La trame de l'univers - Rosangela Policastri - E-Book

La trame de l'univers E-Book

Rosangela Policastri

0,0

Beschreibung

"La trame de l’univers" de Rosangela Policastri est un cadeau pour toutes les femmes, pour toutes celles qui chaque jour essaient d’affirmer leurs droits, de lever le regard vers l’infini, et en même temps pour toutes celles qui ont appris à faire face à la douleur et même en s’adaptant de façon positive à leurs nouvelles conditions.

C’est ce qui arrive à Lucia après la perte de son grand amour ; elle s’adapte à vivre dans une société qui la veut aux côtés d’un riche avocat.

La proximité de la Brigantessa va lui révéler les secrets de la résistance, de la réalisation de soi, en la conduisant aux débuts de l’histoire terrestre pour atteindre enfin la libération des schéma présents au fond d’elle depuis toujours. Elle se découvre authentique, pas indifférente du tout à ses pulsons, consciente de ses manques, car on a suffoqué son cri de désespoir.

Rosangela Policastri a su toucher les cordes plus profondes de l’esprit féminin, en mettant en évidence les particularités les plus cachées de son personnage.

Le texte est limpide, bien présenté avec un rythme constant. L’original, en patois du sud de l’Italie, souvent intraduisible, représente l’âme d’un peuple dépositaire d’une ancestrale sagesse.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Née à Corigliano Calabro en 1964, Rosangela Policastri traductrice interprète de profession s’est mise à écrire dans le cadre de sa rééducation à la suite d’une hémorragie cérébrale. Ce parcours personnel l’a amenée à élargir ses connaissances linguistiques et culturelles, lui faisant découvrir d’autres dimensions de l’être humain.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 109

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Couverture

Page de titre

 

 

 

La trame de l’univers

 

 

de Rosangela Policastri

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps d’un roman

Editeur

Collection «Roman»

 

 

Introduction

 

 

J'ai choisi "La trame de l'univers" comme titre du livre en m'inspirant de la légende mythologique japonaise de Amaterasu.

Non par prétention, mais parce que son écriture a été pour moi un vrai parcours de résilience que chaque femme devrait faire, si ce n'est pour elle-même, pour les femmes de sa famille, de sa communauté, même transgénérationnelle, parce que je suis convaincue que la prise de conscience des blessures ataviques aide à transformer une réalité confuse en un chemin clair et lumineux.

Ce mythe a inspiré aussi l'illustration de couverture réalisée par Alessandro Costa, jeune graphiste de Lecce.

Les châles rappellent le concept de "trame" et aussi le cadre du roman avec l'ouvrage des femmes et leur besoin de sortir de la toile, en s'affranchissant des rails imposés par une culture machiste, pour être enfin elles-mêmes en revendiquant leurs propres désirs et émotions.

Vous remarquerez en le lisant qu'il s'agit d'une écriture instinctive qui transmet les fortes émotions vécues par les protagonistes au fur et à mesure qu'elles se manifestent.

En effet j'ai vécu moi-même des situations que je sentais répétitives, comme si je n'avais pas d'autres choix face à leur inéluctabilité.

Un peu comme il arrive aux enfants victimes d'abus qui une fois adultes, restent dans le triangle infernal victime-bourreau-sauveur et finissent par répéter malgré eux le même schéma.

Le titre est inspiré par le mythe de Amaterasu-o-mi-kami, littéralement "grande déesse qui resplendit dans les cieux", la déesse du soleil de laquelle descendent toutes les choses selon le shintoïsme.

Elle est considérée l'ancêtre mythique en ligne directe de la famille impériale japonaise, encore aujourd'hui représentée comme le soleil sur le drapeau nippon.

Je suis fascinée par ce mythe, que j'utilise souvent comme conte archétypal depuis que je le connais car je le trouve particulièrement touchant et significatif.

La légende raconte que Amaterasu était une jeune femme joyeuse et insouciante qui passait son temps à tisser la trame de l'univers avec ses servantes, quand un jour, son frère indiscipliné et irrespectueux, le dieu de la tempête Susanoo, détruisit les talus des rizières à peine plantées par sa sœur et en obstrua les rigoles.

Amaterasu en fut tellement indignée, en colère, outrée qu'elle alla s'enfermer dans une grotte et la boucha avec un énorme rocher, plongeant ainsi le monde dans l'obscurité.

Au début personne ne s'en aperçut, mais au fur et à mesure que les jours passaient, ou mieux, que la nuit s'éternisait, même les autres dieux commencèrent à se préoccuper et à tout essayer pour convaincre Amaterasu de sortir, mais sans aucun résultat.

Jusqu'à ce que la déesse de la danse, Ama-no-Uzume, eut l'idée de mettre un miroir en face de l'entrée de la grotte et se mit à danser.

Au fur et à mesure que Ama-no-Uzume dansait, elle faisait exprès de semer ses vêtements à droite et à gauche en suscitant des rires incontrôlables et en semant la pagaille.

Il y avait une telle légèreté dans l'atmosphère que Amaterasu ne put résister à jeter un œil, surtout quand Ama-no-Uzume annonça l'arrivée imminente de la remplaçante d'Amaterasu

Amaterasu hésita longtemps car la raison, l'orgueil, son égo lui disaient de ne pas céder, mais il y avait quelque chose de magique, presque de divin, dans cette joie de vivre dans cette légèreté rafraîchissante qui l'incitait à jeter un œil, seulement jeter un oeil, rien de plus !

Elle poussa donc de façon imperceptible le rocher, elle essaya de regarder dehors mais elle fut soudainement éblouie par la lumière intense ce qui la désorienta un instant, juste assez pour donner aux autres dieux la possibilité de bloquer la fermeture de la porte et puis l'ouvrir.

Amaterasu fut surprise de comprendre que la lumière éblouissante qui l'avait aveuglée n'était rien d'autre que sa propre image renvoyée par le miroir habilement posé en face de l'entrée de sa cachette.

Convaincue de son pouvoir retrouvé, elle décida de resplendir à nouveau pour le bien et le bonheur de tous.

Je souhaite à chaque femme de retrouver sa lumière et son pouvoir personnel, afin que nous puissions former ensemble un nouveau réseau, un immense châle qui redessine et répare la trame d'un univers désormais délavée et effilochée.

Si je pouvais, je ferais en sorte que toutes et chacune redeviennent "les grandes déesses qui resplendissent sur terre" en laissant le ciel aux croyances de chacun.

 

 

 

PROLOGUE

 

Le jour qu'il allait exhaler son dernier souffle, le soleil de Calabre tapait fort sur les maisons et sur les nerfs des hommes.

Sa chambre dans la grande bâtisse bourgeoise était dans la pénombre.

Les draps blancs, rigoureusement en lin du Nil, étaient changés deux fois par jour pour garantir dans la mesure du possible, la fraîcheur et une bassine remplie d'eau servait à humecter régulièrement son front et ses lèvres.

Cela faisait plusieurs jours que cela durait ainsi.

Selon une ancienne tradition de la Magna Grecia, des femmes du quartier, des amies et connaissances, habillées en noir, couvertes de foulards noirs, se réunissaient pour égrainer le chapelet le soir, animées de bonnes intentions sans doute.

Ce qu'elles ne savaient pas, c'est que Don Saverio, n'appréciait pas spécialement cette mise en scène.

Il préférait l'intimité de la matinée, lorsque les femmes de ménage, bizarrement silencieuses, lui rôdaient autour. Après avoir refait son lit de linge propre et parfumé, elles partaient en traînant une serpillère mouillée sur les sols en mosaïque.

 

Enfin c'était l'heure de sa visite !

La première fois, Rose vint accompagnée de son père qui, comme bonne partie des calabrais, était éduqué au culte grec des morts et de fait, avait choisi sa fille pour le lui transmettre.

Ils rentrèrent ensemble dans la chambre en mi-ombre.

Pas un mot ne fut échangé, simplement des gestes silencieux et précis, qui confirmèrent le choix de son père.

La fillette, d'à peine onze ans, était entrée tout naturellement dans une sorte de transe et de communication silencieuse avec son grand-père, ce qui avait soulagé le vieil homme désormais sans espoir, ainsi que son propre père qui avait eu l'idée de lui confier, à elle, la dure tâche d'assister un mourant.

 

Quand son père fut parti, Rose se trouva seule avec son grand-père, bien rasé de près, propre et parfumé, mais débordant de secrets intimes à lui confier, et ce avant de quitter cette terre.

Les hirondelles stridulaient bruyamment dans la vallée, mais cela n'empêchait pas les regards du vieil homme et de Rose de se croiser dans une douceur et une bienveillance rassurante pour les deux.

Depuis toute petite elle avait la sensation qu'un monde invisible rôdait autour d'elle et elle n'en avait pas peur, elle ne savait juste pas quoi en faire !

Ce jour-là, pour la première fois, elle put s'en servir.

Ce fut en regardant les yeux de son grand-père qu'elle s'aperçut d'une réalité qui existait, juste à sa portée.

C'était le moment de transition entre deux mondes, comme cela arrive aux bébés au fur et à mesure qu'ils grandissent, quand quelque part ils ont encore le souvenir du paradis qu'ils viennent de quitter pour venir s'incarner dans ce bas monde.

Bien, là c'était la même chose renversée, si je peux m'exprimer ainsi, comme un phénomène en miroir.

C'était le regard pointu d'un homme intelligent, autrefois puissant homme d'affaires, négociateur redoutable, fin orateur érudit et stratège aigu, qui se transformait doucement en vide sidéral !

Le noir foncé et pénétrant d'avant avait besoin de passer par toutes les nuances de châtain ambré jusqu' au gris laiteux qui était désormais connecté à l'océan primordial d'où tous viennent et où tous repartons un jour.

Il y avait eu bien des tempêtes dans cet océan, provoqués surtout par son propre ego plus que par les coups du sort...

Elle put en apercevoir quelques-unes, ce que lui fit ressentir par empathie toute l'importance écrasante de ses anciennes blessures, bien cachées sous les tapis avec les autres ordures de sa vie.

Dans un coin du vortex chaotique de cet océan elle put apercevoir une femme, ou peut-être elle crut entendre un cri de femme blessée dans son être profond....

C'était une femme qu'il aimait, sans doute, vue la bouffée d'émotion qui sortait de l'image.

Oui elle était là, au fond de lui, encore belle et sauvage, sûrement telle qu'elle avait été dans un temps désormais lointain.

Le récit silencieux pouvait commencer.

 

 

 

1

 

C'était le printemps dans la grande propriété terrienne dans la campagne de Malvento.

Lucia était très occupée à terminer le programme de grec de cinquième année de gymnasium, dans l'espoir de convaincre son précepteur de présenter sa candidature au lycée de Naples.

Pour avoir l'appui de sa mère elle avait aussi passé tout son temps libre à broder son trousseau de mariage, jusqu'à se crever la vue ! Elle aurait fait n'importe quoi pour avoir cette opportunité !

Voilà à quoi elle pensait, pendant qu'elle coupait les roses du jardin et elle prenait soin des primevères et des violettes qui poussaient sauvages sur le muret, quand tout à coup elle sentit une présence, un regard qui se posait sur elle.

Quand elle le vit, il baissa tout de suite les yeux. Non pas qu'il se sentait gêné par l'écart social, mais il était sincèrement troublé et intrigué par sa beauté et sa grâce, qui en aurait fait chavirer plus d'un.

Quant à elle, ivre de rêves et de fleurs de printemps, elle était prête à flamber aux premiers gestes d'amour.

Cet échange timide de regards était destiné à rester pour longtemps dans leurs pensées et pour toujours dans leurs cœurs.

Pendant quelques jours la vie s'écoula comme d'habitude, ce qui n'empêcha pas Lucia de poser des questions sur lui. L' idée de cet étranger bizarre, qui la regarde de loin, qui hésite, qui ne lui adresse pas la parole...en même temps une situation évidente, au final escompté.

Il s’appelait Bruno et il était venu dans la propriété avec son père, Mastro Nino, chargé de projeter et réaliser le nouveau pressoir avant la récolte des olives, l'automne prochain.

Les deux hommes logeaient dans une annexe de la ferme, avec tous les services et toute la liberté de mouvement des hôtes d'honneur.

Mais bien évidemment, courtiser la jeune fille de la maison ne faisait pas partie des privilèges, et Bruno n'en avait pas touché mot à personne.

Pour l'instant il se limitait à observer Lucia sans oser lui adresser la parole et il imaginait toutes les possibilités de prise de contact.

Mais dans le secret de son cœur il avait déjà décidé : cette fille brune et douce qui semblait parler aux fleurs serait la femme de sa vie.

La même chose se passait de son côté à elle.

Impossible d'expliquer pourquoi, mais ce jeune étranger au regard ambré était entré dans chaque recoin de son esprit et depuis qu'elle avait su son prénom c'était une véritable obsession.

Même l'idée de faire des études au lycée de Naples avait perdu de son intérêt et ce simplement parce qu'elle comprenait dans toute sa profondeur l'expression "ubi major, minor cessat", si chère à son maître, quand quelque chose de majeur se passe, le reste passe au second plan.

Dans sa tête, les versions de grec et de latin furent remplacées par des rêves, des projections, de plans plus ou moins réalistes qui comprenaient Bruno, Bruno, Bruno... à toutes les sauces, de toutes les manières possibles, dans tous les pays réels ou imaginaires...

Sa mère ne s'était rendu compte de rien, même quand elle lui avait demandé de sortir en ville pour acheter de nouveaux rubans colorés et des étoffes plus légères pour se confectionner une robe d'été.

Mais à Brigantessa, sa nounou encore à son service, fonction désormais anachronique, l'expression toujours hébétée de la jeune fille, n'avait pas échappée.

Et elle en était émue, même si elle ignorait comment les choses auraient évolué

Le tissu d'un joli rose antique, les rubans assortis et un chapeau en paille dernière mode auraient fait l'affaire pour l'occasion. Lucia avait trouvé un patron pour sa robe et elle y travaillait jour et nuit en imaginant les dialogues qu’elle aurait eu avec son Bruno, de plus en plus présent dans ses pensées, comme un vaudou.

Absorbée dans ses pensées, elle était dans le jardin en train de finir une broderie quand soudain elle leva le regard et croisa celui de Bruno qui était là en train de l'observer en silence.

Inutiles les discours compliqués préparés minutieusement, inutiles les questionnements sur le comment ça se serait passé et sur qui aurait fait le premier pas.

Tout vint tellement naturellement, tellement évident et incontrôlable qu'encore ils ne pouvaient expliquer ce qu'il s'était passé.

En moins de temps qu'il faut pour le dire leurs doigts s'attiraient jusqu'à s'entrelacer, leurs visages s'effleurèrent, le souffle court et des gémissements s'échappèrent de leurs lèvres dans un baiser profond qui attendaient depuis des vies et des vies de frustration.