La panne - Lagneau Patrick - E-Book

La panne E-Book

Lagneau Patrick

0,0

Beschreibung

Une tempête solaire gigantesque provoque une panne mondiale d'électricité et d'internet. Si l'électricité est assez rapidement rétablie, ce n'est pas le cas pour internet. Cinq milliard de personnes connectées doivent s'adapter tant bien que mal : plus de réseaux sociaux, plus de messages via les téléphones portables, plus d'achats en ligne, plus de cartes bancaires... Des milliers d'entreprises font faillite, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) sont contraints à des milliers de licenciements. Commence alors une catastrophe économique mondiale... mais est-ce la seule ,...

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 154

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



À Michaël ADAM, en toute amitié.

Le téléphone portable est un signe extérieur de détresse.

Pascal Sevran

Animateur, producteur de télévision, parolier, chanteur et écrivain français

On a oublié qu'il fut un temps, avant l'ordinateur, avant Internet, avant les mails, avant le téléphone portable, avant les SMS, où l'on s'écrivait des lettres, de longues lettres, régulièrement comme un bonheur, comme un plaisir. On appelait ça une correspondance. On disait entretenir une correspondance. Et c'est un mot tellement beau, tellement juste : on correspond parce qu'on se correspond.

Alain Rémond

Chroniqueur français

Sommaire

JOUR 1

ARIZONA - Kitt Peak National Observatory

ARIZONA - Tucson Country Inn

JOUR 2

ISRAËL - 17 h 30

SICILE - Castelvetrano - 16 h 30

FRANCE - Amiens - 16 h 30

FRANCE - Perpignan - 16 h 30

FRANCE - Rungis - 16 h 30

FRANCE - Paris - 16 h 30

USA - New York - 10 h 30

JOUR 3

ISRAËL - 8 h 30

SICILE - Castelvetrano - 7 h 30

FRANCE - Amiens - 8 h 30

FRANCE - Perpignan - 8 h 30

FRANCE - Autoroute A10 - 8 h 30

FRANCE - Paris - 8 h 30

USA - New-York - 2 h 30

UN MOIS PLUS TARD

FRANCE - Paris – 19h50

France - TF1 - France 2 - France 3 France 5 - BFM TV - LCI - ARTE - France Info 20 h 00 - ÉDITION SPÉCIALE

LA PANNE - FIN ... ou début ?

LA PANNE - (L’expérience)

Première semaine - Premier jour Laura, Mathilde, Julien et Sébastien

Première semaine - Deuxième jour Julien

Première semaine - Troisième jour Laura

Première semaine - Quatrième jour Sébastien

Première semaine - Cinquième jour Mathilde

Troisième semaine - Premier jour Laura, Mathilde, Julien et Sébastien

JOUR 1

ARIZONA

Kitt Peak National Observatory

— Eh bien, on ne sera pas tout seuls ! lance un passager pendant que le bus se gare sur le parking dans les Quinlan Mountains, à côté d’autres véhicules de tourisme et des incontournables autobus jaunes spécifiques aux transports scolaires.

Les touristes descendent les uns derrière les autres et se regroupent autour de Graham Richie, leur guide originaire de Californie, mais parlant français sans accent, qui attend que tous soient là pour donner les consignes de la visite de l’Observatoire Astronomique National Américain.

Bien que le site soit à deux mille mètres d’altitude, la chaleur sèche et non moins étouffante du désert aride de Sonora se resserre comme un étau sur le groupe.

— Tout le monde est là ? Bien. Suivez-moi ! Je vous expliquerai ce qui nous attend à l’intérieur. Il fera meilleur, c’est climatisé.

Les touristes sur ses talons, Graham Richie conduit le groupe vers un des bâtiments de l’Observatoire. Parvenu à un vaste bureau d’accueil, il se dirige vers trois hôtesses qui, apparemment, le connaissent. Après avoir présenté un dossier de réservation, il dépose la mallette contenant tous les passeports français de son groupe. Une hôtesse s’en empare et disparaît dans une pièce arrière vitrée.

— Ils vont faire quoi de nos passeports ? demande une femme à son mari.

— Sans doute les contrôler, peut-être même en faire des copies.

— Pourquoi ? Nous les avons déjà présentés à l’aéroport pour entrer aux États-Unis, non ?...

— Peut-être pour nous retrouver en cas de fuite d’informations capitales...

— Ils nous prennent pour des espions ou quoi ?

— Ce sont les Américains. Ils sont hyper méfiants et...

— Voilà, l’interrompt Graham Richie revenu vers le groupe, nous pouvons y aller. Suivez-moi, je vous prie...

Ils enfilent un long couloir et pénètrent dans une sorte d’amphithéâtre sur les fauteuils duquel chacun prend place. Le guide se retrouve face à eux sur une sorte de scène que surplombe un vaste écran.

— Nous allons commencer par la projection d’un film documentaire sur l’historique de l’Observatoire, puis sur le matériel utilisé et enfin sur les découvertes qui ont marqué l’astronomie mondiale. Il dure environ une heure. Les commentaires sont en anglais, mais ne vous inquiétez pas. La version projetée spécialement pour vous aujourd’hui est sous-titrée en français.

Graham Richie se dirige vers le premier rang pour prendre place et lève la main en direction du projectionniste. Les plafonniers s’éteignent les uns après les autres et la salle s’obscurcit progressivement jusqu’au noir complet.

Les premières images apparaissent à l’écran.

***

Le documentaire, comme annoncé par Graham Richie, retrace l’historique de l’observatoire, depuis le choix du site en 1958 jusqu’à son rattachement en 1982 au National Optical Astronomy Observatory constitué de quatre observatoires.

Stupéfaits, les spectateurs apprennent que l’observatoire de Kitt Peak est doté d’un ensemble de vingt-quatre télescopes et de deux radiotélescopes, et qu’il est reconnu comme le plus diversifié du monde.

Un passage en revue des principaux matériels ne manque pas de les subjuguer : une antenne de vingt-cinq mètres du réseau américain de radiotélescopes, un télescope de quatre mètres de diamètre, un second, de trois mètres cinquante, chargé de mesurer la masse des exoplanètes, un des deux radiotélescopes de douze mètres de diamètre, puis deux télescopes de deux mètres dix de diamètre et le télescope solaire McMath-Pierce d’un mètre soixante.

Le documentaire réalisé pour des néophytes ne rentre pas dans les détails trop techniques, mais donne un aperçu impressionnant du site.

Un générique de fin remercie les spectateurs de leur attention et leur souhaite une bonne visite.

***

À peine sorti de la salle, Graham Richie entraîne son groupe vers des bâtiments hors-sol qui abritent les différents télescopes ou radiotélescopes.

— Est-ce que nous allons visiter ces gros champignons ? demande une femme, visiblement intriguée.

— Ce ne sont pas des champignons, Madame. Ces sphères, en haut des tours que vous voyez, abritent différents télescopes. Nous irons les voir tout à l’heure. Pour l’instant, nous allons commencer par ce bâtiment en forme de triangle rectangle, qui abrite, à votre avis, quel appareil parmi ceux qui vous ont été présentés dans le documentaire ?

Claude Mansart, l’homme qui a tenté d’apporter une explication à sa femme sur la raison pour laquelle les passeports ont été réquisitionnés, prend la parole.

— Vu la taille impressionnante et la forme particulière, je dirais qu’il doit s’agir du radiotélescope de douze mètres de diamètre...

— Perdu. Vous avez là une structure qui abrite le télescope solaire dont le diamètre est d’un mètre soixante.

— Ah bon ? Pourquoi le bâtiment est-il si grand alors ?

— Venez ! Suivez-moi, je vais vous expliquer tout cela à l’intérieur.

Ils empruntent à pied une route sinueuse bordée d’une végétation d’altitude et se rapprochent lentement du bâtiment « triangle rectangle ».

Alors qu’ils sont parvenus à une centaine de mètres, des sirènes se mettent à hurler sur l’ensemble du site. Graham Richie se fige et fait signe au groupe de ne plus avancer.

— Que se passe-t-il ? demande quelqu’un.

Ils se font doubler par plusieurs véhicules de police qui entourent le bâtiment vers lequel ils se dirigeaient. Tout va ensuite très vite.

Une voiture à gyrophare fonce sur eux et freine à quelques mètres. Un des deux policiers descend du véhicule et s’entretient en anglais avec Graham Richie. Après quelques minutes d’échange avec lui, il remonte dans la voiture qui démarre sur les chapeaux de roue pour rejoindre les autres véhicules.

Inquiets, les touristes attendent des explications de leur guide qui, apparemment, semble embarrassé.

— J’ai une mauvaise nouvelle. Nous devons interrompre la visite et quitter le site.

Une incompréhension générale visible l’incite à poursuivre.

— Rien de grave. Mais le protocole habituel d’évacuation des visiteurs se met en place lorsqu’une découverte astronomique capitale vient d’avoir lieu.

— Qu’est-ce qui a été découvert ? demande ironique un des hommes du groupe. Un astéroïde qui va s’écraser sur terre ? Une planète qui a explosé ? Les martiens qui débarquent ?

— Ne plaisantez pas ! Je l’ignore pour l’instant. Mais ce qui est sûr, c’est que nous devons partir.

— C’est incroyable ! s’insurge Claude Mansart. Nous avons payé et cela fait partie de notre séjour...

— Monsieur Mansart, vous préférez que ce soient les policiers qui vous embarquent de force avec des armes braquées sur vous ? Non, faites-moi confiance ! Nous devons rejoindre le bus, quitter le site et retourner à l’hôtel. J’aurai une explication à l’accueil. Venez, ne perdons pas de temps !

Sortant de chaque bâtiment dévolu à l’astronomie, d’autres touristes accompagnés par leurs guides et des scolaires par leurs enseignants se rejoignent en grappes sur tous les chemins du site qui convergent vers le parking.

Chacun ressent une profonde déception, mais ne peut s’empêcher d’admirer le massif en altitude parsemé de pavillons à télescopes qui se détachent sur un ciel bleu électrique sans nuages, au milieu d’une végétation qui témoigne de l’aridité et de la sécheresse du sol montagneux.

Pendant que tous les groupes s’installent dans leur bus respectif, Graham Richie retourne à l’accueil du site pour récupérer la mallette déposée à l’arrivée. À son retour après une dizaine de minutes, il rejoint ses touristes à qui il restitue les passeports, puis, alors que le chauffeur démarre et s’engage vers la vallée à la suite des autres véhicules, Graham Richie s’empare d’un micro inséré dans le tableau de bord.

— J’ai un début d’explication sur le phénomène astronomique qui a été observé et a provoqué notre départ précipité. Depuis plusieurs jours ont été repérées des éruptions inhabituelles à la surface du soleil. Les spécialistes qui suivent leur évolution sont persuadés d’une catastrophe imminente...

Aux visages perplexes des passagers, Graham Richie marque une pause qui permet aux langues de se délier.

— Qu’entendez-vous par catastrophe ?

— Ça peut être grave ?

— Nous sommes en danger ?

— Le soleil va exploser ?

— Et la Terre ? Que va-t-il se passer ?

L’inquiétude est évidente, et il se doit, dans la mesure de ses connaissances sur ce phénomène et des informations qu’il possède, de rassurer tout le monde. Autant que possible.

— Ne vous inquiétez pas ! Rien de tout cela. Des vents solaires récurrents soufflent en permanence des particules chargées dans l’espace, mais la plupart du temps, elles sont bloquées par le champ magnétique qui entoure notre planète.

— Oui, mais là, vous parlez de catastrophe...

— C’est vrai, mais pas au sens vital pour l’humanité. Là, d’après ce qui m’a été expliqué rapidement, ce serait surtout avec des incidences sur nos réseaux techniques, genre électricité, sur notre technologie... Et encore, nous avons connu par le passé ce genre de phénomène. Le plus important remonte à 1859. Il est connu sous le nom d’événement de Carrington. Il avait mis le feu aux fils télégraphiques.

— Heureusement, nous n’avons plus de télégraphe aujourd’hui.

— Certes, mais la technologie a évolué.

— Vous pensez à l’électricité ?

— Je ne sais pas. Un scientifique doit prendre la parole dans l’émission d’information « WA 360° » animée par Willy Anderson en début de soirée sur CNN. Nous serons à l’hôtel pour suivre ça.

— Il va expliquer ce qui nous attend en termes de catastrophe ?

— Je ne connais que le thème qu’il va aborder... Il parlera de tempêtes solaires...

ARIZONA

Tucson

Country Inn

Les touristes français se sont rassemblés dans le vaste salon de l’hôtel de leur passage en Arizona, devant un vaste écran plat, attentifs à ce qui va être annoncé, et notamment plus de détails sur « LA » catastrophe imminente. En raison de l’importance de l’événement mondial exceptionnel, l’émission d’information présentée par Willy Anderson, célèbre animateur et journaliste américain de CNN, a été préenregistrée pour être diffusée avec sous-titres au choix des téléspectateurs, en allemand, japonais, chinois et français. Bien sûr, Graham Richie a choisi les sous-titres appropriés pour son groupe. Pour l’heure, c’est un bulletin météo qui se termine, suivi par une page de publicité.

À 22 h 00 précises, le générique « WA 360° » est lancé et dans la foulée, Willy Anderson apparaît face à la caméra en demi-plan rapproché derrière un bureau laqué blanc. Derrière lui, des images de l’observatoire de Kitt Peak, sous des angles différents, sont diffusées sans le son sur un immense écran plat. Dès qu’il prend la parole, les Français se plongent dans la lecture des sous-titres...

— Bonsoir à tous, ravi de vous retrouver une nouvelle fois pour un nouveau sujet d’actualité brûlant qui se déroule actuellement au Kitt Peak National Observatory, et d’ailleurs cette édition spéciale n’a lieu ni des studios d’Atlanta ni de ceux de New York comme nous avons coutume de faire, mais dans les studios d’Arizona PBS à Phoenix. Nous sommes à 150 miles du cœur d’un événement troublant et sans doute dramatique, pour ne pas dire catastrophique. Pour nous en parler ce soir, nous avons invité Bradley Jones, président-directeur général du National Optical Astronomy Observatory qui regroupe quatre des plus importants observatoires astronomiques des États-Unis, dont celui de Kitt Peak. Bonsoir Monsieur Jones...

— Bonsoir Monsieur Anderson...

— Alors, cet événement spectaculaire dont tout le monde parle sans trop savoir réellement de quoi il retourne, pouvez-vous nous en donner des détails précis et surtout nous expliquer ce qui nous attend ?

— Oui, bien sûr. Mais avant, si vous me permettez, j’aimerais situer cet événement astronomique dans un contexte historique plus général.

— Je vous en prie...

— Merci. Le soleil, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est souvent balayé par des vents nés d’éruptions à sa surface qui éjectent des milliards de tonnes de particules énergétiques à travers l’espace. Heureusement celles-ci, bien que fréquentes, ne causent que de très rares dégâts sur Terre. Lorsque ces éruptions sont plus importantes, nous les appelons tempêtes solaires. La plus importante a eu lieu en 1859 et le souffle des particules qui a atteint la Terre a endommagé sérieusement le réseau télégraphique. La technologie n’en était alors qu’à ses balbutiements.

— Cette tempête du XIXe serait donc exceptionnelle ?

— Non, justement. L’activité solaire est cyclique. Un peu comme la saison cyclonique. Deux autres tempêtes solaires se sont produites en 1921 et 1989, causant de graves perturbations électriques, de nombreuses coupures de secteurs plongeant des millions de personnes dans le noir. Depuis une quinzaine de jours, nos scientifiques ont observé sur notre étoile une succession de tempêtes solaires de plus en plus puissantes qui, au lieu de s’apaiser comme c’est le cas habituellement, se sont mêlées les unes aux autres, décuplant ainsi leur force de balayage que l’on reconnaît aux taches à la surface du soleil. En 1989, les scientifiques ont estimé la superficie de la tache solaire à 133 000 km sur 33 000 km.

— Une tache solaire identique est-elle visible aujourd’hui ?

— Non. Plusieurs taches ont été observées avec des surfaces moindres.

— Donc moins de risques qu’en 1989...

— Justement, non. Et c’est bien là où je veux en venir. Je vous ai parlé de plusieurs tempêtes solaires mêlées et mouvantes. Si elles se stabilisent, une seule tache pourrait apparaître, mais surdimensionnée. Nos scientifiques, depuis nos quatre observatoires principaux, ont comparé leurs calculs prévisionnels et ils sont identiques. Si une tache unique se formait, elle pourrait atteindre une superficie de 300 000 km sur 90 000 km...

— Mais alors, que se passerait-il ?

— Une éjection de masse coronale gigantesque...

— Vous pouvez être plus explicite ?

— Des particules magnétiques par milliards seraient propulsées sous l’effet de vents solaires puissants dans l’espace en direction de la Terre. Le champ magnétique qui entoure notre planète serait bien insuffisant pour bloquer toutes ces particules chargées qui parviendraient à se glisser jusqu’à notre atmosphère en passant par les pôles.

— Avec sans doute de superbes aurores boréales...

— Oui, mais là, ce serait le côté positif de l’événement...

— Donc, il y aurait un aspect négatif ?

— Pas un. Plusieurs.

— Le réseau électrique serait touché comme en 1989 ?

Bradley Jones marque une pause et son visage s’assombrit malgré lui.

— Pardonnez-moi de rentrer dans les détails, mais je crois que vous ne mesurez pas la puissance solaire en question. Parce que nous sommes en été, le réseau électrique de l’hémisphère nord en priorité serait touché, effectivement. Les transformateurs subiraient une surtension et grilleraient. En moins de quatre-vingt-dix secondes, le réseau électrique s’effondrerait. Les dégâts matériels et économiques se chiffreraient par centaines de milliards de dollars. Mais pas seulement. En 1989, nous vivions les débuts d’internet. Avez-vous conscience de ce que cela représente aujourd’hui ? Toute notre société dépend de la technologie numérique et notamment d’internet. Les gestionnaires des réseaux électriques ont intégré les impacts potentiels, mais peu d’études ont été faites sur le réseau internet mondial. L’infrastructure n’est absolument pas préparée. De longs câbles serpentent au fond des mers et des océans. Ils sont équipés de ce qu’on appelle des répéteurs pour amplifier les signaux. Or ceux-ci sont tout particulièrement sensibles aux courants géomagnétiques induits par les particules chargées venant du soleil. Si suffisamment de répéteurs tombaient en panne simultanément, des continents entiers seraient coupés les uns des autres.

— J’ai entendu dire que des câbles de transmission avaient déjà été coupés par des ancres de navires, mais qu’ils avaient pu être réparés...

— Vous avez raison. Mais connaissez-vous la longueur approximative globale des câbles de transmission internet à travers le monde ?

— Heu... non...

— Aujourd’hui, plus de 1,3 million de kilomètres traversent le globe, soit 32 fois le tour de la Terre. Une tempête solaire majeure orientée vers notre planète comme celle que je vous ai décrite, la frapperait en trois vagues successives. D’abord arriverait la lumière solaire de haute énergie, composée de rayons X et de lumière ultraviolette. C’est elle qui interfèrerait avec les communications radio. Puis une seconde vague serait composée d’une tempête de radiations dangereuses pour les astronautes non protégés. Et enfin, comme je vous l’ai déjà expliqué, la dernière vague serait une éjection de masse coronale, nuage chargé de particules énergétiques qui peuvent interagir avec le champ magnétique terrestre pour produire de puissantes fluctuations, appelées orages magnétiques. Le réseau de communication en subirait les conséquences.

— Pour pallier ce problème, pourrions-nous compter sur nos nombreux satellites en orbite ?

— Non, ils seraient les premiers atteints. Toute communication serait réduite à néant, tout comme le système mondial de positionnement, nos GPS, omniprésents dans les téléphones portables, les avions et les voitures. Et n’oubliez pas que lorsque vous payez votre plein d’essence avec une carte de crédit, c’est une transaction par satellite. De plus, la plupart des chaînes de télévision subiraient des ruptures de diffusion. Et je ne vous parle même pas de l’économie mondiale qui repose pour nombre d’entreprises sur internet.