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Le titre de cet ouvrage a été choisi par le journaliste du magazine fitness mag consacré à Paul-André Mentzer qui lève la coupe de la victoire du Natural fitness show, gagné en 2015 à Paris, comme il lèverait un verre à la vie ! C’est cette vie dont il connaît le prix qu’il raconte sobrement et sincèrement, pour encourager tous ceux qui traversent des moments difficiles ou ceux qui pensent qu’elle est un combat. Le sien a commencé très tôt, dans l’insouciance de l’enfance, et c’est peut-être cela qui lui a donné cette force vitale basée sur l’amour et l’humilité qui l’anime aujourd’hui. Après avoir vaincu la leucémie, il livrera d’autres combats aussi variés que rudes.
Le prix de la vie est un formidable message d’espoir pour toutes les personnes ayant besoin de voir la lumière au bout du chemin.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Paul-André Mentzer prend conscience dès son plus jeune âge de la fragilité de la vie. Il apprend alors à l’apprécier et à s’en émerveiller. Dans ce premier ouvrage,
Le prix de la vie, il relate le parcours éprouvant qu’il a dû réaliser avec un mental à toute épreuve.
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Seitenzahl: 162
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Paul-André Mentzer
Le prix de la vie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Paul-André Mentzer
ISBN : 979-10-377-6169-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce livre est un livre incroyable, plein d’espoir pour tous ceux qui sont au fond de l’abîme.
Anne Carole, maman de Paul-André
Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient.
Sénèque
La première fois que j’ai rencontré Paul, c’est quand il a franchi la porte de mon magasin dans le sud de la France où il était en vacances avec sa famille.
À l’époque, je coachais beaucoup d’athlètes pour des compétitions de culturisme, et c’est pour cette raison que Paul était venu me voir.
Il me dit : « Bonjour, Christophe, je suis en rémission d’un cancer du cerveau et j’aimerais que tu me coaches, car je sais que tu prends soin de la santé de tes athlètes. »
Je dois vous avouer que j’ai eu un moment d’hésitation, car la responsabilité était énorme face à cette terrible maladie.
Et puis je me suis dit que j’allais tout faire pour qu’il retrouve une forme physique optimale.
C’est comme ça qu’a commencé notre collaboration.
Dès le début, Paul a été un élève assidu. Jamais il ne se plaignait du régime parfois difficile que je lui donnais. Je voyais son physique évoluer de mois en mois jusqu’au jour où il me dit :
« Chris, j’aimerais faire une compétition de culturisme. »
Pour la deuxième fois, j’ai eu un moment d’hésitation, car la rigueur que cela demande est immense, mais comment refuser quand la personne en face de soi a déjà traversé un cancer.
Nous voilà embarqués dans cette aventure vers le Championnat de France, 1/4 de finale 1er, 1/2 finale 2e, arrive la finale et il se classe 4e.
Magnifique aventure ! Et je me dis « ça va s’arrêter là… » Mais c’était mal connaître Paul.
L’année suivante, il m’appelle et me dit : « Chris, je vais gravir le Mont-Blanc au mois de juin. Fais-moi un régime pour atteindre mon objectif. »
Là, dans ma tête, je me dis « ce mec est dingue » lol, mais je suis impressionné par sa force et son abnégation face à la vie.
Une fois le Mont-blanc gravi, et soif d’un nouveau challenge, il me dit : « Chris, je veux retenter la compétition, mais cette fois pour être 1er. »
Et nous voilà repartis pour l’une des plus grandes compétitions de culturisme naturel à Paris où il décroche la 1re place.
De tous les athlètes que j’ai eus, Paul est l’un des seuls qui ne soient jamais plaints.
Il ne fit aucun écart durant des mois, il ne sauta pas un seul entraînement et ne contesta aucune de mes méthodes !
Dans ce livre, vous allez comprendre qui est Paul, quelles sont les épreuves qui lui ont donné cette force, qui, je l’espère, vous donnera l’inspiration pour affronter les difficultés de la vie.
Christophe Bonnefont,
Préparateur physique, auteur, conférencier, entrepreneur
Sa devise : « Vous êtes votre seule limite ! »
Le récit de ma maman
J’ai eu le bonheur d’avoir un premier enfant qui est né le jour de la fête du Travail, il se prénomme Matthieu. Puis, un deuxième enfant a pointé le bout de son nez deux ans et demi plus tard. Il s’agit de Paul-André.
À mes 21 ans, me voilà maman de deux enfants. Le papa est âgé de 27 ans.
Tout se passait bien dans notre vie. Nous étions une famille comme tout le monde. Les enfants grandissaient sans problème. J’étais une jeune maman et mon ex-mari travaillait en déplacement. Il ne rentrait que le week-end et je m’occupais des enfants. Parfois, je passais des jours chez ma sœur et puis chez mon frère.
Paul-André, à l’âge de 17 mois, a commencé à être grognon où que nous soyons. Quand je dormais chez ma sœur, il réveillait toute la maison avec ses gémissements la nuit. Je ne savais pas comment le consoler… !
Nous avions remarqué que son ventre était ballonné. Il avait aussi des bleus sur son corps, principalement sur les jambes. À chacun de ces symptômes, j’avais une explication : comme il était petit, il n’avait pas d’abdominaux, alors, c’était normal que son ventre soit rond. Pour les bleus, c’était pour la même raison ; il était petit, alors, il chutait certainement souvent. Je ne voyais pas pourquoi il aurait dû chuter davantage subitement… mais bon… nous n’avons pas consulté le médecin.
Arriva le 13 juillet 1984. Ce jour-là, j’emmenais Paul-André chez ma maman pour qu’elle le garde la journée afin de préparer notre départ en vacances dans le sud de la France. Ma mère trouvait le petit très pâle et il se plaignait de douleurs d’oreilles. Il ne mangeait presque pas. Ma mère ne voulait pas que nous partions en vacances avant de l’avoir montré à un médecin. Elle trouvait qu’il avait de gros ganglions au niveau du cou et cela ne lui plaisait pas. Il avait aussi de la fièvre.
Malgré tout, nous avons quand même décidé de partir parce que des médecins il y en a aussi dans le Sud, et que souvent lors du départ en vacances les enfants ont de « petits bobos ».
Donc nous partons avec le thermomètre pour surveiller la température du petit ! Nous voilà sur la route pour effectuer plus de 800 km avec notre enfant malade. La fièvre s’accentue en chemin malgré les médicaments censés la faire baisser. Je couche Paul-André à l’arrière dans la voiture, je lui mets constamment le biberon dans la bouche afin de l’hydrater.
Au bout de 400 km environ, nous décidons de nous arrêter afin de montrer le petit à un hôpital et faire le point. Les médecins l’auscultent sans nous. Ils regardent ses jambes, son ventre et décident de le garder afin de faire baisser cette maudite fièvre. Sur le coup, nous nous sommes dit qu’ils devaient penser que c’est un enfant battu or, ce n’était pas le cas, évidemment.
La fièvre n’arrivait pas à descendre. Les médecins lui ont fait une piqûre afin d’éviter les convulsions. Après cela, nous décidons de partir en signant une décharge et en promettant qu’à notre arrivée nous allions immédiatement consulter un médecin. Le voyage fut long, interminable, je l’hydratais sans arrêt.
L’aîné, Matthieu, était déjà parti avec mes beaux-parents une semaine auparavant dans leur appartement du Sud. Heureusement qu’il n’était pas avec nous à ce moment-là ! Nous avons pu nous occuper de Paul-André correctement.
En arrivant à destination, nous avons déposé nos valises et nous avons repris aussitôt la route vers Leucate Village chez le médecin de garde. Nous étions le 14 juillet. Le médecin nous envoya directement à l’hôpital de Narbonne qui se trouvait 130 km de là. Le docteur ne nous a pas donné de diagnostic, mais il nous disait que c’était très grave et qu’il ne fallait pas perdre de temps. À tel point que l’hôpital était prévenu et on nous attendait.
Nous avions roulé tant de kilomètres et il fallait repartir !
Arrivés à l’hôpital, c’était un peu la panique, car il fallait à tout prix savoir le mal qui le rongeait. Nous étions inquiets, mais nous n’étions pas les seuls. Certains parents étaient là, car leurs enfants avaient contracté une méningite. Dans le couloir, je m’accrochais à des gens et je cherchais de l’aide pensant que c’étaient des médecins. Je cherchais du réconfort, une parole rassurante me disant que mon fils allait s’en sortir. Mais c’étaient des parents comme moi qui attendaient les résultats définitifs de leur enfant. Je me disais que mon fils avait peut-être aussi la méningite. Cela me permettait de mettre un nom sur ce que c’était et me rassurer…
La fièvre continuait de grimper malgré les perfusions. Sa tension est descendue à 2, mais il ne délirait pas et me reconnaissait. Il nous appelait : « Maman, papa ». Il ne fallait surtout pas lui montrer notre tristesse.
Nous allions à tour de rôle le voir aux soins intensifs. Quand les larmes venaient, nous sortions, l’autre prenant le relais. On lui faisait les examens complets. Ne sachant toujours pas de quoi il souffrait et puisque c’était une course contre la montre, l’hôpital décida de le rapatrier 250 km plus loin à Montpellier en hélicoptère. (Décidément, nous aurions mieux fait de rester chez nous en Alsace, car si ça continuait comme cela, nous serons bientôt à notre point de départ !) Un pompier qui devait assurer le transport jusqu’au stade de foot de Narbonne m’est apparu comme un ange et me dit : « Votre enfant va s’en sortir ! »
Je lui redemande pour en être bien sûre et il me redit la même chose. Je crois réellement que c’était un ange.
Avant qu’il rejoigne l’autre hôpital, nous avons reçu les résultats de la prise de sang. Les médecins avaient découvert que mon fils avait « un très mauvais sang ». Il fallait à tout prix le transfuser avant son départ. Heureusement que nous avons eu ce diagnostic à ce moment-là. Cela lui a sauvé la vie. Il serait décédé pendant le trajet s’il n’avait pas été transfusé. Ce sang lui a sauvé la vie !
Nous étions tristes et fatigués. Notre fils était loin de nous à 300 km et nous ne savions rien du voyage. Les téléphones portables n’existaient pas. Nous avons pris la voiture et nous nous sommes rendus à Montpellier. Il y avait tant de monde sur la route puis on devait se rendre chez mes beaux-parents et attendre un appel devant le téléphone fixe. Il fallait leur expliquer. C’était l’angoisse. La tristesse et le chagrin nous avaient envahis. Il y avait Matthieu qui était heureux de nous revoir. Malgré son jeune âge, il comprenait que quelque chose avait changé. Dans la journée, nous avions quelques nouvelles, mais rien de rassurant. Nous essayions de nous reposer afin de partir le lendemain le rejoindre. Nous prévenions nos familles, amis leur demandant de prier pour lui. Nous ne savions pas s’il allait passer la nuit.
Le lendemain, nous nous sommes rendus à l’hôpital et un professeur nous a reçus. Le verdict est tombé, il s’agit d’une « Leucémie lymphoblastique aiguë ». Quel nom compliqué ! Je ne sais même pas ce que cela signifie. Tout ce que je savais, c’est que c’était extrêmement grave. Mon fils a 19 mois, j’ai 21 ans et mon mari, 27. À peine le professeur a-t-il prononcé ces mots qu’il était appelé pour une urgence. Je me suis retrouvée seule avec mon mari et je lui demandais s’il savait ce que c’était. Il me répondit que c’était une maladie du sang.
J’appelais ma maman pour lui dire qu’on aurait dû l’écouter et ne pas partir… Elle prit le premier avion et vint nous rejoindre à l’hôpital. Nous devions nous serrer les coudes et nous battre. Ensemble, on est plus forts !
Nos proches étaient solidaires. Je leur adresse un grand « Merci ».
Les médecins nous ont demandé si nous voulions commencer le traitement à Montpellier, en nous précisant qu’il y aurait, dans un premier temps, un traitement de 42 jours. Il fallait donner une réponse rapidement. Nous décidions le retour à Strasbourg, mais Paul-André était dans un état de faiblesse extrême. Il fallait attendre quatre jours pour qu’il soit transportable. Chaque jour, il recevait des poches de sang et il recevait le maximum autorisé. Nous ne savions jamais s’il allait passer la nuit suivante. Nous ne pouvions pas rester avec lui. Le soir, il fallait le laisser, car les parents n’avaient pas le droit de rester au sein de l’hôpital. Quelle tristesse ! Mon Dieu, quel déchirement de le laisser !
Je restai dormir sur place quelques jours avec ma maman dans un foyer d’accueil pour personnes hospitalisées. La nuit, nous pleurions et priions. Il nous était difficile de fermer l’œil, nous vivions un cauchemar éveillé. Matthieu me manquait.
Le papa des enfants était rentré chez ses parents avec Matthieu. Nous étions embêtés, car à l’époque, je n’avais pas le permis et il nous fallait trouver une solution pour mon retour. Au bout de quatre jours, notre enfant était prêt pour être hospitalisé dans notre région. Notre compagnie d’assurances a affrété un avion sanitaire et mon mari qui avait laissé Matthieu chez ses parents, accompagnait Paul-André pendant son transfert en avion. Je rentrai en voiture avec ma maman. Mes beaux-parents rentraient une semaine plus tard afin que Matthieu ne soit pas trop perturbé.
Il fallait s’organiser pour Strasbourg. Nous ne pouvions pas rester avec Paul-André et nous habitions à 120 km de l’hôpital. Des amis nous ont prêté une caravane pliante que nous avions installée sur un terrain de camping à proximité de Strasbourg. Nous voulions nous rapprocher de l’hôpital, mais nous étions en plein mois de juillet et les campings affichaient complet. Par chance, une place se libérait et nous sommes allés sur le terrain de camping des pompiers de Strasbourg. Nous y sommes restés quarante-deux jours. Le temps du traitement.
Nous nous sommes organisés afin d’avoir Matthieu auprès de nous. Je souffrais de ne pouvoir être ni avec l’un ni avec l’autre. La journée, Matthieu était entouré soit de ma mère ou de mon frère, de mon papa ou de mes beaux-parents. La nuit, il y avait toujours quelqu’un qui restait avec nous pour nous remonter le moral. Je n’aimerais jamais plus devoir passer par là ! Pour moi, la vie s’était arrêtée. Je pensais être seule au monde. Je voyais les autres personnes rire, s’amuser et pour moi tout était fini. J’avais l’impression que tout le monde s’enfichait. J’étais seule au monde !
Il fallait se battre malgré tout, ne surtout pas baisser les bras, sourire, car le petit avait besoin de nous. Il puisait ses forces en nous, il fallait faire semblant d’être bien, ne rien laisser paraître. Jamais de larmes devant lui et fallait jouer la comédie.
À son arrivée à l’hôpital, on lui a tout de suite installé un cathéter sous anesthésie générale afin de lui administrer son traitement : la chimiothérapie. Cela évitait de le piquer à répétition. Quand Paul-André est remonté du bloc opératoire, je n’osais pas le prendre dans mes bras. Lui n’attendait que ça et me suppliait de son regard. Il nous réclamait. Une maman qui était passée par là quelques semaines auparavant nous prodiguait des conseils. Quelques semaines plus tard, cette même maman qui avait su me rassurer a vécu un drame. Son enfant avait eu un problème urinaire, ils sont donc venus consulter. Au moment où on lui a rincé le cathéter, il fait un arrêt du cœur. On l’a emmené en réanimation, son cœur est reparti deux fois pour s’arrêter pour toujours. C’était leur unique enfant. Nous étions abattus. Cette personne nous a encore donné du courage en nous disant, peu après, qu’il ne fallait pas avoir peur que la même chose nous arrive.
Paul-André commençait son traitement et le supportait relativement bien par rapport à d’autres enfants qui étaient pris de vomissements. Certains jours, il recevait du sang et d’autres jours des plaquettes. Comme il était petit, il ne pouvait nous dire ce qu’il ressentait ou nous dire s’il se sentait mal. Il était dans une chambre de 8 enfants. Nous étions avec lui du matin à l’ouverture jusqu’à son coucher. Nous faisions des jeux, nous nous promenions dans les couloirs en long et large. Certains jours, la famille venait et on pouvait sortir se promener. Nous étions tous heureux, car il retrouvait la famille, les cousins, ceux qui l’aimaient et qui nous aimaient. On se sentait moins seuls.
Le matin avant 11 heures était consacré à Matthieu et le soir après 20 heures. Parfois, on nous emmenait Matthieu pour faire une promenade avec son frère quand il était bien. Le soir, nous repartions le cœur gros, car on laissait Paul-André en pleurs. Nos cœurs se déchiraient à chaque départ. Comment lui expliquer ?... Matthieu avait besoin de nous également. Il fallait aussi s’en occuper, jouer avec lui. Il souffrait certainement aussi même s’il était petit, mais il comprenait, j’en suis sûre. Dès que l’on pouvait, on l’emmenait avec nous, mais toujours à l’extérieur du service d’oncologie. Je ne remercierais jamais assez mes parents, mes beaux-parents, nos amis de nous avoir accompagnés ! Ils nous préparaient à manger, nous faisaient le linge pour que nous ayons plus de temps pour nos enfants. Il nous arrivait de manger des repas qu’il fallait chauffer au bain-marie. Tout était toujours bon ! De temps en temps, Matthieu changeait de décor et repartait avec un membre de la famille. C’est lui qui choisissait quand il voulait revenir.
Pendant son traitement à l’hôpital sous cortisone, Paul-André s’est mis à adorer les pâtes. Quand arrivait l’heure du repas, nous étions dans le couloir avec lui à attendre le chariot des repas. Son plat préféré à ce moment-là était « les pâtes ». Quand on lui demandait ce qu’il voulait manger, on n’avait pas le temps de finir la phrase qu’il avait déjà répondu : « Pâtes ! » Il a aussi mangé beaucoup de poisson « pour que tout se remette en place » comme on nous le disait. Car avec son traitement à base de cortisone il prenait du poids, il a littéralement gonflé. Il paraît que le poisson faisait rétrécir la peau. J’y ai cru. Cela a fonctionné. Peut-être que sans le poisson cela se serait fait de soi-même, mais on ne peut pas le savoir…
Je me souviens d’une femme qui servait le repas à ce moment-là et qui se nommait Charlotte. Une femme « très gentille » selon le petit. Surtout qu’elle lui apportait son plat !
Pendant ses longues nuits d’hôpital, il pleurait toujours la nuit. Un interne nommé Diégo ne pouvait jamais dormir quand il était de garde à cause de ses pleurs. Il avait promis à Paul-André que pour ses 2 ans il lui offrirait un paquet de mouchoirs. C’était une drôle idée de cadeau, mais pour le petit, c’était « un cadeau ».
Dans son lit à barreaux malgré la perfusion et la potence, une nuit, il a réussi à escalader son lit et à partir dans le couloir. On se demande encore aujourd’hui comment il a fait. Diégo l’a trouvé en train de marcher dans le couloir en tirant sa potence par la main. Il a dû être sacrément surpris !
Diégo était un homme très rassurant et nous étions contents de le savoir auprès de notre fils. Il était argentin. Avant la fin du traitement de Paul-André, il est reparti dans son pays d’origine. Quel dommage ! Il avait vraiment sa place dans ce service pour enfants. Là où il travaille actuellement, il doit faire le bonheur de ses patients.
Paul-André réagissait très bien au traitement et après de 42 jours de traitement, le docteur nous dit que c’était la première phase et qu’il était en rémission. Maintenant, nous dit-on, « il va falloir contrôler s’il n’a pas eu le Sida ».
Nous étions en août 1984 et je n’avais jamais entendu ce mot. « C’est quoi ? » ai-je demandé au médecin. Aujourd’hui, tout le monde sait ce que c’est, mais à l’époque, peu de personnes le savaient.