Le Matérialisme, voilà l'ennemi - Ligaran - E-Book

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Extrait : "Le matérialisme est une erreur, une maladie de l'esprit humain ; considérée comme une forme de l'incrédulité dont il est l'expression extrême, on en trouve des traces dans les temps les plus anciens. Il est alors l'effet du dérèglement qui cherche à secouer d'un témoin et d'un juge importun ; ce n'est pas là, à proprement parler, le vrai matérialisme."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Avant-propos
I

Considérée à un point de vue général, la Philosophie est l’étude, l’analyse du grand problème du Monde et de l’Humanité.

L’Univers et l’Homme, tels sont les deux sujets qui dans tous les siècles ont occupé l’activité de l’esprit humain.

Qu’est-ce que le Monde, l’Univers ? De quelles substances est-il composé ? Quelle a été son origine ? Quel en est l’auteur ? Quelle est la cause de son existence ? Quelles sont les lois qui le régissent ?

Qu’est-ce que l’Homme ? Quelle est sa nature, son origine, sa destinée actuelle et future ? etc.

Tout Homme qui pense, se pose ces questions qui touchent à l’infini ; et ces questions toujours nouvelles, n’ont point encore reçu de la philosophie humaine une solution définitive, sans appel, tant il est vrai que :

« Si c’est la sublimité de la nature de l’homme que son âme entrevoie l’infini et y aspire, c’est l’infirmité de sa condition actuelle que sa science se renferme dans le monde fini où il vit. »

L’homme cherche, il cherche sans cesse ; il sent en lui les idées éternelles de l’infini, de l’absolu, de l’idéal, de l’immuable, auxquelles il lui est aussi difficile de se soustraire que de les expliquer ; le besoin de savoir est son essence. Il veut sonder les mystères qui l’entourent, résoudre les grands problèmes que son esprit pénétrant aperçoit. Les plus hardis, les plus intelligents imaginent des systèmes, les soutiennent avec ardeur, en proclament l’incontestable vérité ; puis de nouveaux systèmes apparaissent, renversent les précédents, pour tomber à leur tour et faire place à de nouvelles conceptions !

Un grand écrivain de nos jours, philosophe éminent, Cousin, esprit éclairé, professeur renommé, embrassant d’un coup d’œil synthétique l’ensemble des nombreux systèmes philosophiques qui ont régné avec plus ou moins d’éclat dans le monde entier, depuis les temps les plus reculés, est parvenu à les ramener tous aux quatre suivants :

SPIRITUALISME ET MYSTICISME.

SENSUALISME ET SCEPTICISME.

Ces quatre systèmes, réduits à leur essence, peuvent être très facilement ramenés à deux, savoir :

SPIRITUALISME ET SENSUALISME.

Une École moderne entend réduire ces divers systèmes en un seul, savoir : au Sensualisme soit au Matérialisme.

Dès lors, nous devons poser cette question : L’Univers et l’Homme avec lui, sont-ils composés de deux substances, esprit et matière réunis ? Le visible et l’invisible concourent-ils à la formation de l’ensemble harmonieux des êtres ? ou bien, la matière, sous différentes formes, constitue-t-elle seule tout ce qui existe ?

Le croirait-on ? cette question fondamentale n’est pas résolue définitivement pour quelques rêveurs. La philosophie discute, crée des hypothèses, bâtit des systèmes, et quelles que soient les recherches auxquelles on peut se livrer à travers les siècles, on reconnaît que la lutte entre l’esprit et la matière, qui a commencé avec le monde, dure toujours et présente sans cesse des succès alternatifs. Aux siècles de spiritualisme, succèdent les idées contraires ; et le débat est aujourd’hui plus ardent que jamais.

C’est en vain que la révélation divine aurait dû mettre fin aux incertitudes et aux erreurs dans lesquelles était plongé le monde ; c’est en vain que la parole du Sauveur a fait briller le flambeau de la vérité, jeté sur le globe entier l’éclat de la lumière céleste ; c’est en vain que Jésus-Christ nous a appris que Dieu est Esprit, que la toute-puissance de Dieu a créé de rien l’univers et tout ce qu’il contient, que la Providence divine régit et conserve son œuvre ; c’est en vain que le christianisme, en faisant connaître l’homme et ses relations avec Dieu, a révélé pour toujours le système du monde moral ; c’est en vain que l’histoire nous prouve qu’il n’a jamais existé un peuple sans Dieu,

Un souffle de matérialisme s’étend aujourd’hui sur la France et le monde entier, et menace de nous envahir complètement ! D’audacieux novateurs proclament avec assurance et prétendent prouver que tout dans l’univers se réduit à

LA MATIÈRE ET À SES FORCES.

II

Le Matérialisme, conséquence logique, fatale de la philosophie sensualiste de Locke, dont l’influence fut universelle et presque exclusive pendant tout le XVIIIme siècle, reçut une puissante impulsion de Voltaire, introducteur et propagateur en France du sensualisme anglais. Ce célèbre écrivain, conduit par la déplorable habitude de tourner tout en moquerie, sans aller lui-même jusqu’à l’Athéisme, en prépara l’avènement par ses attaques passionnées contre le christianisme et son divin Fondateur. Aussi le matérialisme, soit le pur athéisme, fut sous son influence professé ouvertement par Condillac, Helvétius, Saint-Lambert, d’Holbach, Diderot, d’Alembert et les encyclopédistes en général, etc.

Égarée déjà par les turpitudes scandaleuses de la cour dépravée de Louis XV, par le scepticisme et l’immoralité qu’affectaient les grands, l’opinion publique accueillit avec faveur les impiétés de Voltaire, se laissa entraîner facilement par l’athéisme des écrivains ses contemporains et ses disciples ; alors le matérialisme s’empara des masses et ne contribua pas peu aux horreurs qui ont déshonoré et ensanglanté si tristement les dernières années du XVIIIme siècle.

Au commencement du XIXme siècle, la France, revenue à Dieu, arrachée à ses égarements par la main puissante d’un héros qui la conduisit à la gloire, parut délivrée des déplorables doctrines de l’athéisme ; et pendant la première moitié de notre siècle, elles furent réservées à quelques écrivains isolés et sans échos, tels que le célèbre Laplace, Cabanis, Broussais et peu d’autres ; quand, en 1851, elles furent ranimées par Auguste Comte, chef et fondateur de l’École positiviste, branche du matérialisme qui, dès ce moment, a pris un essor, une extension de jour en jour plus alarmants.

Affirmé crûment en Allemagne par le docteur Büchner, professeur de philosophie à Berlin, propagé avec talent, sous quelques réserves, à l’Université médicale de cette capitale par le professeur Virchow et toute l’école biologique allemande ;

Professé en Angleterre par le professeur Tindall, fameux, mais prudent matérialiste, ainsi que par MM. Herber-Spencer, Stuart-Mill, écrivains distingués, et par une foule d’autres, tels que : MM. Congrève, Bridges, Harrisson, Parber, Cookson, etc. ; conséquence inévitable du système de Darwin ;

Enseigné en Italie par le docteur Moleschott, prussien d’origine, professeur de philosophie à Turin, depuis 1861, et ensuite professeur à Rome, où il a été nommé, en 1876, sénateur du royaume d’Italie ;

En Suisse, par M. Vogt, ancien député au Parlement de Francfort et aujourd’hui professeur à Genève ;

Fondé en France, sous le nom de positivisme, par MM. les académiciens Littré, sénateur, Renan, Taine et autres disciples de feu Auguste Comte ; soutenu plus ou moins ouvertement à l’Université de Paris par MM. les professeurs Robin, Herbelot et autres enseignant la biologie à la faculté de médecine ;

Développé par M. Viardot ; prôné par diverses publications de MM. Havet, Maury, professeur de morale, par les docteurs Brocca, Robinet, Bourdet, etc., etc..

Le matérialisme, négation absolue de Dieu, de l’âme, de la vie future, du surnaturel en général, et surtout du christianisme, a fait depuis sa renaissance en 1851, soit depuis une trentaine d’années, de si grands ravages dans les intelligences ; il a pénétré déjà si avant dans les masses, dont il flatte les appétits et qu’il délivre de tout frein moral ; il se propage avec une si alarmante rapidité ; il a trouvé un si puissant auxiliaire dans la presse positiviste, soit matérialiste , et surtout dans les cent bouches du journalisme radical ; il s’étale si ouvertement dans la littérature, au théâtre réaliste, dans l’école, le haut enseignement et jusqu’au sein de l’Académie française ; il cherche avec tant d’insistance d’escalader le pouvoir, qu’on ne peut plus mettre en doute que le matérialisme menace l’ordre social dans son existence.

Qu’on ne se fasse plus d’illusions ! Il n’existe pas de question plus redoutable et d’une plus brûlante actualité ; la sape frappe à coups redoublés les bases de l’édifice social ; il n’est plus possible de dissimuler le péril que court la société !

Dès lors, joignant ma faible voix à celle de tant d’écrivains du plus haut mérite qui ont combattu et combattent sans relâche l’ennemi commun, je voudrais, m’inspirant de leurs écrits, par un exposé concis et fidèle des principes du matérialisme, rendre vulgaires les erreurs et les pièges que cache cette désolante doctrine, en démontrer les dangers et mettre les nouvelles couches, entre autres, en garde contre ses perfides et funestes entraînements.

Je fais appel à l’opinion publique ; je lui signale une question sociale, réelle et sérieuse.

C’est dans ce but que j’écris cette étude, que je diviserai en deux parties :

1° MATÉRIALISME ANCIEN.

2° MATÉRIALISME MODERNE.

Frappé des progrès incessants du mal,

À ce défi injurieux :

« L’Ennemi, c’est le Cléricalisme, soit le Christianisme, »

J’oppose cette vérité :

Le matérialisme, voilà l’ennemi !

PREMIÈRE PARTIELe matérialisme ancien
III

Le matérialisme est une erreur, une maladie de l’esprit humain ; considéré comme une forme de l’incrédulité dont il est l’expression extrême, on en trouve des traces dans les temps les plus anciens. Il est alors l’effet du dérèglement qui cherche à se secouer d’un témoin et d’un juge importun ; ce n’est pas là, à proprement parler, le vrai matérialisme.

Mais le matérialisme pur, celui de nos jours, qui prétend s’appuyer sur la science, qui ne voit Dieu ni dans l’univers, ni dans l’homme ; qui prétend que le monde est éternel et que tout se réduit à la matière et à ses forces ; ce matérialisme scientifique est né dans le berceau et dès les premiers pas de la philosophie détournée de son noble but. Aussi, pour le retrouver dans l’antiquité, faut-il le chercher dans la Grèce, pays d’origine de la philosophie ; là nous trouvons d’abord Leusippe, qui vivait en 400 avant Jésus-Christ, et qui professa le premier le matérialisme dans toute sa pureté. Et pour en trouver l’origine dans les temps modernes, il faut remonter à Locke, soit au fondateur du sensualisme ; car, chose fort digne d’attention, le christianisme, en anéantissant le paganisme, fit disparaître aussi toutes traces de l’épicuréisme, qui avait causé la ruine de Rome. Le Moyen-Âge, en effet, si rempli de l’idée de Dieu, ne connut pas le fléau du matérialisme.

Toutefois, cette sèche et désolante doctrine, était restée en général à l’état l’opinion particulière qu’on n’osait pas manifester publiquement ; et quand le matérialisme prit de l’extension, quand il s’est généralisé dans la Grèce et surtout à Rome, il a produit de si déplorables effets, qu’il doit par cela même être pour nous un sujet de graves méditations.

Ainsi, en jetant un regard sur les temps les plus anciens, si nous consultons le Livre de la Sagesse, écrit par le roi Salomon, qui régnait en Israël dix siècles avant Jésus-Christ, nous apprenons que déjà à cette époque si reculée les mal pensants (male cogitantes), les libres-penseurs de ce temps, voulant se délivrer des inquiétudes de l’avenir, rejetaient toute croyance en Dieu et s’en allaient disant :

« Ex nihilo nati sumus et post hoc erimus tamquam non fuerimus. » Soit : Noussommes nés de rien, et après cette vie nous serons comme si nous n’avions pas été.

C’est bien là le cri de l’incrédulité ; mais cette vaine fanfaronnade de débauchés, ne paraît pas avoir eu de suite.

Si nous pénétrons dans l’Inde, grande et célèbre région asiatique qu’arrose le Gange ; nation de quarante millions d’habitants, dont l’existence remonte à la plus haute antiquité, nous y trouvons le Brahmanisme, doctrine contenue dans les livres sacrés, les Vedas ; ces livres vénérés contiennent à la fois les préceptes religieux, la règle des mœurs, les bases des institutions sociales et ont été de toute antiquité et sont aujourd’hui encore (sauf les modifications bienfaisantes introduites par la domination anglaise) le fondement de la civilisation indienne.

Le Brahmanisme peut être considéré comme représentant en Asie, le spiritualisme. Il a pour base une philosophie dont le principe fondamental est la perpétuité du sujet pensant.

La doctrine Brahmanique a donné naissance à plusieurs sectes hétérodoxes ; la principale est le Bouddhisme, né en 600 avant Jésus-Christ. Cette religion règne aujourd’hui sur tout l’Extrême-Orient ; mélange confus de subtilités puériles, elle enseigne la transmigration des âmes et repose sur les préceptes dictés par Boudha, qui, après plusieurs milliers d’incarnations diverses, est arrivé au comble de la science, a fondé le Bouddhisme, qui n’a enfanté, dit M. Guizot, « que les superstitions fantastiques, et les abstractions énervantes d’un panthéisme mythologique, sous le régime de l’immobilité des castes et du pouvoir absolu. »

Mais le Bouddhisme se rattache au matérialisme par son principe, assez semblable à celui de la philosophie sensualiste de Locke, savoir :

« La pensée ou l’esprit (car la faculté n’est pas distinguée du sujet) ne paraît qu’avec la sensation et ne lui survit pas. »

Nous trouvons encore dans l’Inde le matérialisme pur enseigné par Kapila, auteur d’un système de philosophie connu sous le nom de Sankia-nir-Isvara, soit mot pour mot : Sankia sans Dieu. Cette doctrine s’est bientôt confondue avec le Bouddhisme, qui dès lors n’est plus, d’après Colebrooke, qu’un rameau dégénéré du Sankia.

J’ai hâte d’arriver à la Grèce ; c’est là où l’esprit humain prend décidément possession de lui-même. La Grèce est le berceau de la vraie philosophie ; elle y est née près de six cents ans avant Jésus-Christ, et dès ses débuts, elle y a atteint les hauteurs les plus sublimes ; mais, si le spiritualisme a trouvé dans cette région privilégiée des interprètes tels qu’Anaxagore, Socrate, Platon, Aristote, etc., le sensualisme professé ouvertement n’a pas tardé à descendre jusqu’à l’athéisme et au pur matérialisme.