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RÉSUMÉ : "Le chemin le plus direct pour aller à Christ" de Jacob Böhme est une oeuvre mystique qui plonge le lecteur dans une quête spirituelle profonde. Composé de huit traités, ce livre explore des thèmes essentiels tels que la repentance véritable, la prière sacrée, l'équanimité, la régénération spirituelle, et la contemplation divine. Böhme, à travers un style à la fois poétique et philosophique, guide le lecteur vers une compréhension plus intime de la vie spirituelle. Chaque traité se veut une étape sur le chemin de la rédemption et de l'illumination, offrant des réflexions sur la manière dont l'âme peut s'élever au-dessus des préoccupations matérielles pour atteindre une union plus étroite avec le divin. L'auteur utilise des dialogues et des méditations pour illustrer la transformation intérieure nécessaire à la vie spirituelle, incitant le lecteur à une introspection personnelle et à un engagement sincère dans sa foi. Ce livre s'adresse à ceux qui cherchent à approfondir leur relation avec le Christ et à comprendre les mystères de la spiritualité chrétienne à travers une approche mystique et introspective. L'AUTEUR : Jacob Böhme, né en 1575 à Alt Seidenberg en Silésie, est un théosophe et mystique allemand reconnu pour ses écrits influents sur la spiritualité chrétienne. Autodidacte, Böhme a développé une pensée théologique originale qui a marqué la mystique chrétienne. Sa vision du monde combine des éléments de l'alchimie, de l'astrologie et de la théologie chrétienne, cherchant à expliquer la dualité de l'existence humaine et la présence divine dans le monde. Bien que cordonnier de métier, ses oeuvres ont attiré l'attention de nombreux intellectuels de son temps. Parmi ses ouvrages les plus connus figurent "Aurora" et "Les Trois Principes de l'Essence Divine". Böhme a souvent été critiqué par les autorités ecclésiastiques pour ses vues non orthodoxes, mais il a également été admiré pour sa capacité à exprimer des concepts spirituels complexes avec une clarté mystique. Il est décédé en 1624, mais ses écrits continuent d'influencer les pensées théologiques et philosophiques modernes.
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Seitenzahl: 483
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Épître dédicatoire.
Préface de l’Auteur au Lecteur pieux.
Livre I et IL De la vraie Repentance.
LIVRE PREMIER : DE LA VRAIE REPENTANCE.
LIVRE SECOND : DE LA PÉNITENCE.
Deuxième Traité : DE LA SAINTE PRIÈRE.
Troisième Traité : DE LA VÉRITABLE ÉQUANIMITÉ, DITE L’ABANDON ET EXPROPRIATION :
Quatrième Traité : DE LA RÉGÉNÉRATION.
Cinquième Traité : DE LA VIE SUPERSENSUELLE
Sixième Traité : Une Porte très-précieuse et sublime de la CONTEMPLATION DIVINE.
Septième Traité : EN T R ET I E N d’une Âme illuminée avec une autre qui n’est pas illuminée
Huitième Traité : Ecriture Consolatoire Des QUATRE COMPLEXIONS.
Cher Lecteur Français.
ON te communique ici par un effet tout particulier de la bonté de Dieu un don qu’il a fait il y a précisément un siècle à la nation Allemande. Et comme cette même bonté nous a fait trouver un asile en ce pays dans notre fuite de nécessité hors de notre patrie, que nous avons quittée pour la confession de notre foi ; il fait luire avec cela sur nous par une grâce signalée une plus grande mesure de lumière de la foi que ni nos pères ni même aucun siècle depuis les Apôtres n’ aient vu ni reçu.
Si tu as l’Esprit de la foi, tu connaîtras avec admiration comme l’esprit de l’Auteur dans ce livre te conduit comme par la main sur le fonde-ment où la foi s’allume dans ton cœur, et t’introduit dans la nouvelle naissance en Jésus, c’est là, comme dans la matrice céleste, où les mys-tères divins les plus profonds sont mis en évidence, et s’engendrent avec le nouvel homme dans ton esprit, pour véritablement bien connaître Dieu en Christ, sa Sagesse étemelle, et pour l’adorer en esprit et en vérité ; comme aussi pour te renouveler de plus en plus dans l’Esprit de Jésus d’une clarté, grâce et force à l’autre, jusques à ce que tu aies atteint en esprit la mesure de l’âge du Christ, qui est la perfection de l’âme, par la bénédiction de Dieu.
Tu trouves dans cet Auteur, qui vraiment n’était qu’un homme simple et indocte selon le monde, comme il a développé d’une manière très-solide et profonde dans la lumière divine les articles les plus difficiles de la foi, sur lesquels nos ancêtres se sont malheureusement divisés par les suggestions de la raison humaine, et les a réunis en Christ. Et ce furent les disputes et les querelles des savants qui furent la cause par laquelle Dieu suscita cet homme, et poussa cette âme pieuse à demander ardemment à Dieu son Saint Esprit, afin qu’il lui plût de lui montrer le chemin de la vérité. Sur quoi Dieu lui donna aussi cet Esprit saint dans une mesure non petite, par lequel toutes les profondeurs dans l’esprit et dans la nature lui furent découvertes ; et avec cela il lui fut aussi donné, comme à St. Paul, de pouvoir sonder les profondeurs de la Divinité (I. Cor. 2 : 10), avec quoi il eût le don de l’esprit de pouvoir comprendre l’écriture dans son véritable sens. Or cette lumière ne pouvait pas demeurer cachée, mais elle luisait à plusieurs ; et bien que l’Auteur gardât ces choses par devers soi, néanmoins Dieu le manifesta en telle sorte que plusieurs hommes que Dieu avait gratifiés de ses dons d’esprit l’ont recherché, et excité encore davantage le don de Dieu, parce qu’ils le re-connurent en lui, l’aimèrent et en eurent une haute estime, comme surpassant infiniment tout leur propre et sublime savoir, tellement qu’il était à chacun une merveille divine, comme il est encore, de quoi toute la raison humaine doit être étonnée, et donner gloire à Dieu.
Mais comme il advient ordinairement que Satan l’ennemi des hommes, lorsque la lumière divine vient à paraître, s’aperçoit que son règne est menacé de ruine, il tâche de le prévenir : il suscita donc quelques prédicateurs d’entre les compatriotes mêmes de l’Auteur, qui fâchés en leur ambition, voyant qu’un simple laïc les surpassait dans la connaissance de Dieu et de l’essence divine, les anima contre lui, qui de-vinrent de telle manière ses ennemis envenimés et le persécutèrent à ou-trance ; mais il souffrit en toute patience leur malice jusques à sa mort, et ainsi il surmonta ses adversaires par l’esprit de la charité, qui fut plus puissant en lui que toutes les forces de l’enfer et de la fureur de Satan hors de lui.
Et par là il est arrivé que ce que sa patrie et les Luthériens rejetèrent alors, d’autres nations le reçurent, comme l’Auteur l’avait prédit ; lequel grand bonheur parvint donc à nos Réformés par la volonté de Dieu, sa-voir à ceux qui étaient de vrais Réformés selon Christ, et qui connaissaient l’Esprit de Dieu. Ceux-ci reçurent ce don avec beaucoup de reconnaissance, et Dieu excita aussi en eux un saint zèle qui fit que dès qu’ils eurent découvert seulement quelque partie des écrits de l’Auteur, ils n’épargnèrent aucune peine, ni aucun soin, ni aucune dépense, jusques à ce qu’ils se fussent mis en possession de tous les manuscrits, autant qu’il fut possible de recouvrer, non sans un secours particulier et palpable de la main de Dieu : d’où ensuite il est arrivé que les Luthériens ont reçu derechef ce don de la main des Réformés, comme une donation ; toutefois ce ne fut au commencement que parcelles (pendant que ces derniers avaient l’entière jouissance, et qui les mirent au jour en superfluité tant en Hollandais qu’en Anglais, imprimés très-somptueusement) jusques à ce que Dieu, ayant vu que les autres les avaient reçus en gré, les a fait aussi parvenir à eux entièrement par sa bonté, et par là il a réuni dans les lecteurs qui cherchent Dieu les deux Religions, et des deux n’en a fait qu’une en Christ.
Or comme nous les Français par une mutuelle communication de la charité divine recevons aussi ce don à notre tour comme de la main des Luthériens et des Réformés ensemble, et toutefois par la susdite sage dispensation du Très-Haut, seulement en partie, jusques à ce que notre faim soit augmentée en nous, il ne manquera pas de nous en donner davantage, si nous en usons en sa crainte. Qu’il lui plaise de nous accorder cette grâce que nous puissions avant tout fixer notre esprit volage, qui est né avec nous, par l’esprit dans ce livre, afin que, sortant de notre naturel extérieur, nous puissions parvenir dans le fond intérieur de l’âme.
Dieu le donne ! Amen. C’est le souhait dans l’esprit de l’Auteur d’une main aussi non-lettrée.
À DIEU !
St. Paul dit : Tout ce que vous faites,
faites-le au Nom de notre Seigneur
Jésus Christ, et rendez grâces
à Dieu le Père par JÉSUS
CHRIST
LECTEUR pieux. Si tu veux te servir de ce petit livre comme il faut, et que ton dessein soit sincère, tu en expérimenteras son utilité ; mais je dois t’exhorter que si ton dessein n’est pas sincère, tu n’as qu’à te passer d’user des précieux Noms de Dieu (parce que la sainteté la plus sublime y est émue et désirée puissamment), de peur qu’ils ne t'allument la colère de Dieu dans ton âme : car on ne doit prendre le saint Nom de Dieu en vain. Ce petit livre ne convient qu’à ceux qui voudraient volontiers faire pénitence, et qui sont des commençants quant aux désirs : ceux-là expérimenteront à tous égard, quelles sont ces paroles, et d’où elles procèdent. Sur quoi je te recommande à la bonté et à la miséricorde de DIEU.
COMME l’homme se doit réveiller intérieurement dans sa volonté et dans son entendement, et quelles doivent être ses méditations et ses résolutions, s’il désire de faire une sérieuse pénitence, et avec quel cœur il se doit présenter devant Dieu, pour lui demander et obtenir le pardon de ses péchés.
1. Lorsque l’homme veut entrer dans la repentance, et se tourner à Dieu par ses prières, il faut qu’il considère avant toute prière quelle est la disposition de son cœur, comme il est tout à fait détourné de Dieu et lui est devenu perfide : comme il n’a d’affection et d’imagination que pour les choses temporelles, caduques et périssables, et point d’amour sincère pour Dieu et pour son prochain : et comme ses voies et ses désirs sont directement contre les commandements de Dieu, en sorte qu’il ne cherche que soi-même, et n’établit son plaisir que dans les vaines convoitises de la chair.
2. En second lieu, il doit considérer comme toutes ces choses sont une inimitié contre Dieu, que Satan lui a excitée par sa ruse en nos premiers parents : abomination qui nous assujettit à mourir de mort, et à sentir la corruption de nos corps.
3. En troisième lieu, il doit considérer les trois cruelles chaînes dont nos âmes sont liées pendant tout le temps de cette vie terrestre. La première, c’est la colère terrible de Dieu, l’abîme et le monde ténébreux, qui est le centre et la vie créaturelle de l’âme. La deuxième chaîne, c’est le désir du diable envers les âmes, qui tend continuellement à les cribler, à les tenter et à les précipiter sans cesse de la vérité divine dans la vanité, comme dans l’orgueil, dans l’avarice, dans l’envie et dans la colère, soufflant et inflammant continuellement par ses désirs ces mauvaises qualités dans l’âme, par où sa volonté se détourne de Dieu, et entre dans l’ipséité (propriété). La troisième chaîne, qui est la plus nuisible de toutes celles dont l’âme est liée, c’est la chair et le sang corrompu et entièrement vain, terrestre, mortel et rempli de mauvaises convoitises et inclinations. Ici l’homme doit considérer comme il est plongé en corps et en âme dans le bourbier du péché, lié et garrotté sous la colère de Dieu dans la gueule de l’abîme infernal : comme la colère de Dieu est allumée dans son âme et dans son corps, et comme il est-ce puant porcher qui a dissipé et consumé avec les pourceaux d’engrais de Satan dans les voluptés passagères l’héritage de son Père, savoir son amour et sa miséricorde ; n’ayant point observé l’alliance précieuse de la réconciliation de la mort et des innocentes souffrances de Christ, que Dieu de sa pure grâce a plantée en notre humanité, et en qui il nous a réconciliés ; comme il a aussi tout à fait oublié l’alliance de son baptême (dans laquelle il avait promis à son Sauveur de croire en lui et de lui être fidèle), ayant réellement souillé et obscurci par le péché la justice (que Dieu lui avait donnée de grâce en Christ), que maintenant il faut qu’il soit exposé aux yeux de Dieu avec cet aimable habit de l’innocence de Christ, qu’il a souillé, comme un sale berger de pourceaux, couvert de boue et de lambeaux déchirés, man-geant continuellement avec les pourceaux du diable les gousses de la va-nité, n’étant pas digne d’être appelé l’enfant de Dieu et un membre de Jésus Christ.
4. En quatrième lieu, il doit considérer sérieusement que la mort furieuse l’attend à toute heure et à tout moment, qu’elle le veut saisir, vêtu de cet habit de porcher dans son péché et dans ses abominations, et le précipiter dans l’abîme de l’enfer, comme un parjure et un infidèle qui doit être gardé dans la chambre obscure de la mort, pour le jugement de Dieu.
5. En cinquième lieu, il doit considérer ce jugement terrible et rigou-reux, devant lequel il faudra qu’il comparaisse vivant avec toutes ses abominations, et où tous ceux qu’il aura offensés ici bas de paroles ou d’actions, à qui il aura donné occasion pour faire du mal, et instigué en les poussant avec soi au péché, viendront en sa présence le maudire, et cela devant les yeux du Christ, et en la présence de tous les anges et de tous les saints. Quelle sera alors sa honte et sa confusion ! quelles frayeurs ! quel étemel désespoir ! quels regrets étemels ! d’avoir ainsi négligé pour des plaisirs de courte durée une béatitude si grande et étemelle et de n’avoir pas mieux pris garde à soi, afin de pouvoir aussi être dans la communion des Saints dans la lumière étemelle, et jouir de la vertu divine.
6. En sixième lieu, il doit considérer comme le méchant perd l’image divine en soi, que Dieu avait créé à son image et ressemblance ; et comme au lieu de cette image il a reçu un masque difforme, ressemblant à un ver infernal ou à une bête horrible et monstrueuse dans laquelle il est un ennemi de Dieu, contre le ciel, contre tous les saints anges et de tous les hommes ; comme sa compagnie sera éternellement avec les diables et les insectes infernaux en des ténèbres horribles.
7. En septième lieu, il doit considérer attentivement les supplices et les peines étemelles des damnés, comme ils seront tourmentés par des frayeurs éternelles dans les abominations qu’ils auront commises ici bas, sans que jamais ils puissent voir le séjour des saints, ni recevoir le moindre soulagement, comme il se voit dans l’exemple du mauvais riche. C’est ce que l’homme doit considérer très-sérieusement, et se souvenir comme Dieu l’avait créé dans une image et ressemblance si belle et glo-rieuse, à savoir dans sa propre image et ressemblance, où il veut par lui-même habiter ; comme il l’avait créé pour sa gloire et pour le faire jouir d’une joie et d’une félicité éternelle, en sorte qu’il aurait pu habiter avec les saints anges et avec les enfants de Dieu dans une lumière éternelle avec une grande joie, puissance et gloire, parmi les chants et retentissements de concerts des anges et de leur divine exultation, et qu’ainsi il se serait réjoui éternellement avec les enfants de Dieu, sans craindre d’en voir jamais la fin, où nulle pensée mauvaise aurait pu l’atteindre, où l’on ne connaît ni peine ni souci, ni chaleur ni froidure, où il n’y a plus de nuit, ni de jour, ni de temps, mais une joie étemelle : où l’âme et le corps trembleront de la joie, et se réjouiront des infinies merveilles et puis-sances, de la beauté des couleurs, de l’éclat et des charmes de la génération infinie de la Sagesse divine, dans la nouvelle terre cristalline, qui sera comme une glace transparente : Il doit, dis-je, considérer comme il perd et néglige tous ces biens pour un plaisir si chétif, et de si courte durée, qui néanmoins dans cette vie de vanité de la chair voluptueuse est encore accompagné de misères, de craintes, d’inquiétudes et de tourments continuels, en sorte que les mêmes accidents arrivent aux méchants qu’aux bons, qui sont également sujets à la mort, avec cette différence que la mort des saints est une entrée dans le repos étemel, et celle des méchants une entrée dans des peines étemelles.
8. En huitième lieu, il doit considérer que le cours de ce monde, comme tout ce qui se passe, n’est qu’une comédie où l’on ne passe son temps qu’en trouble et inquiétude, où les riches et les grands ont le même sort que les pauvres : où nous vivons et flottons tous également dans les quatre éléments ; en sorte que les maigres morceaux du pauvre lui paraissent aussi savoureux qu’aux riches leurs délices accompagnées de tant de sollicitudes : où nous respirons tous un même air, où le riche n’a d’autre prérogative que quelque délicatesse de la bouche et concupiscence des yeux ; du reste tout est égal entre eux. Et cependant pour cette malheureuse convoitise des yeux on néglige et on se prive d’une si grande béatitude, et l’on se précipite dans un malheur si terrible.
9. Dans telle méditation l’homme sentira dans son cœur et dans son esprit, surtout s’il se représente sans cesse sa fin dernière, un ardent désir après la miséricorde de Dieu, et commencera à déplorer ses péchés passés, d’avoir si mal passé sa vie, sans avoir pris garde ni considéré qu’il était dans ce monde comme dans un champ, pour y prendre de l’accroissement, et y produire des fruits, ou par l’amour, ou par la colère de Dieu. Alors il commencera à se réfléchir comme il n’a encore point travaillé dans la vigne de Christ, et qu’il est encore un sarment sec en ce cep de Christ : d’où il arrive que quelques-uns, en qui l’esprit de Christ déploie son efficace par de telles méditations, entrent dans des angoisses et dans des amertumes extrêmes avec des lamentations intrinsèques par la vue des jours de leur malice, qu’ils ont ainsi passés dans la vanité, sans avoir aucunement travaillé dans la vigne du Seigneur.
10. Or quant à ceux que l’esprit de Christ amène à une telle repentance et contrition, et dont les cœurs s’ouvrent, pour reconnaître et dé-plorer leurs péchés, il est très-aisé de leur donner conseil. Ils n’ont que de se revêtir avec les promesses de Christ, à savoir, que Dieu ne veut point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse, et qu’il vive. Qu’il les invite tous d’aller à lui, pour être soulagés, et qu’il y a une grande joie au ciel pour un pécheur qui se repent. Que ceux-là donc s’attachent seulement à la parole de Christ, et qu’ils s’enveloppent dans ses souffrances et dans sa mort.
11. Mais j’ai dessein de parler à ceux qui sentent vraiment en eux un désir pour la repentance ; mais qui ne peuvent point parvenir à la connaissance et au sentiment de leurs péchés, la chair leur suggérant sans cesse : attends encore un peu, demain c’est assez tôt ; et lorsque ce demain est venu, la chair dit derechef demain, en sorte que la pauvre âme soupire, et se trouve dans une extrême faiblesse, ne recevant ni aucune véritable repentance pour ses péchés, ni aucune consolation. C’est, dis-je, à ceux-là que j’ai dessein de proposer un procédé, que j’ai moi-même expérimenté, et de leur montrer ce qu’il y a à faire, et ce qu’il en résultera. Celui qui le voudra suivre en éprouvera l’effet.
Procédé de la Repentance.
12. Lorsque l’homme ressent en soi une telle faim que je viens de représenter, excitée par les considérations ci-devant déduites, qu’il souhaite sincèrement de se repentir de ses péchés, sans pouvoir néanmoins trouver une véritable contrition dans son cœur, quoi qu’il en ait un grand dé-sir (comme en effet une pauvre âme captive est alors chancelante, craintive et réduite à se condamner devant le trône de Dieu), celui-là ne sau-rait mieux faire que de ramasser ses sens et son esprit avec toute la raison ensemble, et son esprit avec toute sa raison ensemble, et dès le premier moment qu’il commence d’entrer dans cette réflexion, et qu’il sent quelque désir de faire pénitence, qu’il prenne une forte résolution d’entrer dans cette repentance, et de sortir de ses méchantes voies, sans se soucier de toute la grandeur et gloire du monde, fallût-il, s’il était nécessaire, abandonner toutes choses, et n’en faire aucun cas.
13. Qu’ensuite il se propose fortement dans son esprit de ne jamais retourner en arrière, dût-il passer pour fou devant tout le monde, mais de sortir en esprit de toute la beauté et de tous les plaisirs du monde, pour entrer dans la communion des souffrances du Christ et de sa mort, en sa croix et sous sa croix avec patience, établissant toute son espérance sur la vie à venir, et étant bien résolu d’entrer en vérité et sincérité dans la vigne de Christ, et de faire la volonté de Dieu, et de commencer et finir toutes ses actions en cette vie dans l’esprit et la volonté du Seigneur, disposé à souffrir volontiers toutes sortes de croix et de misères pour l’amour de Christ, de sa parole et de ses promesses, par lesquelles il nous destine le ciel en récompense, et pour être mis au nombre des enfants de Dieu, et incorporé à l’humanité de Christ dans le sang de l’agneau de Dieu.
14. Il se doit imprimer fermement dans l’esprit, et envelopper entièrement son âme dans cette pensée, que dans cette résolution il obtiendra l’amour de Dieu en Jésus Christ, et que Dieu lui donnera selon ses précieuses promesses l’arrhe excellente, le saint Esprit, pour son commencement : en sorte qu’il naîtra derechef selon l’essence céleste et divine en l’humanité de Christ, et que l’esprit de notre Sauveur renouvellera son cœur en son amour et en la vertu, et fortifiera sa foi faible, et qu’aussi sa faim spirituelle sera apaisée par la manducation de la chair et du sang de Christ dans les désirs de son âme, qui en a toujours faim et soif, et que dans cette soif il sera abreuvé dans la douce fontaine de Jésus Christ, où est l’eau de vie, selon sa promesse véritable et très-certaine.
15. Il doit aussi se persuader pleinement du grand amour de Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie, et de la tendre invitation que Jésus Christ fait aux pauvres pécheurs, d’aller à lui pour être soulagés, que c’est pour cette fin que Dieu a envoyé son fils au monde, à savoir pour chercher et sauver ce qui était péri, tel qu’est le pé-cheur repentant qui retourne à lui, et comme il a donné sa vie pour lui, ayant souffert la mort dans notre humanité, qu’il a prise à lui.
16. Qui plus est, il doit se persuader fortement que Dieu a plus d’inclination à l’exalter en Christ et à le recevoir en grâce qu’il n’en a lui-même de retourner à Dieu, et que Dieu dans l’amour de Christ et en son nom très-précieux ne puisse vouloir du mauvais, qu’en ce nom il n’a aucune œillade de colère, mais qu’il est l’amour et la fidélité la plus sublime et la plus profonde, et la douceur la plus grande de la Divinité dans ce grand nom de Jéhovah, qu’il a manifesté dans notre humanité périe quant à la partie céleste, tombée et effacée dans le Paradis par le péché ; c’est pourquoi il a été ému selon son cœur, pour nous influer son doux amour, afin que par ce moyen la colère du Père enflammée en nous fût éteinte et convertie en amour. Toutes lesquelles choses sont ainsi arri-vées en faveur des pauvres pécheurs, afin qu’ils eussent une porte ouverte pour rentrer en grâce.
17. Dans cette méditation, il doit s’assurer fortement qu’à cette même heure et dans ce moment il est devant la face de la très-sainte Trinité et que Dieu est véritablement présent en lui et devant lui, selon l’Écriture sainte, qui dit : Ne remplis-je pas toutes choses ? La parole est près de toi en ta bouche et en ton cœur. Nous viendrons chez vous et y ferons votre demeure. Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. Le règne de Dieu est au dedans de vous.
18. Ainsi il doit savoir et croire certainement qu’il est avec son âme devant la face de Jésus Christ, en la présence de la sainte Divinité, et qu’au lieu que son âme s’était détournée par derrière de devant la face de Dieu, il veut maintenant à cette même heure tourner les yeux de son âme et tous ses désirs envers Dieu, et avec le pauvre enfant prodigue et perdu retourner à son Père. Et alors il doit, ayant les yeux de son âme et de son esprit abattus, commencer avec une crainte et une humilité profonde confesser à Dieu ses péchés et indignités à la manière qui suit :
Une brève forme de Confession devant Dieu.
Chacun se peut former cette Confession et l’augmenter selon son état et selon que le saint Esprit la lui suggérera. J’ai seulement dessein d’en donner une brève adresse.
19. Ô grand Dieu, saint et incompréhensible, Seigneur de tout ce qui existe, et qui t’es manifesté en Jésus Christ, avec ta sainte existence dans notre humanité, par un grand amour envers nous ! moi pauvre et misérable pécheur, indigne de me présenter devant toi, je viens me présenter devant ta face manifestée en l’humanité de Jésus Christ, bien que je ne sois pas digne de lever mes yeux vers toi avec requête et supplication, et pour te confesser que j’ai violé et que j’ai été perfide à la grâce et au grand amour que tu nous as accordés ; j’ai délaissé l’alliance que tu avais contractée avec moi de pure grâce par le saint baptême dans lequel tu m’avais reçu au nombre de tes enfants héritiers de la vie étemelle, m’étant abandonné aux convoitises et aux vanités de ce monde, par où j’ai souillé mon âme, et elle est devenue toute brutale et terrestre, en sorte qu’étant ainsi vautrée dans le bourbier du péché, elle ne se reconnaît plus elle-même et elle se répute pour un enfant tout à fait étranger devant ta face, qui n’est pas digne seulement de te demander grâce. Mon âme est plongée dans le bourbier du péché et de la vanité de ma chair corrompue jusqu’au palais de la bouche de mon âme, et je n’ai plus qu’une faible étincelle de respiration de vie en moi, qui soupire après ta grâce. Je suis tellement mort dans la vanité que je n’ose pas même élever mes yeux jusqu’à toi.
Ô Dieu en Jésus Christ, qui t'es fait homme pour l’amour des pauvres pécheurs afin de les secourir ! je t'adresse ma plainte. Il y a en-core dans mon âme une petite étincelle de désir à toi. Je n’ai fait aucun cas de ton héritage, de cet héritage que tu as acquis par ta mort aux pauvres hommes pécheurs, et j’ai participé à l’héritage de la vanité en la colère de ton père, dans la terre maudite. Je me suis jeté dans l’esclavage du péché et je suis à demi-mort à ton règne. Je suis abattu, destitué de ta force, la mort cruelle me talonne et le diable m’a tellement infecté de son venin que je ne connais plus mon Sauveur. Je suis devenu une branche sauvage de ton arbre et j’ai prodigué ma portion de ton héritage avec les pourceaux de Satan. Que te puis-je dire, moi qui ne suis pas digne de ta grâce et qui suis gisant dans le sommeil de la mort qui m’a saisi et qui me trouve lié de trois fortes chaînes ?
Ô toi qui perromps et enfonces la mort ! viens donc à mon secours, je ne puis rien, je me suis mort, et je n’ai aucune force pour aller à toi et je n’ose pas même, tans je suis confus, d’élever mes yeux à toi : car je suis ce porcher sale et vilain qui a consumé mon héritage avec la fausse amoureuse paillarde de la vanité des plaisirs infâmes de la chair. Je me suis cherché moi-même dans mes propres convoitises et non pas toi. Et maintenant mon ipséité (ma propriété) m’a tourné en folie ; je me trouve nu et dépouillé, et ma honte et ma nudité paraissent à mes yeux, je ne les puis plus cacher : ton jugement me menace. Qu’ai-je à dire devant toi, qui es le juge de tout le monde ? Je n’ai plus rien à avancer, me voici en ta présence entièrement nu, et je me jette à terre devant ta face ; je déplore devant toi ma misère et j’ai recours à ta grande miséricorde. Et bien que j’en sois indigne, reçois-moi néanmoins en ta mort et fais seule-ment qu’en elle je meure à ma mort. Terrasse-moi dans mon égoïté (propriété) que j’ai usurpée et fais-la mourir par ta mort, afin que je ne vive plus à moi-même, puisque de moi-même je ne fais autre chose que pécher. C’est pourquoi renverse cette méchante bête par terre, qui n’est remplie que des finesses trompeuses et de ses propres désirs ; et daigne délivrer cette pauvre âme de ses durs liens.
Ô Dieu de miséricorde ! C’est par un effet de ta charité et de ta longanimité que je n’ai pas déjà été précipité dans l’abîme de l’enfer. Je me remets entièrement avec ma volonté, mes sens et mon âme à ta grâce, et j’ai recours à ta miséricorde. Je t’invoque par ta mort, de cette faible étin-celle de vie qui me reste, qui est environnée par la mort et par l’enfer, qui ouvrent leur gueule contre moi pour m’engloutir totalement dans la mort ; toi qui as promis que tu n’éteindras point le lumignon fumant. Je n’ai maintenant aucune voie pour aller à toi que tes souffrances et ta mort, puisque tu as changé notre mort en vie par ton incarnation et que tu as brisé les chaînes de la mort, je plonge tous les désirs de mon âme dans ta mort, dans la porte rompue de ta mort.
Ô Source inépuisable de l’amour de Dieu ! fais que je meure à mon péché et à ma vanité en la mort de mon Sauveur Jésus Christ.
Ô Toi qui es la spiration de l’amour infini de Dieu ! refais ma respiration affaiblie, en sorte qu’elle commence d’avoir faim et soif de toi. Ô JÉSUS, Toi dont la vertu est si douce ! abreuve mon âme de ta source gracieuse de l’eau saillante en vie étemelle, afin qu’elle se réveille du sommeil de la mort et qu’elle ait encore plus soif de toi. Ah ! quelle est sa langueur étant destituée de ta force ! Ô Dieu miséricordieux, daigne me convertir, car quant à moi, je ne puis rien ! Ô Toi vainqueur de la mort, aide-moi à combattre ! Vois comme l’ennemi me tient étroitement lié de ses trois chaînes, pour empêcher que les désirs de mon âme ne s’élèvent à toi. Viens donc toi-même et prends en toi tous les désirs de mon âme. Sois mon attrait au Père et me délivre des liens du diable ! N’aie point d’égard à ma difformité et à ce que je comparais tout nu de-vant toi, ayant perdu ton vêtement que tu m’avais donné. Revêts seule-ment mon haleine, qui vit en moi, et qui soupire après ta grâce, que je puisse encore voir ton salut.
Ô Abîme d’amour ! prends en toi tous les désirs de mon âme : arrache-les aux liens de la mort par la tienne, dans ta résurrection en toi. Restaure-moi par ta vertu, afin que mes désirs et ma volonté rever-dissent ! Ah ! vainqueur de la mort et de la colère de Dieu ! montre-toi vainqueur dans mon égoïté (ma propriété), romps ma propre volonté et froisse mon âme, afin qu’elle te craigne et qu’elle se jette sans cesse à tes pieds avec une sérieuse confusion de sa propre volonté, devant ton juge-ment, en sorte qu’elle te soit soumise et obéissante comme un instrument en ta main. Plie-la dans les liens de la mort, assujettis-la à ta puis-sance, en sorte qu’elle ne puisse rien vouloir sans toi.
Ô Dieu Esprit Saint en Jésus Christ mon Sauveur ! enseigne-moi ce que je dois faire pour me tourner à toi. Tourne ma volonté en moi à toi : tire-moi en Christ pour aller au Père, et donne-moi la force pour sortir du péché et de la vanité dès à présent, en telle sorte que je n’y rentre jamais. Toi, excite en moi une véritable contrition de mes péchés passés. Retiens-moi dans tes liens et ne me laisse pas de toi, de peur que Satan ne me surprenne dans ma chair et mon sang corrompus, et ne m’entraîne derechef dans la mort de la mort. Éclaire mon esprit, afin que je puisse découvrir le vrai chemin qui conduit à Dieu et que j’y marche sans relâche. Ah ! ôte-moi tout ce qui me détourne continuellement de toi et donne-moi tout ce qui me peut faire tourner continuellement de ton côté ! Délivre-moi de moi-même, et fais que je me donne tout entier à toi. Ne permets pas que j’entreprenne, que je veuille, que je pense et que je fasse rien sans toi. Ah ! jusqu’à quand, Seigneur ! toutefois je ne suis pas digne de te rien demander. Fais que tous les désirs de mon âme habitent sans cesse dans tes parvis et à tes portes, rends-la le dernier de tes valets, délivre-la seulement de la fosse cruelle où il n’y a ni consolation ni récréation.
Ô Dieu en Jésus Christ ! je me suis aveuglé moi-même, et la vanité me rend méconnaissable à moi-même. Tu m’es caché dans mon aveugle-ment, quoique tu sois si près de moi ; mais ta fureur m’a rendu ténébreux, et ce sont mes désirs qui l’ont allumée. Attire donc à toi l’haleine des désirs de mon âme, sonde-la, Seigneur, et froisse-la en telle sorte que mon âme puisse obtenir un rayon de ta grâce suave.
Je couche comme un mort devant toi. Ma vie nage sur le palais de ma bouche, comme une petite étincelle. Ô Seigneur, allume-la et dirige vers toi l’haleine de mon âme ! Seigneur, je m’attends à tes promesses que tu nous as faites quand tu as dit : Je suis vivant, je ne prends point plaisir à la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Je me plonge dans la mort de mon Rédempteur Jésus Christ, et je m’attends à toi. Ta parole est la vérité et la vie. Amen !
20. C’est de cette manière, ou d’une semblable, selon que chacun se trouvera disposé en sa conscience, et qu’il sera convaincu des péchés où il sera tombé, qu’on doit confesser ses péchés, bien que là où il y a un sérieux dessein de se convertir, il ne soit pas nécessaire d’aucun formulaire ; car l’Esprit de Dieu, qui est prompt à se déployer dans la volonté de l’esprit, saura bien lui-même lui suggérer ce qu’il doit dire et penser dans sa conscience. Car c’est lui qui opère la repentance dans une âme dont les désirs sont sincères, et qui intercède auprès de Dieu pour elle par la mort de Christ.
21. Mais je ne veux pas cacher au lecteur bien aimé qui a un dessein vraiment chrétien ce qui se passe communément dans une telle sorte de résolution, toutefois avec quelque différence dans les uns et dans les autres, selon que la résolution est plus ou moins ferme et sincère. Car l’Esprit de Dieu est très-libre et il a accoutumé de tenir divers procédés, selon qu’il connaît le cœur de chacun. Toutefois celui qui a été à la guerre peut parler des combats, à savoir s’il en va de telle manière, pour avis.
22. Lorsqu’un cœur se présente ainsi devant Dieu, avec une résolution inébranlable de faire pénitence, il lui arrive comme à la Cananéenne, et Dieu fait semblant de ne le vouloir pas écouter. Il demeure sans consolation : ses péchés et son indignité sont continuellement devant ses yeux, comme s’il était indigne, son esprit est comme muet, son âme gémit dans la profondeur, le cœur n’a aucun sentiment ; il ne peut pas même répandre sa confession devant Dieu, comme si son cœur et son âme étaient enserrés ; l’âme le voudrait bien, mais la chair la tient cap-tive, le diable la couvre fortement, et lui moule dans son imagination les voies de la vanité. Il la chatouille par les voluptés de la chair, et il suggère à son esprit : attends encore un peu ; fais premièrement ceci ou cela ; amasse premièrement de l’argent, afin que tu n’aies pas besoin du monde ; alors entre dans une bonne vie, et fais pénitence, c’est assez tôt.
23. Ô combien de cent périssent dans ce commencement, lorsqu’ils retournent derechef dans la vanité, en sorte qu’il leur arrive comme à une greffe nouvellement entée, qui est dérompue par le vent ou qui sèche par l’ardeur du soleil.
24. Écoute, chère âme, veux-tu devenir un vainqueur de la mort et de l’enfer en ton Sauveur Jésus Christ ? Veux-tu que ta tendre greffe croisse et devienne un arbre dans le royaume de Christ ? Il faut que tu persévères dans ta première résolution avec sincérité, il te coûte ton premier patrimoine, ton âme même et ton corps ; il faut que tu deviennes un ange en Dieu, ou un diable dans l’enfer. Si tu veux être couronnée, il faut combattre, il faut vaincre en Christ, et non pas être soumise à Satan. Il faut que ta résolution demeure ferme, et tu ne dois jamais lui préférer les honneurs et les biens temporels.
25. Lorsque l’esprit charnel te dit : attends encore, il n’est pas à cette heure agréable ; l’âme doit dire : c’est maintenant mon temps et mon heure pour retourner dans ma patrie, d’où mon père Adam m’a fait sortir. Nulle créature ne me doit retenir ; et dût ce corps terrestre être mis en pièces et défaillir, je veux dès à présent entrer dans le jardin des roses de mon Rédempteur Jésus Christ, par sa passion et par sa mort en lui, avec ma volonté et tous les désirs de mon âme ; et je veux t'étouffer en la mort de Christ, toi mon corps terrestre, qui as englouti ma perle, que Dieu avait donné à mon père Adam dans le paradis, je veux rompre ta volonté engagée dans les désirs de la vanité, et te lier comme un mauvais chien à la chaîne de ma sérieuse résolution, dusses-tu passer pour fou aux yeux de tout le monde, ainsi il faut que tu sois soumis à la résolution sérieuse de mon âme. Nul ne te délivrera de cette chaîne que la mort temporelle. Veuille le Seigneur m’en donner la force. Amen !
Brève Instruction
Comme une pauvre âme doit derechef se présenter devant Dieu, et comme elle doit combattre pour obtenir la guirlande de trophée ; quelles armes elle doit employer si elle veut entrer au combat contre la colère de Dieu, contre le diable même, le monde et le péché, la chair et le sang, les astres et les éléments et contre tous ses ennemis.
26. Chère âme, il faut pour ceci un sérieux dessein ; il ne s’agit pas simplement de prononcer ces paroles. Une résolution sincère de la volonté est-ce qui pousse l’affaire : autrement on n’obtiendra quoi que ce soit. Car si l’âme veut obtenir la guirlande de la victoire de Christ des mains de la noble Sophie (Sagesse), il faut qu’elle la recherche avec d’ardents désirs d’amour ; il faut qu’elle lui demande par son très-saint Nom qu’elle se présente devant elle avec une grande et chaste humilité, et nullement comme un taureau brûlant ou une vénus lascive : tous ceux qui sont tels, pendant qu’ils sont dans cet état, ne doivent rien demander de pareil ; ils n’obtiendront rien : et si dans ce temps-là ils semblent avoir obtenu quelque chose, ce n’est néanmoins que la lueur.
27. Mais un esprit chaste peut fort bien obtenir que son âme soit revivifiée à l’image glorieuse qui avait été effacée en Adam ; à savoir dans la corporalité céleste selon le fond intérieur ; en sorte qu’elle sera couronnée ; toutefois si cela arrive, sa couronne lui sera derechef ôtée et mise en réserve ; de même qu’après qu’on a couronné un Roi on conserve sa couronne dans le trésor. Il en arrive de même à l’âme, parce qu’elle est environnée d’une maison de péché, afin que, si elle venait à tomber, sa couronne ne fut pas souillée. En voilà assez pour les enfants qui savent ces choses et qui les ont expérimentés. Nul impie n’est digne d’en savoir davantage.
Procédé.
28. Pour ceci il faut un esprit sobre qui se présente de cette manière devant Dieu avec une résolution sincère, et une profonde humilité, avec une sérieuse contrition pour ses péchés, et une résolution intime de ne plus rentrer dans les sentiers de la vanité, tout le monde dût-il le tenir pour fou, dût-il y perdre les biens et honneurs, et même la vie tempo-relle, si est-ce qu’il y veut persister.
29. C’est là le vœu qu’il doit faire à la noble Sophie (Sagesse) dans la résolution de son esprit, s’il veut obtenir son amour et contracter le mariage avec elle. Car voici ce que dit Jésus Christ lui-même : Quiconque ne renonce à sa femme, à ses enfants, à ses saurs, à son argent, à ses biens et à tout ce qu’il a, et même à sa vie corporelle, pour me suivre, n’est pas digne de moi . Christ entend cela de l’esprit de l’âme, de sorte que s’il tentait que quelqu’une de ces choses l’arrêtât dans sa résolution, quelque précieuse et exquise qu’elle fût ou qu’il parût dans le monde, il n’en devrait néanmoins faire aucun cas, et il devrait plutôt s’en priver que de se détourner de l’amour de la noble vierge Sophie, dans la plante de cette aimable fleur de Christ en son humanité très-tendre, au dedans en nous selon la corporalité céleste. C’est là le rôle de Saron, le lis des vallées, dont Salomon se divertit. C’est comme il nomme le divin Époux sa vierge chaste qu’il aima aussi bien que tous les saints avant et après lui l’ont jamais aimée ; celui qui l’a obtenue l’a nommée sa perle.
Voici une adresse succincte de quelle manière on la doit demander ; mais c’est au Saint Esprit à faire l’œuvre dans chaque cœur qui la cherche, celui-là peut lui-même former sa prière.
Prière.
30. Moi, pauvre et chétif mortel, je viens derechef à toi, grand Dieu saint et juste ! Je lève maintenant mes yeux vers toi, tout indigne que j’en suis ; mais ta grande miséricorde et tes promesses, que tu me fais dans ta parole, me donnent cette hardiesse, tellement que j’élève maintenant les yeux des désirs de mon âme jusqu’à toi : car mon âme a maintenant im-primé en soi la parole de ta promesse ; et c’est avec cette parole qu’elle vient maintenant à toi, quoiqu’elle soit encore un enfant étranger devant toi, qui jusqu’ici t’a été désobéissant, mais qui maintenant désire de te rendre obéissance. Maintenant aussi mon âme se tourne par ses désirs et s’enveloppe dans le Verbe, qui a été fait chair et sang, et qui a brisé le pé-ché et la mort dans mon humanité, tellement qu’il a changé la colère de Dieu en amour dans l’âme, qu’il a ôté à la mort sa puissance, et remporté la victoire sur l’enfer, dans l’âme et dans le corps, et qui enfin a ouvert une porte à ma pauvre âme pour se présenter à la clarté de ta face pleine d’efficace. C’est dans ce Verbe très-saint, ô Dieu très-saint, que j’ai introduit la faim et les désirs de mon âme, que je viens maintenant devant toi, et que je crie en ma faim à toi par ton Verbe, qui a été fait chair et sang, à toi qui es la source de la vie : parce que ton Verbe a été fait vie dans notre chair, je me l’imprime dans les désirs de mon âme, comme ma propre vie, et je pénètre par les désirs de mon âme à travers ce Verbe, dans la chair de Christ jusqu’à toi, par sa très-sainte conception dans le sein de la vierge Marie ; par toute son incarnation, par sa naissance très-sainte, par son baptême vers le Jourdain, par sa tentation au désert, où il a vaincu le diable et le monde dans l'humanité ; par toutes ses œuvres miraculeuses qu’il a faites sur la terre ; par le mépris et les opprobres qu’il a soufferts ; par ses innocentes souffrances et par sa mort ; par l’effusion de son sang, où la colère de Dieu a été submergée dans l’âme et dans la chair ; par son repos dans le sépulcre, où il a réveillé notre père Adam de son sommeil lorsqu’il était endormi au royaume des cieux ; par son amour, qui a pénétré à travers la colère et qui a détruit l’enfer dans l’âme ; par sa résurrection et par son ascension au ciel et effusion de son Saint Esprit à ceux qui te le demanderont en son nom et par le Verbe, qui a été fait homme.
Ô Vie de ma chair et de mon âme, en Christ mon cher frère ! je prie et je soupire à toi dans la faim de mon âme, et je te prie de toutes mes forces, quoiqu’elles soient encore bien faibles, donne-moi ce que tu m’as fait présent et promis en mon Sauveur Jésus Christ, à savoir sa chair pour viande, et son sang pour breuvage, pour le soulagement de ma pauvre âme affamée, afin qu’elle puisse acquérir des forces dans ton Verbe, qui a été fait homme, et se réjouir en toi, et devenir encore par ce moyen plus avide et plus affamée de toi.
Ô abîme d’amour dans le nom très-délicieux de Jésus ! donne-toi, je te prie, aux désirs de mon âme. C’est pour cela que tu t'es ému dans l'humanité, et que tu t'y es manifesté selon ta grande douceur et tu nous appelles à toi, nous qui avons faim et soif de toi, tu nous as promis de nous soulager : c’est pourquoi j’ouvre ma bouche de l’âme béante envers toi, ô vérité très-suave ! et bien que je sois indigne de demander ces choses de ta Sainteté, si est-ce que je viens à toi par tes souffrances amères et par ta mort, où tu as fait aspersion de ton sang sur mes impu-retés, et tu m’as sanctifié dans ton humanité, m’ayant ouvert une porte par ta mort, pour parvenir à ton amour doux dans ton sang par les cinq plaies saintes, par lesquelles il a coulé : c’est par là que j’introduis les dé-sirs de mon âme dans ton amour. Ô Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu et Fils de l’homme, prends, je te prie, possession de l’héritage que tu t’es acquis, et que ton père t'a donné. Je crie en pénétrant en toi au dedans de moi par ton sang précieux et par ta mort, ouvre-toi en moi, afin que l’esprit de mon âme t'atteigne en soi : embrasse ma soif en moi par ta soif, introduis ta soif, que tu ressentis selon ton humanité sur la sainte croix, dans la mienne ; abreuve-moi de ton sang dans ma soif, afin que ma mort en moi, qui me tient captif, soit engloutie dans ton sang de l’amour, et que l’image divine, qui fut effacée dans mon père Adam en mourant au royaume des cieux par le péché, soit revivifiée dans la vertu de ton sang ; revêts derechef d’icelle mon âme, comme d’un corps nou-veau, qui habite dans le ciel, où ta vertu sainte en ton Verbe, qui a été fait homme, habite aussi, qui est le temple de ton Saint Esprit, qui habite en nous, comme tu nous l’as promis : Nous viendrons à vous, et ferons demeure chez vous.
Ô Amour immense de Jésus Christ ! je ne puis autre chose que d’abîmer mes désirs en toi. Ton Verbe incarné est la vérité ; et puisque tu m’appelles, je viens maintenant ; qu’il me soit fait selon ta parole et ta volonté, Amen !
Avertissement au Lecteur.
31. Je ne veux pas te cacher à bonne intention, mon cher Lecteur, ce qui m’a été montré d’une manière très-sérieuse ; que si tu te trouves en-core à ton aise dans la vanité de la chair, et que tu n’aies pas formé une résolution sérieuse d’entrer dans la voie de la régénération, à dessein de devenir un homme nouveau ; tu dois te passer des paroles ci-dessus écrites dans cette prière, ou bien elles ne serviront qu’à t'attirer en toi le jugement de Dieu. Tu ne dois pas prendre ces noms saints en vain : sois fidèlement exhorté, car ils ne conviennent qu’aux âmes altérées ; celles qui seront sincères éprouveront ce que c’est.
Adresse,
De quelle manière l’âme doit recevoir son bien-aimé, lorsqu’il heurte dans le centre de la chambre de l’âme qui est fermée.
32. Chère âme, il s’agit ici d’un zèle ardent sans relâche. Tu pourras bien obtenir la faveur d’un baiser de la noble Sophie au saint nom de Jé-sus : car elle se tient déjà à la porte de l’âme ; elle frappe, et elle avertit le pécheur de se détourner du chemin des impies. Si donc le pécheur vient une fois à désirer son amour, elle s’y accorde volontiers, et elle le baise par les rayons de son amour doux, ce qui réjouit son cœur, mais ne l’admet pas si tôt dans son lit conjugal, c’est à dire, elle ne retrace pas si tôt dans l’âme l’image céleste qui a été effacée dans le Paradis. Il y aurait du danger : car si Adam et Lucifer sont tombés, cela pourrait bien encore arriver, puisque l’homme est encore lié si fortement à la vanité.
33. Il faut que ta promesse soit affermie par un lien fidèle, si tu veux qu’elle te couronne, il faut auparavant que tu sois éprouvée, elle retire derechef de toi les rayons de son amour, pour voir si tu lui seras fidèle ; elle te laissera sans te donner aucune réponse, non pas même par une œillade de son amour : car il faut que tu sois jugée avant que d’être couronnée, et que tu goûtes la bière aigre que tu t’es versée dans tes abominations ; il faut que tu viennes auparavant jusqu’aux portes de l’enfer, et que tu montres ta victoire contre le diable pour l’amour d’elle, et dans son amour avec efficace.
34. Christ fut tenté au désert ; si tu veux en être revêtue, il faut que tu passes par tout son procédé, depuis sa conception jusqu’à son ascen-sion ; et bien que tu ne puisses ni n’oses entreprendre de faire ce qu’il a fait, si est-ce qu’il faut que tu passes entièrement par son procédé, et que tu meures continuellement par ce moyen à ta vanité : car la vierge de la Sapience ne se fiance point avec l’âme, qu’à ces conditions et dans cette qualité, qui reverdit dans l’âme par la mort de Christ, comme une nouvelle plante céleste ; le corps terrestre ne la comprend point en cette vie : car il faut auparavant qu’il meure à sa vanité ; mais l’image céleste qui fut effacée en Adam et qui est la vraie semence de la femme dans laquelle Dieu s’est fait homme, et où il a introduit la semence céleste et vivante de son essentialité, est celle qui reçoit la perle précieuse de la même ma-nière, comme cela arriva à Marie dans le but de cette alliance.
35. C’est pourquoi prends soigneusement garde à ce que tu sais, tiens fidèlement ce que tu auras promis : elle te couronnera plus volontiers que tu ne le saurais désirer ; mais prends bien garde, lorsque le ten-tateur viendra à toi avec les plaisirs, la beauté et la gloire du monde, tu dois les rejeter dans ton esprit, et lui dire : je suis un serviteur dans la vigne de Christ, et je n’en suis pas le maître, en tout ce que j’ai, je ne suis qu’un serviteur de Dieu, et j’en dois user de la manière que sa parole me l’ordonne ; mon cœur doit être auprès des simples, dans la poussière et dans une continuelle humilité.
36. De quelque condition que tu sois, il faut que l’humilité soit à la tête du combat ; autrement tu n’obtiendras point le mariage avec la Sa-pience, quoi que ce soit par ce mariage que la vraie humilité soit engendrée ; mais la libre volonté de l'âme doit être athlète : car lorsque le diable ne peut pas se rendre maître de l’âme par la vanité, tellement qu’elle ne veut pas se laisser amorcer, il vient lui mettre au devant son indignité avec le catalogue de ses péchés, c’est alors que le combat s’échauffe.
37. Ici il faut que le mérite de Christ soit mis à la tête du combat ; la créature ne saurait vaincre le diable par aucun autre moyen : car cela se passe à l’égard de quelques uns d’une manière si terrible que la raison juge quelquefois qu’un tel homme a perdu le sens, et qu’il est possédé du démon, tant le diable se défend dans plusieurs, surtout dans ceux où il avait édifié un grand repaire de voleurs, lorsqu’il se voit contraint de sortir. Il s’agit alors de combattre : car le ciel et l’enfer sont aux prises.
38. Que si l’âme en cette occasion demeure confiante, et qu’elle remporte la victoire de tous les assauts de Satan, ne faisant aucun cas de toutes les choses temporelles, pour l’amour de la noble Sophie (Sapience) elle ne manquera pas de la couronner d’une guirlande athlétique, comme d’un trophée. C’est ici où la Vierge se manifeste par le très-précieux nom de Jésus avec Christ, le destructeur du serpent, comme étant l’oint de Dieu, et s’approche à l’âme ; ici elle baise l’âme dans son essence d’un amour très-doux, tout à fait intrinsèquement, et elle lui imprime son amour dans ses désirs pour marque de la victoire. Alors Adam ressuscite quant à sa patrie céleste en Christ ; ce que je ne saurais décrire, parce qu’il ne se trouve point de plume dans ce monde pour l’exprimer : car c’est la noce de l'Agneau, où la perle précieuse est semée avec grand triomphe, quoi qu’au commencement elle soit petite comme un grain de semence de moutarde, selon que Jésus en parle.
39. Mais après que cette noce est passée, c’est à l’âme à prendre garde à ce qu’elle a promis à la Vierge, afin que l’arbrisseau de la perle prenne de l’accroissement : car alors le diable viendra avec les méchants exciter un grand orage qui mettra en avant le mépris, les opprobres, les outrages, et feront passer pour folie tout son état. C’est là où il faut que l’homme se mette sous la croix de Christ dans tout son procédé ; c’est alors qu’il faut montrer par les effets que nous portons à juste titre le nom de Chrétien ; alors il faudra se résoudre à passer pour fou et un homme impie dans l’esprit des mondains, et même de ses meilleurs amis qui auparavant le caressaient au milieu de ses convoitises chamelles ; mais alors ils deviennent ses ennemis, et le haïssent sans savoir pour-quoi. C’est ainsi que Christ cache son épouse sous la croix, afin qu’elle demeure inconnue dans le monde ; et c’est aussi le but que le diable se propose, que les enfants de Dieu soient inconnus au monde, de peur qu’il ne vienne à croître plusieurs pareilles plantes dans son prétendu jardin. J’ai voulu donner cette instruction aux âmes Chrétiennes, afin que si pareilles choses leur arrivaient, qu’elles sussent de quelle manière elles doivent se conduire.
Prière très-sérieuse
Dans les tentations, contre la colère de Dieu dans la conscience ; comme aussi contre la chair et le sang, lorsque le tentateur s’approche de l’âme, et lui livre ses assauts.
40. Ô Abîme très-profond de l’amour de Dieu en Jésus Christ ! ne m’abandonne point dans cette nécessité présente, il est vrai que je suis coupable des péchés qui se soulèvent maintenant dans ma conscience ; et si tu m’abandonnes, il faut que je sois submergé ; mais tu m’as promis dans ta parole que quand une mère oublierait son enfant, ce qui ne peut arriver qu’avec grande douleur, toi, tu ne m’oublierais pas, tu m’as gravé dans tes mains, dans tes mains cruellement percées de clous, tu m’as gravé dans ton côté percé, d’où il coula du sang et de l’eau. Je suis un pauvre misérable, saisi par ta colère, destitué de toutes forces : je ne puis faire autre chose que m’enfoncer dans tes plaies et dans ta mort.
Ô infinie miséricorde de Dieu ! délie-moi des liens de Satan, tout mon recours est à tes plaies saintes et à ta mort. Dans cette angoisse de ma conscience je me plonge en toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Je veux maintenant vivre ou mourir en toi, tout comme il te plaira, seulement que je meure et que je défaille en ta mort, pourvu que tu m’ensevelisses en ta mort, afin que les angoisses infernales ne m’atteignent pas. Qu’ai-je besoin de m’accuser devant toi ? C’est toi qui sondes les cœurs et les reins, et qui mets mes péchés devant mes yeux. Il est vrai que j’en suis coupable, je me livre à ton jugement ; exerce sur moi ton jugement par la mort de mon Sauveur Jésus Christ.
Je crie à toi, ô juste Juge ! par les angoisses de mon Sauveur Jésus Christ, qui a sué pour moi des grumeaux de sang sur la montagne des oliviers, et qui a été fouetté devant Pilate, et couronné d’épines ignominieusement pour moi, tellement que son sang en ruisselait.
Ô Dieu juste ! c’est vraiment en ma place que tu l’as posé ; car il était innocent, et j’étais le coupable, pour qui il a souffert, pourquoi donc succomberais-je sous ta fureur ? Eteins ta colère en moi par son angoisse, ses souffrances et sa mort ; je m’abandonne entièrement dans son angoisse, dans ses souffrances et sa mort, dans son angoisse et ses souf-frances je m’arrêterai ou te tiendrai ; fais moi ce qu’il te plaira, ne permets pas seulement que je m’éloigne de son angoisse : car tu me l’as donnée de grâce ; tu y as apaisé ta fureur en lui. Et bien que jusqu’ici je ne l’aie pas embrassée, et que je m’en sois éloigné par mon infidélité, si est-ce que tu m’as donné ce précieux gage dans ma chair et dans mon âme, en tant qu’il a pris l’une et l’autre à sa céleste, et qu’il a apaisé la co-lère par son sang céleste dans ma chair et dans mon âme. Reçois-moi donc dans sa réconciliation, et mets son angoisse et ses douleurs en ta colère, qui est enflammée en moi ; brise ton jugement en moi par le sang de son amour.
Ô Amour indicible dans le sang et dans la mort de Christ ! détruis le repaire des voleurs que Satan avait érigé en moi, et où il me résiste dans la voie de ta grâce ; chasse-le de moi, afin qu’il ne puisse pas me cribler ; car nul vivant ne peut subsister devant toi, si tu retires ta main de moi.
Viens donc, toi qui brises et perromps la colère de Dieu ! brise-lui sa force ; aide mon âme à le combattre et à le vaincre ! introduis-moi dans ta victoire et me garde en toi ; brise son siège dans ma vanité allumée dans ma chair et dans mon âme : fais mourir mes convoitises dans ma vanité, dans la chair et dans le sang, lesquelles Satan a maintenant allu-mées par son angoisse infernale et par le désespoir ; éteins ce feu avec ton eau de vie étemelle, et fais passer mon angoisse à travers ta mort. Je m’abîme entièrement en toi, et quand dans ce moment mon corps et