Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Qui aurait pu prédire que la vie de Julia tournerait comme ça : mariée à David, un avocat en lice pour devenir le procureur général de l'État de New York, et contrainte de mettre un terme à sa carrière de chanteuse pour vivre dans l'ombre constante de son époux ? Piégée dans une relation sans amour, les choses ne vont pas s'améliorer pour la jeune femme, puisque le jour où David reçoit une lettre anonyme menaçant la vie de sa femme, il engage Wayne Jones, un garde du corps et ancien Navy SEAL, pour veiller à la sécurité de Julia. Cette dernière se voit alors forcée de quitter la ville pour une durée indéterminée, et de cohabiter avec un parfait inconnu. Cependant, même coupés du monde extérieur, la jeune femme et son garde du corps vont vite se rendre compte que la distance ne suffit pas à garantir leur sécurité, et que quelque chose de bien plus dangereux qu'une tentative de chantage à l'encontre du futur procureur se prépare. Wayne Jones réussira-t-il à faire ce pour quoi il a été engagé, sans succomber au charme de Julia ? Le Navy SEAL est-il réellement celui qu'il prétend être ? Toute cette affaire est-elle à prendre à la légère, ou bien s'agit-il d'une cruelle machination parfaitement bien orchestrée ? Et si la jeune femme n'était plus jamais à l'abri, et que cette histoire reflétait quelque chose de bien plus sombre ? Et si rien ni personne n'était en mesure d'empêcher ce qui est censé arriver ? Julia va alors se rendre compte que tout ce qu'elle croyait, toute sa vie, n'était en réalité qu'un mensonge.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 352
Veröffentlichungsjahr: 2022
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
L’œuvre présente sur le support (fichier, livre...) que vous venez d’acquérir est protégée par le droit d'auteur. Toute copie ou utilisation autre que personnelle constituera une contrefaçon et sera susceptible d’entraîner des poursuites civiles et pénales.
Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des comportements de personnes ou des lieux réels serait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages ou lieux et événements sont issus de l'imagination de l'autrice. Toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait totalement fortuite.
Ce livre n'est pas seulement une histoire de romance banale. Il évoque la séduction, l'attirance, l'amour, mais également l'humiliation, la manipulation et la violence conjugale. Toutefois, vous y trouverez aussi des touches d'humour, une multitude de rebondissements et de suspense, mais aussi quelques scènes... passionnées ! Attention ! Certains passages, notamment ceux incluant de la violence physique, sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus fragiles.
Bonne lecture.
À partir de 12 ans
Œuvres précédentes :
Fantasy Urbaine :
. Le Sang Soleil – Tome 1
. Le Sang Lunaire – Tome 2
« Le plus grand miracle de l'amour est de rendre l’impossible possible ». « En amour, il n'est rien d'impossible, sois patient, parfois indifférent, et l'impossible devient possible ».
Maxalexis
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
ÉPILOGUE
Même s'il y a quelques avantages à être la femme d'un brillant avocat, en lice pour devenir le procureur général de l’État de New York au ministère de la Justice, ou comme on dit ici : « Department of Law », il y a tout de même certains inconvénients. Chaque seconde de ma vie est minutieusement passée à la loupe, et au moindre écart de conduite, je risque de voir ma tête sur la première page de tous les journaux du coin.
Même si cette situation ne m'enchante pas, je dois me montrer forte, car aujourd’hui est un grand jour. David, mon mari et moi, sommes censés faire une interview avec Good Morning New York, dans le cadre de sa prochaine campagne. Il doit annoncer devant tous ses électeurs et les téléspectateurs, qui seront, d'après lui, « scotchés à leurs écrans », à quel point il se sent « confiant » concernant les élections qui doivent avoir lieu très bientôt.
En ce qui me concerne, je n'ai jamais aimé la politique, mais en tant qu'épouse d'un futur procureur général, je me dois d'être présente pour mon époux et de le soutenir, du moins, faire croire à tout le monde que c'est le cas. La vérité, c'est que je déteste faire tapisserie. Je n'ai jamais voulu accompagner David dans sa campagne. J'avais une vie, moi, avant tout ça, avant qu'il ne souhaite devenir procureur. J'étais une auteure, une compositrice et une interprète. J'écrivais mes propres chansons et j’enregistrais en studio, et tous les deux ans, je partais en tournée dans le monde entier. J'adorais ça. C'est quelque chose qui me manque terriblement.
Au début de ma relation avec David, il ne voyait aucune objection à me laisser partir, mais depuis trois ans, tout a changé. Il est devenu plus intrusif, plus autoritaire et très regardant sur ma vie personnelle. Il m'a même obligée à mettre un terme à ma carrière pour me forcer à me concentrer sur la sienne.
Immobile devant mon dressing, je sais parfaitement que je n'ai pas le droit à l’erreur concernant le choix de ma tenue, parce que si jamais c'est le cas, David ne se gênera pas pour me regarder avec des yeux remplis de déception et de reproches.
C'est ce qu'il fait quand la façon dont je suis habillée ne lui plaît pas.
Optant pour l’élégance, je choisis de porter une jupe noire en simili cuir, un chemisier en satin blanc et des cuissardes vernies.
Face à mon miroir, je pousse un grand soupir, sentant mon ventre se tordre sous la douleur.
Cette fois, c'est décidé : c'est la dernière fois que je m'inflige ça. Cette vie n'est pas la mienne. Ça n'a jamais été la mienne. Il est temps que je me batte pour ce à quoi j'ai le droit.
Voyant l'heure qui ne cesse de tourner, je me dépêche d'attraper mes clés de voiture et de foncer dehors, car une chose est certaine : si j'arrive en retard aujourd'hui, je risque de le regretter durement.
Une fois ma porte d'entrée refermée, je cours jusqu’à mon véhicule et prends la route pour Tribeca, la musique à fond.
Après vingt minutes de bouchons, je vois enfin l'immeuble où se trouve le bureau de David se dessiner devant mes yeux et me gare brusquement sur une place réservée au personnel de l’entreprise. Je monte les trois étages à pied et file directement voir mon mari. Je jette avant tout un œil à ma montre et quand je me rends compte qu'il nous reste encore dix minutes pour descendre dans la rue, je retrouve une palpitation normale des battements de mon cœur. Je défroisse alors rapidement ma jupe avec mes mains et ouvre la porte pour m'annoncer. Cependant, je suis témoin d'une scène qui me pétrifie sur place. Mon cœur poursuit sa course infernale, et mes crampes à l'estomac reprennent de plus belle. David est bien dans son bureau, mais il est loin d'être seul. Il est en compagnie de sa stagiaire, qui se trouve être à moitié assise sur le rebord du bureau, devant mon mari. Je ne mets donc pas longtemps à comprendre ce qui est en train de se passer. Je claque donc violemment la porte derrière moi, les faisant tous les deux sursauter. David se lève immédiatement, faisant presque tomber sa petite greluche par terre.
— Julia ?!
— Ouais. Je te dérange ?
— Non, quelle idée !
— Ah... je croyais.
David est un homme de grande taille, brun, toujours impeccablement coiffé, aux yeux bleu glacier. Ces magnifiques yeux bleus qui m'ont fait craquer la première fois que je l'ai rencontré.
Si j'avais su...
Sa stagiaire, du nom de Pamela, si mes souvenirs sont bons, est une jolie blonde de vingt-et-un ans, avec une coiffure parfaitement lisse et une taille de guêpe.
Dès qu'elle m'aperçoit, près de la porte, elle écarquille les yeux, le visage profondément marqué par l'embarras.
— Madame Brown ?! Euh... Bonjour !
C'est ça, pauvre cruche !
Je lui adresse un regard désintéressé et lève furtivement les sourcils.
— Bonjour, Pamela.
— Euh... non, moi, c'est Beverly, madame.
— Peu importe, dis-je.
David me lance aussitôt un air ennuyé, que je décide d'ignorer.
— Hum... vous... vous êtes ravissante aujourd’hui, Madame Brown, rajoute-t-elle.
C'est ça... continue...
Beverly, donc, ne trouve rien de mieux à faire que réajuster son chemisier sous le nez de mon mari, dégrafant deux boutons de son col au passage, pour dévoiler délibérément le début de son minuscule décolleté.
Je rêve ?!
Elle se passe ensuite une main dans les cheveux, en m'adressant un grand sourire nerveux.
Elle me fait de la peine, cette pauvre fille. J'espère sincèrement qu'elle ne compte pas sur l'aide de mon mari pour l'aider à aller loin dans la vie... En plus de ça, si elle croit que c'est la première fois que j'assiste à ce genre de scène...
— Je suis désolé, intervient David, je n'ai pas surveillé ma montre. Je croyais qu'il me restait encore quelques heures. J'ai dû perdre la notion du temps.
— Bien sûr... Je me demande bien pourquoi.
Il me jette instantanément un regard noir.
— En revanche, poursuit-il, ce que je n'ai pas oublié, c'est que j'ai une conférence de presse. Et je veux que tu sois près de moi quand les caméras me filmeront.
— T'inquiète. Je le sais, ça.
— Je l'espère bien. Et ne souris pas. Je ne veux pas que tu distraies les téléspectateurs avec ton charme. C'est moi qui dois les éblouir, pas toi.
Je vais craquer...
— Vous devriez y aller, monsieur, lance Beverly à l’intention de mon mari. Votre interview avec Good Morning New York est dans moins de cinq minutes.
David lui adresse un petit sourire en coin, et sa stagiaire se met à rougir.
C'est pas vrai, dites-moi que je rêve...
— Si je dérange, vous me le dites, hein.
— Julia, ne commence pas, me sermonne mon époux.
— Quoi ? Tu vas me dire que j'ai halluciné quand j'ai vu ta stagiaire assise sur ton bureau face à toi, avec sa jupe relevée ?
— Arrête de te faire des films ! Beverly m'aidait juste à...
Il s'interrompt, visiblement très embêté.
— À... ?
— Hum... à...
— Il m'aidait juste à retrouver ma bague, Madame Brown, répond-elle à sa place. Elle a dû glisser de mon doigt et tomber sur le tapis.
— Bien sûr...
Ils me prennent tous les deux pour une quiche !
— Ah, bah... justement, la voilà ! lâche la petite greluche.
Cette dernière se penche, et je la vois ramasser quelque chose qui se trouvait à ses pieds.
— Je savais bien qu'elle ne pouvait être qu'ici !
— Ah, et voilà ! la félicite David.
Waouh... Leur petit jeu est très bien rodé, ma foi.
— Chérie, ça, c'était un bonbon.
David m'adresse aussitôt un regard gêné, et sa stagiaire s'empourpre, elle aussi, de honte.
— Ah oui, vous avez raison, me dit-elle. Mais... je suis sûre qu'elle est là... quelque part...
Je résiste à l'envie de lever les yeux au ciel.
— Peut-être que votre bague adorée s'est perdue dans la braguette de mon mari.
— Julia ! s'offusque ce dernier.
— Quoi ?! D'ailleurs, si j'étais toi, je la remonterais tout de suite, sauf si tu veux qu'elle attire l'attention et que tous tes électeurs profitent de la vue.
— Bon, eh bien, je vais vous laisser, intervient sa stagiaire. Il faut que je me remette au travail, de toute façon, alors... N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit, d'accord, Monsieur Brown ?
« D'accord, Monsieur Brown ? », « N'est-ce pas, Monsieur Brown ? », « Oh oui, Monsieur Brown », « À vos ordres, Monsieur Brown ».
J'ai vraiment envie de lui envoyer mon poing sur le nez !
— Oui. Merci, Beverly. Je serais perdu sans vous.
À ce point ?
Elle lui offre un magnifique sourire et se retourne, m'adressant tout de même un regard furtif avant de disparaître du bureau.
— Cette petite pique, c'était nécessaire ? me lance furieusement David une fois la porte refermée.
— Non, pas vraiment, mais j'en avais envie. Tu es prêt ?
Il lève les yeux au ciel, puis change de sujet :
— Presque. Je veux juste ouvrir mon courrier avant d'y aller.
— Comme tu voudras.
Il se met alors à consulter une pile de lettres sur son bureau, l'esprit ailleurs.
— Au fait...., commencé-je, au sujet de Pamela...
— Beverly, me corrige mon époux.
— Ouais... Beverly. Ça dure depuis combien de temps ?
— De quoi tu parles ? me demande-t-il en jetant plusieurs lettres dans la poubelle, sans même leur adresser un second regard.
— Oh, arrête, David. Ne me fais pas ce coup-là, hein. Elle te drague ouvertement, et toi, tu la laisses faire.
— Je n'y suis pour rien si je suis son genre.
— Ouais, tu parles... Et vous faisiez quoi exactement quand je suis arrivée, hein ?
— Julia.
— Est-ce que tu te rends au moins compte que si ça avait été quelqu'un d'autre, tu aurais eu des ennuis ?
— Tu n'avais qu'à frapper avant d'entrer.
J'en peux plus. Cette fois, c'en est trop !
— David, il faut vraiment qu'on ait une discussion sérieuse.
— Plus tard, chérie.
Quoi ?!
Je secoue la tête d'exaspération et pousse un long soupir.
La pile de lettres dans les mains de mon mari diminue lentement, et en arrivant devant une enveloppe sans nom, je le vois marquer une pause.
— C'est bon, on peut y aller ? demandé-je en soufflant.
— Donne-moi une minute, veux-tu ?
David ouvre donc sa fichue lettre, déplie le papier à l'intérieur de celle-ci, puis en lit le contenu avec beaucoup d'attention. Cette action dure quelques secondes, et lorsqu'il relève enfin la tête vers moi, je le vois qui pâlit, une expression alarmée sur le visage.
— Qu'est-ce qui t'arrive encore ? On dirait que tu viens de voir un fantôme.
— Euh... c'est...
Il s'interrompt, les mains légèrement tremblantes.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Mais mon époux reste silencieux.
— Réponds-moi, David ! J'te jure, tu commences à me faire peur !
— Il faut... il faut annuler l’interview, lâche-t-il gravement.
— Quoi ?
— Et toi, tu dois partir.
— J'te demande pardon ?!
— Tout de suite, Julia !
— Mais...
— Ne discute pas ! Retourne tout de suite à la maison !
— Et je peux savoir pourquoi ?!
Agacé, David se précipite à toute vitesse vers moi pour m'agripper fermement par les épaules.
— Julia ! Fais ce que je te dis, s'il te plaît.
Ses yeux terrifiés dans les miens, je sens tout mon corps frémir par l'angoisse.
Je crois que je ne l'ai jamais vu aussi effrayé.
— D'accord. Je vais rentrer, dis-je.
— Bien, répond-il dans un hochement de tête.
Un soulagement se fait voir dans son regard, et sans m'en dire plus, il s'en va s'asseoir sur la chaise de son bureau, avant de prendre sa tête entre ses mains.
Consciente de son état très préoccupant, je ne pose pas de questions et rentre à la maison, la boule au ventre.
Je suis rentrée chez nous depuis des heures, et David ne m'a toujours donné aucune nouvelle. J'ai tout de même eu l'idée de contacter Good Morning New York pour leur expliquer qu'il fallait repousser l’interview, et le moins que l'on puisse dire, c'est que la personne que j'ai eue au téléphone n’était pas très ravie de cette décision. J'ai essayé d'apaiser au mieux la situation, mais comme mon mari ne m'a rien dit de plus, je suis dans le flou total dans cette histoire. Résultat : je n'ai pas vraiment réussi à me montrer aussi convaincante que je l'aurais voulu.
C'est à ça que ressemble ma vie, maintenant ? Voilà ce à quoi j'étais supposée devenir ? Passer de chanteuse à succès à la potiche de service, juste bonne à faire joli ? C'est pathétique. De plus, dès que je tente de prendre un peu de liberté, David devient furieux et m'ordonne de « retourner à ma place », qui est à ses côtés, fermant ma gueule, à souffrir en silence.
La voilà, la triste réalité : je suis destinée à rester coincée dans un mariage sans amour pour le reste de ma vie.
Une expression déterminée se dessine alors sur mon visage.
Non ! Je ne supporte plus de vivre comme ça. Dès qu'il rentre, je demande le divorce. Qu'il le veuille ou non. Et s'il refuse, je m'enfuirai.
C'est décidé ! Il est temps que je reprenne ma vie en main. J'ai, moi aussi, le droit de prendre des décisions, et le divorce sera la première.
À quatorze heures, je suis affalée sur le canapé du salon, devant la télé, à regarder un épisode de Hawaii Five-0, lorsque la porte d’entrée s'ouvre enfin. À ce moment, David et un autre homme font leur entrée, et je m'empresse de me lever pour aller me planter devant mon mari, grandement agitée.
— Bah alors ? Où est-ce que tu étais passé ? Je n'ai pas arrêté d'essayer de te joindre ! Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas répondu ? Ça fait des heures que je t’attends !
— Julia...
— Nan ! Tu me dis de rentrer, mais tu ne me dis rien d'autre ! Et pire ! Tu me laisses ici à m'angoisser seule comme jamais !
— S'il te plaît, laisse-moi t'expliquer, dit-il.
— Eh bien, vas-y, je t'écoute !
— Il s'est passé quelque chose, Julia.
— Quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Et c'est qui, lui ? lancé-je en jetant un œil à l'homme qui l'accompagne.
— Il s'appelle Wayne Jones.
Ce dernier m'adresse un léger hochement de tête, et je me laisse aussitôt perdre dans son regard si perçant. Wayne Jones est un homme imposant, à la mâchoire carrée et à l'expression affûtée, aux yeux verts pétillants et aux cheveux châtain clair, fonçant vers le roux. Sa barbe, bien propre et bien coupée, encadre merveilleusement bien son visage, et ses sourcils soulignent impeccablement son regard, qui est déjà à lui seul incroyablement renversant. En me concentrant plus attentivement sur lui, je remarque une fine cicatrice partant de son sourcil droit, d'une longueur d'au moins sept centimètres, ce qui, je dois l'avouer, lui donne un petit côté mystérieux assez plaisant.
— OK... mais ça ne me dit toujours pas qui c'est.
— Le responsable de mon équipe de sécurité, et c'est aussi un ancien SEAL, m'explique David.
— D'accord, mais... qu'est-ce qu'il fiche ici ?
— Monsieur Jones va devenir ton garde du corps privé, m'annonce mon époux.
— Mon quoi ?!
C'est une blague ?!
— Tu m'as parfaitement compris, Julia.
— Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe à la fin ?!
David pousse un soupir et commence à fouiller dans la poche de son manteau.
— J'ai reçu cette lettre, aujourd'hui.
D'un mouvement désinvolte, il me tend une enveloppe, que je m’empresse d'ouvrir. À l’intérieur, se trouve une lettre dactylographiée dans une police d'écriture très recherchée et plusieurs photos. Dès l'instant où je me concentre sur ces tirages, tout mon corps frémit de peur. Il s'agit de photos de moi en train d'entrer dans un magasin de vêtements, de me promener dans la rue et d'entrer dans une pharmacie.
La panique commence à me gagner, et les mains toutes tremblantes, je fais tomber la moitié des clichés par terre.
— Julia ! Fais un peu attention ! me gronde David.
L'ancien Navy SEAL adresse immédiatement un curieux regard à mon mari, avant de reporter son attention sur moi. Je m'oblige donc à me ressaisir et me baisse pour ramasser les photos.
— Mais... qu'est-ce que ça veut dire ?
— Lis la lettre, me dit-il.
Je soupire, mais obéis, me concentrant sur le fameux texte :
Vous êtes un homme chanceux, monsieur l'avocat, vous avez une très jolie femme, et comme vous pouvez le voir, nous savons maintenant quelles sont ses habitudes, alors si la prochaine fois vous ne voulez pas recevoir des photos de son cadavre, vous allez organiser une conférence de presse et annoncer que vous mettez fin à votre campagne et que vous vous retirez définitivement de la politique.
Si jamais vous jouez au con avec nous, nous le saurons, et votre chère épouse subira un triste sort.
Considérez-vous comme prévenu.
— Oh mon Dieu...
— Voilà. Maintenant, tu sais tout.
— Mais... c'est quoi cette histoire ?
— Je ne sais pas, Julia. Ce n'est peut-être rien.
— Tu penses que ce n'est rien de plus qu'une mauvaise blague ?
— Comme je te l'ai dit, j'en sais rien. On ne va pas non plus en faire toute une histoire.
— Comment ça : « On ne va pas non plus en faire toute une histoire. » ?! Ce n'est pas toi qui es sur ces photos, mais moi, David ! Ils m'ont suivie absolument partout ! Enfin merde, quoi ?! Ouvre tes yeux ! C'est grave, là !
Le garde du corps daigne un bref regard vers moi, mais choisit de ne pas intervenir.
— Surveille ton langage, Julia ! Il ne faut pas non plus s'imaginer le pire ! Ce genre de truc arrive tout le temps. Je suis même prêt à parier que beaucoup de grands avocats reçoivent des menaces de ce genre régulièrement. Quotidiennement, même.
— Si c'est vrai, alors pourquoi as-tu engagé un garde du corps ?
Mon mari hausse les épaules.
— Qu'est-ce que ça ferait de moi si je ne prenais pas cette lettre un minimum au sérieux ? me répond-il. Surtout que la presse connaît à présent la véritable raison pour laquelle nous avons dû annuler l'interview, alors je suis coincé. Les gens doivent savoir que je mets tout en œuvre pour protéger la vie de ma femme.
— Attends, quoi ?! Comment la presse peut-elle être au courant de la lettre que tu as reçue ?!
David jette furtivement un œil à sa montre, avec l'air de s’ennuyer sévèrement.
— David !
— Il a bien fallu que j'explique à Good Morning New York pourquoi nous avons dû annuler l’interview au dernier moment.
Je le dévisage alors, sous le choc.
— Tu as révélé cette lettre au public ?! T'es dingue ?! Pourquoi as-tu fait une chose pareille ?! C'est de la folie ! Je t'avais envoyé un message pour te dire que je les avais déjà contactés au sujet de l’interview ! Tout était en ordre !
— Calme-toi, Julia ! Ces journalistes sont comme des vautours. Si je ne les avais pas contactés, ils n'auraient jamais accepté de reporter l'interview. Je sais comment ce milieu fonctionne, toi non.
Il ne semble même pas se rendre compte de la bêtise qu'il vient de faire, là.
— Mais tu écoutes ce que je te dis ?! Je l'avais déjà reportée, cette foutue interview ! Tout était réglé ! Si ça se trouve, tu m'as encore plus mise en danger avec tes conneries ! Je ne compte vraiment pas à tes yeux ou quoi ?!
— Maintenant, ça suffit, Julia ! Tu n'as pas à discuter mes décisions, c'est clair ?! Je sais parfaitement ce que je fais ! lâche-t-il en dardant sur moi un regard condescendant.
— Parfait ! Alors toi non plus, ne discute pas les miennes ! Ton garde du corps, merci, mais je n'en veux pas !
— Je me fiche de savoir ce que tu veux ou non ! Ce que tu veux ne compte pas ! Combien de fois devrais-je te le répéter ?! Je suis ton mari ! Tu feras ce que je te dirai de faire, un point c'est tout !
— Non mais tu t’entends parler ?! Tu es mon mari, pas un autocrate !
Mais un tyran... peut-être bien.
— Je t'interdis de défier mon autorité !
— Tu n'as aucun ordre à me donner ! Ici, tu n'es pas au bureau !
— C'est pourtant comme ça que les choses seront désormais, du moins, jusqu’à ce que j'aie réglé ce problème.
— C'est n'importe quoi...
— Dès demain, poursuit David, Wayne te gardera à l’œil à chaque instant. Il me rapportera tout ce qui aura pu se passer de louche durant la journée.
— Une baby-sitter, quoi !
Mon mari se met aussitôt à ricaner.
— Si c'est comme ça que tu le prends, alors oui. Tant qu'il sera là, je n'aurai pas à m'inquiéter pour toi.
— C'est trop aimable de ta part, lâché-je, amère.
— Bon, il faut que je retourne au bureau maintenant, lance-t-il, à moins que tu n'aies autre chose à me dire ?
— Oui, effectivement, David, j'ai quelque chose d'autre à te dire.
— Ça m'aurait étonné. Et qu'est-ce que tu veux me dire ?
— Je veux divorcer.
— Bien sûr, ma chérie.
Non mais... quoi ?!
Et sur ces mots, il se retourne et s'en va.
Super. Non seulement, je reste prise au piège dans un mariage sans amour, mais en plus, les derniers restes de liberté que j'avais viennent tout juste de m'être enlevés.
Une chose est certaine : dès que ces menaces ne seront plus d’actualité, je dégage d'ici. Je ne m'abaisserai pas un jour de plus à porter la pauvre petite alliance de ce goujat. Je mérite mieux que la vie que j'ai.
Après ça, je jette un œil à cet étranger qui reste planté là, en silence, tout en essayant, au passage, d'ignorer la forme exagérée de ses muscles, et de lui adresser la parole en évitant de trop fantasmer sur son torse parfaitement bien sculpté.
— Wayne, c'est bien ça ?
— Oui, madame.
— Bon, eh bien... je dois tout de même avouer que cette situation me met très mal à l'aise.
— Je comprends, madame.
— Ouais... Bon, alors... j'espère que tout va bien se passer et qu'on va réussir à... s’entendre, tous les deux.
— Oui, madame.
— Mmmh-mmmh.
Ces « madame » à répétition commencent déjà à m'agacer.
— Vous êtes très formel, ma foi.
Pour toute réponse, il acquiesce.
Quel enthousiasme, dis donc... Je sens qu'on va bien s'amuser.
La nuit suivante, je n'ai pas réussi à dormir suffisamment, et le lendemain, en descendant les escaliers, je suis dans un tel état de fatigue que je ne remarque pas tout de suite la présence de Wayne dans mon salon.
— Bonjour, madame.
Il est assis sur le canapé, le journal entre les mains, et m'adresse un sourire timide. En me concentrant mieux sur lui, je remarque qu'il porte un pantalon noir très chic et une chemise kaki, qui elle, lui dessine parfaitement bien sa musculature si surprenante.
— Ah... euh... bonjour, Wayne. Toutes mes excuses... J'avais oublié que... enfin bref... Où est David ?
— Il est déjà parti travailler, madame.
— Évidemment...
Je me faufile donc jusqu’à la cuisine, dans l'intention d'aller me servir une tasse de café, mais change d'avis à mi-chemin et me dirige vers notre portemanteau.
— Vous allez quelque part ? me demande Wayne en me voyant enfiler ma veste.
— Oui. J'ai envie d'aller déjeuner dehors, ce matin.
Immédiatement, il se lève promptement du canapé et vient se positionner face à moi.
— Dans ce cas, laissez-moi vous ouvrir la porte, Madame Brown.
Je lui souris poliment et m'enfonce dans la brume du matin, mon col remonté jusqu'au cou. Au même moment, j'entends les pas de mon garde du corps me suivre. Je me retourne alors vers lui, levant la tête pour pouvoir lui parler entre quatre yeux :
— Vous allez vraiment me suivre partout où j'irai ?
— Oui, madame.
— Mmmh. J'imagine que je ne peux pas vous demander de rester ici en échange d'un billet.
— Non, en effet, madame, répond-il en plissant les yeux.
— Mmmh. J’aurai essayé.
— Oui. Malheureusement pour vous, je ne suis pas corruptible, madame.
— Je prends note, dis-je, morose.
Je vois qu'il lutte pour ne pas me sourire, et au moment où je ferme la porte derrière nous, je le surprends à m'observer avec insistance.
— Vous ne direz rien à mon mari sur le fait que j'ai essayé de vous acheter, n'est-ce pas ? lui demandé-je, nerveuse.
— Non, madame. Je ne pense pas que ce soit utile de lui confier une telle chose, me rassure-t-il, une expression bienveillante sur le visage.
Ouf.
— Très bien. Alors dans ce cas, j'espère que ça ne vous dérangera pas de marcher un peu.
— Marcher ?
— Oui. Il y a un petit café que j'adore, à quelques pas d'ici. J'aime y aller à pied, et c'est bon pour l'environnement.
— Entendu, madame, et non, ça ne me dérange pas de marcher.
— Tant mieux.
Je lui offre un autre sourire et me retourne, en espérant que ma nouvelle ombre n'attirera pas les regards de tous les passants.
Quelques minutes plus tard, le café se dessine devant moi, et mon ventre gargouille déjà à l'idée de m’empiffrer de pancakes au sirop d'érable.
Mon garde du corps, toujours aussi silencieux, ne cesse de donner des coups d’œil furtifs aux quatre coins de l'avenue.
Le parfait Navy SEAL.
— Dites, quitte à me coller d'aussi près, vous pourriez au moins essayer de me faire la conversation, non ? Sinon, les gens vont croire que vous êtes un serial killer qui cherche à me faire la peau.
— Bien, madame.
Je lui jette un regard exaspéré.
— C'est dans la nature des SEALs d'être toujours aussi réservé, ou bien c'est moi qui suscite autant d'exaltation chez vous ?
Sa lèvre frémit légèrement en une esquisse de sourire, mais il se force rapidement à se reprendre, affichant à nouveau cet air si sérieux que j'ai l'habitude de voir chez lui.
— Je ne fais que mon travail, madame, me répond-il.
— Mmmh-mmmh.
Dès l'instant où je m'apprête à traverser la rue, Wayne me retient fortement par le bras.
Avant que je ne puisse lui demander une explication, une voiture passe à quelques centimètres de mon nez à une vitesse folle, descendant la chaussée en klaxonnant et en attirant, par la même occasion, la curiosité de toutes les personnes présentes aux alentours.
Moi qui avais peur que la présence de Wayne me mette mal à l'aise, c'est à cause de ma bêtise que tous les regards sont tournés vers moi...
Bravo, Julia.
— Vous allez bien ?
Mon garde du corps, le visage profondément marqué par l'inquiétude, pose ses bras sur mes épaules, attendant patiemment que je lui réponde quelque chose.
Je ne vais quand même pas lui dire que sa présence me stresse et que c'est à cause de lui que j'ai oublié de regarder des deux côtés avant de traverser.
— Euh... oui, oui. Ça va. Je vous remercie.
— Vous auriez pu vous faire écraser, lâche-t-il gravement.
— Je sais. Je n'ai pas pensé à regarder.
Les battements de mon cœur se mettent à cogner dans ma poitrine, et il me faut plusieurs secondes avant de pouvoir me calmer.
— Vous êtes sûre ? s'inquiète-t-il.
— Oui, oui, ne vous en faites pas. Je vais bien.
— Bien.
Après cette légère frayeur, nous traversons ensemble la rue et rejoignons le café sans encombre.
Une fois passé le seuil de l'entrée, je me faufile à une table inoccupée avec ma commande, et Wayne s'empresse de venir s’asseoir face à moi, un café noir à la main.
Sans le vouloir, un sourire se dessine sur mes lèvres.
— Qu'est-ce qui vous amuse ? demande-t-il, une lueur étrange dans le regard.
Mince, il m'a grillée.
— Oh, non rien... C'est juste que... j'aurais dû parier que vous prendriez votre café noir.
Je le vois instantanément se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas sourire.
— Est-ce une si mauvaise chose d'être prévisible ? lâche-t-il.
Je marque une pause.
C'est sans doute la phrase la plus longue et la plus personnelle qu'il m'ait dite de toute la matinée.
— Euh... non. Du moins... je ne le pense pas. La prévisibilité équivaut à la ponctualité et à la fiabilité, et ce sont d'excellentes qualités, donc... c'est plutôt une bonne chose, tant que ça ne vous empêche pas de vous amuser de temps en temps, en testant de nouvelles expériences, par exemple.
Mon garde du corps continue à boire son café, tout en me fixant. Lorsque je m'apprête à lui demander s'il sait quelque chose sur cette lettre de menace qu'a reçue mon mari la veille, il passe son bras au-dessus de mon assiette, attrape mon carré de beurre emballé et s'empare de mon couteau.
— Heu... qu'est-ce que vous fabriquez ?
En guise de réponse, il libère le beurre de son emballage, le coupe en deux, et avec le bout de son couteau, en pique une moitié et la verse dans sa tasse.
— Beurk ! Mais qu'est-ce que vous faites ?!
— Ce que vous m'avez conseillé.
— Heu... ouais, alors... ce n'est pas vraiment ce à quoi je faisais allusion quand je vous disais qu'il fallait que vous trouviez le temps de tester de nouvelles expériences, dis-je.
— C'est excellent pour la santé. Ça s’appelle le régime Bulletproof. Vous en avez déjà entendu parler ?
— Vaguement, oui.
— Ça booste l’énergie et les facultés cérébrales. C'est une habitude que j'ai gardée de l’armée, me confie-t-il. Grâce à ce régime, on est aussi... plus performant.
Ses yeux se plantent dans les miens, et aussitôt, le rouge me monte aux joues.
— Plus performant, hein... Je vois. Et... est-ce que c'est bon ?
— Vous voulez goûter ?
— Oh, heu... non merci, lâché-je en grimaçant.
Il me sourit enfin et se met à touiller vigoureusement le contenu de sa tasse avec sa cuillère.
Bon, apparemment, il n'est pas aussi coincé que je le pensais.
Wayne s'apprête à ajouter quelque chose, mais hésite quelques secondes, comme s'il craignait de m'offenser. Toutefois, après un long moment, il se décide à ouvrir la bouche :
— Je vous ferai remarquer que vous avez commandé le menu « spécial petit déjeuner », comme la plupart des clients ici présents. Est-ce votre routine habituelle ?
— Vous êtes très observateur. Cela dit, vous avez raison, parce que c'est effectivement ce que je commande quand je viens ici aussi tôt. D'habitude, je prends aussi un muffin ou deux, mais toute cette histoire de menace anonyme m'a un peu coupé l'appétit. J'ai du mal à croire qu'on veuille essayer de faire du chantage à David en se servant de moi. Ceux qui sont proches de nous pourraient vous dire que ça ne sert strictement à rien, car je ne représente absolument rien pour lui.
— Ne dites pas ça, réplique mon garde du corps.
— Vous ne le connaissez pas. Vous travaillez peut-être pour lui, mais vous ne savez absolument rien de notre vie.
Consciente de la froideur avec laquelle je lui ai répondu, je baisse le regard, confuse, et lâche un soupir.
— Vous avez raison, réplique-t-il posément. Excusez-moi, madame.
— Nan, c'est... c'est moi qui m’excuse. Je n'aurais pas dû vous répondre de cette façon, je suis désolée.
— Ne vous en faites pas. Vous êtes pardonnée.
Soulagée, je hoche la tête et me concentre sur ma dose de caféine.
— Toute relation a... ses propres défis, rajoute-t-il.
Son aplomb me surprend une nouvelle fois, et je me prends à le dévisager avec curiosité.
— Vous avez l'air de savoir de quoi vous parlez. Le fait que vous soyez constamment absent n’ennuie pas trop votre femme ?
Son expression vire immédiatement au malaise.
— Désolée. Je ne voulais pas...
— Je ne suis pas marié. Personne ne m'attend à la maison.
— Oh.
— Je n'ai pas trop le temps d'être en couple, me confie-t-il. Je me consacre uniquement à mon travail.
Je continue à triturer ma tasse de café entre mes mains, tout en évitant de le regarder dans les yeux. Je le vois cependant qui examine le café d'un regard acerbe, le dos parfaitement collé contre son siège.
— Qu'est-ce que vous cherchez comme ça ?
— Je suis juste vigilant. J'agirai toujours de la même manière, peu importe où nous irons. C'est à la seconde où l'on baisse sa garde que des erreurs se produisent.
— Mmmh. Quelque chose me dit que vous, vous ne baissez jamais votre garde, dis-je.
— Vous avez raison.
Examinant à mon tour le café du regard, je remarque qu'il est maintenant bien plus bondé que lorsque nous sommes arrivés.
Installées aux tables qui nous entourent, des familles discutent allègrement, tout en dégustant leur petit déjeuner.
— Est-ce qu'on peut prendre ça à emporter ? lui demandé-je en désignant mon plateau. Parce que j'aimerais rentrer, maintenant.
— Bien sûr, madame.
Nous nous levons tous les deux en même temps et quittons les lieux, sous le regard insistant de la plupart des clients présents dans le café.
Je suis persuadée qu'ils se demandent tous si Wayne et moi sommes en couple.
Et est-ce que ça me gêne tant que ça ?
Absolument pas !
Nous ne mettons pas longtemps à rentrer chez moi, après ça. Wayne a terminé sa boisson avant même que nous soyons sortis du café, il n'y a donc plus que le mien que je dépose sur la table du salon.
Étant d'une nature pipelette, j'essaie de trouver quelque chose à lui demander, pour le forcer à se livrer un peu :
— Wayne, je me demandais une chose...
— Je vous écoute, madame.
— Est-ce que vous... ?
— Attendez, dit-il en levant son bras droit.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? lancé-je en voyant sa mine fantomatique.
— Cette porte n'était pas fermée, tout à l'heure ? demande-t-il en pointant du doigt la porte vitrée de la salle à manger.
Je suis son regard et me fige, tétanisée.
— Euh... si.
À cet instant, un coup de feu retentit. Une lampe posée sur la table du salon éclate en mille morceaux, répandant des fragments de cristal dans tous les recoins de la pièce.
Terrifiée, j'ai tout de même le réflexe d'aller m'abriter derrière le sofa et de me plaquer les mains sur la tête.
Les balles, elles, continuent de pleuvoir à travers toute la maison, lorsque Wayne me tacle brutalement au sol. Nous tombons tous les deux dans un son lourd, et au même moment, un sifflement d'air trahit la trajectoire d'un projectile, manquant de peu de m’effleurer l'épaule.
Les yeux horrifiés, je lève la tête vers mon garde du corps et comprends aussitôt qu'il vient de me sauver la vie.
— À l’étage ! hurle-t-il. Maintenant !
Je hoche la tête dans l'intention de lui obéir, mais mes jambes refusent de répondre. Wayne, comprenant immédiatement la situation, m'aide à me relever, passant son bras gauche sous mes jambes, et son bras droit autour de ma taille. Il me soulève avec facilité, et une fois sur mes deux jambes, il prend le temps de s'assurer que je ne vais pas m'effondrer. Je lui réponds par un regard, et dans la seconde qui suit, nous nous précipitons dans la chambre à coucher en courant et en sautant plusieurs marches.
Même si nous agissons dans la précipitation, je constate que l'ancien Navy SEAL fait très attention de bien rester derrière moi, se servant de son corps comme bouclier pour faire barrage entre les balles et moi.
Le sang battant dans mes tympans, et mon cœur tambourinant de frayeur, je m'oblige à courir plus vite. La porte de ma chambre se fait enfin voir, et dès l'instant où j'ai la main sur la poignée, une vive pointe de douleur traverse mon bras, me faisant tomber à terre.
— Madame Brown !
Sonnée, je sens tout de même les mains froides de mon garde du corps venir se poser sur mes joues.
— Madame Brown ! Vous m'entendez ?!
— Oui, je vous entends.
— Très bien.
Il glisse un bras sous mes cuisses et me soulève à nouveau, comme une plume. Instinctivement, mes bras s'enroulent autour de son cou, et je laisse retomber ma tête contre son épaule.
Nous entrons alors dans la chambre sans perdre une seconde et nous nous précipitons dans mon dressing, que Wayne se dépêche de refermer derrière nous.
Délicatement, il m'allonge au sol et me tapote le visage pour me forcer à refaire surface.
— Madame Brown, restez avec moi, hein ?
— Oui, oui...
— Hé. Regardez-moi.
— Je vous regarde, j'ai juste... eu très peur.
— Je sais. Bon, vous, vous restez ici, d'accord ? Vous ne bougez pas de là.
— Quoi ? Pourquoi ? Où est-ce que vous allez ?
— Je dois y retourner, lâche-t-il gravement.
— Quoi ?! Vous êtes fou ?! Vous allez vous faire tirer dessus !
— Non, ne vous inquiétez pas. Et puis... j'ai vécu pire, me répond-il.
Malgré l'assurance qu'il met dans ses paroles, je sens néanmoins une légère hésitation dans son langage corporel.
— Je vous crois, mais... vous ne devriez pas y aller. On est en sécurité ici, mais si vous sortez, vous serez totalement à découvert.
Il pivote légèrement la tête vers moi et effleure accidentellement ma cuisse de sa main, faisant battre mon cœur à toute vitesse. Instantanément, il détourne le regard et fait un pas en arrière.
— Désolé. Ce dressing est trop petit pour nous deux, se contente-t-il de dire.
— David ne voulait pas que j'achète le grand modèle, lui fais-je savoir. Et puis... si vos muscles n’étaient pas aussi gros, aussi...
— Mes muscles ?
— Bah oui, ils prennent trop de place.
Il ne répond rien, mais esquisse tout de même un micro sourire.
Pour être honnête, partager cette cachette avec lui ne me déplaît pas tant que ça, mais nous ne pouvons pas rester cachés ici indéfiniment.
Je vois alors Wayne poser sa main sur la poignée, mais avant de l'abaisser entièrement, il se retourne vers moi, le regard inquiet.
— Vous ne bougez pas d'ici, d'accord ?
— Vous êtes sûr de vous ? lui demandé-je.
— Oui, madame.
— Bon... eh bien dans ce cas... faites attention à vous.
— Vous pouvez me faire confiance, madame.
Il hoche la tête et tourne les talons, me laissant seule, allongée dans mon dressing.
J'espère sincèrement qu'il ne va rien lui arriver...
Quelques minutes plus tard, toujours dans ma cachette, j'attends impatiemment que mon garde du corps revienne.
Lorsque je suis sur le point de m'avancer pour coller mon oreille contre la porte et tenter d'entendre quelque chose, d'autres coups de feu résonnent dans la maison, et des balles viennent même percuter le mur de la chambre.
Machinalement, je me plaque les mains sur les oreilles, en réprimant un hurlement.
Heureusement, les coups de feu finissent par cesser, et mon angoisse se dissipe peu à peu. Néanmoins, je reste là où je suis, car je ne souhaite pas mettre la vie de Wayne encore plus en danger en sortant de mon dressing.
Les minutes s'écoulent très lentement. Je m'efforce de percevoir le moindre son provenant du salon ou de la cuisine, mais seul le silence règne.
Après tout, Wayne sait parfaitement ce qu'il fait. C'est son boulot de risquer sa vie, et puis, c'est un ancien SEAL, alors pourquoi est-ce que je m'inquiète autant ? Me serais-je inquiétée de la même façon si c'était David qui était allé à la poursuite des tireurs ?
Non, je ne pense pas. J'aurais même pu souhaiter qu'il se fasse tirer dessus, tiens !
Après ce qui me semble être une éternité, mon garde du corps finit par revenir, provoquant chez moi un soulagement intense.
— Wayne ! Tout va bien ? J'ai entendu d'autres coups de feu !
— Je n'ai rien. Et vous, ça va ?
— Oui, ça va, je vous remercie. Vous m'avez sauvé la vie.
— Je n'ai fait que mon travail, madame.
Finalement, je commence à me dire que l'avoir comme garde du corps n'est peut-être pas une si mauvaise chose...
À cet instant, et une fois l’adrénaline de la fusillade retombée, je ne peux m'empêcher de me demander ce que mon cher mari aurait fait dans une telle situation. Avec un ricanement amer, je réalise qu'il se serait certainement servi de moi comme bouclier humain, et il aurait peut-être même essayé de négocier ma vie en échange de la sienne.
Comment deux hommes peuvent-ils être aussi différents l'un de l'autre ? David : connard fini, égoïste, lâche et narcissique ; et Wayne : intègre, courageux, gentil et attentionné.
Comme quoi... il existe encore des hommes décents dans ce monde. Des hommes comme Wayne.
Je lève donc la tête vers mon garde du corps et croise son regard si pénétrant et si... déstabilisant.
— Alors... je peux sortir ? demandé-je, pleine d’espoir.
— Oui. La voie est libre, me répond-il.
— C'est vrai ? Ils sont partis ? Enfin, je dis « ils », mais il n'y avait peut-être qu'un seul homme. Ou une femme, j'en sais rien.