Les bras en croix - René Maurice Dereumaux - E-Book

Les bras en croix E-Book

René Maurice Dereumaux

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Beschreibung

"Les bras en croix retrace le destin de Marie, femme de foi éperdue, déchirée entre ferveur religieuse et tourments spirituels. À la naissance de sa fille Evy, qu’elle perçoit comme le signe d’une mission divine, s’entrelacent espoir, mystère et transcendance.Mais, tandis qu’Evy grandit dans un univers imprégné de dogmes, son regard d’enfant, puis de jeune femme, fissure peu à peu les certitudes. En quête de vérité, elle confronte sa foi aux doutes, au silence de Dieu, et à la complexité de l’amour sacré. Guidée par les paroles sages et bienveillantes de sœur Emmanuelle, elle entame un cheminement intérieur fait de remises en question, de révélations et d’apaisement.Ce récit explore les zones d’ombre et de lumière de l’âme humaine, interrogeant le sens de la foi, la nature du péché, et la puissance rédemptrice de l’amour divin."

 À PROPOS DE L'AUTEUR

René Maurice Dereumaux voit la littérature comme un précieux vecteur de transmission. Auteur de plusieurs ouvrages, il a notamment publié "L’organisation internationale de la francophonie – L’institution internationale du XXIe siècle chez L’Harmattan" en 2008 et "L’étonnante danse de l’âme" aux Éditions Baudelaire en 2020. Dans "Les bras en croix", il se livre librement sur la spiritualité qui a secrètement guidé sa vie.

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Seitenzahl: 391

Veröffentlichungsjahr: 2025

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René Maurice Dereumaux

Les bras en croix

Roman

© Lys Bleu Éditions – René Maurice Dereumaux

ISBN :979-10-422-6850-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Diplômé d’HEC (E.99), titulaire d’un doctorat en sciences de gestion ainsi que d’un mastère en diplomatie, René Maurice Dereumaux a déjà publié plusieurs ouvrages :

– L’étonnante danse de l’âme, Éditions Baudelaire, 2020 ;
– Dans la tête d’un Asperger, Max Milo, 2018 ;
– Les fabuleuses rencontres d’un enfant en chemin,Altess, 2011 ;
– Le Luxe, application à l’industrie du meuble – De l’atelier au marché international, Universitaires Européennes, 2011 ;
– L’Organisation Internationale de la Francophonie – L’institution internationale du XXIesiècle, L’Harmattan, 2008.
– 

Servi par une écriture ciselée, empreinte de poésie, d’humour avec un ton parfois insolent, voire iconoclaste, ce roman nous révèle une jeune fille, en quête de vérités et de remèdes, qui n’hésite pas à déboulonner les idées reçues sur la religion catholique qu’elle revisite fondamentalement, ce qui lui permet de nous proposer, à l’âge adulte, une approche pour le moins audacieuse de la spiritualité.

I

Marie avait espéré que l’ange la visite, mais elle se disait qu’aujourd’hui, avec tout le trafic occasionné par les avions, les satellites, les drones… le chemin était très certainement devenu beaucoup trop dangereux…

Sur les réseaux, elle était en quête d’un géniteur. Afin de polliniser sa petite fleur, elle le choisit parce que le prénom qu’il annonçait était David et qu’il semblait plutôt bien charpenté ! Elle avait opté pour « Immaculée » comme pseudo.

Afin de ne pas faire capoter l’affaire, le condom avait été préalablement et discrètement percé…

Après l’acte, à son corps défendant, elle méprisa son esprit qui n’avait pas été dans la capacité à empêcher le plaisir que son intimité lui avait fait ressentir.

Marie se dit alors que les voies du Seigneur n’étaient pas toujours impénétrables…

Chaque mère veut le meilleur pour la chair de sa chair. Pour son fils, Marie nourrissait d’ambitieux desseins. Pas celui de devenir footballeur, rappeur, influenceur… Non ! Beaucoup mieux que cela…

Pour Marie, avoir un garçon n’était nullement porté par un désir bassement maternel ! Ce besoin trouvait son origine dans une mission divine dont elle seule savait secrètement les tenants. Et surtout les aboutissants.

En confession, Marie, dont c’était le 4e prénom à l’état civil, tentait toujours de confier ses ambitions, ses aspirations pour son fils en gestation. À un prêtre qui l’avait finalement questionnée, elle avait répondu qu’elle le voyait dans le ciel.

— Pilote ?
— Plus haut.
— Plus haut que pilote ?
— Oui !
— Astronaute ?
— Plus haut.
— Plus haut qu’astronaute ?
— Oui.

Quand le prêtre lui avoua qu’il ne voyait pas vraiment de quoi Marie lui parlait, elle lâcha dans un léger soupir mal contenu : « Encore plus haut ! Beaucoup plus haut ! » Ce qui avait eu pour conséquence une levée des yeux du prêtre vers le ciel, exprimant non pas un regard dans la direction indiquée par Marie, mais un réflexe d’incompréhension totale ! Voire aussi une certaine saugrenuité, heureusement cachée par le grillage protecteur de l’isoloir.

Quand l’enfant fut né, quelle ne fut pas sa consternation lorsque la sage-femme lui présenta le bébé : une fille ! Comment était-ce possible ? Il devait y avoir erreur sur la marchandise ! Elle attendait un garçon ! Une fille ne pouvait sortir de ce corps…

Dans un premier temps, Marie refusa tout contact avec cet enfant ! même visuel.

Lorsqu’on lui demanda néanmoins un prénom pour sa fille, Marie n’en avait aucun en tête ! Au grand dam des infirmières, elle répétait inlassablement, dans des délires préoccupants, que son fils devait s’appeler : « Salvator ! Salvator ! »

Qu’elle savait signifier : « Le Sauveur ! »

Dès qu’elle se retrouvait seule dans sa chambre, elle interrogeait le Seigneur avec véhémence sur cette incompréhension qui l’habitait dans tout son être : « Comment as-tu pu te tromper ? Me tromper ! Pourquoi m’avoir enfanté une fille ? » Puis elle se perdait dans un sanglot désespéré avant de sombrer dans une aphasie inquiétante.

Il est important de préciser que depuis cette nuit où, enfant, Marie avait entendu une voix masculine pas totalement inconnue et fortement avinée qui lui avait indiqué qu’elle mettrait au monde un nouveau messie, elle parlait directement au Seigneur de tout ce qui composait sa vie, des détails comme des faits importants.

Toujours à voix basse, toujours cachée…

Après plusieurs longs jours d’attente et beaucoup de potions amères, avec le « a » non pas d’origine grecque qui exprime la privation, mais bien évidemment avec celui d’origine latine qui marque le but, elle finit enfin par choisir un prénom. Sa fille s’appellera Evy.

Parce qu’en hébreu « Ève » signifie « source de vie », mais aussi parce que dans la Bible, plus précisément dans l’Ancien Testament, c’est Dieu qui crée Ève, la première femme sur notre terre.

Et aussi un peu parce qu’Ève est à l’origine du péché originel…

Quant au Y, ne représente-t-il pas fièrement le chromosome caractéristique d’un petit boy !

Rentrée chez elle, Marie tentait de se réconforter comme elle le pouvait face à cette fille ! Sa fille comme le lui rappelait fréquemment son entourage ! Elle se disait qu’au fond, Dieu devait avoir de bonnes raisons d’avoir fait ce choix ! Et puis savoir que le symptôme du Baby Pinks n’existait pas, ce n’était déjà pas si mal… Alors elle se mettait à fredonner : « Elle est née la divine enfant… »

Au fil du temps, Marie se révéla étonnamment très précautionneuse dans son rôle de mère, comme pour la toilette d’Evy qui bénéficiait exclusivement de lingettes afin d’éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain…

Certains la questionnaient sur le père que personne ne voyait et dont Marie ne parlait jamais. À quoi bon un mari à tout prix ! pensait-elle secrètement. Cette ascendante vierge entendait bien les inquiétudes qui s’exprimaient plus ou moins ouvertement sur le fait qu’une fille a besoin d’un père pour être éduquée, ce qui la faisait intérieurement sourire ! Oui, sa fille avait un père ! Le Père. Alors, à quoi bon vivre avec un Herr Satz ! D’une autre langue en plus !

Une personne rencontrée dans la rue l’avait rassurée quant à l’identité de sa chérubine : « Doux Jésus, comme elle est mignonne ! Un vrai petit ange ! » D’autant plus, s’était dit Marie, que son enfant lui réclamait avec insistance d’être oint !

Au chirurgien qui l’avait interrogée avant une intervention dans le cadre d’une hyménoplastie, elle avait chuchoté que la cause était due à un écart :

« Un grand écart ! » avait-il professionnellement ajouté…

Marie s’était surtout sentie rassurée quand le médecin lui avait répondu, surpris par sa question, que non le mot plastique ne vient pas du mot plastie !

Marie avait lu la Bible. Relue. Et relue encore… Mais elle ne se sentait pas dans la capacité à éduquer spirituellement sa fille qui grandissait trop vite, qui semblait lui échapper. Dans sa tête se télescopaient tous ces nombreux personnages aux noms bizarres et changeants, ces différentes époques et lieux improbables, et surtout toutes ces histoires beaucoup trop complexes qui provoquaient en elle un embrouillamini des plus indigestes…

Il lui fallait absolument être aidée ! Marie priait beaucoup en ce sens. Comme pour le Christ en son temps, il fallait dispenser à Evy une formation de grande qualité pour l’Ancien Testament et en plus pour elle, le Nouveau Testament. Ces précisions étant bien évidemment gardées secrètes pour l’instant.

Sœur Emmanuelle dans un premier temps fut pour le moins réticente, mais charité oblige, elle accepta finalement la mission de permettre à Evy de recevoir une éducation catholique de qualité. Un premier rendez-vous fut fixé.

Pour leur première rencontre, Sœur Emmanuelle avait demandé à Marie qu’Evy amène un écrit sur un sujet libre.

Elle ne fut pas déçue !

II

Au plus loin qu’elle puisse remonter dans sa mémoire, dès qu’elle ressentait une injustice, ce qui lui arrivait assez fréquemment, qu’elle était bouleversée par une incompréhension, Evy allumait sa tablette et elle écrivait. Elle noircissait des pages entières. Parfois, elle les rougissait. Elle aurait même souhaité graver les mots afin qu’ils soient le juste reflet de son courroux.

Evy se souvenait avec précision de leur toute première rencontre, la lettre qu’elle venait d’écrire évoquait en son début combien elle se sentait heureuse, aimée, insouciante entre une Maman un peu, beaucoup, déglingos comme lui disaient ses copines, ce qui la faisait rire… son amie Léa, sa Mamie et son chien Bandit.

Mais tout ce bonheur, c’était avant comme le relatait la plus grande partie du courrier.

Avant qu’Il n’arrive. Parce que dès que Dieu lui a été révélé, c’est à ce moment précis que tout a commencé. Ou plutôt tout a fini ! Finies les espiègleries, les cachotteries, les bêtises. Parce que Dieu voit tout, entend tout, sait tout, alors sont arrivés les péchés, les regrets, les craintes, les peurs. L’effroi. L’enfer. Satan. Et comment évoquer ce Christ, crucifié pour chacun, donc pour elle et pour son salut !

Rien que cela ! Désormais dans chaque village elle découvrait, effrayée, une statue souvent en piteux état, révélant cet homme à taille humaine, livide, agonisant sur une croix et mort pour elle ! Pour ses péchés !

Arrêtez-vous ! C’est quoi ce cauchemar ! Rendez-vous compte du choc que peut provoquer cette révélation sur un tout petit être rêveur, candide, un peu malicieux, voire de temps en temps espiègle, avait-elle écrit… elle avait ajouté puisque Dieu m’a enlevé mon innocence, à Lui de m’expliquer dans quel but, pour quel intérêt Il agit ainsi…

Désormais, elle savait qu’elle ne parviendrait plus jamais à regarder le monde avec ses yeux d’enfant.

Aussitôt la lettre imprimée, elle l’avait enfouie au fond de la poche de son bermuda et traînant les pieds, elle s’était rendue au dispensaire, habitée par une tristesse sombre.

Ce qui l’avait interpellé d’entrée, c’était le calme qui se dégageait de Sœur Emmanuelle, Evy ne semblant aucunement impressionnée par l’accoutrement austère, solennel, voire folklorique, de la Dame à qui elle avait fièrement tendu le courrier chiffonné.

La Dame l’avait pris délicatement et lui avait proposé d’en faire la lecture puis de le commenter. Cette proposition n’était pas pour déplaire à Evy, bien au contraire, même si elle trouvait la situation étrange, bizarre, voire insolite. Enfin, quelqu’un allait lire ce qu’elle ressentait !

La Dame avait lu doucement, posément ce courrier qui l’avait interpellé par sa franchise. Feignant très certainement d’ignorer les fautes d’orthographe, elle lui avait souri, lui demandant dorénavant de vivre toutes les questions légitimes qu’elle se poserait au sujet de la foi ou bien d’autres sujets, de manière paisible. En prenant le temps de réfléchir, d’écrire et éventuellement de lui envoyer. Ainsi elles échangeraient par courriel ce qui leur permettrait de garder une trace de leurs conversations. Puis elle lui avait accordé bien volontiers qu’il pouvait sembler perturbant, douloureux, déchirant de quitter un certain confort de certitudes, mais il y avait parfois des enseignements qui permettaient de découvrir un monde insoupçonné et ainsi de grandir.

— Dans la joie ou dans la douleur ? avait ajouté Evy.

— Petit à petit, répondit la Dame, tu découvriras que pour certains la croix peut être considérée comme une source de vie, que le Christ n’est pas réellement mort et que Dieu t’aime, bien au-delà de ce que tu peux imaginer ! Mais pour être tout à fait transparente avec toi, à la question légitime de savoir s’il faut tout comprendre pour croire, je dirais très humblement que mes propos sont une interprétation très limitée des textes et qu’il est nécessaire d’accepter que certains évènements nous dépassent…

Le sujet de leur deuxième échange évoquait le catéchisme et les textes tristes jamais proposés, mais toujours imposés. Il évoquait également la messe dans une église froide dans laquelle les gens cherchent des places stratégiques, chuchotent et sont méconnaissables dans leurs attitudes, comme s’ils faisaient des messes basses ! D’habitude gentils, amusants même pour certains, ils deviennent sitôt le porche passé, de véritables inconnus qui comme un seul homme se lèvent, s’assoient, chantonnent, se taisent, toussent, remuent. Parfois même bruyamment. En fait, qui manifestement s’ennuient. Comme elle. Et cette statue de Jésus qui la poursuit partout !

La Dame lui indiqua que Dieu nous aime sans calcul, généreusement. Puis elle l’invita à prier. À entrer dans la prière jusqu’à l’habiter et se laisser habiter par elle. Considérer la prière comme médicament de l’âme.

— Quelle drôle d’idée ! répondit Evy. Jusqu’à présent, le mot prier que j’ai entendu ne s’exprime jamais dans un contexte positif ! comme par la prof de maths qui hurle souvent en cours : « Je vous prie de vous taire ! » Alors que : « Je vous prie de rigoler ! » aurait quand même beaucoup plus de gueule et serait encourageant…

La fois suivante, Evy évoqua la famille qui n’est pas simple : il y a son père qu’elle ne connaît pas, sa mère qu’elle n’est pas certaine de bien connaître, il y a le père Noël auquel elle ne croit malheureusement plus, et maintenant il y a Notre Père qui est aux cieux et qui, dit-on, l’aime sans qu’elle ne puisse jamais Le voir… Tantôt, Il est vieux, barbu. Tantôt, Il est plus jeune, mort sur une croix. Tantôt, il est représenté en colombe…

Le monde d’un coup est devenu très compliqué… Moche !

La Dame lui avait répondu qu’Evy était beaucoup plus aimée que ce qu’elle voulait bien croire !

Lors d’un autre échange avec la Dame, Evy ne semblait être habitée que par une obsédante interrogation ! À quoi bon se confesser, avait-elle dit !

La Dame lui avait demandé de lui expliquer les détails concernant son expérience de la confession.

Evy lui avait annoncé que le prêtre, sévère dans son habit comme dans son expression, avait lourdement insisté devant un parterre de pauvres enfants effrayés qu’il était impératif de lui avouer nos péchés ! Tous nos péchés ! À lui le prêtre, mais surtout à Lui en levant l’index en direction du plafond !

« Comme Dieu sait tout, à quoi bon Lui révéler ce qu’Il sait déjà ! » avait pensé Evy.

Elle ajouta être un peu gênée à l’idée de devoir confier pratiquer des caresses ou regarder des sites pour adultes qui l’enverraient directement en enfer ! Et comment soutenir le regard du prêtre dans la rue après des révélations des plus intimes sans être couvert de honte ? Parce que Dieu, personne ne L’a vu ! alors que le prêtre, parfois elle le croise et la situation pourrait s’avérer gênante… Au moins pour elle !

La Dame lui répondit qu’avant tout, il était important d’essayer d’identifier ce qui relève du péché ou non ?

Le péché existe dès lors que consciemment et concrètement tu as le sentiment d’avoir créé une distance entre toi et l’amour que Dieu t’offre. Elle poursuivit : « Tu vois à travers cette courte définition que tu peux déjà te sentir un peu rassurée par rapport aux craintes que tu as évoquées ! Et puis, il existe le pardon. Le pardon de Dieu qui, dans sa généreuse clémence, nous pardonne nos péchés si nous en faisons la demande sincère et repentante en présence d’un prêtre. »

« Bof ! » pensa Evy.

— Au pays des nuages, l’ennui existe-t-il ? demanda Evy avec un léger sourire malicieux.

— Pour qu’il y ait ennui, il faut nécessairement qu’il y ait une notion de temps.

Or cette dimension n’existe pas au pays des nuages comme tu le nommes ! Quand le Christ était parmi nous avant sa résurrection, il se trouvait dans un temps d’humain avec un corps qui mange, boit, dort. Qui vieillit.

— Qui souffre !

— Oui ! Mais depuis qu’Il est monté au ciel, assis à la droite du Père, Jésus se trouve dans un espace dans lequel le temps n’a plus aucune prise puisque cette notion de temps n’existe pas. Il se trouve désormais dans l’éternité en compagnie du Dieu Éternel. L’éternité n’ayant aucun début et aucune fin, elle pourrait s’assimiler à un présent qui est permanent alors que l’immortalité…

— À un début, mais pas de fin !

— En effet ! Pour celles et ceux qui pourront accéder au Royaume, l’Éternité sera une dimension nouvelle, divine qui leur sera offerte. Ils seront dorénavant délivrés de tout ce qui nous pèse.

— Ici-bas ne dit-on pas que le temps guérit les blessures, alors comment une guérison peut-elle exister après notre mort sans une notion de temps ?

— Sans présumer des mystères de la vie après la mort, après une expérience de purification, les âmes généreusement libérées de toutes leurs blessures sont accueillies paisiblement dans ce présent désormais permanent que nous venons d’évoquer.

— Le paradis ?

— Oui, une sorte de paradis, mais que nous ne pouvons pas appréhender puisque nous sommes incarnés…

— Vivre sans crainte de l’apparition des rides, voilà une chouette définition du paradis pour ma mère !

— Est-ce que les châtiments que Dieu nous impose le rendent meilleur ? Y trouve-t-il son compte ?

— Répondre positivement à ta question, Evy impliquerait une connotation vindicative de la part du Seigneur, voire sadique ! Heureusement, il n’en est rien ! Si l’on évoque des supplices infernaux infligés aux damnés, ils concernent des cas extrêmes pour lesquels les concernés ont manifestement dépassé toutes les limites acceptables, ont refusé à maintes reprises la main tendue du Seigneur et ont rejeté sa miséricorde.

Inutile d’ajouter que ces cas extrêmes affligent profondément le Seigneur qui est heureux lorsque nous le sommes !

— Il ne doit pas l’être souvent !

— Je vais tenter de répondre à ton interrogation de ce jour, Evy, sur la signification de ce passage évangélique hautement symbolique qui t’interpelle : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Comme tu l’as déjà compris, la nourriture est physique. En effet, manger, mais également préparer un repas relèvent du sacré. Ils peuvent représenter un acte spirituel fort s’ils sont réalisés dans un esprit de partage avec l’autre. Avec soi. Comme une offrande. Mais la nourriture peut aussi être spirituelle : celle des livres, des prières, des chants, des rencontres, des célébrations, de la pratique des vertus…

La Dame ajouta que quand Jésus sur la croix déclare : « J’ai soif », il nous faut peut-être comprendre qu’il a aussi soif d’Amour. Amour du Père, mais aussi du nôtre. Parce qu’une âme douloureusement bouleversée peut parfois laisser à la bouche un détestable goût de cendres.

— Comme une taffe de cigarette ?

— C’est un peu l’idée en effet, mais en plus violente…
— Je t’accorde bien volontiers que certains passages bibliques sont parfois difficiles à comprendre, comme certains évènements de la vie. C’est pourquoi je ne peux que t’encourager à demander l’aide d’une personne de confiance afin de t’éclairer. À moi comme tu le proposes gentiment, mais aussi à plein d’autres en qui tu penses pouvoir avoir confiance ! Et aussi prier afin que le Seigneur entende tes demandes. Il est surtout sain que tu te serves de ton intelligence pour questionner, pour déranger, mais aussi de douter et d’exprimer tes doutes. Ainsi aidée de la Grâce, tu pourras discerner par toi-même, à ton rythme, librement.

— D’où l’expression : À la grâce de Dieu !

— Il paraît que le Pape fait des bulles ?

Cette question fit sourire la dame.

— En latin, le mot « bulla » se traduit par le sceau ce qui signifie qu’une bulle papale est un document pontifical officiel qui est scellé soit d’un sceau de cire, de plomb, d’argent ou même d’or selon l’importance donnée par la diplomatie pontificale au décret du pape, qu’il s’agisse de convocations de concile, de nominations, d’appel de Jubilé comme la bulle du Pape François de 2015 « Misericordiae vultus » concernant le Jubilé de la Miséricorde…

Evy préférait imaginer le Pape soufflant dans un cerceau afin d’envoyer dans le ciel de grosses bulles joliment colorées…

— À quoi bon être ou non baptisé ? Mes copines ne le sont pas !

— Le monde se déchristianise irrémédiablement. Nous pouvons constater qu’un nombre conséquent de catholiques désertent les églises, s’éloignant des promesses de leur baptême et ne favorisant pas de facto celui de leurs enfants… Le premier des sacrements qu’est le baptême permet d’obtenir une force. Pas celle de croire, mais de persévérer. Avancer sur le chemin à son propre rythme en faisant confiance à Dieu, se laisser porter par la foi, se laisser guider par le Seigneur qui nous montre des signes rassurants dès lors que notre vigilance est présente. Considérons si tu le veux bien le sacrement baptismal comme un début de tout ce qui représente l’ordre des cérémonies et des prières qui compose le culte catholique, appelé la liturgie.

— Comme Dieu est au ciel, est-ce un baptême de l’air ?

— Je préfère ne pas répondre…

— Jésus a-t-il été baptisé ?

— Jésus est entré dans l’Histoire au moment même où il a été baptisé dans les eaux du Jourdain par Jean-Baptiste. Cette rivière, dont le mot en hébreu signifie descente, se situe dans les entrailles de la terre, à moins 400 mètres ! d’où la symbolique très forte que nous témoigne Jésus d’une entrée dans une vie nouvelle, à travers le baptême qui nous extrait d’un monde obscur dans lequel nous sommes enfermés, du passage de la vie à la mort. Et c’est parce que Jean-Baptiste a bien compris que Jésus était l’envoyé de Dieu, qu’il va prononcer cette phrase lors du baptême de Jésus : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Cette même phrase est répétée au cours de la messe, juste avant la communion afin que nous nous souvenions de cet agneau de Dieu qui va offrir sa vie afin de nous libérer du péché.

— Pourquoi un agneau ?

— Dans l’Ancien Testament, Evy, les Juifs célébraient la Pâque en immolant un agneau : l’agneau pascal.

— Pauvre bête !

— Jean-Baptiste, poursuivit la Dame, a souhaité garder cette tradition en qualifiant Jésus d’Agneau de Dieu qui accepte de se laisser mener à l’abattoir pour nous délivrer du péché.
— Un peu bizarre cette histoire, réagit Evy. Comment un agneau peut-il s’occuper de brebis égarées ?
— Il est important, lui répondit la Dame, que tu intègres sérieusement désormais la notion de paraboles.

— Pourquoi s’exprimer avec plein de paraboles dans les textes sacrés ? À force, ça devient un peu barbant, si vous me permettez !

— Parce qu’à l’époque où les paraboles ont été écrites, peu de personnes étaient capables de lire les textes. Le mot parabole vient du grec qui signifie comparaison. La parabole comporte souvent 2 parties : le récit et la morale qui en découle. L’utilisation des paraboles, donc d’images, favorise la compréhension d’une idée, elle permet de mieux la mémoriser et ainsi d’être plus facilement transmise.
— Oui, tu as raison, les Ancêtres n’interprétaient pas les Écritures comme nous pouvons effectivement le faire de nos jours. Je t’accorde que lorsque tu lis la Bible aujourd’hui, tu peux trouver des lectures qui se révèlent littérales et d’autres, beaucoup plus actuelles. Mais ce qui en fait un livre d’une étonnante richesse, ce sont aussi ces paraboles magnifiquement dessinées, pleines d’enseignement, riches et tellement variées.

— Que faut-il garder en mémoire ? Il y a tellement d’infos !

— Pour nous, faire mémoire, c’est actualiser un évènement du passé. Donc confirmer la résurrection du Christ qu’il nous est permis de vivre, de revivre à chaque fin d’Eucharistie, à chaque fin de messe, après avoir fait mémoire de la Pâque. « Vous ferez cela en mémoire de moi… » a dit le Seigneur à ses disciples après avoir consacré le pain et le vin. Voilà ce qu’il nous est essentiel de garder en mémoire.

— Rien d’autre ?

— Bien sûr, plein d’autres moments sont à garder en mémoire. Mais peut-être pas au détriment de ce moment unique qu’il nous est permis de partager avec le Seigneur dans notre mémoire commune à nous les humains. Après à toi, selon ton humeur, tes envies, de choisir certains passages de la Bible, d’en écarter d’autres que tu reprendras peut-être plus tard…

Si Evy aimait cette idée d’avoir le choix, de pouvoir décider librement, elle trouvait néanmoins lourdingue tout ce contexte…

— Pourquoi Jésus n’a-t-il rien écrit ?

— Socrate, Confucius, Bouddha comme Jésus ont profondément marqué l’humanité, mais n’ont jamais écrit une seule ligne. Ils ont fait confiance à la transmission orale puis écrite de leurs disciples. Sachant que Jésus est de loin le cadet de tous ces personnages.

— S’en est-il inspiré ?

— Je ne le pense pas !

— Dieu seul le sait !

— Que penser des miracles ?

— Il semble salutaire que tu doutes. Même si les miracles du vivant du Christ ont été attestés par quasiment tous les Apôtres, chacun peut librement croire ou non ! tout en reconnaissant que chaque évènement évoqué ne peut être affirmé avec certitude, que ce soit historiquement comme scientifiquement.

— Ma mère se met parfois en colère, ce qui me perturbe beaucoup !

— Il est important qu’une colère s’exprime. Pour être en bonne santé, il est préférable qu’elle soit évacuée et ainsi qu’elle puisse libérer l’âme. Mais peut-être faut-il te poser la question de ta responsabilité dans cette colère qui peut habiter ta mère ?

— Vous êtes toujours là ? Je ne vous lis plus !

Un jour, Evy annonça à la Dame qu’elle souhaitait construire une arche dans laquelle elle emmènerait sa mère, ses copines, ses peluches, ses jouets, sa Mamie et aussi la Dame ainsi que tous les animaux qui peuplent la terre dont bien évidemment Brigand. Sauf les araignées qui lui font horriblement peur !

— L’histoire que tu évoques figure dans le livre de la Genèse, elle concerne un navire qui fut construit sur l’ordre de Dieu afin de sauver Noé, sa famille et les animaux du Déluge qui était imminent.

— Pourquoi Noé et pas les autres ?

— Dieu a décelé dans le cœur de Noé qu’il était une personne d’une grande intégrité, toujours à son écoute.

— Pourquoi Dieu a-t-il décidé de provoquer un déluge ?

— Parce que Dieu a découvert la violence qui habite les hommes et qu’il a décidé d’y mettre fin. Les pluies diluviennes vont durer 40 jours et 40 nuits…

— C’est archi flippant ! Déjà qu’à quai, par beau temps, j’ai le mal de mer…

— La paix dans ce bas monde est fragile, il suffit de regarder chaque jour les journaux pour en prendre conscience ! Après qu’Il fut ressuscité, les Écritures nous indiquent que le Christ disait à ceux qu’Il rencontrait : « La paix soit avec vous. » Depuis plus de 2000 ans, où se trouve cette paix promise !

La Dame lui demanda de réfléchir à l’idée que cette paix qui nous est proposée peut nous permettre d’être confiants en nous ôtant la peur. Le Christ a pu connaître Lui aussi l’inquiétude, mais en s’en remettant au Père Il a vaincu la peur et a ainsi connu la paix. Nous sommes des Enfants de Dieu, ajouta-t-elle, c’est pourquoi nous n’avons pas de crainte quant à l’amour divin qui nous est offert.

— Mais comme toutes mes copines, nous sommes remplies de peurs, de craintes, d’angoisses ! Nous ne nous sentons pas aimées !

— Dieu nous aime inconditionnellement et c’est le travail de toute une vie que de le découvrir, ajouta la Dame.

— Si vous le dîtes ! ajouta Evy.

— Comment ne pas être dans le péché, demanda Evy, avec une détermination non feinte ?

— Le péché commence par une mauvaise pensée, mais il faut ajouter de suite qu’il est orgueilleux d’espérer ne jamais avoir de mauvaises pensées.

Ne cherchons pas à être des surhommes, des surfemmes, encore moins des demi-dieux. Nous sommes des mortels et le péché est notre condition d’humains.

— Dieu a fait l’homme et l’homme le péché !

— Inutile de se battre pour n’avoir aucune pensée ! Laissons-les venir à nous et si elles nous semblent mauvaises ne les suivons pas. Elles vont continuer leur chemin loin de nous.

— Mais nous sommes des esclaves du péché ! alors, partant de ce constat comment s’en affranchir ?

— En essayant très certainement d’en commettre le moins possible Evy et lorsque l’on prend conscience de leurs réalités, se confesser.

— Encore le prêtre ?

— Et oui, le prêtre est le seul moyen dont nous disposons pour nous confesser. Toi comme moi. C’est ainsi. Ainsi soit-il !

— Dommage qu’il en soit ainsi ! ajouta Evy ne cachant pas son dépit !

— Lors de la confession, reprit la Dame, les dangers consistent à se présenter en étant soit irréprochable ou soit honteux de la moindre poussière.

— C’est donc sans fin ?

— Sache que plus nous nous approchons de la lumière, plus les poussières virevoltent. Pourtant leur danse est pleine de poésie…

— Vous voulez dire comme un balai ?

La Dame et Evy partirent dans un éclat de rire qui, même à distance, eut le mérite de les rapprocher encore un peu plus…

En ce jour de pluie, Evy confia à la Dame qu’elle rencontrait quelques soucis familiaux.

Cette dernière lui répondit que comme dans chaque famille, entre Joseph, Marie et Jésus, il y eut immanquablement des tensions, des incompréhensions.

— Surtout si l’on évoque le fait que Jésus serait le fruit d’un amour que certains esprits taquins qualifieraient comme interdit. Voire adultérin. De père inconnu ! Comme pour moi…

— D’autant Evy, que seule la patrilinéarité était acceptée à cette époque en Judée ! Retenons que pendant près de trente années, Jésus mena une vie discrète parmi ses parents si l’on en croit sa biographie. Et comme chaque mère, Marie était une Maman dans tout son cœur, dans toute son âme : douce, attentionnée, d’une présence rassurante. Encore aujourd’hui, elle nous aide à mieux comprendre le Christ. À nous guider vers Lui.

— Quelle chance pour le Christ, si cette histoire est vraie ! écrivit Evy.

— Pourquoi est-il si important de recevoir un enseignement, même minimal, au sujet de la religion catholique ?

— Quand tu regardes un film ou mieux une série, mais que tu as loupé toute une première et longue partie, reconnais que tu rencontres des difficultés afin de bien comprendre le sens des images qui te sont proposées ? De les restituer dans le contexte ! Ainsi dès lors qu’il t’est dispensé un enseignement de qualité sur la religion catholique et que tu le reçois avec sérieux et implication, tu peux resituer chaque étape de la foi et mieux l’intégrer. Mieux l’assimiler.

— Dans ce cas précis, est-ce plutôt un thriller, une comédie, une comédie dramatique, un documentaire, un péplum ?

— Rien de tout cela ! C’est la merveilleuse histoire de Dieu qui a tout créé par Amour : ce qui nous entoure et qui nous sommes. Ce que nous ne voyons pas toujours.

— Vous voulez dire jamais !

— Je ne partage pas ta position un peu trop radicale, si je me montre positive c’est parce que je découvre chaque jour combien le Seigneur a déposé en chacun de nous de profondes qualités…

— Suis-je concernée ?

— J’ai écrit en chacun de nous…

— Raisonner peut-il me permettre d’accéder aux vérités divines ou bien est-il préférable de prendre pour paroles d’Évangile tout ce qui m’est proposé ? D’être comme ces orthodoxes qui ne font qu’obéir à la règle et qui refusent toute compromission ? Iront-ils au paradis pour autant ? Ou bien gigantesque sera leur déconvenue à l’arrivée !

Afin de tenter de répondre à cette salve de questions, la Dame lui suggéra de ne pas privilégier exclusivement les approches théoriques, quel que soit le sujet, parce qu’elles ne pourront jamais se substituer à l’expérience vécue ici-bas : « Le Verbe s’est fait chair. » Mais elle ajouta qu’il était bon d’inciter chacun à réfléchir sur le dogmatisme prôné par certains théologiens radicaux dont les positions trop rigides pouvaient même parfois interroger ?

— Ou révéler des doutes enfouis ?

À cet instant, Evy imagina le bruit sourd du gong qui retentit dès lors qu’une parole importante est prononcée.

— Est-il accepté de contester ?

— Exprimer sa foi au travers d’une quête spirituelle ne signifie aucunement qu’elle se doit d’être dénuée d’un esprit de contestation. Constructif, cela va sans dire…

— Bien évidemment ! répondit Evy.

Une autre fois, Evy se demandait comment l’intelligence humaine si imparfaite pouvait-elle appréhender l’intelligence divine apparemment si parfaite ?

— Peuvent-elles réellement communiquer ?

— Déjà, il est bon de reconnaître que notre intelligence se trouve dans l’imparfait plutôt que l’imaginer prétentieusement la situer dans le plus-que-parfait…

Ensuite, se souvenir que dans un schéma humain de communication, tu trouves un émetteur, un récepteur et de la distorsion.

Beaucoup de distorsion ! je suis d’accord avec toi !

Mais quand un amour pur, sincère, inconditionnel, philanthropique existe entre 2 êtres, même très différents, alors un simple regard, un mot doux, voire un silence permettent de se comprendre parfaitement. Rétablir une communication avec l’autre quand le contact semble rompu est aussi particulièrement bénéfique, car après ce lien renoué, chacun se sent allégé, rasséréné, apaisé.

— Y a-t-il parfois de la friture avec Dieu ?

— Avec Dieu, il ne peut exister de friture ! il suffit juste d’ouvrir pleinement son cœur et la communication est permise. Mais à cette condition exclusive !

Quel bonheur Evy, que de pouvoir parler à Dieu, au Christ, au Saint-Esprit, à Marie, aux Saints, avec simplicité, avec confiance. De tes soucis. De tes doutes. De ton espérance. De tes remerciements…

— Leurs lignes doivent être encombrées !

— Pourquoi certaines personnes semblent rayonner alors que d’autres sont comme éteintes ?

L’Esprit-Saint s’empare parfois de la vie de certaines Femmes Evy, de certains Hommes afin qu’ils deviennent des porteurs de l’Évangile. Mais méfions-nous de notre esprit qui peut perturber notre discernement en nous imposant des étiquettes sur les personnes rencontrées loin de toute réalité.

— N’empêche que certaines personnes sont rayonnantes ?

— Si certains êtres nous semblent rayonnants, peut-être le sont-ils parce qu’ils attirent modestement la lumière, se laissant porter par elle, la laissant les traverser tout en lui permettant de s’enrichir d’eux subtilement, généreusement. Cette lumière nous est disponible également à toi, à moi, mais peine trop souvent à percer à travers toutes les obscurités que nous nous créons stupidement.

— Peut-on prouver l’existence de Dieu, si oui, comment ?

— Certainement pas au travers des miracles au sens terrien du terme, mais bien au travers de l’Amour inconditionnel que le Seigneur nous témoigne dès lors que nous nous montrons capables de le recevoir. C’est très certainement en acceptant de rentrer dans la dynamique de l’Amour que le Seigneur nous propose que nous pourrons ressentir son existence au plus profond de notre être, c’est-à-dire de notre âme.

Le plus beau des miracles correspond peut-être plus à ta naissance qu’au vain espoir de voir se concrétiser ce que les effets spéciaux te proposent en permanence. Parce qu’une naissance est à la base le fruit de l’Amour entre deux êtres.

« Tu parles ! » pensa Evy dont le sujet avec sa mère ne pouvait jamais être abordé !

Le Créateur t’a donné la possibilité d’imaginer. Laisse-toi porter par ton imaginaire, permet lui en l’orientant positivement de grandir le réel, de le sublimer et peut-être ainsi te donner l’opportunité de toucher les étoiles !

— Le 7e ciel ?

— Mieux ! le ciel tout entier…

— J’aimerais aujourd’hui vous écouter sur la sortie de Moïse d’Égypte ?

— Quand Dieu propose au peuple d’Israël de quitter la servitude imposée par l’Égypte, de traverser la mer puis le désert pour entrer en Terre promise, certains y voient un miracle. Mais pourquoi donc ce peuple marche-t-il au péril de sa vie, à travers la mort ? Une vraie question.

— Avec une vraie réponse ?

— Ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards quittent leur environnement parce qu’ils croient en l’Amour de Dieu, ils ont entière confiance en Lui. Comme pour chacun, il nous est demandé de faire confiance au Père. Certains acceptent de tout quitter, de traverser des déserts afin de continuer à marcher vers le Royaume. Confiant dans l’Amour du Père.

— OK, mais pourquoi Dieu les amène-t-Il dans le désert ?

— La solitude, le dénuement, l’espoir. L’infiniment petit, l’infiniment grand sous la voûte céleste. La soif, l’aridité, loin des tentations de tous ordres. Être juste avec soi et le Seigneur. Lors des tempêtes de sable que les évènements de la vie nous font connaître parfois, imagine que le sable te nettoie comme si tu étais un vieux morceau de métal qu’on veut libérer de sa rouille pénalisante, disgracieuse et rendre à nouveau jeune.

— Les Pères du Désert voyaient-ils le péché comme une corrosion ?

— Oui ! C’est bien possible ! Mais sous nos latitudes, nous pouvons nous aussi nous trouver dans le désert : l’autre qui vit à nos côtés peut se trouver également dans le désert ! Alors que nous le croisons au quotidien, entre amis, en famille, au job, dans la rue, dans la foule…
— Qu’est-ce donc que la résurrection pour laquelle tu me questionnes dans ta lettre de ce jour ?
— Je vais tout d’abord te parler étymologie, il est parfois utile de revenir à la source. « Resurrectiun » signifie l’action de se lever. Cette résurrection christique tant niée, au mieux décriée, est à prendre au sens d’une élévation. Pas seulement miraculeuse, mais également physique, réelle. Comme le bourgeon d’une rose naissante qui s’ouvre magiquement à la vie ou bien un fragile moinet qui quitte le nid douillet et s’élance seul dans le vide pour la toute première fois, la résurrection du Christ peut être également lue comme une élévation vers le Père. Une nouvelle naissance en totale confiance. Voilà à quoi peut correspondre également le mot résurrection.
— Pourquoi les religions se montrent-elles aussi sectaires ?
— Afin de ne pas blesser en choquant, blasphémant, évitons de nous aventurer sur des terres inconnues. Cette position passe par le respect. L’écoute. Que chacun puisse cheminer selon ses désirs. Conviction d’athéisme compris. Il est primordial d’accepter que personne ne détienne La vérité unique. Reconnaissons, toi et moi, que la quasi-totalité des spirituels tentent de se tourner vers la lumière, de combattre les ténèbres. Voici un premier point commun. Ensuite, te dire que de l’extérieur, les religions peuvent parfois nous sembler rigides, sévères, mais dès lors qu’elles sont fréquentées par des personnes libres, consentantes, respectons leurs choix !
— Pourquoi ce monde est si cruel, si injuste ?
— Tu évoques ton incompréhension plus ou moins légitime face à ce qui te semble être le silence de Dieu, son inaction voire son désintérêt face à la souffrance, face à la mort.

Et si tu voyais Dieu comme ayant un réel talent de conteur, de poète, d’aventurier, mais aussi d’essayiste ? Au sens de celui qui essaie, qui tente. Qui espère. Qui fait confiance en la Providence. Comme un parent qui souhaite le meilleur pour son enfant tout en lui laissant la liberté de faire des choix et de les assumer.

— J’achète ce type de parent !

— Dieu nous offre une liberté totale afin que nous choisissions librement d’aller vers Lui ou pas… Mais cette cruauté, cette injustice que tu évoques, sont-elles le fruit des hommes ou bien de Dieu ?

— À quoi bon répondre !

Ce jour-là, l’écrit d’Evy était à nouveau orienté sur les News qui, consultés au quotidien, sont malheureusement très anxiogènes. Si elles reflètent trop souvent une situation pénible dans laquelle un nombre important d’humains se trouve plongé bien souvent malgré eux, la lecture terminée, quelles actions sont entreprises par celles et ceux qui en sont informés…

La Dame lui avait aussitôt répondu qu’il fallait peut-être d’abord se souvenir du mot Évangile et de son étymologie…

— La Bonne Nouvelle !

— C’est cela, oui.

La Bonne Nouvelle consiste à savoir que le Christ est présent parmi nous. Qu’Il est en nous, afin de nous aider à supporter les difficultés de cette vie sur terre. Puis la Dame avait abordé la prière qui permet de demander au Seigneur d’intervenir afin de soulager celles et ceux qui ont besoin d’être aidés. D’être accompagné. Elle lui avait ensuite suggéré de contribuer personnellement à cette concrétisation en apportant, même modestement, une présence réconfortante, bienveillante, respectueuse, tout en s’assurant préalablement que les personnes concernées l’acceptent. Elle avait ajouté qu’il peut arriver que tout près de nous des personnes seules ou non, âgées ou non, se sentiraient existées parce que juste écoutées. Si en plus il leur était proposé de partager une boisson, mieux un repas alors pour elles, ce serait…

— Une Bonne Nouvelle.

— Oui, une très Bonne Nouvelle.

Sachant que personne n’est à l’abri de connaître ce genre de déconvenues…

— C’est-à-dire ?

— Ne sommes-nous pas tous des migrants ?

— Je ne vois pas bien…

— Sur nos pauvres radeaux de fortune, ne sommes-nous pas, en quelque sorte, des potentiels naufragés qui migrons parce qu’en vérité nous ne sommes pas arrivés chez nous et que nous espérons tous atteindre un jour Le Royaume ?

— Vu sous cet angle, nous sommes tous des SDF !

— Il me plaît que tu aies compris mon propos…

Portons notre attention sur les autres plutôt que se regarder le nombril. Mais attention de ne pas tomber non plus dans l’idolâtrie : celle qui consiste à envier naïvement de faux héros qui ne sont en fait trop souvent qu’obsédés par une réussite matérielle donc superficielle et éphémère.

— Acquérir, est-ce un péché ?

— Acquérir n’est pas toujours considéré comme un péché en soi. La question est pourquoi et comment on veut acquérir, et aussi ce que l’on fait de cet acquis. Notre vie ne peut se résumer à une vitrine : pleine d’objets inutiles qu’il nous faut remplir coûte que coûte et ainsi vouloir briller jusqu’à aveugler les autres !

— Et à l’opposé, quid des misérables ?

— Quelle que puisse être la vie de l’autre, misérable aux yeux de certains parce que la considérant dans l’indigence, dans la souffrance, dans l’abandon, ne pas juger, encore moins jauger. Dieu aime chacun tel qu’il est. Sans jugement aucun, avec compassion et miséricorde. Même là où les ténèbres semblent triompher, Dieu est présent à celui ou celle qui accepte de le voir…

À méditer…

— Le ton péremptoire des textes, des homélies ne laisse pas trop de place au doute… L’Église ne doute-t-elle jamais ?

— Le doute est sain parce qu’il nous oblige à réfléchir à ce que nous voulons. À discerner.
— Oui, l’Église est en proie au doute. Peut-être ne l’exprime-t-elle pas suffisamment !
— La profonde désaffection de ceux et celles qu’on appelle fidèles est très certainement une des conséquences des nombreux scandales qui ont considérablement secoué l’Église depuis quelque temps déjà. La déchristianisation est un défi majeur pour l’Église.

— Crucial ! Existe-t-il des solutions ou bien est-ce insoluble ?

— Il est souvent douloureux, Evy, déchirant de se remettre personnellement en cause, d’accepter de montrer que l’on doute. Alors au niveau d’une institution comme celle de l’Église, la tâche est encore plus délicate, mais essentielle. Vitale.
— La prière. La modestie. L’écoute. La tolérance, le repenti, la demande de pardon permettront de recouvrer peu à peu une certaine crédibilité dans l’espoir d’une réhabilitation et d’une réconciliation pérennes. Et peut-être qu’ainsi nous parviendrons à faire revenir les catholiques légitimement déçus et toutes celles et tous ceux qui le souhaiteront.

— Faut voir…

— Ne pas se rendre à l’église est-ce un problème ?

— Le risque existe qu’en oubliant l’église, tu oublies Dieu. Et que tu t’oublies également, ce qui facilite la tâche de Satan qui jouit ainsi d’une plus grande liberté pour s’installer confortablement en toi. Oui, il existe un danger réel de ne plus être spirituellement connecté à Dieu et de se retrouver enfermé à double tour par le démon.

— Les prêtres ne sont-ils pas responsables de la désaffection des fidèles à l’église ?

— Cessons d’accabler les prêtres ! De tous les maudire ! Oui, certains ont lourdement fauté et ont entraîné à travers leurs impardonnables déviances le déshonneur de leur ministère. Qu’ils soient sévèrement punis par la loi des hommes et surtout par celle du Seigneur ! Mais bon nombre d’entre eux, quasiment tous, sont des êtres d’exception qui souffrent cruellement de cette affreuse situation ! Regardons-les avec bienveillance comme des hommes qui auraient eu l’immense privilège de recevoir une Grâce. Une Grâce exceptionnelle : celle de représenter dignement et pleinement le Christ et d’être d’honorables passeurs, de remarquables guides, la vocation de toute une vie, qu’elle soit apostolique, sacerdotale, religieuse…

— Quel est le rôle de l’Église ?

— L’Église a pour mission d’être au service de l’Amour que Dieu nous porte, à chacune, à chacun, au monde. L’Église annonce l’Évangile.

— Quels sont les risques de commettre de nombreux péchés ?

— Les péchés que chacun commet sont de lourds fardeaux. Leur accumulation peut nous pénaliser fortement. Seule la confession permettra de s’alléger, de se séparer magiquement de ce poids. Immédiatement. Définitivement.

Imagine un instant qu’un péché se mesure en poids que tu te poses sur les épaules. À toi d’estimer à combien s’élève cette surcharge dans ton quotidien jour et nuit !

— Et qui grossit !

— Tu as raison ! En plus, ce fardeau sera d’autant plus lourd et encombrant dans l’espoir d’une hypothétique ascension post-mortem !

Même si tout péché Evy, mérite miséricorde, ta conscience t’appartient. À toi seul ! Et à Dieu… Et comme tu le sais parce que tu le vis comme chacun le vit, il n’y a aucun confort dans le péché.

— Existe-t-il une ivresse de l’aveu ?

— Je ne pense absolument pas que l’on puisse tomber dans cet état d’exaltation dans les fautes que nous sommes amenés à avouer sincèrement.

— Vous me dites que la pire des guerres est celle que l’on se porte à soi-même parce qu’elle est sans fin ?

— Et surtout parce qu’elle est perdue d’avance !

— Que signifie être un Chrétien en 2025 ?

— Vaste question !

— Donc vastes réponses !

— D’abord croire.

Croire en la Sainte Trinité, ce mystère d’un seul Dieu représenté par trois entités bien distinctes qui sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit et qui cohabitent harmonieusement entre elles. Nous sommes les Enfants du Père dans le Fils par le Saint-Esprit.

— Mais encore ?

— L’œuvre de Dieu concerne plus particulièrement la Création. Il est reconnu comme étant notre Père, plein d’Amour pour nous.

L’œuvre du Fils correspond plus spécifiquement à la Révélation et au Salut. Christ se dit Messie en hébreu, ce mot signifie celui qui a reçu l’onction. Jésus vient du grec et signifie « Dieu sauve », Il est mort crucifié afin de nous sauver du péché et Il est ressuscité. Jésus est celui que Dieu nous a envoyé afin de nous apporter l’Amour et la Paix.

Le Saint-Esprit est un Saint qui a pour mission la Sanctification de l’homme par la Grâce. Il œuvre à soutenir l’âme de celles et ceux qui cherchent Dieu. Le mot Esprit venant du latin « spiritus » qui signifie souffle, Jésus aimait à dire que le Saint-Esprit est comme le vent qui souffle là où il veut et qui vient dont on ne sait où. En hébreu le mot souffle est féminin, il est à la base de toute vie.

Et de la mort, tu as raison ! Ne dit-on pas rendre son dernier souffle !

Le souffle permet à la parole de s’exprimer. Comment pourrait exister l’expression « Parole du Seigneur » sans ce souffle qui la porte divinement. Ce souffle qui vient te caresser le visage les soirs d’automne…

— Comme une bise ?

La Dame sourit…

— L’Esprit-Saint est un esprit d’Amour, qui peut être aussi représenté par une colombe, cet oiseau gracieux qui symbolise la pureté, l’espoir, l’Alliance. La colombe est un messager de l’Amour divin qui descend du ciel vers nous. Penses-y quand tu as la chance d’en croiser une, d’écouter son mélodieux roucoulement. Et il est vrai Evy, qu’il lui est indispensable de bénéficier du souffle de l’air pour voler.

Je constate qu’entre un Dieu invisible, un Christ crucifié, l’Esprit-Saint te séduit, mais n’oublie pas qu’en admirant le vol d’une colombe ou en profitant d’un vent régénérant, c’est toute la Trinité qui t’accompagne afin de cheminer vers Dieu.