Le plus des affinités de ValL Bipolaire - Valérie Labasse-Herpin - E-Book

Le plus des affinités de ValL Bipolaire E-Book

Valérie Labasse-Herpin

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Beschreibung

Bipolarité : la renaissance après la souffrance...

Valérie Labasse-Herpin nous avait déjà terriblement émus dans ValL Bipolaire... et plus si affinités : en avouant sa maladie, en décrivant sa souffrance, elle faisait un grand pas vers sa libération. Enfin ! son entourage proche comprenait les symptômes qui la faisaient tant souffrir : elle n’était plus seule...
Quatre ans plus tard, l’auteur nous donne de ses nouvelles. Elle va mieux, beaucoup mieux :
« Durant l’année qui a suivi la parution de mon premier livre, ma vie a changé, plus de mensonges, ne plus avoir à me cacher, je me sentais libre de crier : je suis une malade qui va bien », confie-t-elle.
Son livre Le plus des affinités est en effet une véritable lueur d’espoir.
Valérie Labasse-Herpin poursuit son chemin : ses crises s’espacent, leur intensité diminue, les phobies disparaissent peu à peu, ses « deux fantômes » se sont éloignés – « véritable travail de deuil », nous dit-elle –, son double Mary est-elle à jamais disparue ?
Si Valérie Labasse-Herpin reste lucide quant à sa vulnérabilité face à la maladie, elle porte un témoignage définitivement optimiste.
Savoir « regarder » sa maladie en face, se montrer vigilante à l’apparition des symptômes, accepter les traitements proposés, s’y tenir, résister aux forces destructrices, se protéger... voilà le défi que notre auteur relève avec force et courage, tant pour sa propre renaissance que pour celle des autres qui, comme elle, peuvent souffrir de tels maux.

Après ValL Bipolaire... et plus si affinités, Valérie Labasse-Herpin revient avec un deuxième ouvrage touchant dans lequel elle évoque sa maladie.

EXTRAIT

Un jour de bon matin, on a des projets plein la tête, on reprend le sport, on perd 15 kg, on tombe amoureux, on voit la vie en rose, on est heureux et adorable avec son entourage. On a souvent des talents de créateur pour certains, pour d’autres une soif d’une nouvelle vie et de repartir à zéro. Et là nos proches nous pensent guéris, jugeant qu’en fin de compte nous n’avons jamais été bipolaires, juste avec des hauts et des bas. Ce que je viens d’énumérer sont les symptômes qui préviennent que d’un jour à l’autre, tout va basculer. Si nous sommes suivis et soignés comme moi, la chute est moins haute : dans le cas contraire, c’est l’enfer. Dépression, fatigue à ne plus pouvoir rien faire, boulimie ou anorexie, repli sur soi, agressivité, abus d’alcool, de drogue, de tabac ou de sexe, dégoût de se voir dans cet état, envie d’en terminer. Certains se suicident, d’autres y pensent et se détruisent à petit feu.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Valérie Labasse-Herpin vit aujourd’hui aux USA. À travers ses livres l’auteure rend hommage à sa famille, à son entourage et particulièrement à son mari qui sait l’accepter avec ses symptômes et qui la réconforte.

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Préface

Mon enfance

Déjà loin, mais si près, doucement tu as pris le chemin de l’avenir, laissant le passé dans un coin de mon cœur.

Tu as semé quelques blessures, mais surtout de l’amour, des éclats de rire et des rêves devenus réalité.

Tu m’appelles, je viens et te retrouve à travers de nombreuses photos.

Comme par magie, je glisse vers cet univers de souvenirs où mon âme s’apaise.

Où j’ai envie de me réfugier pour revivre certains moments d’insouciance et d’impatience…

L’attente et la peur du Père Noël la nuit du 24, le cornet de glace que mon grand-père m’offrait en cachette avant le déjeuner, les mouchoirs parfumés de lavande de mes tantes, la joie de la venue de notre premier chien et surtout les surprises de cette famille unie.

En un instant, tout a repris vie, les êtres, les odeurs, les bruits, comme si j’avais décidé de revivre le film de mes jeunes années et d’apprécier ce que j’avais oublié.

Mon enfance, dans un tiroir secret, je te cachais, ce soir je l’ouvre et te rends ta liberté pour trouver la paix et enfin dire que tu m’as rendue heureuse.

Une maladie, une histoire, un livre : ValL Bipolaire… et plus si affinités

C’est à Paris, en 1965, que je vis le jour, et c’est de Boston que je vous écris 51 ans plus tard; mariée et mère d’un enfant plus américain que français. Après une enfance banale et une adolescence compliquée, c’est à 14 ans que je fis mon entrée dans le milieu professionnel. Coiffeuse de formation, attirée par l’esthétisme et la création, ma vie aurait été beaucoup plus facile si la passion pour la politique ne m’avait pas prise. Mon implication dans celle-ci m’a permis de vivre des années formidables, mais aussi très cauchemardesques, c’est là que mon talent de miniaturiste m’a sorti un peu la tête de l’eau.

De plus, ma bipolarité et mes troubles schizophrènes n’ont rien fait pour me faire vivre sereinement. Le mal dont je souffre n’a pas de nom, il fait partie de moi, j’ai donc fini par apprendre à vivre avec. À travers mon témoignage, j’espère pouvoir aider les malades qui souffrent en silence. Chaque matin est un combat, et chaque soir est une défaite ou une victoire sur la vie. Je pensais que partir vivre aux USA me soignerait, mais non, la douleur m’enlace et ne me quitte pas.

Trois ans ont passé… Je me souviens de ce jour où ma colère a surgi lorsque j’ai voulu expliquer à mes proches, ma bipolarité, mes abus d’alcool, Mary, mes phobies et surtout mes hallucinations.

Il aura fallu des mois et un livre pour faire digérer cette annonce qui a bouleversé la vie de mes parents. Je ne compte plus les heures de conversation, de pleurs, mais aussi de rire, d’interrogation, de culpabilité… Et avec le temps, on se retrouve en août 2016.

Crier fort

Un jour de bon matin, on a des projets plein la tête, on reprend le sport, on perd 15 kg, on tombe amoureux, on voit la vie en rose, on est heureux et adorable avec son entourage. On a souvent des talents de créateur pour certains, pour d’autres une soif d’une nouvelle vie et de repartir à zéro. Et là nos proches nous pensent guéris, jugeant qu’en fin de compte nous n’avons jamais été bipolaires, juste avec des hauts et des bas. Ce que je viens d’énumérer sont les symptômes qui préviennent que d’un jour à l’autre, tout va basculer. Si nous sommes suivis et soignés comme moi, la chute est moins haute : dans le cas contraire, c’est l’enfer. Dépression, fatigue à ne plus pouvoir rien faire, boulimie ou anorexie, repli sur soi, agressivité, abus d’alcool, de drogue, de tabac ou de sexe, dégoût de se voir dans cet état, envie d’en terminer. Certains se suicident, d’autres y pensent et se détruisent à petit feu.

C’est le moment de crier fort! De penser aux malades et surtout à ceux qui vivent avec eux. De penser à ceux qui ne veulent pas essayer d’apprendre à vivre avec nous. De penser à ceux qui se retrouvent seuls. De penser à nos amis qui nous ont laissé tomber. De penser à ceux qui sont bornés et qui prennent notre maladie à la légère et qui osent nous dire : « Arrête de prendre tous ces médocs et tu verras, tu iras mieux ». De penser à ceux qui ne réalisent pas qu’ils peuvent nous perdre à tout moment. Et de penser à toutes les personnes qui nous soutiennent, qui sont là, qui nous aident, nous écoutent, qui s’adaptent à nos changements d’humeur ou qui nous aiment tout simplement.

La bipolarité est une maladie grave, les médecins ne sont pas encore tous au point pour la soigner, comme c’est le cas pour beaucoup de maladies mentales. Alors nous, malades, ne baissons pas les bras et sortons du silence. Il n’y a pas de honte à dire : « Je suis bipolaire, aidez-moi, je ne veux pas mourir! » Je suis bipolaire à tendance schizophrène et il y a 4 ans, je suis sortie de mon silence pour faire connaître la maladie.

Les troubles bipolaires étaient autrefois appelés psychoses maniaco-dépressives. Mes troubles se définissent par l’alternance de périodes d’excitation d’intensité importante de créativité intellectuelle et manuelle, de périodes de légère dépression et surtout d’une fatigue démesurée. Mes symptômes dépressifs et maniaques ont été très fréquents, et leur diagnostic n’a pas été évident, cela a pris huit ans et plusieurs médecins avant que la maladie ne soit diagnostiquée. Il semble exister une prédisposition génétique pour moi. Plus précisément, cette affection cyclique se caractérise par des excès d’excitation mentale qui alternent avec des excès de fatigue terrible. Habituellement, le malade retrouve un état normal entre ces excès, moi non. Viennent se greffer des hallucinations importantes : Terry et David, les fantômes de ma vie et un dédoublement de ma personnalité Mary. Ma psychose maniaco-dépressive s’est manifestée chez moi vers sept ans.

La crise de manie se traduit par une fuite des idées s’accompagnant d’incohérence, d’euphorie, d’optimisme exagéré, d’une augmentation de la libido, de mégalomanie, d’une extravagance la plus totale, d’un état d’excitation extrême, pendant lequel je suis très désinhibée (par exemple, je suis capable de déchirer mes vêtements, de hurler, de faire des achats inutiles et extrêmement onéreux, etc.) ou encore d’abus d’alcool ou de drogue.

Ma crise de mélancolie, quant à elle, correspond à une dépression profonde qui se caractérise par une tristesse permanente sans relation avec les circonstances extérieures, un ressenti de sensations internes de malaise, un profond pessimisme, une mésestime de soi et l’indifférence pour le monde.

En écrivant ce second livre, j’ai voulu donner une lueur espoir. Je resterai toujours sous l’emprise de la maladie, mais je veux prouver qu’avec de la volonté, du sérieux et une certaine maîtrise de soi, je peux vivre plus sereinement que par le passé. À 50 ans, une page s’est tournée sur un enfer que je ne renierai jamais.

Vivre et surtout survivre

Durant l’année qui a suivi la parution de mon premier livre, ma vie a changé, plus de mensonges, ne plus avoir à me cacher, je me sentais libre de crier « je suis une malade qui va bien ». Comme dans un tourbillon, je me suis laissée porter, tout en restant consciente que je devais travailler pour me faire connaître. Alors j’ai écrit des lettres et des lettres, j’ai réussi à obtenir assez rapidement des rendez-vous de presses écrites et radios. Le consul général de France à Boston m’a donné l’occasion de m’exprimer sur le sujet lors d’une conférence, et puis les réseaux sociaux ont joué un rôle très important pour diffuser mon histoire.

Malheureusement il n’y a pas que des bonnes âmes, et à plusieurs reprises j’ai dû éclaircir les choses. Évidemment suite aux parutions dans la presse de mon histoire, je n’ai pas reçu que des soutiens et des gentillesses. La maladie m’a fait grandir et évoluer ; sachez que les vacheries, moqueries et commentaires à la con, ne me touchent plus. Je n’entre dans aucun débat avec des perturbateurs ou avec le corps médical sur la toile. Pour les autres, NON, je ne vends pas ma maladie, mes livres, je les achète pour les revendre sans bénéfice, maintenant, si demain on me propose un super contrat, je dirai OUI… Je suis bipolaire, mais pas stupide !

Mon but est d’apprendre à me stabiliser et d’emmener avec moi les malades qui se sentent seuls et perdus. Merci pour tous vos messages adorables, les autres à la poubelle!

En fait, avec le temps j’ai appris à ne plus répondre aux attaques et surtout à les ignorer, à ne pas lire les mauvaises critiques pour ne pas être peinée. Avec les nouveaux traitements, je ne cherche plus les conflits, mais je reste très sensible aux mots. Eh oui, ces médicaments qui ont pour but de me stabiliser, qui ont fait disparaître mes fantômes David et Terry, qui ont éloigné Mary, ma double personnalité, m’ouvrent les yeux sur votre monde et font de moi une malade mentale soignée.

Le jour où j’ai pris la décision de suivre très sérieusement mon traitement après 40 ans de douleur, j’étais persuadée d’être vite guérie. Et là, surprise, un autre combat m’attendait. Je suis passée de bipolaire à malade.

C’est au bout de 15 jours que j’ai ressenti les premiers effets secondaires classiques : nausées, maux de tête, vertiges; les autres sont arrivés un mois après, juste au moment où survenait un léger équilibre et où mes hallucinations commençaient à disparaître. J’étais prévenue, mais rien à faire, les kilogrammes sont venus s’installer seuls et sans se gêner, mes lèvres ont gercé, des taches sont apparues, bref, super contente! Peu après, arrivèrent la tachycardie, le manque de souffle et l’impression de mourir de soif tout au long de la journée, et… tremblement, vision brouillée et gorge sèche.

Quant à la nuit, j’imite la locomotive, le côté diurétique du lithium me réveille toutes les deux heures, et en plus j’ai des cauchemars à vous foutre la trouille.

Mais j’allais mieux, puis les doses ont augmenté, les kilogrammes non plus ne m’ont pas oubliée, de nouvelles angoisses sont venues montrer le bout de leur nez : le dégoût des médicaments faisait son apparition, les saveurs disparaissaient, et mon addiction au soda devenait gênante. Alors comme bonne bipolaire, j’ai viré mes flacons, une fois, puis deux et à l’aide de mon psychiatre je suis devenue raisonnable et j’ai tout repris avec motivation.

C’est vrai, je ne crois pas en la guérison, c’est dur de ne jamais être en forme, de se sentir toujours fatiguée, malade, et même si je recherche souvent mes démons, ça vaut le coup d’avaler des pilules, certes, loin d’être miraculeuses, mais qui permettent de garder espoir de jours meilleurs.

Pour moi les thérapies sont terminées; je n’ai jamais été traumatisée dans mon enfance ou maltraitée, j’ai juste un cerveau différent.

Alors chaque jour je m’accroche à tout ce que je peux, j’ai souvent peur que les branches lâchent, tous les matins depuis des mois je me lance des défis, je m’y tiens, car c’est le seul moyen que j’aie trouvé de vivre et surtout de survivre.

Non, je ne suis pas une prise!

Je suis très branchée, je suis bipolaire.

À force d’avaler du lithium,

je suis complètement allumée.

Les amphétamines font de moi une survoltée.

Et de naissance je suis une illuminée.

Flamboyante à souhait,

je m’embrase, m’enflamme et finis par me brûler.

Mais profitez de moi, car il m’arrive de péter les plombs et de couper le courant.

Le terme « bipolaire » est déjà mis à toutes les sauces, mais depuis quelque temps, nous, malades, sommes devenus des « bipo », ça fait très tendance. Je déteste ça, c’est de mauvais goût, vulgaire, et surtout il y a un vrai manque de respect pour la personne atteinte de ces troubles psychiatriques. Je suis la première à faire de l’autodétermination, mais il faut savoir choisir le moment.

En fait, je n’aime pas ce mot « bipolaire », il ne veut rien dire et il dédramatise une maladie grave.

Quand on lit les journaux, tous ceux qui font parler d’eux en mal sont rangés dans la case bipolaire, nous ne sommes pas tous des délinquants. C’est très facile de se cacher derrière une maladie.

Oui, tout le monde a un côté bipolaire, mais non, tout le monde n’est pas bipolaire, il n’y en a pas autant que ça.

Si on changeait le nom, du genre « trouble psychiatrique de l’humeur », comme par hasard, il y en aurait certainement beaucoup moins.

En conclusion, moi je suis un vrai coup de jus!

À la flotte!

Si vous avez lu mon premier livre, vous avez compris que j’ai un problème avec l’eau. (C’est pour cela que je ne bois que du champagne... humour.)

Cette phobie, ceux qui ne la connaissent pas ne peuvent imaginer comme cela est handicapant. Moi, j’en ai eu plusieurs, mais celle de l’eau m’a paralysée pendant des années. Alors oui, les proches qui ne le savent pas sont souvent énervés par le comportement du malade...

Moi par exemple, je n’ai jamais eu peur de l’eau, juste de son contact, alors on pense tout de suite à la mer, à la piscine, aux bains, aux douches... Mais il faut savoir que boire de l’eau dans un verre m’était presque insupportable, donc voilà pourquoi je bois à la bouteille. Aussi, lors d’un repas, je pouvais faire une fixation sur les verres remplis d’eau, la panique s’ils se renversaient, j’avais déjà du mal à rester à table, alors avec une carafe d’eau devant mon nez cela devenait un cauchemar. Il y a le problème de la vaisselle, pas pratique de la faire sans eau