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« Mes enfants, je vous ai demandé de me retrouver ici. Quatre communautés de notre famille ont quitté la cité ancestrale pour aller s’installer sur de nouvelles terres. Chacune d’elles a dû être guidée par une divinité. Je ne suis pas là pour gérer leur vie mais je sens qu’à un moment donné, l’une d’elles lèvera les armes contre ses frères et sœurs pour être à la tête des communautés. Je vous conseille de vous préparer à vous défendre mais je ne désire pas de mettre le Dieu Ayo en colère… »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Briolant, natif d’une région du centre de la France connue pour ses mystères : "le Berry", est passionné par la nature et la lecture. Il ajoute une corde à son arc en se lançant en 2010 dans l’écriture. Séduit par la série de science-fiction de Dune de Franck Herbert puis par l’Héroic-fantasy Les chevaliers d’émeraude d’Anne Robillard et L’épée de vérité de Terry Goodkind, il élabore ses romans.
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Seitenzahl: 485
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Philippe Briolant
Les princes astraux
Tome I
Genesia
Roman
© Lys Bleu Éditions – Philippe Briolant
ISBN : 979-10-422-0490-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Du même auteur
Cycle
Les princes divins
– Tome I, Arthur d’Atlante, Éditions Le Lys Bleu, 2018 ;
– Tome II, Le peuple du Berry, Éditions Le Lys Bleu, 2018 ;
– Tome III, Ragnar le rouge, Éditions Le Lys Bleu, 2018 ;
– Tome IV, Afonso et Ramsès, Éditions Le Lys Bleu, 2022.
Cycle
Les princes célestes
– Tome I, Origins, Éditions Le Lys Bleu, 2019
Carte du monde féerique
Du haut de son panthéon céleste, à la dixième année de la création de cette terre par l’ensemble des dieux du panthéon féerique après l’accord de la Déesse mère Gaïa, le Dieu Ayo regardait la vie se mouvoir. Il comprit qu’il manquait un esprit supérieur sur cette terre. Il se souvint des deux êtres humains (Adam et Ève) que le Dieu Zeus avait créés à son image. Ayo décida de concevoir un être à son image, calquée sur le mode de vie des abeilles. Au premier jour de la saison des fleurs, sur une terre, le Dieu Ayo créa la première fée mâle, Faé, d’une morphologie humaine, mince et athlétique, d’une taille d’un mètre quatre-vingts, à peau rose dorée, aux oreilles arrondies, les cheveux de couleur sienne avec les yeux verts et possédant des ailes identiques aux abeilles. Deux jours après, voyant que son protégé errait seul et sans motivation, Ayo choisit de lui concevoir une compagne, Aibell, plus petite d’une quinzaine de centimètres, mince, d’une incroyable beauté, de peau couleur bronze, aux yeux marron, aux cheveux noirs avec les oreilles arrondies. Tous deux, âgés d’une vingtaine d’années, ils s’observèrent à distance puis ils se rapprochèrent jusqu’à se trouver l’un contre l’autre. Ils se regardèrent puis ils se touchèrent du bout des doigts. Ils remarquèrent que leur peau avait la même souplesse et la même douceur. Vivant nus depuis le début, ils commencèrent dans un premier temps par se vêtir avec de grandes feuilles et de fines herbes, assemblées les unes aux autres. Durant les premiers jours de leur existence, les deux fées ne firent que de marcher dans la forêt des arbres géants. Au bout d’une lune, Ayo décida de descendre sur terre afin de trouver ses créatures et de leur expliquer à quoi pouvaient servir les deux paires d’ailes qu’il leur avait données. Ce dernier utilisa son portail divin et, une fois sur terre, il remonta le tunnel qui déboucha à la surface, entre les racines d’un arbre géant. Avant de sortir, il prit la forme de ses fées et il fit apparaître ses ailes. Non loin de l’entrée, il remarqua ses deux êtres qui mangeaient des baies rouges, assis sur une petite racine aérienne. Ils furent surpris de voir apparaître un être inconnu, qui leur ressemblait. Par crainte, le couple se blottit dans les bras de l’un et de l’autre tout en observant l’inconnu s’approcher. Ayo s’adressa à eux.
— Bonjour Aibell, bonjour Faé. N’ayez pas peur et je n’ai pas l’intention de vous faire du mal mais bien au contraire.
— Qui êtes-vous ? demanda Aibell à son interlocuteur.
— Je m’appelle Ayo et je suis votre créateur. J’ai plein de choses à vous apprendre.
Il expliqua à chacun d’eux le nom qu’il avait choisi. Ayo annonça à Faé que le choix du nom fut difficile à trouver pour ce fabuleux être qui ressemblait à un être humain et aux insectes volants qu’il aimait observer. En parlant à ses enfants de sa création, il dérapa en prononçant « Faé » au lieu de « fabuleux être ». Tout le monde du panthéon Faérune avait approuvé ce nom. Après réflexion, ce nom avait été conservé pour sa première création. Pour Aibell, c’était pour le mode de vie des abeilles qui le fascinait. Après toutes ces explications, Ayo commença à parler de la fonction des ailes dont il avait pourvu ses créations. Il fit battre les ailes de son dos puis, il s’éleva dans les airs. Aibell et Faé furent étonnés et Faé demanda comment il avait fait. Ayo leur fit comprendre que c’était en pensant vouloir s’élever que ses ailes bougeaient. Il leur fit comprendre que c’était aussi simple que de marcher. Il descendit pour rester à un mètre du sol et il conseilla à ses créations de faire comme il leur avait dit. Faé et Aibell commencèrent à bouger leurs ailes sans pouvoir s’élever vraiment. Au bout de quelques minutes, le couple commençait par se surélever mais leurs mouvements n’étaient pas encore stables. Après plusieurs minutes, les déplacements furent d’une souplesse gracieuse. À un moment, le couple fit un peu la course entre deux arbres pour voir leur vitesse de déplacement. Ils avaient une sensation de légèreté et de liberté. Une fois que tous les trois furent revenus sur la terre ferme, Ayo commença par leur parler du pouvoir du feu par les mains. Il annonça aussi qu’ils détenaient d’autres pouvoirs magiques mais qu’ils les découvriraient plus tard dans la vie. Il fit sortir une flamme du creux de ses mains. Aibell et Faé reculèrent en voyant les flammes. Ayo les rassura en les éteignant et en leur faisant voir qu’il n’y avait aucune blessure dans ses mains. Il fit revenir les petites flammes puis il les fit grandir. Ayo les encouragea à vouloir maîtriser cette magie primaire. Il leur expliqua qu’il fallait penser à une flamme indolore. Il fit de nouveau revenir la flamme dans le creux de sa main puis plaça la flamme dans la main de Faé. Il fut surpris de ressentir de petits picotements pendant quelques secondes jusqu’à ce qu’Ayo la reprenne avec sa main. Après plusieurs minutes de concentration, Faé réussit à avoir une minuscule flamme dans sa main pendant moins de dix secondes. Aibell prit le relais en obtenant une flamme plus grande que son compagnon. Ayo prit une petite poignée d’herbe sèche qu’il plaça au centre, sur le sol puis il alluma une flamme dans sa paume de main et la rapprocha des herbes. Ces dernières s’enflammèrent et elles dégagèrent de la chaleur. Cette sensation de la flamme venant des herbes était différente de celle de la magie des mains, expliqua Faé après avoir vite retiré sa main du feu d’herbes. Sa main était douloureuse après avoir vérifié la différence, pensant retrouver le même picotement que la flamme dans la main. Ayo envoya une vague de fraîcheur sur la main blessée puis il diffusa une onde magique apaisante avant de la soigner.
Tout au long de cette première année, Faé et Aibell découvrirent leurs nouveaux pouvoirs magiques. Au fur et à mesure du temps, ils apprirent à maîtriser leurs dons. Ils purent ainsi se façonner un logis dans un arbre géant pour se protéger du mauvais temps. Ils remarquèrent aussi qu’il existait différents matériaux dans la nature et différents aliments. Pour certains aliments, ils durent modifier leur mode d’utilisation comme écraser certaines graines et les mélanger avec de l’eau. Grâce au feu magique, ils firent cuire certains aliments qui les rendirent plus savoureux à la dégustation. Avec le temps, ils purent se créer des outils et découvrir le métal. Un soir, après une journée froide, Faé et Aibell s’allongèrent sur leur lit d’herbes pour se réchauffer et ils commencèrent par se caresser. Pendant une partie de la nuit, Faé et Aibell continuèrent de se câliner. Les deux corps se chevauchèrent et des baisers furent échangés tout au long de la nuit. Après quelques lunes, Aibell sentit une étrange sensation dans son corps. Elle constata avec le temps que ses seins avaient gonflé et que son ventre commençait à s’arrondir. Plusieurs lunes après, au cours de l’hiver, des douleurs se firent ressentir au niveau du bassin et la clouèrent. Elle sentit un liquide chaud couler entre ses cuisses. Elle appela Faé pour l’aider à s’allonger. Quelques instants après, elle sentit une masse sortir d’entre ses cuisses. Elle entendit, peu de temps après la sortie de cette masse de son corps, un cri ressemblant à des pleurs. Faé prit cet être vivant dans ses mains et le tendit à sa compagne en lui disant que c’était l’être évacué de son corps. Ils regardèrent l’enfant et remarquèrent qu’il leur ressemblait. L’enfant avait les mêmes oreilles, pointues, et il possédait la même forme entre les jambes qu’Aibell. Il posa l’enfant sur la poitrine d’Aibell et ce petit être commença à téter le sein. Elle l’écarta de son sein pour voir de plus près mais un jet de liquide blanc giclait de son sein et l’enfant se mit à brailler de nouveau. Elle le reposa sur l’autre sein et l’enfant recommença à téter. Elle comprit que le nourrisson avait besoin de boire son lait. Elle le laissa jusqu’à ce qu’il cesse de téter. Au bout d’une dizaine de minutes, elle remarqua que l’enfant s’était endormi sur elle. Ils décidèrent de l’appeler Dryade. Il avait la peau rosée, la chevelure blonde et les yeux marron. Pendant la naissance non divine de la première fée, le Dieu Ayo surveillait attentivement et à distance cet heureux événement. Il se sentit honoré de cette réussite. Il quitta son refuge céleste et alla rejoindre la nouvelle famille. Faé et Aibell furent surpris de la visite de leur créateur, bien plus grand qu’eux. Il avait les mêmes traits qu’eux mais le couple sentait qu’il était différent d’eux. Ayo s’adressa aux jeunes parents.
— Je suis heureux de la venue au monde de cet enfant. Il est l’espoir pour votre future communauté. C’est à vous deux que le mérite revient. Vous avez réussi à concevoir une vie sans mon aide. Connaissez-vous le genre de votre enfant ?
— Que voulez-vous dire par genre ? demanda Aibell.
— Soit féminin comme vous Aibell ou masculin comme Faé, annonça Ayo.
— Dieu Ayo, s’exclama Aibell. Je ne sais pas comment faire la distinction. Pouvez-vous nous expliquer ?
— Présentez-moi cet enfant.
Aibell alla chercher Dryade qui était nue. Une fois devant leur créateur Ayo, celui-ci tendit le doigt en direction de l’entrecuisse de l’enfant. À ce moment-là, Dryade urina.
— Vous avez vu. C’est à ce niveau que l’on détermine le sexe de l’enfant qui est du genre féminin. Elle n’a pas le petit orifice comme toi Faé.
— Je comprends maintenant la différence, annonça Faé tout heureux.
— Dieu Ayo, demanda Aibell. Comment cela se fait qu’elle soit légèrement différente de nous comme la couleur de la peau, des cheveux, des yeux ou du sexe.
— Elle reprend une partie de l’héritage naturel de chacun de vous deux. Avez-vous donné un nom à cette fille ? demanda Ayo.
— Elle se nomme Dryade.
— Ne soyez pas surpris si elle n’a pas encore ses ailes. Elles apparaîtront plus tard, d’ici une dizaine d’années. Je veillerai sur elle quand le moment sera venu. Nous aurons encore l’occasion de se revoir d’ici plusieurs cycles lunaires.
— Pourquoi tout ce temps sans se voir ? demanda Faé.
— J’ai mon monde céleste à gérer et vous, vous avez votre monde à visiter. Vous devez vous familiariser avec votre environnement et à fonder les bases de votre famille qui devrait s’agrandir avec le temps.
— Comment ça que notre famille va s’agrandir ? s’exclama Aibell.
— Vous allez certainement concevoir d’autres enfants comme Dryade et elle aussi aura sa vie à gérer avec le temps. Vous aurez toute l’éternité comme nous mais seulement si vous ne commettez pas l’irréparable en ôtant volontairement la vie à l’un des vôtres.
— Que deviendrons-nous si cela se passe ? demanda Faé.
— Vous tous, vous vivrez le temps qu’aura vécu la victime de cet acte. Si c’est un enfant qui n’a pas l’âge de procréer, votre existence à tous est vouée à disparaître entièrement. Les humains ont à peine une centaine d’années d’existence par la faute d’Ève. Elle a mangé le fruit interdit. J’ai décidé que la faute soit plus grave pour perdre l’immortalité. Tout cela ne tient qu’à vous et à vos descendants. Gravez cet avertissement dans vos lois afin que cela soit connu de tous.
— Nous ferons attention à ce que cela n’arrive pas, dit Faé. Ce serait anéantir tout votre travail si cela se passe et notre chance de survie.
Sur ces mots, le Dieu Ayo se retourna et il se dirigea à l’extérieur de l’abri de branchages. Une fois la divinité partie, le couple discuta sur les paroles prononcées par le dieu et réfléchit sur ce qu’il voulait obtenir. Dans un premier sens, ils comprirent que leur famille devait s’agrandir et qu’avec cet abri il était impossible de pouvoir contenir plus de personnes. Faé se dit qu’il fallait commencer par trouver un endroit capable de recevoir plus par de nouvelles constructions plus grandes et plus solides. Il pensa à un lieu particulier car les enfants ne pourront pas voler avant un certain âge tant que leurs ailes ne seront pas sorties. Il se dit aussi que ces ailes devaient leur permettre de vivre en hauteur pour leur sécurité. Il devait trouver un lieu pouvant répondre à ces besoins. Une nouvelle naissance survint l’année suivante. Ce fut un garçon qui ressemblait à sa sœur Dryade. Le couple lui donna le prénom de Silvère.
L’année après la venue au monde de Silvère, la famille s’agrandit avec la naissance de triplés, deux enfants de sexe masculin et un de sexe féminin. La fille eut le nom de Nymphéa, elle avait la peau blanche, les cheveux et les yeux bleus. Le premier garçon fut nommé Sylphéus, il avait la peau blanche, ses yeux, ainsi que sa chevelure, étaient verts. Le second garçon, Gnomi, avait la peau grise, les yeux et les cheveux noirs. L’année suivante naissait Hiron qui avait la peau blanche avec des cheveux et yeux noirs. Au fur et à mesure des années, les naissances s’enchaînèrent, une par an, un à plusieurs à la fois et aucun de ces nouveaux enfants n’eut de nouvelles couleurs autres que celles des quatre premiers enfants. Avec le temps, les enfants se réunirent par la forme de leurs ailes reçues autour de leur douzième année, créant ainsi des communautés. Faé et Aibell ne prirent aucune ride ni aspect annonçant les années passées malgré deux siècles d’existence. La communauté de Gnomi n’avait qu’une seule paire d’ailes, longues et fines alors que les trois autres détenaient deux paires d’ailes différentes en fonction de la communauté. La communauté d’Hiron était différente par ses ailes longues et revêtues de plumes noires.
Des naissances se firent connaître par l’union entre les enfants. De la petite cabane de branchages, avec les années, la demeure familiale grandissait au fur et à mesure que les naissances arrivaient. Année après année, les habitations de branches laissèrent place à des constructions plus solides en bois. Ensuite, la pierre est apparue dans la construction du logis. Les maisons devinrent de plus en plus grandes et plus nombreuses furent les constructions du fait de l’accroissement de la population. Plus d’un millier de fées peuplaient la petite cité de Pixie. Des quartiers s’étaient déjà formés par groupe de communauté. Certaines infinités entre certains des premiers enfants du couple avaient donné naissance à une nouvelle génération. Au centre de la cité, se trouvait, derrière un muret, l’habitation des anciens. Ils y avaient aménagé deux espaces, l’un qui servait de potager et l’autre tapissé d’une pelouse ombragée par quelques arbres fruitiers. De temps à autre, ils aimaient se détendre sous un cerisier au coucher du soleil. Faé y avait fabriqué un banc et une table en bois. C’était l’instant de la journée qu’ils appréciaient. Ne vieillissant pas et gardant leur énergie, Faé et Aibell continuaient à avoir des enfants. Les petits grandissaient vite jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte. Prêts à procréer, les jeunes quittaient la demeure parentale et ils allaient s’installer dans une nouvelle bâtisse, préalablement construite. En deux siècles d’existence, le peuple féerique a vu arriver la dixième génération. Les ressources ne manquaient pas et avec la participation de chacun, l’agriculture prit son essor. Le travail du bois se développa et l’utilisation des matériaux comme le bois, la pierre, le feu, de grandes innovations améliorèrent le quotidien de chacun. Chaque communauté excellait dans un domaine particulier. La communauté de Sylphéus brillait dans l’agriculture. Le groupe de Gnomi travaillait la pierre. L’équipe de Nymphéa s’était perfectionnée dans la pêche. Pour Dryade, tout comme Silvère, le bois était devenu leur spécialité. Faé, Aibell, Hiron et les siens étaient présents dans tous les autres domaines. Chacun travaillait pour la communauté féerique de Pixie. Le couple doyen vivait dans le grand arbre accessible soit par l’escalier dans le tronc ou par les airs en arrivant à différentes plateformes.
Depuis quelques lunes, au tout début du second siècle, la communauté de Gnomi émit le souhait de quitter le cocon Pixien mais Faé persuada Gnomi et les siens de rester à Pixie jusqu’à la saison des premières fleurs. Pendant ce temps, Gnomi faisait circuler, auprès des autres communautés, l’idée de partir fonder de nouveaux royaumes. Hiron, Nymphéa, Silvère et Sylphéus n’étaient pas contre cette idée d’aventure. Dryade ne souhaitait pas abandonner ses parents car il n’y aurait plus personne dans la cité si elle devait partir comme les autres. Durant la saison des neiges, chaque communauté prépara les matériaux et les vivres essentiels à son exode. Chacune des communautés avait envoyé une équipe pour trouver un site idéal pour leur future implantation à une lune de distance environ du point de départ. À leur retour, au bout de près de trois lunes, chacune des expéditions était revenue avec l’idée de plusieurs implantations pouvant être choisies. Lors des réunions nocturnes, chaque communauté discutait de la future installation. Les trois communautés avaient décidé d’aller établir un nouveau royaume. Chaque groupe avait décidé de ne rien communiquer aux autres groupes.
Dryade avait obtenu quelques bribes d’informations sur les décisions de chacune des quatre communautés. Elle savait que Gnomi devait rejoindre les marais du Nord, Sylphéus voulait atteindre les grandes prairies du Sud-Ouest, Silvère voulait aller dans la forêt de l’Ouest après le fleuve Sylphéus et que Nymphéa avait choisi de rejoindre le fleuve Azur jusqu’à la côte du Sud-Est. Elle décida d’informer ses parents du choix de ses frères et sœur de quitter la cité de Pixie, le berceau de la famille. Durant tout l’hiver, Dryade protégea une grande partie des vivres et certains matériaux afin qu’ils ne soient pas tous emportés par les candidats à l’exil. Elle avait stocké tout cela dans le dépôt familial qu’elle avait fait construire dès qu’elle avait eu vent des premières propositions de Gnomi sur un éventuel exode de sa communauté. Elle avait craint qu’ils partent avec la totalité des vivres. Pendant ce temps, les compagnons de Nymphéa construisaient des chariots afin de pouvoir transporter les vivres, matériaux pour leur voyage. Les deux autres communautés s’étaient mises à les aider pour la construction des chariots. Certaines fées de la communauté de Gnomi travaillaient avec des fées de Nymphéa pour la fabrication d’outils. Les cultures étaient en jachère, les équipiers de Sylphéus coopéraient aux différentes tâches pour la préparation de l’exode des quatre communautés. Chaque communauté s’entraidait et apprenait des connaissances qui lui faisaient défaut. Pendant la saison des neiges, tout le monde était solidaire et Faé comprit la raison qui motivait les communautés à travailler ensemble.
Au milieu de la saison des neiges, en fin de soirée, Faé et Aibell avaient convoqué les cinq chefs des communautés au sein de la salle du conseil. Gnomi, Sylphéus, Silvère, Nymphéa, Dryade et Hiron avaient été conviés à cette réunion. Dryade se doutait que des changements importants se produiraient au cours de ce conseil mais elle se demandait pourquoi son père avait tant insisté à ce qu’elle soit considérée comme un chef de la communauté. Faé lui avait dit que chacun de ses premiers enfants avait une communauté et qu’elle, l’aînée des enfants, devait diriger une communauté. Aibell avait dit que ce serait à elle de veiller sur ceux qui voulaient rester auprès des fondateurs de leur peuple. Elle fut surprise de cette nomination par son père. Le lendemain matin, Faé avait convoqué les membres de sa famille qui n’avaient pas choisi de partir de Pixie dans la grande salle du conseil. Faé avait demandé à Dryade de rester près de lui. Une fois les portes de la pièce fermées, Faé, le doyen du peuple d’Ayo, s’adressa à l’assemblée.
— Mes chers enfants, vous avez choisi de rester ici auprès de nous. Notre peuple a décidé de se diviser en plusieurs communautés. Actuellement, vous, mes fidèles, vous n’avez pas de véritable chef de communauté et j’ai décidé, avec ma tendre épouse Aibell, de nommer ma fille aînée à votre tête. Je reste toujours votre doyen et aussi celui de toute la communauté des fées de ce monde et nous voudrions savoir si vous seriez d’accord pour cette nomination.
Pendant un instant, l’assemblée se concerta puis on entendit des chuchotements. Après ce temps de réflexion, Faé prit la parole.
— Je crois que votre choix est fait. Ceux qui sont contre cette nomination peuvent lever la main.
Sur plusieurs centaines de personnes présentes, neuf mains furent levées. Une très grande majorité avait accepté la proposition du doyen.
— Je vois que votre choix valide cette proposition, donc Dryade est désormais votre chef de communauté. Je vous remercie de votre confiance. Je souhaite m’entretenir avec les neuf membres qui ont voté contre afin de pour comprendre leur raison. Bien sûr, Dryade ne condamnera pas votre choix.
— Je respecte votre choix, dit Dryade. Je ne demande qu’une chose, c’est que chacun d’entre nous respecte le choix et le mode de vie d’autrui. Tout le monde est libre de rester ou de partir quand bon lui semble. Celui qui décide de revenir ne sera pas exclu de notre communauté mais il ne devra pas s’imposer auprès de nous.
— Hiron, si toi et tes compagnons voulez rester avec nous, nous vous acceptons tel que vous êtes. Je ne retiens personne et libre à ceux qui veulent aller à l’aventure. Nous ne t’obligerons pas à suivre tous les ordres de Dryade mais respecte au moins les règles de la collectivité.
— Faé, père des fées, j’accepte vos conditions mais si je ne me sens plus à ma place ici, laissez-nous partir.
— Hiron, dit Faé. C’est avec regret que j’accepterai ta décision de nous quitter. Tu es ici dans ton foyer, berceau de notre monde, et tu seras toujours le bienvenu.
— Hiron, dit Dryade, nous ne forcerons personne à choisir son foyer. Tu es ici chez toi et même si ta décision de nous quitter se décide un jour, ici, tu seras toujours le bienvenu.
— Merci Dryade. J’essaierai de ne pas nuire à votre tranquillité.
— Hiron, dit Dryade, quelle sera ta destination si tu venais à nous quitter ?
— Je pense aller vers les terres des neiges éternelles. Des voix me disent que les terres des hauts plateaux de la vallée d’Isildora nous attendent au Nord-Ouest.
— Hiron, dit Faé, cette zone est très escarpée et je n’ai jamais cru la vie possible sur ces terres. J’espère que tu trouveras des ressources pour survivre sur ces hautes terres froides.
Sur ces mots, Hiron et ses compagnons quittèrent la pièce, laissant à l’intérieur le reste des membres conviés au conseil. Une fois la porte refermée, les discussions reprirent jusqu’à ce que Faé prenne la parole.
— Hiron a fait son choix et je ne m’oppose pas à cette volonté. Votre destinée est dans le cœur de chacun. Je comprends son désir de liberté car il s’est senti différent et rejeté parmi les siens tout comme ses dix-huit autres compagnons. Je n’ai pas apprécié cette dénégation de sa communauté parce qu’ils sont différents d’eux. Si l’un d’entre vous souhaite prendre son envol, je ne rejetterai pas son choix. Je ne suis pas là pour contraindre la liberté de chacun. Je ne souhaite pas entrer en conflit car le ou les dieux qui veillent sur notre monde peuvent nous le reprocher. Je pense qu’Hiron se laisse guider par la voix d’un dieu que nous ne connaissons pas. Ayo nous a signalé que seuls les dieux pouvaient emprunter la porte céleste pour rejoindre le royaume divin de Faérune. Ce qui signifie donc qu’il n’est pas le seul à vivre dans son monde.
— Père, je pense que les dieux veulent prendre en charge certaines fées en vue d’être vénérés et non ignorés. Quelques-uns attendent qu’il y ait une masse d’individus pour que cela ne se voie pas. Je me rends compte, comme partout, que certains s’attribuent le travail des autres, sans se fatiguer.
— Tu as raison, ma fille. Je suis content que tu sois restée auprès de nous.
— Père, j’ai fait une réserve supplémentaire afin que nous ne soyons pas démunis par les trois communautés quand elles partiront. J’ai pris le soin de verrouiller ce lieu par une protection magique.
Au premier jour de la saison des fleurs,au bout des deux siècles d’existence du monde féerique, Gnomi, Nymphéa, Silvère et Sylphéus se préparèrent à quitter comme annoncé le cocon familial. Avant de partir, chacune des communautés regroupa les réserves qu’elles avaient collectées depuis l’annonce de leur départ vers de nouvelles terres. Faé et Aibell avaient fait savoir qu’avant de partir, toutes les communautés seraient réunies autour d’un grand banquet familial. Les préparatifs du dernier repas s’effectuèrent, occupant ainsi tout le monde pour une dernière activité commune. Au cours du repas, personne ne s’était mélangé, laissant les communautés bien groupées. La cité tout entière de Pixie avait profité de cette dernière soirée de festivité. Au lendemain matin de la fête, les convois formés déjà la veille, les membres des communautés se réunirent les uns après les autres puis chacun des convois quitta la place centrale de la cité. En franchissant les remparts de la cité, chaque convoi prit une direction totalement différente. Une fois que le dernier convoi fut parti au milieu de l’après-midi, un vide s’installa dans des quartiers entiers. Dryade et sa communauté avaient décidé de rester auprès des doyens. Tout comme Dryade, Hiron et les siens étaient restés à Pixie. Ils observèrent tous avec les doyens le vide laissé par toutes ces absences qui était plein de vie. Le lendemain matin, Faé et quelques-uns des siens observèrent de nouveau la désolation laissée par ce vide. Faé pensa qu’il faudra plusieurs générations afin de combler le vide laissé par cet exode.
Ainsi Faé, Aibell, Dryade et certains des plus jeunes des enfants décidèrent de fonder une nouvelle base de la communauté des Fées Pixiennes à Pixie, au centre du monde des fées. Les terres autour de la cité étaient très fertiles et les montagnes proches regorgeaient d’une multitude de richesses. Les habitants de ce royaume prospéraient rapidement et avaient ainsi provoqué l’éclatement du monde Pixien. Gnomi et les siens étaient partis en direction des marais d’Arcages au Nord. Sylphéus et sa communauté étaient descendus vers le fleuve Azur vers les berges du Sud. Nymphéa avait gagné avec sa communauté les grandes forêts de l’ouest appelées Sylvestria. Dryade avait laissé la réserve sous la protection magique jusqu’à la saison chaude. Le soir du grand départ des quatre premières communautés, Faé avait réuni tous les membres qui étaient restés à Pixie. Hiron et les siens avaient été conviés à cette réunion. Une fois que tous les habitants de la cité furent entrés dans la grande salle du conseil, Faé se leva de son siège.
— Mes enfants, je vous ai demandé de me retrouver ici. Quatre communautés de notre famille ont quitté la cité ancestrale pour aller s’installer sur de nouvelles terres. Chacune d’elles a dû être guidée par une divinité. Je ne suis pas là pour gérer leur vie mais je sens qu’à un moment donné, l’une d’elles lèvera les armes contre ses frères et sœurs pour être à la tête des communautés. Je vous conseille de vous préparer à vous défendre mais je ne désire pas de mettre le Dieu Ayo en colère. Utilisez ce que vous offre la nature et respectez-la. Vous détenez tous des pouvoirs magiques mais ne les employez seulement que pour vous défendre. Notre terre vous donnera le meilleur d’elle que si vous la respectez. Hiron, tu m’as informé que tu voulais partir vers les hauts plateaux d’Isildora.
— C’est bien cela Faé, dit Hiron. Une voix m’a demandé de la retrouver là-bas. Je n’ai pas encore eu cette vision mais lors de mon voyage, je me suis arrêté au pied d’une falaise très escarpée où je n’ai pas encore trouvé un seul passage pour y accéder à pied.
— Approche Hiron, ainsi que toi Dryade, dit Faé. Je pense que cette divinité usera de ses pouvoirs pour te faire gravir cette frontière inaccessible. Une fois là-haut, protège ta terre et défends-la avec tout ce que tu trouveras. Tu auras cet avantage de point haut pour les voir venir. Je ne m’inquiète pas pour ta communauté.
Hiron et Dryade s’approchèrent de Faé, montèrent les trois marches mais restèrent au pied des deux sièges du couple fondateur.
— Merci Faé. Mais si un jour, Pixie est attaquée, envoyez-nous un émissaire nous alerter et nous nous dépêcherons d’arriver à votre secours.
— Hiron, nous resterons sur nos gardes et le premier de nous qui sera en détresse ou avisé d’une menace, il alertera les autres communautés de ce danger qui compromettra la tranquillité de notre monde féerique. Nous ne souhaitons pas subir les foudres divines et d’avoir recours à un élu divin pour ramener la paix au sein de notre monde. Le Dieu Ayo m’a averti que la première vie perdue sur ce monde, nous perdrons notre immortalité. Il m’a aussi annoncé qu’au second conflit, il n’hésitera pas à faire venir un émissaire choisi par le grand conseil céleste. Je ne sais pas si cet émissaire est de notre monde ou d’un monde inconnu.
— Si cette guerre arrive, ce sera un être béni des dieux et que cet émissaire sera doté de très grands pouvoirs. Je crois qu’il ne faudra pas être face à lui mais il vaut mieux être son allié.
— Hiron, tu as raison de craindre cet émissaire divin. Nous ne connaissons pas ses origines, d’où il vient, ni ses pouvoirs et ses intentions. Je me demande si nous serons présents lorsqu’il viendra car nous aurons perdu notre immortalité et certainement la vie. Après la perte de l’immortalité, je me demande combien d’années durera notre existence.
— Faé, dit Aibell, ne parle pas de malheur. Tu n’as pas à t’inquiéter et ce n’est pas maintenant que cela arrivera. Je ne sais pas comment sera mon existence et quelle sera mon envie de vivre sans toi ?
— Aibell, regarde notre famille, elle se divise et chacun commence à vivre sa vie différemment de celle que nous avions jusque-là vécue. Il faut que nous préservions cette paix et l’avenir des nôtres. Quand l’un de nous partira, il faudra que l’autre se charge d’aller trouver cet émissaire. Il faudra qu’il soit choisi par nos sages et formé pour pouvoir se défendre contre toutes menaces. Isolez la menace sans l’éliminer car je ne supporte pas que l’on puisse ôter la vie de l’un des nôtres.
— Faé, dit Dryade, si l’un de vous deux part en premier, il faudra quitter cette terre et envoyer vos plus jeunes enfants sur une nouvelle terre où personne n’est encore parti. Je pense aux terres du Nord. Je ne sais pas comment elles sont mais mon instinct me dit que ce sera dans cette direction.
— Tu penses bien Dryade. Tu iras là-bas avec quelques-uns de mes enfants et tu érigeras sur ce monde une nouvelle cité. Je veux que tu la fortifies sur un haut rocher, près de l’océan, en bordure d’un petit fleuve. Tu y dresseras une fortification afin de défendre cette cité. N’oublie pas que le monde féerique survivra grâce à toi et à tes descendants.
— Faé, dit Dryade, il paraît qu’au Nord-Ouest, il y a de grandes falaises et qu’un fleuve la traverse. Je présume que ce site devrait convenir à cette édification.
— Durant ma jeunesse, j’y suis allé et tu remonteras le fleuve Sylvestria. D’ici, tu as cinq jours de marche pour arriver au fleuve Astral qui se trouve derrière une grande forêt coincée entre de hautes falaises au Nord. Pendant trois jours, toujours dans la forêt en longeant le fleuve, vous arriverez à une falaise où le fleuve se jette du haut de cette falaise. Vous contournerez la grande cascade par l’Est pour arriver au pied de cette chute d’eau. Vous continuerez à suivre le cours d’eau à travers les grandes falaises se jetant directement dans la mer. Il vous faudra plus de trois jours pour arriver à destination. C’est là que tu bâtiras cette cité qui conservera tout notre savoir et qui devra accueillir cet émissaire. Ayo a dit qu’un jour, nous attendrons l’élu sur cette terre. C’est toi Dryade qui aura la charge de bâtir ce lieu sacré. Hiron, tu veilleras de tes lieux sur la tranquillité de notre monde. Tu alerteras la communauté de Dryade de toutes menaces. Je ne suis pas sûre mais elle pourrait venir des montagnes noires. Je n’aime pas ce lieu et je le trouve dangereux. Les tiens et toi, vous n’avez pas reçu vos ailes mais elles vous seront délivrées quand votre dieu en aura fait le choix.
— Père des fées, dit Hiron, nous l’avons compris et cette différence nous indique que nous avons été sélectionnés pour une mission importante. La communauté de Gnomi doit se trouver non loin de ces marais. Il est parti vers les marais d’Arcages. Je crois qu’ils sont plus au Nord de Pixie. Gnomi ne voulait pas y aller mais un de ses enfants a fait le voyage par curiosité jusqu’à la chaîne volcanique de Volcrocs, à l’Est des marais. À son retour, il avait dit à Gnomi qu’il s’y rendrait avec le temps.
— Hiron, tes informations ont confirmé nos doutes sur la menace qui plane sur notre peuple. Pour ta sécurité et celle de ta communauté, ne cherche pas à les attaquer. Si toi ou les tiens ressentaient une menace approcher, reste à distance et préviens-nous. N’attaquez personne mais défendez-vous que si vous êtes attaqués. Comme je vous l’ai indiqué et si je venais à disparaître, fuyez d’ici dès que la menace commencera à réapparaître et avertis la communauté de Dryade pour qu’un des siens parte chercher l’élu.
— Faé, père des fées, puis-je me retirer ?
— Hiron, tu peux aller à tes occupations. Je suis prêt à t’écouter quand tu le veux et que la porte est toujours ouverte.
— Père, c’est très gentil d’entendre tes paroles, dit Hiron. Elles sont d’une grande sagesse et nous pouvons qu’apprécier en les écoutant. Je viendrai te rendre visite très souvent pour te demander conseils avant de partir.
— Hiron, ce sera avec plaisir. Je ne suis pas le seul qui peut t’apporter des conseils. Chacun d’entre nous a des qualités mais aussi des défauts. Restez vigilants là-bas.
Hiron fit un pas en arrière, inclina la tête devant Faé et fit demi-tour à droite pour prendre la sortie principale. Une fois qu’Hiron et les siens furent sortis, Faé s’adressa à Dryade.
— Ma fille, quand décideras-tu pour partir sur les terres de la crique ?
— Père, j’irai faire la reconnaissance des lieux une fois qu’Hiron sera parti. Je pense ne pas partir seule. Un des derniers nés qui se nomme Actarus, issu de la dixième génération de mes enfants m’accompagnera avec sa femme Asia. Ils n’ont pas encore d’enfant mais il est digne de confiance. Je l’ai préparé aux différentes tâches et il est très fort dans les connaissances magiques. Bien peu de jeunes que je connais n’ont ses capacités. Il maîtrise les puissances magiques des éléments de la terre, du feu, de l’air et de l’eau. Lui et sa femme, ils maîtrisent la puissance de la lévitation pouvant ainsi transporter les blocs de pierres qui serviront à bâtir les bâtiments et murailles ainsi que d’autres objets imposants. Il commence depuis près d’un an à maîtriser le feu et le métal. Il nous a déjà fabriqué quelques outils qui sont fort bien utiles pour le travail du quotidien.
— Dryade, ton descendant a de grandes facultés d’apprentissage, je crois qu’il détient cette fibre créative. Surveille bien sa progéniture dès qu’il en aura. Il se peut bien que le messager soit parmi cette lignée. Prépare-les et veille à ce qu’ils acquièrent la maîtrise de la magie, du savoir et du combat pour se défendre cette enclave.
— Oui père, je me chargerai de lui transmettre toutes mes connaissances. Il m’a donné un objet tranchant en métal. Je le trouve pratique pour tailler le bois et pour couper la nourriture.
— Garde ce jeune précieusement auprès de toi car il sera la base de ta communauté. Il apportera toutes ses connaissances et il fera évoluer les tiens dans la lumière. Une fois qu’il aura formé plusieurs disciples à son art, envoi en un pour former les miens. Avec le temps, dès que ta communauté sera suffisamment avancée et capable de se défendre, tu devras créer des alliances avec les communautés amicales.
— Père, sa jeune épouse est une jolie femme aux cheveux couleur des blés mûrs et elle a la peau blanche. Elle utilise un instrument à cordes qui fait de la belle musique. Dans sa voix et dans ses gestes, nous retrouvons toute la grâce et la douceur de la nature. Tous les deux se ressemblent au niveau physique et sur le côté sagesse. Elle maîtrise la magie douce et elle se sent en harmonie avec la nature. Elle soigne les blessures des fées, des animaux, et elle fait pousser les plantes.
— Si elle est en équilibre avec la nature, nous risquons avec eux deux, d’obtenir des enfants d’une grande qualité et de sagesse. Ils formeront une société noble et cultivée. Pour cela, tu devras disposer de quelques hommes prêts à se sacrifier pour défendre leur cité.
— Je l’ai très bien compris père. Nous édifierons des murailles où nos sentinelles veilleront à la paisible tranquillité de notre communauté. Plusieurs de ses compagnons de mon descendant sont presque tous comme lui. Ils sont une trentaine de couples.
— Dryade, quand tu partiras, n’oublie pas de prendre la réserve que tu avais protégée. Elle te servira et il restera suffisamment de ressources pour nous, sans compter avec les récoltes qui viendront ensuite. Cette année me semble propice et avec ces départs, nous aurons bien plus que nécessaire. Le surplus de cette récolte à venir devra subvenir à ta communauté et elle te fournira des semences pour l’année suivante.
— Merci, Faé, pour les vivres que tu me laisses. J’en ferai bon usage et nous ferons très attention à ne pas la gaspiller. En attendant, il nous faut préparer le matériel pour entretenir les cultures et réparer les parcs pour sortir les animaux dans les pâtures. Les bêtes attendent pour aller manger la nouvelle herbe fraîche. J’ai appris, dernièrement, que des compagnons de Gnomi travaillaient la taille de la roche à l’aide de pouvoirs magiques.
— J’ai les mêmes doutes que toi. Ils utilisent bien la magie pour découper et transporter la roche. Certains d’entre eux utilisent le feu et d’autres, agissent directement avec des ondes sur la roche. Ils ont déjà construit un bâtiment, tout proche de la carrière, et je trouve que cette bâtisse peut résister plus longtemps face aux intempéries et aux années qu’à nos habitations actuelles en bois. Quelques-uns de mes jeunes ont observé puis ils ont analysé avec attention leurs manières de procéder. Ils ont ensuite mis en application ces techniques et ils ont réussi à concevoir une bâtisse de la même composition. Actuellement, sur mes conseils, ils enseignent cette méthode de travail de la roche aux plus jeunes des nôtres, qui détiennent ces facultés magiques. Ils ont aussi employé la magie pour transporter ces volumes de pierre et à utiliser cette force pour édifier la construction. Nous pouvons, dès maintenant, du fait que Gnomi et ses compagnons sont partis, à procéder à l’édification d’une muraille pour protéger Pixie. Ils ne doivent pas savoir que nous maîtrisons leurs capacités et que nous allons ainsi renforcer nos défenses contre d’éventuelles attaques.
— Père des fées, dit Dryade, je pense que cette faculté magique est spécifique à la communauté de Gnomi, les fées moustiques.
— Tu n’as pas tort ma fille, dit Aibell. Je crois que les dieux y sont pour quelque chose en déterminant une communauté par ses ailes. Chaque communauté doit posséder des pouvoirs spécifiques. J’ai pu constater que les tiens ne sont pas trop différents de ton père et de moi-même. Vous avez les mêmes ailes que celles de ton père et de moi ainsi que celles du Dieu Ayo, de la forme des ailes des abeilles. Je pense que le Dieu Ayo nous a mis en garde sur les actes de malveillances que nous risquerons de subir. Ces menaces ne nous étaient pas destinées mais concerneront l’ensemble des communautés des fées pour le jugement divin. Nous subirons tous les conséquences d’actes malveillants de la ou des communautés qui commettront ces faits. Le Dieu Ayo n’a pas voulu favoriser de communauté dans ses paroles, à nous de bien les interpréter.
— Mère, je comprends le favoritisme que portent certains dieux envers leur communauté. J’ai constaté des différences entre chaque communauté et parmi ces communautés, de nouvelles communautés se formeront prochainement si cela ne s’est pas déjà fait pour certaines, auprès de la communauté de Gnomi.
— Que tu veux dire Dryade ? dit Faé.
— Dans la communauté de Gnomi, il y a quelques individus sans ailes. Nous les voyons rarement le jour mais la nuit, ils sortent travailler dans les carrières. J’ai essayé de les sonder mais leurs pensées sont aussi sombres que leur peau grise comme celle de Gnomi. Pour certains, ils me regardent méchamment dès que je tente de les sonder. Ils sont très mystérieux et ils ne cherchent pas à s’intégrer avec les autres communautés.
— Dryade, je comprends tes craintes sur ces fées sombres. Elles ont certainement un esprit ténébreux et je crains que la menace vienne d’eux. C’est pour cela que j’ai attendu qu’elles soient parties pour entreprendre ces grands changements sur la défense de notre cité. Là où tu seras avec ta communauté, tu seras certainement la dernière cité où ils viendront t’attaquer. Tu sais aussi que j’ai prévenu Hiron des intentions menaçantes provenant des terres montagneuses du Nord-Est. Il m’a affirmé qu’il avait lui aussi des suspicions malveillantes parmi des membres de la communauté de Gnomi. Allons rejoindre les animaux car ils commencent à se faire entendre, tellement qu’ils ont envie de paître l’herbe nouvelle. Cette année, un grand nombre de jeunes bêtes sont nés depuis près de trois lunes.
Ils partirent tous les trois en direction des abris des animaux afin d’aller les emmener aux champs. Entendant leurs maîtres s’approcher, les cris se firent plus intenses. Une fois les portes ouvertes, elles sortirent et se mirent à sautiller de manière désordonnée pendant la durée du trajet.
La lune suivante, Gnomi et sa communauté arrivèrent à destination. Ils se regroupèrent au Nord de la vallée du fleuve Valcages, au pied des marais d’Arcages où ils établirent ensuite les premiers remparts en bois de leur nouvelle civilisation. La vallée était fertile et elle pouvait fournir les ressources alimentaires nécessaires pour subvenir à près de dix mille âmes. Le sous-sol des collines de la rive Sud du fleuve regorgeait d’une richesse minérale importante. Les plaines situées entre le fleuve et les regorgeaient d’une multitude d’essences de bois. Les hautes cimes enneigées des montagnes de l’Est fournissaient une eau pure lors de la fonte des neiges. La température de la vallée était tiède et humide. Lors de leur installation dans les maisons sur pilotis sur la berge du marais, ils furent étonnés d’apercevoir une lumière dans une cavité d’une colline dans le marais. Gnomi et quelques-uns des siens s’approchèrent de cette colline. Une très grande personne au teint grisâtre, aux cheveux sombres, aux oreilles pointues avec deux paires d’ailes longues et fines, tout comme eux, sortie de cette lumière et vint se présenter devant Gnomi. Surpris par cette apparition, il s’inclina au pied de cet être venu de la lumière. L’être de la lumière s’adressa directement à Gnomi.
— Ne soyez pas autant surpris Gnomi de me voir.
— Comment connaissez-vous mon nom ? Je ne vous ai jamais vu.
— Vu, non mais tu connais ma voix. Oui, c’est moi qui te parlais lorsque tu vivais à Pixie. Je t’ai conçu et guidé jusqu’ici.
— Que voulez-vous dire par le terme « je t’ai conçu » ?
— Au moment de ta conception, je t’ai donné une partie de mon essence divine. Tout ce qui fait de toi un être différent de tes parents par ton apparence et en plus, par les dons que je t’ai donnés en supplément de ceux reçus naturellement par tes parents.
— Vous voulez dire que ma couleur de peau et mes ailes sont votre œuvre ?
— Oui, Gnomi. C’est mon travail de ce qui t’arrive. Je t’ai fait venir ici pour qu’une communauté me vénère.
— Pourquoi voulez-vous que ma communauté vous vénère ? Qui êtes-vous pour essayer de nous dicter vos lois ?
— Je suis Mustical, Déesse des marécages, fille d’Ayo et d’Arkadie, Déesse reine de Faérune. Je demande que votre communauté prospère rapidement afin de dominer les autres.
— Nous avons été informés par notre père Faé de l’existence d’Ayo, Dieu et créateur des premières fées, seigneur du royaume céleste de Faérune. Il nous a mis en garde des recommandations d’Ayo.
— Mon père, le Dieu Ayo n’aura pas son mot à dire sur la gestion de mes sujets. Il aura beau menacer de représailles mais il est pacifique et il n’aime pas la violence. J’ai créé mes sujets forts et combatifs. Rien ne doit les contraindre à se soumettre aux désirs de quiconque. Ici, vous trouverez les ressources nécessaires au développement de votre communauté. Vos principales ressources se trouvent dans le sous-sol de ces collines et la terre vous nourrira convenablement.
— Je vous remercie, au nom des miens de nous avoir conduits jusqu’ici. Dans un premier temps, nous nous installerons au bord des marais. Ensuite, avec les pierres des tunnels que nous creuserons, nous dresserons des fortifications. Des fines particules de roches, nous ferons nos chemins.
— N’oubliez pas qu’un grand nombre de roches peuvent être fondues. Elles produiront après travail, des objets utiles à votre survie et à votre domination sur les autres. Parmi les métaux que vous trouverez, quelques-uns pourront être plus ou moins durs après la fusion et ainsi pourront être utilisés dans différentes applications.
Sur ces mots, Mustical retourna d’où elle était venue et la lumière disparue, plongeant ainsi la grotte dans l’obscurité. Gnomi fit apparaître de la lumière du creux de ses mains, éclairant ainsi la galerie. Il fit comprendre à sa Communauté qu’il venait de rencontrer leur nouvelle déesse. Il leur annonça que cette divinité était la fille du Dieu Ayo et que sa Communauté était sa création. À Pixie, Gnomi et les siens étaient habitués à travailler la roche. Ils avaient découvert que certaines roches étaient riches en minerais. Ici, dans son nouveau royaume, Gnomi se sentait renaître. Il annonça à ses compagnons qu’il était temps de se reposer car au matin, chacun devait participer à l’édification de la nouvelle cité. Chacun s’installa dans les différents coins sains de cette partie du marais et ils commencèrent à s’endormir dans leur hutte de bois fraîchement bâtie.
Au petit matin, le ciel encore sombre avec la lumière naissante, Gnomi constata que tout le monde dormait. Il quitta sa hutte de bois et se rendit sur les berges du fleuve. Il y avait près de huit cents enjambées entre le camp de huttes et le fleuve. En retournant vers ses compagnons, une centaine d’enjambées environ, au-dessus du cours d’eau, Gnomi rencontra un groupe de buisson garni de baies violettes. Elles avaient une odeur sucrée et agréable. Il en goûta une et son jus rouge sang avait le même goût que son sang. Il apprécia et il décida de faire une petite récolte pour ses compagnons. Au bout d’une heure, il avait rempli deux paniers qu’il avait confectionnés, avec des branchages et feuilles trouvés sur place. Content de sa récolte, il remonta en direction du camp avec les fruits fraîchement cueillis. À près de quatre cents enjambées de l’entrée du camp, Gnomi eut la visite de quelques-uns de ses compagnons qui venaient de se réveiller. Une femme de la Communauté s’adressa à lui.
— Gnomi mon chéri, où as-tu trouvé ces fruits ?
— Cileth, ma chérie, je viens de les cueillir à mi-chemin d’ici à la rivière. Je suis tombé sur un groupe de buisson de ces baies violettes. Elles sont très parfumées et très bonnes. Elles sont au début de leur maturité et il y en a énormément.
— Gnomi, tu viens de nous procurer notre petit-déjeuner. Je pense que nos compagnons te seront reconnaissants si tu peux nous conduire auprès de ces buissons.
— Ce sera sans problème. Si les jeunes mères veulent rester pour s’occuper de leurs petits, elles peuvent se servir dans les plateaux que je viens d’apporter.
— Gnomi, dit Linaise, je veux bien, je vais rester avec les jeunes mères qui ne souhaitent pas sortir ce matin. Nous pourrons ainsi surveiller les plus petits en même temps.
— Je te remercie de prendre en charge les plus jeunes enfants. Nous allons donner des ordres aux différentes équipes pour préparer l’édification de notre nouvelle cité. Dans un premier temps, il nous faudrait six équipes d’une dizaine d’hommes pour extraire les blocs de pierres de la carrière. Quatre autres équipes se chargeront de l’abattage d’arbres pour l’approvisionnement de boiseries des futures bâtisses. Il nous faudra aussi préparer les cultures et je pense que les femmes pourront s’en charger.
En écoutant les paroles de Gnomi, des équipes se formèrent et quittèrent le camp. Pendant ce temps, Gnomi reprit sa conversation avec Mialta.
— À propos Mialta, ton fils Morcroc n’a pas l’air d’être en forme. Je trouve qu’il a le teint très sombre. C’est vrai que tu n’es pas en forme ce matin, de plus, tu as mis au monde ton fils durant le voyage. Tu devras te reposer pendant la première lune. Tu reviendras nous rejoindre dès que tu te sentiras mieux.
— Je te remercie Gnomi de te préoccuper de moi. Mesnir, mon compagnon veillera à m’apporter mes repas. C’est un brave explorateur et un bon chasseur mais il a un caractère un peu rude.
— Je l’ai déjà calmé à plusieurs reprises pour différentes choses. Il a sa prise de tête facile, un côté bagarreur mais il a aussi l’utilisation facile de certains usages de la magie contraire à nos règles. Il est très travailleur, certes que c’est une qualité mais il ne sait pas s’arrêter quand il le faut et il va jusqu’à son épuisement total.
— Je comprends les réactions de mon compagnon mais depuis la naissance de notre fils, je le trouve beaucoup plus calme. Je pense qu’il devient plus mature dans ses décisions. Il m’a dit qu’un jour, une fois que la cité sera érigée, il se retirera pour explorer un nouveau territoire. Il m’a déjà parlé de son attirance pour la région des montagnes de Volcrocs.
— J’ai déjà visité cette région et elle m’effraie. Il y a tout ce qu’il faut pour vivre mais c’est ici que mon choix s’était porté pour ma communauté. S’il souhaite fonder sa communauté là-bas, je ne l’empêcherai pas. Il était avec moi quand nous avions exploré et confirmé notre choix. Nous étions huit sur dix à approuver notre implantation sur l’actuel site. Je pense que s’il choisit de partir vers la région des montagnes de Volcrocs, il ira avec ses complices Sasfir et Dusthor pour implanter sa cité dans cette zone. Une de ces montagnes de Volcrocs dégage de la fumée à son sommet.
— Gnomi, dit Mialta, Mesnir est toujours avec Dusthor. Je pense qu’ils décideront quand le moment idéal sera bon pour aller fonder cette cité dans les montagnes. Ils aiment creuser des galeries et je pense, en les écoutant que cette cité sera souterraine.
— Mialta, avertis-nous dès que tu sais quoique ce soit de leurs intentions sur les préparations pour leurs voyages. Je sens qu’ils iront assez souvent pour préparer l’aménagement de leur cité. Avec le temps, ils auront besoin d’outils pour façonner les galeries.
— Gnomi, je sais qu’ils n’utilisent pas des outils pour creuser la roche. Ils usent de leurs pouvoirs magiques pour découper la roche en bloc et de certains autres pouvoirs, pour faire fondre la pierre et la lisser.
— Je le sais seulement que depuis quelques lunes, juste avant que nous quittions Pixie. Ils pourraient nous aider et former nos jeunes afin que nous puissions utiliser nos pouvoirs magiques au travail de la roche. Nous pourrons ainsi obtenir des blocs réguliers afin de bâtir des édifices solides pour démontrer aux autres communautés que nous sommes plus puissants qu’eux.
— Tu as raison Gnomi mais pourquoi voudrais-tu te montrer supérieur aux autres communautés ? demanda Linaise.
— Ma chérie, les autres ne veulent pas évoluer et vivre dans le juste confort tandis que nous, nous cessons de progresser dans différents domaines comme dans l’usage de nos pouvoirs magiques pour construire des édifices solides, l’usage du feu et du métal pour concevoir des outils qui améliorent notre quotidien. Toutes ces innovations ne sont pas venues du hasard, notre Déesse Mustical nous oriente vers la réussite de notre communauté. Elle souhaite que nous soyons les meilleurs.
— Gnomi, ne vois-tu pas que nous partons vers la dérive que nous a annoncée Faé sur la perte de notre immortalité.
— Je l’ai envisagé mais en attendant, il nous faut être nombreux et vivre dans de nombreuses cités. Avec l’immortalité, il nous faudra de plus en plus de terres pour notre communauté et seuls les plus forts pourront vivre sur cette terre.
— Gnomi, as-tu envisagé explorer au-delà des mers afin de trouver d’autres terres pour nous étendre ?
— Non ma chérie. Nous ne savons pas comment nous déplacer beaucoup de marchandises sur les eaux. Aucune des communautés n’est capable jusqu’à présent de le faire mais je pense que les seuls à pouvoir y réussir, ce sera ceux de la communauté de Nymphéa avec leur pouvoir de l’eau. Nous attendrons qu’ils aient trouvé cette solution pour que nous puissions nous approprier ce savoir.
— Tu sais que le Dieu Ayo a annoncé à ton père Faé qu’il fera intervenir un élu divin venu de l’extérieur de notre monde pour régler l’ordre sur le monde des fées dès la seconde menace de la paix.
— Ma chérie, c’est pour cela que je souhaite renforcer notre communauté afin qu’il n’y ait pas de seconde menace. Nous serons les seuls dirigeants et si cela doit venir, ce sera pour nous aider à faire régner la paix contre ceux qui tenteront de nous menacer.
— Je comprends maintenant où tu veux en venir. Prendre le pouvoir et obtenir l’aide divine si nous nous sentons menacés. Imagines-tu que cette menace sera dirigée contre notre communauté ?
— Je ferai en sorte de supprimer toute rébellion sur notre monde.
— Ne penses-tu pas mener ta communauté dans la terreur éternelle ?
— Il n’aura pas le choix, accepter mes conditions ou disparaître. Mes héritiers devront suivre mes règles car je ne serai plus de ce monde après que nous aurons pris la main sur l’ensemble de notre monde.
— Gnomi, je pense que tes futurs successeurs feront tout pour acquérir le pouvoir et ils seront nombreux à vouloir y prétendre. Certains d’eux n’hésiteront pas à éliminer toutes concurrences au pouvoir.
— J’ai conscience de ce problème et ce sera la loi du plus fort mais je ne sais pas quelle sera notre durée de vie après notre perte d’immortalité, un millénaire, un siècle voire moins, je ne le sais pas.
— Je présume qu’avant de perdre cette immortalité, nous devrons être plus nombreux et nous étendre sur les terres fertiles au sud des montagnes, de la forêt à la limite Sud du fleuve Sylphéus et du fleuve Azur.
— Cileth, mon amour, je suis de ton avis de vouloir peupler cette région mais je ne voudrais pas franchir le fleuve Sylphéus car je ressens des énergies fortes et très négatives. Je me demande ce qui peut attirer Mesnir et sa femme Mialta. Notre fils a pourtant été élevé avec tout notre amour.
— Gnomi, dit Cileth, quand il était près de nous, tu as souvent parlé de vouloir prendre un jour le pouvoir sur toutes les communautés du grand royaume féerique. Tu as même dit que tant que tu seras en vie, jamais tu n’essaieras de provoquer la colère divine d’Ayo.
— Tu as raison de me le dire Cileth. Ton souhait de déployer notre communauté sur l’ensemble des contrées féeriques me paraît raisonnable tant que nous n’utilisons pas la violence. Il nous faut aussi espionner nos voisins. Nous devons toujours garder notre avance sur eux et d’examiner leurs points faibles.
— Gnomi, le fait de connaître leurs qualités peut être un avantage afin de ne pas se faire surprendre. En attendant que notre communauté grandisse, il va falloir créer des structures pour loger ceux qui sont déjà présents.
— Je vais faire commencer l’extraction des pierres par un groupe d’hommes pendant que d’autres préparent les emplacements des bâtiments. Pendant ce temps, vous pourrez vous charger de la production alimentaire.