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Corentin Regent retrace, avec une sensibilité profonde, les moments marquants de son existence, de l’enfance à l’âge adulte. Sa jeunesse, à la fois protectrice et oppressante, suscite en lui des aspirations d’évasion. Pris entre l’autorité rigide de ses parents et son besoin impérieux de liberté, son adolescence est teintée de rébellion et de confrontation, mais aussi d’une détermination inébranlable à se surpasser. Ce récit révèle qu’au-delà des blessures, chaque épreuve est porteuse de croissance. Car, malgré les embûches, la vie dévoile toujours des beautés insoupçonnées à ceux qui osent les découvrir.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Marié à une femme en situation de handicap,
Corentin Regent consacre sa vie à défendre avec ardeur les droits des personnes vulnérables. Son engagement, à travers l’écriture et la parole, témoigne d’une détermination sans faille à sensibiliser et à promouvoir cette cause essentielle.
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Seitenzahl: 43
Veröffentlichungsjahr: 2024
Corentin Regent
Le fauteuil de l’amour
© Lys Bleu Éditions – Corentin Regent
ISBN : 979-10-422-5055-3
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À mon épouse Andrea Regent
Le sel marin piquait mes narines, se mêlant à l’odeur âcre de la peinture fraîche des chantiers navals. Saint-Nazaire, ma ville natale, une cité à la fois rude et envoûtante, bercée par les marées et les rêves d’ailleurs. C’est là, entre l’océan immense et l’ombre protectrice des paquebots en construction, que mon histoire a commencé. Une histoire qui, dès le départ, a été marquée par un paradoxe : celui d’une enfance vécue comme une prison dorée.
Mes parents, pétris d’angoisses et de craintes, voyaient le monde extérieur comme une menace constante. Chaque sortie, chaque rencontre, chaque expérience nouvelle était perçue comme un danger potentiel. Ils aspiraient à me protéger, à m’épargner les difficultés et les déceptions de la vie, mais en réalité, ils tissaient autour de moi une toile d’isolement et de frustration. J’étais leur trésor, leur bien le plus précieux, mais un trésor qu’ils gardaient jalousement enfermé dans un coffre-fort, à l’abri des regards et des interactions.
Les journées s’étiraient, monotones et prévisibles, rythmées par les heures d’école et le silence pesant de notre appartement. Je lisais avec avidité, dévorant les livres comme on s’accroche à une bouée de sauvetage, m’évadant à travers les pages vers des contrées lointaines et des aventures extraordinaires. Les mots devenaient mes compagnons, mes confidents, nourrissant mon imagination et attisant ma soif d’un ailleurs inaccessible.
L’adolescence a déferlé comme une tempête, bouleversant cet équilibre fragile. La révolte a germé en moi, nourrie par le besoin viscéral de liberté, de découverte, d’affirmation de soi. Les murs de notre foyer, autrefois rassurants, se sont transformés en barreaux d’une cage dont je voulais à tout prix m’échapper. Les conflits avec mes parents se sont multipliés, devenant chaque jour plus violents, plus douloureux. Les mots, autrefois rares et précieux, se sont transformés en projectiles acérés, expressions brutes d’une souffrance partagée, d’une incompréhension mutuelle.
Mon père, en particulier, était devenu le symbole de cette autorité que je rejetais. Nos caractères, si semblables dans leur entêtement et leur fierté mal placée, s’entrechoquaient sans cesse. Les disputes éclataient pour un rien, un regard, un mot de travers, dégénérant en hurlements et en reproches. La violence physique, hélas, s’est invitée dans ce ballet funeste, chaque coup porté, chaque blessure infligée laissant des traces indélébiles dans nos cœurs et nos esprits.
Ma sœur, prise au piège de ce champ de bataille familial, observait avec effroi cette escalade de violence. Ses yeux, reflets d’une innocence blessée, me renvoyaient l’image crue de la destruction que je contribuais à alimenter. Je la sentais terrorisée, déchirée entre son besoin de sécurité et son amour pour son frère. Sa présence silencieuse, son regard lourd de reproches muets amplifiaient mon sentiment de culpabilité, me rappelant cruellement que mes actions avaient des conséquences qui dépassaient ma propre souffrance.
Le poids de la culpabilité, de la honte et de la colère me pesait chaque jour davantage. Je me sentais comme un monstre, indigne d’amour et de pardon. L’école, qui aurait pu être un refuge, un lieu d’apprentissage et d’épanouissement, est devenue le reflet de mon mal-être intérieur. Je me sentais différent, incompris, rejeté par mes camarades. La violence, verbale et parfois physique, est devenue mon seul mode d’expression, un exutoire malsain à ma rage et à ma frustration.
Au fond de moi, pourtant, subsistait une lueur d’espoir, un désir profond de rédemption. Je rêvais de me rendre utile, d’aider les autres, de donner un sens à ma vie au-delà du chaos qui m’entourait. L’idée de devenir pompier a germé en moi, nourrie par l’image héroïque de ces hommes et ces femmes qui bravent le danger pour sauver des vies. J’aspirais à me dépasser, à faire preuve de courage et d’abnégation, à me racheter à mes propres yeux et à ceux des autres.