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Par un matin paisible, Jade, psychothérapeute, se rend à son cabinet situé au bout de sa propriété lorsque Mérope, l’une des sept Pléiades, surgit pour lui demander son aide. Sa mission : retrouver Sisyphe, son amour perdu, au plus profond du Tartare et le ramener sain et sauf afin que Zeus puisse attester de leur amour, leur accorder son pardon et lever la punition éternelle qui les oppresse. Plongée dans un univers mêlant suspense, miracles, magie et dangers, Jade devra braver le Tartare, ce royaume infernal où l’on n’entre qu’en mourant et dont on ne sort qu’en revenant à la vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Exprimer par les mots l’essence de son existence secrète et profonde constitue la quête fondamentale de
Melissa Raft. Ses écrits, à la fois simples et empreints de mystère, invitent à un voyage vers l’inconnu, tout en maintenant un lien subtil mais constant avec la réalité.
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Seitenzahl: 200
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Melissa Raft
Le bassin de Neptune
Roman
© Lys Bleu Éditions – Melissa Raft
ISBN : 979-10-422-5765-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Le bassin est avant tout un vaste miroir dans lequel se reflète la nature.
Cela fait deux ans depuis que Jade et Mattéo ont vécu l’incroyable aventure avec Victor, Madeleine, Zeus et les Nymphes. Ils vivent ensemble depuis et mènent une vie très heureuse. Ils sont très amoureux l’un de l’autre. Mattéo est toujours agent immobilier, et Jade a repris ses consultations de psychothérapeute dans ce cabinet extraordinaire, au bout de sa propriété. Elle s’y rend chaque fois qu’elle a un rendez-vous, généralement l’après-midi. Le matin, elle le passe souvent à écrire ses rapports de consultations, dans la bibliothèque, où elle a toujours trouvé un calme et une ambiance magique qui l’aident à travailler. Elle profite également de ses matinées pour courir sur le terrain avec ses deux acolytes, Tchuba et Muffy, qui ne la quittent pas d’une semelle lorsqu’elle est avec eux. C’est un des rares sports qu’elle fait avec plaisir. Ce petit jogging dans sa propriété, à la fraîche, avec ses compagnons. Elle a un parcours routinier. Sortir de la maison, descendre les marches, partir sur la droite, longer le terrain avec la pièce secrète enterrée de Victor sur sa gauche, arriver sur l’arrière du terrain (immense bien sûr), rejoindre le plan d’eau (tout de même grand pour un plan d’eau), en faire le tour, aller jusqu’au fin fond du terrain, puis revenir sur la gauche de la maison, là où le prolongement de la piscine intérieure apparaît. Elle longe l’allée sur le côté, puis rentre. C’est un petit parcours d’une vingtaine de minutes quand même, et Jade se plaît à penser que c’est tout de même du sport. Les chiens, eux, adorent la voir courir. Souvent, elle doit les empêcher de lui sauter dessus, quand ils veulent jouer. C’est toujours un bon moment. L’après-midi, lorsque Jade rejoint son cabinet pour recevoir ses patients, elle ne manque jamais d’avoir une pensée tendre et presque nostalgique en repensant au moment où elle a rencontré Victor ; enfin, parler de rencontre est très relatif. Effectivement, elle repensait alors à cette scène où elle parlait toute seule et dans le vide ; puis une fois dans le cabinet, à ces « boums et ces bams » qui résonnaient toutes les minutes, et également à la chaise, face à son bureau, qui se mettait à bouger toute seule. C’était également le rappel de ces frissons qui lui parcouraient le corps subitement lorsque Victor l’approchait ; mais dire qu’elle avait « rencontré » Victor, c’était un peu exagéré, et Jade ne pouvait pas retenir le sourire, au bord de ses lèvres, à cette réflexion. Néanmoins, ça avait incontestablement été un moment incroyable ; un peu effrayant, très surprenant, à peine crédible, mais aussi très excitant et exaltant, tant c’était magique.
Odette, sa mère, venait régulièrement passer des journées, en se posant dans l’immense jardin, avec Tchuba et Muffy, qui adoraient lorsqu’elle venait, car elle avait toujours pour eux quelques petits gâteaux. Elle ne se souvenait de rien. Sa mémoire avait été totalement réajustée sur des éléments concrets et cohérents. Elle savait seulement que Mattéo aimait Jade et réciproquement, et les trouvait vraiment faits l’un pour l’autre ; elle adorait la nouvelle maison de Jade même si, effectivement, elle la trouvait beaucoup trop grande.
Pour Jade, cette propriété lui apportait sérénité et joie. Elle et Mattéo savaient ce qui était arrivé, et savaient qu’ils étaient devenus les gardiens de cette porte tridimensionnelle, sans que rien ne leur ait été imposé. Ils n’avaient aucune incantation journalière à faire ou objet à déplacer dans la maison, ou livre à ouvrir ; non. Tout s’était immobilisé après le dernier « Clac », entendu lorsque Zeus avait fermé la porte. Aucune obligation pour la suite ne leur avait été donnée, et finalement ce n’était pas plus mal.
Ils reparlaient de temps en temps de ce qui était arrivé, mais les souvenirs de cette fantastique aventure s’étaient comme endormis en même temps que le départ de Victor et Madeleine pour Chiron.
Comme lorsqu’on fait un beau rêve et qu’au fur et à mesure des heures de la journée, le rêve s’estompe ne laissant que la sensation d’un rêve agréable qu’on a fait mais dont on n’a plus les images !
Jade avait trouvé avec Mattéo, son partenaire de vie idéal, la maison de ses rêves, et vivait la vie dont elle avait rêvé. Elle se sentait privilégiée ; néanmoins, il subsistait un arrière-goût de nostalgie qui s’était inséré dans sa mémoire et dans son cœur. Même si elle savait pertinemment que Victor était Mattéo, et que Mattéo était Victor, il y avait ce « je ne sais quoi » dans ce qu’elle avait vécu avec Victor que Mattéo ne pouvait lui apporter, et qui continuait de la faire rêver. Peut-être était-ce le fait de ne pas pouvoir voir Victor chaque fois qu’il avait pris son corps ; peut-être le fait d’être surprise sans préavis en entendant subitement sa voix dans son oreille ; peut-être aussi était-ce d’avoir été transportée dans l’air comme si elle avait été une plume, et de vivre des moments passionnels remplis de multiples plaisirs provoqués par de simples, mais puissants souffles chauds sur et dans son corps.
Ça avait été une relation tridimensionnelle, follement excitante, inattendue et sensationnelle ; Jade avait vécu l’incroyable, et même si elle savait que Victor aurait pu finir par la tuer à vouloir entrer en elle pour lui prendre toute l’énergie, elle avait également compris et partagé son désespoir et sa volonté de retrouver Madeleine. Oui, Jade avait des moments de nostalgie. Elle aimait Victor autant qu’elle aimait Mattéo et c’était compliqué. Être les mêmes personnages, et être tout de même différents. Victor et Madeleine étaient sur Chiron, Jade et Mattéo sur Terre. Il y avait donc bien dissociation des personnages ; Jade s’essayait à penser à ce qu’ils pouvaient être en train de vivre là-haut, de temps en temps, et ça finissait toujours par lui donner un sentiment, doux certes, mais persistant, de jalousie vis-à-vis de Madeleine.
Mais la vie donc se passait tout de même merveilleusement bien pour Jade. La maison avait toujours cet effet magique sur tous ceux qui y venaient. Jade avait organisé plusieurs fêtes, et chaque fois c’étaient de grandes exclamations de surprise de la part de tous les nouveaux venus. Personne n’arrivait à croire que Jade ait pu dégoter cette fabuleuse demeure, et surtout ait eu assez d’argent pour l’acheter. Personne non plus n’arrivait à croire que tout était resté en l’état dans la maison, avec tous les meubles du précédent propriétaire, tant tout ce qui était là semblait d’une valeur inestimable. Jade souriait souvent en faisant visiter les étages, car, chaque fois, ça lui rappelait sa propre première visite, et elle, elle savait tout ce qu’impliquait les tentures, les écritures, les statues, la bibliothèque, etc.
En ce début d’après-midi d’Automne où le soleil est bas, mais bien blanc, l’air un peu frais, les senteurs des arbres et des fleurs plus puissantes que celle de l’herbe, et le chant des oiseaux, surtout des merles, qui résonnent dans chaque arbre, Jade se dirige vers son cabinet. Elle aime cette marche pendant laquelle ses pensées peuvent vaquer à leur bon plaisir, et elle est justement en train de se remémorer sa rencontre d’avec Victor, quand, tout à coup, là, dans son dos, un frisson lourd et fluide à la fois remonte le long de sa colonne vertébrale. Jade est médusée et stoppe net sa marche. Elle ne connaît que trop cette sensation ; c’est celle que Victor lui faisait ressentir lorsqu’il s’approchait. C’est pourtant impossible. Victor n’est plus sur Terre, et Zeus a fermé la porte tridimensionnelle. Alors que se passait-il ?
Jade attendait, légèrement apeurée, légèrement impatiente que quelqu’un se mette à parler, mais il ne se passait rien. Alors, après quelques secondes, elle décida que, peut-être, ce n’était que ce petit vent d’Automne qui l’avait fait frissonner, et que la nostalgie avait fait le reste, et elle reprit sa marche. Deux pas de plus et le même frisson lui glisse sur la colonne vertébrale. Là, Jade s’arrête net et sans même penser que ça pouvait être bizarre comme réaction, elle se met à parler toute seule dans le vide, les mains sur les hanches, les sourcils froncés, le bord des lèvres pincées :
« Bon, qui est là ? Je sais bien, je sens bien qu’il y a quelqu’un, alors ça suffit. On ne joue pas ; j’attends ».
Jade regarde de droite et de gauche en s’attendant à entendre une voix sortie de nulle part. Pourtant il ne se passe rien. Du coup, elle s’énerve et continue de parler toute seule en reprenant sa marche vers le cabinet.
« OK, j’ai compris. En fait, je suis si nostalgique que me voilà en train de me faire des rêves. Quelle idiote ! Allez, on y va, j’ai du boulot ».
Mais aussitôt a-t-elle terminé sa phrase que le frisson se présente de nouveau et de plus belle.
« Ah non ! crie-t-elle en stoppant net sa marche, ça, c’est impossible. Là, il n’y a aucune brise, aucun petit vent. Je ne suis donc pas idiote. Il y a manifestement quelqu’un et, qui que vous soyez, vous avez plutôt intérêt à vous montrer ou à me parler, parce que… »
Mais elle n’a pas le temps de finir sa phrase. Un énorme frisson celui-là, lui parcoure le corps en entier, en la frigorifiant. Ça lui donne le tournis, et elle se sent presque à tomber tellement l’énergie de ce frisson est forte. Du coup, lorsqu’elle reprend ses esprits, elle se dit que, peut-être, il fallait être patiente et douce avec celui ou celle qui était présent, car ce n’était-ce pas forcément quelqu’un de très gentil. Elle marcha plus vite pour atteindre le cabinet. Elle se disait que, comme avec Victor, ce serait l’endroit idéal pour commencer à parler. Elle sentait un double sentiment l’envahir ; l’inquiétude et l’excitation. Son cœur s’était mis à battre plus vite et ses temples à enfler sous la pression. Elle avait envie de courir jusqu’au cabinet ; elle ne cessait de se répéter cette question : « Et si c’était Victor ? ».
Une fois à l’intérieur, elle s’installe sur son fauteuil et regarde autour d’elle. Elle vise surtout les chaises en face du bureau pour voir si elles bougent. Elle écoute également pour tenter d’entendre quelque chose. Une minute, deux minutes. Rien ne se passe. Jade n’y comprend rien. Elle a pourtant bien senti à trois reprises ce frisson, et il avait l’air d’être produit par quelqu’un, pas par le vent. Alors pourquoi n’y avait-il pas d’autre manifestation ? Elle reste tout de même silencieuse, et même immobile, dans l’attente de quelque chose, avec l’espoir secret et fou que ce sera la voix de Victor qui résonnera alors dans son oreille. Elle décide même de faire comme si tout était normal, en s’apprêtant à ouvrir un de ses livres, et en se disant qu’ainsi elle faisait une petite blague à Victor (tellement elle se persuadait que ce ne pouvait être que lui), quand, tout à coup, une voix résonna.
« Bonjour. »
Cette voix est féminine, très douce, plutôt jeune et un peu hésitante ; ce n’est pas la voix de Victor, et Jade est tout à coup très déçue. Elle avait eu tellement d’espoir que ce soit lui ; elle ressent même une énorme boule de tristesse dans le fond de sa gorge.
La voix résonne de nouveau « Bonjour ! »
« Ah oui, j’avais oublié », dit Jade, en ajoutant un « Bonjour », pas très chaleureux, plutôt triste.
Mais la voix ne semble pas affectée par la tonalité de la réponse de Jade, et continue.
« Je me nomme Mérope ; une des Pléiades ; vous connaissez les Pléiades, n’est-ce pas ? »
Jade se met à sourire doucement, sans même le remarquer.
« Non, pas franchement, c’est quoi les Pléiades, et pourquoi devrais-je les connaître ? »
La voix résonne aussitôt, comme si elle était incrédule.
« Comment ça vous ne nous connaissez pas ; bien sûr que si. Vous avez une partie de notre histoire sur vos murs ».
Jade reprend :
« Comment ça, votre histoire sur mes murs ? »
« Bien sûr, répond Mérope. Artémis, Orion, Zeus. S’il vous plaît, ne me dites pas que ça ne vous parle pas. Nous, les Pléiades, étions les compagnes d’Artémis, et un jour où nous avons croisé Orion, il est tombé follement amoureux de notre beauté, et nous a pourchassés pendant cinq longues années. Pour nous protéger, Zeus nous transforma en colombes afin qu’il ne nous trouve plus. Vous avez une des peintures sur toiles représentant cette chasse, dans le grenier ; et également l’histoire d’Orion tué par Artémis. Vous ne pouvez pas ne pas connaître notre histoire. »
La voix de Mérope est douce, pas du tout autoritaire ou agressive, mais plutôt surprise et presque inquiète que Jade n’ait pas compris de qui il s’agissait.
Jade, elle, est interloquée, et se met à penser très vite :
Est-ce que ça recommence ? Est-ce que tout ce qui est arrivé avec Victor recommence avec cette Mérope ? Comment est-ce possible, Zeus a fermé la porte tridimensionnelle, et il n’a jamais été question d’avoir d’autres visiteurs des autres dimensions ! Puis elle se met à parler tout haut :
« Dites-moi, Mérope, vous me dites que vous savez ce qu’il y a sur mes murs, et vous m’assurez qu’ainsi cette peinture sur toile dans mon grenier représente votre histoire ; que donc je ne peux l’ignorer, mais puisque vous avez l’air d’en savoir autant, vous devriez également savoir que les écritures étaient en fait des anagrammes qui devaient servir à une formule unique, pour pouvoir ouvrir la porte tridimensionnelle. “Unique”, je précise. Ajoute Jade d’un ton ferme. Il me paraît donc impossible que ces écritures puissent raconter d’autres histoires. »
La réponse de Mérope ne se fait pas attendre.
« C’est exact que les écritures ont servi à remettre en place une situation. Néanmoins, une porte tridimensionnelle reste une porte, Jade, et les écritures de vos murs restent des clés qui servent à plusieurs ouvertures, tout comme les mots et phrases de vos livres, et tout comme les objets qui emplissent cette demeure. Vous êtes au cœur d’un centre positif-négatif spirituel et, vu des autres dimensions, cet espace est extrêmement attirant et vous, personnellement, vous êtes comme le téléphone qu’il faut décrocher pour réserver un aller dans votre dimension. »
Le visage de Jade s’illumine. Elle rayonne, c’est évident. Finie la déception de ne pas avoir entendu Victor, finie la nostalgie. La voilà lancée dans une nouvelle aventure. Tout à l’air de recommencer, mais avec des acteurs différents, une histoire différente. Jade se sentait comme transportée. Elle comprenait d’un seul coup ce qui lui avait manqué. Cette excitation de l’aventure, de se sentir si utile, de se sentir comme dans un conte de fées, de se sentir elle-même comme une fée, en fait. C’était une sensation que les mots ne pouvaient expliquer. C’était magique, c’était génial. Jade se mit à se parler à elle-même, tout haut.
C’est incroyable, moi qui étais nostalgique de Victor, je n’aurai pas pensé une seconde que l’histoire ne s’arrêterait, de toute façon, pas à son départ. Comment même ai-je pu le penser, vous me direz ? Forcément, ce n’était pas qu’un petit rêve. Forcément, j’ai rencontré Zeus et les Nymphes. Il n’y a que moi pour avoir imaginé que ce puisse n’être qu’un seul évènement dans une petite vie terrestre.
Puis Jade change de ton pour s’adresser à Mérope.
« Donc, me voilà, a priori, de nouveau embarquée dans une nouvelle mission, c’est ça ? » ajoute-t-elle en levant le menton vers le ciel, et en tournant les yeux de droite et de gauche, comme dans l’espoir de voir apparaître son interlocutrice.
« Oui, c’est exactement ça », répond Mérope.
Jade lance un regard plein d’enthousiasme dans le vide, puis ajoute nerveusement, presque sans reprendre son souffle, comme un technicien expose les étapes pour réparer un ordinateur ; comme un voyageur étale une carte sur une table pour y montrer les chemins à suivre ; et en fait, comme pour bien montrer qu’elle sait exactement ce qu’il faut faire pour l’instant avec une petite pointe de fierté.
« Évidemment, je suis prête pour vous aider. Mais avant tout, avez-vous bloqué le rythme du temps à l’extérieur, car normalement j’ai un patient dans une petite demi-heure ; quant à Mattéo, il devrait rentrer assez tôt. D’ailleurs, pourrais-je l’avertir, ou bien est-ce une mission seulement pour moi ; vous savez que Mattéo a fait partie de toute cette précédente aventure et qu’il pourra nous aider si besoin ; à moins que je ne doive agir seule ; ah, une autre question importante, vais-je revoir Victor et Madeleine, Zeus et les Nymphes ; et enfin, la dernière question, mais peut-être la plus importante, comment avez-vous pu venir ici ? Nous sommes bien d’accord que Zeus a refermé la porte tridimensionnelle. »
« Arrêtez Jade, s’il vous plaît, l’interrompt Mérope. Beaucoup trop de questions et je n’ai pu répondre à aucune d’entre elles, tant vous les avez enchaînées sans prendre votre souffle. Vous avez l’air emballée par ma venue, c’est bien, mais ralentissez un peu. Alors pour vous répondre, oui nous avons bloqué le rythme du temps extérieur, sinon nous n’aurions pas pu vous contacter ; nos dimensions sont différentes, et les taux vibratoires n’ont pas de similarité. Pour Mattéo, il aura son rôle à jouer, mais ce n’est pas pour tout de suite, donc il ne pourra pas être mis au courant, mais nous le garderons dans un espace-temps où il ne s’inquiétera de rien. Maintenant, en ce qui concerne la fermeture de la porte, il faut que vous sachiez que lorsque Zeus l’a fermée, un peu sèchement d’après nos informations, c’était parce qu’Il était tout de même agacé de la situation. En effet, il lui a fallu annuler la punition de Victor, rendre Madeleine qu’il avait transformée en Nymphe, et vous montrer que l’Olympe et ses dieux existaient bel et bien. Il a donc admis devant Victor que le chemin jusqu’à l’Olympe était possible pour les humains, et que celui-ci n’avait pas eu tort de le chercher. Zeus n’aime pas que les humains se prennent pour des Dieux, comme vous l’avez appris, et pourtant dans cette mission, vous avez agi comme si vous étiez des Dieux et des Déesses, et Zeus n’a pas apprécié. Il a fait ce qui était juste, mais il avait un goût amer dans son cœur, et c’est pour ça qu’il a “claqué” la porte au lieu de la fermer correctement. Ce qui s’est alors passé, c’est qu’en la claquant, la porte a rebondi, et est restée entre-baillée. Personne ; ni Zeus, ni les Nymphes ni vous ici, n’a réalisé qu’ainsi la porte n’était pas correctement fermée, puisque tous les éléments avaient tout de même repris leurs places respectives, que le temps était enfin revenu à la normal, et que tout semblait correctement terminé. Ce n’était pourtant pas le cas. Lorsque l’information est arrivée dans les autres dimensions de ce problème, Zeus en a été très fâché ; doublement, car Il en avait été la cause. Il a aussitôt décidé d’une nouvelle loi dans l’Univers assurant le “tartare” à qui essaierait de passer cette porte ; mais l’information ayant fusé à la vitesse tridimensionnelle, tous ceux qui avaient besoin, ont commencé à penser comment vous approcher. Il est en effet impossible pour Zeus de refermer la porte de son côté. Elle ne fonctionne, comme vous l’avez vu, qu’avec des incantations et la présence d’un humain ».
En écoutant Mérope, Jade réalise combien ça lui avait manqué d’être au centre d’une aventure tridimensionnelle, et d’être utile à d’autres dimensions. C’était un sentiment inexplicable qui donnait à sa vie un goût absolument délicieux. Elle voulait commencer tout de suite. Tout en retournant s’asseoir dans son fauteuil, Jade reprit d’une voix plus professionnelle, mais l’excitation résonnait tout de même dans ses paroles. Elle a un espoir fou qui lui monte à la tête tout à coup, et qui affole les battements de son cœur. Et si c’était possible ? Si elle pouvait, à nouveau, voir Victor.
« Ah, ce n’est que ça, dit-elle en essayant de masquer légèrement cette excitation et avec un brin d’arrogance, vous avez seulement besoin que je referme la porte alors ; bon, pas de problème, je me souviens de tout ce qu’il y a à faire, et à dire. Il suffira donc que Mattéo soit là. Par contre, il faudra faire revenir Victor et Madeleine de Chiron, car les images et les reflets doivent être réunis. Vous pourrez faire ça ? »
Mérope lui répond sans ménagement, mais toujours avec douceur.
« Non, Jade, ça ne peut pas se passer comme la dernière fois. Je ne suis pas ici pour refermer la porte, personne ne pourra refermer cette porte désormais. Je suis venue parce que vous êtes la seule qui puissiez m’aider et que je ne peux compter que sur vous et votre sens de la recherche pour cette mission. Victor et Madeleine restent sur Chiron, ils ne peuvent plus se retrouver dans le même espace-temps que vous et Mattéo désormais, et ils ne prendraient de toute façon certainement pas le risque d’offenser Zeus à nouveau en revenant sur Terre ».
Jade est tout à coup silencieuse. Ses pensées courent – On ne peut pas faire comme la dernière fois, qu’est-ce que ça veut dire. Faut-il que je recommence à décoder des énigmes, à trouver des clés ? Va-t-il falloir que je fasse ça toute seule, sans Mattéo, sans Victor ?
Mérope semble comprendre le silence de Jade.
« Jade, ne vous inquiétez pas, je serai là moi. Je vous aiderai du mieux que je peux, et pour commencer, je dois vous raconter notre histoire. »
Mérope commença à lui parler des Pléiades, en expliquant à Jade qu’il était impératif qu’elle sache de quoi il s’agissait.
« En effet, lui dit-elle, nous sommes une constellation de 3000 étoiles ; seule une douzaine est visible à l’œil nu, en plein Automne, surtout au mois d’octobre. C’est ce qui m’a permis de venir aujourd’hui à votre rencontre, car ainsi le chemin se trace tout seul jusqu’à vous. Ces douze étoiles, plus brillantes que les autres, sont la représentation des douze Dieux de l’Olympe. Vous connaissez les Dieux de l’Olympe ? » ajoute Mérope, d’un ton suspect.
« Eh, bien, j’en ai quelques notions depuis la dernière mission oui, mais je ne peux affirmer que je connais toute l’histoire, et il semblerait que ces informations soient nécessaires aujourd’hui, alors, continuez s’il vous plaît, je vous écoute », répondit Jade, réellement intéressée. C’est un fait que la dernière fois, elle avait dû apprendre certaines planètes et Déesses et Dieux grecs, tels que Vénus, Orion, Artémis, Jupiter, Mercure.
Elle avait appris comment les mystères de l’histoire mythologique grecque et romaine s’entrecoupaient, et même s’identifiaient avec des noms différents ; elle avait même rencontré les Nymphes. Il semblerait qu’aujourd’hui, elle entrait directement dans les légendes grecques, et elle avait pour interlocutrice une des Pléiades… Elle était de retour dans les Étoiles ! Que c’était excitant !
Mérope avait repris son explication, sans réaliser que Jade était dans ses pensées. Elle était en train d’énumérer les douze Dieux de l’Olympe.
« Zeus, Héra, Neptune, Arès, Hermès, Héphaïstos, Aphrodite, Athéna, Apollon, Artémis, Déméter et Dionysos. »
Jade l’interrompit.
« Excusez-moi Mérope, mais vous parlez des Dieux de l’Olympe alors que vous vous êtes annoncée comme étant une des Pléiades, j’avoue que je m’y perds un peu. »
Jade entendit le rire très doux de Mérope.