Le Sang Lunaire - Manon Le Bras - E-Book

Le Sang Lunaire E-Book

Manon Le Bras

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Beschreibung

Après les derniers événements, Naomi sait à présent ce qu'elle est réellement, et va devoir apprendre à vivre avec cette menace constante qui pèse sur elle. Heureusement, Alexander est là pour veiller sur elle, toujours aussi éperdument amoureux et prêt à tout pour la protéger : il la demande en mariage. Cependant, avant qu'elle ne puisse lui donner une réponse, elle reçoit un appel terrifiant de son ami, Owen, terrorisé, voulant la mettre en garde contre quelque chose. Malheureusement, la communication se coupe avant qu'il ne puisse lui dire de quoi il s'agissait. Persuadée que son loup-garou préféré est en danger, Naomi réussit à convaincre son vampire de partir à sa recherche. Ce coup de téléphone va alors les amener, elle et son petit ami, à Atlanta, où les pires craintes de la jeune femme vont se révéler exactes : Owen a disparu, et personne ne sait où il est passé. Naomi, n'étant pas prête à abandonner son meilleur ami, va mener, avec l'aide d'Alexander, son enquête pour tenter de comprendre ce qui a bien pu lui arriver. Commence alors une traque haletante et macabre, qui pourrait bien les conduire tout droit jusqu'à la mort.

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Seitenzahl: 499

Veröffentlichungsjahr: 2021

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L’œuvre présente sur le support (fichier, livre...) que vous venez d’acquérir est protégée par le droit d'auteur. Toute copie ou utilisation autre que personnelle constituera une contrefaçon et sera susceptible d’entraîner des poursuites civiles et pénales.

Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des comportements de personnes ou des lieux réels serait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages ou lieux et événements sont issus de l'imagination de l'autrice. Toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait totalement fortuite.

Ce livre n'est pas seulement une histoire d'amour banale ou de romance paranormale. Il évoque la séduction, l'attirance, le romantisme, l'amour bien sûr, mais également la souffrance, la haine, le harcèlement, le sacrifice, la torture et le meurtre. Vous y trouverez aussi des touches d'humour, ainsi qu'une multitude de rebondissements. Oh, et attention ! Certains passages sont... comment dire... passionnés.

Bonne lecture.

À partir de 12 ans.

Œuvre(s) précédente(s) :

Fantasy Urbaine :

. Le Sang Soleil – Tome 1

À ma Titine, qui a lu le premier tome alors que ce n'est pas du tout son genre littéraire habituel. Merci pour ton soutien et ton amour indéfectible.

À tous ceux qui ont aimé le premier tome, qui me suivent dans cette folle aventure, à vous qui partagez ma folie et mon univers vampirique. Merci d'être toujours présents, merci pour votre soutien, ce second tome est pour vous !

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

1

Tous mes membres sont littéralement en train de trembler. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, et je n'arrive pas à détacher mon regard de ses yeux bleus magnifiques. Ses yeux pleins d'espoir.

— Oh mon Dieu ! Tu es en train de me demander en mariage, là ?

— Euh... ça me paraît évident, non ? répond-il, le sourire aux lèvres.

— Oh merde...

— Quoi ? dit-il en haussant les sourcils.

— Mais... pourquoi ?

— Pourquoi ? Parce que... c'est ce que font les gens qui s'aiment en général, non ?

— Oh merde.

— J'avoue que ce n'est pas vraiment la réponse à laquelle je m'attendais, bafoue-t-il.

— Alex, t'es sérieux ?

— Très sérieux.

— Oh non, dis-je en cachant ma tête entre mes mains.

— Non ? répète-t-il en haussant les sourcils.

— Heu non, pas « non ».

— Donc... « oui » ?

— Non, attends...

— Pas « oui » non plus...

— Non, Alex, attends...

— Naomi, c'est soit « oui », soit « non ». Il n'y a pas d'autres réponses possibles, répond-il.

— Alex, je t'aime, mais... un mariage... ce n'est pas rien, dis-je.

— Non, tu as raison, ce n'est pas rien, confirme-t-il.

Mon regard plongé dans le sien, je soupire.

— Naomi, poursuit-il, je veux passer l'éternité auprès de toi, ça, je le sais.

L'éternité ?

— Malheureusement... l'éternité n'est pas une option pour moi.

La lumière dans ses yeux disparaît sur-le-champ, et les traits de son visage se figent.

Je suis bien consciente que je viens de lui pulvériser le cœur en mille morceaux, seulement, je ne peux pas lui promettre une vie éternelle avec lui. Je suis une humaine, je vieillis chaque jour, à chaque seconde, et lui non.

— Alex... je t'aime et je ne dis pas que je ne veux pas me marier avec toi, mais...

— Mais... ?

— Je ne peux pas te dire oui, pas tout de suite.

Eh bien voilà : je viens de détruire la dernière parcelle d'espoir qui lui restait.

— Je vois, dit-il en hochant la tête.

— Je ne veux pas te faire de peine, mais... je ne peux pas te dire oui, pas maintenant. Je ne peux pas...

Je suis brusquement interrompue par la sonnerie de mon portable, qui résonne depuis la table de la cuisine. Mon vampire lance aussitôt un regard furtif vers l’appareil, avant de se retourner vers moi, grandement contrarié.

— Excuse-moi, dis-je.

Je jette un dernier coup d’œil à mon petit ami et m'empresse d'attraper mon téléphone.

— C'est Owen, lui fais-je savoir.

— Évidemment, répond-il en levant les yeux au ciel.

Avant de décrocher, j'ose un dernier regard à Alexander derrière moi et ce que je vois me dévaste entièrement : il semble complètement éteint.

Merde, je suis vraiment la pire personne au monde.

— Salut, Owen, dis-je en décrochant.

— Naomi ! Naomi, tu m'entends ?! crie-t-il, vraisemblablement essoufflé.

— Euh... oui... Mais qu'est-ce que tu fabriques ? Tu cours un marathon ou quoi ? Ah, au fait, tu peux revenir. La menace « Eddy » est définitivement neutralisée.

— Naomi, écoute-moi ! Tu es en danger ! Je ne sais pas comment ils l'ont su, mais ils savent !

Ah non, ça ne va pas recommencer, hein !

— De quoi tu parles ?

— Ils ont appris pour toi. Il faut que...

Un bruit assourdissant se fait entendre, et la voix d'Owen se met à crépiter dans le combiné.

— Owen ? Je capte mal. Qu'est-ce que tu as dit ?

— Ils sont là. Ils m'ont retrouvé, murmure-t-il.

— Quoi ? De qui est-ce que tu parles ?!

Je lève la tête vers mon vampire et constate qu'il m'observe avec un air désemparé.

— Owen !

Mon rythme cardiaque est en train de s'affoler, et des sueurs commencent à m'envahir de toutes parts.

— Owen, s'il te plaît, dis-moi ce qui se passe ! le supplié-je, paniquée.

— Je ne sais pas si je vais avoir le temps de...

Second grésillement.

— De quoi ? Owen !

— Surtout, ne cherche pas à me...

La communication s’interrompt, ne faisant entendre qu'une répétition successive de bips sonores.

— Owen ? Allô ? Owen !

Terrorisée, je recherche immédiatement du soutien dans le regard de mon petit ami.

— Rappelle-le, me dit-il.

Je m’exécute, mais tombe malheureusement sur sa messagerie. Alex m'attrape alors mon téléphone des mains sans que je puisse réagir et s'empresse de composer un numéro.

— John ? C'est Alexander. Tu es réveillé ? Alors réveille-toi. J'ai besoin que tu localises le dernier appel reçu avec ce téléphone !

John ? C'est qui encore ce John ?

— Oui, maintenant, s'impatiente mon petit ami. Je reste en ligne.

Littéralement en panique, je joins mes mains pour les placer devant ma bouche, scotchée aux lèvres de mon vampire.

Mon Dieu, ce silence va finir par me tuer.

— Merde, finit-il par lâcher.

— Quoi ?

— Merci, John.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? dis-je en m'avançant vers lui.

Il raccroche et baisse la tête un instant avant d'oser me regarder dans les yeux.

— Alex !

— Je suis désolé, Naomi. La communication n'a pas duré assez longtemps.

— Nan...

— On n'a aucun moyen de savoir où il était quand il t'a appelée.

Le regard dans le vide, je suis paralysée par la terreur.

Mon Dieu, la peur dans sa voix m'a fichu la chair de poule.

— Naomi ?

Toute tremblante et légèrement nauséeuse, tout est en train de se brouiller autour de moi, et mon cœur entame une course alarmante, au point que les battements se font sentir jusque dans mes oreilles.

— Naomi !

Ses mains autour de mon visage, Alexander me regarde avec affolement.

— Hé, calme-toi, Naomi, tu entends ? Naomi !

Totalement ailleurs, je le dévisage sans vraiment l'écouter.

— Naomi ! crie-t-il plus fort.

Son hurlement me sort instantanément de mon absence, et tout mon corps se refroidit, pétrifié par l'angoisse.

— Qu'est-ce que... ? Qu'est-ce qui vient de se passer ?

Il ne répond rien et se contente de m'observer avec tristesse.

— Alex, dis-moi qu'il n'y a aucune raison de s'affoler.

Cherchant désespérément son soutien et son réconfort, je le vois se mordre la lèvre inférieure.

— Je ne sais pas, Naomi, finit-il par répondre.

Les paupières fermées, j'essaie de tout faire pour arrêter de trembler, sans grand succès.

— OK, alors... il faut... il faut que j'y aille.

— Que tu ailles où ? demande-t-il.

— Que j'aille le chercher.

— Quoi ? lâche-t-il en écarquillant les yeux.

— Eh bien... je ne sais pas pour toi, mais pour moi, ça paraît évident qu'Owen est en danger, non ?

— Attends, ne nous affolons pas trop vite, réplique-t-il.

— Tu l'as entendu comme moi, non ? Il avait peur et il a dit : « Ils m'ont retrouvé ». Il avait vraiment l'air effrayé.

— Oui, je sais, Naomi, mais moi, la partie qui m'a le plus effrayé, c'est quand il a dit que tu étais en danger et : qu'ils avaient appris pour toi.

— Tu crois qu'il parlait... de ma particularité ?

— J'en sais rien, Naomi. À part nous, Eddy et Lewis étaient les seuls à savoir ce que tu es réellement, et Ana ne l'a dit à personne, ça, j'en suis persuadé. Pas plus que Jane ou Gregory.

— Peu importe, je pars à sa recherche !

— Tu quoi ?! s'exclame-t-il, effaré.

— Je ne vais pas rester là les bras croisés à attendre qu'un malheur arrive à mon meilleur ami !

— Naomi, ne sois pas bête, par où veux-tu commencer à le chercher ?

— Eh bah... Atlanta.

— Tu veux partir pour Atlanta ?

— Bah oui.

— C'est à plus de quatre heures d'ici ! s'écrie-t-il.

— Écoute, je sais que je ne suis pas la personne que tu préfères en ce moment, mais...

— Naomi...

— Je ne vais pas le laisser tomber, dis-je en soutenant son regard.

Frustré, il secoue la tête de gauche à droite et ferme les paupières en lâchant un long soupir. Je sais qu'il n'apprécie pas Owen, seulement, on ne peut pas rester ici à espérer qu'il revienne, pas après ce coup de fil.

— Très bien, dit-il après un instant de réflexion, on va à Atlanta, mais là, il est deux heures du mat', et si on part maintenant, il fera presque jour quand on arrivera. On partira ce soir.

— OK, réponds-je, véritablement soulagée.

— Si on part d'ici vers dix-huit heures, reprend-il, on arrivera là-bas vers vingt-trois heures. Nous séjournerons dans un hôtel. Dès lundi, tu te rendras dans le commissariat le plus proche pour leur parler du coup de téléphone.

— Pourquoi lundi ?

— On est samedi, Naomi. Demain, c'est dimanche.

— Ah oui, c'est vrai...

Mon visage dans mes mains, je suis à présent victime d'un mal de crâne insoutenable.

— Hé, souffle mon vampire en s'approchant de moi, on va le retrouver, tu m'entends ?

Mes yeux dans les siens, je vois bien qu'il tente de me rassurer, de me dire ce que je souhaite entendre, de tout faire pour m'aider à affronter la réalité. La triste et effrayante réalité.

Après plusieurs secondes à fixer le sol, je prends une grande inspiration, avant de planter finalement mon regard dans celui de mon petit ami.

— OK. Comment s'y prend-on pour aller à Atlanta ?

— Eh bien, en voiture, répond-il.

— Oui, mais... la tienne, tu veux dire ?

— Bah oui.

— Mais... on ne ferait pas mieux d'y aller avec... nos voitures respectives ?

— Pourquoi ? m'interroge-t-il, confus.

— Parce que... ce sera plus simple... pour nous deux.

Les sourcils faiblement froncés, il reste là, à me scruter d'une drôle de façon.

Inutile de lui rappeler qu'il ne peut sortir que la nuit.

— OK, répond-il après plusieurs secondes de silence, mais nous irons avec la mienne. Je demanderai à quelqu'un d’amener ta Cadillac à notre hôtel.

— Quoi ? Pourquoi ?

— Tu te vois conduire une Cadillac en pleine nuit et traverser un État dans un pays que tu ne connais pas, et ça, toute seule ?

Merde. Il a raison.

— Un point pour toi, dis-je, renfrognée.

— Ta voiture est restée sur le parking du Believe in U ? me demande-t-il.

— Oui.

— Très bien. On ira la récupérer. Tu as assez de vêtements de rechange dans ta valise ?

— Non. Il va falloir que je retourne à Laurel Street également.

— D'accord. On va y aller ensemble, me répond mon vampire. Sinon... à propos d'Owen... est-ce que tu sais s'il a de la famille ?

— Il a une cousine qui s’appelle Megan.

— Et ses parents ?

— Il n'en parle jamais. D'après ce que j'ai compris, il n'est pas très proche d'eux. Et je ne connais pas les amis auxquels il a fait référence jeudi soir avant de s'en aller.

— OK. Je vais passer quelques coups de fil de mon côté pour en savoir plus. Tu es apte à aller au label maintenant ou tu veux y aller plus tard ?

— Non, allons-y maintenant. Il est très tôt, mais je n'arriverai pas à dormir de toute façon.

— Bien. Alors en route. La Camaro est devant.

Je monte immédiatement chercher ma veste restée dans la chambre à coucher et récupère mes valises avant de descendre rejoindre Alex dans sa voiture.

Après quarante-cinq minutes de trajet, nous arrivons sur le parking du label, où Alexander se gare énergiquement près de ma Cadillac. L'heure affichée dans la voiture indique trois heures vingt du matin, et les rues sont bien évidemment désertes et silencieuses.

Assise sur mon siège, et l'esprit ailleurs, je suis victime d'innombrables frissons dans tout le corps. Mes mains sur mes bras pour tenter de me réchauffer, j'ai la tête comme une cocotte-minute, prête à exploser sous la pression.

— Tu as froid ? demande Alex, me sortant par la même occasion de mes pensées.

— Je suis frigorifiée de l'intérieur, dis-je.

La main sur la poignée, et mentalement prête à affronter la nuit glaciale, mon vampire agrippe mon bras pour me retenir et plonge son regard inquiet dans le mien.

— Ça va aller, Naomi, tente-t-il de me rassurer. Tu verras, tout va finir par s'arranger.

Je hoche la tête, pas vraiment convaincue par cette affirmation, et ouvre la portière.

— On se retrouve chez toi ? lance-t-il.

— Ouais.

— Allez, viens par là.

Il approche son visage du mien et m'embrasse tendrement.

Immobile, je reste l'admirer encore quelques petits instants, sors ensuite de son véhicule précipitamment et monte dans ma voiture sans perdre un instant. Une fois installée dans ma Cadillac, je mets le chauffage à fond et coupe la radio.

Je n'ai pas le cœur à la musique aujourd'hui, d'ailleurs, je n'ai le cœur à rien.

Il est presque trois heures quarante quand je m'engage dans mon allée, et en regardant dans le rétroviseur, j’aperçois la Camaro d'Alexander me suivre avant de venir se garer devant la maison, en marche avant. Je sais pertinemment qu'il a voulu rester derrière moi pour pouvoir veiller à ce qu'il ne m'arrive rien, il ne peut pas s'en empêcher, et si parfois ce côté protecteur me tape sur les nerfs, je dois bien admettre que j'aime ça, même si je le lui ai souvent reproché.

Lorsque je sors de ma voiture, Alex se retrouve devant moi, me dévisageant de la tête aux pieds.

— Ça va ? me demande-t-il.

— Oui, ne t'en fais pas pour moi.

— Bien sûr que si, s'empresse-t-il de répondre.

Je lui offre un sourire timide, et ensemble, nous empruntons le chemin pour nous réfugier à l'intérieur. Je laisse mon petit ami passer devant et ferme à clé derrière nous. Allez savoir pourquoi, le fait d'avoir un vampire de deux cent soixante-six ans à mes côtés devrait me rassurer, me procurer une certaine sérénité, mais c'est un réflexe.

— Il y a un hôtel à Tech Square, tout près du commissariat de police, m'annonce-t-il. J'y ai réservé une chambre.

— Déjà ?

— Oui. J'ai énormément de...

— De contacts. Ouais, je commence à connaître la chanson, dis-je en souriant.

Il me rend mon sourire.

— On passera donc la nuit de samedi à dimanche là-bas.

— Un hôtel, hein ? Comme c'est étrange... Tu n'as pas de maisons à Atlanta ? demandé-je sur un ton ironique.

— Non, en effet, Mademoiselle Dubois, je n'ai pas de maisons à Atlanta. Je n'en ai pas non plus à Charlotte, ni à Louisville, ni même à Saint-Louis. Je suis peut-être prévoyant, mais je ne suis en rien un acheteur compulsif.

— Mmmh-mmmh.

Je lance mon sac à main sur la table de la cuisine et enlève ma veste que je viens poser sur le rebord des escaliers.

— Tu as l'air fatiguée, Naomi. Tu devrais dormir un peu, lâche mon vampire en posant sur moi un regard tourmenté.

— Harry est toujours sous hypnose ?

— Oui, ne t'inquiète pas, Ana s'en est occupée. Tant qu'elle ne lui dira pas ce qu'il faut pour qu'il retrouve ses esprits, il ne s’inquiétera pas de ton absence.

— Bien.

— Naomi ?

— Mmmh ?

— Je t'aime, dit-il en prenant mon visage entre ses mains.

Je sais qu'il essaie de me soutenir, et j'apprécie les efforts qu'il fait, surtout qu'il n'est pas obligé de se sentir concerné. Après tout, Owen est mon ami, certainement pas le sien, et je suis même sûre qu'il serait prêt à le laisser se démerder plutôt que de partir à son secours. Mais il est inutile d'aborder ce sujet. Je n'ai pas envie de créer une dispute, surtout pas maintenant.

— Je t'aime aussi. N'en doute jamais.

Il me sourit et vient poser ses bras sur mes épaules.

— Maintenant, allons en haut. Je t'assure, il faut que tu dormes, souffle-t-il.

— Je sais.

— Allez, viens, dit-il en me prenant la main.

J'acquiesce, et nous montons les escaliers jusqu’à ma chambre, où nous nous dirigeons sans plus attendre jusqu’au lit. Je me glisse sous les draps tout habillée, et Alex en fait autant. Chose étonnante, je m'écroule comme une masse et dors dix heures d'affilée, et quand je me réveille, mon téléphone m'apprend qu'il est déjà plus de treize heures trente.

En me retournant, je constate qu'Alexander n'est plus là, et lorsque j'entends l'eau couler dans la douche à côté, je cesse aussitôt de m'inquiéter. Après tout, en plein jour, je ne vois pas où il peut être à part dans la maison. Je crois que je deviens comme lui : surprotectrice.

Décidément, on s'est définitivement bien trouvés, tous les deux.

Dès l'instant où il sort de la salle d'eau, une merveilleuse odeur de bois de cèdre et de citron vert vient envahir toute la pièce. Il se rallonge ensuite auprès de moi et dépose un baiser satiné sur ma joue.

— Mmmh... Viens par là, tu sens trop bon, lancé-je en l'attirant dans mes bras.

Je passe aussitôt mes mains autour de sa taille et pose ma tête sur son torse. Il m'offre instantanément un sourire éclatant, entremêlant ses doigts agiles dans mes cheveux.

— Que crois-tu qu'on va trouver à Atlanta ? me demande-t-il.

— Owen. Je l'espère.

— Mmmh. Dans quoi est-ce qu'il s'est encore fourré, cet imbécile ?

— Je n'en sais rien. J'espère qu'il va bien, dis-je, véritablement angoissée.

Dans un geste rapide, il se redresse pour se placer au-dessus de moi, ses iris azur à présent plantés dans les miens.

— Tu penses qu'il est en danger ?

— Je ne saurais pas l'expliquer, mais... j'ai le sentiment qu'il se passe quelque chose de grave, oui.

Attentive, je regarde Alexander prendre une grande inspiration et hocher brièvement la tête.

— Très bien. Allons au secours de cet abruti, lâche-t-il dans un soupir.

Je laisse échapper un sourire sur mon visage et viens poser tendrement ma main sur sa joue. Il réussit toujours à me remonter le moral, et ça, même dans les pires moments.

— Je t'aime. Je sais que je ne te le dis pas souvent, mais je t'aime.

— Naomi, tu me le dis tous les jours.

— Heu... non, ce n'est pas vrai.

— Si, ça l'est. Mais de toute façon, je sais que venant de toi, ça veut vraiment dire quelque chose.

Laissant mon esprit vagabonder plusieurs minutes à tenter de déchiffrer ce qu'il vient de dire, je reste le dévisager d'une drôle de façon pendant un bref instant.

— Quoi ?

Sans me répondre, il continue à me dévorer des yeux, certainement pour essayer de gagner du temps, comme il le fait si souvent. Mais je ne suis pas décidée à laisser tomber, loin de là.

— Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? demandé-je en souriant.

— Rien. Oublie.

— Alex. Allez, dis-moi !

Il secoue la tête en m'offrant un magnifique sourire, faisant apercevoir ses somptueuses canines blanches.

— Disons que... énormément de femmes m'ont eu dit la même chose sans véritablement le penser, c'est tout ce que je voulais dire.

Évidemment...

— Hein hein... Énormément de femmes, hein ?

— Mmmh-mmmh. Mais ça, c'était avant, tente-t-il de me rassurer.

— Bien sûr... Avant de me rencontrer. Parce que je suis tellement différente des autres femmes avec qui tu as pu sortir, c'est ça ?

— Ouais, tout à fait, répond-il avec son air charmeur.

— Mmmh. Mais je suis certaine qu'elles le pensaient toutes, dis-je après plusieurs secondes de silence. On ne peut que t'aimer. Enfin, quand on te connaît vraiment.

Il s’immobilise quelques instants, avant de me jeter un regard plus que suspicieux.

— Et qu'est-ce que ça veut dire, ça ? m'interroge-t-il en plissant les paupières.

— Eh bien, si tu te comportais avec elles comme tu le faisais avec moi au début, elles ne devaient pas vraiment apprécier. À moins que ton côté arrogant et prétentieux les intéressait.

La bouche légèrement ouverte, il me dévisage avec les yeux écarquillés de stupéfaction.

— Alors là, je ne sais pas quoi répondre à ça.

— Tu sais que j'ai raison.

— Quoi ? Non ! s'offusque-t-il.

Je hausse les sourcils, l'obligeant d'un regard à avouer.

— Bon... ouais, peut-être bien, finit-il par répondre.

— Ah ! Tu vois ? lancé-je en lui offrant un sourire triomphant.

— Ouais, bah, peu importe. Tout ça, c'est le passé !

Face à sa mine déconfite, je m'enfonce sous la couette en éclatant de rire. Il s'empresse aussitôt de venir me rejoindre et m'attrape par la taille pour me serrer fortement contre lui.

— Naomi Dubois, êtes-vous en train de vous moquer de moi ? demande-t-il, un air malicieux sur le visage.

— Oui, je l'avoue.

En guise de vengeance, il m'embrasse ardemment, faisant balader ses mains le long de mon dos.

— En tout cas, il y a une chose que vous ne savez pas, Mademoiselle Dubois.

— Ah oui ? Et qu'est-ce donc ?

— De toute mon existence, je n'ai dit ces trois mots qu'à une seule et unique personne : toi.

Ma main sur sa joue, je l'attire vers moi pour poser mes lèvres sur les siennes, me sentant submergée par une vague intense de chaleur et d'affection.

Je sais que je ne me suis pas trompée en écoutant mon cœur. Alexander est celui qui le fait battre comme personne ne l'a jamais fait. C'est lui depuis le début. Même si la présence d'Owen a souvent pu provoquer des interrogations de ma part, des doutes même, concernant ma relation avec mon vampire, je sais que, maintenant, j'ai besoin de lui dans ma vie. Je ne suis rien sans lui.

Vers dix-sept heures trente, je descends ma valise dans l'entrée et pars la ranger dans le coffre de la Chevrolet Camaro. Une fois à l'intérieur et la porte refermée, Alexander se plante devant moi en me dévisageant de la tête aux pieds.

— Ça va ? me demande-t-il.

— Oui, très bien.

— Ne me mens pas, Naomi. Tu as le droit de me dire que tu es inquiète pour lui.

Lâchant un soupir, j'évite soigneusement son regard, mais il choisit d'ignorer tous mes signaux lui démontrant pourtant de garder ses distances et s'approche de moi pour me prendre dans ses bras. Ce geste, censé me réconforter, a pour conséquence de me faire me sentir encore plus mal que je ne le suis déjà. Je n'ai pas envie de pleurer, mais si nous restons dans cette position, c'est ce qui va arriver.

Je le repousse alors doucement, avant de river mes prunelles agacées aux siennes.

— Ne fais pas ça, dis-je.

Surpris, il me jette un œil d’incompréhension.

— Ne fais pas quoi ?

— Ne fais pas semblant de me comprendre, je sais que tu ne l'aimes pas.

Un malaise ne tarde pas à se créer entre nous, et après quelques secondes à rester muet, il plisse les yeux, posant sur moi un air agacé.

— Oui, tu as raison, je ne l'aime pas. Mais toi, je t'aime, et il compte pour toi, alors... je n'ai pas d'autre choix que de t'aider à le retrouver.

— Tu le penses vraiment ? Tu veux vraiment le retrouver ?

Il ne dit rien, et son silence répond à ma question. Je secoue alors la tête en soupirant, les yeux levés au ciel.

— Naomi, intervient-il, ne faisons pas ça. Pas maintenant. Attendons que...

— Tu es sûr que tu veux venir avec moi ? demandé-je en lui coupant la parole.

La mine légèrement renfrognée, il soupire à son tour.

— Évidemment, Naomi.

— Mais uniquement pour qu'il ne m'arrive rien, j'ai pas raison ?

Second soupir.

— J'ai pas raison ?!

— Si, Naomi, tu as raison. Et non, ce n'est pas ma priorité de retrouver le loup, mais ça, ça n'a aucune importance !

— Ça en a pour moi ! dis-je, fermement.

Eh bien, moi qui voulais éviter cette conversation, c'est réussi.

Alexander se pince les lèvres, et je peux voir les traits de son visage se contracter à vue d’œil.

— Je ne suis pas aveugle, lâche-t-il, j'ai bien vu comment il te regarde. Cette étincelle qu'il a dans les yeux quand il te parle, quand il te voit, je la connais trop bien.

Décontenancée par son discours, je reste le dévisager sans trop savoir quoi lui dire.

— Qu... quoi ?

— Allez, Naomi, avoue-le. Ne me dis pas que tu n'as rien vu, parce que je ne te croirai pas.

Mon regard rivé au sien, je ne sais vraiment pas quoi répondre à ça.

Bon, il est effectivement possible que j'aie pu apercevoir quelques regards qu'Owen me lançait, mais rien de bien méchant.

— Euh... oui, peut-être, je... j'en sais trop rien en fait.

— Moi je le sais. Et tu le sais aussi.

— Bon, euh... allons-y, dis-je pour clore cette conversation plus que délicate. Il va être l'heure de partir.

Je me retourne pour prendre ma veste en cuir et évite son regard dix bonnes minutes après ça.

À dix-huit heures pile, nous prenons place dans la Camaro, et mon vampire allume aussitôt le chauffage pour s'assurer que je ne me transforme pas en glaçon pendant le trajet.

— Tu veux que je mette un peu de musique ? demande-t-il.

— Non.

— T'es sûre ? Cinq heures sans musique... ça va être long.

— Fais comme tu veux, Alex.

Focalisée sur la route, je le sens se retourner vers moi.

Merde. Je suis définitivement la pire des petites amies au monde.

— Désolée, susurré-je. Si, vas-y, mets de la musique.

Il allume la radio, et la première chanson qui en sort est Caught Up de Cheri Dennis. Si vous ne la connaissez pas, c'est l'histoire d'une femme qui aime deux hommes à la fois et qui n'arrive pas à faire son choix.

Imaginez mon malaise.

— Heu... on pourrait peut-être...

— Mettre autre chose ? intervient Alex. Ouais, bonne idée.

— Ouais.

Il change donc de station, et nous tombons sur These Days de The Rudimental, Jess Glynne, Macklemore et Dan Caplen.

— Mmmh. Cette chanson, j'adore, dis-je.

Alexander sourit et se concentre à nouveau sur la route.

— J'espère réellement que c'est prémonitoire et qu'on pourra en rire de ces moments. Un jour.

— Oui. Un jour, répond-il. Ça arrivera, tu verras. On rigolera du fait de s'être inquiétés pour rien.

Quelque peu apaisée, je fais retomber ma tête contre le siège et laisse mon esprit vagabonder quelques instants, quand Alexander me fait subitement revenir sur terre :

— Tiens, Naomi, est-ce que tu peux essayer d'attraper mon téléphone ? Il est dans la poche avant droite de mon jean.

Je m’exécute sans poser de questions et l'interroge du regard, son portable à la main.

— Va dans mes contacts, appelle Ana et mets le haut-parleur.

Toujours sans rien dire, je fais ce qu'il me demande. La voix de sa collègue ne tarde pas à se faire entendre :

— Ouais ?

— Ana, tu es occupée ? Parce que j'ai besoin que tu sois attentive à tout ce que je vais te dire, lui lance Alex.

— Je t'écoute, qu'est-ce qu'il y a ?

— J'ai besoin que tu gères la boîte pendant quelque temps. Naomi et moi devons nous rendre à Atlanta pour... une durée indéterminée.

— Quoi ?! Pourquoi ?! demande-t-elle, véritablement révoltée.

— C'est une longue histoire, mais ce n'est pas tout. Il faut aussi que tu retournes à Columbia et que tu ailles enterrer le cadavre de Lewis qui est dans les bois, au sud de la maison.

— Quoi ?! Attends... j'ai loupé un épisode ou quoi ?!

— C'est... une longue histoire, répond mon petit ami. Retournes-y et enterre le corps quelque part.

— Et sa voiture, lancé-je. Il est sûrement venu véhiculé.

— Bien vu, Naomi. Ana, tu as entendu ?

— Ouais ouais... Autre chose ?

— Oui. Je veux que tu dises à Greg ou à Jane de venir chercher la Cadillac de Naomi qui est chez elle et de l’amener devant le Georgia Silver Hotel and Conference Center. Naomi a caché les clés sous le pot de fleurs rouge, près des marches.

— Ce sera tout ? lâche-t-elle d'une voix morose.

— Pour l'instant.

— Hein hein... Et... est-ce que je peux te demander pourquoi vous partez pour la Géorgie ?

Alexander me jette immédiatement un regard soucieux et reste muet pendant plusieurs secondes avant de lui fournir une réponse :

— On pense qu'Owen pourrait avoir des ennuis.

— Owen ? Le loup ?

Je lâche un soupir et redirige mon attention vers le paysage qui défile à toute vitesse devant mes yeux.

— Oui.

— OK. Je ne pose pas de questions, dit-elle.

— J'apprécie. Je te recontacterai bientôt, ajoute Alex.

— Entendu. Soyez prudents, lance-t-elle.

— T'en fais pas. On le sera. À plus tard.

Mon vampire m'autorise d'un hochement de tête à raccrocher, et je m’empresse de ranger son téléphone sous le tableau de bord.

— Tu en as de la chance, déclaré-je.

— De la chance ? répète-t-il en haussant un sourcil.

— Oui. Tu es bien entouré. Tu as toute une équipe prête à te rendre service, de jour comme de nuit.

— Et... ça te pose un problème ? demande-t-il prudemment.

— Non, bien sûr que non. Je dis juste que tu es... un leader. Tu imposes le respect.

— C'est normal. Ils travaillent pour moi, réplique-t-il.

— Tu sais bien qu'il n'y a pas que ça, réponds-je en secouant la tête. Ils seraient tous prêts à mourir pour toi.

Mon commentaire le réduit au silence, au point qu'il ne sache pas quoi me répondre. Je décide donc d’enchaîner :

— Tu sais... quand je t'ai rencontré, j'ai cru qu'Ana et toi étiez... en couple.

— Ana et moi ?! s'exclame-t-il, visiblement ahuri.

— Bah oui.

— Qu'est-ce qui t'a fait penser ça ?

— Eh bah... le fait qu'elle soit si... concernée, dis-je.

— Concernée ?

— Mmmh-mmmh.

— Par moi, tu veux dire ?

— Bah oui, qui d'autre ?

— Tu parles de la fois où tu es venue au Tasty Palace pour la première fois ?

— Entre autres.

Je sens que son cerveau est en train de chauffer durement, puisque plus aucun son ne sort de sa bouche, mais même si c'est plutôt drôle de le voir dans une telle incompréhension, je me sens quelque peu coupable d'avoir amené ce sujet sur la table, car je sais qu'il n'est pas du genre à étaler ses sentiments et ses émotions. Cependant, après une brève inspiration, il finit par rompre le silence, toujours cet air torturé sur le visage :

— Ana et moi, on n'a jamais été en couple, déclare-t-il. Elle n'est que mon associée.

— Oui, je sais. Elle me l'a dit.

Légèrement outré, il écarquille les yeux, ces derniers toujours focalisés sur la route.

Je crois que cette conversation va finir par l'achever définitivement.

— Elle t'a dit quoi ?

— Elle m'a raconté comment vous vous êtes rencontrés, comment elle est devenue vampire et comment elle a commencé à travailler pour toi.

— C'est vrai ?

— Ouais. Tu as l'air surpris, fais-je remarquer.

— Bah oui, un peu... Ana ne se confie que très rarement et elle n'est pas du genre à aller raconter sa vie à une humaine.

— Eh bah pourtant, elle l'a fait. Et merci pour le qualificatif « humaine », lâché-je, vexée.

— Désolé.

Je vois bien à son air qu'Alex est surpris par ce que je viens de lui déballer. Il ne s'attendait certainement pas à ce que sa collègue, amoureuse de lui depuis toujours, se confie à la femme dont il est tombé amoureux. Une femme qui n'est rien de plus qu'une « humaine », comme Alexander le dit si bien. Du moins, en partie humaine. Ce qui me fait penser à une autre interrogation, une interrogation qui m'avait traversé l'esprit quelques heures plus tôt :

— Au fait... tu n'aurais pas eu une discussion avec elle ?

Déconcerté, mon vampire me lance un regard furtif, avant de se concentrer à nouveau sur la route.

— De quel genre ?

— Oh, je ne sais pas... Peut-être... concernant son attitude envers moi, par exemple ?

Je lui lance un sourire taquin, et il ne peut s'empêcher d'en faire autant.

— Il est... possible que je lui en aie touché quelques mots, oui.

J'en étais sûre !

Un gloussement m'échappe alors.

— Qu'y a-t-il de drôle ? demande-t-il sévèrement.

— Je le savais !

Son sourire s'élargit, et il secoue la tête de droite à gauche.

— Quoi ? Son animosité envers toi commençait sérieusement à me taper sur les nerfs, alors oui, je lui ai clairement fait comprendre que si elle ne changeait pas rapidement de comportement avec toi, elle devrait se trouver un travail ailleurs.

Ses derniers mots me scotchent sur place, et je me retourne pour le dévisager, les yeux ouverts comme des soucoupes. Lorsqu'il se rend compte que je l'observe, le visage défiguré par l’effarement, son air moqueur refait son apparition.

— Quoi ?

— Tu l'aurais virée ? Si elle avait refusé de changer de comportement avec moi, tu aurais été jusqu'à la virer ?

— Bien sûr. Je n'aurais pas supporté de devoir travailler au côté d'une personne qui ne pouvait pas respecter la femme que j'aime. Ça, c'était hors de question.

Les yeux pétillants d'amour, je me mords la lèvre inférieure, toujours en le dévisageant.

— La femme que t'aime, hein ?

Nous échangeons un sourire complice et interrompons notre conversation sur une légère note de romantisme.

***

— Hé, la belle au bois dormant. On se réveille.

Les paupières endolories, je me redresse brusquement, regardant autour de moi pour essayer de comprendre ce qui se passe : la voiture est arrêtée, et Alexander me regarde, légèrement amusé.

— Oh merde. Je me suis endormie.

— En effet. Regarde, me dit-il.

Je lève les yeux vers le bâtiment qu'il y a devant nous et aperçois l'hôtel le plus grand que j'aie vu de toute ma vie. Il est d'une immensité remarquable, tout en longueur, coloré de gris et de beige, avec des milliers de vitraux.

— Oh la vache ! L'hôtel de malade !

Émerveillée, j'ai la bouche littéralement grande ouverte et le cœur qui bat à tout rompre.

— C'est le plus proche du commissariat, me répond Alex.

— Et sûrement le plus cher...

— En effet.

— Tu ne changeras jamais, dis-je en secouant la tête.

— Tu dis ça comme si c'était une mauvaise chose, rétorque-t-il en souriant.

Je lui rends son sourire, et nous sortons à la hâte de la voiture pour nous diriger à l'intérieur de ce gigantesque palace. L'accueil est d'une beauté à couper le souffle, dans les tons bleu et blanc, avec plusieurs cadres d'oiseaux accrochés aux murs. À gauche de l'entrée, une ravissante petite rouquine se tient derrière le comptoir et nous adresse à tous les deux un magnifique sourire en nous voyant nous engager dans la pièce.

Tiens, ce soir, je ne suis pas transparente, ça me change.

— Bonsoir. Vous avez une réservation ? nous demande-t-elle.

— Oui. J'ai réservé ce matin, lui répond mon vampire.

— À quel nom, monsieur ?

— Alexander Wilkerson.

La jeune femme s'active sur son ordinateur et relève presque aussitôt la tête vers nous, toujours aussi joyeuse.

— Ça y est : je vous ai trouvés. Une chambre double, c'est bien ça ?

— Oui.

— Suite 417, dit-elle en me donnant la clé.

Hou... pour une fois que c'est moi qu'on remarque.

— Merci, dis-je.

— Bon séjour chez nous ! nous lance-t-elle.

Je hoche la tête et mène la marche en direction de l'ascenseur argenté. Lorsque ses portes s'ouvrent, nous nous engageons à l'intérieur, où j’appuie sans attendre sur le bouton du quatrième étage.

— Eh ben, dit Alexander en m'offrant un regard railleur.

Troublée, je me retourne vers lui et secoue brièvement la tête en le regardant.

— Eh ben quoi ?

— Oh non, rien. Je n'ai juste pas l'habitude qu'une femme m'ignore comme l’hôtesse l'a fait.

— Oh, eh bien... tu n'as qu'à l'inviter à dîner, réponds-je en reportant toute mon attention sur ce qu'il y a devant moi.

L'ascenseur commence tranquillement sa montée, et mon vampire en profite pour s'approcher de moi, en catimini. Je tente bien évidemment de l’ignorer en affichant un visage sans expression, tout en gardant mes yeux fixés sur la porte.

— Je ne pense pas que je sois son genre, souffle-t-il.

— Ouch, ça doit faire mal...

Il se rapproche d'un peu plus près, et je suis obligée de me mordre la lèvre inférieure pour ne pas pouffer de rire.

— Je pense plutôt que c'est toi son genre, poursuit-il.

— Ouch, ça doit faire mal, répété-je en lui jetant un œil taquin.

Il vient se placer silencieusement derrière moi et pose très délicatement ses mains sur mes épaules, faisant voyager ses doigts gelés sur ma nuque. Ce geste a pour conséquence de me provoquer d'innombrables frissons dans tout le corps, et le dernier souvenir que j'aie de lui et moi dans un ascenseur choisit cet instant précis pour refaire surface.

Naomi, ressaisis-toi !

— Ça me rappelle des choses, toi et moi, dans un ascenseur, murmure-t-il à mon oreille.

Ah bah, c'est également le cas pour lui apparemment.

Fiévreuse, je me racle la gorge et reste concentrée sur ce qu'il y a devant moi, c'est-à-dire une porte argentée.

— Mmmh-mmmh...

Alexander continue sa manœuvre, faisant descendre ses mains le long de ma taille, avant de les faire glisser un peu plus bas. C'est à ce moment que les portes émettent un bruit sonore, et immédiatement, je pousse un soupir de soulagement.

— Oh, tiens : on est arrivés !

Je m'empresse de sortir de cette cage de malheurs et presse le pas jusqu'à notre numéro de chambre, que je trouve sans problème. Je me dépêche d'insérer la carte dans la fente d'ouverture et entre la première, suivie par Alex, qui a insisté pour porter ma valise. L'intérieur de notre suite est d'une somptuosité inimaginable, coloré de bleu et de noir, avec une fenêtre d'au moins trois mètres de long, donnant sur les bâtiments illuminés qui se dressent tout autour de nous.

— Waouh ! La vue est incroyable ! lancé-je.

— Ouais, comme tu dis.

Je fais rapidement le tour des lieux et reviens au centre de la chambre, mon regard rivé aux iris d'Alexander.

— C'est magnifique.

— Ouais... mais je préfère quand même l’Hôtel DIVINE, annonce-t-il en esquissant un sourire.

— Tiens donc.

Mon vampire pose nos bagages sur le sol et s'avance vers moi, m'entourant la taille de ses bras.

— Tu es fatiguée ? me demande-t-il.

— Un peu. J'ai aussi perdu la notion du temps, avoué-je. Je ne sais même plus quel jour on est.

— On est le samedi 4 janvier. Et il est... vingt-trois heures vingt, m'informe-t-il en consultant sa montre.

— J'ai l'impression que tout ce qui nous est arrivé ces derniers jours date de plusieurs mois.

— Tu as raison. C'est comme si le temps s'était arrêté. Tu as essayé de rappeler Owen ?

— Non, dis-je.

— Fais-le.

— D'accord.

Je cherche maladroitement mon téléphone dans la poche de ma veste et compose sans attendre le numéro de mon ami. Cependant, comme je le craignais, il ne décroche pas, et mon ventre se remet à se tordre de douleur à cause de la panique. Le répondeur se déclenche, et je laisse un message désespéré à l'intention d'Owen, comme une bouteille jetée à la mer :

— Owen... c'est Naomi. Rappelle-moi, s'il te plaît. Je commence vraiment à m'inquiéter.

Je raccroche et cherche du soutien dans le regard de mon petit ami. Ce dernier affiche un air contrit, mais finit par faire deux pas hésitants vers moi.

— On va le retrouver, Naomi.

— Dis-le-moi encore.

— On va le retrouver. Il ne faut pas perdre espoir.

Ses lèvres viennent se poser délicatement sur les miennes, et automatiquement, je me laisse tomber dans un autre monde, un autre univers. Je quitte tous mes problèmes pour me noyer dans son odeur si agréable, si réconfortante.

— Tu veux prendre une douche ? lâche-t-il en plongeant ses yeux dans les miens.

— Mmmh... pourquoi pas, soufflé-je en laissant échapper un sourire.

Ma tête contre son torse, je me libère de son étreinte à contrecœur et pars ouvrir ma valise pour y attraper une chemise de nuit, mon shampooing, ainsi que mon gel douche.

Les bras chargés, je me dirige vers la salle d'eau et tourne sur moi-même, toujours aussi ébahie par la beauté des lieux.

— Waouh... Je pourrais me perdre dans cette salle de bain tellement elle est grande, m'exclamé-je, émerveillée.

— Il faut au moins ça pour ce genre d’hôtel, lance Alexander en me rejoignant.

— Tu sais, ce n'est pas parce que tu as les moyens que tu es obligé de séjourner dans les hôtels les plus luxueux.

— Ah bon ? répond-il, l'air faussement choqué.

Il m'enlace sans plus attendre de ses bras robustes, avant de venir m'embrasser dans le cou. Mes mains de chaque côté de son visage, je l'attire vers moi pour pouvoir m'imprégner une nouvelle fois du goût de ses lèvres.

— C'est moi ou il fait super froid, ici ? dis-je.

— Tu as froid ? Ça peut s'arranger.

Précipitamment, mon vampire m’attrape par la taille et me conduit tout droit dans la cabine de douche après m'avoir balancée sur son épaule.

— Hé ! Tu t'habitues un peu trop à ce genre de chose ! lancé-je en rigolant.

— Eh bien ça, ma chère, c'est entièrement ta faute. Si les deux dernières expériences n'avaient pas été aussi... torrides, je n'y aurais pas pris goût.

— Bah voyons.

Il m'offre à nouveau son air charmeur habituel et me repose par terre en me dévorant du regard.

— Waouh ! Je n'ai jamais vu une cabine de douche aussi énorme, exprimé-je, les yeux extasiés.

— Mmmh... Personnellement, je préfère celle qui a dans ta maison à Laurel Street, et celle de Spence Lane n'était pas mal non plus, dit-il de la plus angélique des façons.

— Hein hein... Tiens, en parlant de ça, tu n'as toujours pas réparé la porte de la salle de bain que tu as fracassée en mille morceaux, lui fais-je remarquer.

— Je m'en occuperai dès notre retour, m'assure-t-il.

— Parfait, parce que je suis une quiche en bricolage.

— C'est pas grave, je ne t'ai pas choisie pour tes talents de bricoleuse.

— Ah non ? Pourquoi est-ce que tu m'as choisie alors ?

— Tu sais pourquoi.

— Parce que je t'ai envoyé paître le jour où tu m'as invitée à dîner ?

— C'est une des raisons, en effet. Mais ce n'est pas la seule. Tu m'as littéralement hypnotisé.

— Hypnotisé ? Carrément ?

— Mmmh-mmmh. Tu es tout ce dont j'ai besoin, Naomi. Tu es ma famille.

Tout en douceur, il retire ma veste noire en cuir et la jette abruptement sur une chaise, près du majestueux lavabo. Il pose ensuite ses bras glacés sur mes épaules, avant de dévorer mes lèvres avec avidité.

— Je suis ravie d'être ta famille, réponds-je.

Mes mains sur son torse, je me laisse volontiers glisser dans cet instant de bien-être. Mon vampire enlève ensuite son t-shirt qu'il balance par terre, avant de venir me débarrasser de ma robe à fleurs. Il ouvre le robinet d'eau chaude sans perdre plus de temps, et ses baisers viennent se poser dans mon cou, pendant que je fais voyager mes doigts dans son dos, les faisant descendre jusqu'à sa taille.

Ses paumes gelées prennent égoïstement possession de ma chair enflammée, sans éprouver la moindre restriction. Mes lèvres, elles, mordent les siennes, sans ressentir la moindre pitié. Sans les épargner. Lui, il ne m'épargne jamais lorsque nous sommes en fusion, alors pourquoi devrais-je m'assujettir à sa volonté sans répliquer ?

Inondés par ce torrent de bonheur, nous nous accordons une légère pause dans notre quête principale : retrouver Owen.

Est-ce que ça fait de moi une horrible personne ?

Peut-être bien. Après tout, j'ai brisé le cœur de l'homme que j'aime en n'acceptant pas sa demande en mariage, alors... Cependant, s'envoyer en l'air, alors que mon meilleur ami a disparu ne me semble pas vraiment mieux.

Oui, je suis effectivement une horrible personne.

Je n'arrive toujours pas à y croire. On a eu tellement de mal à s'en sortir après tout ce qui nous est arrivé, et nous revoilà à nouveau plongés dans une histoire qui nous dépasse.

Mais pourquoi Owen ne me répond-il pas ? Lui serait-il arrivé quelque chose de grave ?

J'espère que non.

Quand on y pense, Owen est une créature surnaturelle, un lycanthrope, et si des personnes en avaient effectivement après lui, il aurait été capable de se défendre, non ?

Franchement, c'est à devenir fou.

Une fois sortie de la douche, je me démêle rapidement les cheveux devant le miroir et rejoins Alexander dans le lit.

— Il est déjà minuit quarante-cinq ! constaté-je en consultant l'heure sur le radio-réveil. J'ai l'impression de ne vivre que la nuit depuis plusieurs jours.

— Ouais. Bienvenue dans mon monde, dit-il, déconfit.

Face à sa mine effacée, j'éprouve immédiatement le besoin de le rassurer :

— Mais je l'aime bien ton monde, dis-je en me glissant sous les draps. Je l'aime même beaucoup.

Mon commentaire semble l'apaiser, car je le vois qui sourit timidement.

Mince, alors il doute toujours ?

En même temps, tu y es un peu pour quelque chose. Si tu lui avais dit oui aussi.

Oh non, la revoilà, celle-là !

Je pose hâtivement mes mains sur son torse et plonge avec envie dans le bleu royal de ses yeux.

— Je me sens pousser des ailes avec toi.

— Vraiment ? demande-t-il, amusé.

Consciente de l'expression que je viens d'utiliser, je ferme les paupières en grimaçant.

— Oups. Euh... mauvais jeu de mots.

— Nan, moi je ne trouve pas, répond-il. Je suis sûr que tu serais très mignonne avec des ailes.

— Arrête de dire des bêtises.

Alexander sourit en approchant son visage du mien. Seulement, je le repousse nerveusement en le défiant avec gravité.

— Attends... ça ne risque pas de m'arriver, hein ?

— Non, je ne pense pas.

— Tu ne penses pas ?! lâché-je, affolée.

— Naomi, tu ne vas pas te voir pousser des ailes si c'est de ça que tu as peur, réplique-t-il.

— Et qu'est-ce que tu en sais, d'ailleurs ? Tu m'as dit toi-même que tu n'y connaissais absolument rien sur les anges !

— Ah..., Naomi...

— Quoi ?

— Est-ce que c'est pour ça que tu as refusé ma demande en mariage ?

Hébétée, je reste le dévisager, les sourcils froncés.

— Je n'ai pas refusé ! Je n'ai juste... pas dit... oui.

— Pour moi, ça ressemble à un refus, réplique-t-il.

— Ça n'en était pas un !

— Bon, très bien.

— Et puis d'abord, qu'est-ce que ça veut dire « C'est pour ça que tu as refusé ma demande en mariage ? » ? Pour ça, quoi ?

— Eh bien... maintenant que tu as appris ce que tu es.

— Je ne vois pas le rapport.

— Je me demande juste si tu n'as pas accepté par... peur.

— Par peur ?

— Mmmh-mmmh.

— Peur de quoi ?

Comme il ne répond pas, je prends son menton entre mes doigts, comme lui le fait si souvent lorsqu'il veut obtenir une réponse de ma part, et soutiens son regard.

— Alex ?

— De moi, finit-il par dire.

Les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte, j'avance mon visage du sien, les paupières plissées.

— Quoi ?

— Naomi, maintenant que tu sais que tu es un ange, je me dis que...

Voyant la difficulté qu'il a à terminer sa phrase, je pose ma main sur sa joue en l'examinant avec impatience.

— Que... ?

— Que tu as peut-être peur que je... te fasse... du mal.

Ça y est : ma tête va exploser.

— Pourquoi est-ce que j'aurais peur que tu me fasses du mal ? Là, je ne comprends pas, il faut que tu m'expliques, hein.

— J'ai fait quelques petites recherches et... les anges sont présents sur terre depuis très longtemps, bien avant le tout premier vampire. Seulement, ils n'ont jamais été très... chanceux, m'annonce-t-il.

— Chanceux ? Je ne dois pas espérer gagner au loto ? C'est ce que tu essaies de dire ?

— Non, Naomi, ce que je veux dire, c'est que... les anges ne sont pas les créatures qui durent le plus longtemps, si tu vois ce que je veux dire.

— Nan, explique.

Il soupire.

— La fois où ce vampire s'en est pris à toi, le soir où... tu as découvert... qui j'étais.

— Celui que tu as tué en lui arrachant le cœur devant moi ? Ce vampire-là ?

— Oui, madame La-comique, celui-là même.

— Bon et alors quoi ?

— S'il t'a suivie, c'est parce qu'il avait senti ton odeur. Tu dégages une odeur merveilleuse, Naomi, et pour nous, les vampires, tu es comme... un fruit défendu.

— Un fruit défendu ?

— Oui, euh... mauvais exemple, baragouine-t-il. Bon, alors... imagine que lors d'une journée de canicule, un Maï Taï soit posé devant toi, mais que tu n'aies pas le droit d'y toucher. Eh bah, c'est un peu ce qu'on ressent quand on est tout près de toi.

— Un Maï Taï ?

— Oui, c'est un... un cocktail de la culture polynésienne...

— Oui merci, je sais ce que c'est qu'un Maï Taï ! Mais c'est quoi le rapport ?

— Le rapport, c'est que ton odeur attire les vampires. Et je suis prêt à parier que ton sang a un goût exceptionnel, Naomi. Mais tous les vampires ne sont pas comme moi. Ils ne peuvent pas tous se contrôler. C'est pour ça que je te dis que les anges sont les êtres les plus vulnérables que la terre ait connus.

— Attends... qu'est-ce que tu es en train de dire, Alex ? Même si je crois avoir compris où il voulait en venir.

— Si les anges n'ont jamais eu une durée de vie très longue, c'est parce qu'ils... ont tous été tués par des... vampires.

Et voilà.

— Oh putain de bordel de merde.

— Heu... c'est une façon de voir les choses...

— Donc, d'après toi, c'est mon destin, c'est ça ? Me faire bouffer toute crue par un individu à longues dents ?

— Non, arrête, je te dis juste ce que j'ai appris, et ne dis pas ça, tu ne te feras pas bouffer toute crue. Je serai toujours là, moi.

— Hein hein... Et donc, si j'ai bien compris, tu as peur que je m'éloigne de toi pour ça ? Désolée de te le dire, mais si tu avais voulu me tuer, je crois que tu l'aurais fait depuis longtemps.

— Nan mais tu te crois drôle ? lâche-t-il en m'envoyant un oreiller sur la tête.

— Hé ! Tu vas voir...

J'attrape aussitôt un coussin de mon côté et le frappe de toutes mes forces. Seulement, il m'agrippe par la taille et se retrouve au-dessus de moi avant que je ne puisse faire le moindre mouvement.

— Tu me fais complètement perdre la tête, Naomi.

Je passe mes bras autour de son cou et l'attire vers moi pour savourer avec empressement la douceur de ses lèvres.

— Idem, réponds-je.

Sa bouche vient précipitamment se poser dans mon cou, avant de descendre doucement jusqu'à mon ventre. Mais voilà, son portable se met à sonner, et nous poussons tous les deux un soupir d'exaspération.

— Argh...

— Mmmh... réponds pas, dis-je dans un murmure.

— J'en avais pas l'intention, souffle-t-il.

La sonnerie finit par s'interrompre, et pensant pouvoir poursuivre ce que nous sommes en train de faire, on est vite forcés de refaire surface lorsqu'elle se fait entendre à nouveau.

— C'est pas vrai ! lâche-t-il avec agacement.

Il se détache de moi et se retourne pour attraper violemment son téléphone posé sur la table de chevet.

— Quoi ?

Amusée, je le regarde afficher une mine bougonne et reste ainsi à le contempler, en le dévorant des yeux. Cependant, les traits de son visage se modifient, et son air de rechignement se transforme en une préoccupation totale.

— Comment c'est arrivé ?

Oh-Oh. Son changement de ton ne me plaît pas du tout.

— En effet, reprend-il après quelques secondes de silence, mais malheureusement, moi et ma compagne ne sommes pas en ville en ce moment.

Pourquoi est-ce que j'ai le sentiment que quelque chose va encore nous tomber dessus ?

Alexander jette un œil éploré vers moi, ce qui ne fait qu’augmenter mon angoisse.

— Entendu. Ma collègue, Anastasia Petrović, sera ravie de répondre à toutes vos questions.

— Qu'est-ce qui se passe, Alex ?

— Je n'en sais rien pour l'instant. Plusieurs jours, peut-être même plusieurs semaines.

— Alex ?

Mais ce dernier m'ignore totalement.

Je déteste quand il fait ça.

— Très bien. Au revoir, monsieur l'agent.

Monsieur l'agent ?!

Mon petit ami raccroche enfin et évite de me regarder pendant plusieurs secondes, mais après quelques instants, il reporte finalement son attention sur moi. Malheureusement, la lueur présente dans ses yeux m'alerte que la situation est réellement aussi grave que je le pense. Je pousse alors un long soupir et me redresse en soutenant son regard.

— Qui est mort ?

— Naomi...

— Qui est mort ?! dis-je en haussant le ton.

— Tyron.

2

Pétrifiée par ce que je viens d'entendre, je sens que je suis sur le point de craquer. Mon cœur n'est pas assez solide pour endurer ce genre de nouvelle deux fois en moins de douze heures. D'abord l'appel d'Owen, et maintenant ça...

Non mais qu'est-ce qui se passe à la fin ?

Les yeux fixés à ceux d'Alexander, je prie pour que ce qu'il vient de me dire ne soit pas réel.

— Quoi ?

— C'était la police, me confie-t-il. Le corps de Tyron a été découvert à quelques mètres du Believe in U. D'après les autorités, il aurait été tué il y a deux jours, dans l'après-midi.

— Il y a deux jours ?

Il hoche la tête.

— Ça remonte à... jeudi ?

— Naomi...

— C'est la fois où ce type m'a enlevée, c'est ça ?

— Oui, lâche-t-il dans un soupir.

— Oh, c'est pas vrai...

— Naomi, regarde-moi. Tu n'y es pour rien. Il connaissait les risques lorsqu'il a choisi de faire ce métier, et puis, s'il y a quelqu'un à blâmer, ce serait plutôt moi. Après tout, c’est moi qui l'ai engagé pour surveiller le label.

— Mais toi tu ne l'as pas tué !

— Non, et toi non plus ! C'est le type qu'Eddy a hypnotisé qui a dû le tuer, et malheureusement, je crois qu'on ne le retrouvera jamais. Eddy a dû tout faire pour ça, peut-être même qu'il lui a réglé son compte. C'est ce que j'aurais fait, en tout cas.

Inerte, je le dévisage avec stupeur.

— Ça ne me remonte pas le moral là, ce que tu es en train de me dire.

— Naomi, ce n'est pas ta faute, m'assure-t-il.

— Mais... pourquoi est-ce que c'est toi qu'ils ont appelé ?

— J'en sais rien, répond-il. Ils ont dû remonter jusqu'à moi en enquêtant sur la façon dont il a atterri au label.

Ah... Bien sûr.

— Comment est-ce qu'il est mort ?

Immédiatement, mon vampire pose sur moi un regard abattu, sans dire mot. Je vois bien qu'il n'a pas particulièrement envie de me répondre, mais moi, j'ai besoin de réponses. J'ai besoin de savoir.

— Alex, réponds-moi, s'il te plaît.

— Il a été poignardé.

Ces quatre mots me font automatiquement l'effet d'un énorme seau d'eau glacée sur la tête. La nausée m'envahit et tous mes membres se mettent à trembler.

— Oh mon Dieu...

— Naomi, ce n'est pas ta faute, répète-t-il en posant sa main sur mon épaule.

— Alors, ça veut dire que... que lorsque je suis descendue ouvrir à ce type, le corps de Tyron gisait quelque part...

— Naomi.

— Peut-être même qu'il était encore en vie à ce moment-là et qu'il était en train de se battre pour rester en vie...

— Naomi, arrête de te torturer comme ça ! intervient Alexander. Le vigile était sans doute déjà mort ! Il n'a pas dû voir l'attaque venir. D'après l'agent de police que j'ai eu au téléphone, son arme était encore dans son étui.

— C'est dingue cette histoire, dis-je en cachant ma tête entre mes mains.

— Il a sûrement abordé Tyron en prétextant un truc bidon, mais ce n'est en rien ta faute, OK ?

— Il avait de la famille ?

— Je ne sais pas, Naomi. S'il en avait une, elle touchera des indemnités, vu qu'il est mort dans l'exercice de ses fonctions. Une fois de plus, il connaissait les risques.

Le regard dans le vide, j'essaie vraiment de toutes mes forces de ne pas me sentir coupable. Après tout, Alex a raison, ce n'est pas ma faute si je me suis fait enlever, seulement, Tyron s'est retrouvé au milieu et il a perdu la vie.

— J'arrive pas à y croire... C'est un cauchemar là, je vais me réveiller...

— Naomi, regarde-moi.

Il pose ses mains de chaque côté de mon visage, me forçant à plonger mes yeux dans les siens.

— Je sais que ça fait beaucoup en quelques heures, mais je te promets une chose : on va le retrouver. Il était trop tard pour sauver Tyron, mais ça ne le sera pas pour Owen, d'accord ?

— J'espère que tu as raison.

— Mais oui, tu verras.

Mon vampire passe affectueusement ses bras autour de moi et m'attire à lui pour pouvoir m'embrasser sur la joue.

— Je suis contente que tu sois là, confié-je en posant ma tête sur son épaule. Je t'aime, tu sais ?

— Oh, je t'en prie, arrête, ça me gêne.

— Mais t'as fini de te foutre de moi ?! répliqué-je en le repoussant.

Il sourit et vient entortiller une mèche de mes cheveux avec ses doigts.

— Et toi, tu vas arrêter de te sentir coupable, maintenant ? me demande-t-il plus sérieusement.

En guise de réponse, j'attrape le cordon de son collier pour le rapprocher de moi et viens poser ardemment mes lèvres sur les siennes.

Sa présence a toujours pour effet de m'apaiser, même si en ce moment, je ne suis pas vraiment à prendre avec des pincettes. Je pars au quart de tour et je suis constamment à fleur de peau. Je sais très bien qu'Alexander l'a remarqué et qu'il cherche uniquement à me préserver, à veiller à ce que je sois en sécurité, mais moi, tout ce que je veux, c'est retrouver Owen, m'assurer qu'il va bien et le ramener avec nous à Nashville.

***

Le lendemain matin, je suis obligée de consulter le radio-réveil pour prendre connaissance de l'heure, car avec les volets entièrement baissés, impossible de savoir si le jour est levé ou pas. Mais je savais dans quoi je m'embarquais en acceptant de vivre avec un vampire.