Les Montagnes d'Ellsworth - Les Montagnes de l'Antarctique - Damien Gildea - E-Book

Les Montagnes d'Ellsworth - Les Montagnes de l'Antarctique E-Book

Damien Gildea

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  • Herausgeber: Nevicata
  • Kategorie: Lebensstil
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Un ouvrage destiné aux alpinistes et mordus de montagne, mais aussi aux amateurs de voyages lointains !Grimper en Antarctique est une expérience unique. C'est un rêve auquel seuls de rares alpinistes ont eu le privilège d'accéder à ce jour. Un rêve que vous pourrez aujourd'hui caresser, grâce à ce très beau livre abondamment illustré et remarquablement documenté.Damien Gildea vous entraînera dans la riche histoire de l'aventure alpine en Antarctique, depuis les premières explorations au dix-neuvième siècle jusqu'aux exploits des grimpeurs extrêmes d'aujourd'hui. Il vous conduira au coeur des montagnes les plus impressionnantes et les plus reculées du pôle Sud...Découvrir les incroyables montagnes de l'Antarctique émergeant de l'immensité blanche laissera plus d'un lecteur véritablement sans voix... Difficile d'imaginer que l'on est encore sur Terre !Dans ce tome, retrouvez toutes les informations concernant les montagnes d’Ellsworth.Un livre de référence indispensable pour tout savoir sur les montagnes d'Ellsworth !A PROPOS DE L'AUTEUR Alpiniste et explorateur polaire, Damien Gildea a mené avec succès sept expéditions dans les plus hautes montagnes de l'Antarctique, de 2001 à 2008. Il est l'auteur du livre Antarctic Mountaineering Chronology, paru en 1998, et de cartes topographiques approfondies de l'île Livingston (2004) et du massif du Vinson (2006). Ses articles et photos ont été publiés dans de nombreuses revues du monde entier, tels l'American Alpine Journal ou le magazine américain Alpinist. Il a également guidé une expédition à ski vers le pôle Sud et participé à plusieurs expéditions en Himalaya, au Karakorum et dans les Andes. Lorsqu'il n'est pas en expédition, Damien Gildea vit en Australie.EXTRAIT Les montagnes d’Ellsworth sont constituées de deux chaînes principales: la haute chaîne des Sentinelles au nord et la chaîne plus basse de l’Héritage au sud, toutes deux séparées par le glacier Minnesota, qui s’étend d’est en ouest.La chaîne des SentinellesLes Sentinelles s’étirent sur presque deux cents kilomètres et forment comme une longue épine dorsale dentelée. De nombreuses arêtes rocheuses hérissent le versant qui descend d’un jet sur le plateau glaciaire : espacées avec régularité, ces arêtes prennent alors un aspect uniforme inhabituel. Entre celles-ci, de nombreux couloirs et de grandes parois s’élèvent parfois jusqu’à deux mille mètres au-dessus du plateau glaciaire, qui s’étale d’est en ouest. Avec ses 4892 mètres d’altitude, le Mont Vinson1 est le sommet le plus élevé du massif du même nom. Ce massif, grand ensemble tout blanc d’environ quinze kilomètres de long sur quinze de large, est situé à peu près au milieu de la chaîne des Sentinelles, le Mont Vinson se trouvant à l’extrémité sud de la partie la plus élevée. Le massif est surmonté de nombreux petits sommets situés tout autour d’un haut plateau de glace vive, balayé par les vents. Au-delà, plusieurs longues arêtes descendent jusqu’aux glaciers environnants.

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Introduction

Grimper en Antarctique est une aventure unique. Elle marque toujours fortement ceux qui ont la chance fabuleuse de la vivre. Dans l’histoire de l’homme au pôle Sud, elle a pendant des années été essentiellement réservée à ceux qui travaillent à des programmes scientifiques gouvernementaux et nationaux sur l’Antarctique, disposant de moyens logistiques et financiers énormes. Cependant, et cela va de soi, jusqu’il y a quelques années, l’aspect purement « alpin » de ces explorations restait marginal. L’alpinisme n’était qu’un moyen au service de la science. L’escalade « récréative », elle, était mal vue et le plus souvent ignorée. Dans les pages qui suivent, j’espère préserver la mémoire de certaines de ces ascensions, souvent plus importantes pour ceux qui les ont réalisées qu’elles ne le paraissent au travers des comptes-rendus scientifiques officiels. En tout état de cause, l’alpinisme fait partie intégrante de la riche histoire de l’homme en Antarctique, qui se doit d’être écrite pour le profit du plus grand nombre.

Les visiteurs – et en Antarctique nous sommes tous des visiteurs – ne sont que les tout petits pions d’une vaste machine scientifique et politique. Incroyable envergure, admirable qualité du travail accompli jusqu’ici et aujourd’hui encore dans ces recherches ! Elles nous apportent une vision critique non seulement de l’Antarctique, mais aussi de notre monde.

En règle générale, les premières ascensions en Antarctique furent réalisées sur la Péninsule, la partie la plus accessible du continent et, aujourd’hui encore, la plus populaire, où de splendides montagnes s’élèvent face à la mer. Puis, les activités humaines se sont étendues aux autres régions du continent et l’on érigea des stations scientifiques, qui devinrent des bases pour explorer les sommets alentour, comme les immenses Montagnes Transantarctiques avec les bases Scott et McMurdo, sur l’île de Ross. Enfin, avec l’avènement dans les années 1980 de voyages privés vers l’intérieur du continent, d’autres régions suscitèrent un intérêt purement alpin. La plus haute montagne de l’Antarctique, le Mont Vinson, dans la chaîne des Sentinelles, est ainsi devenue une destination commerciale annuellement profitable. Quant aux stupéfiantes tours rocheuses de la Terre de la Reine Maud, elles sont aujourd’hui visitées presque régulièrement. Il y a également des sommets intéressants dans d’autres régions : ainsi dans les Transantarctiques du Sud, où se trouvent les plus hautes montagnes encore vierges de l’Antarctique, ou sur l’île Alexandre, avec ses chaînes encore relativement peu explorées, car trop loin de la Péninsule pour être rejointes à la voile et pas assez populaires pour justifier des rotations d’avion. Dispersés partout autour du continent, les objectifs d’envergure ne manquent pas, telles les grandes parois rocheuses de la chaîne de l’Ohio et des Monts Sarnoff, ou les sommets lointains de la Terre de Mac Robertson, ou encore ces géants de roche et de glace, balayés par les tempêtes, qui s’élèvent au dessus de la mer en Géorgie du Sud.

STEPHEN CHAPLIN, HAUT SUR LA FACE OUEST DU MONT CRADDOCK, chaîne des Sentinelles, Montagnes d’Ellsworth. En dessous, la jonction sud du glacier Bender et du glacier Nimitz. Au-delà, les petits sommets de la chaîne Bastien.

Non tant qu’il y ait en Antarctique quelque montagne ou paroi plus haute, plus longue, plus difficile ou plus verticale que toute autre montagne ou paroi sur un autre continent ! Mais leur situation unique – là est toute la différence. Il n’y a qu’UN Antarctique. Grimper en Antarctique se rapproche au mieux de ce que la plupart d’entre nous pourraient ressentir en grimpant sur une autre planète – sur Terre, mais pas de la Terre. Marcher sur le plateau sommital du Mont Vinson, c’est comme marcher sur la pointe des pieds sur le toit d’un grand vaisseau, voguant à la dérive sur une mer blanche sans fin, comme suspendu au-dessus de tous les autres éléments du continent. En Antarctique, jamais vous ne partez pas à pied d’un village ou d’une route, comme en Himalaya ou en Alaska, jamais vous ne rentrez chez vous à pied !

JED BROWN SUR UN SOMMET SANS NOM AU-DESSUS DU GLACIER EMBREE. Au fond, la dangereuse face nord-est du Mont Anderson, chaîne des Sentinelles, Montagnes d’Ellsworth.

ALPINISTES À LEUR CAMP DE BASE, chaîne des Orvinfjella, Terre de la Reine Maud.

Ce serait une erreur aussi d’envisager l’avenir du continent au travers du seul prisme de la science, ou en utilisant uniquement le langage émotionnel des mouvements écologistes d’aujourd’hui, ou encore en ne considérant que les arguments des aventuriers et des sportifs. Si l’Antarctique ne doit pas être le fief politique des diplomates, il n’est pas non plus un simple laboratoire géant. Pour assurer son avenir, il faut davantage que de simples programmes scientifiques. Nous sommes tous concernés par l’Antarctique – l’enjeu est trop important pour ne pas l’être.

Faire de l’alpinisme en Antarctique reste un luxe, nullement essentiel à l’humanité. Mais c’est aussi un magnifique moyen de voir, de comprendre et d’être en phase avec un continent si important pour le reste du monde. En ouvrant le passé et le futur de ces montagnes antarctiques lointaines à un large public, j’espère que bien des hommes seront amenés à aimer cette terre et, partant, à s’en préoccuper.

Car l’Antarctique représente pour nous un défi – il nous faut agir d’une manière plus responsable avec l’environnement naturel, auquel nous appartenons, mais que nous ne dominons pas. Ne détruisons pas la base de notre survie. Utilisons-la, mais sans la détruire. Partageons-la, mais sans nous battre. Nos choix nous déterminent, comme le fera notre gestion de l’Antarctique.

Le meilleur de la montagne, c’est le désir, la passion, l’amitié, l’engagement, l’excellence et puis la joie. L’Antarctique ne mérite pas moins que tout cela.

1. Chaîne des Sentinelles

2. Chaîne de l’Héritage

LES MONTAGNES D’ELLSWORTH

Les montagnes d’Ellsworth sont constituées de deux chaînes principales: la haute chaîne des Sentinelles au nord et la chaîne plus basse de l’Héritage au sud, toutes deux séparées par le glacier Minnesota, qui s’étend d’est en ouest.

LA CHAÎNE DES SENTINELLES

Les Sentinelles s’étirent sur presque deux cents kilomètres et forment comme une longue épine dorsale dentelée. De nombreuses arêtes rocheuses hérissent le versant qui descend d’un jet sur le plateau glaciaire : espacées avec régularité, ces arêtes prennent alors un aspect uniforme inhabituel. Entre celles-ci, de nombreux couloirs et de grandes parois s’élèvent parfois jusqu’à deux mille mètres au-dessus du plateau glaciaire, qui s’étale d’est en ouest.

Avec ses 4892 mètres d’altitude, le Mont Vinson1 est le sommet le plus élevé du massif du même nom. Ce massif, grand ensemble tout blanc d’environ quinze kilomètres de long sur quinze de large, est situé à peu près au milieu de la chaîne des Sentinelles, le Mont Vinson se trouvant à l’extrémité sud de la partie la plus élevée. Le massif est surmonté de nombreux petits sommets situés tout autour d’un haut plateau de glace vive, balayé par les vents. Au-delà, plusieurs longues arêtes descendent jusqu’aux glaciers environnants. Comme souvent dans d’autres chaînes du reste du globe, la plus haute montagne présente plusieurs versants relativement faciles d’accès. Mais le Mont Vinson offre également des faces plus raides et des arêtes effilées. Passé le Mont Shinn, la chaîne se rétrécit d’une manière spectaculaire, pour former les crêtes aériennes de l’Epperly, du Tyree et du Shear. Elle se prolonge ensuite jusqu’à son extrémité nord, au-delà du Long Gables et de l’Anderson. Un col élevé relie le sud du massif du Vinson à celui du Craddock, plus petit, mais avec des arêtes plus raides et plusieurs sommets élevés. L’extrémité sud de ce massif achève de manière superbe la ligne des Sentinelles. La face sud plonge directement sur le glacier Severinghaus puis, partant de là et jusqu’au pôle Sud, plus rien ne dépasse les 4000 mètres d’altitude.

DAMIEN GILDEA près du sommet du Mont Anderson.

Chaîne des Sentinelles

1. Mont Wyatt Earp 2370 m

2. Mont Morgensen 2790 m

3. Mont Ulmer 2775 m

4. Mont Washburn 2727 m

5. Mont Crawford 2637 m

6. Mont Malone 2460 m

7. Mont Sharp 3359 m

8. Mont Dalrymple 3600 m

9. Mont Goldthwait 3813 m

10. Mont Schmid 2430 m

11. Mont Hale 3546 m

12. Mont Press 3760 m

13. Mont Bentley 4137 m

14. Mont Anderson 4144 m

15. Long Gables 4059 m

16. Mont Giovinetto 4074 m

17. Mont Jumper 2890 m

18. Mont Levack 2751 m

19. Mont Ostenso 4085 m

20. Mont Bearskin 2850 m

21. Mont Gardner 4573 m

22. Mont Tyree 4852 m

23. Mont Epperly 4508 m

24. Mont Shinn 4660 m

25. Mont Waldron 3217 m

26. Mont Vinson 4892 m

27. Mont Tuck 3588 m

28. Mont Mohl 3604 m

29. Mont Rutford 4477 m

30. Mont Benson 2184 m

31. Mont Craddock 4368 m

32. Mont Allen 3248 m

33. Mont Southwick 3087 m

À LA RECHERCHE DU « VINSON »

Difficile à croire aujourd’hui : les plus hautes montagnes de l’Antarctique étaient presque inconnues jusque dans les années 1950 ! En 1935, l’aviateur américain Lincoln Ellsworth avait survolé la chaîne (qui plus tard portera son nom), mais elle était ce jour-là presque entièrement cachée par les nuages. Seul apparaissait un petit sommet. Ellsworth ne pouvait alors savoir que les plus hautes montagnes du continent se trouvaient juste sous lui. Il donna à ce sommet de 2775 mètres le nom de sa femme, Mary Louise Ulmer, sommet appelé donc aujourd’hui Mont Ulmer.

Jusqu’en 1959, la position exacte du point le plus élevé du continent resta inconnue. On lui avait donné le nom provisoire de « Vinson », d’après Carl G. Vinson, sénateur de l’État de Géorgie et depuis longtemps fervent défenseur des opérations américaines en Antarctique. En 1959, on pensait encore que ce « Vinson » serait situé dans la zone des grands volcans de la Terre de Marie Byrd plutôt que dans la Terre d’Ellsworth2. Ce doute serait venu d’un vol effectué par Richard Byrd et Paul Siple lors de l’opération Highjump pendant la saison 1946–1947. Ils avaient alors vu des formes d’une montagne rocheuse plus haute que leur avion qui volait à 3000 mètres. Siple et d’autres passagers du vol estimèrent l’altitude de la montagne à plus de 5000 mètres ! En fait, il s’agissait d’une erreur due à l’angle de vol de l’avion passant au-dessus d’un des plus hauts sommets de la chaîne de l’Executive Committee (sommets au demeurant connus de Byrd dès 1934). Cette erreur se voyait renforcée par des vols précédents, qui avaient pris le Mont Sidley pour l’improbable « Vinson ». L’US Air Force avait même publié une carte montrant un sommet élevé près du 77°S 124°O, que l’on pensait être soit le « Vinson », soit le « Nimitz », autre sommet dont l’existence restait à prouver.