Le monde occulte - Ligaran - E-Book

Le monde occulte E-Book

Ligaran

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  • Herausgeber: Ligaran
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Extrait : "Je dirai tout d'abord que les pouvoirs que l'occultisme confère à ses adeptes renferment un certain contrôle sur les forces de la nature, dont la science ne connaît absolument rien, et à l'aide duquel un adepte peut tenir conversation avec un autre, quelle que soit la distance qui les sépare sur la surface de la terre."

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EAN : 9782335038491

©Ligaran 2015

Je dédie affectueusement ce livre

Après avoir sollicité et obtenu sa permission, à celui que sa compréhension de la Nature et de l’Humanité place si loin au-dessus de la science et de la philosophie de l’Europe, que leurs représentants les plus avancés admettront seuls l’existence dans l’homme de pouvoirs semblables ceux qu’il emploie constamment :

– au MAHATMA KOUTHOUMI, dont la bienveillante amitié donne un titre suffisant à l’auteur du présent ouvrage pour attirer l’attention du monde Européen.

A.-P. SINNETT.

Introduction
I

Il y a une certaine école de philosophie que la société moderne a perdue de vue, et qui cependant existe toujours. On en aperçoit des traces dans les anciennes philosophies qui sont familières à tout esprit cultivé, mais ces traces ne sont guère plus intelligibles que les fragments de sculpture d’un art oublié. Elles le sont moins, car nous avons une idée de la forme humaine et pouvons, par la pensée, ajouter des membres à un torse ; tandis que nous ne pouvons pas, par notre seule imagination, donner un sens ces enseignements demi-voilés qui nous viennent de Platon ou de Pythagore, et qui renferment, pour ceux qui en possèdent la clef, la science secrète du monde ancien. Cependant certaines lumières nous permettent de déchiffrer ce langage, et une riche moisson intellectuelle est promise à ceux qui veulent réellement tenter cette investigation.

En effet, tout étrange que cela puisse paraître à première vue, la métaphysique ainsi qu’une grande partie de la physique modernes ont tâtonné en aveugles à la recherche de connaissances dont jouissait pleinement la philosophie occulte pendant tout ce temps. Grâce à une suite de circonstances heureuses, j’en suis venu à reconnaître cette vérité. Je me suis trouvé presque en contact avec des hommes qui ont hérité d’une science plus grande que celle explorée par la société moderne, touchant les mystères de la nature et de l’humanité. Et mon désir ici est d’esquisser les grandes lignes de cette science, de présenter avec exactitude les preuves expérimentales que j’ai obtenues et qui montrent qu’elle procure à ses adeptes un contrôle sur les forces de la nature, supérieur à celui dont jouissent les physiciens ordinaires ; en même temps de fournir les motifs qui doivent nous faire accorder la plus grande considération aux théories soutenues par la science occulte sur la constitution et les destinées de l’âme humaine. De nos jours, on n’est pas naturellement porté à croire à une science digne d’intérêt, se trouvant en dehors du foyer lumineux des connaissances européennes. La science moderne est arrivée à de grands résultats avec sa méthode d’investigation ouverte à tous, aussi ne peut-elle admettre, même en théorie, que des personnes, possédant réellement les sciences physiques et la métaphysique, aient trouvé bon de cacher leur lumière sous un boisseau. Ainsi on a cru que les philosophes occultes de l’antiquité, – prêtres égyptiens, mages chaldéens, esséniens, gnostiques, théurgites néo-platoniciens, et les autres, – qui gardaient leurs doctrines dans le secret, devaient avoir adopté cette manière de faire dans le seul but de cacher leur ignorance. Le mystère ne pouvait être recherche que par des charlatans qui voulaient mystifier. Au point de vue moderne, cette conclusion est pardonnable ; mais elle a fait naître, dans l’esprit populaire, l’opinion que les anciens mystiques avaient été dévoilés et que l’on avait trouvé qu’ils savaient en réalité très peu de chose. Cette opinion est complètement erronée. Les savants des âges anciens travaillaient en secret, et au lieu de publier leurs découvertes, les enseignaient discrètement à des disciples choisis avec le plus grand soin. Les motifs qui leur firent adopter cette manière d’agir se comprennent facilement, quoique l’on puisse discuter la valeur de ce mode d’enseignement. En tous cas, leurs leçons n’ont pas été oubliées : elles ont été transmises par l’initiation secrète à certains hommes de notre époque. Leurs méthodes et leurs résultats acquis restent cachés entre les mains de ceux-ci ; cependant il est permis à tout chercheur patient et infatigable de se rendre compte par lui-même de la suprême efficacité de ces méthodes, et de la valeur de ces résultats, beaucoup plus admirables que ceux qui sont à l’avoir de la science moderne.

Le secret qui voila ces travaux n’en a jamais caché l’existence, et notre époque seule semble avoir oublié qu’ils existent, Autrefois, les initiés déployaient dans les grandes cérémonies publiques les pouvoirs dont les avait doués leur connaissance des lois de la nature. Lorsqu’on nous relate ces faits, nous nous imaginons tout simplement avoir affaire à des scènes de magie ; or comme nous avons décidé qu’il n’y a pas de magie, les relations sont donc fausses, et ceux auxquels elles se rapportent, des imposteurs. Mais supposons que jadis la magie ait été simplement la science de quelques hommes instruits appelés mages, il n’y a plus là de magie dans le sens moderne du mot. Supposons également que cette science, – déjà autrefois le produit de longs âges d’étude, – se soit avancée dans certaines recherches beaucoup plus loin que notre science moderne, sa sœur cadette ; on pourra conclure, sans absurdité, que quelques-unes des manifestations des anciens mystères sacrés furent des expériences strictement scientifiques, quoiqu’elles nous apparaissent comme des scènes de magie, et qu’elles nous sembleraient telles encore aujourd’hui, si elles étaient répétées devant nos yeux.

Dans cette hypothèse, la sagacité moderne, voulant appliquer ses connaissances modernes à l’étude des anciens mystères, ne serait que la folie moderne tirant des conclusions erronées de sa moderne ignorance.

Mais nous n’avons pas besoin ici de construire des hypothèses. Les faits sont accessibles à tout chercheur qui marche dans le bon chemin, et se résument ainsi : la sagesse du monde antique – l’alliance de la science avec la religion, l’union de la physique et de la métaphysique – fut une réalité, et cette sagesse vit encore aujourd’hui. C’est d’elle qu’il sera parlé dans les pages qui vont suivre, sous le nom de philosophie occulte. Elle était déjà un système de science complet, ayant été cultivé en secret, puis transmis d’âge en âge aux initiés avant que ses professeurs fissent des expériences en public pour frapper l’esprit du peuple égyptien ou grec. De nos jours, les adeptes de l’occultisme sont capables d’accomplir de semblables expériences, et d’exhiber des résultats qui prouvent qu’ils ont de beaucoup dépassé la science moderne ordinaire dans la compréhension des forces de la nature. De plus, leurs grands prédécesseurs leur ont légué une science, non seulement reliée à la physique, mais qui compte aussi avec la constitution et les qualités de l’âme et de l’esprit humain. La science moderne a découvert la circulation du sang ; la science occulte comprend la circulation du principe vital. La physiologie moderne étudie le corps ; l’occultisme étudie l’âme également ; non pas comme un thème à rapsodies vagues et religieuses, mais comme une réelle entité dont on peut examiner les propriétés, séparées du corps, ou réunies à ce corps.

C’est principalement en Orient que s’est conserve l’occultisme, dans l’Inde et les pays adjacents. Pour ma part je l’ai rencontré dans l’Inde, et j’ai rédigé ce petit volume pour décrire les phénomènes dont j’y ai été témoin, et livrer au commerce public les connaissances que j’y ai acquises.

II

Je dois faire précéder mon récit de quelques autres éclaircissements, sans quoi il serait inintelligible. Il faut considérer l’identité de l’occultisme à travers les âges pour se rendre compte de la grandeur de son organisation, et expliquer ce fait, qui étonne lorsqu’on le découvre, que des ermites orientaux en savent peut-être plus sur l’électricité que Faraday, plus sur la physique que Tyndall. La culture intellectuelle de l’Europe s’est développée pendant les quelques derniers siècles. La culture intellectuelle des occultistes est le résultat d’immenses périodes bien antérieures à la nôtre, alors que la civilisation habitait l’Orient. Et pendant que l’occultisme explorait les sciences physiques bien au-delà du point que nous avons atteint, il ne les considérait que comme un objet d’importance secondaire. Il a consacré toute son énergie aux recherches métaphysiques et à l’étude des facultés psychologiques latentes dans l’homme ; facultés dont le développement permet à l’occultiste d’obtenir une connaissance expérimentale positive sur l’état de l’âme dans l’existence extracorporelle. Il y a donc plus qu’un simple intérêt archéologique dans la comparaison du système occulte qui nous occupe avec les doctrines des associations d’initiés qu’on rencontre à tous les âges de l’histoire du monde ; et cette comparaison nous fournit la clef de la philosophie du développement religieux. L’occultisme n’est pas seulement une découverte isolée montrant l’humanité en possession de certains pouvoirs sur la nature extérieure, pouvoirs que l’étude étroite de celle-ci au point de vue matérialiste n’a pu développer ; il éclaire d’un jour nouveau toutes les anciennes spéculations spiritualistes d’une certaine importance, et réunit des systèmes en apparence opposés entre eux. Il est certainement à la philosophie spiritualiste ce qu’est le sanscrit à la philologie comparée d’après les découvertes récentes ; on pourrait dire qu’il est un réservoir commun de racines philosophiques. Ainsi, voilà le judaïsme, le christianisme, le bouddhisme et la théologie égyptienne ne formant au fond qu’une seule famille. L’occultisme n’étant pas une invention nouvelle, n’est pas une secte particulière ; mais quiconque appartient à une secte quelconque aurait tort de se dispenser des lumières qu’il jette sur la conception de la nature et des destinées de l’homme que chaque religion a pu former. L’occultisme, de fait, doit être accepté par celui qui se donne la peine de se poser nettement devant l’esprit les problèmes dont il est la science ; car c’est une étude sublime, d’une importance capitale pour l’homme qui veut vivre une vie digne du rang où la création l’a placé, et qui comprend toute la portée morale d’une connaissance positive touchant sa survivance au-delà de la mort. C’est quelque chose de croire vaguement que dans la vie future, s’il y en a une, nous bénéficierons de notre abstention de faire le mal dans celle-ci ; mais c’est bien autre chose, si cela est prouvé réel, de croire que la vie au-delà de la tombe doit, avec la même certitude qui nous fait admettre qu’une somme totale est composée d’une série de quantités différentes, être l’expression finale de l’usage que nous aurons fait des évènements de l’existence actuelle.

J’ai dit que l’importance capitale de la science occulte réside dans la manière dont elle fournit des connaissances exactes et expérimentales sur les choses d’ordre spirituel, tandis que tous les autres systèmes sont condamnés à rester de pures spéculations ou des rêves d’une foi religieuse aveugle. L’occultisme, peut-on ajouter, montre que l’harmonie et le lien de continuité observables dans la nature physique, se retrouvent dans les opérations de la même nature quant aux phénomènes d’existence métaphysique.

Avant d’arriver à l’exposition des conclusions de la philosophie occulte sur la nature de l’homme, il est peut-être nécessaire d’aborder une objection que pourrait soulever le lecteur sur le seuil du sujet. Comment se fait-il que des conclusions d’une si haute importance soient demeurées la propriété secrète d’un corps jaloux d’initiés ? N’est-ce pas la loi du progrès que la vérité doit s’affirmer et rechercher l’air et la lumière ? Peut-on raisonnablement supposer que la plus grande de toutes les vérités – celle qui sert de base fondamentale à la connaissance de l’homme et de la nature – ait peur de se montrer ? Dans quel but les anciens maîtres ou les disciples de la philosophie occulte ont-ils bien pu garder pour eux les trésors inappréciables de leurs recherches ?

Pour le moment, il n’entre pas dans mes attributions de défendre l’extrême ténacité dont ont fait preuve les adeptes de l’occultisme, non seulement en renfermant leur science hors de l’atteinte du monde extérieur, mais aussi en lui laissant presque ignorer l’existence d’une telle science. Disons seulement ici que ce serait folie de fermer les yeux à une révélation dont une partie nous est accordée à l’heure actuelle, par la seule raison que nous sommes froissés de la manière d’agir de ses dispensateurs, qui, étant en position de nous l’accorder antérieurement, n’ont pas jugé à propos de le faire. Il ne serait pas plus sage de prétendre que les réticences des occultistes puissent jeter quelque discrédit sur ce que je vais dire de leurs connaissances acquises. Quand le soleil brille, on ne dit pas que sa lumière est discréditée par la manière dont le baromètre s’est comporté la veille. Dans la discussion que j’entreprends de la science acquise par l’occultisme, j’ai à compter avec des faits qui ont eu lieu positivement, et rien ne peut infirmer ce qui est reconnu vrai : sans doute il sera utile d’examiner plus tard les motifs qui ont rendu si réservés les occultistes de toutes les époques. Et on peut en dire plus long que cela ne paraît à première vue, pour la justification de la méthode qu’ils ont employée. Le lecteur qui considère la nature des pouvoirs que les maîtres en occultisme possèdent en réalité, n’ira certainement pas loin sans voir combien il est désirable que la pratique de tels pouvoirs reste inconnue à l’universalité des individus. Mais autre chose est de nier que le genre humain en général possède la clef mystérieuse des pouvoirs occultes, autre chose, de ne pas vouloir qu’il y ait un réel mystère dont la porte puisse être ouverte. Quoi qu’il en soit, une plus ample discussion de cette question serait ici prématurée. Contentons-nous de prendre note de ce fait que le secret, après tout, n’est pas complet, puisque les non-initiés qui étudient ces mystères peuvent en apprendre ce que j’en aurai à leur dire. Il est évident qu’il restera bien des choses derrière le voile, mais les investigateurs seront à même d’en découvrir beaucoup plus, s’ils se mettent au travail de la bonne manière.

Les révélations qui sont faites à l’heure actuelle ne sont pas l’effet d’un pur caprice dont le public extérieur profite enfin pour la première fois. Aux époques primitives de l’histoire, le monde entier savait davantage sur la nature de l’occultisme que l’Occident à l’époque où nous vivons. La bigoterie de la civilisation moderne en est à blâmer, et non la jalousie des occultistes : les races européennes sont en ce moment plus ignorantes, sur l’avancement des recherches psychologiques, que la population égyptienne d’autrefois ou le peuple indien d’aujourd’hui. Quant à ce dernier, chez qui la théorie que je viens d’émettre peut être aisément vérifiée, vous trouverez que la grande majorité des Hindous sont parfaitement convaincus de la réalité des faits importants que je vais présenter au lecteur. Ils ne parlent pas généralement, ou immédiatement, sur ce sujet avec les Européens, parce que ceux-ci sont enclins à rire stupidement des choses qu’ils ne comprennent pas ou n’admettent pas déjà. L’Indien natif est excessivement timide devant ce ridicule. Mais le ridicule n’influe en aucune façon sur les croyances qu’il garde en lui-même, touchant les doctrines fondamentales qui continuent à lui être enseignées, et souvent aussi, touchant les quelques petits phénomènes qu’il a pu obtenir lui-même deci delà. Les Hindous en général savent fort bien qu’il existe des personnes s’adonnant à certains modes de vie et acquérant ainsi des pouvoirs anormaux, d’une nature telle que les Européens les appelleraient, bien à tort, surnaturels. C’est un fait connu parmi eux que ces personnes mènent une vie retirée, et sont inaccessibles à la curiosité ordinaire ; mais qu’elles ne sont pas inabordables pour le candidat, digne et déterminé, qui veut se faire admettre à l’entraînement occulte. Demandez à n’importe quel Hindou ayant reçu de l’instruction, s’il a jamais entendu parler des Mahatmas et de Yoga Vidya, la science occulte ; cent fois contre une, il vous répondra affirmativement, et, si vous ne tombez pas sur un produit hybride d’une université anglo-hindoue, il avouera qu’il croit parfaitement en la réalité des pouvoirs attribués à la science Yoga. Évidemment il ne dira pas « oui » dès la première fois qu’un Européen lui posera la question. Il se peut même qu’il réponde justement le contraire, par suite de l’appréhension dont j’ai parlé ; mais insistez, et vous découvrirez la vérité. C’est ce que je fis, par exemple, l’année passée, dans le cas d’un vakil natif parlant anglais, très intelligent, et par sa position influente en relation constante avec de hauts fonctionnaires européens. Tout d’abord, lorsque je demandai à ma nouvelle connaissance s’il savait quelque chose sur ce sujet, il me regarda avec l’air étonné de l’ignorance parfaite, prétendant ne pas saisir du tout ce que je voulais dire. Ce ne fut que la seconde fois, lorsque je le vis en particulier, dans ma propre maison, que, petit à petit, il finit par comprendre que j’étais sérieux et que je connaissais moi-même quelque chose de la science Yoga. Alors il me fit tranquillement part de ses propres idées sur ce sujet, et je vis que non seulement il connaissait parfaitement tout ce dont je l’avais entretenu, mais qu’il possédait également un complet répertoire d’aventures et de phénomènes d’ordre occulte, ou en apparence surnaturel, dont plusieurs avaient été observés dans sa propre famille, et dont quelques-uns lui étaient même particuliers.

Un point à retenir de ceci, c’est que rien ne justifie les Européens lorsqu’ils attribuent à la jalousie des occultistes l’ignorance pleine et entière dont la société moderne de l’Occident fait preuve à leur égard. L’Occident s’est occupé jusqu’ici du progrès matériel, à l’exclusion de tout développement psychologique. Peut-être est-il préférable pour l’humanité qu’il se soit confiné dans cette spécialité, mais il n’a, en tout cas, à blâmer que lui-même si la concentration exclusive de ses vues l’a amené à rétrograder dans une autre branche de développement.

Un écrivain français, Jacolliot, qui fut à même d’examiner différents aspects du spiritisme en Orient, reçut cette réponse d’un homme qui, à en juger par son langage, devrait être un adepte : « Vous avez étudié la nature physique et vous avez obtenu des résultats merveilleux par la connaissance de ses lois – la vapeur, l’électricité, etc. etc… Pendant vingt mille ans et plus, nous avons étudié les forces intellectuelles ; nous avons découvert leurs lois, et nous obtenons, en les faisant agir seules ou de concert avec la matière, des phénomènes encore plus étonnants que les vôtres. » Jacolliot ajoute : « Nous avons vu des choses que quelqu’un ne peut décrire, de crainte que ses lecteurs ne doutent de sa raison… mais pourtant nous les avons vues. »

III

Il ne faut pas confondre les phénomènes occultes avec les phénomènes du spiritualisme. Ces derniers, quels qu’ils soient, sont des manifestations que les médiums ne peuvent ni contrôler ni concevoir. Les premiers sont des résultats obtenus par un opérateur vivant et conscient qui comprend les lois qu’il met en œuvre. Si ces résultats paraissent miraculeux, la faute en est à l’ignorance de l’observateur. Le spiritualiste sait parfaitement bien, en dépit des moqueries inintelligentes de ceux qui rient sans savoir pourquoi, que tous les genres de manifestations, en apparence surnaturelles, ont lieu constamment, pour les investigateurs qui les poursuivent avec un zèle suffisant. Mais il n’a pu trouver d’autre explication aux causes mises en jeu qu’une explication surnaturelle. Dès le principe, il a posé une certaine hypothèse, faute de mieux ; puis, continuant à travailler d’après cette idée, il a échafaudé avec tant de peine une théorie autour des faits, qu’aujourd’hui il combat l’intervention d’une nouvelle hypothèse qui l’obligerait à reconstruire son système presque depuis le commencement. Il ne peut faire autrement cependant, s’il appartient à cette espèce d’investigateurs qui mettent leur soin à chercher la vérité pure plutôt qu’à fortifier une doctrine épousée vaille que vaille.

En général, il n’y a presque aucun des phénomènes du spiritualisme que les adeptes en occultisme ne puissent reproduire par la force de leur volonté, aidée par leur compréhension des ressources de la nature. Ainsi qu’il sera établi par le récit fidèle de ce dont j’ai été témoin, j’ai vu quelques-uns des phénomènes les plus ordinaires du spiritualisme produits par un agent purement humain. Le primitif coup frappé qui servit d’introduction aux phénomènes plus Importants du spiritualisme s’est manifesté pour mon édification, d’une multitude de manières différentes, et dans des conditions qui réduisent à néant l’hypothèse de l’agent spiritualiste. J’ai vu des fleurs tomber du plafond blanc d’une chambre, dans des circonstances qui me donnent l’assurance complète qu’il n’y avait aucun esprit à l’œuvre : la manifestation était aussi surnaturelle – dans le sens d’être produite sans l’aide d’une intervention matérielle – qu’aucune des pluies de fleurs dont les médiums spiritualistes sont favorisés. J’ai mainte et mainte fois reçu de l’écriture directe sur du papier cacheté dans mes propres enveloppes ; elle était créée ou précipitée par un correspondant humain et vivant. Je sais, de témoins dignes de foi, qu’une grande variété d’autres phénomènes spiritualistes connus ont été produits de la même manière par des adeptes en occultisme, c’est-à-dire par des hommes. Mais je n’ai pas entrepris ici de faire la guerre au spiritualisme. Les déclarations que je vais faire seront probablement reçues plus volontiers chez les spiritualistes que dans les groupes qui appartiennent au monde ordinaire ; car, en somme, les spiritualistes savent par expérience que la science orthodoxe du jour ne possède pas le dernier mot sur l’esprit et la matière, alors que les incrédules persistent sottement à nier des faits qu’ils se sentent incapables d’expliquer. Les phénomènes du spiritualisme, bien qu’accessibles à tout honnête homme qui s’en occupe, n’étant pas de nature à pouvoir être portés sur soi et lancés à la face des sceptiques impertinents, ces derniers peuvent faire parade de leur profession d’incrédulité sans s’apercevoir entre eux du grotesque de leur position, qui pourtant apparaît aux initiés dans toute son évidence. Je sais que, dans ces questions, les intelligences scientifiques ordinaires se refuseront à admettre la sincérité de mon témoignage et la possibilité de mes explications, mais peut-être atténuerai-je l’hostilité dirigée contre moi, en déclarant, dès le début, que l’occultisme n’a rien du tout à faire avec le spiritualisme, et que les « esprits » n’entrent pour rien dans les manifestations anormales que j’aurai à relater.

L’occultisme et ses adeptes
I

Je dirai tout d’abord que les pouvoirs que l’occultisme confère à ses adeptes renferment un certain contrôle sur les forces de la nature, dont la science ne connaît absolument rien, et à l’aide duquel un adepte peut tenir conversation avec un autre, quelle que soit la distance qui les sépare sur la surface de la terre. Cette télégraphie psychologique est complètement indépendante de tout agencement mécanique, et les facultés clairvoyantes de l’adepte sont si parfaites qu’elles le douent d’une espèce d’omniscience quant à ce qui regarde les affaires mondaines. Le corps est la prison de l’âme pour les mortels ordinaires. Nous ne pouvons voir que ce qui vient devant ses fenêtres, nous ne pouvons prendre connaissance que de ce qui traverse ses grilles. L’adepte, lut, possède la clef de sa prison et peut en sortir plaisir. Ce n’est plus une prison pour lui, mais une habitation. En d’autres termes, l’adepte peut projeter son âme, hors de son corps, à l’endroit qu’il lui plaît, et cela avec la rapidité de la pensée.

L’édifice entier de l’occultisme, de la base au faite, est tellement en dehors des conceptions ordinaires, qu’il est difficile de savoir par où commencer pour expliquer ce qu’il contient. Comment pourrait-on décrire une machine à compter, devant un auditoire qui ignorerait les plus simples données de la mécanique et ne saurait pas un mot des mathématiques ? Or, malgré leur éducation littéraire, malgré la perfection de leurs études dans les parties de la science qu’elles ont embrassées, les classes instruites de l’Europe moderne, lorsqu’il s’agit des doctrines de l’occultisme, ne connaissent pas l’A B C du sujet, et ne peuvent parler des facultés de l’âme en tant que facultés différentes de celles de l’âme et du corps réunis. Les occultistes de tous les âges se sont livres spécialement à cette étude ; ils sont arrivés à des résultats qui sont magnifiques dans leur grandeur ; mais une intelligence commune, placée en leur présence, se trouble et s’imagine être dans un monde de miracles et d’enchantements. Lorsqu’on regarde sur une carte le courant des faits historiques, on voit les nations se mélanger plus ou moins, excepté la Chine, et finir par se confondre en un fleuve unique dont la source se perd dans les nuages du temps. Supposons que l’Europe civilisée ne soit venue que fort tard en contact avec la Chine, et que les Chinois, beaucoup plus élevés en intelligence qu’ils ne sont réellement, aient développé une certaine branche des sciences physiques jusqu’au niveau que cette branche a atteint de nos jours ; supposons, d’autre part, que cette même branche de science ait été entièrement négligée parmi nous, notre surprise serait immense à la vue des découvertes chinoises dans leur parfait développement, parce que nous ne nous serions pas familiarisés graduellement avec elles depuis leurs humbles commencements. Voilà quelle est notre situation exacte vis-à-vis la science occulte. Les occultistes ont formé une race à part, depuis une époque dont nous ne pouvons calculer l’éloignement ; mais non pas une race spéciale au point de vue physique, ni uniforme dans sa composition, pas plus qu’une nation dans aucun sens du mot, Association perpétuelle d’hommes à l’intelligence supérieure, attachés par le lien le plus fort dont l’humanité ait l’expérience, ils ont continué, avec une grande persistance de vues, les traditions et les mystères du développement intérieur, que leur avaient légués leurs prédécesseurs. Pendant ce temps, la civilisation, dont le courant entraîne en avant la science de l’Europe moderne, a négligé d’une manière absolue l’unique étude à laquelle les occultistes se sont adonnés. Quoi d’étonnant, si les deux lignes de la civilisation ont divergé à ce point qu’elles soient devenues entièrement différentes aujourd’hui. Il reste à voir si on tolérera la tentative faite pour réunir deux corps longtemps séparés, et qui sont frères, ou si on la considérera comme l’impudence d’un imposteur qui veut se faire passer pour un parent.

J’ai dit que l’occultiste a le pouvoir de projeter son âme au dehors de son corps. On observera, en passant, que par ce moyen il obtient, sans une ombre de doute, l’assurance qu’il possède une âme. L’étude comparative des mythologies a quelquefois été appelée la science de la religion. S’il y a une science de la religion, c’est évidemment l’occultisme. Un observateur superficiel s’imaginera peut-être que la vérité religieuse ne doit pas se manifester avec plus d’éclat à l’âme dégagée temporairement du corps, qu’à celle qui prend connaissance des idées par l’intermédiaire des sens physiques. Mais il est évident que l’homme qui s’élève dans le royaume de l’immatériel, jouit d’une plus vaste compréhension de la vérité religieuse, puisque la cognition y devient un procédé de pure perception, les facultés intellectuelles ayant leur libre essor par leur centralisation dans l’homme immatériel.

Je viens de parler de l’homme immatériel séparé du corps des sens physiques. Mais l’exposé des doctrines que je vais examiner est si complexe que je ne puis laisser passer dans l’esprit du lecteur une expression qu’il me faudra rejeter plus tard comme impropre. C’est une des vérités incontestables de la philosophie occulte, que le moi intérieur éthéré, ou l’homme, considéré en dehors du corps, est lui-même l’enveloppe de quelque chose de plus éthéré encore, – est matériel, dans le sens de subtil.

La majorité des civilisés croient que l’homme possède une âme qui survivra au corps d’une façon ou d’une autre ; mais ils sont obligés de confesser qu’ils n’en savent pas beaucoup là-dessus. Un grand nombre des plus hauts représentants de la civilisation ont de graves doutes sur la question ; et d’après quelques-uns, les recherches de la physique, suggérant que la pensée pourrait bien être un mode de mouvement, tendent à établir la forte probabilité de l’hypothèse suivante : quand la vie du corps est détruite, rien ne survit. La philosophie occulte ne spéculé pas sur ce sujet : elle connaît quels sont les faits.

Saint Paul, qui était un occultiste, considère l’homme comme composé d’un corps, d’une âme et d’un esprit. Cette distinction ne s’accorde guère avec la théorie qui veut que quand un homme meurt, son âme passe pour toujours dans le ciel ou dans l’enfer. Que devient alors l’esprit, et en quoi diffère-t-il de l’âme ? Les philosophes orthodoxes se bâtissent chacun leur théorie sur ce sujet : l’âme est le siège des émotions et l’esprit celui des facultés intellectuelles, ou vice versâ. On ne peut pas trouver de fondement solide pour de telles conjectures ni même alléguer une révélation qui leur serve de base. Mais saint Paul, lorsqu’il employait ces expressions, n’obéissait pas à une vague inspiration fantaisiste. On peut considérer l’esprit dont il parlait comme l’âme de l’âme. Pour le moment, nous n’avons pas à nous inquiéter de cela. Le point important que l’occultisme met en lumière est que l’âme de l’homme, considérablement plus subtile, plus éthérée et plus durable que le corps, est elle-même une réalité matérielle. Non pas matérielle suivant la conception de la chimie sur la matière, mais comme pourrait le comprendre la physique en bloc si les tentacules de chacune des parties de la science avaient le tact plus fin et travaillaient davantage en harmonie les unes avec les autres. Ce n’est pas nier la matérialité d’une substance hypothétique que de n’en pouvoir déterminer le poids atomique et les affinités. L’éther qui transmet la lumière est matériel, pour celui qui admet son existence, mais il y a un gouffre de différence entre lui et le plus subtil des gaz. On n’arrive pas à une vérité scientifique toujours par le même chemin. Quelques-unes sont perçues directement, d’autres sont déduites d’une manière indirecte ; et ces dernières n’en sont pas moins certaines. La matérialité de l’éther découle de l’examen des modifications de la lumière : la matérialité de l’âme peut être déduite de ce qu’elle subit l’action des forces extérieures. L’influence magnétique est une émanation inhérente à certaine fonction physique du magnétiseur. Cette émanation vient frapper l’âme du sujet, à distance, et produit un effet perceptible pour lui, démontrable pour les autres. Naturellement ceci est un exemple et non une preuve. J’expose le mieux que je puis – et cela ne peut être que très imparfaitement – les découvertes de l’occultisme, sans chercher tout d’abord à appuyer par une preuve chacune de leurs manifestations. Plus loin, je serai en mesure de le faire pour plusieurs d’entre elles ; quant aux autres, on les admettra comme conséquences logiques.

L’âme est matérielle et est ordinairement liée au corps, formé d’une matière plus grossière ; c’est cet état de choses qui permet à l’occultiste de parler d’une manière positive sur le sujet, car il peut d’un seul coup s’assurer qu’il y a une âme et qu’elle est d’une nature matérielle, en séparant la sienne de son corps dans de certaines conditions, et en l’y replaçant ensuite. Quelquefois l’occultiste peut agir ainsi même avec d’autres âmes ; cependant le but de ses efforts est de le faire avec la sienne propre tout d’abord. Quand je dis que l’occultiste sait qu’il a une âme, je fais allusion à cette faculté. Il le sait de la même façon qu’un homme sait qu’il a un grand habit, pouvant l’ôter et le considérer comme un objet extérieur à lui-même. Mais dans le cas de l’adepte, lorsque la séparation est effectuée, c’est l’âme qui est lui et c’est l’objet ôté qui est le corps. C’est ce qui s’appelle posséder la certitude absolue sur le grand problème de la survivance au-delà de la mort. L’adepte ne s’appuie pas sur la foi ou sur des spéculations métaphysiques pour établir la possibilité de son existence hors du corps : il expérimente cette existence quand il lui plaît. Certainement, l’art pur et simple de quitter temporairement son corps ne doit pas nécessairement fournir à celui qui l’accomplit des données sur ses destinées futures après l’émancipation finale de la mort ; mais il lui fournit, en tout cas, des renseignements exacts sur les conditions de départ pour son voyage dans l’autre monde. Tandis que son corps continue à vivre, son âme est, pour ainsi dire, un ballon captif, – muni, à la vérité, d’un câble très long, élastique et impondérable. Les ascensions captives ne lui indiqueront pas si le ballon flottera encore quand la machine qui est dessous sera enfin détruite, et s’il se trouvera abandonné à la dérive ; mais c’est déjà quelque chose d’être un aéronaute, et d’avoir l’assurance, comme je l’ai déjà dit plus haut, qu’il y a des ballons pour naviguer, dans certaines occurrences.

La faculté que je viens de décrire serait d’une infinie grandeur, en supposant qu’elle soit le but final de l’adeptat ; mais au lieu d’en être le but final, elle en est plutôt le commencement. Les opérations, en apparence magiques, qui sont au pouvoir des adeptes de l’occultisme, sont accomplies, ainsi qu’on me l’a donné à entendre, à l’aide de la connaissance d’une force de la nature, citée dans les livres sanscrits sous le nom d’akas. Dans son roman The coming race, lord Lytton, qui en savait sur l’occultisme plus qu’on ne le croit généralement, donne un récit fantastique et imaginaire des merveilles accomplies à l’aide du vril, dans le monde souterrain où il fait pénétrer son héros. En écrivant sur le vril, lord Lytton avait évidemment l’intention de poétiser l’akas. Dans The coming race il décrit un peuple possédant une partie des pouvoirs acquis par les adeptes ; mais ce peuple diffère absolument du corps des adeptes, sur plusieurs points importants, sur celui entre autres qu’il forme une nation complète dont chaque membre, homme et femme indifféremment, est investi de ces pouvoirs dès son enfance. C’est un pur conte fondé sur les découvertes de l’occultisme. Mais quiconque a étudié cette science ne peut manquer de reconnaître avec une presque certitude que l’auteur de The coming race devait être familiarisé avec les idées principales de l’occultisme ; peut-être même en savait-il plus long. Cela ressort également de la lecture de ses autres romans mystérieux, Zanoni et The strange story. Dans Zanoni, le personnage sublime de l’arrière-plan, Mejnour, représente suffisamment un grand adepte de l’occultisme oriental, semblable à ceux dont j’ai à parler. Il est difficile de s’expliquer pourquoi lord Lytton, dont l’intention manifeste, dans ce roman, est de suivre de plus près les faits réels de l’occultisme que dans The coming race, y a représenté Mejnour comme un dernier survivant de la fraternité des Rose-Croix. Les gardiens de la science occulte se contentent d’être un corps petit relativement à l’importance formidable des connaissances qu’ils sauvent du naufrage ; mais ils n’ont jamais laissé leur nombre diminuer jusqu’à mettre en danger l’existence de leur organisation terrestre. Il est également difficile de comprendre pourquoi lord Lytton, instruit comme il l’était certainement, a employé simplement ses renseignements à orner une fiction littéraire, au lieu de les présenter au public sous une forme qui aurait attiré une plus sérieuse attention. On pourra discuter sur ce sujet : mais il n’est pas impossible que lord Lytton lui-même, par suite d’une longue étude de la question, se soit tellement pénétré de cet amour du mystère inhérent l’esprit de l’occultiste, qu’il ait préféré publier ses acquisitions sous une forme voilée et mystique. De cette façon ses théories seraient saisies du lecteur en sympathie avec lui, et passeraient inaperçues sur les intelligences banales, sans éveiller la réprobation courroucée que son volume, s’il était destiné à attirer l’attention, soulèverait de la part des bigots de la science, de la religion et de la grande philosophie du lieu commun.

L’akas est donc une force pour laquelle nous n’avons pas de nom, et dont, faute d’expérience, nous ne pouvons concevoir la nature. On s’en fera seulement une idée en imaginant un agent plus subtil, plus puissant et plus extraordinaire que l’électricité, de même que l’électricité est supérieure à la vapeur par sa subtilité et la variété de ses effets. C’est par la connaissance des propriétés de cette force que l’adepte produit les phénomènes physiques qui sont en son pouvoir, ainsi que je le montrerai, et d’autres d’une magnificence encore plus grande.

II

Que sont ces adeptes qui tiennent en leurs mains ces forces terribles dont je parle ? Il y a des raisons pour croire qu’ils ont existé à toutes les époques de l’histoire, et qu’il en existe encore dans l’Inde ou dans les contrées voisines. L’identité de la science qui leur a été léguée avec celle des anciens initiés en occultisme, est rendue nécessairement manifeste par l’examen des doctrines qu’ils conservent et des facultés qu’ils exercent. Cette conclusion ressort de l’étude d’une littérature excessivement vaste que je me contente de mentionner, me réservant pour plus tard d’indiquer les meilleures voies dans les recherches en question. Examinons maintenant la situation actuelle des adeptes.

Ils constituent une fraternité ou association secrète, qui étend ses ramifications sur tout l’Orient, mais dont je suppose que le siège principal se trouve en ce moment au Thibet. L’Inde n’a pas été abandonnée des adeptes, et ils reçoivent toujours de nombreuses recrues de ce pays. Car la grande Fraternité est la moins exclusive du monde, tout en étant très exclusive, et les nouveaux adhérents, de n’importe quelle race et de n’importe quel pays, sont toujours les bienvenus, pourvu qu’ils possèdent les qualités requises. Un adepte lui-même m’a dit que la porte s’ouvre toujours l’homme juste qui frappe ; mais seuls les voyageurs déterminés peuvent espérer de traverser le chemin par lequel il faut passer pour atteindre cette porte. Il m’est manifestement impossible de décrire les périls de cette route, si ce n’est en termes très généraux ; mais il n’est pas nécessaire d’avoir appris aucun des secrets de l’initiation pour comprendre le caractère de l’entraînement que doit suivre un néophyte avant d’arriver à la dignité de maître en occultisme. On ne fait pas un adepte : il se fait lui-même, m’a-t-on toujours dit ; et le procédé de développement est dans ses propres mains.

Je crois que jamais il ne s’écoule moins de sept années, à partir du moment où le candidat à l’initiation est accepté comme aspirant, jusqu’à celui où il peut être admis la première des épreuves qui lui barrent le chemin des premiers degrés de l’occultisme ; et encore il n’est pas sûr que les années ne seront pas augmentées ad libitum. Il ne sait même pas s’il sera jamais admis à l’initiation. Ce n’est point seulement cette terrible incertitude qui empêcherait la plupart des Européens, et des plus intelligents, d’essayer d’avancer dans le domaine de l’occultisme, maintenus par le pur caprice d’une société despotique qui joue à la coquette, pour ainsi dire, avec l’ardeur de ses poursuivants. Les épreuves par lesquelles doit passer le néophyte ne sont pas de fantastiques plaisanteries, ni des comédies où l’on simule le péril. Les maîtres de l’occultisme ne dressent pas des barrières artificielles pour essayer le nerf de leurs élèves, comme un professeur d’équitation place des obstacles dans son école. C’est dans la nature de la science explorée d’ébranler la raison par ses révélations et d’éprouver le courage le plus résolu. C’est dans l’intérêt même du candidat, que l’on met à l’épreuve et que l’on surveille avec un soin et une patience extrêmes, dans le principe, sa moralité, sa persévérance, et, peut-être aussi, ses qualités physiques et intellectuelles ; alors, il lui est permis de faire le plongeon final dans la mer des sensations étranges où il doit nager avec la force de son propre bras, – ou périr.

Quant à la nature des épreuves qui l’attendent durant la période de son développement intérieur, je n’en ai évidemment pas une connaissance exacte, et les conjectures que je pourrais former, basées sur des fragments de révélation ramassés çà et là, ne valent pas la peine d’être mentionnées. Mais il est certain qu’il n’y a pas de secret quant à ce qui regarde la vie que doit mener le candidat qui veut être reçu aspirant. Le complet développement de l’adepte demande, entre autres choses, une vie absolument pure au point de vue physique, et il faut que le candidat, dès le commencement, prouve, par sa conduite, sa ferme volonté d’adopter ce genre de vie. C’est-à-dire qu’il faut que, pendant toutes les années de sa probation, il soit parfaitement chaste, parfaitement sobre, et indifférent à toute espèce de luxe physique. Ce régime ne comporte aucune mortification bizarre, aucun ascétisme forcé, ni aucun isolement en dehors du monde. Rien n’empêche un gentleman de suivre le régime des candidats de l’occultisme, en pleine société de Londres, sans que personne, à côté de lui, s’en aperçoive. Car on n’atteint pas le véritable occultisme, but sublime du réel adepte, par l’ascétisme dégoûtant du faquir indien ordinaire, yogui des bois et des déserts dont la crasse s’accumule avec la sainteté, – du fanatique qui se fixe dans la chair des crochets de fer, ou qui tient son bras en l’air jusqu’à ce qu’il soit desséché. Une connaissance imparfaite de quelques-uns des faits extérieurs de l’occultisme indien peut conduire à un malentendu sur ce point. Yog vidya est le nom indien de la science occulte, et il est aisé d’en apprendre plus qu’il n’est utile sur les pratiques des enthousiastes ignorants qui cultivent quelqu’une des branches inférieures de cette science, à l’aide d’exercices purement physiques. À proprement parler, cette science du développement physique est appelée Hatti yog, tandis qu’on nomme Ragi yog