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Avec une jeunesse partagée entre violence, alcool et travail d’ouvrier, Gérard Lazzarotto a dû survivre jusqu’au jour où la maladie et le coma l’ont plongé dans un sommeil profond pour une longue période. Cet ouvrage nous fait le récit de ses rêves durant ce moment d’absence jusqu’à son réveil qui a laissé pas mal de blessures.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né dans des conditions difficiles, Gérard Lazzarotto a vécu au rythme des déménagements. Devenu artiste peintre, la littérature a souvent partagé ses moments de solitude et c’est à la faveur d’un coma qu’il décide de se raconter par cet ouvrage.
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Seitenzahl: 1214
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Gérard Lazzarotto
Le jour où la lumière
a cessé de tomber
© Lys Bleu Éditions – Gérard Lazzarotto
ISBN :979-10-377-8921-1
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À mon épouse Martine qui m’a soutenu
des fois et des fois jusqu’à me suivre dans la misère.
Une autre vérité
Je prends la plume et pour moi ce n’est pas un exercice bien facile. Je ne suis pas écrivain, je suis un petit artiste peintre, et je n’ai pas la prétention de tenir aux vrais écrivains la dragée haute, je veux l’écrire avec mes mots à moi, ceux de tout le monde, sans fioritures ni chichi.
Le livre doit être comme ma peinture, accessible à tous. J’utilise des mots qui pourront choquer quelques-uns d’entre vous, des plus puritains aux faux culs, et, Mon Dieu qu’il y en a, mais on ne changera pas le monde, n’est-ce pas ? De toute façon, les mots que j’utilise sont de facture courante dans la population. Et puis, quand je dis un con, c’est un con, même si celui-ci ne le reconnaît pas ou bien même qu’il ne le sait pas. Là, il pourrait être excusé. Mais, soit-il, qu’il l’est vraiment. Vous ne serez pas non plus sans remarquer que j’utilise à l’encontre de ma famille des mots obséquieux, voir grossier, mais là, et face à de telles gens et à de tels traitements, je ne peux faire autrement que de donner mon propre ressentiment.
Je n’ai aucun scrupule à le dire, je suis sans filtre et je peux vous dire que je le suis dans la vie comme dans ce bouquin.
Comme pour les religions, ne soyons pas faux cul et regardons la réalité en face, les religions ne sont qu’une façade d’une société qui se veut sociale et civilisée, mais qui, malheureusement, a déraillé pour pouvoir exploiter les plus faibles ou les plus fous. Ce n’est qu’une façade, parce que je considère que nous sommes dieu, sa voiture et tout le reste. Déjà taxé d’hérésie, je ne risque plus l’excommunication, de toute façon, je suis dans un monde que je n’ai pas demandé, et dans une famille que l’on ne prend que quand il n’y a plus rien d’autre. Et comme pas de bol, c’est sur ma pomme que c’est arrivé, certes, j’ai eu de beaux moments, je ne peux le nier, mais seulement quelques. Pour le reste, on m’en a fait chier des ronds de chapeau. Ça non plus je ne le regrette pas car le regret est un sentiment inutile et destructeur auquel je ne veux pas prêter le flanc. Et puis, si vous voulez rendre les gens heureux, soyez malheureux vous-même et si vous ne voulez pas les voir, mourrez. Maintenant, je commence mon histoire.
Alors, permettez-moi de vous raconter en premier… »
Cet humble livre se propose de retracer l’histoire vraie de ma vie, d’une partie de ma vie, devrais-je dire. Une vie, me semble-t-il, ne pas avoir demandé, à ma naissance, dès cet instant, il laissait à croire qu’un sort maléfique allait s’acharner sur mon petit berceau comme si j’étais déjà coupable du pire. De massacrer la vie de ce petit être qui allait débarquer dans ce monde, en quelque sorte, le faire chier d’avance, dans un monde jeune et déjà pourri et plus que perverti par ceux qui l’habitaient déjà. Un monde dont je n’ai jamais pu me servir ou su me servir sans me pervertir à mon tour. Et ça, ça allait me coûter beaucoup, beaucoup de déboires, de coups et de saloperies en tout genre.
Ce que je ne savais pas non plus, mais ça, c’est normal, était que le foutoir allait durer, que mes parents qui, peut-être j’avais choisi, je disais, n’étaient pas des parangons de bonté, d’amour, de gentillesse et d’équité. Et comme je l’ai dit plus haut, j’avais peut-être choisi avant de débarquer dans ce bas monde. Et maintenant, avec le recul, je trouve mon choix douteux et de plus qu’en débarquant je me plantais, et en me plantant je commençais mes âneries, parce que pour mieux, il y avait mieux, beaucoup mieux et ce n’était pas difficile. Alors pourquoi faire difficile quand on peut faire simple.
Mais voilà ! si dans les nimbes du presque néant qui, pour moi, n’était qu’un autre lieu de vie, où certainement je débarquais pour y vivre de nouvelles expériences, y apprendre d’autres leçons de vie et un savoir qui me manquais et faisait défaut à mon évolution, mais pour choisir ça, ou j’avais eu une vie de nabab et que j’en avais fait baver à plein de monde, ou j’avais tout simplement choisi pour d’autres raisons que je vais essayer de vous expliquer plus tard si j’y pense.
Maintenant, je me dis que j’ai peut-être eu les yeux plus grands que le ventre, que j’avais fixé les limites un peu hautes. Bon ! tant qu’à y aller, fallait le faire et puis c’est tout ! Et vous allez vous rendre compte que je n’allais pas faire semblant.
Dans les pages qui vont suivre, je vais vous parler de mes expériences, de mes bons et mauvais moments, et je vous assure que les deux sont aussi nombreux que copieux. Mais les tartes dans la tronche, beaucoup, beaucoup plus nombreuses que le reste. Et certes plus souvent que les bisous que je pourrais compter sur les doigts d’une main. Mais je m’en moque, on ne devient pas ce que l’on a été, mais on devient ce que l’on fait.
Je prends également la décision de tourner à la dérision les hommes et les femmes aussi que frères et sœurs, les institutions, les religions et pour le fun, moi.
De ces innombrables expériences, j’en ai tiré quelque chose que l’on appelle la morale.
Nous vivons dans le monde de l’illusion, le monde du paraître, où il faut-être beau, jeune et en bonne santé. Un monde du fric où les riches sont toujours plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Et tous ces gens ont essayé de créer ce monde de merde où plus personne ne respecte personne, et pourtant les soi-disant bien-pensants ont voulu le façonner à leur idée, des idées aussi sottes que saugrenues.
Mais ça, c’est la situation qui m’écœure, tu es petit, rires, tu es moche, rires, tu crèves, rires et ainsi de suite, pis tout et pis tout.
Mais, malheureusement, il existe encore de empêcheurs de tourner en rond, ce qu’eux appellent des fouteurs de merde. Non ! pas des lanceurs d’alerte, non, non, des gens qui ne pensent pas comme eux, des gens qui veulent vivre en toute quiétude et indépendance, parce que les lanceurs d’alerte sont des gens qui veulent en tirer un certain bénef, mais ce n’est pas cela aider, non, ce n’est pas cela, mais aider, aimer, assister son prochain.
Bon, j’arrête là mes jérémiades. Mais vous n’en faites pas, j’en remettrai une couche bientôt.
J’allais naître dans une famille de pauvres, de sans dents comme avait dit l’actuel président. Bon, c’est vrai, lui avait le bol de pouvoir se les faire soigner, tant mieux, car le voyez-vous, face à d’autres chefs d’État, puer l’hyène. Cela se passait dans un petit village du département du Doubs de l’est de la France, ou plutôt, le centre est, dans un petit village d’une centaine d’âmes tout au plus les jours de tourisme, et à cette époque, on pouvait attendre, les Chinois ne débarquaient pas encore.
Petit village, mais aussi chef-lieu de canton, Audeux le bien nommé, toute petite bourgade à la vie agricole et campagnarde, déjà en voie d’être délaissé au profit de la ville la plus proche, Besançon, qui commençait son expansion, où essayait de vivre une famille parmi tant d’autres. Mais celle-là allait devenir la mienne (si aurais su, je ne aurais pas venu na !). Le père travaillait dans une fabrique de moulinet pour la pêche qui se trouvait dans la ville déjà citée et qui se trouvait à environ une vingtaine de kilomètres de chez eux, et dont le gars se servait encore longtemps après ma naissance, le tout monté sur des lancés en bambou noir, du costaud vous pouvez me croire.
C’était, pendant la période appelée « les trente glorieuses » période faste s’il en est, avec un essor de la mécanisation à tout va, et ceci à un rythme d’enfer, l’après-guerre quoi, et pendant que ses industries tournaient plein pot, dans les campagnes, déjà laissées pour compte, les gens qui se devaient d’être particulièrement débrouillards s’ils voulaient pouvoir vivre de leur travail.
Le couple qui allait devenir ma famille, habitait chez la mère de madame, enfin plus e blanc, donc s’ouvraient sur le mur de la ferme du gars Poignant agriculteur de son état, apparemment pas le plus aimé cause une légère malformation qui lui barrait le visage, mais gars au demeurant hyper sympa, et qui aimait à rendre service à tout le monde, et il est vrai que bien des fois s’il n’avait pas été là avec sa voiture une Citroën traction avant, il y aurait eu pas mal de morts au village. J’en reviens à l’entretien des courts, qui était fait par le grand-père, ancien mécanicien sur locomotives à vapeur et à la retraite, d’origine alsacienne, quant à grand-mère elle jurassienne, lui, le Pépé Ernest, brave homme par excellence, mis a par l’entretien, n’avait pas trop son mot à dire à la maison, c’était madame qui portait le froc, et vous verrez que les chiens ne font pas des chats.
Bon, j’en reviens à la visite du patrimoine, les deux piaules et la courette donnaient également sur la route par une large grille en fer, de couleur verte elle aussi, en partant de la route et en passant devant le studio, on arrivait à un passage d’environ trois mètres de large, ou à droite on découvrait des escaliers en rondins vachement bien faits, longeant un grillage tendu à la perfection, et dedans une belle cabane, « le poulailler, et en suivant le mur de la ferme, une autre barrière elle aussi en grillage, avec à l’intérieur des clapiers eux aussi, aussi soignés que le reste, vers le poulailler, en prenant l’allée à gauche, on suivait d’un côté un haut et long mur en pierres sèches qui faisait bien la longueur de la maison coupée en son milieu par des escaliers eux aussi en pierre, et qui donnaient accès au potager au verger bien herbu ce qui donnait du fourrage aux lapins.
Sur la gauche, on suivait le mur de la maison, et arrivé au milieu, une avancée en dur, de peut-être deux mètres carré, surélevée de trois marches avec une porte en bois elle aussi verte, percée d’un œil de bœuf sur le haut, surtout pour apporter de la lumière, ça, c’est les toilettes, toilettes bio s’il en est, à ce sujet, quelqu’un avait demandé les toilettes, et la réponse fut, « suivez les mouches » (boutade), oui, ce n’est qu’un mot d’esprit bien sûr, à l’intérieur, le papier, et à ce sujet, je ne me rappelle pas si le papier dit toilette existait déjà, ici, il était fait de carrés de feuille de journaux soigneusement coupée et accrochée à un crochet de métal cloué à la paroi, il faut se dire qu’à cette époque ça se faisait dans la nature, avec une poignée de feuilles, un jour, étant dans le bois et surpris par un besoin, naturel, j’ai voulu utiliser leur méthode, et mal m’en a pris, dans les feuilles, un morceau de bois qui a attaqué sauvagement mon intimité, bon, maintenant, la partie principale, l’assise soit dit le socle, le gros œuvre, c’était un genre de caisson en bois bien propre, bien entretenu et sur le dessus percé d’un trou avec pour chasse d’eau de la sciure de bois, de WC bio avant l’heure et en dessous, un gros seau pour recevoir l’aumône, que grand-père récoltait régulièrement et l’automne, préparait des tranchées dans le jardin, et allait y déverser les dons (de dame nature), le tout au fil du temps se transformait en un engrais bio, le recyclage avant l’heure, ainsi la boucle était bouclée, producteur, consommateur, producteur.
En continuant le long de la maison et au bout le mur laissait la place à un renfoncement qui allait du mur du jardin au mur de la maison et l’arrière constitué par le mur de chez la Marie, lieu couvert de tôles et au milieu, un puits, luxe de l’époque, avec une margelle de presque un mètre de un mètre de diamètre surmonté de support haut d’un mètre cinquante, muni d’une réa dans laquelle passait la corde qui servait à puiser l’eau au seau, contre le mur de la maison, une très grosse cuisinière en fonte émaillée, qui avait aussi un rôle important dans la vie des ménages, elle servait à faire la lessive, bon, je vous explique, comme il n’y avait pas encore de machines à laver en campagne du moins, il fallait bien rester propre, et avec les travaux de la campagne, on se cradotait vite, et là, tout le système avait comme le moindre geste son importance, donc le lavage se faisait en trois temps.
1) dans de grandes bassines qui pouvaient être en métal, ou en bois, les rondes comme ils les appelaient, ça ressemblait à de grosses moitiés de gros tonneaux et comme eux, cerclée de métal pour la solidité, qui après l’arrivée des machines nous ont servies encore longtemps, mais ça c’est après, bon, je vais peut-être y arriver, donc, le lundi les femmes étaient sur le pont tôt, très tôt le matin, moment où le jour n’est pas encore levé, mais si les femmes n’avaient pas de machines elles avaient un truc astucieux pour laver un linge lourd le plus souvent en gros coton, ou en lin, du costaud quoi, alors, elles mettaient le linge à tremper dans de l’eau chaude, voire très chaude, avec du savon râpé, et laissaient mariner le tout, la nuit de préférence, celle du dimanche au lundi, comme dans une fourmilière elles faisaient ça partout en même temps, comme un rituel, et je crois que s’en était devenu un.
2) le lendemain matin, à cinq ou six heures, tout le monde sur le pont, et au boulot matelot, là, le linge trempé de la veille, frotté tordu, surtout les draps, et vous pouvez me croire, il fallait des gros bras, donc, le linge était rangé, étalé dans une lessiveuse, très grosse bassine plus haute que large, qui était faite ainsi, il y avait le corps, récipient un peu évasé vers le haut, à l’intérieur, une pièce faite d’une pièce de fond presque plate et percée de trous, avec un rebord qui lui posait au fond pour y permettre la circulation de l’eau, le tout surmonté d’un tuyau des trois quarts de la hauteur du pot tout autour, des anneaux soudés, terminé d’un champignon, soudé au tuyau et qui portait se nom, dû à sa forme, champignon percé sur sa circonférence d’ouvertures allongées et alors, on recouvrait le tout de la lessive de trempage appelé le lessus, en couvrant le linge, non sans avant placé autour du champignon, un anneau muni de longs crochets qui venaient se prendre dans les anneaux du tour afin d’empêcher le linge en train de bouillir de remonter et de déborder, ça suffisait déjà assez quand un des petits crochets cassait, ça foutait une merde pas possible, et il fallait se brûler et faire fissa pour arranger le coup, et on plaçait le tout sur la cuisinière en chauffe déjà depuis un moment, car il fallait que le tout chauffe le plus vite possible, on allait pas y passer trois jours non ! imaginez un instant seulement un instant la gueule de vos petits draps en soierie, ils finiraient dans un dé à coudre pour servir de gomme à mâcher.
Une fois le bouillissage du linge fini, on n’attendait pas que ça refroidisse trop, et à l’aide d’un gourdin plutôt solide, les femmes ressortaient le linge de la lessiveuse et le plongeaient aussitôt dans les rondes déjà prêtes, pour le frotter sur une planche à laver, planche découpée en tronc de cône au bas en v, en haut en arrondi pour éviter de blesser le bassin des dames, les planches crantées sur le dessus, servaient à frotter le linge ce qui remplaçait le battoir à main, c’était d’une efficacité redoutable.
3) le linge le plus fragile, était quant à lui était lavé avec la lessive bouillie, et comme chacun sait, on ne mélangeait pas le blanc et les couleurs, le tout une fois lavé, rincé, tordu était étendu attendant le séchage.
Mais ! la journée ne s’arrêtait pas là, le matin il fallait torcher le cul des mômes, pas facile quand il y en avait plusieurs, faire la bouffe, tourner les fesses au gars quand il rentrait car il pensait que c’était le devoir de la femme, et c’est comme ça aussi qu’ils avaient des tas de chiards, le vieux lui il s’en foutait il voulait tirer sa chique et pis c’est tout, tout ça faisait une dure et longue journée, de toute façon, c’était pour recommencer le lendemain.
Pour mémé, l’avantage, est qu’elle avait le puits à côté, ce qui n’était pas forcément le cas de beaucoup de ruraux, et puis pour que les femmes se fassent un peu de monnaie, est né un nouveau métier, les lavandières, des femmes souvent seules qui pour quelque sou, lavaient le linge pour les autres, aussi, elles se retrouvaient à la fontaine avec les mères qui n’avait pas de puits sous la main pour leur facilité le boulot.
Et ma future famille dans tout ça, eh bien ! pour l’instant, ça allait, enfin je crois, parce que je n’étais pas encore là, avec sa mère, sa passait, le gars est alors parti faire son service militaire à Biscarosse dans les coms, et c’est là que les choses ont commencé à changer, la mémé, a commencé à emmerder sa fille, qui avec déjà un moutard, attendait le retour de son prince charmant. C’est beau l’amour non ! en lui faisant bien sentir qu’elle n’aimait pas son mari, cet italien, ce rital à deux sous, sale rital comme elle s’aimait à l’appeler, et bien d’autres paroles péjoratives et noms d’oiseaux, et pas des îles ceux-là ! mais, c’était aussi une façon de vexer, d’humilier sa fille qui avec déjà un enfant en était dépendante, surtout pour le logement, et elle ne loupait pas une seule occasion de le lui coller dans les dents, il y eut bien sûr des pers qui venaient casser cette routine insidieuse de sape de la belle doche. Et puis une fois son service terminé, le Marino rentra au bercail, et repris son boulot à Besançon, trajets qu’il faisait à vélo, le matin et le soir quel que soit le temps, à cette époque, pas de voiture, ou alors une tous les trente-six du mois, ça lui faisait dix-huit kilomètres aller et au retour, certain soir, il ramenait sous sa veste du pain et d’autres denrées pour la bouffe, car déjà en ce temps-là, la mère faisait déjà de la bouffe, mais ça, c’est aussi pour plus tard. Oui, il mettait le tout sous la veste car comme il avait un vélo de course, impossible de mettre des sacoches ; et là la vioque de belle-mère s’arrangeait toujours ou le plus souvent possible de le croiser et de lui balancer des saloperies dans les dents, des bien senties, et mon futur père qui à l’époque j’aurais pu plaindre, ne répondait même pas, ce qui avait le don d’énerver encore plus la dondon, mais on sentait que ça commençait à lui chauffer les oreilles oui, les deux, il finissait par avoir les boules comme disent les jeunes maintenant.
Afin d’éviter toutes disputes au demeurant stériles pour tous, et au vu du caractère d’hyène de la vieille chieuse, ils décidèrent de quitter la mère de madame pour s’installer ailleurs, mais avec le peu de moyens qu’ils avaient, ils n’allaient pas faire les difficiles, ils trouvèrent un logement en location à une cinquantaine de mètres de l’ancien, route de Mazerolle, ils y emménagèrent très vite, car un deuxième moutard était sur le chemin, et devinez qui arrivait ! hé, hé, je vous le dirai pas, je fais durer le plaisir.
Ha ! le logement, si on pouvait appeler ça comme ça, car maintenant on le dirait totalement insalubre, voir pourri mais dans ce temps, il était bien, habitable, et surtout, c’était un toi, et pour y accéder, il y avait une vieille porte en bois mais du solide pas comme la merde de maintenant, c’est du papier de chocolat, vitrée et protégée par une sculpture en fer forgé, on arrivait dans une grande pièce non habitable, ayant servi de débarras assez longtemps, de toute façon, le proprio n’avait au grand jamais eu l’intention d’y faire les moindres travaux, et pour lui, un des plus gros sinon le plus gros agriculteur du village, c’était une aubaine que de pouvoir louer ce tas de merde, mais, sans les moyens, les pauvres locataires n’avaient pas le choix, c’était ça, ou tu étais sans domicile, alors que d’être à la rue ! mais, parce qu’il y a un mais, il fallait se méfier du gars, méchant, retors, et de plus fourbe, et de cela, nous nous en sommes aperçu beaucoup plus tard.
Bon, pour en revenir à la maison, dans ladite pièce, au fond à droite, un placard dissimulé sous une descente d’escalier, ou, les rayonnages, couverts de poussières d’un siècle d’âge, servaient de tissage aux nombreuses tégénaires a huit pattes, petites bêtes sympas au demeurant. À gauche du placard, une porte vieille mais apparemment encore très solide, sans vitres, donnait sur une autre pièce grande celle-là, bien huit mètres de long pour six de large, coupée en son centre par deux marches d’escalier qui vous allez le voir, allait avoir toutes leurs importances, juste au-dessus des escaliers à gauche, une porte oh ! une porte toute bête, mais condamnée, donnant chez les voisins, les Marmés, deux vieux de campagne, qui avaient du mal de supporter l’arrivée de gens, que dis-je, des étrangers, de toute façon, si la Marie avait foutu sa fille à la porte, c’est tout simplement parce qu’avec son rital elle foutait le bordel une traînée je vous dis, bon de ce côté, on laisse pour l’instant, il y a mieux à voir, en face de cette porte, une autre donnant dans une pièce aussi grande, mais jamais finie, les murs complètement pourris partaient à volo, ainsi que le sol qui lui était resté en grosses pavasses presque en tas, en quelque sorte, un boui-boui, mais pour mes futurs parents un toit, et presque chez eux, et ça valait toujours mieux que les sarcasmes de la matrone, mais comme je l’ai déjà dit, les chiens ne donnent pas des chats.
Au bout de la grande pièce, celle coupée par les marches, pour vous situer, le mur en face de la porte par où nous sommes arrivés, en plein milieu, une vieille porte-fenêtre donnant sur une cour en terre, et de chaque côté, une fenêtre sous la fenêtre à droite de la porte, un meuble qui avait pour office d’y mettre les cuvettes d’eau, la deuxième fenêtre était quant à elle voilée par un rideau vichy rouge à carreaux qui à l’origine se devaient d’être blanc, maintenant, revenons en arrière dans la pièce débarras, tout de suite après le placard, un escalier en demi-tour, montait à l’étage, arrivant sur un palier ma foi assez propret, desservant de part et d’autre deux chambres une donnant sur la cour, l’autre sur la rue et de plus une grande fenêtre avec un semblant de balcon, sur lequel il ne fallait surtout pas s’aventurer, il faut vous dire que ce que je vous décris là ! ce ne sont que des restes de ma mémoire, beaux restes s’il en est, mais aussi quelques vieilles photos ainsi que les dires des parents, mais pour la description et les détails, ce sont mes souvenirs.
Juste avant l’entrée de la maison, il y avait une porte de grange avec des œils-de-bœuf en forme de cœur, je ne l’ai, me semble-t-il, jamais vu ouverte, cette porte, m’a laissé un douloureux souvenir, tient, j’ai du temps je vais vous raconter, il était une fois, une porte de grange que des enfants n’avaient jamais vue ouverte, et vous devez connaître les gosses, c’est comme les chats, ça ne supporte pas de voir quelque chose de fermer, donc, un jour là j’étais déjà né vous vous en doutez bien n’est-ce pas, je fus piqué par la curiosité, et aussi, je décidai d’aller y jeter un œil, ce qui aussitôt dit, fut mis à exécution, mais, voilà, ou les trous étaient trop haut, ou, c’est moi qui étais trop petit, et comme l’un n’empêche pas l’autre, je pris la redoutable décision de sauter, et de me hisser à la force de mes petits bras pour enfin me dévoiler le mystère de la grange.
Mais, j’ai bien réussi à sauter, j’ai bien réussi à m’accrocher, mais, je suis resté un moment pendu parce qu’en agrippant le rebord, je ne savais pas qu’il y avait une pointe félonne, et cette salope venait de m’attraper par le petit doigt et de plus refusait de me lâcher, mais vous savez un môme c’est comme un fruit mûr, ça fini toujours part tomber, et les lois de la nature étant immuables, j’ai fait comme tout le monde, je suis descendu de ma branche, mais pas sans dégâts, la vilaine pointe, m’avait déchiré le petit doigt de la main droite sur tout le bout du doigt, et en biais s’il vous plaît, et actuellement j’ai toujours ma cicatrice de guerre, et le doigt plus court que l’autre, ouf, on revenait de loin, j’avais gagné ma première bataille, et il allait y en avoir d’autres, beaucoup d’autres, mais pas toutes gagnée celles-là.et la suite, commençait à me donner raison pour la suite, car pour cette fois et une de plus, j’avais mal au cul.
Bon après cette historiette, je peux continuer mon récit, nous sommes toujours à l’intérieur de la cagnât, dans la pièce principale, je refais un détour par la porte condamnée, derrière laquelle, la voisine, la mère Marmés aimait à coller son oreille, « j’écoute » disait-elle, je n’espionne pas, non, ça je ne le ferais jamais, oh ! mon Dieu ! mais elle écoutait c’est tout, il n’y a pas de mal à ça, et là, elle n’avait pas besoin de son cornet acoustique, car comme par miracle, elle entendait encore mieux que vous et moi, elle devait y passer une partie de la journée la vieille, pour son passe-temps peut-être, et ensuite comme toutes les commères, elle allait bavasser à ceux qui voulaient bien l’entendre, et c’était selon l’humeur de l’instant, si on était pressé ou pas, ainsi, ce propageaient les bonnes et les mauvaises nouvelles, bien que les bonnes n’intéressaient personne.
Tout cela, m’amènes à vous dire que tout, absolument tout ce que j’écris, n’est que vérité, et que même je ferai semblant de ne pas dire le pire, parce que pire, il y a.
Vous allez vous rendre compte que Germinal de Zola existe encore, et que des fois la vérité et encore pire. Je vous demande aussi de ne pas vous offusquer de certain propos osé voir salace que je vais tenir, mais j’écris cela avec un certain dégoût, voir limite de la haine, mais ce n’est que peut-être. Je ne vais pas non plus prendre de gants et je vais en griffer quelques-uns ce qui va sérieusement éclaircir les rangs de mes frères et autres quant au reste, et aux conséquences, je m’en fous royalement, et ceux qui vont le prendre pour eux font très certainement partie du lot et dans ce cas je m’excuse de ne pas les avoir cités.
J’en reviens à ma future famille, alors, les ponts étant coupés entre ma future mère et la sienne, cette première n’avait plus accès au puits, et en plus elle ne pouvait avoir au puis de la Marie, qui se trouvait à une centaine de mètres de là, car celle-ci très égoïste, c’était son puits et sa pompe, c’était une vieille bique acariâtre et toute rabougrie, dont le geste était aussi nerveux que la viande et que le jour où les petites bêtes voudront la becqueter, elles auront fort à faire, et risquent bien d’y laisser pas mal de touches de pianos (les dents).
Mais, la vieille rombière avait aussi son utilité dans le village, elle faisait partie de l’écosystème comme tout va chacun, au sein de la communauté, c’était la biologiste si on peut appeler ça comme ça, et je crois qu’elle avait dû être infirmière dans son jeune temps, parce que malgré son état de vétusté, elle avait été jeune et peut-être belle, mais désormais, elle tenait une petite fermette dans le village, où vieillissaient tranquillement deux vaches d’âge canonique qu’elle emmenait tous les jours que Dieu fait. Les bêtes connaissaient parfaitement le chemin de l’étable au pré et le contraire, quelle airaient pu le faire seules, mais, La Marie tenait à les accompagner, ça la faisait marcher.
Dans le village, elle passait un peu pour une sorcière, rebouteuse, et dans le domaine, il y avait pléthore, beaucoup de concurrence, mais il y avait surtout les pseudos, celles qui et les autres, ces gens-là, était un peu laissé de côté, il faut dire que dans les petits villages, tout ce qui sortait de l’ordinaire devenait suspect, mais revenons-en à nos faits, alors, la femme enceinte se devait avec une charrette à deux roues et dedans quatre bidons de lait de trente litres que le fermier et maire du village avait bien voulu lui prêter, au grand dam du gars Binnétruy, alors avec sa carretta comme elle s’aimait à l’appeler, et, en plus chaque fois que leur enfant qui allait devenir mon frère aîné, quand il était réveillé, posé sur le tout, ce qui ajoutait d’autant au poids, et tout cela pour descendre à la fontaine du village puiser la ration d’eau pour la journée et même deux fois les jours de lessive. En général, elle s’arrangeait pour faire le plein quand le gamin piquait son roupillon.
Elle descendait par la route de Mazerolle sur presque un kilomètre, et puis en bas de la côte elle prenait à droite sur un petit chemin de terre fait de deux bandes caillouteuses séparées par une bande herbeuse rasée par le dessous les charrettes tirées par des chevaux, on arrivait à une bifurcation, à trois branches, Binnétruy, une chez le Léon Landry agriculteur également, mais qui par la suite a mal tourné en de venant assureur, de toute façon, il s’en foutait, c’était sa vielle mère qui menait la barque, et la troisième amenait à la fontaine, à cet endroit, ils avaient creusé la colline pour une mise à plat du terrain, et aller y chercher l’eau fraîche qui s’est mise à sourde, et ils lui ont construit deux beaux bacs en pierres bien taillées qui avec le temps c’étaient recouvertes d’une petite mousse d’eau un peu filante, ou aimaient à barboter des toutes petites bêtes de toutes sortes.
Derrière la fontaine, la colline qui avec le temps c’était reboisée, ainsi que sur le côté droit, sur la gauche, un long mur en pierres sèches, partant de la colline jusqu’au chemin d’arrivée, celui de la route et coupé par le milieu par une poterne comme on en trouve un peu partout dans les anciens murs, car il y en avait un autre, celui-là plutôt copieux fait de marches en rondins de dix centimètres de haut, et d’une longueur de un mètre cinquante, et ceci jusqu’à l’entrée du village, mais pour ce le faire celui-là ! Ma future mère arrivait à le descendre pour gagner du temps, et comme ça allait devenir son habitude, confondre vitesse et précipitation, l’emplacement de la fontaine n’avait pas été choisi au hasard, mais à l’emplacement trouvé par le sourcier du village, qui d’ailleurs était très bon aussi pour creuser des puits. La fontaine avait deux rôles, le premier était de pouvoir y désaltérer les troupeaux de vaches et de chevaux, qui avaient la partie droite, normalement, parce que demandez à une vache de bien vouloir aller à gauche, elle vous rira au nez, et normalement l’autre côté réservé aux lavandières qui elles aussi n’en faisaient qu’à leurs têtes.
Madame ne venait que très rarement y rincer son linge, les commérages ne semblant pas l’intéresser, aussi plus d’efforts pour ramener de l’eau.
Et puis, un jour pas comme les autres ou, c’est le bordel, ou rien, mais alors absolument rien ne va, ou tout vous parait noir sombre, bref un mauvais jour comme nous en connaissons tous, elle profita que le niño dormait, pour aller faire ses emplettes d’eau, et une fois arrivée à la fontaine, elle commença à remplir ses bidons, et, toute absorbée par son travail et plongée dans ses pensées, elle n’entendit pas les bruits de sabots des bêtes du gars Léon, qui cette fois arrivaient avec un certain retard, pour faire le plein de bibine, et, soudain, elle prit conscience de la proximité des mastodontes, et c’est prise de terreur qu’elle les vit derrière elle, et prise de panique elle essayât de se sauver, mais c’était quasiment sans issue, si bien quelle trouva la poterne se glissa dedans mais le ventre, il y avait le ventre, elle se fit aussi petite que possible, et, débonnaire, un des gros bestiaux qui se foutait de sa présence, la frôla un peu rudement en passant, et terrifiée de chez terrifiée, elle poussa un énorme hurlement qui sans émouvoir un seul instant la vache qui en tournant simplement la tête, émit un meuh ! désapprobateur, et continua son chemin, elle avait du boulot elle ! le cri attira l’attention du Louis, qui comprenant la situation, intervint immédiatement, pour repousser les cinq cents kilo de la vache, mais pour ma future mère, le mal était fait, elle allait se trouver mal, alors, pour se faire pardonner il voulut la ramener au bercail, et la mère déjà aussi têtue qu’un poteau de clôture, hystérique et on le serait pour moins, refusa et préféra et les bidons moitié plein, remonter à toute vitesse par les escaliers, le gars Léon, se proposa de la ramener, ce qu’avec son caractère de cafard elle refusa tout de go, et les bidons moitié plein remonta comme un boulet par les escaliers, un trajet de cinglé, je vous dit, mais, trop tard, le mal était fait, enfin ça dépend pour qui.
Le soir, devant les contorsions de sa femme, mon futur père appela le gars Poignan, qui avec sa caisse emmena madame à la clinique Quichon où les toubibs constatèrent que le môme voulait déjà se tailler.
Résultat, vers quatre heures trente du matin, LE GEGE NOUVEAU est arrivé, et pour couronner le tout, let ça s’est passé le jour de la Saint-Parfait, non, non, ce n’est pas prémonitoire, sinon ça se saurait, ou alors l’autre là-haut avait mélangé les cartes, excusez du peu, c’était gros comme du sel fin dans une sucrière à poivre, j’étais alors aussi gros qu’un pois chiche, et mit sous couveuse ou éleveuse ou tout ce que vous voulez, à vous de voir, il faut savoir que les couveuses de l’époque ressemblaient plus à des rôtissoires qu’à autre chose, et quand on vous mettait dedans, il y avait plusieurs possibilités :
– tout se passait bien, disons normalement ;
– on n’en sortait pas trop mal, sinon bronzé ;
– dans ce cas, on, n’en sortait en merguez poulet, et heureusement pour moi, une des rares, pour une fois, il n’y eut pas d’erreurs de manipulation, mais je devais commencer à sentir le caramel qui attache, ouf sauvé, mais, pour une suite encore pire, car quand les mariés ont vu ma tronche, ils ont dû se dire qu’ils auraient mieux fait de jeter le gosse, et d’élever le placenta.
Eh ! oui, je ne le savais pas encore, sinon j’aurais refusé de sortir, j’aurais attendu une meilleure occasion ou des temps moins perturbés, mais, j’étais là certes, mais je n’avais pas choisi la famille la plus facile, ni les parents les plus aimants, voir pas aimant du tout, mais, il en faut un qui se sacrifie n’est-ce pas ! je suppose que les autres n’en voulaient pas, c’était comme dans les soldes les derniers sont les plus mal servis, de toute façon, je n’avais qu’une envie c’était de vivre, est si ce n’est pas la plus grosse erreur, ce fut pourtant la première, mais celle-là, on n’a pas envie de la refaire. Ne vous affolez pas je n’ai aucun regret, sauf, beaucoup plus tard, enfin pas de trop, le jour où j’ai eu envie d’étrangler mes parents, de les trucider, de les faire disparaître, mais les deux hein ! à savoir, qu’en me mettant au monde, il avait fait de moi un mortel, ils venaient de me condamner à mort, et en plus, ils s’étaient bien gardés de me le dire.
Mais vous êtes trop jeunes pour comprendre ! vous verrez plus tard, aussi, suite à cette erreur, que celui qui n’en a pas fait me jette la première pavasse, alors j’attends ! bon on ne va pas attendre cent sept ans non plus, parce que s’il arrive un retardataire qui n’a pas entendu le début, vous prenez la caillasse quand même.
Je suis donc parti dans la vie certes pas au mieux, mais la vie chevillée aux corps, ce jour, j’avais décidé en toute conscience, enfin, le croit, sinon de la part du gars là-haut, c’était un abus de conscience, donc j’avais décidé de me battre « et aussi de me faire battre, mais ça, c’était indépendant de ma volonté », bien sûr, j’assume, mais que me réservait cette vie que je devais apprendre à dompter, si ce n’était le contraire, mais j’avais bien l’intention de me défendre bec et ongle, je ne voulais déjà pas être un loser. Je crois qu’à cet instant, si, j’avais pu lire l’avenir, « on me l’avait bien caché » oui, à cet instant, je serais retourné d’où je venais, mais comme je connais la madré, je suis sûr qu’elle n’a pas voulu.
Vous vous trouvez soudain dans une période de vie, ou le cerveau ou ce qui y ressemble n’est que clafoutis, ou, tout n’est que méli-mélo, où il n’y a plus rien de la vie fœtale mais encore rien de la vie réelle si ce n’est pour moi ma venue au monde (tient, il fait jour ici) une vie ou tout est à faire et à apprendre, même si dans une autre vie l’éducation avait déjà été faite, il devait y avoir des imperfections qu’il me fallait désormais réparer, et que peut-être ça représentait un bug dans mes neurones, oui, tout est à refaire, ça allait être long, de ce passé, j’en garde de bons et de mauvais moments, de beaux restes, que je peux et veux couchers sur le papier.
Les neuros disent qu’il est impossible de se souvenir avant l’âge de trois ans, perso, je pense que les souvenirs viennent avant mais simplement, nous ne nous les remémorons pas, mais bon, dans mes souvenirs il y en a un, qui revient à mon esprit, un jour ou, j’étais très, très jeune, et pris par mes activités de jeux et de découverte, quand pris par une poussée intestinale (envie de chier) je me suis fait le luxe d’un pâté dans la barboteuse (grenouillette) et, étant certainement habitué aux calottes, pour ne pas que ça se voie, j’enlevais et essuyais le tout consciencieusement sur le devant, je sais, vous allez arguer que fallait déjà avoir une case de vide pour faire ça, mais affolez pas, je l’ai toujours, et quand mère s’en ait aperçu, je me suis pris une trempe, et malheureusement, ce n’était que le début. Une autre fois, elle nous avait revêtus de barboteuses propres, et tout le tralala, nous a laissé sortir jouer dans la cour, et, encore pour mon malheur, une envie aussi soudaine qu’incontrôlable me prit à la gorge, enfin façon de dire, et paf le matos dans le calfouette, et de plus, ce jour-là, nous devions prendre le bus qui à la cambrousse était un évènement majeur, et, quand la mère s’est rendu compte du problème, oh, douleur, douleur, ce fut le mien (de compte) qui trinquât, alors, je me suis pris une branlée, et je ne pense pas qu’i y ait eu beaucoup de gamins qui s’en sont pris une comme la mienne, mais je me rappelle aussi le bus, un grand car pour nous les niño, mais comme bien souvent, c’était comme en Afrique, il y a pléthore de grandes personnes avec veau, vache, cochon, et tout le reste, et qui allaient là, là, ou là, enfin qui avaient toujours quelque part où aller, et en fin de compte, nous étions serré comme des sardines, à puer la sueur du pecnot qui n’avait pas vu une goutte d’eau depuis plusieurs jours, le car de couleur rouge, avec une porte qui s’ouvrait à l’aide d’une manivelle, mais je n’avais pas trouvé ça bizarre, ni connaissant rien, et ce jour il tombait un crachin ce qui me fit voir des essuie-glace pour la première fois, et j’ai vu le chauffeur tendre le bras, manipuler une manette, et hop ! ça marchait, maintenant, je sais qu’ils étaient à dépression.
Maintenant, le chauffeur, grand, la boule à zéro, un crâne en peau de genou, et quand il allait chez le coupe-tif, celui-ci lui demandait « qu’est-ce que je vous fais, je vous pèle ? ». Ce jour-là, mes deux frères et moi, car entre-temps, un troisième garçon était venu s’insérer dans le pack, nous n’en menions pas large, nous allions à la piqûre, nous ne savions pas de quoi il en retournait mais à entendre mère, « vous rirez moins », on aurait pu croire qu’ils allaient nous dépecer, nous avions franchement la trouille, nous sommes arrivés en ville, devant un bâtiment, non, ça ressemblait à une prison, un bâtiment horrible avec des fenêtres placées en hauteur, peu large mais longue avec des barreaux à l’extérieur comme ça, on pouvait pas entrer ni sortir, les salauds, ils voulaient déjà nous piéger, mais non ! maintenant je sais que c’était contre les voleurs qui existaient déjà. Comme ce qui devait devenir une habitude chez mère, elle nous bouscula pour descendre du car et manu militari, nous fit entrer dans le bloc house, dedans, le long des murs, des bancs en bois ou nous devions nous asseoir et la fermer, mais ce n’est pas facile quand autour de vous des à peine plus âgés pleurent et veulent se tailler, alors nous par entraînement nous avons braillé aussi, entraînant une cacophonie de plaintes de tous et toutes, on ne savait pas pourquoi ! mais peut-être que c’était pour conjurer le sort, et notre très adorée mère dans sa grande mansuétude, l’air presque hystérique, m’en colla une, forcément j’étais le plus près, et dans ma vie, je crois que c’était devenu une habitude d’être trop près ou au mauvais endroit au mauvais moment, de toute façon, quand une taloche partait, c’était toujours ma tête qui l’arrêtait, on appelle ça une tronche à claque, et gueulait comme une malade (quelle devait être sans s’en rendre compte), « tu la fermes ou je t’en fous une autre », raté, c’était déjà fait, elle devait nettoyer sa main et le coup est parti tout seul je suppose, elle ne faisait pas dans la mousseline la vieille.
Bon, à cette époque, elle était enceinte de ma future sœur mais ça, je ne le savais pas, et de plus, à mon âge on s’en fout. Était-ce suffisant pour beugner tout, enfin presque tout ce qu’il y avait autour d’elle ! sans aucun discernement ! et après moult débordements, pour bien montrer notre désapprobation, aussi qu’après leur saloperie de piquouse grosse comme clystère, nous avons repris le même car pour un retour triomphal au bercail, pourquoi triomphal, eh bien ! nous n’étions pas aussi morts que ça, mais il ne fallait pas que nous montrions trop notre satisfaction, sinon paf, et la réflexion à la con, « tu n’en menais pas large tout à l’heure, alors maintenant tu fermes ta gueule ».
De toute façon, ils (mes parents,) étaient déjà tellement cons, que quand tu pleurais, on te collait une beigne pour que tu arrêtes, pas mal la méthode non ! guérir le mal par le mal ! ça frôlait le stalinisme je vous dis.
Et en ce temps-là, on ne sait même pas si elle c’était arrêté un jour, la grand-mère aussi méchante qu’on poux de bois recommença ses idioties, comme dab d’ailleurs, ne faisait que déranger grand-père, un papy débonnaire et j’m’en foutiste, mais il faut tout de même savoir qu’il massacrait ses gosses à coup de ceinturon, mais débonnaire quand même, quand il nous voyait, nous disait avec son accent alsacien très prononcé, « fien me faire la pisse ! » et je dois dire que je ne me précipitais pas pour répondre à sa demande, car, j’avais déjà perdu une bonne partie de ma confiance aux adultes, dans les grands pieds, et je dois dire que parfois il pouvait être marrant surtout après une petite cuite avec des copains cheminots, alors en rentrant, il disait à la Jeanne, « channe, che f’ai me coucher, che te ramène une petite mallette, brave homme va ! je commençais à comprendre pourquoi il se noyait dans le schnaps bon, maintenant, parlons de moi, parce c’est quand même moi le sujet du bouquin, à ma naissance, j’avais quelques problèmes de santé qui, en ce temps, n’étaient pas recherchés, problèmes dus à la précocité de ma naissance, je ne crois pas que vous soyez assez vicieux pour penser à une autre précocité, si ! quand même ! goujats va ! je m’en suis sorti avec une sténose du pylore et par la suite, quand j’ai commencé à marcher, on s’est aperçu que j’avais un problème de colonne vertébrale, et que j’ai toujours, mais maintenant, je ne prends plus de tarte pour marcher le dos droit, ça c’est fait tout seul avec l’âge, le dos droit et raide, en est un privilège.
Je tiens ces propos, car j’ai gardé dans un coin de ma tête, un souvenir fugace mais rémanent, alors quand nous allions marcher, au début, c’était bien, mais souvent au retour, mon dos me faisant mal, je pliais doucement, mais je ne le sentais pas de trop car j’étais dans mes rêveries, et c’est à cet instant que je prenais un grand coup de pieds dans le cul, et dans un sursaut, j’entendais le vieux (redresse-toi, marche comme il faut et arrête de faire le con, fainéant va !), et la sténose, elle m’a fait beaucoup souffrir, non pas que ça fasse mal ! mais c’était les à-côtés, les coups et les saloperies qui avait commencés avec le biberon, que fois je ne gardais pas, et pfut ! parti ! à savoir, qu’en ce temps un enfant se devait d’être bien nourri, il se devait d’être rondelet, c’était un critère de bonne santé, et de richesse pour les parents, ça voulait dire que les parents avaient les moyens, alors, une saloperie de môme qui dégueule son biberon, qui ne grossissait pas, ( c’est plus le cas maintenant, cent vingt-trois petits kilos, si un kilo peut être petit) alors, ce gosse, foutait mal dans ce tableau idyllique, et pouvait éventuellement coller le doute, parce que ! peut-être !mais on se foutait comme d’une première qu’il soit un tant soit peu malade, ah ! non ! pas de ça dans la famille, tu es petit et tu fous déjà la merde, petit con va !ils n’ont jamais mais alors jamais pensé un seul instant, que le lait ne me convenait pas ! la ferme il allait aux autres, alors il doit t’aller aussi, ils ne le disaient pas, mais par conclusion, c’est ce que j’en ai déduit, et la suite allait me donner raison, mais je vous préviens, cramponnez-vous l ce qui va suivre vat-être du couillu, enfin, ça dépend pour qui, mais je vous jure que ce n’est que la strict vérité, et vous jugerez vous-même, que ça ne s’invente pas.
Dans ce cas, je n’ai certainement pas été le seul, des non-dits, des secrets de famille, mais il y en a qui en sont morts, je sais, le constat est terrible, il ne faut pas se fermer les yeux, vous voyez que Zola c’est comme la vitesse, c’est dépassé, ici, la réalité a dépassé la fiction.
Mais, là ! ce qu’ils ne savaient pas, c’est que je m’accrochais à la vie comme un morpion au cul de, oh, oh, on ne dit pas ça, ça ne va pas non, toi, la ferme je dis ce que je veux, enfin, pour vous dire et je le jure, ils ne m’auront pas même avec les moyens, et vous verrez que j’ai tenu parole.
Plus tard, quand j’ai été un peu plus grand, les repas, étaient comme le biberon, trèèèès copieux, et bourratif, et dans mon cas, c’était très déconseillé, mon corps encore débutant n’en voulait pas ! il se rebiffait, aussi je ne pouvais plus rien contrôler, si bien que la réaction était immédiate, eh ! oui, pfut comme vous dites ou je me trouvais, quelques fois, j’essayais de retarder la chose mais devant l’incompréhension des vieux, les dégâts étaient imparable, les punitions et les coups (l’arme des lâches) étaient eux aussi imparables.
Oui, je me prenais une torgnole de première, que le père m’affligeait avec un certain sadisme, d’autres fois pour me punir, et c’est là, que vous allez voir l’utilité des deux marches de la cuisine, le vieux, me faisait mettre à genou sur la plus haute, et les bras en croix, et pour couronner le tout un morceau de bois dans chaque main, et les bras tendus (de la muscu avant l’heure) et pas intérêt de moufter, ni de baisser les bras, sinon une taloche arrivait comme un coup de fronde, dans la tronche, n’importe où mais dans la tronche, ça aurait pu prêter à rire si ça n’avait pas été aussi lamentable, soudain j’étais le christ, lui il avait les clous, moi déjà les bouts de bois, j’avais la croix mais en kit, et avec le manque de moyen, on l’achetait par petits bouts, mais, j’avais un avantage sur lui, je ne risquais pas le tétanos, cause des clous rouillés. Et la réflexion, était comme un leitmotiv, « tiens-toi droit » j’aurais voulu t’y voir connard » mais la mère était taillée voir équarrie dans le même bois, aussi fautive et crétine, tenait toujours ces propos fallacieux » j’ai bien été élevée à la dure moi » mais elle on s’en fout, nous sommes dans un autre temps ma poule, il faut évoluer.
Pas droit à la fatigue, sinon les foudres de celui qui se prenait pour dieu le père me tombaient dessus, mais, l’histoire ne s’arrête pas là, maintenant, vient la partie dégueulasse, mais vraie, prêt ? Alors voilà, ah ! ce n’est pas facile à raconter, bon, tant pis je me lance, une fois, certainement une fois de trop, comme toutes les autres d’ailleurs, mais cette fois, après un repas dégueu comme tous les autres, qui c’était voulu bourratif, trop, certainement, le retour à l’envoyeur s’est fait immanquablement, et sans prévenir, et re-pfut, et là, le vieux aussi violant et idiot que d’habitude, m’a carrément collé le nez dedans, mais, le pire était la suite, encore plus dure, encore plus salaud, et le mot est faible, et ceci avec l’assentiment de la marâtre, une autre fois, toujours avec l’accord de la vieille bique, toujours pour le même problème, le connard a pris mon assiette, l’emmena au débarras ou il mettait sa moto, et, il a posé l’assiette sur un rayonnage sous les escaliers, m’a foutu brusquement sur un tabouret, et m’a jeté ses mots à la tête, « tu reviendras quand tu auras tout fini ».
Dieu que ce jour-là j’ai eu mal dans mon cœur, mais aussi dans ma tête, je venais de toucher le fond, il était plus facile pour ce bâtard de tapez que de comprendre, mais en avait seulement les capacités ! maintenant, avec le recul, je ne regrette, aucun des mots que j’ai pu écrire, et s’il faut je peux même en rajouter, nous avions atteint le paroxysme de la déchéance humaine, et de l’amour maternel aussi bien que paterne, et c’était avec ça que l’on voulait refaire le monde ? Eh bien bon courage les mecs.
Je vous jure que tout ceci est absolument vrai, et un jour, j’ai rencontré une cousine dont j’ignorais même l’existence, la fille de la sœur au père, Judith, cousine qui habite à paris, qui m’a confirmé que je subissais des sévices, des violences, je répète, je ne la connaissais pas, mais elle se rappelait de moi, à l’époque où j’étais un blondinet, et même, j’avais les cheveux tout blancs, on aurait pu croire, que quand je suis venu au monde et que j’ai vu comme c’était, il y avait vraiment de quoi blanchir, les parents nous isolaient, nous interdisaient de recevoir un copain, ou même les cousins et cousines alors comment voulez-vous que je connaisse la famille, impossible avec le caractère de chacal de la mère.
Cette cousine, m’a raconté qu’avec sa mère, elles étaient terrifiées du traitement que l’on me faisait subir, il faut dire que chaque fois que l’on pensait à moi, c’était plus pour se demander si aujourd’hui, j’avais eu le nombre syndical de tartes, dans le cas où, je pense que comme les impôts, ils faisaient un redressement, oui, ils remettaient le couvert pour une personne, rien que ma gueule. Ces gens, dits bien intentionnés, étaient bien sûr tous d’accord pour dire que j’étais un enfant battu, mais, mais personne, absolument personne, n’est ou n’a osé intervenir pour faire cesser les violences à mon encontre, ou, ils s’en tapaient complètement, ou ils avaient une trouille monstre du père, qu’ils savaient certainement violent, et encore plus, mais ça, c’est après, mais, aussi de le dire, après ça leur donnait certainement bonne conscience et l’impression du devoir accompli, ça peut peut-être rendre un imbécile heureux.
Dans la même eau, je devais avoir quatre ans, et sur une dénonciation anonyme dont on sait de qui c’est (vous avez lu le français), à la brigade de Recologne, qui dépêcha un agent sur place plusieurs jours après, donc avec diligence, donc, pour faire son devoir et constater les faits dénoncés « ignominieusement » et susceptibles d’une intervention manu militari de la maréchaussée, qui bien sûr ont envoyé le gendarme Cruchot, le leur, à eux, fin limier s’il en est, mais plus pour trouver ou la gnôle était la meilleure, car ici comme dans toutes les campagnes tout se discutait devant le dive canon, heureusement, ils ne sont pour la très grande majorité pas comme ça, mais, il y a aussi ceux qui veulent faire du galon, mais comme dans tous les boulots, il y a toujours une minorité de brebis galeuses qui sont là pour foutre la merde.
Bon, le gendarme en question est arrivé en fin de journée le képi déjà de travers, pour poser des questions à la mère, sur les faits reprochés, et au toc-toc, la mère ouvrit pour le faire entrer et asseoir à la table, je me souviens si bien de la scène que je pourrais la dessiner, la mère s’est assise en face de lui, et a répondu aux très courtes questions, sur ce l’agent de la force publique, à demander à me voir, afin de faire un état de mes très nombreuses et graves blessures (mais non, je déconne ! ooooh !) mis à part quelques gnons sur la caboche, que la mère justifiât de cette façon, « il est tellement turbulent, qu’il n’arrête pas de ce cogner aux coins de la table, que nous avons dû les couper, oh ! la conne, faire croire que j’étais maso à ce point, et assez con pour me foutre la gueule partout, surtout que les coins coupés, en rajoutaient le double. Ces propos suffire au gendarme qui les yeux rivés sur la bouteille ou sur les seins de la mère, ou les deux le gourmand celui-là, sur ce la mère comme tout honnête citoyen et pour conclure la difficile enquête, offert une petite goutte en ne s’oubliant pas elle-même, et c’est bien connu, charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. Je me répète peut-être, mais il faut être vraiment con pour croire qu’un enfant soit assez maso avant l’âge pour aller se coltiner la tronche sur des coins de table et ceci à ravir, mais enfin, la situation de l’époque était ainsi.
Des parents peut-être inapte à avoir des enfants et qui de plus, ne se rappellent pas l’avoir été, presque à croire qu’ils sont nés vieux, ceux – là, on devrait les piquer à la naissance.
La vie reprit alors sa cour, pour moi aussi, mais là, il n’y avait rien de changé, et je fus agoni d’injure frôlant encore la violence, « tu nous fais chier, c’est encore à cause de toi que les flics viennent à la maison, et les gens qu’est-ce qu’ils vont dire, ».
Ça y est on y arrive, le regard des gens, bon, faut dire qu’à la campagne, quand t’avais pété, c’était pire que si tu avais chié partout et sans jeu de mots, il en faisait tout une montagne. Et ma vie reprit minablement, surtout à cause de ma mauvaise santé mais aussi, à cause de parents imbéciles et violents qui, je le crois, en arrivaient à penser : « oh, il ne veut pas crever, ça arrangerait tout le monde », et en douce : « surtout nous ».
Stoppe, je n’en avais pas envie moi ! est-ce de ma faute si j’étais souffreteux, malade et bien plus petit que les autres, le mec, avait-il mis la même dose pour tous ? Je pense que non, ce jour-là, il devait être très perturbé, soit qu’il avait encore picolé la veille, ou trop fatigué de ses frasques indépendantes de la famille, avait-il trop bougé pendant l’acte, et a trop étendu la pâte, je crois que c’était un tout, et je peux vous dire que mes parents sont devenus seulement mes parents biologiques et le resteront.
Vous devez me trouver irrespectueux, mais pour recevoir du respect, il faut savoir en donner.
Quand dans longtemps, très longtemps, je serai là-bas, je ne veux plus aucun contact avec eux, ni jamais les revoir, mais ça, ce n’est pas moi qui décide.
Suite à ces mots, je sais que de soi-disant bien-pensants de ma famille me jetteront soit la pavasse, soit la honte et l’opprobre, mais, je m’en tape le coquillard, et désormais, quelles que soient les vicissitudes, ma vie a pris un nouveau départ, avec pour devise « causes toujours beau merle tu m’intéresses », oui, je regrette de ne pas m’être rebiffé plus tôt mais physiquement je n’en avais pas les moyens, mais j’allais le faire à ma façon, je sais, ma vie va être encore plus dure, je sais qu’ils iront encore plus loin et plus fort, mais dans mon for intérieur, je savais d’instinct que la violence humaine pouvait ne pas avoir de limites, ni de bonnes raisons, et comme les fauves, quand un mord, les autres suivent, une meute comme on appelle ça, une folie collective bien souvent attisée par une personne croyant avoir le droit de vie ou de mort sur les autres, et j’allais constater le fait bien souvent.
Oui, je disais apprendre à me rebiffer, pas facile quand on est haut comme trois pommes.
Je voudrais en revenir à la maison, les parents dormaient pour leur part dans la chambre donnant sur la cour, et nous le trio dans une chambre donnait sur la rue, mon frère aîné et moi, dormions dans un grand lit de deux personnes, lit avec le pied et la tête en tôle épaisse décoré de motifs en étoile de différent marron, partant en étoile de puis le bas, moche quoi, mais c’était l’instant qui voulait ça, mais nous n’étions pas là pour admirer une œuvre d’art, mais pour dormir, et puis, arriva un évènement que je n’attendais pas, je me suis mis à faire pipi au lit, ce qui le matin me valait de nombreuses punitions et quolibets, et chaque fois je devais rester enfermé sans aller jouer avec mes frères, on privait mes petits poumons d’oxygène, je subissais une double peine en continu, et s’ils avaient réfléchi un peu, ils se seraient doutés qu’il y avait un problème et qu’il était certainement facile à régler, mais au lieu de cela, au lieu de chercher à me soigner, il était beaucoup facile, de me maintenir dans un stress permanent, mais au lieu de cela, il leur était plus facile d’utiliser les coups.