Les Anciens: Les Dimensions de l’esprit : Tome 4 - Dima Zales - E-Book

Les Anciens: Les Dimensions de l’esprit : Tome 4 E-Book

Dima Zales

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Beschreibung

Voici la suite passionnante de la série des Dimensions de l'esprit par un auteur de bestsellers au classement du New York Times et de USA Today.

Passer au Niveau 2 me donne un pouvoir inimaginable. Alors naturellement, maintenant que tous ceux auxquels je tiens sont en danger, je n’y arrive plus. 

Les Anciens le peuvent, mais vont-ils me l’apprendre et si oui, à quel prix ?

Au bout du compte, tout va dépendre d’un choix. 

Que suis-je prêt à sacrifier pour ceux que j’aime ?

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Les Anciens

Les Dimensions de l’esprit : Tome 4

Dima Zales

♠ Mozaika Publications ♠

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes, vivantes ou non, des entreprises, des événements ou des lieux réels n’est que pure coïncidence.

Copyright © 2015 Dima Zales & Anna Zaires

www.dimazales.com/book-series/francais/

Tous droits réservés.

Sauf dans le cadre d’un compte-rendu, aucune partie de ce livre ne doit être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme que ce soit, imprimée ou électronique, sans permission préalable.

Publié par Mozaika Publications, une marque de Mozaika LLC.

www.mozaikallc.com

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Suzanne Voogd

Révision linguistique par Valérie Dubar

Couverture par Najla Qamber Designs

www.najlaqamberdesigns.com

e-ISBN : 978-1-63142-176-1

Print ISBN : 978-1-63142-177-8

Contents

Description

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Extrait de Le Code arcane

Extrait de Liaisons Intimes

Au sujet de l’auteur

Description

Passer au Niveau 2 me donne un pouvoir inimaginable. Alors naturellement, maintenant que tous ceux auxquels je tiens sont en danger, je n’y arrive plus.

Les Anciens le peuvent, mais vont-ils me l’apprendre et si oui, à quel prix ?

Au bout du compte, tout va dépendre d’un choix.

Que suis-je prêt à sacrifier pour ceux que j’aime ?

1

Les enterrements sont des moments étranges. Deux fois plus quand on est celui qui a tué la personne que l’on enterre. Et trois fois plus si on n’hésiterait pas à recommencer si on le pouvait.

Malgré mon absence de remords, je ressens un pincement de quelque chose.

Des centaines, voire des milliers de policiers étaient venus à la veillée funèbre précédant l’enterrement pour honorer Kyle. Peut-être était-ce leur respect et leur loyauté pour l’un des leurs ou bien leur solidarité qui me gênaient. C’était touchant, mais injustifié.

Pour eux et pour les médias, Kyle était mort en héros : un inspecteur tué par la mafia russe dans l’exercice de ses fonctions. Un homme parmi les braves mort beaucoup trop tôt.

En d’autres mots, ils ne savaient rien au sujet du véritable Kyle Grant.

Mais ce n’est pas grave. Je comprends que les gens aient besoin de héros de temps en temps et je ne briserais pas leurs illusions. C’est simplement difficile de faire partie du peu de gens qui connaissent la vérité.

Il n’y avait pas que les policiers en deuil qui me déprimaient. C’était aussi la taille de l’événement : le cortège de voitures qui bloquait la circulation à travers la ville, le cercueil solennel couvert du drapeau, le discours du maire... et tout cela culmina par de fichus hélicoptères faisant un vol cérémonial.

Ce qui rendait les choses encore plus terribles, c’était la présence de tous les Guides. Si l’on considère que la communauté des Guides de New York est censée être petite, certains d’entre eux ont dû venir d’ailleurs pour assister à l’enterrement de Kyle. Du moins, je suppose que la foule que j’ai vue était constituée de Guides. Je reconnaissais quelques visages de la boîte de nuit où Liz m’avait conduit pour que je puisse rencontrer d’autres ‘Pousseurs’, comme Bill, c’est-à-dire William Pierce, mon patron. Nous n’avons pas eu le temps de nous parler à la veillée, on a seulement échangé des regards. Je suppose que lui et les autres étaient là pour rendre hommage à un camarade Guide. Ils semblaient presque tous sincèrement attristés, ce qui signifiait qu’ils ne connaissaient pas non plus le vrai Kyle.

La communauté des Guides pense sans doute la même chose que les médias. Je me demande s’ils ont l’intention d’enquêter sur le meurtre de Kyle. J’espère que non. Un flic va sûrement tuer Victor — celui qui a tiré sur Kyle — et d’après ce que j’ai vu au journal, cela arrivera bientôt. Si les autorités pensent que tu es un tueur de flics, ton avenir est plus ou moins scellé. Une fois que Victor aura disparu, je devrais être tiré d’affaire, sauf si Liz ou Thomas me dénoncent. Ils ne savent pas avec certitude que je suis responsable de la mort de Kyle, mais ils seraient bêtes de ne pas me soupçonner. En outre, j’ai presque tout révélé à Thomas avant qu’il me dise de me taire. Et je sais que si je fais des séances de psy, Liz voudra parler de tout. Mais je n’ai pas l’intention d’y aller, surtout parce que je n’ai pas envie de l’entendre dire ‘je t’avais bien dit que tu aurais besoin d’une thérapie si tu tuais ton oncle’.

Au moins, aucun des Guides ne nous a suivis ici, à l’enterrement. Les choses sont beaucoup plus simples au cimetière de Cypress Hills. Seuls les gens considérés comme les proches de Kyle sont présents. Environ une douzaine de flics qui travaillaient avec Kyle ou qui le connaissaient bien, ainsi que mes mères et moi dans le rôle de la ‘famille’. Mira est ici également, pour le soutien moral. Et enfin, il y a Thomas.

Quelle est la véritable raison de la présence de Thomas ? La question, ou plutôt, les réponses possibles à cette question me mettent mal à l’aise. Il n’a aucune raison officielle d’être ici. Je suppose qu’il pourrait être là pour Lucy, puisque c’est son fils biologique et qu’il pourrait se sentir coupable d’avoir eu un rôle crucial dans les événements passés.

Il pourrait également être là pour rendre hommage à son père biologique, Kyle. C’est la possibilité qui m’inquiète. Pourrait-il être contrarié que je lui aie enlevé son père avant qu’il ait le temps de connaître cet enfoiré ?

Non, je réfléchis sans doute trop. Après tout, étant donné ce que Thomas sait au sujet de Kyle et de ma mère et de ce qu’il s’est passé entre eux, il pourrait bien être à l’enterrement avec le même but que Mira : en soutien moral pour moi ou Lucy.

Je ne peux pas deviner ce que pense Thomas, d’autant plus que son visage est aussi indéchiffrable que d’habitude. M’en veut-il de façon inconsciente ? Est-ce pour cela qu’il se tient à l’écart, qu’il ne fait pas vraiment partie du groupe à l’enterrement ? J’espère que non. Il est en quelque sorte mon frère adoptif récemment découvert et puis c’est un bon ami. Je ne veux pas que Kyle gâche cela de façon posthume.

J’observe la verdure du cimetière de Cypress Hills à la recherche de choses positives. Avec l’herbe et les chênes partout, l’endroit est paisible, tant que j’ignore les pierres tombales. En fait, pour un cimetière, c’est presque apaisant.

Je fais un effort pour me concentrer sur quelque chose de moins morose. Les parents de Kyle l’ont eu quand ils étaient assez âgés, alors, je n’ai pas le fardeau supplémentaire de devoir regarder une mère et un père pleurer la perte de leur fils. Même si Kyle était un pourri, cela ne m’aurait pas plu. C’est déjà assez terrible que Lucy, ma propre mère, le pleure. Elle ne pleure presque jamais. Bien sûr, elle ne sait pas que cet enterrement est une bénédiction cachée. Si elle savait tout ce qu’il lui avait fait, elle cracherait sans doute sur sa tombe et elle fêterait sa mort. Malheureusement, il ne s'est passé que dix jours depuis la mort de Kyle, et Liz n’a pas eu le temps d’opérer sa magie sur ma mère qui n’est donc pas arrivée au point où elle peut se souvenir sans danger de ce qu’il s’est passé.

D’accord, ma tentative pour penser de manière positive a échoué. D’un autre côté, j'aime mieux ces pensées au discours du prêtre, d’autant plus qu’elles détournent mon attention du croque-mort faisant descendre le cercueil en terre.

Au moment où je me rends compte que la cérémonie est presque terminée, ce sentiment étrange revient avec force. Peut-être parce que maintenant Sara pleure également. Après que Kyle a essayé de me punir à coup de ceinture, Sara l’aimait à peu près autant que j’aimais mes cours de danse classique — au cas où cela ne serait pas clair, je ne les aimais pas du tout.

Et que se passe-t-il ? Ai-je vraiment le cœur qui se serre à ce souvenir ? Suis-je nostalgique du moment où Kyle a essayé de me frapper ? Pas possible. Mais mes yeux sont humides. Des poussières ont dû se loger dedans ou peut-être s’agit-il de mes allergies déclenchées par toute cette fichue ambroisie qui fleurit à l’automne.

Je n’ai pas le temps de m’en vouloir pour ce que je ressens, car soudain, le monde se fige.

Les sanglots de mes mères s’interrompent, tout comme le bruissement des feuilles dans la brise chaude de l’automne.

Ce silence est le signe familier du Calme, seulement ce n’est pas moi qui ai déphasé.

Je regarde autour de moi.

Tout le monde est figé sur place, sauf Mira. Une version d’elle paraît agitée et inquiète, ce qui n’est pas habituel. Irritée, oui. Fâchée, trop souvent. Sarcastique, toujours. Mais inquiète n’est pas une expression qu’elle porte souvent. Elle se tient à côté de son double figé à l’apparence plus calme.

— Sors du Calme, déphase tout de suite et attire-moi à l’intérieur, dit-elle d’une voix tendue et pressée. Il se pourrait que je n’aie pas assez de Profondeur.

— Mais que...

— Promets-moi de le faire, insiste-t-elle.

— Très bien, je le ferai.

Maintenant, je commence à m’inquiéter.

Sans dire un mot, elle touche son corps figé et je reviens dans le monde réel.

Je déphase instantanément et j’attire Mira comme elle me l’a ordonné.

— Qu’y a-t-il ? dis-je dès qu’elle apparaît. Pourquoi m’as-tu attiré dans le Calme tout à l’heure ? Je n’ai pas vraiment envie de savourer...

— Ferme-la une seconde et regarde ces flics.

Elle désigne les hommes en uniforme à l’air sombre. Ils se tiennent près de Thomas, sur notre gauche et à environ trois mètres.

— Et alors ? dis-je en marchant vers ces hommes.

— Regarde leurs mains.

Je m’approche et je les examine. C’est étrange, en effet. Chaque officier tend la main vers son arme et ils regardent tous mon double figé.

— Je n’aime pas ça, dis-je.

— Tu m’étonnes.

— Il y a peut-être une bonne explication ? Ils ont peut-être l’intention de faire le salut comme aux enterrements militaires ? Ne le font-ils pas également pour les flics ?

— En ce cas, à quoi servent ces idiots-là ?

Elle désigne les types portant des fusils qui se tiennent à l’écart depuis un moment. Elle s’avance vers le policier le plus proche et elle prend son pistolet.

— En plus, ils ne font le salut qu’avec des balles à blanc.

Elle tire dans le pied du policier. Le trou dans la chaussure de sa victime confirme que le pistolet n’est absolument pas rempli de balles à blanc.

— Merde, dis-je.

— Effectivement.

— Alors, pourquoi me regardent-ils de cette façon ? Tu les as Lus ?

— Seulement quelques pensées superficielles, ils sont sur le point de te tirer dessus, me répond-elle avant de s’arrêter. Ils sont Poussés.

Poussés. C’est la dernière chose que je m’attendais à entendre, cependant cela explique pourquoi des flics que je n’ai encore jamais rencontrés voudraient me tirer dessus. Seulement, l’homme qui était derrière des machinations similaires, l’homme qui a Poussé les gens à me tuer dans le passé se fait enterrer en ce moment même. Sauf si...

— Toujours là ? demande Mira en interrompant mes pensées.

— Oui. J’essaie simplement de digérer l’information.

— Digère plus tard. Tu dois agir.

— Si quelqu’un les Guide, je peux outrepasser l’ordre, dis-je.

— Si tu es plus puissant que le responsable.

Elle le dit sans colère. L’aveu de mes capacités de Pousseur a récemment cessé de recevoir des réactions fortement négatives de la part de Mira. Je dirais qu’en règle générale, son ressenti envers les Guides s’est amélioré. J’aime à penser que je suis le déclencheur de ce changement d’attitude.

— Oui, eh bien jusqu’ici, j’ai été plus puissant que tous ceux que j’ai rencontrés, dis-je sans fausse modestie. Mais ne devrions-nous pas attirer Thomas dans le Calme pour le mettre au courant de la situation ?

— Un Pousseur contrôle ces policiers, me rappelle-t-elle. Ne veux-tu pas d’abord t’assurer que Thomas n’est pas celui qui Pousse avant de le faire venir ?

D’accord, peut-être ne vois-je que ce que je veux en ce qui concerne l’opinion améliorée de Mira par rapport aux Guides — un terme dont elle n’est pas encore une très grande fan. Dans ce cas précis, le problème est aggravé par sa méfiance des inconnus. Elle n’a pas fréquenté Thomas autant que ma tante Hillary, avec qui elle est restée coincée à l’aéroport de Miami. L’attitude de Mira envers ma tante miniature préférée me donne de l’espoir. Je n’irais pas jusqu’à dire que Mira et Hillary sont devenues meilleures amies après leur épreuve, mais Mira traite ma tante avec une confiance et surtout un respect réservés.

— Tu ne peux pas sérieusement penser que Thomas ferait ceci, dis-je en regardant Mira.

Malgré mes paroles rassurantes, mon estomac se remplit de nitrogène liquide à l’idée que Thomas puisse essayer de me tuer. Je me rejoue rapidement l’épisode où Kyle se fait tuer devant lui et je me souviens de mes propres émotions lorsque j’ai appris que Kyle avait tué ma famille biologique. Je voulais — non, j’avais besoin de — tuer Kyle ensuite. Thomas ressent-il la même chose à mon sujet ?

Non. Je ne veux pas accepter cette possibilité. C’est simplement la peur qui parle. Kyle était coupable de plus que le meurtre de ma mère et de mon père biologiques. S’il n’avait été coupable que de cela, je ne sais pas si je l’aurais tué.

Peut-être que si.

Les mots de Mira font écho à mes craintes.

— Tu te trouves à l’enterrement de son père. Tu as besoin d’un putain de schéma explicatif ?

Au lieu de répondre, je m’avance vers Thomas tout en pensant : ce n’est pas possible. Thomas pourrait-il faire une chose pareille ?

Thomas est figé alors qu’il se dirige vers mon corps immobile, ce qui est étrange. L’enterrement n’est pas terminé et le sermon n’est pas vraiment le moment idéal pour une promenade.

Je vois alors son visage. Ses yeux vitreux fixent intensément quelque chose devant lui.

Je suis son regard. Il regarde mon corps figé.

— Ouais, dit Mira. Je ne racontais pas n’importe quoi. On dirait qu’il te donne le mauvais œil.

— Il doit y avoir une autre explication.

Je me demande si elle repère l’espoir dans ma voix.

— Eh bien, pendant ta Lecture, tu peux reconnaître le ‘ton de voix’ des instructions Poussées. Pourquoi ne vérifierais-tu pas si tu peux reconnaître ton pote Thomas là-dedans ?

Elle tape sur la tête du flic sur lequel elle a tiré.

— C’est aussi mon frère adoptif, dis-je. Et pourquoi ne peux-tu pas le faire ?

— J’ai essayé, mais je ne savais pas si c’était lui. Je n’ai même pas eu besoin de vérifier. Étant donné ce que nous savons, il est le choix le plus logique.

— Il est le choix le moins logique, dis-je avec entêtement en souhaitant me sentir aussi confiant que j’en avais l’air. Je te le prouverai.

Je m’avance vers un grand policier et je touche la main qu’il tend vers son pistolet.

Nous regardons l’enterrement de Kyle Grant. C’est très égoïste de penser au match à venir, mais pendant que le prêtre dit son sermon nous avons des flash-back de l’époque où nous rêvions pendant le catéchisme et nous nous perdons dans nos pensées. Nous pensons à l’équipe que nous avons assemblée. Étant donné que nous sommes le quarterback désigné du commissariat, nous connaissons toutes les forces et les faiblesses de chaque joueur. Nous savons que Kyle était l’un de nos meilleurs coéquipiers. Maintenant qu’il est mort, les types de la trente-troisième vont nous ratatiner...

Moi, Darren, je me dissocie. J’ai dû bondir quelques secondes avant qu’il se fasse Pousser.

Je laisse le souvenir se dérouler. Il consiste en davantage de plans et d’inquiétudes au sujet de l’équipe de foot américain du commissariat. Certaines personnes ne dépassent jamais l’étape de leur vie où ils sont ‘le quarterback de l’équipe’, une étape que j’ai ratée dans ma vie, car j’étais plus jeune que tous les autres. J’avais malgré tout voulu faire des essais en sachant que le Calme m’aurait aidé à éviter les adversaires, mais le coach m’a chassé en riant de son bureau quand je l’ai mentionné.

Une présence entre dans l’esprit du policier et j’oublie tout le football américain.

Tu vas compter dans ta tête jusqu’à cent puis sortir ton arme. Tu vas viser et tirer sur le jeune homme qui se tient entre l’inspectrice Wang et sa compagne lesbienne. Tu vas tirer dans le but de tuer. C’est un suspect dangereux sur la liste des hommes les plus recherchés par le FBI.

J’essaie de déterminer si je reconnais cette ‘voix’. Hormis Kyle, je ne reconnais que deux autres personnes de cette façon : Hillary et Liz. J’ai appris la voix de Hillary en entrant dans la tête de Bert, et la voix de Liz en espionnant ce qu’elle faisait à l’esprit de Lucy pendant leurs sessions de thérapie. Cette voix ne leur ressemble pas, et elle ne rappelle pas non plus celle de Kyle — même si cela n’aurait pas été possible de toute façon. Si on ne tient pas compte de la voix, l’expression ‘compagne lesbienne’ au lieu de ‘femme’ aurait pu être de Kyle.

Même si je ne sais pas qui est ce Pousseur en me basant sur sa ‘voix’, je sais une chose : cette personne vient de se faire un ennemi et pas seulement parce qu’il ou elle veut me tuer. Cette personne mystérieuse Guide ces flics pour qu’ils me tirent dessus alors que je me tiens à côté de mes mères et de Mira.

Ce dégénéré vient de mettre en danger les personnes que j’aime.

Je suis furieux. Je ne sais pas si ma colère est aussi forte parce que j’ai peur, mais, quelle qu’en soit la cause, la fureur me donne de la difficulté pour réfléchir. Malgré tout, je me rends compte que je reconnais quelque chose dans le ton du Pousseur, même si je ne saurais pas dire ce que c’est. Pourrait-il s’agir de Thomas après tout ?

Si c’est le cas, lui et moi nous allons avoir une petite discussion.

Je sors de la tête du policier.

— Je ne sais pas qui c’est, dis-je avant de regarder Thomas. Mais il y a quelque chose qui cloche. Je ne pense pas que ce soit lui.

— Qu’est-ce qui te fait croire cela ? demande Mira.

— Pour commencer, je me tiens à côté de Lucy, sa mère biologique.

En parlant, je me rends compte que c’est un bon argument, alors j’ajoute :

— Tu as besoin d’un schéma explicatif ?

Mira semble pensive.

— Je n’y ai pas réfléchi. Peux-tu faire ce que tu as promis de ne jamais me faire ?

— Tu veux dire aller au Niveau 2 et le Lire ?

Quand les filles disent ‘tu as promis’ et en particulier quand Mira le dit, c’est un code signifiant ‘je t’ai donné l’ordre’.

Je n’ai jamais promis de ne pas la Lire si je le pouvais. J’ai passé les dix derniers jours à essayer de répéter la prouesse afin d'atteindre le Niveau 2 sans y parvenir, alors il est inutile de discuter de ce que je ferais.

Juste au moment où j’essaie d’entrer dans le Niveau 2 pour la énième fois. Je fais ce que je fais en général pour déphaser. J’essaie d’oublier que je suis déjà dans le Calme et je souhaite de tout mon être que cela se produise, mais encore une fois, rien ne se passe, pas même ce sentiment de frapper un blocage mental que je parviens parfois à susciter.

— Je ne peux pas, lui dis-je. Je n’ai toujours pas découvert comment le faire fonctionner. Mais tu as raison : ce serait la meilleure façon de gérer la situation.

— Bien. Alors notre seule ligne de conduite est de parler avec...

— Très bonne idée, dis-je en m’avançant vers Thomas.

Il nous dira ce qu’il en est.

J’entends Mira dire ‘Attends’, mais je touche déjà le cou de Thomas.

Un double de lui apparaît dans le Calme.

Il regarde autour de lui sans montrer la perte de repères habituelle lorsque les gens sont soudainement attirés dans le Calme et lorsque son regard tombe sur Mira, il ne réagit pas du tout. C’est étrange.

Puis il me regarde.

Ses yeux ont l’air d’avoir zoomé sur leur cible, style Terminator.

Sans cligner des yeux, il s’avance vers moi en silence.

— Thomas, tu ne vas pas croire ce qu’il se passe...

Mes paroles sont grossièrement interrompues par le poing de Thomas qui me frappe la bouche. Je sens le goût métallique du sang, et la seule chose à laquelle je pense, c’est à ce que Mira va dire de son ton le plus vindicatif : ‘je t’avais prévenu, putain.’

2

Thomas ! crié-je en bloquant sa tentative de frapper ma pomme d’Adam. Qu’est-ce que tu fous ?

Thomas me donne un coup de pied dans le tibia pour toute réponse. Parce que je parle et que je suis surpris, je ne vois pas arriver le coup et bon sang, ça fait mal. Le mélange de trahison, d’incrédulité et de colère refaisant surface intensifie la douleur.

Quand Thomas avance pour m’attaquer à nouveau, je fais un écart pour éviter son poing, mais quelque chose me distrait, quelque chose qui a un rapport avec le combat. Une partie de moi — celle qui se réveille pendant les combats depuis que j’ai joint mon esprit à celui de Caleb dans la tête du gourou israélien d’arts martiaux — remarque que le style ‘intéressant’ de combat de Thomas est inspiré par l’hapkido.

Comme pour confirmer ma supposition, Thomas attrape mon bras quand je l’avance pour le frapper dans le ventre et il écartèle mon coude. Son geste est suivi d’une explosion de douleur. Puis il me jette par-dessus son épaule. Deux classiques de l’hapkido, me dis-je en fendant les airs.

Alors que je suis sur le point de frapper le sol, le monde ralentit légèrement, j’ai donc un peu d’espoir en essayant encore une fois de passer dans le Niveau 2 du Calme. Mon combat avec Thomas a recréé les conditions exactes de la dernière fois : si j’atterris sur la tête, je me briserais le cou et je mourrais.

Je frappe le sol. L’air s’échappe de mes poumons lorsque j’atterris sur le dos plutôt que sur la tête. Il ne s’est clairement rien passé en ce qui concerne le passage au Niveau 2. Le seul résultat de ma chute est une douleur abominable au coccyx.

— Tu vas t’arrêter, Pousseur. Maintenant.

La voix de Mira est froide et autoritaire.

Si elle s’adressait à moi, j’aurais fortement envisagé de m’arrêter.

J’essaie de dire ‘écoute-la’ en roulant sur le ventre, mais il ne sort qu’un sifflement lorsque Thomas donne un coup de pied dans mes côtes exposées.

Un coup de feu retentit.

Le corps de Thomas tombe sur moi.

Est-il mort ? Je suis partagé entre l’espoir qu’elle l’ait touché, car cela arrêterait le combat, et le fait de ne pas vouloir que Thomas soit blessé, parce que, eh bien, c’est Thomas. Je n’ai pas encore accepté l’idée qu’il essaie vraiment de me tuer : je pourrais trouver une autre explication si les gens voulaient bien s’arrêter d’essayer de me casser la figure.

Quand il me fait une clé de cou, je me rends compte que j’avais tort : il n’est pas mort et je me suis trompé sur son style de lutte. Il s’agit ici plutôt d’une cravate d’aïkido. Ce que je sais également au sujet de cette prise, c’est qu’une fois que l’on est attrapé, c’est généralement la fin.

— Darren, ne bouge pas, dit Mira.

Je parviens seulement à pousser un grognement affirmatif. Ensuite, je fais comme si je choisissais de ne pas bouger pour obéir à sa demande.

Elle tire une seconde fois.

Un liquide chaud éclabousse mon corps et la prise de Thomas se relâche.

J’essaie de bouger, mais je ne suis pas encore prêt.

Mira réenclenche la sécurité du pistolet et elle bataille avec le corps de Thomas pour le faire rouler du mien. Je me sens tout de suite plus léger.

— Tu vas bien ?

Elle touche doucement mon visage.

Je crache du sang. Je fais bouger une dent avec ma langue. Ce n’est pas bon signe. Normalement, les dents sont des objets stables et immobiles.

— De quoi ai-je l’air ?

— Tu as l’air... troublant. Sortons d’ici.

En grimaçant, je me traîne à quatre pattes et je me retourne pour me trouver à côté de Thomas, puis je cherche son pouls.

Il y a un battement de cœur, mais il est faible. Sa respiration est irrégulière et je ne sais pas combien de temps il lui reste.

— Tu n’aurais pas dû faire ça.

Je fouille Thomas à la recherche d'un pistolet ou d’un indice expliquant pourquoi il m’a attaqué. Je ne trouve rien.

Sauf si je sors du Calme, Thomas sera Inerte.

— Non, mais, tu te fous de ma gueule ? dit-elle. Tu préfères qu’il te rende Inerte ?

— Non, mais...

Je m’éloigne en rampant de lui et j’avance vers mon corps figé.

— Il a essayé de te tuer, sans doute pour t’empêcher d’outrepasser les ordres de tes tueurs.

Elle hoche la tête en direction des policiers.

— D’ailleurs, c’est quelque chose que tu devrais faire dès que possible.

Elle a raison. Si Thomas m’avait rendu Inerte, ces policiers m’auraient tiré dessus dans le monde réel, ce qui me rappelle qu’elle a également raison pour ce second point.

Je dois empêcher tous ces flics de me tuer. Je n’ai que quelques instants pour sortir du Calme et revenir. Quelques instants qui me donneraient l’occasion d’annuler mes blessures ainsi que celles de Thomas. Les mains des flics sont assez loin de leurs armes pour me permettre ce luxe.

Je décide que ce n’est pas assez efficace de ramper et je me lève, même si cela me donne l’impression d’avoir soudain vieilli de trois siècles.

Mira se tourne vers Thomas, se met à genoux et vérifie son pouls. Elle ne semble pas ravie par ce qu’elle découvre.

Je me sens abattu. Je n’ai pas réussi à temps. Il est déjà mort, ce qui signifie qu’il est maintenant Inerte.

Une partie de moi pense ‘ah, d’accord, c’est peut-être mieux’.

Puis Mira se relève et elle le vise avec son pistolet.

J’avais tort. Elle a dû découvrir qu’il avait encore un pouls et décidé de l’éliminer. Elle veut le rendre Inerte.

Je ne sais pas pourquoi je fais ce que je fais alors.

Mon corps souffrant le martyre, je bondis sur mon double figé.

Je tombe à une trentaine de centimètres de lui/moi. Je suis sûr que j’ai dû casser autre chose, car la douleur est hallucinante. Le côté positif c'est que je me sens presque prêt à déphaser, mais je frappe encore le mur mental. Si je pouvais grimper par-dessus, je pourrais passer au Niveau 2. D’un autre côté, j’ai déjà frappé ce mur avant sans obtenir le moindre résultat.

Mira m’entend bouger et ses yeux s’écarquillent pour me lancer un regard du genre ‘tu es fou’. Puis elle fronce les sourcils en comprenant.

— Crétin, dit-elle en enlevant la sécurité du pistolet.

Pas de Niveau 2 cette fois, me dis-je en tendant la main droite en tremblant et en la faufilant sous le pantalon de mon corps figé pour toucher la cheville. Je sens la jambe poilue sous mes doigts et toute la douleur disparaît.

Les bruits du monde reviennent et l’instant d’après, quand je déphase, tout redevient silencieux.

Je suis de retour dans le Calme et toutes les blessures infligées par Thomas ont disparu, tout comme Mira et le corps de Thomas.

Je me dis que je n’ai pas entendu le coup de feu de Mira, ce qui signifie que Thomas n’est pas Inerte. Youpi ?

J’envisage de l’attirer dans le Calme, mais je décide de ne pas le faire. Elle est sans doute furieuse contre moi parce que j’ai contrecarré son plan. Je n’ai pas envie de régler cela maintenant, pas avant d’avoir sécurisé la zone.

Je m’avance vers l’endroit où se tiennent mes mères. Même si je suis sur le point de neutraliser la menace que représentent les policiers, je Guide mes mères pour qu’elles se couchent sur le sol au cas où tout ne se déroulerait pas comme prévu et au cas où Thomas aurait caché une arme que je ne pourrais pas trouver. Je suis sûr que ce n’est pas le cas, puisqu’il l’aurait utilisée pour me tirer dessus quand il m’a attaqué, mais quand il s’agit de ma famille, je reste très prudent. Pour faire bonne mesure, je m’assure qu’elles ne remarqueront rien si des coups de feu sont tirés. Elles doivent ignorer toute violence qui aurait lieu dans les prochaines minutes. Cela m’est égal si mes mères subissent une légère amnésie : la sécurité prime avant tout. Avec de la chance, elles penseront avoir rêvassé à cause de la voix monotone du prêtre.

En sachant que mes mères seront couchées en sécurité sur le sol, je m’approche des officiers en uniforme.

Je trouve deux policières et je les Guide pour qu’elles marchent vers nous, se couchent sur le sol et couvrent mes mères de leur corps. C’est peut-être exagéré, mais je préfère prévenir plutôt que guérir.

Je m’approche alors de chaque policier et je lui Guide les instructions suivantes : tu ne vas pas prendre ton arme. Tu ne vas pas partir de cet endroit pendant les vingt prochaines minutes. Tu es concentré sur les émotions du deuil et tu ne feras attention à rien d’autre que la cérémonie. Tu observes solennellement quelques minutes de silence pour le héros décédé.

Je donne des instructions similaires d’ignorer le monde et de ne pas bouger aux autres policiers en civil ainsi qu’au prêtre et aux types avec des carabines.

En ce qui concerne le quarterback et quelques autres types costauds, je leur donne quelques instructions supplémentaires.

Content de mes progrès jusque là, je retourne vers mon corps et je sors du Calme.

Dès que le monde revient à la vie, je déphase et je ressors du Calme toutes les fractions de seconde pour m’assurer que les flics ne cherchent plus à prendre leurs armes.

À mon grand soulagement, à la cinquième vérification je vois que ce n’est pas le cas.

Je sors à nouveau du Calme.

— Zone sécurisée, je chuchote à Mira dès que les bruits du monde reviennent. Mais juste au cas où, sois prête à n’importe quoi.

Elle ne répond pas. Je suppose que l’incident dans le Calme me vaut ce traitement silencieux. Au lieu de m’inquiéter de l’humeur de Mira, je me concentre sur ce qui m’entoure. Après avoir compté exactement deux Mississippi, j’aperçois du mouvement du côté des policiers.

Je vois également Thomas faire un pas vers moi, le début d’un pas de course.

Je retourne dans le Calme pour m’assurer que mes instructions supplémentaires ont fonctionné. C’est le cas. Le mouvement que j’ai vu du coin de l’œil venait en effet de moi. Je sors du Calme et je me concentre sur Thomas.

Il court vraiment.

Les mouvements flous venant de la foule des policiers s’approchent.

Thomas ne se trouve qu’à quelques pas de nous lorsque le quarterback lui rentre dedans avec la grâce de rhinocéros en rut. Je n’y connais pas grand-chose en foot américain, mais j’ai l’impression que c’est du très bon travail. Thomas vole, il vole loin dans les airs, et il atterrit dans le tas de terre qui est censé recouvrir le cercueil de Kyle. J’espère que ce tas a amorti son atterrissage et j’essaie de ne pas me sentir trop coupable de ce que j’ai fait faire au quarterback.

Ma culpabilité augmente quand ce dernier tombe sur Thomas. Il garde mon ami à terre jusqu’à ce que je puisse comprendre ce qu’il se passe. Les autres policiers costauds forment une sorte de pyramide humaine sur eux. D’après mes souvenirs, ceci ne fait pas trop mal à la personne qui se trouve au-dessous.

Bon, c’est vrai que cela m’est arrivé à la maternelle.

Soudain, mon monde se remplit d’une douleur si viscérale que j’en ai les yeux qui coulent. L’air s’échappe de mes poumons en faisant du bruit.

J’essaie de comprendre ce qu’il m’arrive et je me rends compte en frissonnant que la douleur vient de l’endroit le plus précieux et intime de mon corps.

Je me concentre pour respirer et ne pas tomber et au même moment, je déphase.

Oh, le bonheur. La douleur disparaît instantanément. Son absence me montre à quel point elle était abominable et j’ai l’impression d’avoir reçu une dose de morphine.

Depuis mon nouveau point de vue, je vois ce qu’il s’est passé et je reste incrédule.

Mira est figée dans l’acte de me donner un coup de pied dans les boules.

3

Est-elle énervée à ce point parce que je l’ai empêchée de rendre Thomas Inerte ? Je décide que nous devons discuter et je l’attire dans le Calme.

— Putain, ça ne va pas, Mira ? dis-je dès qu’elle apparaît dans le Calme. Si tu es contrariée à ce point, il te suffit de me le dire. As-tu la moindre idée de la douleur que c’est ?

Son regard se verrouille sur moi et fait la même chose que les yeux de Thomas.

Avant qu’elle fasse un pas, je me souviens de la théorie que j’avais eue au bout de la langue un peu plus tôt, avant qu’elle me fasse douter de Thomas. Cette théorie expliquerait toutes les choses étranges qui se produisent.

Pour faire bonne mesure, je demande néanmoins :

— C’est parce que Thomas n’est pas Inerte ?

Au lieu de répondre, Mira s’avance vers moi et elle essaie de faire exactement ce que son corps figé inflige à mon corps dans le monde réel.

Un coup de pied dans les cacahuètes, honte sur elle. Deux coups de pied au même endroit, honte sur moi. Je place mes bras en croix pour la bloquer. Le dos de mes mains pique à l’endroit où son pied a touché, mais ce n’est rien par rapport à ce qu’il se serait produit si je n’avais pas bloqué son coup.

Elle entame un coup de poing et je l’évite. Je suis de plus en plus sûr de ce qu’il se passe réellement. Tout concorde. Les flics. La façon dont Thomas m’a regardé et attaqué. La façon dont il a ignoré Mira pendant que nous nous battions, ce qui était dangereux et irrationnel. Et la raison pour laquelle Mira est maintenant concentrée sur le fait de m’attaquer.

— Tu es Poussée, dis-je en faisant un pas de côté pour éviter son coup.

Elle trébuche et lance un nouveau coup de poing.

— Reprends tes esprits !

Elle ne répond pas et elle poursuit son attaque impitoyable.

Je sais que je ne devrais pas être vexé qu’elle ne se soit pas arrêtée : personne n’a jamais prétendu que l’on pouvait arrêter quelqu’un en lui disant qu’il était Guidé, mais il est difficile d’imaginer que je l’attaquerais, même si quelqu’un me Poussait. J’ai l’impression que d’une façon ou d’une autre je serais capable d’exercer mon libre arbitre. D’un autre côté, elle ne m’a sans doute pas consciemment entendu quand je lui ai dit qu’elle était Poussée. Dans son esprit, ce n’est peut-être pas moi qu’elle combat, mais plutôt un ennemi illusoire.

Si je ne peux pas la convaincre, je vais devoir l’arrêter d’une autre manière. Je décide de faire quelque chose qui n’est pas élégant, mais qui n’implique tout de même pas de frapper une fille. Avant de commencer, je dois me rappeler que nous sommes dans le Calme et que Mira ne souffrira que très brièvement — s’il est vrai que l’on peut souffrir lorsque l’on est Poussé.

J’évite quelques coups en cherchant une ouverture. Quand elle avance pour me donner un coup de pied, je vois une opportunité. J’attrape sa jambe avant qu’elle puisse m’infliger des dégâts. Cela me fait mal aux mains, mais on n’a rien sans rien. Je tiens fermement le pied de Mira et je le lève sans ménagement en l’air.

J’obtiens le résultat espéré : Mira tombe en arrière. Je suis surpris et soulagé qu’elle réussisse à atterrir en douceur, en tombant avec beaucoup plus de grâce que je ne l’aurais fait.

Son atterrissage n’est pas important, mais le fait d’être libéré de ses coups l’est, car cela me donne le temps de courir vers mon corps et je me presse de le faire.

En voyant le regard de douleur sur mon visage de statue, je me souviens que je suis sur le point de retourner à quelque chose de très désagréable, mais je touche mon bras figé sans hésitation.

Le monde est de retour, tout comme la douleur, qui me paraît en fait pire qu’avant.

Je me force encore à prendre de l’air dans mes poumons et en tenant mes bijoux de famille, j’utilise toutes mes forces pour ne pas tomber à terre. Si je tombe, cela ne finira pas bien pour moi.

Mira n’attend pas que je me remette de son coup. Elle profite de mon immobilité en me donnant un coup de poing au visage.

Ma pommette brûle, mais je n’en tiens pas compte. Cette douleur n’est rien par rapport à ce que subira ma fierté si une fille me bat à mort.

Son coup suivant vise mon estomac et je parviens à attraper son poignet de ma main gauche. Sans me rendre compte de ce que fait mon corps, je m’approche de Mira comme je l’ai fait pour nos millions de baisers. Seulement cette fois-ci, quand je suis tout près d’elle, je lui tourne autour. Je prends son bras avec moi jusqu’à ce qu’il soit plié en formant un angle étrange le long de sa colonne vertébrale, garantissant que tous ses mouvements seront extrêmement inconfortables. Si son coup de pied dans mes boules n’avait pas écarté ce genre de pensées, j’aurais trouvé cette position légèrement érotique.

Elle continue à lutter.

Merde. Je ne peux pas compter sur la douleur pour la maîtriser, pas dans ce cas précis. Elle se blesserait.

Je considère mes options et je fais quelque chose qui n’est pas inspiré par une formation aux arts martiaux. Je la serre dans mes bras de derrière, coinçant ses bras sur les côtés. Quand elle essaie de se dégager, je croise mes doigts autour de sa cage thoracique et je tiens bon. Debout de cette façon, avec mon entrejambe contre ses fesses et le bout de mes doigts frôlant ses seins, la situation passe de légèrement érotique à carrément chaude. Hé, le coup de pied de Mira n’a causé aucun dommage permanent : c’est une bonne nouvelle.

Tout érotisme disparaît immédiatement quand l’arrière de la tête de Mira touche mon visage. Heureusement, grâce à une espèce d’instinct des arts martiaux, je me suis penché en arrière à temps. J’ai mal au menton, mais au moins mon nez n’est pas cassé. Quand Mira rejette sa tête en arrière, je l’évite. Cette manœuvre du câlin n’est pas viable.

Du coin de l’œil, je vois un mouvement flou.

Exactement ce qu’il me faut, me dis-je avant de déphaser.

Les femmes flics que j’ai Guidées pour qu’elles protègent mes mères approchent. J’entre dans leur tête et je change leurs instructions, puis je retourne dans le monde réel.

J’évite encore quelques coups de tête de Mira avant que l’aide arrive.

Une femme costaude se place devant Mira et lui attrape les épaules et l’autre me pousse sur le côté. En un seul geste fluide, elle referme ses menottes sur le poignet droit de Mira. Avant même que je m’en rende compte, les deux mains de Mira sont fermement menottées.

— Bien joué, dis-je à la policière, même si elle ne s’en souviendra sans doute pas plus tard.

Elles posent doucement Mira sur le sol en ignorant ses coups de pied et ses cris.

Menottée et ébouriffée, mais essayant toujours vainement de m’atteindre, Mira ressemble à un zombie sexy. C’est surnaturel.

Je déphase.

Dans le silence de mon endroit protégé, je peux enfin réfléchir à ce qu’il se passe.

Quelqu’un fait à mes amis ce que j’ai fait à Kyle. Quelqu’un d’autre peut atteindre le Niveau 2, le monde des ténèbres psychédéliques qui ressemble si peu à notre réalité quotidienne.

Cette personne a Poussé mes amis.

Cette personne a-t-elle également essayé de me Pousser ? Je suppose que non. Si cela avait été le cas, j’aurais sans doute été attiré dans le Niveau 2 avec elle ou lui. Si cette personne peut entrer dans ma tête, elle m’aurait sans doute Poussé à me suicider, rendant toute cette épreuve avec mes amis et les policiers inutiles.

Alors qui est aux commandes ?

Je me souviens des signes d’un Pousseur découvert dans l’esprit de Kyle à la conférence scientifique, des signes sur lesquels j’avais voulu enquêter sans le pouvoir, parce que la tête de Kyle était en train d’exploser à cause du coup de feu de Victor. La ‘voix’ dans les esprits des policiers peut-elle appartenir au même Pousseur ? Bon sang, j’aurais aimé Lire Kyle suffisamment en arrière pour entendre les instructions. J’aurais alors eu un point de repère pour comparer cette voix.

Dans un souci momentané de politiquement correct, je décide d’appeler ce nouveau Pousseur mystère une ‘elle’ jusqu’à apprendre plus de détails. En outre, pour la différencier de tous les autres étant donné ce qu’elle peut faire, je l’appelle la Super Pousseuse. Pour autant que je sache, je pourrais avoir raison et il pourrait s’agir d’une petite amie puissante qui sortait avec Kyle sans que je le sache. Si la Super Pousseuse est en fait un homme, eh bien, l’appeler ‘elle’, c’est comme le traiter de salope — ce qui est approprié, puisque cette personne en est une.

Je fais le tour du cimetière et j’observe attentivement les environs. Quel que soit l’endroit où se trouve la Super Pousseuse, je suppose qu’elle n’aura pas pris la peine de marcher très loin dans le Calme pour Pousser mes amis, ce qui signifie qu’elle se cache peut-être dans ce cimetière. Je pense qu’il s’agit d’un des Guides de la veillée funèbre. Elle nous a sans doute suivis jusqu’au cimetière et se cache maintenant comme une lâche.

J’inspecte toutes les cachettes possibles dans un rayon d’environ quinze mètres avant de me rendre compte à quel point c’est futile. Il y a beaucoup trop de cachettes dans un cimetière. Il y a des cryptes avec des portes, de grands arbres, de grosses pierres tombales, des buissons et beaucoup d’autres endroits. Elle pourrait même être assise dans sa voiture sur le parking.

Attendez une seconde. En fait, c’est un endroit qu’il faudrait vraiment vérifier.

Je cours vers le parking en pensant que si j'étais cette Super Pousseuse, c’est là que je me trouverais.

Le parking est relativement vide, étant donné sa taille. Il y a une longue ligne de voitures de police sur un côté, je les vérifie en premier.

Deux minivans Honda Odyssey attirent mon regard, sans doute parce qu’ils sont garés juste à côté de la Crown Victoria de Lucy, si près que s’ils ne bougent pas, nous ne puissions pas sortir du parking.

Je m’approche du premier van et je reçois mon troisième choc de la journée.

À l’intérieur, je vois des silhouettes orange familières à tête chauve.

Les moines du Temple des Initiés.

Je reconnais même le Maître, le moine contre lequel je me suis battu à l’aéroport de Miami.

Merde. Je cours vers le second van. En plus d’autres moines, je trouve quelqu’un de pire.

Caleb.

Je ne sais pas pourquoi je suis si choqué de le voir ici, puisque je sais qu’il travaille pour les Initiés. Je suppose que j’espérais qu’il serait encore occupé avec les problèmes que ma tante lui avait causés à l’aéroport.

Mais non, le voici dans le siège passager avec un regard sombre et déterminé. Quoi qu’il lui soit arrivé, il va se défouler sur moi s’il en a l’occasion. Comme Eugene aime le dire, les problèmes n’arrivent jamais seuls.

J’essaie de rester calme. Ils sont sûrement ici pour me ramener au temple, afin que mes grands-parents et les autres Initiés puissent continuer à me persuader de ‘faire mon devoir’, ce qui pour eux signifie baiser Julia ou quelqu’un d’autre qui leur paraîtrait mériter de porter mon bébé.

Sauf s’ils ont deviné la vérité au sujet de ma nouvelle capacité. Alors, ils voudront m’utiliser pour faire ce qu’ils voulaient faire à ma descendance.

Non, cette possibilité n’est pas très probable.

Peu importe leur raison d’être ici, cela change tout.

J’ai tout juste réussi à leur échapper en Floride, et c’était dans un aéroport bondé sans qu’une Super Pousseuse me chasse.

J’hésite à attirer Caleb dans le Calme et à lui parler de cette Pousseuse. S’il me croit, il partira sans doute très vite. Après tout, la Super Pousseuse pourrait le contrôler aussi facilement qu’elle a contrôlé Thomas.

Cette pensée me glace le sang. Je déteste l’idée de gérer Caleb en général, mais en particulier si un ennemi invisible le contrôle. Bien sûr, il ne me croira pas, et le résultat le plus probable si je l’attire dans le Calme sera qu’il me rende Inerte, avec une minuscule chance que je puisse déphaser au Niveau 2 en approchant de la mort. Non merci. Cette option ne me va pas. J’ai besoin d’avoir mes pouvoirs si j’espère sortir d’ici en vie.

J’évalue mes possibilités en courant vers mon corps. Je ne mets pas longtemps à réaliser que je n’en ai qu’une seule : je dois courir afin d’attirer l’attention de cette Pousseuse et de ces moines sur moi et non mes amis et ma famille. Si j’ai de la chance, la Pousseuse et les moines pourraient se battre pour m’avoir.

D’un autre côté, je ne peux pas abandonner mes mères, Thomas et Mira ici. Et si la Super Pousseuse prenait le contrôle de Caleb et leur faisait quelque chose ?

Je retourne à l’enterrement et je forme un plan rapide.

Les hommes qui tiennent Thomas vont le lâcher, le menotter et le traîner jusqu’à Cypress Hills Street.

Les femmes qui tiennent Mira l’emmèneront à Forest Park Drive.

Je Guide mes mères pour qu’elles courent en direction de Jackie Robinson Parkway.

Tout le monde — les flics tenant Mira, mes mères, le quarterback et compagnie — a pour ordre de prendre un taxi et de me rejoindre au nouveau repère d’Eugene, le laboratoire que j’ai financé pour lui à Bensonhurst, Brooklyn.

Je Guide ensuite chaque personne restante, y compris le prêtre, pour retenir les moines et toute autre personne ne faisant pas partie de la cérémonie en cours. Comme la majorité de ces gens sont des policiers, je dois prendre la décision importante sur l’usage ou non de la force létale. Même si ces idiots habillés en orange m’irritent, ce ne sont que les outils des Initiés, et je répugne à les voir se faire tuer. Je Guide donc les officiers armés pour qu'ils vident leurs pistolets avant le début de cette opération, mais qu'ils agissent comme s’ils étaient armés et dangereux. Cela me semble un bon compromis.

Une fois que les préparatifs sont faits, je décide de quitter le Calme.

Je cours vers mon corps, je frappe contre mon corps figé et quand le monde redevient bruyant, je continue à courir.

Dans ma vision périphérique, je vois tout le monde agir pour exécuter mes ordres. Ce travail de Guidage de masse aurait fait la fierté de ma tante Hillary, qui s’en charge habituellement.

Je cours si vite qu’au bout de quelques minutes j’ai l’impression que mes poumons vont exploser. Je ne tiens pas compte de la douleur et je cours encore plus vite en me promettant de faire un peu plus de cardio dans ma routine sportive habituelle. Quand j’ai l’impression d’être sur le point d’avoir une crise cardiaque, je vois enfin la route qui borde l’herbe verte du cimetière. Je sais qu’il s’agit du quartier mal famé de l’est de New York derrière ce portail, mais cela n’entame pas ma joie. La clôture de deux mètres face à moi est le seul obstacle. Je grimpe par-dessus en faisant de mon mieux pour ne pas être empalé par les piques en forme de feuilles et je saute par terre avec précaution.

Quand j’atterris sur le trottoir sans me blesser, je regarde derrière moi. Je ne suis pas immédiatement poursuivi, mais ce n’est pas une raison pour me détendre et pour faire quelque chose de stupide, comme d’attendre qu’ils me rattrapent.

Je déphase et j’examine Jamaica Avenue, la rue qui se trouve devant moi. Sur ma droite, je vois le métro au loin et un arrêt d'autobus à un pâté de maisons. Pas possible. Je ne prends pas les transports en public dans cette partie de la ville. En outre, j’irais moins vite qu’avec une voiture. Je regarde de l’autre côté de la rue et je vois une Honda Civic terne.

Beaucoup mieux.

Je traverse, je m’approche de la Honda figée et j’ouvre la portière du conducteur. La femme ronde à l’intérieur doit être passée à l’épicerie, car elle porte un sac plastique rempli. Je touche son front et je me concentre. Une fois que je suis dans sa tête, je la Guide :

Regarde de l’autre côté de la rue. Ce beau jeune homme est ton neveu. Tu as décidé de lui prêter ta voiture. Tu vas laisser la voiture en marche avec les clés dessus et trouver un taxi. Ton neveu gardera peut-être la voiture pendant quelques jours. Tu ne t’inquiéteras pas pour ton véhicule et tu ne feras pas une déclaration de vol. Dans quelques jours, tu te souviendras l’avoir laissé à une location de voitures Hertz à Bensonhurst. Quand tu iras le chercher, tu n’oublieras pas de regarder dans la boîte à gants, où ton neveu a laissé mille dollars pour toi.

Je suis content de mon travail et j’espère pouvoir utiliser cette voiture pour récupérer le reste de l’équipe, ce qui serait beaucoup mieux que de les faire chercher des taxis.

Je sors du Calme et je suis frappé par la fatigue d’avant. Je l’ignore. J’ai assez de force pour un sprint final de l’autre côté de la rue. Ainsi déterminé, je cours vers ‘mon’ véhicule.

Quelque chose attire mon attention.

La dame que je viens de Guider me regarde en écarquillant les yeux. Elle me fait des gestes et sa bouche bouge comme si elle criait, mais les fenêtres de la voiture étouffent ce qu’elle dit. Je décide qu’elle doit être heureuse de voir son ‘neveu’. Pour rire, je lui fais signe de la main... et à ce moment-là, j’entends un crissement de pneus et je ressens un coup violent de fin du monde.

Merde, me dis-je en volant.

Ma tête frappe quelque chose de dur et je perds connaissance.

4

Je me réveille avec la nausée.

Ai-je la gueule de bois ?

J’ouvre les yeux.

La lumière me fait mal, alors je les referme. Je m’examine et je me rends compte que je n’ai pas mal qu’aux yeux. Mon corps est comme un gros hématome.

La nausée empire et ce n’est pas parce que je suis ivre. J’ai plutôt l’impression d’être terriblement malade en voiture. Puis je comprends : je suis dans une voiture et l'on me conduit quelque part.

J’ouvre les yeux et je me force à les focaliser malgré la douleur. Je vois passer des rues de Brooklyn délabrées. La voiture dans laquelle je me trouve roule assez vite et avec beaucoup d’à-coups, ce qui contribue à ma nausée. Je suis content d’être dans le siège passager : quand je suis malade en voiture, c’est généralement pire quand je suis assis à l’arrière.

Des bribes de ce qu’il s’est passé me reviennent.

Je traversais la rue, puis quelque chose s’est produit.

Je décide de déphaser pour comprendre dans le Calme. Surchargé d’adrénaline, j’entre facilement dans le Calme. Quand le bruit du moteur a disparu, je remarque que c’est également le cas de ma nausée.

Quand je ne me sens plus malade, la situation devient plus claire. Pour commencer, je reconnais la femme au volant. Je me souviens l’avoir Guidée à me donner sa voiture, celle dans laquelle nous nous trouvons. Pourquoi conduit-elle ? Elle était censée me laisser sa voiture. Et où allons-nous ?

Il n’y a qu’un moyen de le savoir. Je tends la main et je touche son front.

Nous regardons de l’autre côté de la route. Notre neveu est sur le point de traverser. Il regarde à droite, mais il ne regarde pas à gauche.

Il n’a jamais été un fan de la sécurité, notre neveu, pensons-nous en voyant la limousine foncer dans sa direction.

— La voiture, hurlons-nous en faisant signe de la main. Attention !

À quoi pense ce conducteur ? Est-il drogué ? Nous sentons monter notre pression sanguine.

Notre neveu nous fait signe et ne remarque pas la voiture qui est sur le point de le frapper. La limousine essaie de freiner. Nous entendons le bruit effrayant des pneus crissant sur la chaussée, mais en vain. La voiture frappe notre neveu.

Il vole contre le pare-brise qui vole en éclats.

Nous sortons de notre voiture en hurlant.

Un homme mince au crâne dégarni sort de la limousine.

— Espèce de chauffard ! crions-nous contre lui. Vous avez bu ?

— Il... il est sorti de nulle part, bafouille l’homme. Je le jure.

— Taisez-vous et aidez-moi à le mettre dans ma voiture, disons-nous après avoir examiné le garçon.

Heureusement, il a l’air intact et sans rien de cassé visiblement.

— Je vais le conduire à l’hôpital. Il pourrait avoir une commotion cérébrale...

Moi, Darren, je me dissocie. Il est intéressant de noter comment elle m’a vu et inventé toute une histoire à mon sujet pour expliquer les événements dont elle était témoin. C’est ironique, mais je suis d’accord avec son analyse fictive. J’ai été stupide. Je n’ai pas vérifié la route avant de traverser alors que je le fais d’habitude. Si je devais faire porter la responsabilité à quelque chose, ce serait à mon voyage précédent dans le Calme. J’avais traversé cette route un moment plus tôt en étant dans le Calme, alors quand j’en suis sorti, j’ai juste répété la même action, sans réfléchir. J’étais complètement concentré sur la Honda et sur le fait de récupérer mes amis et ma famille. Alors d’une certaine manière, c’est de la faute des moines et de la Super Pousseuse.

En parlant d’eux, combien de temps s’est écoulé depuis l’accident ? Les autres s’en sont-ils sortis ?

Bien décidé à le découvrir, je sors de la tête de ma ‘tante’.