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Extrait : "RESCOUSSE - Si ma guitare, Que je répare, Trois fois barbare, Kriss indien,..."
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Seitenzahl: 75
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EAN : 9782335034868
©Ligaran 2015
C’est Poètes Absolus qu’il fallait dire pour rester dans le calme, mais, outre que le calme est guère de mise en ces temps-ci, notre titre a cela pour lui qu’il répond juste à notre haine et, nous en sommes sûr, à celle des survivants d’entre les Tout-Puissants en question, pour le vulgaire des lecteurs d’élite – une rude phalange qui nous la rend bien.
Absolus par l’imagination, absolus dans l’expression, absolus comme Les Reys Netos des meilleurs siècles.
Mais maudits !
Jugez-en.
Tristan Corbière fut un Breton, un marin, et le dédaigneux par excellence, ces triplex. Breton sans guère de pratique catholique, mais croyant en diable ; marin ni militaire, ni surtout marchand, mais amoureux furieux de la mer qu’il ne montait que dans la tempête, excessivement fougueux sur ce plus fougueux des chevaux (on raconte de lui des prodiges d’imprudence folle), dédaigneux du Succès et de la Gloire au point qu’il avait l’air de délier ces deux imbéciles d’émouvoir un instant sa pitié pour eux !
Passons sur l’homme qui fut si haut, et parlons du poète.
Comme rimeur et comme prosodiste il n’a rien d’impeccable, c’est-à-dire d’assommant. Nul d’entre les Grands comme lui n’est impeccable, à commencer par Homère qui somnole quelquefois, pour aboutir à Gœthe le très humain, quoi qu’on dise, en passant par le plus qu’irrégulier Shakspeare. Les impeccables, ce sont… tels et tels. Du bois, du bois et encore du bois. Corbière était en chair et en os tout bêtement.
Son vers vit, rit, pleure très peu, se moque bien, et blague encore mieux. Amer d’ailleurs et salé comme son cher Océan, nullement berceur ainsi qu’il arrive parfois à ce turbulent ami, mais roulant comme lui des rayons de soleil, de lune et d’étoiles dans la phosphorescence d’une houle et de vagues enragées !
Il devint Parisien, un instant, mais sans le sale esprit mesquin : des hoquets, un vomissement, l’ironie féroce et pimpante, de la bile et de la fièvre s’exaspérant en génie et jusqu’à quelle gaîté !
Exemple :
RESCOUSSE
Avant de passer au Corbière que nous préférons, tout en raffolant des autres, il faut insister sur le Corbière parisien, sur le Dédaigneux et le Railleur de tout et de tous, y compris lui-même.
Lisez encore cette
ÉPITAPHE
Nous en passons et des plus amusants.
Du reste il faudrait citer toute cette partie du volume, et tout le volume, ou plutôt il faudrait rééditer cette œuvre unique, Les Amours Jaunes parue en 1873, aujourd’hui introuvable ou presque, où Villon et Piron se complairaient à voir un rival souvent heureux, – et les plus illustres d’entre les vrais poètes contemporains un maître à leur taille, au moins !
Et tenez, nous ne voulons pas encore aborder le Breton et le marin sans quelques dernières expositions de vers détachés, qui existent par eux-mêmes, de la partie des Amours Jaunes qui nous occupe.
À propos d’un ami mort « de chic, de boire ou de phtisie » :
À propos du même, probablement :
Enfin ce sonnet endiablé, d’un rythme si beau :
HEURES
Admirons bien humblement, – entre parenthèses, cette langue forte, simple en sa brutalité charmante, correcte étonnamment, cette science, au fond, du vers, cette rime rare sinon riche à l’excès.
Et parlons cette fois du Corbière plus superbe encore.
Quel Breton bretonnant de la bonne manière ! L’enfant des bruyères et des grands chênes et des rivages que c’était ! Et comme il avait, ce faux sceptique effrayant, le souvenir et l’amour des fortes croyances bien superstitieuses de ses rudes et tendres compatriotes de la côte !
Écoutez ou plutôt voyez, voyez ou plutôt écoutez (car comment exprimer ses sensations avec ce monstre-là ?) ces fragments, pris au hasard, de son Pardon de Sainte Anne.
Impossible de tout citer de ce Pardon dans le cadre restreint que nous nous sommes imposés. Mais il nous paraîtrait mal de prendre congé de Corbière sans donner en entier le poème intitulé la Fin, où est toute la mer.
Ô combien de marins, combien de capitaines Etc. (V. Hugo.)