La vie se négocie, le pouvoir aussi… - Moussa Doudou Haïdara - E-Book

La vie se négocie, le pouvoir aussi… E-Book

Moussa Doudou Haïdara

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Beschreibung

Plongeant au cœur des souvenirs d’enfance, des expériences intimes et des observations minutieuses du quotidien malien, cet ouvrage incarne l’essence même de la vie de Moussa Doudou Haïdara. En six chapitres, il déploie une réflexion profonde et vibrante sur le passé, le présent et les perspectives d’avenir du Mali, tout en explorant les dynamiques des relations humaines. Écrit entre 2019 et 2024, cet ouvrage témoigne de l’intensité des épreuves traversées et de la maturation d’une vision portée par l’espoir et l’engagement. Une œuvre bouleversante et inspirante, qui invite à un voyage au cœur d’une destinée singulière et d’un rêve collectif pour le Mali.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Moussa Doudou Haïdara, économiste et acteur engagé de la vie politique et sociale, a contribué au processus de paix au Mali. Consultant expérimenté, il a dirigé des projets financés par des institutions telles que la Banque mondiale et l’Union européenne. Parti de modestes débuts à Kati, il a occupé des postes stratégiques auprès des ministères, de la primature et de la présidence. Aujourd’hui, il réalise son rêve en partageant ses expériences et sa vision du monde à travers l’écriture.

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Veröffentlichungsjahr: 2025

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Moussa Doudou Haïdara

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie se négocie, le pouvoir aussi…

Le Mali, mon projet !

Essai

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Moussa Doudou Haïdara

ISBN : 979-10-422-6115-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Avant-propos

 

 

 

La vie se négocie, le pouvoir aussi… le Mali, mon projet est un essai autobiographique dans lequel, j’ai souhaité partager ma vie d’enfance fragile à Gourma-Rharous, à Gao et à Bamako. Une enfance dans une grande famille de plus de 30 frères et sœurs, où le travail à l’école, au champ et au jardin était la boussole pour tous. Ce clin d’œil à la grande famille de feu doudou Haïdara va permettre à la centaine de ses petits-fils au Mali et à travers le monde d’y trouver leur socle social.

 

À travers cet ouvrage, je voudrais démontrer aux lecteurs que dans la vie, les seules actions salvatrices pour la survie et la paix avec les autres, étaient l’exemplarité dans les devoirs et responsabilités, le respect de la différence et la planification des projets. Raconter les histoires de ma petite enfance, l’amour et l’éducation que mes parents m’avaient donnés, les risques que je prenais malgré mon état maladif permanent est une invitation aux jeunes maliens et aux lecteurs à la résilience, au respect des parents et à la fixation d’objectifs à négocier pour la survie et le développement personnel. C’est pourquoi, j’ai consacré un chapitre à la vie négociée des Maliens tous les jours du 1er janvier au 7 juillet 2024, puis en relatant la suite des « 7 macabres », 7 septembre, 7 octobre, 7 novembre, 7 décembre des années 2015, 2023… histoire pour mieux comprendre comment chacun négocie sa vie chaque jour au Mali et dans le monde.

 

 

 

Il était important pour moi, de faire découvrir aux lecteurs, que la vie professionnelle se construit tous les jours, à travers des petits pas de métiers comme ouvrier jusqu’à atteindre les postes de responsabilité, et qu’il ne sert à rien de se hâter à atteindre le sommet sans expériences et expertises. La négociation professionnelle et sociale est une stratégie qui ne se déroule qu’avec le travail bien fait, et avec la confiance et la conscience que rien ne sera perdu, tout sera capitalisé.

 

Ayant travaillé environ 29 ans sur des chantiers, dans les entreprises, dans les projets et dans la haute administration, je voudrais démontrer les liens entre la vie, la négociation et le pouvoir, à travers mon parcours professionnel et politique, tout en invitant les lecteurs à éviter de mal négocier leurs parcours et leurs actes mêmes politiques. J’ai voulu à travers cet essai prouver que dans la vie, tout se négocie, et que même le pouvoir s’il est mal négocié sera perdu. Dès lors que tout se négocie, la négociation, qu’elle soit professionnelle, politique, sociale ou divine devient une stratégie pour marquer l’histoire et son prochain.

 

Cette narration de ma vie d’enfance, de mon parcours scolaire, de ma vie professionnelle et sociale, de mon petit parcours politique, m’ont conduit au partage des prises d’initiatives et de développement de projets, qui sont également devenus pour l’entreprenant que je suis des outils de négociation de partenaires, d’amis et de camarades politiques. C’est pourquoi mon indépendance dans la réflexion et la prise d’initiative s’est soldée par le militantisme dans deux partis politiques et dans une multitude d’associations à but non lucratif. C’est de cet esprit qu’est né le projet du Front des forces pour le changement et l’émergence (FFC-FORCE-FASO BENKO).

 

Cet ouvrage sur ma vie et ma vision pour le Mali de demain permettra aux lecteurs de prendre connaissance d’un ambitieux projet de société intitulé « Force Faso Benko ». Je voudrais à travers ce projet, démontrer aux Maliens que chaque citoyen, doit disposer d’ambition et travailler pour son pays, sans forcément être candidat à l’élection présidentielle. Dans ce projet, les volontaires engagés pour la paix, l’entente au Mali et l’émergence du Mali d’ici 2030 ont pour crédo de transformer notre pays par le travail, sur la base des valeurs et forces endogènes et à travers « paix-sécurité-réformes-gouvernance-capital humain et production nationale ». J’espère vivement qu’un jour, les Maliens comprendront qu’il faut être volontaires pour un véritable changement dans notre pays, et de façon désintéressée.

 

En effet, dans cet essai j’explore la notion de négociation dans tous les aspects de la vie personnelle et sociétale, en particulier au Mali. À travers des récits de mon enfance, mes expériences professionnelles et mes réflexions politiques, je défends l’idée que la négociation, loin d’être un simple outil, est une stratégie de survie, de gestion de pouvoir et de recherche de stabilité. Cet exercice m’impose d’analyser aussi les défis politiques, les alternances entre les régimes civils et militaires au Mali entre 1960 et 2024, et j’appelle de toutes mes forces à un modèle de gouvernance basé sur la responsabilité partagée à travers un régime parlementaire et la participation citoyenne. L’ouvrage aborde également la notion de négociation spirituelle et professionnelle, et se termine par la présentation d’un projet politique qui assure un avenir radieux pour le Mali.

 

 

Moussa Doudou Haïdara

Économiste

Chevalier de l’Ordre National du Mali

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

Le Mali est peuplé d’environ 22 395 489 habitants en 2022, avec une superficie de 1 241 238 km2, et disposant de dix-neuf régions, un district, 159 cercles, 474 arrondissements, 815 communes et 12 641 villages/fractions/quartiers. Une dernière tentative de planification du développement du Mali a été lancée le 21 décembre 2023 par les autorités de la transition, dénommée « Vision Mali 2063 » qui serait répartie sur quatre décennies. Il ne faut pas occulter que ces politiques et plans ne sont pas partagés par l’ensemble des Maliens, c’est juste une poignée de cadres maliens se trouvant dans les ministères et les directions, qui en parlent, à travers leurs éléments de langage, afin de mieux justifier leurs positions.

Du 22 septembre 1960 au 22 septembre 2024 se sont écoulés soixante-quatre ans d’indépendance, de gouvernance pour assurer le développement socio-économique aux Maliennes et aux Maliens. Soixante-quatre ans de régimes civils et militaires, où les dirigeants de notre pays ont tenté de tout mettre en œuvre pour que le Mali soit un havre de paix et un modèle dans la sous-région. Ont-ils réussi ou pas, la question ne se pose plus, mais avons-nous pu sauver l’essentiel en consolidant les acquis et en corrigeant les tares innées en notre société multiculturelle, multilinguistique et multiethnique ? Au lendemain des indépendances africaines, libérées du joug colonial de la France et des autres pays colonisateurs, les Maliens croyaient beaucoup à la politique et les partis comme le Parti soudanais progressiste et le Rassemblement démocratique africain ont animé la vie sociopolitique, dans les villes et villages du Mali avec des succès certains et des dérives constatées après coup. En novembre 1968, à l’arrivée des militaires au pouvoir, après huit ans de gestion civile, les Maliens avaient fondé tout leur espoir sur les nouvelles autorités qui, après 23 ans de règne, ont pu réaliser des progrès certains avec souvent à la clé la restriction des libertés individuelles et collectives, en essayant de ne faire exister qu’un seul parti politique, d’où la dérive fondamentale qui entraîna la chute du régime par le mouvement démocratique. En mars 1991, les militaires décidèrent de remettre à nouveau le pouvoir aux civils, en instaurant le multipartisme intégral, et les civils gèrent ce pouvoir durant une décennie, sans trop de difficultés, n’eut été la crise politique interne entre partis politiques de 1997. Toute chose ayant entraîné l’affaiblissement des partis politiques, et leur perte du pouvoir par l’arrivée d’un général à la retraite, ayant profité de cette fissure béante entre les civils et politiques tenanciers du pouvoir. Donc en juillet 2002, un autre régime militaire, sinon hybride avec une forte dose de civils aux postes clés, nous dirigea durant une décennie, avec une stratégie dite celle du consensus pour résister aux assauts des marginalisés, qui pourraient affaiblir le régime. Finalement, la grande rébellion de janvier 2012, avec le manque de visibilité pour un bon nombre de soutiens, en ce qui concerne la suite, eut raison de ce pouvoir militaire ou militaro-civil. Les militaires, toujours dans un rôle de veille sur les institutions et d’arbitre, reprennent à nouveau le pouvoir, avant d’organiser des élections démocratiques libres et transparentes, et un régime civil s’installa à nouveau à Koulouba, pour gérer le pays, pour dix ans, mais écourté par un coup de force, sept ans après, le 18 août 2020. De cette date à aujourd’hui, nous sommes dans la gouvernance militaire d’exception. Exception, parce que ce régime militaire n’arrive pas jusqu’ici à rétablir l’ordre constitutionnel et garantir un état de droit pour les citoyens. Exception, parce qu’il fait face à une guerre asymétrique, sans précédent, contre le terrorisme, qui ne sévit plus au nord et au centre seulement, mais tente de s’infiltrer dans la capitale Bamako, pour créer la panique et déstabiliser le pouvoir. En témoigne la dernière attaque terroriste complexe du 17 septembre 2024, ayant pour cibles le camp de l’école de la gendarmerie nationale, la base 101 de l’armée de l’air et l’avion présidentiel stationné à l’aéroport international Modibo Keita de Senou. Cette attaque lâche et barbare, ayant entraîné la perte en vies humaines de plusieurs jeunes élèves gendarmes en formation, visait à déstabiliser le régime militaire, à installer une peur au sein de la population qui se croit sécurisée à Bamako, et à mettre les populations dos à dos, en les poussant à se dénoncer et à se calomnier. C’est le lieu de saluer la promptitude et la bravoure par lesquelles, nos forces armées de défense et de sécurité ont pu circonscrire l’attaque et éliminer les terroristes. Aujourd’hui, notre pays est menacé de tous les côtés par ces attaques terroristes, qui essayent de frapper à l’improviste et généralement, là où personne ne les attend. Et de plus en plus, les populations civiles, les militaires au pouvoir, les partis politiques et la société civile comprennent que cette lutte contre le terrorisme ne se gagnera qu’avec la participation active de tous et de toutes.

 

Cette succession d’alternance de la gestion du pouvoir, entre les civils et les militaires, qui n’est pas près de s’arrêter, doit nous interpeller, et nous pousser à une réflexion plus profonde, plus courageuse, et une détermination sans faille pour que notre pays soit enfin stable, pour les générations futures. Tous nos efforts doivent être concentrés, pour le Mali de demain, sur des prévisions allant de décennie en décennie, mais pour les concepteurs d’aujourd’hui, comme d’ailleurs le firent nos devanciers, qui nous ont légué des patrimoines tels que le « Tombeau des Askia » construit en 1495 à Gao par l’empereur du Songhaï Askia Mohamed, la prestigieuse mosquée de Djenné construit en 1280 par le roi Koi Komboro convertit à l’islam, ou encore l’élaboration de la charte du mandé proclamée par Kurukan Fuga en 1236, au lendemain de la grande bataille de Kirina. Des réalisations faites par nos devanciers, dans le souci de nous léguer quelque chose de prestigieux et d’honorable, qui sont toutes classées dans le patrimoine mondial. Tant que nos hommes d’État, nos hommes politiques, nos dirigeants qu’ils soient militaires ou civils, n’auront pas de vision pour le mali futur, en évitant de dessiner le Mali sur la base de leur longévité ou de la durée de leurs mandants, difficilement le pays s’en sortira.

 

Certains se diront, pourquoi je vais de mes expériences de vies, de la vie quotidienne des Maliens en ce premier semestre de l’année 2024, et du principe de la négociation pour la vie, pour expliquer politiquement ce que je pense, et qui pourrait être un nouveau paradigme de changement pour l’émergence du Mali. D’autres se diront également que je n’ai jamais été un grand homme politique, même pas un grand commis de l’État, ou encore avec ma jeunesse relative, pourquoi parlerais-je comme quelqu’un qui a fini son mandat et sa mission de citoyen du monde pour le Mali. À toutes ces questions bien fondées, je tenterai de répondre, en ma manière en disant qu’en réalité l’homme qui se connaît bien sait que l’autre a la même valeur que lui, est sensible aux mêmes actes et gestes, et que l’homme s’inspire toujours mieux de ce qu’il vit, que de ce qui lui est raconté, d’où la nécessité pour moi de ne pas aller chercher loin, ce que je ne connais point, je dois parler de ce que j’ai vécu et ce que je sais. Ayant été convaincu dès le bas âge que la négociation est une arme redoutable dont disposeraient mêmes les nouveau-nés pour avoir ce qu’ils veulent, et que cette arme est utilisée par beaucoup dans le cadre de leurs croyances, pour attendre le temps divin de l’arrivée de la destinée, je ne pouvais m’empêcher de m’appesantir sur cette stratégie disponible et gratuite pour tout le monde. Ma conviction reste que la notion de grand homme politique, d’homme d’État ou d’homme important aux yeux des autres, est beaucoup plus liée à ce que l’on fait, aux actes posés et assumés, qu’aux titres souvent trompeurs et sans contenus. Mon autre conviction demeure, que chacun, en sa qualité de citoyen et de respectueux de son prochain, doit se sentir responsable au plus bas niveau de l’échelon, pour exiger des autres plus de responsabilité et de redevabilité, et qu’il ne faut pas attendre seulement quand on est dans un poste de responsabilité pour se sentir capable ou obligé de penser et offrir à son pays ses idées de projet. Ma troisième conviction, qui me poussa à aller de toutes ses bases évoquées plus haut, pour écrire cet essai politique, au bout de mes 54 ans, c’est que nul n’est éternel, et que le temps ne nous appartient pas, il joue contre nous, quand on n’agit pas, et il doit être utilisé avec efficience en servant son prochain. Cet essai politique m’engage dans une démarche citoyenne et patriotique, pour que sur la base de stratégies sans violences, sans arrogance et sans duperies, ni manipulation, fondées sur la négociation de ma vie de mon prochain, de ma mort certaine, mon pays soit un jour celui dont rêvent les 23 millions de Maliennes et de Maliens, de Kayes à Kidal, de Ménaka à Kourémalé. Une stratégie plus que nécessaire pour redonner confiance aux Maliens, pour remobiliser le capital humain en le mettant au centre du débat et au centre des actions de gouvernance, assurer le respect de la diversité et de la complémentarité, et enfin pour que les Maliens comprennent que sans une économie forte, soutenue par le travail et l’exemplarité, notre nation risquera de disparaître. Cette stratégie de négociation et de remise en cause de tout un chacun, qui est également l’occasion pour tous les Maliens, que le problème fondamental, n’est pas celui des alternances entre militaires et civils au pouvoir, mais reste celui de la qualité de l’homme et de son travail pour son prochain et surtout de façon désintéressée.

 

Cet ouvrage est écrit sur la base de mes expériences personnelles, et sur la vie des Maliens que j’observe tous les jours, et bien sûr, sur ma vision que j’ai pour mon pays, pour mon prochain, en six chapitres, avec souvent des chevauchements liés à la nature des évènements et du calendrier de rédaction, car certaines parties de cet ouvrage sont écrites entre 2019 et 2020, d’autres parties en 2021 et 2023-2024. Et ce sont des aspects qui concernent souvent tous les chapitres, d’où le chevauchement par endroit mais nécessaire pour la compréhension.

 

Le premier chapitre, portant sur les notions de négociations de la vie, du pouvoir et de la gestion du pouvoir, permet de comprendre l’interdépendance de ces mots pour tout cycle de vie, d’un projet ou d’une œuvre, quelle que soit sa nature, politique, collective ou individuelle. La constance de la dynamique de négociation chez un individu, dans une organisation ou dans un système de gestion de pouvoir, ainsi que la maîtrise des règles et des principes universels et souvent innés font que la vie elle-même doit être négociée, pour mieux réussir les projets. La négociation de son intégration dans la société, la négociation divine, celle qui est imposée par le parcours de vie professionnelle, celle que la gestion et l’incarnation du pouvoir nous obligent, sont des concepts qui, à notre avis, doivent être vulgarisés, pour que règnent sur notre territoire, notre espace de vie, le savoir-vivre, le savoir être et le respect des Lois naturelles et de la règle de droit. Vies, succès, échecs, négociations et pouvoirs sont intimement liés, pour celui qui met au-devant de ses préoccupations la non-violence et l’action pour le futur.

 

Le second chapitre consacré à ma vie d’enfance, à ma grande famille Haïdara, famille riche de sa culture, de sa noblesse, de sa grandeur et de sa dignité, où j’étais déchiré entre mes caprices et ma fragilité, mais déjà entrepreneur et très attaché à la fratrie dans toute sa grandeur. Je démontre à travers ce chapitre que même enfant, on développe des stratégies de négociation pour aller vers ses objectifs, afin de les réaliser avec le soutien de sa famille et de ses amis. J’ai eu l’immense plaisir sous ce volet d’évoquer la centaine de petits-fils de mon feu père Doudou Haïdara, de la riche éducation dont il nous a gratifiés, avec des mamans plus que gentilles et à la disposition de tous les enfants Doudou. Le seul challenge pour chacun des fils et chacun des petits-fils était d’aller apprendre à l’école française ou à l’école coranique en plus des travaux champêtres. Il avait su, malgré ses faibles revenus de fonctionnaire de l’État du Mali, négocier ce modèle de famille apaisée et réconciliée, qui doit inspirer plus d’un pour la cohésion sociale, le vivre ensemble et l’unité nationale. Cette éducation inculquée en moi m’a aussi permis de négocier mes priorités, de mettre au centre de tous les processus de ma vie d’enfance le travail acharné, la recherche de la paix avec souvent le goût du risque, sans lequel le changement est souvent impossible. Ces petites histoires de mes vacances négociées ou forcées, malgré mon état fragilisé par l’asthme, qui inquiétait beaucoup ma douce maman « May », ou encore cette histoire de la rencontre avec les hippopotames de Zindiga sur le fleuve Niger en partant à Tombouctou en 1982 sont tout simplement des épreuves et des leçons de vie qui nous obligent le respect et la considération aux parents. Elles nous montrent également l’importance de la négociation divine, à travers les prières pour réussir sa vie ou mieux mourir.

 

La vie négociée de tous les jours au Mali, qui m’inspira dès le premier janvier de 2024, à parler de ce que vivent les Maliens, comme sensations, comme désirs, comme vision et autres challenges liés à la sécurité, à la politique, à l’économie et à la gouvernance du pays, devenait une obligation dans ce chapitre trois. L’objectif étant de démontrer, que chaque Malien négocie sa vie, sa survie et son espace de vie face aux situations qui se présentaient tous les jours, et toujours différemment. Le régime militaire au pouvoir depuis quatre ans, à travers des actes, des décisions, des discours et autres réactions négocie perpétuellement son pouvoir avec le peuple malien, souvent en combinant la baïonnette et la carotte. Les partis politiques, les syndicats, les médias, les associations de la société civile également, à travers les attaques incessantes des terroristes, les restrictions des droits individuels et collectifs, essayent tant bien que mal de négocier leur existence, afin de jouer les rôles auxquels ils sont dédiés. Ce troisième chapitre nous donne également l’opportunité de faire quelques comparaisons, avec d’autres pays, d’autres continents, en invitant les autorités à ne pas contribuer à davantage isoler le Mali, ou en ne multipliant pas les fronts. Ce qui nous permettra de nous concentrer sur la lutte contre le terrorisme et le sous-développement qui assaillent le pays. Nous arrivons à démontrer, aux lecteurs qu’au Mali, tous les jours, durant ce premier semestre, la vie politique socio-économique et sécuritaire du pays est vibrée par des faits et actes, qui empêchent les autorités à se concentrer sur l’essentiel, a fortiori de faire des projections à long terme pour la nation malienne, qui est loin de se limiter à leurs petites vis d’êtres humains mortels.

 

Ma carrière professionnelle est intimement liée au rythme de vie de la nation, aux changements politiques, aux contextes et à mes orientations stratégiques, pour mieux servir mon prochain, à travers le travail toujours bien fait. Les chapitres quatre et cinq, nous renseignent sur comment disposer de l’arme redoutable de la négociation de sa carrière, par le travail bien fait, la rigueur et la droiture dans le travail. Commencer à apprendre à travailler, en acceptant d’être ouvrier sur des chantiers en 1996, avec le prestigieux diplôme de l’ENA1, n’est pas anodin, pour celui qui se construit ses voies et ses marches vers un sommet. Au contraire, il fallait bien le faire, pour ensuite prétendre superviser des équipes, être conseiller spécial, coordinateur de projet ou consultant international. La diversification de mes expériences, de bureau et de terrain, d’économiste s’intéressant à la santé publique, à l’éducation, au secteur privé, à la gestion des conflits, à la négociation et à la médiation, au désarmement et à la démobilisation des groupes armés, constitue pour moi le meilleur vivier pour servir les causes du développement, de la paix et du vivre ensemble, qui sont indispensables pour toute nation. L’élaboration des projets et programmes, au service de l’État, m’a permis dans ces chapitres de démontrer les challenges à relever en matière de négociation et de recherches de compromis sans compromissions, pour atteindre les résultats recherchés. Cinq années passées, dans les villages et campagnes de la région de Ségou, ont forgé mon attitude à négocier, avec les interlocuteurs. Souvent, même pour réaliser des travaux qui intéressent les villageois à plus d’un titre, ils se retrouvent dans des divergences et chacun voulant imposer son respect à l’autre, négocie son existence et sa capacité à dire non, même face à un donateur. Ma dernière fonction, que j’ai occupée en qualité de coordinateur général de la Commission nationale de désarmement de démobilisation et de réinsertion, durant 7 ans a été le tournant décisif de cette posture de négociateur à écrire pour servir l’histoire et mon pays, pour les générations futures. C’était un poste âprement négocié par celui qui voulait que je vienne l’assumer, et la seule force opposante négociatrice pour moi était la qualité de travail, la rigueur et l’organisation dont je disposais. Ce tournant décisif s’explique, par le fait que c’est durant cette période que je tombai gravement malade, et eus pris un engagement divin sur mon lit d’hôpital de servir mon pays, à travers ce projet, si je sortais vivant de l’intervention chirurgicale de mars 2019.

 

Le sixième chapitre de l’ouvrage est consacré aux fondements de l’offre politique citoyenne du nouveau paradigme, qu’est la FORCE Faso Benko2, ou encore le projet politique « Changeons le Mali par nous-mêmes »3. Ces fondements sont décrits dans de synthèses situationnelles, avec des questionnements qui doivent être répondus sans faire le faux-fuyant, avec détermination, sens élevé de remise en cause et de responsabilité partagée, sur tous les aspects de la vie sociopolitique, sécuritaire et économique du pays. Les perpétuelles accusations des régimes en cours et des régimes précédents, qui aveuglent les dynamiques de changement, en les transformant en des débats souvent inutiles et interminables, constituent la base essentielle de ces fondements, en invitant les Maliens à s’inspirer du passé pour construire l’avenir et avec la participation de tous les citoyens sans exclusive. Le débat n’est plus au niveau d’entre militaires et civils, quel pouvoir faut-il pour le Mali ? La question et le vrai débat c’est l’homme malien, qu’il soit rural ou urbain, qu’il soit enseignant civil ou militaire, il faut tout simplement des hommes qui incarnent eux-mêmes le changement, par l’exemplarité et l’humilité. Nous avons essayé les régimes civils ; nous avons essayé les régimes militaires ; nous avons signé des accords de paix pour mettre fin aux crises cycliques ; nous avons organisé plusieurs états généraux, sur tous les secteurs et domaines de la vie sociopolitique économique et culturelle du pays ; nous avons créé des centaines de partis politiques, des milliers d’associations ; finalement pas de paix au rendez-vous, pas de développement in fine, pas de changement souhaité par les Maliens. Alors même que c’est le vrai problème pour lequel tout ce que nous essayons comme démarches ou actions finit par ne pas marcher. Nous sommes allés jusqu’à des changements de constitutions à trois reprises, qui semblent jusqu’ici ne pas servir le Mali. Nous devrons avoir le courage de jouer sur ces deux paramètres, constituant pour nous les leviers du changement pour l’émergence du Mali. Il s’agit de la valeur « travail », en arrêtant de faire semblant de travailler parce que l’État aurait fait semblant de payer ses fonctionnaires et travailleurs ; et de la réforme profonde et courageuse permettant de changer de régime, en allant à un régime parlementaire pouvant mieux impliquer les populations dans la gestion de leurs propres affaires et en évitant de continuer à concentrer tous les pouvoirs dans les mains d’un Président, d’une famille, d’un clan. Étant donné que ce système entretient et nourrit le népotisme, la corruption et l’impunité. Dans ce chapitre, nous tentons de démontrer finalement que la majorité des luttes politico-intellectuelles menées dans notre pays se font dans le seul souci d’accéder aux ressources de l’État, pour enfin vivre au dos de l’État. Le seul contenu donné jusqu’ici aux porteurs supposés du changement, à chaque coup d’État ou à chaque alternance, est celui de bouger pour que je prenne ta place. C’est une immense tristesse, que de remarquer, que dans un pays, comme le Mali, on ne comprend le changement qu’à travers un concert de chaises musicales, sans jamais le contenu souhaité par le peuple au nom duquel tous s’expriment. Même au niveau du secteur privé, vous comprendrez que ceux qui vivent au dos de l’État, avec les marchés et les commandes de l’État, sont les plus riches, les moins contributeurs d’impôts, les moins créateurs d’emplois, et ne se soucient point des structures et organisations d’encadrement du secteur privé. Vous trouverez que ceux qui s’occupent de ces structures pour mieux s’organiser pour ne pas disparaître sont ceux-là qui créent de la valeur ajoutée, qui payent des impôts et taxes, qui distribuent des revenus à des milliers de travailleurs, et qui soutiennent la structure économique nationale de production pour les consommateurs. La paix et la sécurité sont devenues les denrées rares recherchées par tous les citoyens, la sécurité est même devenue un bien de première nécessité, qu’il faut rechercher à tout prix pour vivre. La gestion centralisée du pouvoir, dans laquelle le pays s’est engouffré et s’est enlisé, a fait de Bamako une poudrière, qui peut exploser à tout moment, et devient du coup le facteur le plus déstabilisant des institutions du pays. Le capital humain, son utilisation à bon escient, qui assure la participation utile de tous à la gestion du bien public, doit être au centre des préoccupations et des politiques sectorielles.

 

Le présent projet politique, « Changeons le Mali par nous-mêmes », fait appel à la citoyenneté, à l’exemplarité par le travail, à l’humilité à la reconnaissance des valeurs, à la valorisation de notre culture, à la revalorisation du statut et du rôle de nos légitimités traditionnelles coutumières et religieuses, dans une administration fortement décentralisée, qui ne va plus considérer les citoyens des régions et des villages comme étant des Maliens de seconde zone, mais au même titre que ceux de Bamako et de la nouvelle capitale politique au centre du Pays. Le projet Force Faso banco pour le Mali de demain, pas de celui de notre génération, est un projet à long terme, évalué en besoins pour un premier plan quinquennal d’environ 30 000 milliards de francs CFA, dont les deux tiers, soit 20 000 milliards de francs CFA pour le seul pilier de la production nationale. Les dix mille milliards de francs CFA sont à investir sur les trois autres piliers, à savoir la paix et la sécurité, la gouvernance et les réformes politico-institutionnelles, et le capital humain.

 

 

 

 

 

Chapitre I

Négociations, vies et pouvoirs

 

 

 

La négociation, pour faire simple, est un processus de communication et d’échanges entre au moins deux parties dont l’objet concerne l’organisation d’une relation ou le règlement d’une problématique entre celles-ci. La négociation se fait généralement, dans l’intention d’obtenir une contrepartie, c’est pourquoi on peut dire qu’une négociation est toujours effectuée par intéressement à quelque chose. Dieu, notre créateur, nous a créé pour l’obéir, donc faire des obligations de prières et de bons comportements, et nous nous mettions volontiers, en espérant avoir sa reconnaissance, cette reconnaissance divine, qui nous permettra d’aller inéluctablement vers l’au-delà et le paradis, notre objectif ultime de vie. On ne vit pas pour vivre, on vit, en attendant la mort, et donc qu’on négocie la vie ou qu’on ne négocie pas la vie, on finira par mourir, alors on négocie la mort, une belle mort, qu’elle ne soit pas souffrante, qu’elle ne fasse pas souffrir les autres, et qu’elle se fasse dans de bonnes conditions, pas dans le feu ni en nous découpant par morceau à la hache. Pour ne pas mourir bêtement, on évite la faim, on évite les guerres, on évite le feu, on évite de toutes ses forces, ce que l’on peut éviter, en étant convaincu qu’un jour cette mort ne sera pas évitée, quoi qu’on fasse.

 

La négociation est une activité́ qui met en interaction plusieurs acteurs qui, confrontés à la fois à des divergences et à des interdépendances, choisissent (ou trouvent opportun) de rechercher volontairement une solution mutuellement acceptable.

Christophe Dupont

 

La négociation est un dialogue centré sur un problème à résoudre et visant un accord mutuellement acceptable.

Arnaud Stimec

 

Une négociation classique suppose l’existence de trois conditions : Il y a un « objet » à négocier, il y a une interdépendance des négociateurs, il y a une volonté́ commune de parvenir à un accord mutuellement acceptable. Étant donné, que cette démarche classique, les parties c’est-à-dire les négociateurs doivent se reconnaître légitimes, d’où souvent les notions de mandat, de mandant et de mandataire.

 

J’ai voulu, dans cet ouvrage, parler de la négociation sociale, à travers ma vie d’enfance, d’adolescence et d’adulte, de la négociation professionnelle et politique, à travers mes expériences professionnelles et politiques, même si elles restent très modestes, car je ne fus pas un grand homme politique ou même grand cadre de l’État, comme on le dit. Et surtout que nous ne serons pas dans le cadre des négociations classiques, où les parties sont visibles et reconnues comme telles, nous serons dans une négociation de fait, et dans une logique d’obtention d’accord de satisfecit, quoi qu’il en coûte. Qu’à cela ne tienne, on le sait que toute négociation passe au moins par trois étapes, celle de la préparation, celle du déroulement et celle de la conclusion d’un accord, qu’il soit écrit, verbal ou tout constaté et qu’on le vive dans son âme. Une négociation est certes un processus, mais ne s’impose pas seulement qu’en cas de conflit, même si l’on peut également retenir que l’homme est permanemment en conflit intérieur, entre ses émotions, ses envies et ses désirs, ses échecs et autres contrariétés. Mais ces conflits internes, l’empêchant souvent de vivre sa paix intérieure, le poussent constamment à négocier et à se développer des stratégies de négociation, d’où l’intérêt pour nous de comprendre que la vie de tous les jours, depuis la naissance est négociée, avec des exploits et des échecs, pas toujours partagés, encore moins toujours vus ou sus par les autres, la société.

 

Ces trois étapes incontournables, à savoir la préparation, le déroulement et la conclusion, peuvent être déclinées en six autres ou plusieurs étapes, selon le contexte et la démarche spécifique dans laquelle, on pourrait se trouver. Cela n’exclut pas que l’on puisse se retrouver dans des situations où l’on négocie son passage sans avoir eu ni le temps de préparation, encore moins le temps de s’appesantir sur le contenu d’une conclusion, on constate tout simplement, qu’on est à bon port. Le nourrisson qui crie pour réclamer le sein maternel, ou son biberon, n’a pas besoin de se préparer pour ça, il le manifeste et se régale du résultat qu’il aura obtenu. Face à un danger imminent, imprévu d’un lion en face, le chasseur développera des réflexes instantanés, car il n’aura pas le temps de réfléchir sur une quelconque préparation. Toutefois, notre équipe gouvernementale au processus d’Alger, particulièrement celle chargée des questions de justice, de réconciliation et des gestions humanitaires, sachant le processus annoncé, s’était donné le temps de s’outiller à travers une série de formations avec la coopération suisse, pour apprendre les rudiments d’une négociation et même d’une médiation, pour in fine être bien préparée avant de s’y rendre. Je ne voudrais pas m’attarder sur le processus de négociations d’Alger, car il sera développé dans un second ouvrage dédié exclusivement au processus de paix du Mali. Dans le monde d’aujourd’hui, devenant de plus en plus complexe et dur à vivre, chaque individu doit développer pour son propre compte, ce que l’on appelle les trois « P » d’une négociation réussie, c’est-à-dire la préparation, la persévérance et la patience. Même si le nourrisson, ne va pas préparer sa requête légitime d’obtenir du lait, il va tout de même être persévérant à insister sur les cris, pour qu’enfin il soit satisfait. Si notre équipe de négociation à Alger n’avait pas préparé cette négociation, elle n’allait pas supporter certaines interventions de nos interlocuteurs des mouvements armés, avec des propos souvent déstabilisants et désobligeants ; et si nous n’avions pas été persévérants, obtenir un accord avec des acteurs en face, qui étaient en position de force serait impossible ; et si nous avions perdu patience, nous n’allions pas obtenir un accord, après huit mois de négociation. Si je n’avais pas préparé, persévéré et patienté, je n’allais jamais obtenir de mes parents leur accord pour voyager en bas âge, ou aller étudier à Gao chez mon grand frère Mohamed Haïdara, dit Baba béro ou Baba le grand. Il fallait bien que je persiste et que je patiente en acceptant les délais. Si l’enseignant, qui se trouve en face d’un élève, qui n’apprend pas facilement, venait à perdre patience, il n’obtiendra pas de résultats concluants ni pour lui encore moins l’élève apprenant. Dans la vie de tous les jours, on agit avec persévérance et assiduité, on fait ses prières avec patience pour que la négociation divine avec notre créateur aboutisse. Le conducteur imprudent, qui ne saura pas négocier son passage, se retrouvera dans les ravins, et n’aura pas un résultat concluant. Dans cette vie, tout est négociable, et tout doit être négocié, sinon l’on risque à chaque fois de passer à côté de ce que l’on recherche, mais sans jamais rater la finalité, qu’est la mort. Au fait, on l’aura négocié nous-mêmes et en l’anticipant.

 

Dans la société malienne, toutes et tous négocient leurs existences avec les voisins, avec les amis, avec les parents, pour que l’on ne soit pas désagréable, vis-à-vis des autres. Cette négociation se prépare, se déroule et se conclut chez chacun selon ses moyens, son éducation, sa culture, sa religion et ses connaissances. En acceptant, dès ma sortie de l’École Nationale d’administration, avec mon diplôme en poche, d’aller faire le manœuvre dans les champs de Kati, je négociais l’entrée dans cette vie complexe professionnelle en me préparant à « avaler les plus gros crapauds », pour que le reste soit plus facile et concluant pour moi. Il fallait effectivement de la préparation mentale et physique, de la persévérance et de la patience, pour ensuite disposer de tout le bien que notre créateur a bien voulu m’offrir, à travers les autres Maliens auprès desquels je négocie tous les jours. Cette négociation divine n’est pas antinomique avec celle physique avec les autres de la société, de la vie professionnelle et politique. Le tout se tient et se complète dans un pacifisme assourdissant, que chacun doit écouter à travers son corps et les destinées. Heureusement pour moi, avant même de bien comprendre le sens du verset coranique « Iyya kanabouudou wa iyya kanastaghinou », j’avais pu avec le réflexe de la négociation divine m’éloigner de l’ostentation et de l’orgueil.

 

Tout individu, toute organisation ou tout État, pour réussir une bonne négociation, doit se conduire impérativement en ayant ses quatre (4) principes : traiter séparément les questions de personnes et le différend ou le problème à régler, se concentrer toujours sur les intérêts en jeu et non sur les positions des uns et des autres, s’imaginer toujours et à l’avance des solutions gagnant-gagnant avant de conclure un quelconque accord, et exiger des critères très objectifs de négociation entre les parties. Ces principes, que l’on soit dans une démarche, personnelle ou organisationnelle ou collective, faciliteraient des résultats probants aux négociateurs. Ce sont des principes, qui permettent aux négociateurs de rester focus sur leurs objectifs, et que des obstacles momentanés ne les poussent pas à oublier leurs objectifs, et de se dire qu’ils peuvent changer de stratégie souvent, ou de propos très souvent ou même de revoir leurs indicateurs, mais en ne changeant pas de sitôt leurs objectifs.

 

Pour ne pas arriver à une rupture de négociation, les individus de même que les organisations et États doivent avoir à l’œil les cinq « C », c’est-à-dire communiquer, collaborer, faire des compromis, rester calme et accepter le changement. La négociation est un art qui s’apprend et qui se développe, et qui évolue selon les objets, la nature et les acteurs. Il ne faut pas s’essayer, il faut l’être et s’engager, pour obtenir des résultats, gagnant-gagnant. Souvent des parties en négociations impréparées ne peuvent comprendre les enjeux, et même leurs intérêts à avoir un accord, il faut communiquer et être collaboratifs pour le leur faire comprendre. Dans le cas des médiateurs en présence, il faut toujours comprendre et accepter que les médiateurs aussi ont des intérêts en lien avec les enjeux, d’où la complexité des négociations et l’intérêt de faire des compromis, pour accéder à une conclusion mutuellement bénéfique.

 

La négociation sociale fait généralement appel à des accords concluants entre un employeur et ses travailleurs, qui leur permettent de faire des compromis sur leurs intérêts, pour que vive l’outil de production dans un schéma gagnant-gagnant. Mais la négociation sociale, dans nos sociétés africaines, fait appel aux compromis des uns et des autres dans un environnement très complexe et multi acteurs, pour que règne la paix sociale entre les individus, les groupes, les familles et les catégories socioprofessionnelles. C’est un exercice permanent sur tous les sujets de vies quotidiennes, pour les enfants, les jeunes adolescents et les adultes, dans les espaces professionnels, les aires de jeux, les espaces d’apprentissages et de formation, les champs, les pâturages, les mosquées et tous les lieux de prières.

 

Dans la négociation « divine », à laquelle rares sont les personnes qui échappent, il y a des éléments clés, qu’il faut appréhender pour réaliser ses objectifs. Il s’agit tout d’abord d’avoir des objectifs clairs à atteindre, qui ne doivent souffrir d’aucune ambiguïté. Ce qui vous permettra d’aligner vos objectifs aux intentions réelles, aux valeurs et principes que vous incarnez et que ceux-ci ne soient pas contraires à vos croyances religieuses. C’est très important, car vous ne pouvez négocier vos souhaits, vos objectifs et votre volonté de changement qu’à travers la religion que vous pratiquez. Secundo, la croyance en soi et la confiance en ses propres capacités à atteindre ses objectifs vous aideront à voir les résultats intermédiaires invisibles à celui, qui n’est pas dans cette croyance et qui ne partage pas votre foi. Avec cette foi, vous arrivez à positiver tous les obstacles et les transcender sans être découragé dans votre démarche religieuse basée sur la foi et la confiance en ses croyances. C’est ainsi que la prière, la méditation et le dialogue intérieur, dans lesquels vous vous mettrez, vous aideront à accomplir, à comprendre, et à accepter les intuitions et les signes que seuls vous, êtes capables de lire et interpréter en votre faveur, interviendront dans les cadres de la négociation « divine ». La persévérance et la patience vous aideront à accepter le « timing divin » des choses, que vous attendez et que vous aurez et accepterez de la façon dont notre créateur les a présentées ou les a accomplies pour vous. Le « temps divin », qui est relativement lent et dans le long terme, permet effectivement de redoubler de persévérance dans les efforts accomplis, et d’attendre sans y perdre confiance. La négociation « divine » ne repose pas seulement sur les prières et la foi. Elle doit être accompagnée d’actions, et en toute responsabilité en déployant les moyens qui s’imposeront à vous, pour atteindre votre objectif dans l’honorabilité, la dignité, en attendant la récompense divine du comportement de générosité et d’intégrité que vous aurez incarné sans en contrarier vos convictions religieuses. Ces actions et moyens déployés pour accompagner la foi et les prières doivent être guidés par un sens élevé d’éthique et de respect envers l’univers, vous-mêmes et les autres. En négociation « divine », l’humilité et la gratitude, envers le divin, par rapport aux résultats accomplis ou en passe d’être accomplis, doivent être de mise. C’est un mécanisme, qui permet aux êtres éprouvés de tirer des leçons de la vie, de positiver les échecs, et de redoubler d’efforts dans le sens de la responsabilité et de l’éthique, toutes choses qui attirent la reconnaissance divine. Une fois, que nous aurions tout fait, les prières et méditations, les actions et les preuves de responsabilité et de comportement, nous devrons être prêts à chaque fois que le divin nous y guide, à procéder aux changements nécessaires et faire preuve de lâcher prise. Dans la négociation « divine », le temps divin étant à la portée du seul créateur, nos objectifs initiaux peuvent être modifiables, pour souvent atteindre des résultats encore plus proches, de nos valeurs de croyance et de ce que nous sommes profondément dans l’âme. La négociation politique, la négociation sociale et la négociation professionnelle peuvent toutes faire appel à la stratégie « divine », pour atteindre ses objectifs initiaux ou intermédiaires.

La négociation professionnelle est une stratégie de gestion de son parcours de vie et de vies, pour atteindre un sommet. C’est une stratégie, qui nous permet, sinon qui nous oblige, de négocier avec nous-mêmes souvent nos ambitions, nos moyens, les opportunités, les risques et contraintes, et de façon à trouver un compromis pour se satisfaire de soi. Il nous arrive très souvent, pour intégrer une organisation, de négocier notre rôle, nos positions, nos principes, et même le regard et le respect, pour mieux nous intégrer et ne pas nous faire éjecter prématurément. Dans cette démarche d’intégration, nous analysons les enjeux, les défis et les compétences et connaissances des acteurs en présence. Ainsi la négociation devient pesante avec plus de concentration, pour éviter beaucoup trop d’erreurs. Dans l’optique d’une négociation stratégique de notre parcours professionnel, nous faisons appel à nos compétences, nos valeurs, à notre générosité, au partage et à la solidarité, en vue d’être plus utile aux autres, en jouent souvent au gestionnaire de conflits, et même pour la sécurité des autres, et aussi pour se faire des alliances utiles, pour les réunions et les démarches collectives éventuelles. Dans un parcours professionnel, on ne devient pas du jour au lendemain un coordinateur de projet, il faut au moins tendre vers ça, commencer par coordonner des actions, de deux ou trois personnes, d’apprendre à superviser, sans que vous ne soyez appelé coordinateur, avant de pouvoir l’être un jour. Aussi, vous ne devenez pas du jour au lendemain directeur, la carrière se négocie au fur et à mesure que vous avancez, vous prouvez vos compétences, vous arrivez à guetter les opportunités, à écarter les risques. Vous négocierez par le travail et le comportement de mois en mois, ou d’année en année pour pouvoir être un jour directeur de service. Devenir chef de chantier, superviser des ouvriers, n’arrive pas du jour au lendemain, vous devrez prouver vos compétences, vos expériences avant de prétendre à négocier ce genre de poste. En réalité, dans la négociation professionnelle, on négocie beaucoup avec soi, pour grimper les échelons, et naturellement en face, les compromis se dessinent d’eux-mêmes pour vous permettre d’accéder aux résultats attendus. Pour être à un poste de conseiller spécial d’un président, il vous faudra prouver que vous avez acquis, au fil du temps, des analyses et à donner des avis souvent pertinents, et que vous compreniez par ailleurs, qu’un conseiller donne son avis, mais n’oblige pas son chef à appliquer cet avis. Le cumul des expériences, aide le jeune stagiaire à négocier un poste de contrat à durée déterminée pour prouver ses compétences, et le même cumul des expériences, l’offriront une opportunité de choix, à négocier pour souvent des contrats à durée indéterminée. Celui qui ne dure pas dans ses postes, qui démissionne chaque année, aura diffament à convaincre dans une négociation, qu’il contribuera à relever les défis qui s’imposent à l’organisation, surtout si ces défis ne sont pas à relever dans un si court terme. Il ne fera pas preuve de persévérance et de patience, qui doivent être des principes directeurs en matière de négociation stratégique. Si je n’avais pas une petite expérience de la politique de santé au Mali, ma stratégie de négociation à l’interview de AFRICARE4, allait être plus compliquée, donc pas d’expérience cumulative à présenter. De même si je n’avais pas montré mes preuves de compétences et de connaissances sur le secteur privé, avec l’élaboration de projets/programmes, aucune négociation stratégique ne me permettra d’être à la chambre de commerce d’industrie du Mali, au Conseil national du patronat du Mali, et même être consultant international pour des cabinets européens sur le secteur privé dans l’espace UEMOA5. Ma stratégie de négociation pour être dans le processus de paix au Mali, a consisté d’abord à m’intéresser aux questions de paix et de vivre ensemble, à travers des activités bénévoles de la société civile, pour ensuite me retrouver au ministère de la Réconciliation, puis dans les négociations à Alger, puis dans le suivi de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, signé le 15 mai et le 20 juin 2015, avant de me retrouver au cœur de la mise en œuvre de cet accord, à travers la commission nationale de désarmement-démobilisation et de réinsertion. La persévérance et la patience sont impérativement passées par là, et la concentration et le déploiement de moyens d’action étaient également de mises dans la préparation, pour atteindre cet objectif. Ce processus de négociation de mon parcours de vie professionnelle, dans le processus de paix et de réconciliation, avec des expériences cumulatives, à lui seul a été presque le tiers de ma carrière professionnelle.

 

La négociation politique fait penser au pouvoir des régimes en place, qui souvent négocient pour la gouvernance apaisée avec les forces de l’opposition politique. Mais cette négociation politique, est existentielle pour les hommes politiques, pour gérer leurs carrières professionnelles et politiques, et qui généralement fait appel au long terme, donc à la persévérance et à la patience. Au mali, et dans beaucoup de pays africains, le fait du nomadisme politique, tel que défini, a pris le pas sur les négociations politiques, pour réaliser des objectifs nobles au bénéfice des populations. Dans le cas du présent ouvrage, je voudrais effectivement démontrer, que la négociation politique, a des objectifs, et ça fait partie intégrante de la négociation de la vie, tout court, sinon de la vie existentielle pour ceux qui, en réalité professionnellement parlant, ne peuvent en aucune manière, ne pas s’occuper du développement de leurs terroirs, et des questions rapportées à la nation et à leurs prochains. La politique, étant portée par des idéaux, une volonté de servir, et non pas l’envie de se servir des autres, devrait permettre à ces hommes généreux et intelligents d’évoluer avec le contexte, et d’être flexibles, pour ne pas s’enliser dans des discours et idéaux obsolètes, qui ne servent plus la cité. J’ajouterai que le noble métier qu’est la politique, l’action de servir et de s’occuper de son prochain, ne doit pas enrichir un homme, au contraire, elle doit l’appauvrir matériellement, en l’enrichissant de générosité d’intelligence, d’empathie, de solidarité et de partage. En faisant la politique, c’est exactement l’esprit que je me fais de cette activité, qui de toute façon est toujours secondaire, dès lors qu’il ne doit pas faire vivre son homme, mais lui permet de servir l’autre et de façon désintéressée. C’est pourquoi un régime, qu’il soit militaire ou civil, a besoin souvent de négocier avec les opposants, pour stabiliser la situation politique, et pouvoir mettre en œuvre son programme gouvernemental. Cette posture, s’est pratiquée au Mali, de la première à la dernière République, souvent pas avec engagement, sincérité et bonne foi des acteurs, et donc forcément donnerait des résultats mitigés. En 1991, le général Moussa Traoré recevait le mouvement démocratique, pour désamorcer la crise, qui couvait déjà depuis longtemps, à savoir l’ouverture démocratique. Il se trouvait que les opposants à son régime le sentaient déjà très affaibli, dans ses mots et par les faits liés aux morts, qu’ils en voudraient beaucoup plus que l’ouverture démocratique. Alors, l’on pouvait décliner qu’il s’était mal préparé à cette négociation politique, et a finalement perdu le pouvoir par le coup d’État du 26 mars 1991.

Pendant la troisième République de Son Excellence monsieur Alpha Oumar KONARE, la crise qui l’opposait au COPO6, aurait été mieux négocié par lui, que les opposants qui ont fini, par se retrouver en prison, ce qui lui a permis de boucler son second mandat sans encombre. Pendant toujours la troisième république, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita, sentant la crise postélectorale déstabiliser son action gouvernementale, avait négocier avec l’opposition à travers l’APG7, pour résister quelques mois de plus, pour ensuite mal négocier avec la même opposition renforcée représentée par le M5RFP8. Finalement, cette mauvaise négociation politique avait eu raison de son pouvoir à travers le coup d’État du 18 août 2020. Dans tous les cas, tous les régimes, même sans crise, se sentent très souvent obligés de tenir des discours et des postures, pour négocier leur stabilité avec les populations et les secteurs organisés. Vous m’en voudrez certainement, si je ne fais pas allusion aux négociations avec les groupes armés pour la stabilité et la paix, à travers l’accord préliminaire du 18 juin 2013 à Ouagadougou qui aurait permis d’organiser les élections la même année sur toute l’étendue du territoire national ; et l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger, signé le 15 mai et le 20 juin 2015 à Bamako. Ces deux négociations, réalisées par deux régimes différents, si elles n’avaient pas été bien menées, avec l’aboutissement de ces accords, pourraient précipiter le pays dans l’abîme. Il est vrai que la sécurité humaine, la sécurité tout court, ne cesserait d’être négociée, au niveau de chaque individu, et au niveau de toute organisation, quelle que soit leur puissance. Pour tendre vers celle-ci, même si l’on sait que l’avoir sur terre serait une illusion.

À propos, le général américain Douglas MacArthur disait, je cite : « La sécurité n’existe pas sur terre. Il n’y a que des occasions. »9 L’homme politique, auquel je fais allusion, et qui négocie ses capacités et connaissances, à travers sa générosité et son intellect, n’est pas le cadre compétent intellectuel du quartier, qui du jour au lendemain devient ministre, par népotisme, et se met à faire bitumer sa rue, hors plan d’aménagement de la ville, et qui se met à regarder les voisins du quartier de haut ; mais je fais allusion à cet enseignant, qui sacrifie ses week-ends, ses heures creuses, pour s’occuper en réunions politiques dans son comité, dans sa section, des problèmes de son quartier, de son village, de sa ville, de son pays, et très souvent dans l’anonymat, et qui comprendra que c’est grâce à cette prise de responsabilité qu’il aura un jour la destinée politique de s’occuper de son prochain et de son pays. Les ambitions des hommes politiques, de ces hommes et femmes qui se sont dédiés à ce noble métier auquel je fais allusion, et parmi lesquels je m’inscris volontiers, sont toujours supérieures à leurs moyens, et c’est pourquoi, ils peuvent les réaliser, parce qu’ils ne confondent pas les moyens du collectif de l’État, à leurs propres moyens, qui ne leur permettent que de donner « le prix du condiment », mais pas pour construire les ponts dont ils parlent en réunion. J’ai lu dans un livre écrit sur le leadership appelé « les Lois du succès » de NAPOLEON HILL10, quelque chose qui m’avait encore conforté dans mes pensées politiques. Il disait ceci, je cite : « À un homme ayant très bien réussi, on demanda : devant les grands défis de la vie, qu’est-ce qui vous a aidé à les dépasser ? Il répondit : d’autres défis ! » Pour moi, c’est cela la politique, et c’est exactement de cette façon qu’un homme politique digne du nom, doit se comporter face au peuple et face aux situations. Je dis très souvent à mes enfants, et aux jeunes avec lesquels je cause souvent des choses de la vie, « vous savez ! je me sens heureux quand je sens que je procure de la joie chez les autres, à travers ma disponibilité, mes conseils et autres partages, peu importe ce que ça me coûte comme sacrifices ». Je leur dis très souvent, ne laissez pas les occasions passer, dites ce que vous pensez, dès lors que vous êtes conviés à cela, peu importe la suite, qu’ils vous comprennent ou pas, mettez-vous à l’aise, en partageant votre pensée, car le partage enrichi, il n’appauvrit point. Ce désir de partager mes idées, de dire mon point de vue, et de me sentir épanoui politiquement c’est-à-dire en donnant, pas seulement en recevant, faisait partie des motivations, qui m’avaient poussé à quitter le parti MPR11 en 2007 qui était très verticalement dirigé. Ce qui me permettra de faire une pause sinon une immersion dans la société civile jusqu’en 2012, pour ensuite me retrouver au RPM. Ce désir, cette volonté et cet engagement à exister par mes propos et ma compréhension de la chose politique étaient à l’origine de ma bataille, sinon ma négociation politique, pour être membre du bureau politique national du RPM12. Je le confiais très souvent à des amis que mon objectif d’être là au sein du BPN est atteint depuis très longtemps, c’était juste que je voudrais à chaque fois qu’on parle de l’état de la nation, exposer mon point de vue sans influence aucune, de qui que ce soit. Ma liberté d’expression pour moi n’était pas négociable en politique, même si c’était aussi ma seule et unique façon de négocier ma carrière politique. Je savais pertinemment que c’était difficile d’avoir des promotions politiques, à des postes, car j’étais conscient de la présence des scorpions noirs, qui ne piquent que lâchement dans ton dos, jamais devant et en face de toi. Là également, mon arme, ma stratégie de négociation était entretenue par le fait que j’étais déjà conscient que les scorpions, qui piquent et ceux qui parlent, n’existent pas en réalité, donc ne peuvent faire l’objet de débats ou de calomnies, ils sont vraiment inexistants pour moi.

À propos, dans le même livre de Napolleon Hill, sur les clés du succès, le sénateur américain Dwight Morrow13 disait, je cite : « Le monde est divisé en deux catégories : ceux qui agissent et ceux qui en reçoivent le crédit. Faites tout votre possible pour appartenir à la première catégorie. Il y a beaucoup moins de concurrence ». Dans ma négociation politique, je ne tergiverse pas sur la persévérance, car j’ai été toujours convaincu, que même pour démasquer les mensonges de longue durée à tendance véridique, il faut de la persévérance et de la patience, point de jugement de l’autre sur la calomnie des colporteurs, jusqu’à ce que toutes les vérités soient dites, car leur permanence ne fait aucun doute, comme le caractère éphémère de tous les évènements ne fait l’ombre d’aucun doute. Il fallait toujours pour moi, mettre l’accent sur ce que je savais faire de mieux, techniquement à travers mes compétences et mes connaissances acquises, pour accéder au pouvoir politique, et ça marche, car il vaut mieux s’investir totalement dans ce que l’on maîtrise, que de passer son temps à revers de fausses élections, devenues presque comme la « pieuvre de Hugo14 » pour les institutions maliennes. Cette négociation politique, de ma carrière professionnelle, stratégiquement m’a toujours poussé, à mettre au service de la politique mes connaissances techniques, pour apporter de la valeur ajoutée, et en me disant que l’apport sera toujours la joie que ça me procure en sentant, que les autres apprennent du peu que j’apporte en toute modestie sur la table. Par exemple, le seul et unique poste politique auquel j’ai été appelé, qui était celui de chargé de mission auprès de Choguel Kokalla Maiga, ministre de l’Industrie et du Commerce, m’avait en 14 mois permis d’y mettre un effet multiplicateurimportant par le travail acharné, l’engagement sans réserve à donner satisfaction à mes chefs, et mon sens de partage de mes expériences de terrain du PJSE15, et des premiers pas du cabinet Binco Faso16, de manière que même en voulant faucher l’herbe sous mes pieds, ça été des tentatives vaines, car j’étais déjà loin dans un milieu où la concurrence n’était pas au rendez-vous. Je rends hommage à mon président de parti d’alors, pour m’avoir nommé au poste de chargé de mission au ministère du Commerce et de l’Industrie, car il n’est pas donné à tous les hommes politiques, ce sens de partage et de reconnaissance. Certains, se perdent tellement dans les calculs politiciens, qu’ils n’arrivent plus à comprendre l’importance et les vertus de reconnaissance, de partage et de solidarité, qui devraient les animer, pour garder leurs leaderships. D’aucuns diront que le jeune (bien que tous mes enfants étaient nés)) Moussa Doudou est trop pressé d’avoir le pouvoir, aussitôt arrivé au RPM, il veut être ministre, Premier ministre ou président de l’assemblée, et voilà qu’il n’a rien eu finalement, même directeur de service. Non ! ils n’ont rien compris, ce que j’ai eu politiquement au RPM est plus important que les effets des choses qui les entourent, et auxquels leur vision est limitée. En effet, j’ai été plébiscité dans les villages, les rues et les places publiques de mon terroir, à Rharous, sans être élu frauduleusement, j’ai été adulé et applaudi par ces populations, qui voyaient en moi, l’incarnation du changement et de la sortie du tunnel du sous-développement de notre cercle et de notre pays.

La mauvaise posture de négociateur de la paix et de la réconciliation, que notre gouvernement de transition a malheureusement adopté, est en train de faire perdre la vie à des innocents dans toutes les régions du Mali. Et pourtant, ce gouvernement de transition est en train de bien négocier son pouvoir politique, à travers des actions, des discours et des stratégies d’alliances et de musellement de la presse et des opposants. Un leader n’a pas besoin de procéder ainsi, pour asseoir son leadership sur un peuple déjà déçu de ses hommes politiques, donc un domaine dans lequel il y a peu de concurrents à la date d’aujourd’hui. Ils n’ont rien compris, parce que ma motivation à être au bureau politique national, était justement pour parler des problèmes de la nation et partager mon point de vue, pas pour autre chose, car j’étais convaincu que les colporteurs et autres scorpions noirs étaient plus écoutés dans les salons des tenants du pouvoir. C’est pourquoi, j’ai réussi à résister, et à faire plutôt démissionner ceux qui bénéficiaient des crédits, que nos actions faisaient naître, tout en restant avec le même engagement, le même discours, la même cohérence, le même esprit de partage et de solidarité ; toutes choses qui m’ont permis également de partager la vision de Faso Benko au sein de mon parti, pour les inviter à changer collectivement de paradigme politique. Ce qui reste un gain politique négocié, incomparable à tout autre gain politique, pour moi.