La Sociologie et son domaine scientifique - Émile Durkheim - E-Book

La Sociologie et son domaine scientifique E-Book

Emile Durkheim

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Beschreibung

Ce texte est la version française d'un article qu'Émile Durkheim publia en italien en 1900 : « La sociologia e il suo domino scientifico » in Rivista italiana di sociologia, 4, 1900, pp 127-148. Il constitue un texte de référence pour l'institutionnalisation de la sociologie comme champ scientifique à part entière. Extrait : Une science qui vient de naître n'a et ne peut avoir au début qu'un sentiment incertain et vague de la région de la réalité vers laquelle elle va se diriger, de son étendue et de ses limites ; et elle ne peut s'en faire une image plus claire qu'au fur et à mesure qu'elle avance dans ses recherches. Il est d'autre part d'une extrême importance qu'elle acquière ainsi une conscience plus élevée de son objet, car la voie suivie par le savant est d'autant plus sûre qu'il procède méthodiquement, et lui-même est d'autant plus méthodique qu'il peut rendre compte plus exactement du terrain sur lequel il s'engage. Le moment est venu pour la sociologie de faire tous les efforts possibles pour réaliser ce progrès.

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A Jean-Marc Leveratto

Hommage de l'éditeur

FGM

I

Une science qui vient de naître n'a et ne peut avoir au début qu'un sentiment incertain et vague de la région de la réalité vers laquelle elle va se diriger, de son étendue et de ses limites ; et elle ne peut s'en faire une image plus claire qu'au fur et à mesure qu'elle avance dans ses recherches. Il est d'autre part d'une extrême importance qu'elle acquière ainsi une conscience plus élevée de son objet, car la voie suivie par le savant est d'autant plus sûre qu'il procède méthodiquement, et lui-même est d'autant plus méthodique qu'il peut rendre compte plus exactement du terrain sur lequel il s'engage.

Le moment est venu pour la sociologie de faire tous les efforts possibles pour réaliser ce progrès. Sans aucun doute, quand certains critiques retardataires, subissant inconsciemment le préjugé qui en tout temps s'est opposé avec acharnement à la formation de sciences nouvelles, reprochent à la sociologie d'ignorer à quel objet précis elle doit s'attaquer, on peut leur répondre que cette ignorance est inévitable dans les premiers temps de la recherche et que notre science est née seulement d'hier. Il est nécessaire de ne pas perdre de vue, surtout devant la faveur que rencontre actuellement la sociologie, qu'il y a quinze ans l'Europe ne comptait pas dix véritables sociologues. Il faut ajouter que c'est trop exiger que de vouloir qu'une science circonscrive son objet avec une précision excessive ; car la partie de la réalité que l'on se propose d'étudier n'est jamais séparée des autres par une frontière précise. Dans la nature, en effet, tout est si lié qu'il ne peut y avoir ni de solution de continuité entre les différentes sciences, ni de frontières trop précises. Nous tenons cependant à nous faire une idée aussi claire que possible de ce qui forme le domaine de la sociologie, à déterminer où il se trouve et à établir à quels signes se reconnaît l'ensemble des phénomènes dont nous devons nous occuper, tout en négligeant de fixer des frontières qui ne peuvent être qu'indéterminées. Ce problème est d'autant plus urgent pour notre science que, si l'on n'y prend pas garde, sa sphère d'action peut être étendue à l'infini, puisqu'il n'existe aucun phénomène qui ne se passe pas dans la société, depuis les faits physico-chimiques jusqu'aux faits véritablement sociaux. Il faut donc isoler avec soin ces derniers, montrer ce qui en forme l'unité pour ne pas réduire la sociologie à un titre conventionnel appliqué à un agrégat incohérent de disciplines disparates.

II

Simmel a fait un effort, remarquable par son excès, pour tracer les limites du domaine de la sociologie . Il part de l'idée que s'il existe une sociologie, elle doit constituer un système d'investigations à part, parfaitement distinct de celui des sciences existant depuis longtemps sous le nom d'économie politique, d'histoire de la civilisation, de statistique, de démographie, etc. En tant qu'elle doit se distinguer des autres sciences, elle doit avoir un autre domaine. La différence consiste en ce que les autres sciences spéciales étudient ce qui se passe dans la société, mais non la société elle-même. Les phénomènes religieux, moraux, juridiques, dont elles s'occupent, se produisent à l'intérieur de groupes déterminés, mais les groupes au milieu desquels ils se déroulent doivent faire l'objet d'une autre recherche, indépendante des précédentes et qui constitue justement le domaine de la sociologie. Les hommes qui vivent en société parviennent a réaliser avec l'aide de la société une grande variété de fins, les unes religieuses, les autres économiques ou esthétiques, et les sciences spéciales ont justement pour objet d'étude les processus particuliers en vertu desquels ces fins sont atteintes. Mais de tels processus ne sont pas sociaux en eux-mêmes ou, tout au moins, n'ont qu'indirectement ce caractère et ils ne l'ont qu'en tant qu'ils se développent dans un milieu collectif. Les sciences qui traitent de ces processus ne sont donc pas véritablement sociologiques. Dans cet ensemble qu'on appelle ordinairement une société, il existe deux sortes d'éléments qui demandent à être distingués avec soin : il y a le contenu, c'est-à-dire les différents phénomènes qui se produisent entre les individus associés, et il y a le contenant, c'est-à-dire l'association même au sein de laquelle on observe ces phénomènes. L'association est la seule chose véritablement sociale, et la sociologie est la science de l'association in abstracto : « La sociologie ne doit pas aller chercher ses problèmes dans la matière de la vie sociale, mais dans sa forme... c'est cette considération abstraite des formes sociales qui fonde pour la sociologie son droit à l'existence de même que la géométrie doit son existence à la possibilité d'abstraire des formes pures des choses matérielles. »