc à nous de remplir les obligations qui incombent à cet habitant. Il nous faut donc préparer nos cœurs et nos corps à militer sous la sainte obéissance aux commandements. Quant à ce qui semble dépasser nos forces, prions le Seigneur d’ordonner à sa grâce de nous porter secours. D’autre part, désireux d’échapper aux peines de l’enfer, et de parvenir à la vie éternelle, tandis qu’il en est encore temps, que nous sommes en ce corps, et que nous pouvons accomplir cela à la lumière de cette vie, courons et faisons, dès ce moment, ce qui nous sera profitable pour toujours.

Nous allons donc constituer une école du service du Seigneur. En l’instituant nous espérons ne rien établir de rude ou de pesant. Néanmoins, si, conformément à la règle de l’équité, nous allons jusqu’à un peu de rigueur, pour l’amendement des vices et pour la sauvegarde de la charité, garde-toi bien, dans un mouvement de frayeur, de fuir la voie du salut, dont l’entrée est toujours étroite ; en effet, à mesure que l’on avance dans la vie religieuse et dans la foi, le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu avec la douceur ineffable de l’amour. Ne nous écartant jamais de son enseignement, et persévérant en sa doctrine dans le monastère jusqu’à la mort, nous participerons aux souffrances du Christ par la patience, afin de mériter d’avoir part à son Royaume. Amen.

LES DIVERSES SORTES DE MOINES

Il y a manifestement quatre sortes de moines. La première est celle des cénobites, c’est-à-dire de ceux qui demeurent dans les monastères, militant sous une règle et sous un abbé.

La deuxième sorte est celle des anachorètes, c’est-à-dire des ermites. Ceux-ci n’en sont plus à la ferveur des débuts dans la vie religieuse, car une longue période de probation au monastère leur a appris, avec l’aide et les leçons de plusieurs, comment l’on tient tête au démon. Suffisamment aguerris, ils passent de la milice fraternelle au combat solitaire du désert, assurés que désormais, sans l’assistance d’autrui, ils peuvent combattre, Dieu aidant, par leur seule main et leur seul bras, contre les vices de la chair et des pensées.

Il existe une troisième sorte de moines, mais combien détestable ! C’est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, comme l’or dans la fournaise, ils n’ont pas bénéficié des leçons de l’expérience, mais se sont amollis comme du plomb ; leurs actes témoignent qu’ils gardent leur foi au monde et mentent ouvertement à Dieu par leur tonsure. À deux ou trois, ou même tout seuls, sans pasteur, ils s’enferment, non dans les bergeries du Seigneur, mais dans leur propre bercail. Ils n’ont d’autre loi que la satisfaction de leurs désirs ; car tout ce qu’ils pensent ou préfèrent, ils le tiennent pour saint, et tout ce qui ne leur plaît pas, ils le regardent comme illicite.

La quatrième sorte de moines est celle des gyrovagues. Ils passent toute leur vie à courir de province en province, restant trois ou quatre jours dans différents monastères, sans cesse errants, jamais stables, esclaves de leurs caprices et adonnés aux plaisirs de la bouche, enfin, pires en tous points que les sarabaïtes. Il vaut mieux se taire que de parler davantage de la misérable condition de tous ces gens. Laissons donc les uns et les autres, et, avec l’aide du Seigneur, venons-en à l’organisation de la très vaillante sorte de moines, celle des cénobites.

LES QUALITÉS QUE DOIT AVOIR L’ABBÉ

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