Poèmes saturniens - Paul Verlaine - E-Book

Poèmes saturniens E-Book

Paul Verlaine

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Beschreibung

Dans ses Confessions, Verlaine indique qu'il écrivit ces poèmes "saturniens" au lycée, à l'âge de seize ans. ... Le thème central qui lui a inspiré ces poèmes est l'influence maligne de la planète Saturne sur ceux qui sont nés sous son signe (les saturniens ont entre tous "bonne part de malheur et bonne part de bile").

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POÈMES SATURNIENS

Pages de titrePOÈMES SATURNIENSPROLOGUEMELANCHOLIAEAUX-FORTESPAYSAGES TRISTESCAPRICESÉPILOGUEPage de copyright

POÈMES SATURNIENS

Paul Verlaine

POÈMES SATURNIENS

Les Sages d’autrefois, qui valaient bien ceux-ci,

Crurent, et c’est un point encor mal éclairci,

Lire au ciel les bonheurs ainsi que les désastres,

Et que chaque âme était liée à l’un des astres.

(On a beaucoup raillé, sans penser que souvent

Le rire est ridicule autant que décevant,

Cette explication du mystère nocturne.)

Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE,

Fauve planète, chère aux nécromanciens,

Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,

Bonne part de malheur et bonne part de bile.

L’Imagination, inquiète et débile,

Vient rendre nul en eux l’effort de la Raison.

Dans leurs veines, le sang, subtil comme un poison,

Brûlant comme une lave, et rare, coule et roule

En grésillant leur triste Idéal qui s’écroule.

Tels les Saturniens doivent souffrir et tels

Mourir, — en admettant que nous soyons mortels. —

Leur plan de vie étant dessiné ligne à ligne

Par la logique d’une Influence maligne.

P.V.

PROLOGUE

Dans ces temps fabuleux, les limbes de l’histoire,

Où les fils de Raghû, beaux de fard et de gloire,

Vers la Ganga régnaient leur règne étincelant,

Et, par l’intensité de leur vertu, troublant

Les Dieux et les Démons et Bhagavat lui-même,

Augustes, s’élevaient jusqu’au néant suprême,

Ah ! la terre et la mer et le ciel, purs encor

Et jeunes, qu’arrosait une lumière d’or

Frémissante, entendaient, apaisant leurs murmures

De tonnerres, de flots heurtés, de moissons mûres,

Et retenant le vol obstiné des essaims,

Les Poètes sacrés chanter les Guerriers saints,

Ce pendant que le ciel et la mer et la terre

Voyaient — rouges et las de leur travail austère —

S’incliner, pénitents fauves et timorés,

Les Guerriers saints devant les Poètes sacrés !

Une connexité grandiosement calme

Liait le Kchatrya serein au Chanteur calme,

Valmiki l’excellent à l’excellent Rama :

Telles sur un étang deux touffes de padma.

— Et sous tes cieux dorés et clairs, Hellas antique,

De Sparte la sévère à la rieuse Allique,

Les Aèdes, Orpheus, Akaïos, étaient

Encore des héros altiers et combattaient,

Homéros, s’il n’a pas, lui, manié le glaive,

Fait retentir, clameur immense qui s’élève,

Vos échos, jamais las, vastes postérités,

D’Hektôr, et d’Odysseus, et d’Akhilleus chantés.

Les héros à leur tour, après les luttes vastes,

Pieux, sacrifiaient aux neuf Déesses chastes,

Et non moins que de l’art d’Arès furent épris

De l’Art dont une Palme immortelle est le prix,

Akhilleus entre tous ! Et le Laëtiade

Dompta, parole d’or qui charme et persuade,

Les esprits et les cœurs et les âmes toujours,

Ainsi qu’Orpheus domptait les tigres et les ours.

— Plus tard, vers des climats plus rudes, en des ères

Barbares, chez les Francs tumultueux, nos pères,

Est-ce que le Trouvère héroïque n’eut pas

Comme le Preux sa part auguste des combats ?

Est-ce que, Théroldus ayant dit Charlemagne,

Et son neveu Roland resté dans la montagne

Et le bon Olivier et Turpin au grand cœur,

En beaux couplets et sur un rythme âpre et vainqueur,

Est-ce que, cinquante ans après, dans les batailles,

Les durs Leudes perdant leur sang par vingt entailles,

Ne chantaient pas le chant de geste sans rivaux,

De Roland et de ceux qui virent Roncevaux

Et furent de l’énorme et suprême tuerie,

Du temps de l’Empereur à la barbe fleurie ?

— Aujourd’hui l’Action et le Rêve ont brisé

Le pacte primitif par les siècles usé,

Et plusieurs ont trouvé funeste ce divorce

De l’harmonie immense et bleue et de la Force.

La Force qu’autrefois le Poète tenait

En bride, blanc cheval ailé qui rayonnait,

La force, maintenant, la Force, c’est la Bête

Féroce bondissante et folle et toujours prête

À tout carnage, à tout dévastement, à tout

Égorgement d’un bout du monde à l’autre bout !

L’Action qu’autrefois réglait le chant des lyres,

Trouble, enivrée, en proie aux cent mille délires

Fuligineux d’un siècle en ébullition,

L’Action à présent, — ô pitié ! — l’Action,

C’est l’ouragan, c’est la tempête, c’est la houle

Marine dans la nuit sans étoiles, qui roule

Et déroule parmi des bruits sourds l’effroi vert

Et rouge des éclairs sur le ciel entr’ouvert !

— Cependant, orgueilleux et doux, loin des vacarmes

De la vie et du choc désordonné des armes

Mercenaires, voyez, gravissant les hauteurs

Ineffables, voici le groupe des Chanteurs

Vêtus de blanc, et des lueurs d’apothéoses

Empourprent la fierté sereine de leurs poses :

Tous beaux, tous purs, avec des rayons dans les yeux,

Et sur leur front le rêve inachevé des Dieux,

Le monde que troublait leur parole profonde,

Les exile.

À leur tour ils exilent le monde !

C’est qu’ils ont à la fin compris qu’ils ne faut plus

Mêler leur note pure aux cris irrésolus

Que va poussant la foule obscène et violente,

Et que l’isolement sied à leur marche lente.

Le Poète, l’amour du Beau, voilà sa foi,

L’Azur, son étendard, et l’Idéal, sa loi !

Ne lui demandez rien de plus, car ses prunelles,

Où le rayonnement des choses éternelles

A mis des visions qu’il suit avidement,

Ne sauraient s’abaisser une heure seulement

Sur le honteux conflit des besognes vulgaires,

Et sur vos vanités plates ; et si naguères