Les dernières histoires d'Hector - Patrick Lagneau - E-Book

Les dernières histoires d'Hector E-Book

Lagneau Patrick

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Beschreibung

Et voilà le troisième et dernier tome des histoires d'Hector, parfois seul, parfois avec son cousin Phil, mais toujours pour des aventures, ou des bêtises, drôles, émouvantes, avec à chaque fois une belle leçon de morale. Pour les enfants, encore de bons moments à passer en compagnie d'Hector et de son cousin, juste ce qu'il faut avant de s'endormir le soir. En puisant dans ses souvenirs d'enfance, l'auteur a écrit et raconté ces "Dernières histoires d'Hector" à ses petits-enfants. Ce troisième album leur est également dédié.

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À Ewan, Youri, Kiara, Nina, Élize, Yalisse et Maëlie…

À Philippe, mon cousin, et à Christian, mon copain d’enfance, mes complices dans certaines de ces aventures…

LES DERNIÈRES HISTOIRES D’HECTOR

Tables des matières

Hector et les bouteilles de vin

La première déclaration d’amour d’Hector

Hector et l’attaque de la diligence

Hector met le feu au journal

La grosse boule de neige d’Hector

Hector et le vol de la bague

Hector et les autos-scooters

La noyade d’Hector

Hector et le radeau de la Méduse

Le théâtre d’Hector

HECTOR ET LES BOUTEILLES DE VIN

C’est un soir comme un autre. Hector est à table avec Papa et Maman, et raconte ce qu’il a fait à l’école : les pages d’écriture, les additions avec retenues, les tables de multiplication récitées par cœur, et même les billes qu’il a gagnées pendant la récréation.

— C’est bien, Hector, enfin, pour ce que tu as fait à l’école. Parce que les billes, ça, c’est un jeu. Maman et moi sommes très fiers de toi. Hein, maman ?

— Oh oui, mais pour les billes aussi. Quand il en gagne, je n’ai pas besoin de lui en racheter au marché. Mais c’est vrai que pour le travail à l’école, on est très contents. Et puis, attends ! Il ne t’a pas encore tout dit...

— Ah ? Il y a autre chose ?

Hector en rougit d’avance de plaisir

— Eh bien, vas-y, Hector ! Montre-lui !

Hector sort de table, monte dans sa chambre et redescend aussitôt avec entre les doigts...

Papa écarquille les yeux.

— Un bon point ? Eh bien, ça alors ! Tu l’as trouvé où ? dit Papa, un peu farceur.

— Je ne l’ai pas trouvé, s’insurge Hector, vexé. C’est la maîtresse qui me l’a donné parce que j’ai récité « Le corbeau et le renard » sans me tromper une seule fois, et elle a même dit à toute la classe que j’avais mis le ton qu’il fallait et que tout le monde devait faire la même chose et que...

— Oh, là ! Oh là ! Du calme bonhomme. J’ai dit ça pour te faire marcher. Non, sérieusement, je suis très fier de toi. Un bon point est forcément mérité, et là, chapeau ! Tu as fait fort.

Hector se rend compte que Papa a vraiment voulu le faire marcher et... il s’en veut d’avoir... couru à ce point-là.

— Tiens, tu sais quoi, on va arroser ça, dit Papa. Maman, tu lui sers une grenadine, moi je vais reprendre un verre de vin...

Hector n’en revient pas. De la grenadine à table ! Alors que Papa a toujours dit que c’était juste pour le goûter !

— Tu n’as plus de vin, dit Maman.

— Oh, il y en a encore en bas. Hector, tu peux aller me chercher une bouteille de vin à la cave, s’il te plaît ?

Hector a horreur de descendre à la cave le soir. Il fait noir. Et même avec la lumière, il n’est jamais trop rassuré. Mais quand on a eu un bon point à l’école, on est un champion. Et un champion, ça n’a peur de rien.

— Oui, P’pa, j’y vais.

Hector pose son bon point sur la table, se dirige vers le fond de la cuisine, ouvre la porte et appuie sur l’interrupteur pour allumer. Il regarde l’escalier. Il y a une dizaine de marches, et l’entrée de la cave est obscure. Heureusement, il y a un autre interrupteur en bas. Le cœur battant, il descend les marches une à une, en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas une bête qui lui saute dessus.

Ne dis pas de bêtises, Hector ! Il n’y a jamais eu de bêtes à la cave. Oui, mais si aujourd’hui il y en avait une ?... Arrête, tu dis n’importe quoi !... Oui, mais regarde en bas ! On dirait qu’il y a une ombre... Et même qu’elle bouge... Bon, t’arrêtes ton cinéma, là...

Finalement, tant bien que mal, Hector parvient à la dernière marche et cherche à tâtons l’interrupteur... Il le sent au bout de ses doigts, appuie et... ouf ! l’ampoule de la cave s’allume. Plus d’obscurité. Plus de bestioles, non plus !

Bon, t’as fini, là ! Tu vois bien qu’il n’y en a pas, des bestioles...

— Hé, t’es nul ! C’est ce que je viens de dire...

Hector entend de loin la voix de Papa.

— Tu parles tout seul, Hector ?

— Non, non, assure Hector, confus, je me demandais où étaient rangées les bouteilles de vin...

— Ben, comme d’habitude, dans le casier au fond de la cave...

— Oui, oui, P’pa, je les ai vues...

Et pas trop brave quand même, Hector traverse la cave et se dirige vers le casier à bouteilles. Parvenu juste devant, il en prend une et s’apprête à remonter vite fait. Pas trop envie de traîner ici... Quand soudain une idée lui traverse l’esprit.

Puisque je suis à la cave, là, devant le casier à bouteilles, j’ai deux mains, alors pourquoi ne pas en prendre une deuxième ? Comme ça, quand la première sera terminée, je n’aurai pas à redescendre à la cave...

Il trouve son idée géniale et sans hésiter, se retourne, en tire une seconde du casier. Une bouteille dans chaque main, il traverse la cave jusqu’à l’escalier qu’il commence à gravir, ravi de son idée géniale. Après six marches, il s’arrête.

Zut ! J’ai oublié d’éteindre la lumière de la cave.

Il fait demi-tour et dans le mouvement, les deux bouteilles s’entrechoquent, et il est très surpris par le bruit qui ressemble... à une cloche, ou... à une note de piano, oui, c’est ça... une note de piano aigüe... Il descend, pose une bouteille sur la première marche, éteint, la reprend et gravit à nouveau l’escalier. Pour le plaisir du son, il s’amuse à cogner doucement les bouteilles l’une contre l’autre au moment où il pose un pied sur une marche, en rythme... cling... cling... cling...

Mais les bouteilles ne supportent sans doute pas le quatrième cling. Une double explosion libère le vin rouge qui s’étale dans un « splash », et des morceaux de verre s’éparpillent sur les marches jusqu’en bas de l’escalier.

Hector n’a pas le temps de réagir qu’il entend déjà au-dessus de lui les chaises glisser sur le carrelage, et les pas de Maman et papa qui se précipitent vers le haut de l’escalier.

— Hector ? Qu’est-ce qui se passe ?

Pas le temps de trouver une excuse ! Surtout ne pas dire la vérité... Surtout ne pas parler des clings... Dans son affolement, il sent les larmes lui monter aux yeux... Surtout ne pas les retenir... Il doit répondre... Vite... D’une petite voix coupée de sanglots, il trouve une explication qui lui semble logique et... géniale... alors que Papa et Maman parviennent rapidement jusque lui.

— Je... j’ai trébuché dans... dans l’escalier et les... les bouteilles de... de vin se sont cassées...

— Mon Dieu, dis, Maman, tu ne t’es pas fait mal ? Tu ne t’es pas coupé avec les morceaux de verre au moins ?...

Papa, accroupi près d’Hector, vérifie que ses cuisses aspergées de vin ne présentent pas de coupures.

— Non, ça va. Il n’a rien. Mais enfin Hector, pourquoi as-tu remonté deux bouteilles ? Je ne t’en avais demandé qu’une...

Et Hector, entre deux sanglots qui ne l’empêchent pas de réfléchir, au contraire, trouve LA réponse qui va le sauver.

— Je... je me suis dit que la... la prochaine fois que tu... que tu aurais voulu du vin, je... je n’aurais peut-être pas été là. C’était pour... pour t’éviter de descendre à la cave.

— Mais enfin, Hector, où est-ce que tu pourrais être ? Quand on mange le soir à la maison, tu es toujours avec nous...

— Je ne sais pas, peut-être chez Phil, ou...

— Bon, allez, ça suffit maintenant, lance Maman ! Hector a voulu t’éviter de descendre, il prend soin de ta santé et toi, tu restes insensible à son attention... Franchement !

Papa, baisse la tête et sans rien dire en profite pour essuyer les cuisses d’Hector avec son mouchoir...

— Mais enfin, crie Maman, pas avec ton mouchoir ! Le vin va le tacher... Allez, laisse-nous, je vais m’occuper de lui...

Et Papa remonte à la cuisine, tout penaud. Hector sourit à Maman. Pour la remercier, c’est certain, mais surtout parce que son idée était géniale.

Vraiment !

Pauvre Papa !

LA PREMIÈRE DÉCLARATION D’AMOUR D’HECTOR

Hector est assis à sa table d’école. Le maître parle de Vercingétorix, un grand chef gaulois qui a été battu à Alésia par les Romains et...

Hector n’est plus là. Il a abandonné la classe, le maître et Vercingétorix. Ses pensées l’emportent par la fenêtre dans le ciel bleu de printemps et ses quelques nuages.

Il ne le sait pas encore, mais Hector est amoureux. Il a croisé le regard d’une jolie fille de son âge. Et elle lui a souri. Alors, c’est sûr, il lui plaît. Elle aussi d’ailleurs lui plaît. Cela s’est passé hier.

***

Il construisait des arcs et des flèches dans le bois pas très loin de chez lui, avec Serge et Gaby, ses copains de quartier, pour jouer aux Indiens. Ils avaient tout ce qu’il fallait : couteaux, ficelle et même des petits bouts de cuivre. Ramassées sur des chantiers de maisons en construction, les chutes de tuyaux avaient été sciées en plusieurs bouts travaillés au marteau afin d’être ajustés à l’extrémité des flèches, juste pour leur assurer une trajectoire parfaite dans les airs. L’apothéose était de les regarder se planter à coup sûr dans la terre, mais surtout dans l’écorce des arbres.

Ce jour-là, ils avaient décidé de faire un concours. Une peau de lapin, récupérée chez la grand-mère de Serge, avait été clouée sur un tronc d’arbre comme cible et, l’un après l’autre, ils devaient tirer une flèche avec leur arc et la planter dans la peau de lapin. Quand ce fut au tour d’Hector, il se mit en position avec sa flèche qu’il positionna sur la ficelle de son arc. Il le banda lentement, un œil fermé pour viser au mieux la cible. Sûr de lui, il lâcha la ficelle tendue qui emporta la flèche... en plein milieu de la peau de lapin.

À ce moment-là, des applaudissements firent se retourner les trois garçons qui découvrirent deux filles qu’ils n’avaient pas entendu approcher. Il ne fallut que deux secondes à Hector pour comprendre que son tir les avait épatées. Surtout l’une des deux, une brune aux cheveux longs et bouclés qui fixait Hector de ses yeux bleus. Fasciné par son regard, Hector était figé. Alors qu’elles faisaient demi-tour pour s’éloigner, la brune adressa à Hector un sourire qu’il n’a jamais oublié.

— Vous connaissez la brune ? demande Hector à ses copains.

— Ouais, je la connais, dit Gaby. Elle s’appelle Louisa Stoller et habite à la gare. Elle va à la même école que nous, mais chez les filles.

Hector sait bien que la gare est un quartier un peu éloigné de celui où ils habitent, et bien sûr que l’école des filles est séparée de celles des garçons par un mur commun.

— Hé, mais t’es tombé amoureux, lance Serge à Hector...

— Moi ? N’importe quoi, réplique Hector en rougissant.

— Allez, tu peux nous le dire, va, on a bien vu comment vous vous êtes regardés tous les deux. Remarque, t’as pas à avoir honte, elle est très belle...

— C’est vrai qu’elle est belle, dit Hector, mais ça ne veut pas dire que je suis amoureux...

— Tu aimerais bien la revoir ? demande Gaby.

— Ben... oui ! Mais comment veux-tu que je la revoie ?

— T’inquiète ! On se donne rendez-vous dans la cour à la récréation...

— Mais... on n’est pas dans la même cour avec les filles...

— Fais-moi confiance ! Tu verras...

***

— Ah, je crois que Monsieur Hector est encore dans les nuages...

Hector redescend sur terre et réalise qu’il est en classe.