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Versailles, une cage dorée. Un amour qui se mue en rébellion. À la cour de Louis XV, où le pouvoir est la denrée la plus précieuse et la trahison la monnaie courante, la belle Isabelle de Valois n'est qu'un pion dans le jeu impitoyable du duc de Morvan. Son atout le plus précieux, elle reçoit une mission claire : séduire le brillant mais obstiné cartographe du roi, Lucian de Beaumont. Ses cartes méticuleuses menacent de révéler les sources secrètes de la richesse du duc, et Isabelle est destinée à causer sa perte. Mais elle n'avait pas mesuré l'attirance dangereuse qu'exerçait cet homme qui voyait le monde sans concessions et à travers les yeux duquel elle était, pour la première fois, bien plus qu'une simple marionnette. Dans les sombres cavernes de Versailles, une passion dévorante s'embrase, faisant d'eux des complices contre leur ennemi commun. Lorsque le duc riposte, piégeant Isabelle dans un tissu d'humiliation et de chantage, ils doivent tout risquer. Dans un acte audacieux, ils défient l'homme le plus puissant de France. Mais dans le jeu royal de Versailles, où chaque geste peut être fatal, le prix de la liberté n'est pas seulement leur vie, mais aussi leur âme.
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Seitenzahl: 186
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Le Jeu royal de Versailles : un roman historique
Droits d'auteur
glossaire
personnes
lieux
Termes et concepts
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Titelseite
Cover
Inhaltsverzeichnis
Buchanfang
par E. L. Delancey
Versailles, une cage dorée. Un amour qui se mue en rébellion.
À la cour de Louis XV, où le pouvoir est la denrée la plus précieuse et la trahison la monnaie courante, la belle Isabelle de Valois n'est qu'un pion dans le jeu impitoyable du duc de Morvan. Son atout le plus précieux, elle reçoit une mission claire : séduire le brillant mais obstiné cartographe du roi, Lucian de Beaumont. Ses cartes méticuleuses menacent de révéler les sources secrètes de la richesse du duc, et Isabelle est destinée à causer sa perte.
Mais elle n'avait pas mesuré l'attirance dangereuse qu'exerçait cet homme qui voyait le monde sans concessions et à travers les yeux duquel elle était, pour la première fois, bien plus qu'une simple marionnette. Dans les sombres cavernes de Versailles, une passion dévorante s'embrase, faisant d'eux des complices contre leur ennemi commun.
Lorsque le duc riposte, piégeant Isabelle dans un tissu d'humiliation et de chantage, ils doivent tout risquer. Dans un acte audacieux, ils défient l'homme le plus puissant de France. Mais dans le jeu royal de Versailles, où chaque geste peut être fatal, le prix de la liberté n'est pas seulement leur vie, mais aussi leur âme.
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Alfred Bekker
© Roman par l'auteur
© cette édition 2025 par Alfred Bekker/CassiopeiaPress, Lengerich/Westphalie
Les personnages fictifs n'ont aucun lien avec des personnes réelles. Toute ressemblance avec des noms est purement fortuite et involontaire.
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Tout sur la fiction !
Isabelle de Valois:Jeune noble intelligente et belle, elle se retrouve, après la mort de sa protectrice, sous la « protection » du puissant duc de Morvan. Elle évolue dans les dangereux courants sociaux de la cour de Versailles, où son statut et son avenir dépendent de la faveur d'hommes influents.
Lucien de Beaumont :Le cartographe nouvellement nommé par le roi. D'origine bourgeoise, c'est un brillant scientifique et un homme des Lumières qui croit au pouvoir de la vérité et de la raison. Son travail, la création de cartes précises et modernes pour le royaume, fait de lui, malgré lui, la cible d'intrigues politiques.
Duc de Morvan :L'un des hommes les plus riches et influents de France après le roi. Noble sans scrupules, manipulateur et avide de pouvoir, il accroît sa fortune colossale grâce à des opérations commerciales clandestines. Tuteur et protecteur d'Isabelle de Valois, il exploite sa dépendance à ses propres fins.
Le roi Louis XV :Le monarque vieillissant de France. Derrière une façade de décadence blasée se cache un observateur perspicace et souvent cynique des jeux de pouvoir à sa cour. Il est le maître du jeu par excellence, dont la faveur est le prix suprême.
Comte d'Artois:Le frère cadet du roi. Il est connu pour son ambition, son train de vie fastueux et sa rivalité déclarée avec le duc de Morvan. Sa haine envers ce dernier fait de lui un personnage imprévisible mais potentiellement précieux dans les manœuvres du roi.
Hélène:La jeune et fidèle servante d'Isabelle. Issue d'un milieu modeste, elle a connu la cruauté de la noblesse pour l'avoir elle-même vécue, ce qui explique sa loyauté envers Isabelle.
Versailles :Le magnifique palais et la cour du roi de France. C'est le centre étincelant du pouvoir politique, de la culture et des intrigues. Une cage dorée où beauté et danger mortel sont inextricablement liés.
Galerie des Glaces :La salle la plus célèbre et la plus magnifique de Versailles, cadre des grands bals et réceptions de la cour. Un lieu d'exposition publique, où chacun est observé et jugé.
Atelier de Lucian :Dans l'aile nord de Versailles, un vaste atelier baigné de lumière. Contrastant avec le reste du château, c'est un lieu d'étude, d'ordre et de concentration paisible, rempli de cartes, de livres et d'instruments scientifiques.
Bibliothèque du duc :Le centre du pouvoir privé du duc de Morvan à Versailles. Une pièce opulente et austère, reflet de sa richesse et de sa nature impitoyable.
Grotte de Thétis :Une grotte artificielle quelque peu oubliée dans les jardins de Versailles. Un lieu romantique et isolé, loin des regards indiscrets de la cour.
Atelier d'horloger :Un vieil atelier abandonné depuis longtemps, au cœur du Marais parisien, ayant appartenu au père de Lucian. Un lieu oublié du temps.
Le jeu du roi :Le titre du roman et la métaphore centrale des dangereux jeux de pouvoir, des manœuvres stratégiques et des intrigues subtiles à la cour de France, où le roi est à la fois l'arbitre suprême et l'enjeu principal.
Cartographie:L'art et la science de la cartographie. Dans le roman, c'est bien plus qu'un simple artisanat : c'est une arme. L'élaboration de cartes précises confère un pouvoir stratégique et économique et est l'élément déclencheur du conflit central.
Éclaircissement:Le mouvement philosophique majeur du XVIIIe siècle a mis la raison, la science et les droits individuels au-dessus de la tradition et des privilèges héréditaires. Lucien est un partisan de cette nouvelle pensée, ce qui le met en conflit avec l'ordre ancien.
Billet d'hôtel :À la cour de Versailles, des règles strictes et non écrites régissaient les comportements, le langage et les interactions. Un manquement à l'étiquette pouvait entraîner une ruine sociale immédiate.
Pharaon:Un jeu de cartes de hasard populaire et rapide du XVIIIe siècle, connu pour ses enjeux élevés et capable de ruiner des fortunes entières en une seule nuit.
La carte des étoiles :Un objet personnel et symbolique qui représente le lien particulier entre deux personnages et qui acquiert une importance cruciale au fur et à mesure que l'histoire se déroule.
Le bal masqué et le cartographe
Le soir tombait sur Versailles comme un lourd rideau de velours. Dans les jardins infinis, où les statues des dieux et des nymphes semblaient respirer dans la lumière déclinante, la brume commençait à s'élever des canaux, transformant les haies impeccablement taillées en silhouettes fantomatiques. Mais à l'intérieur du palais, la nuit était repoussée par la force de la lumière. Des milliers de bougies dans les lustres de la Galerie des Glaces projetaient des reflets éblouissants sur les parquets cirés, les murs dorés et les visages de ceux qui, tels des papillons de nuit, se rassemblaient sous cette lumière artificielle.
Isabelle de Valois se tenait légèrement à l'écart des danseurs, une coupe de champagne à la main gantée, se sentant comme une statue de pierre du jardin – faisant partie intégrante du spectacle en apparence, mais froide et impassible à l'intérieur. Elle portait une robe de soie bleu ciel, dont la jupe si ample semblait contenir un petit monde à elle seule, et ses cheveux, savamment coiffés en une sculpture blanche poudrée, étaient ornés de perles et d'une unique plume de héron. Elle incarnait la grâce courtoise par excellence, une œuvre d'art créée pour cette soirée. Et comme toute œuvre d'art à Versailles, elle appartenait à quelqu'un.
« Tu as l'air pensive, mon amour », murmura une voix grave à son oreille, et une main lourde se posa sur sa taille. Un parfum de musc et de vin l'enveloppa.
Isabelle n'eut pas besoin de se retourner. Elle reconnut cette main, cette voix, cette sensation oppressante de possession. Elle adressa à l'homme à ses côtés un sourire qui lui parvint aux lèvres sans éclairer son regard. « J'en ai assez des projecteurs, Votre Grâce. Parfois, je voudrais que le soleil ose faire pâlir ces bougies. »
Le duc de Morvan laissa échapper un rire guttural qui détonait sous son élégant manteau de soie bleu nuit. Cet homme d'une cinquantaine d'années puisait son pouvoir non dans la beauté de sa jeunesse, mais dans l'immensité de sa fortune et la froideur de son regard gris. Il contrôlait une grande partie du commerce du royaume, et la rumeur courait que ses navires transportaient davantage de contrebande que de marchandises déclarées. Il était à la fois un pilier de l'État et son plus grand parasite.
« Absurde », dit-il en l’attirant plus près de lui. Ses doigts s’enfoncèrent dans la soie de sa robe. « La lumière est notre scène. Sans elle, nous ne serions que de simples ombres. À propos d’ombres… notre petit philosophe est avec nous ce soir. »
Le sourire d'Isabelle se figea un instant. Elle savait de qui il parlait. « Le cartographe du roi ? Je ne m'attendais pas à le voir à un bal masqué. Je pensais que ces hommes préféraient la compagnie de vieux livres et de compas. »
« Sa Majesté a exigé sa présence », répondit le duc d'un ton moqueur. « Il va se mêler à ceux-là mêmes qu'il compte réduire à de minuscules points sur ses nouvelles cartes. Un homme des Lumières qui veut capturer le monde en lignes et en chiffres. Quelle absurdité ! » La main de Morvan glissa plus bas dans son dos. « J'ai une mission pour toi, Isabelle. »
Voilà. La raison de son attention soudaine, le prix de sa robe et le toit qu'elle avait sur la tête. Isabelle était la pupille de la vieille duchesse de Gramont, cousine du duc, mais depuis la mort de celle-ci, c'était Morvan qui tenait sa vie entre ses mains. Elle lui devait une dette, une dette qu'il lui rappelait sans cesse.
« Je suis à votre service comme toujours, Monsieur le Duc », dit-elle en sirotant son champagne pour masquer l’amertume sur sa langue.
« Ce cartographe, ce Lucian de Beaumont, est un danger. Ses nouvelles cartes, d'une précision extrême, menacent… certaines routes établies. Elles révèlent une vérité qu'il vaut mieux cacher. » Il se pencha plus près, son souffle chaud sur sa joue. « Le roi est obsédé par son projet. Une attaque directe serait une folie. Mais une diversion… »
Isabelle avait compris. Elle était la diversion. Elle était censée être l'arme invisible. « Et qu'avez-vous exactement en tête ? »
« Trouve-le. Charme-le. Un homme comme lui, qui ne connaît que la logique, est une proie facile pour l’illogisme de la passion. Trouve ses faiblesses. Rends-le docile. Fais en sorte que son œuvre magistrale vacille. Laisse-le découvrir le monde des salons et des boudoirs et oublier celui des ateliers poussiéreux. Tu connais les règles du jeu, Isabelle. Tu l’as appris des meilleurs. »
Il parlait de sa défunte protectrice, la duchesse, une experte en intrigues de cour. Isabelle avait observé, appris et survécu. Mais elle détestait cela. Elle détestait être réduite à un instrument, un joli visage destiné à attirer les hommes vers leur perte.
« Je vais voir ce qu'il est possible de faire », a-t-elle déclaré d'un ton neutre.
« Ne vois pas, mon amour. Fais-le », corrigea doucement le duc, mais avec une fermeté qui ne souffrait aucune objection. Il porta sa main à ses lèvres, mais son regard n'était pas celui d'un admirateur, mais celui d'un fauconnier scrutant son oiseau. « Récompensez-moi par le succès, et je vous récompenserai richement. Déçoivez-moi, et vous découvrirez combien les hivers parisiens peuvent être rigoureux sans un ami puissant. »
Il la laissa là, plantée là, et se mêla de nouveau à la foule, tel un requin nageant dans un récif corallien. Isabelle prit une profonde inspiration et vida son verre d'un trait. La musique, les rires, le bavardage incessant des courtisans – tout lui parut soudain plus fort, plus strident, plus insupportable. Elle avait besoin d'air.
Elle déposa son verre vide sur le plateau d'un domestique qui passait et se dirigea vers les grandes portes vitrées qui donnaient sur les terrasses. Le bal était un bal masqué, un caprice du roi, et tandis qu'elle ajustait son propre masque – une délicate construction de fil d'argent et de saphirs qui ne couvrait que ses yeux – elle sentit l'anonymat lui insuffler un étrange courage. Car ce soir-là, elle n'était pas Isabelle de Valois, le pion du duc de Morvan. Elle n'était qu'une silhouette dans une robe bleue, un mystère.
L'air nocturne sur la terrasse était frais et pur. Il l'attirait comme un élixir capable de purifier ses poumons du poison du hall. En contrebas s'étendaient les jardins, un labyrinthe d'ombres et de clair de lune. La musique n'y résonnait que comme un murmure étouffé, tel le battement de cœur d'un géant lointain.
Elle s'appuya contre la balustrade de pierre et plongea son regard dans l'obscurité. Il lui fallait élaborer un plan. Retrouver ce Lucian de Beaumont. L'étudier. Mais l'idée de le séduire pour protéger les agissements douteux du duc la répugnait. Sa vie se résumait-elle à cela ? Une suite interminable de services et de faveurs, une prison dorée où elle devrait sourire et comploter pour survivre ?
« Les dieux doivent être jaloux de te voir ainsi, debout ici. Ils n'ont que du marbre froid pour orner la nuit, tandis que Versailles t'a toi. »
La voix provenait des ombres à côté d'elle. Grave, calme, elle laissait transparaître une pointe d'amusement. Isabelle ne tressaillit pas. Elle avait appris à dissimuler sa surprise. Elle tourna lentement la tête.
Un homme émergea de l'obscurité d'une niche. Grand, plus grand que la plupart des hommes de la cour, sa silhouette, sous son justaucorps brodé, paraissait plus athlétique qu'ornée. Il portait un simple masque noir qui dissimulait presque entièrement son visage, laissant toutefois deviner le sourire franc de ses lèvres et son menton affirmé. Ses cheveux, châtain foncé, non poudrés, étaient simplement noués à la nuque – une entorse à l'étiquette qui suggérait soit une grande arrogance, soit une totale indifférence.
« Un poète, Monsieur ? » répondit-elle d'une voix aussi froide que la balustrade de marbre sous ses doigts. « Ou simplement un flatteur qui gaspille ses vers avec la première dame seule qu'il trouve ? »
Il s'approcha jusqu'à se tenir à ses côtés, près de la balustrade. Il ne sentait pas le parfum capiteux de la cour, mais l'air frais, le cuir et une légère odeur de térébenthine. C'était un parfum franc et authentique.
« Ni l’un ni l’autre, Madame », dit-il. « Juste un observateur qui apprécie le contraste entre la chaleur suffocante à l’intérieur et la froide réalité à l’extérieur. Il semble que vous partagiez cette même appréciation. »
Son regard glissa d'elle vers les jardins. « Là-bas, ils dansent selon les règles d'un jeu dont les mouvements sont immuables depuis un siècle. Ici, seules les ombres dansent au gré du vent. »
Isabelle était stupéfaite. Ce n'étaient pas les platitudes galantes habituelles. Cet homme parlait comme quelqu'un qui réfléchissait vraiment. « Vous ne parlez pas comme un courtisan, Monsieur. »
« Moi non plus », répondit-il. « Je suis un artisan convoqué dans un palais pour divertir les dieux. » Il se tourna vers elle et, bien qu'elle ne pût voir ses yeux, elle sentit l'intensité de son regard à travers le masque. « Et vous, Madame ? Êtes-vous une déesse qui s'ennuie, ou une prisonnière qui rêve de liberté ? »
La question la frappa avec une force inattendue. C'était comme s'il avait lu en elle. Elle esquissa un petit rire forcé. « À Versailles, chaque femme est les deux à la fois. C'est le grand paradoxe de cet endroit. »
« Un paradoxe à résoudre », murmura-t-il. « Dites-moi, Madame Mysterium, si vous pouviez enfreindre toutes les règles pendant une nuit, que feriez-vous ? »
Isabelle hésita. L’anonymat du masque, l’obscurité, l’étrange franchise de cet inconnu – tout cela créait un espace où la vérité semblait possible. « J’irais », murmura-t-elle, à peine audible. « J’irais, tout simplement. À travers ces jardins, par-delà les grilles, et encore et encore, jusqu’à ce que l’éclat de ces lumières ne soit plus qu’une faible lueur à l’horizon. »
Il hocha lentement la tête, comme s'il la comprenait parfaitement. « Une idée tentante. Mais peut-être existe-t-il une liberté plus proche. » Il lui offrit son bras. « La musique du hall est pour des marionnettes. Mais dans les jardins inférieurs, dans la grotte de Thétis, la brume joue sa propre mélodie. Voudriez-vous l'écouter avec moi ? »
C'était une proposition indécente. Une dame de haut rang ne quittait pas la société pour disparaître dans les jardins ombragés avec un inconnu. C'était le chemin le plus court vers la ruine. Mais le duc de Morvan l'avait déjà choisie pour une mission sordide. Sa réputation n'était qu'un prêt. Et dans le regard de cet inconnu – ou plutôt, dans l'aura qui l'entourait – résidait la promesse d'une amitié véritable.
« Pourquoi pas ? » dit-elle en posant la main sur son bras. « J’ai toujours été curieuse de connaître la musique du brouillard. »
Son bras était ferme et fort sous sa main. Il ne la conduisit pas par le chemin principal, mais par un escalier caché que seuls les jardiniers connaissaient. Ils s'enfoncèrent dans le labyrinthe de haies, à l'abri de la lumière, dans le silence de la nuit. Le son de l'orchestre s'estompa, remplacé par le bruissement des feuilles et le doux murmure des fontaines lointaines.
La grotte de Thétis était un joyau oublié, un vestige du temps du Roi-Soleil. Une grotte artificielle, ornée de coquillages et de coraux, abritait en son centre un groupe de statues de marbre représentant Apollon entouré de nymphes. L'eau qui jadis coulait dans la grotte n'était plus qu'un filet d'eau s'écoulant dans un bassin recouvert de mousse. C'était un lieu d'une beauté mélancolique et décrépite.
À l'intérieur de la grotte, l'obscurité était presque totale ; seul un faible rayon de lune filtrait à travers l'ouverture, donnant aux statues blanches une apparence fantomatique.
« Ici, dit-il doucement, vous pouvez respirer. »
Ils se tenaient face à face, leurs silhouettes se détachant à peine dans le crépuscule. La fraîcheur de la pierre les enveloppait.
« Qui êtes-vous ? » murmura Isabelle. La question lui avait échappé, enfreignant la règle tacite de leur rencontre.
Il rit doucement. « Je suis l'homme qui voulait savoir si vous étiez une déesse ou une prisonnière. Et vous ? Qui êtes-vous quand personne ne vous regarde ? »
Au lieu de répondre, elle leva lentement les mains et retira son masque. Elle le laissa tomber sur le sol de pierre, où il se brisa avec un léger cliquetis. C'était un acte de rébellion, la destruction du symbole de son emprisonnement. Dans la pénombre, il put alors voir son visage : les pommettes hautes, les lèvres pleines, les grands yeux sombres qui reflétaient une profonde vulnérabilité.
« Je suis une femme qui en a assez de jouer un rôle », a-t-elle déclaré, la voix légèrement tremblante.
Il fit de même. Il retira son simple masque noir, et Isabelle inspira profondément. Son visage était encore plus saisissant qu'elle ne l'avait imaginé. Ce n'était pas un joli visage au sens de l'esthétique courtoise. C'était le visage d'un penseur et d'un homme d'action, avec un nez droit, une mâchoire ferme et des yeux d'un gris profond et clair qui la fixaient avec une intensité calme et pénétrante. Il n'y avait aucune trace de la convoitise avide qu'elle avait l'habitude de voir chez la plupart des hommes de la cour, mais plutôt une curiosité authentique.
« Et je suis un homme qui en a assez d’être perçu comme quelque chose qu’il n’est pas », a-t-il déclaré.
Il leva la main, hésita un instant, puis écarta délicatement une mèche rebelle de son front. Son contact était léger, mais il lui fit parcourir un frisson. Ce n'était pas une caresse possessive comme celle du duc, mais un geste interrogateur, presque respectueux.
« Vos mains », murmura-t-elle en observant ses doigts effleurer sa peau. « Ce ne sont pas des mains de noble. Elles sont calleuses. »
« Ce sont les mains d’un travailleur », répondit-il. « Elles tiennent des plumes, des compas et parfois des ciseaux à bois. Elles essaient de saisir le monde sur le papier. »
Le cartographe. Lucian de Beaumont. Un choc la parcourut. C'était l'homme qu'elle était censée séduire et distraire. C'était sa cible, sa mission. Un goût amer d'ironie lui monta à la bouche.
Mais à cet instant précis, dans l'obscurité de la grotte, rien de tout cela n'avait d'importance. La cour, le duc, la commission – tout cela n'était qu'un monde lointain, irréel. La seule chose réelle était cet homme devant elle, dont le contact vivifiait sa peau, dont le regard la voyait telle qu'elle était, et non telle qu'elle aurait dû être.
Sa respiration s'accéléra. Il baissa lentement la tête, comme pour lui laisser toutes les chances de se dérober. Elle ne le fit pas. Elle leva le visage vers lui.
Son premier baiser fut doux, presque hésitant, une question que ses lèvres posèrent aux siennes. Elle répondit en se pressant contre lui, ses mains se posant sur sa nuque, ses doigts s'enfonçant dans ses cheveux épais et non poudrés. Le baiser s'intensifia, devenant plus exigeant, plus ardent. C'était le baiser de deux êtres naufragés qui avaient trouvé refuge l'un en l'autre.
Il se recula, haletant, le front contre le sien. « Isabelle », murmura-t-il.
« Vous connaissez mon nom ? » murmura-t-elle, surprise.
« À la cour, tout le monde connaît votre nom. La rose du salon Gramont. Mais ils ne vous connaissent pas vraiment. Pas comme ça. »
Ses mains glissèrent de son visage à ses épaules, caressant la peau nue dévoilée par sa robe. Un frisson la parcourut. Il défit les rubans dans le dos, et le corsage rigide de sa robe se desserra. Il le fit non pas avec la brutalité impatiente qu'elle connaissait, mais avec une attention concentrée, comme s'il dépliait une carte complexe.
« C’est de la folie », murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour lui.
« Oui », acquiesça-t-il, ses lèvres effleurant la courbe sensible de son cou. « La seule folie sensée de tout ce palais. »
Il la conduisit plus profondément dans la grotte, jusqu'à une niche tapissée de mousse sèche et de feuilles mortes. Là, à l'ombre des nymphes de pierre, il l'aida à se défaire des couches de sa robe. La lourde soie tomba à terre comme une peau abandonnée. Dans la pénombre fraîche, elle se tenait devant lui, vêtue seulement de sa fine chemise. C'était le sentiment de vulnérabilité le plus intense qu'elle ait jamais éprouvé – et en même temps, le plus puissant.
Il ne la regardait pas avec le regard scrutateur d'un propriétaire, mais avec l'émerveillement d'un explorateur découvrant une terre inconnue. Il s'agenouilla devant elle et baisa la cicatrice d'une blessure d'enfance sur son genou comme s'il s'agissait d'un signe sacré.
Lorsqu'il ôta ses vêtements, Isabelle fut stupéfaite. Son corps n'avait rien d'un courtisan à la silhouette molle et indisciplinée. Il était svelte mais musclé, avec la ligne nette d'un homme qui passait ses journées non pas sur un canapé, mais en plein air ou penché sur ses cartes. Il était authentique.
Il déposa son manteau sur la mousse et l'attira contre lui. La fraîcheur de la grotte laissa place à la chaleur de leurs corps. Le contact de sa peau contre la sienne fut un choc, un éveil. Chaque baiser, chaque caresse était une découverte. Il explora son corps avec la même précision et la même curiosité qu'il mettrait à cartographier un paysage, apprenant ses courbes, ses zones sensibles, la façon dont sa peau frémissait sous ses doigts.
Et elle, qui avait appris à considérer son corps comme une monnaie d'échange, un outil, le redécouvrit comme une source de plaisir pur et intense. Elle n'était plus le pion du duc. Elle était une femme qui désirait et était désirée.
Quand il pénétra enfin en elle, ce ne fut pas un acte de conquête, mais une union. Lentement, profondément, au rythme de leur respiration partagée. Elle enroula ses jambes autour de lui, l'attira plus près, en redemanda. Les sons qui s'échappaient de leurs gorges — de doux gémissements, des mots chuchotés — furent étouffés par les murs de pierre, leur secret intime.
