Le commissaire Marquanteur et L'enseignante : France polar - Alfred Bekker - E-Book

Le commissaire Marquanteur et L'enseignante : France polar E-Book

Alfred Bekker

0,0

Beschreibung

Marseille retient son souffle.Une bombe explose au cœur de la vieille ville, tue un imam renommé et menace de plonger la ville dans un choc des cultures. Pour le commissaire Pierre Marquanteur, c'est le début de son enquête la plus personnelle et la plus dangereuse. Il apparaît rapidement que l'attaque n'était pas un simple acte terroriste. Elle porte la signature parfaite, presque arrogante, d'un fantôme hantant la ville. Une série de meurtres mystérieux s'ensuit : un physicien nucléaire est tué par un poison invisible, un juge corrompu est exécuté avec un message macabre. Chaque scène de crime est une mise en scène, chaque meurtre une leçon symbolique. Alors que Marquanteur déchiffre les symboles cryptiques, il découvre un complot d'une ampleur inimaginable. Les meurtres ne sont que le prélude à un final apocalyptique : la détonation d'une bombe sale contenant du plutonium volé. Mais lorsque le tueur le contacte directement, faisant de lui son interlocuteur privilégié, la traque se transforme en un duel mortel. Dans une course contre la montre, Marquanteur doit percer les mystères de la folie avant que l'architecte de la peur ne lui inflige son ultime et dévastatrice leçon.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 153

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Alfred Bekker

Le commissaire Marquanteur et L'enseignante : France polar

UUID: 75f4bf4c-2fe8-4008-89a6-884213d8007a
Dieses eBook wurde mit Write (https://writeapp.io) erstellt.

Inhaltsverzeichnis

Le commissaire Marquanteur et L'enseignante : France polar

Droits d'auteur

Glossar: Commissaire Marquanteur

personnes

Lieux et organisations

Abréviations

termes

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Épilogue

Orientierungspunkte

Titelseite

Cover

Inhaltsverzeichnis

Buchanfang

Le commissaire Marquanteur et L'enseignante : France polar

par ALFRED BEKKER

Marseille retient son souffle.Une bombe explose au cœur de la vieille ville, tue un imam renommé et menace de plonger la ville dans un choc des cultures. Pour le commissaire Pierre Marquanteur, c'est le début de son enquête la plus personnelle et la plus dangereuse.

Il apparaît rapidement que l'attaque n'était pas un simple acte terroriste. Elle porte la signature parfaite, presque arrogante, d'un fantôme hantant la ville. Une série de meurtres mystérieux s'ensuit : un physicien nucléaire est tué par un poison invisible, un juge corrompu est exécuté avec un message macabre. Chaque scène de crime est une mise en scène, chaque meurtre une leçon symbolique.

Alors que Marquanteur déchiffre les symboles cryptiques, il découvre un complot d'une ampleur inimaginable. Les meurtres ne sont que le prélude à un final apocalyptique : la détonation d'une bombe sale contenant du plutonium volé. Mais lorsque le tueur le contacte directement, faisant de lui son interlocuteur privilégié, la traque se transforme en un duel mortel. Dans une course contre la montre, Marquanteur doit percer les mystères de la folie avant que l'architecte de la peur ne lui inflige son ultime et dévastatrice leçon.

Droits d'auteur

Un livre de CassiopeiaPress : CASSIOPEIAPRESS, UKSAK E-Books, Alfred Bekker, Alfred Bekker présente, Cassiopeia-XXX-press, Alfredbooks, Bathranor Books, Uksak Special Edition, Cassiopeiapress Extra Edition, Cassiopeiapress/AlfredBooks et BEKKERpublishing sont des marques de

Alfred Bekker

© Roman par l'auteur

© cette édition 2025 par AlfredBekker/CassiopeiaPress, Lengerich/Westphalie

Les personnages fictifs n'ont aucun lien avec des personnes réelles. Toute ressemblance avec des noms est purement fortuite et involontaire.

Tous droits réservés.

www.AlfredBekker.de

[email protected]

Suivez-nous sur Facebook :

https://www.facebook.com/alfred.bekker.758/

Suivez-nous sur Twitter :

https://twitter.com/BekkerAlfred

Consultez le blog de l'éditeur !

Restez informé(e) des nouveautés et des informations générales !

https://cassiopeia.press

Tout sur la fiction !

Glossar: Commissaire Marquanteur

personnes

Commissaire Pierre Marquanteur:Inspecteur principal expérimenté et instinctif du FoPoCri à Marseille. Enquêteur principal sur l'affaire, il entretient un lien personnel et profond avec sa ville.

François Leroc:Partenaire et ami de longue date de Marquanteur. Inspecteur pragmatique et terre-à-terre, il apporte souvent une touche de raison aux impulsions de Marquanteur.

Monsieur Marteau (Jean-Claude Marteau):Le chef intelligent et exigeant du FoPoCri à Marseille et le supérieur direct de Marquanteur.

Antoine Rousseau :Un promoteur immobilier et philanthrope extrêmement riche et influent de Marseille, dont le nom a du poids dans les plus hautes sphères de la ville.

Chloé Dubois:Développeuse de logiciels de génie et ancienne associée de Julien Soboul, elle est considérée comme une experte en technologie et s'est brouillée avec ce dernier.

Dr. Alain Fournier:Un physicien nucléaire de renom et consultant auprès du Commissariat à l'énergie atomique (CEA). L'une des premières victimes de cette série de meurtres.

L'imam Tariq Al-Hamzi :Un imam marseillais de renom, connu pour ses idées libérales, a été assassiné par une voiture piégée, ce qui a déclenché une enquête de la FoPoCri (police nationale française).

Jean-Luc :Chef de la sécurité d'Antoine Rousseau, un homme professionnel et taciturne. Ancien soldat d'élite de la Légion étrangère.

Julien Soboul :Un jeune et brillant PDG de la société technologique « Aethelred Systems », spécialisée dans les technologies de sécurité basées sur l'IA.

"L'enseignante" / "L'enseignant" :Le fantôme à l'origine de cette série de meurtres. Un personnage mystérieux et très intelligent qui se livre à un duel psychologique avec le meurtrier et laisse des « leçons » symboliques sur chaque scène de crime.

Richter Paul Valéry:Un juge de haut rang mais controversé à Marseille, connu pour son train de vie luxueux et les rumeurs de corruption qui l'entourent.

Lieux et organisations

Systèmes Aethelred :Cette entreprise technologique, fondée par Julien Soboul, est spécialisée dans les systèmes de sécurité avancés et en réseau.

Euroméditerranée:Un quartier d'affaires et résidentiel hypermoderne à Marseille, connu pour son architecture futuriste en verre et en acier.

Le Panier:La vieille ville historique de Marseille. Un labyrinthe de ruelles étroites, de maisons couleur ocre, et le théâtre de la première attaque.

Marseille :Cette ville portuaire vibrante et paradoxale de la côte méditerranéenne française sert de toile de fond et constitue presque un personnage à part entière dans l'histoire.

Pont de l’Avenir :Une fondation à but non lucratif créée par Antoine Rousseau, officiellement dédiée à l'intégration culturelle et à la promotion de projets d'avenir.

"Les Purs" :Un groupe extrémiste radical et mystérieux qui prêche une « purification » de Marseille et qui est initialement considéré comme le principal suspect dans l'attaque contre l'imam.

Abréviations

CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives):La Commission française de l'énergie atomique et des énergies alternatives (CEA), autorité centrale pour la recherche et la sûreté nucléaires.

DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure):Le service de renseignement extérieur français.

FoPoCri (Force de Police Criminelle):Une unité spéciale fictive de la police criminelle, comparable à une brigade criminelle pour les affaires particulièrement graves ou politiquement sensibles.

Pu:Le symbole chimique de l'élément radioactif plutonium.

termes

Interrupteur à homme mort (Totmannschalter) :Un mécanisme de sécurité qui déclenche une action spécifique (par exemple, une explosion) si l'opérateur humain devient incapable d'agir (par exemple, en actionnant un interrupteur ou en cas d'arrêt cardiaque).

Ouroboros :Un symbole ancien représentant un serpent se mordant la queue. Il symbolise le cycle éternel de destruction et de renaissance, le commencement au sein de la fin et la fin au sein du commencement.

La signature :Les objets ou messages uniques et symboliques que le meurtrier laisse délibérément sur chaque scène de crime (par exemple, la plume blanche, le poids en laiton) pour transmettre un message.

Chapitre 1

L'odeur de Marseille, en cette fin d'après-midi de novembre, est un mélange particulier. C'est un mélange à parts égales de mer, de gaz d'échappement et de promesses d'anis qui s'échappent des innombrables bars à pastis. D'ordinaire, c'est un mélange que je trouve réconfortant, la signature olfactive de ma ville. Aujourd'hui, pourtant, il avait une note métallique et âcre qui s'est logée dans mes narines et m'a retourné l'estomac. Une odeur de plastique brûlé, d'acier en fusion, et de quelque chose d'infiniment pire.

« Va te faire foutre, abruti ! » hurla François Leroc depuis la fenêtre passager de notre Peugeot banale. Un conducteur de cyclomoteur nous avait coupé la route avec une imprudence surprenante, même pour Marseille. La main de François se porta instinctivement vers la boîte à gants où se trouvait son SIG Sauer, mais ce n'était qu'un réflexe. Une danse lasse, répétée sans cesse, de frustration et de résignation.

« Arrête, François », ai-je murmuré en klaxonnant pour empêcher une camionnette de livraison de nous couper la route. « On est pressés, mais pas au point de remplir des papiers pour un pneu de scooter crevé. »

« Il l’a bien cherché », grogna mon collègue en s’enfonçant davantage dans son siège. François Leroc, mon collègue, mon ami, et pendant plus de dix ans le seul homme en qui j’avais une confiance absolue au travail. Son visage rond était rouge, un mélange de colère et de la tension qui nous étreignait tous les deux depuis l’appel téléphonique vingt minutes plus tôt.

L'appel venait du quartier général. Une attaque. En plein cœur du Panier, le quartier le plus ancien de la ville. Étroit, sinueux, un labyrinthe de façades ocre accrochées à flanc de colline au-dessus du Vieux-Port. Un haut lieu touristique le jour, un lieu régi par ses propres règles la nuit. Et maintenant, semblait-il, un champ de bataille.

Les derniers mètres jusqu'au lieu du crime furent un véritable cauchemar, entre gyrophares et ruban de police. Nous avons laissé la voiture sur place ; l'autocollant FoPoCri derrière le pare-brise n'était qu'une piètre excuse pour ce stationnement anarchique. Le bruit était assourdissant : les sirènes hurlantes, les cris de la foule, les grésillements des radios. Des agents en uniforme de la Police nationale tentaient de contenir une foule paniquée, paralysée par un mélange de curiosité et d'horreur.

« Marquanteur, Leroc, FoPoCri ! » ai-je aboyé à un jeune officier qui tentait de nous barrer le passage. Il était pâle, les yeux écarquillés. Sa première grosse opération, me suis-je dit. Il n'oublierait jamais cette odeur.

« Commissaire, par là », dit-il en désignant d’une main tremblante une ruelle d’où s’échappait une épaisse fumée noire. « C’est… terrible. »

« Terrible » était un euphémisme. C'était apocalyptique.

La place des Moulins, d'ordinaire une charmante petite place ornée d'un vieil olivier en son centre, n'était plus qu'un paysage dévasté. Une carcasse calcinée, sans doute une Mercedes haut de gamme, gisait au cœur du chaos. L'onde de choc avait brisé les vitres des immeubles environnants, leurs éclats scintillant comme de la poussière de diamant sur les pavés noircis par la suie. Un auvent pendait en lambeaux du mur d'un café, dont les chaises et les tables avaient été renversées comme par une main géante.

Nous avons découvert une scène d'horreur. Les pompiers éteignaient les dernières braises. Les ambulanciers soignaient les blessés, leurs cris et leurs gémissements emplissant l'air. Et puis il y avait les corps. Recouverts de draps blancs, mais leur silhouette et les taches sombres et humides qui les maculaient ne laissaient aucun doute sur la brutalité du drame.

Un homme trapu, aux cheveux clairsemés et à la moustache qui semblait ne plus avoir quitté son visage depuis les années quatre-vingt, s'est approché de nous. Le commissaire Divonne, chef de la brigade. Je le connaissais pour l'avoir croisé à maintes reprises ; un bureaucrate visiblement mal à l'aise face à la dure réalité de la rue.

« Marquanteur, Dieu merci ! » s’exclama-t-il. « C’est bien trop important pour nous. Ça sent le terrorisme à plein nez. »

« Que savons-nous ? » demanda François, tandis que son regard scrutait la scène avec professionnalisme et impitoyabilité.

« Voiture piégée », expliqua Divonne. « Déclenchée à distance, d'après les premiers experts des démineurs. Un travail très professionnel. La cible était clairement la Mercedes. Elle appartenait à l'imam Al-Hamzi. »

Je suis resté figé. L'imam Tariq al-Hamzi. Un nom connu à Marseille et bien au-delà. Al-Hamzi était une figure controversée. Un érudit qui prêchait un islam moderne et européen, qui défendait le dialogue interculturel et qui condamnait fermement les radicaux au sein même de son mouvement. Pour certains, il était un phare, un bâtisseur de ponts. Pour d'autres, les fanatiques de tous bords, il était un traître. Un hérétique. Une épine dans leur pied.

« Al-Hamzi est-il mort ? » ai-je demandé, même si la réponse était évidente. Sa voiture était coupée en deux. Personne n’aurait pu survivre à ça.

« Lui et son chauffeur. Morts sur le coup. Deux de ses gardes du corps, qui se trouvaient dans le véhicule d'escorte, ont également été tués. Et… » Divonne déglutit, « au moins trois civils. Une jeune femme avec son enfant et un homme âgé assis à la terrasse d'un café. Nous n'avons pas encore identifié toutes les victimes. »

J'ai fermé les yeux un instant. Un enfant. Toujours un enfant. C'est cet aspect du métier qui, lentement mais sûrement, vous ronge l'âme, vous empêche de dormir et vous fait vous interroger sur le monde dans lequel nous vivons.

« Des lettres revendiquant la responsabilité ? Des appels téléphoniques ? » demanda François.

Divonne secoua la tête. « Rien. Absolument rien. C'est pourquoi nous vous avons appelés. Il y a une dimension politique qui nous dépasse. »

Je me suis approché des débris. L'odeur nauséabonde s'est intensifiée. J'ai enfilé des gants en latex. L'équipe de police scientifique était déjà à l'œuvre, telle une ombre blanche dans sa combinaison, numérotant les éléments de preuve, photographiant chaque détail. Je respectais leur travail, mais mon instinct me disait que la réponse ne résidait pas dans les fragments métalliques de la bombe, mais dans le message laissé par le coupable. Et les professionnels de ce calibre laissaient toujours un message.

« Pierre, regarde ça », dit François en désignant un endroit près de la Mercedes calcinée qui, étrangement, était resté intact après l'onde de choc. Protégé par un épais appui de fenêtre en pierre, gisait quelque chose qui n'avait rien à faire là.

Je me suis agenouillé. C'était un petit morceau de parchemin, inscrit à la main dans une élégante calligraphie arabe. Il n'était ni brûlé, ni sale. Il avait été soigneusement placé. Après l'acte.

« Qu’est-ce que ça dit ? » demanda François.

Mon arabe était rudimentaire, mais suffisant pour ces quelques mots. Je les avais déjà entendus dans les manifestes de fanatiques qui croyaient tuer au nom de Dieu.

» « Et tuez-les où que vous les trouviez. »« “Coran 2, verset 191”, ai-je traduit à voix basse. “Sorti de son contexte, bien sûr. Une des justifications habituelles du djihad contre les soi-disant infidèles.” »

« Ce sont donc bien des fanatiques religieux », a observé François.

« Ou quelqu’un qui veut nous le faire croire », ai-je rétorqué. J’ai soigneusement placé le parchemin dans un sac à preuves. « C’est trop parfait. Trop théâtral. Comme la croix faite de douilles de cartouches dans l’affaire Spano il y a quelques années. »

Le souvenir de cette affaire était pénible. Un tueur à gages qui avait semé la terreur dans le milieu marseillais et qui avait toujours une longueur d'avance. Finalement, nous l'avons arrêté, mais pas avant qu'il n'ait commis un massacre. Son mode opératoire était similaire : précis, mortel et empreint d'un symbolisme presque arrogant.

« Vous ne croyez pas qu'il s'agissait d'un attentat terroriste ? » demanda Divonne, incrédule.

« Je crois que quelqu’un veut donner cette impression », dis-je. « François, parlez aux survivants. Aux gardes du corps qui sont à l’hôpital. Je veux savoir s’il y a eu des menaces concrètes récemment, au-delà des rumeurs habituelles. »

« Ce sera fait. »

Je me suis tournée vers le café. La plupart des blessés avaient déjà été évacués, mais une jeune femme était assise sur les marches d'un immeuble en face, enveloppée dans une couverture qu'un ambulancier lui avait donnée. Elle fixait le vide, le visage blême. Un agent se tenait maladroitement à côté d'elle.

Je me suis approché d'elle. « Commissaire Marquanteur, FoPoCri », me suis-je présenté discrètement. « Étiez-vous au café ? »

Elle se contenta d'un signe de tête sans me regarder. Son regard était fixé sur la place, sur les cadavres recouverts.

« Avez-vous vu quelque chose ? Avant l'explosion ? Quelque chose d'inhabituel ? »

Elle secoua lentement la tête. Puis, après un long silence, elle murmura : « Un homme. Il m'a offert sa place. »

J'ai haussé les sourcils. « Pardon ? »

« Je voulais m’asseoir dehors, mais il n’y avait plus de place », dit-elle d’une voix tremblante. « Il y avait un homme assis seul à une table pour deux. Il s’est levé et m’a dit de m’asseoir, qu’il devait partir de toute façon. Il était très poli. »

« Pouvez-vous le décrire ? »

« Pas vraiment. Normal. Sans intérêt particulier. Il portait une casquette et des lunettes de soleil. Il a quitté le café… et peut-être une minute plus tard… » Sa voix se brisa. Elle se mit à trembler.

« Il vous a sauvé la vie », ai-je déclaré d'un ton neutre.

Elle hocha de nouveau la tête, et des larmes se mirent à couler sur ses joues. « Il marcha vers la rue du Panier. Complètement calme. Comme si de rien n'était. »

Un homme discret quitte son poste, et une minute plus tard, une bombe explose. Coïncidence ? Dans mon métier, j'ai depuis longtemps cessé de croire à ce genre de coïncidences. Soit il était l'auteur de l'attentat, fuyant sa propre bombe, soit il savait ce qui allait se passer. Dans les deux cas, il était notre témoin le plus important. Ou notre principal suspect.

« Merci », ai-je dit doucement. « Un collègue recueillera votre déposition complète. »

Je l'ai laissée derrière moi et suis retournée auprès de François, qui venait de terminer son appel téléphonique.

« Deux des gardes du corps répondent », a-t-il indiqué. « Il y a eu des menaces. Comme toujours. Mais ces dernières semaines, elles se sont intensifiées. Appels anonymes, courriels. Toujours le même message : Al-Hamzi est un homme de main de l’Occident et doit payer pour sa trahison de l’islam. »

« De la rhétorique classique », ai-je murmuré. « Rien de concret ? »

« Oui. L’un des courriels contenait un avertissement. On y parlait d’un “feu purificateur” qui allait bientôt s’abattre sur les pécheurs de Marseille. Nos collègues de la lutte antiterroriste l’ont balayé d’un revers de main, le jugeant sans fondement. Ils en reçoivent des dizaines chaque semaine. »

Un feu purificateur. Cela sonnait sinistre. Et cela s'accordait avec le geste théâtral du parchemin.

Mon téléphone portable a vibré. C'était le quartier général. Monsieur Marteau voulait nous voir. Immédiatement.

« Il faut qu’on y aille », dis-je à François. « Le patron commence à s’impatienter. »

Alors que nous retraversions la barrière pour rejoindre notre voiture, je me suis retournée une dernière fois. La fumée s'était quelque peu dissipée et le soleil couchant baignait les lieux d'une étrange lumière orangée. Marseille, ma belle ville maudite. Elle portait déjà de nombreuses cicatrices, mais celle-ci était profonde. Et mon intuition me disait que ce n'était que le début. Que ce « feu purificateur » dont parlaient les fanatiques venait à peine de s'allumer. Et que la bombe au plutonium dont nos informateurs nous mettaient en garde depuis des mois n'était peut-être pas une pure fiction, mais bien l'objectif ultime d'une bande de fous pour qui un imam et quelques innocents n'étaient que le prélude sanglant.

Deux heures plus tard, nous étions assis dans la salle de réunion de notre chef. La pièce était, comme toujours, étouffante, et une odeur de café froid flottait dans l'air. Jean-Claude Marteau, chef du département des enquêtes criminelles de Marseille, se tenait près de la fenêtre, le regard perdu dans les lumières de la ville. Les mains enfoncées dans les poches de son pantalon impeccablement coupé, une posture qui trahissait toujours son extrême tension, son visage, qui d'ordinaire exprimait une autorité sereine, paraissait figé comme une statue dans la pénombre.

« Un imam, un enfant, plusieurs civils », dit Marteau sans se retourner. Sa voix était calme, mais tranchante comme un rasoir. « En plein jour. Ce n’est plus une simple série de meurtres, Pierre. C’est une déclaration de guerre. »

« L’écriture est professionnelle », dis-je. « Ce n’était pas un engin explosif improvisé sorti d’un laboratoire clandestin. Nos informateurs disent qu’il s’agissait de Semtex, probablement issu d’anciens stocks militaires des Balkans. Le détonateur était très sophistiqué. Ce n’étaient pas des amateurs. »

« Et le message sur le parchemin ? » demanda Marteau en se tournant vers nous. Son regard se fixa sur moi.

« Une justification classique utilisée par les djihadistes », intervint François. « Mais comme Pierre l’a déjà dit : cela paraît presque trop parfait. On dirait une phrase tirée d’un manuel de terroriste. »

« C’est précisément ce qui m’inquiète », dit Marteau en se dirigeant lentement vers son bureau. Il s’enfonça lourdement dans son fauteuil en cuir. « Depuis six mois, nous recevons les mêmes avertissements fragmentaires de diverses sources, allant des services de renseignement étrangers à des informateurs de bas niveau dans les banlieues. Une cellule radicale se faisant appeler « Les Purs ». Des salafistes ultraconservateurs qui considèrent Marseille comme un repaire d’iniquité des temps modernes qu’il faut éradiquer. »

« Nous en avons entendu parler », ai-je dit. « Jusqu’à présent, on nous a dit qu’il s’agissait d’un groupe dissident sans ressources ni capacités importantes. »