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Dans les hauteurs célestes, le dieu Corellon crée Guadrevin, le tout premier elfe, fruit d’une subtile alliance entre les essences humaines et féeriques. Depuis son royaume divin, il lui façonne une compagne, Aliénore. Ensemble, ils s’établissent dans la contrée qui les a vus naître et fondent une famille. De leur union naît Faerun, une cité à l’origine modeste, mais destinée à devenir le berceau d’un destin qui changera à jamais le monde.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Briolant, passionné par la nature et créateur dans l’âme, a enrichi son univers artistique en se consacrant à l’écriture. Puisant ses premières inspirations dans les récits de science-fiction avant de s’immerger dans l’héroic fantasy, il façonne des romans où l’imaginaire fusionne avec l’aventure.
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Seitenzahl: 479
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Philippe Briolant
Les princes célestes
Tome I
Origines
Roman
© Lys Bleu Éditions – Philippe Briolant
ISBN : 979-10-422-5761-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Cycle Les princes divins
1 – Arthur d’Atlante ;
2 – Le peuple du Berry ;
3 – Ragnar le rouge.
Voyant du haut de son royaume céleste, au premier jour de la saison des fleurs, sur une terre sans vie, le Dieu Corellon créa le premier elfe, Guadrevin, mince et athlétique, d’une taille d’un mètre quatre-vingts, à la peau rose dorée, aux oreilles en pointes, les cheveux de couleur sienne et avec les yeux verts. Quelques jours après, voyant que son protégé errait seul et sans motivation, Corellon décida de lui concevoir une compagne, Aliénore, plus petite d’une quinzaine de centimètres, mince, d’une incroyable beauté, à la peau couleur bronze, aux yeux marron, aux cheveux noirs avec les oreilles pointues. Tous deux, âgés d’une vingtaine d’années, s’observèrent à distance puis se rapprochèrent jusqu’à se trouver l’un contre l’autre. Ils se regardèrent puis ils se touchèrent du bout des doigts. Ils remarquèrent que leur peau avait la même souplesse et douceur. Vivants nus depuis le début, ils commencèrent, dans un premier temps, par se vêtir avec de grandes et fines herbes assemblées les unes aux autres. Tout au long de cette première année, Guadrevin et Aliénore découvrirent qu’ils détenaient des pouvoirs magiques. Ils apprirent au fur et à mesure du temps à maîtriser leurs dons. Ils purent ainsi se façonner un logis en bois pour se protéger du mauvais temps. Ils découvrirent aussi qu’il existait différents matériaux dans la nature et différents aliments. Pour certains aliments, ils durent modifier leur mode d’utilisation comme écraser certaines graines et de les mélanger avec de l’eau. Grâce au feu, ils firent cuire certains aliments qui les rendirent plus savoureux à la dégustation. Avec le temps, ils purent créer des outils et découvrir le métal. Un soir, après une journée froide, Guadrevin et Aliénore s’allongèrent sur leur lit d’herbes et commencèrent à se caresser. Pendant une partie de la nuit, Guadrevin et Aliénore n’arrêtèrent pas de se caresser sur tout le corps. Les corps se chevauchèrent et des baisers furent échangés toute la nuit. Quelques lunes plus tard, Aliénore sentit une étrange sensation dans son corps. Elle constata avec le temps que ses seins se gonflaient et que son ventre s’arrondissait. Plusieurs lunes après, des douleurs se firent ressentir au niveau du bassin et la clouèrent. Elle sentit un liquide chaud couler entre ses cuisses. Elle appela Guadrevin pour l’aider à s’allonger. Quelque temps après, elle sentit une masse sortir d’entre ses cuisses. Elle entendit, peu de temps après, un cri ressemblant à des pleurs. Guadrevin prit cet être vivant dans ses mains et le tendit à sa compagne en lui disant qu’il était sorti de son corps. Ils regardèrent l’enfant et remarquèrent qu’il leur ressemblait. La petite fille avait les mêmes oreilles, pointues, et elle possédait la même forme entre les jambes qu’Aliénore. Il posa l’enfant femelle sur la poitrine d’Aliénore et ce petit être commença à téter le sein. Elle l’écarta de son sein pour voir de plus près, mais un jet de liquide blanc giclait de son sein et l’enfant se mit à brailler de nouveau. Elle le reposa sur l’autre sein et l’enfant recommença à téter. Elle comprit que l’enfant avait besoin de boire son lait. Elle la laissa jusqu’à ce qu’elle cesse de téter. Au bout d’une dizaine de minutes, elle remarqua que l’enfant s’était endormi sur elle. Ils décidèrent de l’appeler Yssel. Elle avait la peau rosée, la chevelure blonde et les yeux marron. Pendant la naissance non divine du premier elfe, le Dieu Corellon surveillait attentivement et à distance, cet heureux événement. Il se sentit honoré de cette réussite. Il quitta son refuge et alla rejoindre la nouvelle famille. Guadrevin et Aliénore furent surpris de la visite de cet homme bien plus grand qu’eux. Il avait les mêmes traits qu’eux, mais le couple sentait qu’il était différent d’eux. Corellon s’adressa aux jeunes parents.
— N’ayez pas peur. Je ne vais pas prendre votre enfant. Je m’appelle Corellon. Je suis votre créateur et je suis venu voir cette naissance sans notre aide divine.
— D’où venez-vous, demanda Aliénore ?
— Je vis dans mon royaume céleste de la Seldarine, dans la cité nommée Arvandor. Je suis descendu sur terre par la porte des dieux. Seuls les êtres célestes peuvent emprunter ce passage.
— Vous dites que nous sommes vos créations, dit Guadrevin. Comment nous avez-vous conçus ?
— J’ai fusionné deux essences de vie en joignant mon énergie divine. Je suis fier de ce que vous avez entrepris. Je vous ai donné l’immortalité ainsi que certains pouvoirs magiques. J’ai remarqué que vous les avez correctement utilisés.
— Qu’est-ce qui arrivera si nous n’utilisons pas correctement nos dons comme il faut ? demanda Guadrevin.
— Ma colère pourra être violente et dans un premier temps, vous perdrez votre immortalité. Si l’ordre ne se rétablit pas après un premier avertissement, je ferai en sorte qu’un émissaire choisi par le grand conseil céleste vienne dans votre monde pour faire régner la paix sur cette terre. Je vous laisse vivre cet instant de bonheur et je reste à votre écoute en cas de difficulté.
Puis Corellon se retira de la pièce et retourna à son passage pour regagner son royaume.
L’année suivante, la famille s’agrandit avec la naissance de triplés, deux enfants de sexe masculin et un féminin. La fille eut le nom de Khalilia, elle avait la peau vert clair. Les yeux ainsi que sa chevelure étaient verts. Le premier garçon fut nommé Callios, il avait la peau grise, les yeux et les cheveux noirs. Le second garçon Clayroy avait la peau bleu clair, les cheveux et les yeux bleus. Au fur et à mesure des années, les naissances s’enchaînèrent, une par an, un à plusieurs à la fois et aucun de ces nouveaux enfants n’eut des couleurs autres que celles des quatre premiers enfants. Avec le temps, les enfants se réunirent par couleur, créant ainsi des clans. Guadrevin et Aliénore n’avaient ni rides ni signes annonçant les années écoulées, malgré deux siècles d’existence. Des naissances se firent connaître par l’union entre les enfants. De la petite cabane en bois, avec les années, la demeure familiale grandissait au fur et à mesure que les naissances arrivaient. Année après année, les habitations de branches laissèrent place à des constructions plus solides en bois. Ensuite, la pierre est apparue dans la construction du logis. Les maisons devinrent de plus en plus grandes et plus nombreuses furent les constructions du fait de l’accroissement de la population. Plus d’un millier d’elfes peuplaient la petite cité de Faerun. Des quartiers s’étaient déjà formés par groupe de clans. Certaines infinités entre certains des premiers enfants du couple avaient donné naissance à une nouvelle génération. Au centre de la cité, se trouvait derrière un muret, l’habitation des anciens. Ils y avaient aménagé deux espaces, l’un qui servait de potager et l’autre tapissé d’une pelouse ombragée par quelques arbres fruitiers. De temps à autre, ils aimaient se détendre sous un pommier au coucher du soleil. Guadrevin y avait fabriqué un banc et une table en bois. C’était l’instant de la journée qu’ils appréciaient. Ne vieillissant pas et gardant leur énergie, Guadrevin et Aliénore continuaient à avoir des enfants. Les petits grandissaient vite jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte. Prêts à procréer, les jeunes quittaient la demeure parentale et allaient s’installer dans une nouvelle bâtisse, préalablement construite. En deux siècles d’existence, le peuple elfique a vu arriver la dixième génération. Les ressources ne manquaient pas et avec la participation de chacun, l’agriculture prit son essor. Le travail du bois se développa et l’utilisation des matériaux comme le bois, la pierre, le feu, de grandes innovations améliorèrent le quotidien de chacun. Chaque groupe excellait dans un domaine particulier. Le groupe de Callios travaillait la pierre. L’équipe de Clayroy s’était perfectionnée dans l’agriculture et la pêche. Pour Khalilia et les siens, le bois était devenu leur spécialité. Guadrevin, Aliénore, Yssel et les siens étaient présents dans tous les domaines. Chacun travaillait pour la communauté elfique de Corellonnien.
Depuis quelques lunes, au tout début du second siècle, le groupe de Callios émit le souhait de quitter le nid Corellonnien, mais Guadrevin le persuada de rester à Faerun jusqu’à la saison des premières fleurs. Pendant ce temps, Callios faisait circuler auprès des autres clans, l’idée de partir fonder de nouveaux royaumes. Clayroy et Khalilia n’étaient pas contre cette idée d’aventure. Yssel, ne souhaitait pas abandonner ses parents, car il n’y aurait plus personne dans la cité si elle devait partir comme les autres. Durant la saison des neiges, chaque clan prépara les matériaux et vivres qui leur seront indispensables pour leur exode. Chacun des groupes avait envoyé une équipe pour trouver un site idéal pour leur future implantation à une lune de distance environ du point de départ. À leur retour, au bout de près de trois lunes, chacune des expéditions était revenue avec l’idée de plusieurs implantations pouvant être choisies. Lors des réunions nocturnes, chaque groupe discutait de la future installation. Les trois clans avaient décidé de partir établir un nouveau royaume. Chaque groupe avait décidé de ne rien dire aux autres groupes. Yssel avait obtenu quelques bribes d’informations sur les décisions de chacun des clans. Elle savait que Callios devait rejoindre les montagnes du sud, Khalilia souhaitait atteindre les grandes forêts de l’ouest, et Clayroy avait choisi de descendre la rivière Linquendi jusqu’à la côte du nord. Elle décida d’informer ses parents du choix de ses frères et sœurs de quitter la cité de Faerun, le berceau de la famille. Durant tout l’hiver, Yssel protégea une grande partie des vivres et certains matériaux afin qu’ils ne soient pas tous emportés par les candidats à l’exil. Elle avait stocké tout cela dans le dépôt familial qu’elle avait fait construire dès qu’elle avait eu vent des premières propositions de Callios sur un éventuel exode de son clan. Elle avait craint qu’ils partent avec la totalité des vivres. Pendant ce temps, les compagnons de Khalilia construisaient des chariots afin de pouvoir transporter les vivres, matériaux pour leur voyage. Les deux autres clans s’étaient mis à les aider pour la construction des chariots. Certains elfes du clan de Callios travaillaient avec des elfes de Khalilia pour la fabrication d’outils. Les cultures étaient en jachère, les équipiers de Clayroy participaient aux différentes tâches pour la préparation de l’exode des trois clans. Chaque clan s’entraidait et apprenait des connaissances qui lui faisaient défaut. Pendant la saison des neiges, tout le monde était solidaire et Guadrevin comprit la raison qui motivait les clans à travailler ensemble.
Au milieu de la saison des neiges, en fin de soirée, Guadrevin et Aliénore avaient convoqué les quatre chefs de clans au sein de la salle du conseil. Callios, Clayroy, Khalilia et Yssel avaient été conviés à cette réunion. Yssel se doutait que des changements importants se produiraient au cours de ce conseil, mais elle se demandait pourquoi son père avait tant insisté à ce qu’elle soit considérée comme un chef de clan. Guadrevin lui avait dit que chacun de ses premiers enfants avait un clan et qu’elle, l’aînée des enfants, devait diriger un clan. Aliénore avait dit que ce serait à elle de veiller sur ceux qui voulaient rester auprès des fondateurs de leur peuple. Elle fut surprise de cette nomination par son père. Le lendemain matin, Guadrevin avait convoqué les membres de sa famille qui n’avaient pas choisi de partir de Faerun dans la grande salle du conseil. Guadrevin avait demandé à Yssel de rester près de lui. Une fois les portes de la pièce fermées, Guadrevin, le doyen du peuple Corellonnien, s’adressa à l’assemblée.
— Mes chers enfants, vous avez choisi de rester ici auprès de nous. Notre peuple a décidé de se diviser en plusieurs clans. Actuellement, vous, mes fidèles, vous n’avez pas de véritable chef de clan et j’ai décidé, avec ma tendre épouse Aliénore, de nommer ma fille aînée à votre tête. Je reste toujours votre doyen et aussi celui de tout le peuple des elfes de ce monde et nous voudrions savoir si vous seriez d’accord pour cette nomination.
Pendant un instant, l’assemblée se concerta puis on entendit des chuchotements. Après ce temps de réflexion, Guadrevin prit la parole.
— Je pense que votre choix est fait. Ceux qui sont contre cette nomination peuvent lever la main.
Sur plusieurs centaines de personnes présentes, neuf mains furent levées. Une très grande majorité avait accepté la proposition du doyen.
— Je vois que votre choix valide cette proposition, donc Yssel est désormais votre chef de clan. Je vous remercie de votre confiance. Je souhaite voter et m’entretenir avec les neuf membres qui ont voté contre pour comprendre votre raison. Bien sûr, Yssel ne condamnera pas votre choix.
— Je respecte votre choix, dit Yssel. Je ne demande qu’une chose, c’est que chacun d’entre nous respecte le choix et le mode de vie d’autrui. Tout le monde est libre de rester ou de partir quand bon leur semble. Celui qui décide de revenir ne sera pas exclu de notre clan, mais il ne devra pas s’imposer auprès de nous.
— Guadrevin, père des elfes, je me nomme Aquilain. Je ressemble aux compagnons de votre fils Callios, mais mes compagnons et moi-même, nous avons une tache blanche dans notre dos. Callios nous a éloignés de son clan à cause de cette différence.
— Aquilain, si tes compagnons et toi voulez rester avec nous, nous vous acceptons tels que vous êtes. Je ne retiens personne et libre à ceux qui veulent aller à l’aventure. Nous ne t’obligerons pas à suivre tous les ordres d’Yssel, mais respecte au moins les règles de collectivité.
— Guadrevin, père des elfes, j’accepte vos conditions, mais si je ne me sens plus à ma place ici, laissez-nous partir.
— Aquilain, dit Guadrevin. C’est avec regret que j’accepte ta décision de nous quitter. Tu es ici dans ton foyer, berceau de notre peuple et tu seras toujours le bienvenu.
— Aquilain, dit Yssel, nous ne forcerons personne à choisir son foyer. Tu es ici chez toi et même si tu décides de nous quitter, ici, tu seras toujours le bienvenu.
— Merci Yssel. J’essaierai de ne pas nuire à votre tranquillité.
— Aquilain, dit Yssel, quelle sera ta destination si tu venais à nous quitter ?
— Je pense aller vers les terres des neiges éternelles. Des voix me disent que les terres des hauts plateaux d’Anaroch nous attendent.
— Aquilain, dit Guadrevin, cette zone est très escarpée et je n’ai jamais pu accéder sur ces terres. J’espère que tu trouveras des ressources pour survivre sur ces hautes terres froides.
Sur ces mots, Aquilain et ses compagnons quittèrent la pièce, laissant à l’intérieur le reste des membres conviés au conseil. Une fois la porte refermée, les discussions reprirent jusqu’à ce que Guadrevin prenne la parole.
— Aquilain a fait son choix, et je ne m’oppose pas à cette volonté. Votre destinée est dans le cœur de chacun. Je comprends son désir de liberté, car il s’est senti différent et rejeté parmi les siens tout comme ses huit autres compagnons. Je n’ai pas apprécié cette dénégation de son clan parce qu’ils sont différents d’eux. Si l’un d’entre vous souhaite prendre son envol, je ne rejetterai pas son choix. Je ne suis pas là pour contraindre la liberté de chacun. Je ne souhaite pas entrer en conflit, car le ou les dieux qui veillent sur notre monde peuvent nous le reprocher. Je pense qu’Aquilain se laisse guider par la voix d’un dieu que nous ne connaissons pas. Corellon nous a signalé que seuls les dieux pouvaient emprunter la porte céleste pour rejoindre le royaume divin de Seldarine. Ce qui signifie donc qu’il n’est pas le seul à vivre dans son monde.
— Père, je pense que les dieux veulent prendre en charge certains elfes en vue d’être vénérés et non ignorés. Quelques-uns attendent qu’il y ait une masse d’individus pour que cela ne se voie pas. Je me rends compte comme partout que certains s’attribuent le travail des autres, sans se fatiguer.
— Tu as raison, ma fille. Je suis content que tu sois restée auprès de nous.
— Père, j’ai fait une réserve supplémentaire afin que nous ne soyons pas démunis par les trois clans quand ils partiront. J’ai pris le soin de verrouiller ce lieu par une protection magique.
Arrivés à la saison des fleurs,au bout des deux siècles d’existence du peuple elfique, Callios, Clayroy et Khalilia se préparèrent à quitter comme annoncé le cocon familial. Avant de partir, chacun des clans regroupa les réserves qu’ils avaient collectées depuis l’annonce de leur départ vers de nouvelles terres. Guadrevin et Aliénore avaient fait savoir qu’avant de partir, tous les clans seraient réunis autour d’un grand banquet familial. Les préparatifs du dernier repas de la grande fratrie se commencèrent, occupant ainsi tout le monde pour une dernière activité commune. Personne ne s’était mélangé, laissant les clans bien groupés. La cité, tout entière, avait profité de cette dernière soirée de festivité. Au lendemain matin de la fête, les convois formés déjà la veille, les membres des clans se réunirent les uns après les autres puis chaque clan quitta la place centrale de la cité. En sortant des remparts de la cité, chaque convoi prit une direction totalement différente. Une fois le dernier convoi parti au milieu de l’après-midi, un vide s’installa dans des quartiers entiers. En début de soirée, Yssel et ses semblables restèrent auprès de leurs parents ainsi qu’Aquilain et ses compagnons, observant avec tristesse la cité se vider d’une très grande partie de ses habitants. Ainsi Guadrevin, Aliénore, Yssel et certains des plus jeunes des enfants décidèrent de fonder une nouvelle base du peuple des elfes Corellonniens à Faerun, au centre du monde des elfes. Les terres autour de la cité étaient très fertiles et les montagnes proches qui regorgeaient d’une multitude de richesses. Les habitants de ce royaume prospéraient rapidement et avaient ainsi provoqué l’éclatement du peuple Corellonnien. Callios et les siens étaient partis en direction des hautes montagnes du sud, nommées Hallaquendi. Clayroy et son groupe avaient descendu la rivière Linquendi vers les berges du nord. Khalilia avait gagné avec son groupe les grandes forêts de l’ouest appelées Terequendi. Yssel avait laissé la réserve sous la protection magique jusqu’à la saison chaude. Le soir du grand départ des trois premiers clans, Guadrevin avait réuni tous les membres qui étaient restés à Faerun. Aquilain et les siens avaient été conviés à cette réunion. Une fois que tous les habitants de la cité furent entrés dans la grande salle du conseil, Guadrevin se leva de son siège.
— Mes chers enfants, je vous ai demandé de me retrouver ici. Trois clans de notre famille ont quitté la terre ancestrale pour aller vivre sur de nouvelles terres. Chacun des clans a dû être guidé par un dieu. Je ne suis pas là pour gérer leur vie, mais je sens qu’à un moment donné, l’un d’eux viendra à prendre les armes contre ses frères. Je vous demande de vous préparer à vous défendre, mais je ne souhaite pas mettre en colère le Dieu Corellon. Vous possédez tous des pouvoirs magiques, mais ne les employez seulement que pour vous défendre. Utilisez ce que vous offre la nature et respectez-la. Elle vous donnera le meilleur d’elle que si vous la respectez. Aquilain, tu m’as informé que tu voulais partir vers les hauts plateaux d’Anaroch.
— C’est bien cela Guadrevin, dit Aquilain. J’ai entendu une voix me demandant de la retrouver là-bas. Je n’ai pas encore eu cette vision, mais lors de mon voyage, je me suis arrêté au pied d’une falaise très escarpée où je n’ai pas encore trouvé un seul passage pour y accéder.
— Approche, Aquilain, ainsi que toi Yssel, dit Guadrevin. Je pense qu’il usera de ses pouvoirs pour te faire gravir cette frontière inaccessible. Une fois là-haut, protège ta terre et défends-la avec tout ce que tu trouveras. Tu auras cet avantage de point haut pour les voir venir. Je ne m’inquiète pas pour ton clan.
Aquilain et Yssel s’approchèrent de Guadrevin, montèrent les trois marches, mais restèrent au pied des deux sièges du couple fondateur.
— Merci, Guadrevin. Si un jour, Faerun est attaquée, envoyez-nous un émissaire nous alerter et nous nous dépêcherons d’arriver à votre secours.
— Aquilain, nous resterons sur nos gardes et le premier qui sera en détresse ou avisé d’une menace alertera les autres de ce danger compromettant la tranquillité de notre peuple des elfes. Nous ne voulons pas subir les foudres divines et ni avoir recours à un élu des dieux pour ramener la paix au sein de notre monde. Corellon m’a averti qu’à la Première Guerre qui se déclenchera sur ce monde, nous perdrons notre immortalité. Il m’a aussi annoncé qu’au second conflit, il fera venir un émissaire choisi par le grand conseil céleste. Je ne sais pas si cet émissaire est de notre monde ou d’un monde inconnu.
— Si cette guerre arrive, ce sera un être béni des dieux et qu’il sera doté de grands pouvoirs. Je crois qu’il ne faudra pas être contre lui, mais devenir son allié.
— Aquilain, tu as raison de craindre cet émissaire divin. Nous ne savons pas d’où il vient ni ses pouvoirs et ses intentions. Je me demande si nous serons présents lorsqu’il viendra, car nous aurons perdu notre immortalité et certainement la vie. Après la perte de l’immortalité, je me demande combien d’années durera notre existence.
— Guadrevin, dit Aliénore, ne parle pas de malheur. Tu te vois déjà parti et ce n’est pas maintenant que cela arrivera. Comment sera mon existence et mon envie de vivre sans toi ?
— Aliénore, regarde notre famille, elle se divise et chacun commence à vivre leur vie différemment de celle que nous avions vécue jusque-là. Il faut que nous préservions cette paix et l’avenir des nôtres. Quand je serai parti, il faudra que l’un de nous se charge d’aller trouver cet émissaire. Il faudra qu’il soit choisi par nos sages et formé pour pouvoir se défendre contre toutes menaces. Isolez la menace sans l’éliminer, car je ne supporte pas d’ôter la vie à l’un des nôtres.
— Guadrevin, dit Yssel, si l’un de vous deux part en premier, il faudra quitter cette terre et envoyer vos plus jeunes enfants sur une nouvelle terre où personne n’est encore parti. Je pense aux terres de l’est. Je ne sais pas comment elles sont, mais mon instinct me dit que ce sera dans cette direction.
— Tu penses bien Yssel. Tu iras là-bas avec quelques-uns de mes enfants et tu érigeras sur ce monde une nouvelle cité. Je veux que tu la fortifies sur un haut rocher, près de l’océan, en bordure d’un fleuve. Tu y dresseras une fortification afin de défendre cette cité. N’oublie pas que le monde elfique survivra grâce à toi et à tes descendants.
— Guadrevin, dit Yssel, il paraît qu’à l’est, il y a de grandes falaises et qu’un fleuve la traverse. Je présume que ce site devrait convenir à cette édification.
— Durant ma jeunesse, j’y suis allé et tu prendras la direction du soleil levant. D’ici, tu as cinq heures de marche pour arriver au fleuve Adir qui traverse une grande forêt. Pendant trois jours, toujours dans la forêt en longeant le fleuve, vous arriverez à une falaise où le fleuve se jette dans le vide. Vous contournerez la grande cascade par le sud pour arriver au pied de cette chute d’eau. Vous continuerez à suivre le cours d’eau à travers les grandes plaines jusqu’aux falaises se jetant directement dans la mer. Il vous faudra plus d’une lune pour arriver à destination. C’est là que tu bâtiras cette cité qui conservera tout notre savoir et qui devra accueillir cet émissaire. Corellon a dit qu’un jour, nous attendrons l’élu sur cette terre. C’est toi Yssel qui aura la charge de bâtir ce lieu sacré. Aquilain, tu veilleras de tes cieux sur la tranquillité de notre monde. Tu alerteras le peuple d’Yssel de toutes menaces. Je ne suis pas sûre, mais elle pourrait venir des montagnes noires. Je n’aime pas ce lieu et je le trouve dangereux.
— Père des elfes, dit Aquilain, le clan de Callios doit se trouver non loin de ces montagnes. Il est parti vers les montagnes grises d’Hallaquendi. Je crois qu’elles sont plus au sud des montagnes grises. Callios ne voulait pas y aller, mais un de ses enfants a fait le voyage par curiosité. À son retour, il avait dit à Callios qu’il s’y rendrait avec le temps.
— Aquilain, tes informations ont confirmé nos doutes sur la menace qui plane sur notre peuple. Pour ta sécurité et celle de ton peuple, ne cherche pas à les attaquer. Reste à distance, mais préviens-nous si toi ou les tiens ressentez une menace approcher. N’attaquez pas, mais défendez-vous si vous êtes attaqués. Comme je vous l’ai indiqué, et si je venais à disparaître, fuyez d’ici dès que la menace commencera à réapparaître et averti le peuple d’Yssel pour qu’il parte chercher l’élu.
— Père des elfes, puis-je me retirer ?
— Tu peux vaquer à tes occupations. Tu sais que la porte est toujours ouverte. Je suis prêt à t’écouter quand tu veux.
— C’est très gentil d’entendre vos paroles, dit Aquilain. Elles sont d’une grande sagesse et nous ne pouvons qu’apprécier de les écouter. Je viendrai vous rendre visite très souvent pour vous demander des conseils avant de partir.
— Aquilain, ce sera avec plaisir. Je ne suis pas le seul qui peut t’apporter des conseils. Chacun d’entre nous a des qualités, mais aussi des défauts. Restez vigilant là-bas.
Aquilain fit un pas en arrière, inclina la tête devant Guadrevin et fit demi-tour à droite pour prendre la sortie principale. Une fois qu’Aquilain et les siens furent sortis, Guadrevin s’adressa à Yssel.
— Ma fille, quand décideras-tu pour partir sur les terres du soleil levant ?
— Père, j’irai faire la reconnaissance des lieux une fois qu’Aquilain sera parti. Je pense ne pas partir seule. Un des derniers nés qui se nomme Asurias, issu de la dixième génération m’accompagnera avec sa femme Asrias. Ils n’ont pas encore d’enfant, mais il est digne de confiance. Je l’ai préparé aux différentes tâches et il est très fort dans les connaissances magiques. Bien peu de jeunes que je connais possèdent ses capacités. Il maîtrise les puissances magiques des éléments de la terre, du feu, de l’air et de l’eau. Lui et sa femme, ils savent utiliser la puissance de la lévitation pouvant ainsi transporter les blocs de pierres qui serviront à bâtir les bâtiments et murailles. Il commence depuis près d’un an à maîtriser le feu et le métal. Il nous a déjà fabriqué quelques outils qui sont fort bien utiles pour le travail du quotidien.
— Yssel, ton descendant a de grandes facultés d’apprentissage, je crois qu’il détient cette fibre créative. Surveille bien sa progéniture dès qu’il en aura. Il se peut bien que le messager soit parmi eux. Forme-les et veille à ce qu’ils acquièrent la maîtrise de la magie, du savoir et du combat pour se défendre.
— Oui père, je me chargerai de lui transmettre toutes mes connaissances. Il m’a donné un objet tranchant en métal. Je le trouve pratique pour tailler le bois et pour couper la nourriture.
— Garde-le précieusement auprès de toi, car il sera la base de ton peuple. Il apportera toutes ses connaissances et fera évoluer ton peuple dans la lumière. Une fois qu’il aura formé plusieurs disciples à son art, envoi en un pour former les miens. Avec le temps, dès que ton clan sera suffisamment avancé et capable de se défendre, commence à créer des alliances avec les clans amicaux.
— Père, sa jeune épouse est une jolie femme aux cheveux couleur des blés mûrs et elle a la peau blanche. Elle utilise un instrument qui fait de la belle musique. Dans sa voix et dans ses gestes, nous retrouvons toute la grâce de la nature. Tous les deux se ressemblent au niveau physique et sur le côté sagesse. Elle maîtrise la magie douce et elle se sent bien avec la nature. Elle soigne les blessures des elfes, des animaux et elle fait pousser les plantes.
— Si elle est en équilibre avec la nature, nous risquons avec eux deux, d’obtenir des enfants d’une grande qualité et de sagesse. Ils formeront une société noble et cultivée. Pour cela, tu devras disposer de quelques hommes prêts à se sacrifier pour défendre leur cité.
— Je l’ai très bien compris père. Nous édifierons des murailles où nos sentinelles veilleront à la paisible tranquillité de notre clan. Les compagnons de mon descendant sont presque tous comme lui. Ils sont une trentaine de couples.
— Yssel, quand tu partiras, n’oublie pas de prendre la réserve que tu avais protégée. Elle te servira et il restera suffisamment de nourriture pour nous, sans compter avec les récoltes qui viendront ensuite.
— Merci, Guadrevin, pour les vivres que tu me laisses. J’en ferai bon usage et nous ferons très attention à ne pas la gaspiller. En attendant, il nous faut préparer le matériel pour entretenir les cultures et réparer les parcs pour sortir les animaux dans les pâtures. Les bêtes attendent pour aller manger la nouvelle herbe fraîche. J’ai appris dernièrement que des compagnons de Callios travaillent la taille de la roche à l’aide de pouvoirs magiques.
— J’ai les mêmes doutes que toi. Ils utilisent bien la magie pour découper et transporter la roche. Certains d’entre eux utilisent le feu et d’autres, agissent directement avec des ondes sur la roche. Ils ont déjà construit un bâtiment, tout proche de la carrière, et je trouve que cette bâtisse peut résister plus longtemps face aux intempéries et aux années qu’à nos habitations actuelles. Certains de mes jeunes ont observé puis ils ont analysé avec attention leurs manières de procéder. Ils ont ensuite mis en application ces techniques et ils ont réussi à concevoir une bâtisse de la même composition. Actuellement, sur mes conseils, ils enseignent cette méthode de travail de la roche aux plus jeunes des nôtres, qui détiennent ces facultés magiques. Ils ont aussi employé la magie pour transporter ces blocs de pierre et utiliser cette force pour édifier la construction. Nous pouvons, dès maintenant, du fait que Callios et ses compagnons sont partis, à attaquer l’édification d’une muraille pour protéger notre cité. Ils ne doivent pas savoir que nous maîtrisons ces capacités et que nous allons renforcer nos défenses contre d’éventuelles attaques.
— Père des elfes, dit Yssel, je pense que cette faculté magique est spécifique au clan de Callios, les elfes gris.
— Tu n’as pas tort, ma fille, dit Aliénore. Je crois que les dieux y sont pour quelque chose en déterminant un clan par sa couleur de peau. Chaque clan doit posséder des pouvoirs spécifiques. J’ai pu constater que les tiens ne sont pas trop différents de ton père et de moi-même. Vous avez la même couleur de peau que celle de ton père et moi ainsi que celle du Dieu Corellon, rosée claire, légèrement bronzée quand vous restez longtemps au soleil. Je pense que le Dieu Corellon nous a mis en garde sur les actes de malveillances que nous risquerons de subir. Ces menaces ne nous étaient pas destinées, mais concerneront l’ensemble des communautés des elfes pour le jugement divin. Nous subirons tous les conséquences d’actes malveillants du ou des clans qui commettront ces faits. Le Dieu Corellon n’a pas voulu favoriser de clan dans ses paroles, à nous de bien les interpréter.
— Mère, je comprends le favoritisme que portent certains dieux envers leur clan. J’ai constaté des différences entre chaque clan et parmi ces clans, de nouveaux clans se formeront prochainement si cela ne s’est pas déjà fait pour certains, auprès du clan de Callios.
— Que tu veux dire, Yssel ? dit Guadrevin.
— Dans le clan de Callios, il y a quelques individus la peau très sombre comme lui. Nous les voyons rarement le jour, mais la nuit, ils sortent travailler dans les carrières. J’ai essayé de les sonder, mais leurs pensées sont aussi sombres que leur peau. Pour certains, ils me regardent méchamment dès que je tente de les sonder. Ils sont très mystérieux et ils ne cherchent pas à s’intégrer avec les autres clans.
— Yssel, je comprends tes craintes sur ces elfes sombres. Ils ont certainement un esprit ténébreux et je crains que la menace vienne d’eux. C’est pour cela que j’ai attendu qu’ils soient partis pour entreprendre ces grands changements sur la défense de notre cité. Là où tu seras avec ton clan, tu seras certainement la dernière cité où ils viendront t’attaquer. Tu sais aussi que j’ai prévenu Aquilain des intentions menaçantes provenant des terres montagneuses du sud. Il m’a affirmé qu’il avait lui aussi des suspicions malveillantes parmi des membres du clan de Callios. Allons rejoindre les animaux, car ils commencent à se faire entendre, tellement qu’ils ont envie de paître l’herbe nouvelle. Cette année, un grand nombre de jeunes bêtes sont nées depuis près de trois lunes.
Ils partirent tous les trois en direction des abris des animaux afin d’aller les emmener aux champs. Entendant leurs maîtres s’approcher, les cris se firent plus intenses. Une fois les portes ouvertes, elles sortirent et se mirent à sautiller de manière désordonnée pendant la durée du trajet.
La lune suivante, Callios et son peuple arrivèrent à destination. Ils se regroupèrent dans la vallée des grottes où ils établirent ensuite les premiers remparts de leur nouvelle civilisation. La vallée était fertile et elle pouvait fournir les ressources alimentaires nécessaires pour subvenir à près de dix mille âmes. Le sous-sol regorgeait d’une richesse minérale importante. Les plaines et les flancs des montagnes du sud-ouest regorgeaient d’une multitude d’essences de bois. Les hautes cimes enneigées des montagnes du centre fournissaient une eau pure lors de la fonte des neiges. La température de la vallée était fraîche et humide. Lors de leur installation dans la plus grande des grottes, ils furent étonnés d’apercevoir une lumière dans une cavité d’un mur. Une très grande personne au teint grisâtre, aux cheveux sombres et aux oreilles pointues, tout comme eux, sortie de cette lumière et vint se présenter à Callios. Surpris par cette apparition, il s’inclina au pied de cet être venu de la lumière. L’être de la lumière s’adressa directement à Callios.
— Ne soyez pas autant surpris, Callios, de me voir.
— Comment connaissez-vous mon nom ? Je ne vous ai jamais vu.
— Vu, non, mais tu connais ma voix. Oui, c’est moi qui te parlais lorsque tu vivais à Faerun. Je t’ai conçu et guidé jusqu’ici.
— Que voulez-vous dire par le terme « je t’ai conçu » ?
— Au moment de ta conception, je t’ai donné une partie de mon essence divine. Tout ce qui fait de toi un être différent de tes parents par ton apparence et en plus, par les dons que je t’ai donnés en supplément de ceux reçus naturellement par tes parents.
— Vous voulez dire que ma couleur de peau est votre œuvre ?
— Oui, Callios. C’est mon travail, ce qui t’arrive. Je t’ai fait venir ici pour qu’un peuple me vénère.
— Pourquoi voulez-vous que mon clan vous vénère ? Qui êtes-vous pour essayer de nous dicter vos lois ?
— Je suis Solonor, Dieu des visions nocturnes, fils de Corellon et d’Anghamadh, déesse reine d’Arvandor. Je demande que votre clan prospère rapidement afin de dominer les autres.
— Nous avons été informés par notre père Guadrevin de l’existence de Corellon, Dieu et créateur des premiers elfes, seigneur du royaume céleste de la Seldarine. Il nous a mis en garde des recommandations de Corellon.
— Mon père n’aura pas son mot à dire sur la gestion de mes sujets. Il aura beau menacer de représailles, mais il est pacifique et il n’aime pas la violence. J’ai créé mes sujets forts et combatifs. Rien ne doit les contraindre à se soumettre aux désirs de quiconque. Ici, vous trouverez les ressources nécessaires au développement de votre clan. Vos principales ressources se trouvent dans le sous-sol de ces montagnes et la terre vous nourrira convenablement.
— Je vous remercie, au nom des miens de nous avoir conduits jusqu’ici. Dans un premier temps, nous nous installerons dans ces grottes. Ensuite, avec les pierres des tunnels que nous creuserons, nous dresserons des fortifications. Des fines particules de roches, nous ferons nos chemins.
— N’oubliez pas qu’un grand nombre de roches peuvent être fondues. Elles produiront après travail, des objets utiles à votre survie et à votre domination sur les autres. Parmi les métaux que vous trouverez, quelques-uns pourront être plus ou moins durs après la fusion et ainsi pourront être utilisés dans différentes applications.
Sur ces mots, Solonor retourna d’où il était venu et la lumière disparue, plongeant ainsi la grotte dans l’obscurité. Callios fit apparaître de la lumière du creux de ses mains, éclairant ainsi la galerie. Il fit comprendre à son clan qu’il venait de rencontrer leur nouveau dieu. Il leur annonça que cette divinité était le fils du Dieu Corellon et que son clan était sa création. À Faerun, Callios et les siens étaient habitués à travailler la roche. Ils avaient découvert que certaines roches étaient riches en minerais. Ici, dans son nouveau royaume, Callios se sentait renaître. Il annonça à ses compagnons qu’il était temps de se reposer, car au matin, chacun devait participer à l’édification de la nouvelle cité. Chacun s’installa dans les différents coins de la grotte et ils commencèrent à s’endormir.
Au petit matin, le ciel encore sombre avec la lumière naissante, Callios constata que tout le monde dormait. Il quitta la grotte et descendit la pente et se rendit sur les berges de la rivière. Il y avait près de huit cents enjambées entre la grotte et la rivière. En retournant vers ses compagnons, une centaine d’enjambées environ, au-dessus du cours d’eau, Callios rencontra un groupe de buisson garni de baies rouges. Elles avaient une odeur sucrée et agréable. Il en goûta une et il décida de faire une petite récolte pour ses compagnons. Au bout d’une heure, il avait rempli deux paniers qu’il avait confectionnés, avec des branchages et feuilles trouvés sur place. Content de sa récolte, il remonta en direction de la grotte avec les fruits fraîchement cueillis. À près de quatre cents enjambées de l’entrée de la grotte, Callios eut la visite de quelques-uns de ses compagnons qui venaient de se réveiller. Une femme du clan de Callios s’adressa à lui.
— Callios, mon chéri, où as-tu trouvé ces fruits ?
— Caleth, ma chérie, je viens de les cueillir à mi-chemin d’ici à la rivière. Je suis tombé sur un groupe de buisson de ces baies rouges. Elles sont très parfumées et très bonnes. Elles sont au début de leur maturité et il y en a énormément.
— Callios, tu viens de nous procurer notre petit-déjeuner. Je pense que nos compagnons te seront reconnaissants si tu peux nous conduire auprès de ces buissons.
— Ce sera sans problème. Si les jeunes mères veulent rester pour s’occuper de leurs petits, elles peuvent se servir dans les plateaux que je viens d’apporter.
— Callios, dit Linirianna, je veux bien, je vais rester avec les jeunes mères qui ne souhaitent pas sortir ce matin. Nous pourrons ainsi surveiller les plus petits en même temps.
— Je te remercie de prendre en charge les plus jeunes enfants. Nous allons donner des ordres aux différentes équipes pour préparer l’édification de notre nouvelle cité. Dans un premier temps, il nous faudrait huit équipes d’une dizaine d’hommes pour extraire les blocs de pierre de la carrière. Quatre autres équipes se chargeront de l’abattage d’arbres pour l’approvisionnement de boiseries des futures bâtisses. Il nous faudra aussi préparer les cultures et je pense que les femmes pourront s’en charger.
En écoutant les paroles de Callios, des équipes se formèrent et quittèrent la grotte. Pendant ce temps, Callios reprit sa conversation avec Liata.
— À propos Liata, ton fils Morëq n’a pas l’air d’être en forme. Je trouve qu’il a le teint très sombre. C’est vrai que tu n’es pas en forme ce matin, de plus, tu as mis au monde ton fils durant le voyage. Tu devras te reposer pendant la première lune. Tu reviendras nous rejoindre dès que tu te sentiras mieux.
— Je te remercie Callios de te préoccuper de moi. Quessir, mon compagnon veillera à m’apporter mes repas. C’est un brave explorateur et un bon chasseur, mais il a un caractère un peu rude.
— Je l’ai déjà calmé à plusieurs reprises pour différentes choses. Il a sa prise de tête facile, un côté bagarreur, mais il a aussi l’utilisation facile de certains usages de la magie contraire à nos règles. Il est très travailleur, certes que c’est une qualité, mais il ne sait pas s’arrêter quand il le faut et il va jusqu’à son épuisement total.
— Je comprends les réactions de mon compagnon, mais depuis la naissance de notre fils, je le trouve beaucoup plus calme. Je pense qu’il devient plus mature dans ses décisions. Il m’a dit qu’un jour, une fois que la cité sera érigée, il se retirera pour explorer un nouveau territoire. Il m’a déjà parlé de son attirance pour la région des montagnes noires.
— J’ai déjà visité cette région et elle m’effraie. Il y a tout ce qu’il faut pour vivre, mais c’est ici que mon choix s’était porté pour mon clan. S’il souhaite fonder son clan là-bas, je ne l’empêcherai pas. Il était avec moi quand nous avions exploré et confirmé notre choix. Nous étions huit sur dix à approuver notre implantation sur l’actuel site. Je pense que s’il choisit de partir vers la région des montagnes noires, il était complice avec Ralentir et Dunthor pour implanter notre cité dans cette zone. Une de ces montagnes noires dégage de la fumée à son sommet.
— Callios, dit Liata, Quessir est toujours avec Dunthor. Je pense qu’ils décideront quand le moment idéal sera bon pour aller fonder cette cité dans les montagnes noires. Ils aiment creuser des galeries et je pense, en les écoutant que cette cité sera souterraine.
— Liata, avertis-nous dès que tu sais quoique ce soit de leurs intentions des préparations pour leurs voyages. Je sens qu’ils iront assez souvent pour préparer l’aménagement de leur cité. Avec le temps, ils auront besoin d’outils pour façonner les galeries.
— Callios, je sais qu’ils n’utilisent pas des outils pour creuser la roche. Ils usent de leurs pouvoirs magiques pour découper la roche en bloc et de certains autres pouvoirs, pour faire fondre la pierre et la lisser.
— Je le sais seulement que depuis quelques lunes, juste avant que nous quittions Faerun. Ils pourraient nous aider et former nos jeunes afin que nous puissions utiliser nos pouvoirs magiques au travail de la roche. Nous pourrons ainsi obtenir des blocs réguliers afin de bâtir des édifices solides pour démontrer aux autres clans que nous sommes plus puissants qu’eux.
— Tu as raison, Callios, mais pourquoi voudrais-tu te montrer supérieur aux autres clans ? demanda Linirianna.
— Ma chérie, les autres ne veulent pas évoluer et vivre dans le juste confort tandis que nous, nous cessons de progresser dans différents domaines comme dans l’usage de nos pouvoirs magiques pour construire des édifices solides, l’usage du feu et du métal pour concevoir des outils qui améliorent notre quotidien. Toutes ces innovations ne sont pas venues du hasard, notre Dieu Solonor nous oriente vers la réussite de notre clan. Il souhaite que nous soyons les meilleurs.
— Callios, ne vois-tu pas que nous partons vers la dérive que nous a annoncée Guadrevin sur la perte de notre immortalité.
— Je l’ai envisagé, mais en attendant, il nous faut être nombreux et vivre dans de nombreuses cités. Avec l’immortalité, il nous faudra de plus en plus de terres pour notre clan et seuls les plus forts pourront vivre sur cette terre.
— Callios, as-tu envisagé d’explorer au-delà des mers afin de trouver d’autres terres pour nous étendre ?
— Non ma chérie. Nous ne savons pas comment nous déplacer sur les eaux. Aucun des clans n’est capable jusqu’à présent, mais je pense que les seuls à pouvoir le faire, ce sera ceux du clan de Clayroy avec leur pouvoir de l’eau. Nous attendrons qu’ils aient trouvé cette solution pour que nous puissions nous approprier ce savoir.
— Tu sais que le Dieu Corellon a annoncé à ton père Guadrevin qu’il fera intervenir un élu divin venu de l’extérieur de notre monde pour régler l’ordre sur le monde des elfes dès la seconde menace de la paix.
— Ma chérie, c’est pour cela que je souhaite renforcer notre clan afin qu’il n’y ait pas de seconde menace. Nous serons les seuls dirigeants et si cela doit venir, ce sera pour nous aider à faire régner la paix contre ceux qui tenteront de nous menacer.
— Je comprends maintenant où tu veux en venir. Prendre le pouvoir et obtenir l’aide divine si nous nous sentons menacés. Imagines-tu que cette menace sera dirigée contre notre clan ?
— Je ferai en sorte de supprimer toute rébellion sur notre monde.
— Ne penses-tu pas mener ton clan dans la terreur éternelle ?
— Il n’aura pas le choix, accepter mes conditions ou disparaître. Mes héritiers devront suivre mes règles, car je ne serai plus de ce monde après que nous aurons pris la main sur l’ensemble de notre monde.
— Callios, je pense que tes futurs successeurs feront tout pour acquérir le pouvoir et ils seront nombreux à vouloir y prétendre. Certains n’hésiteront pas à éliminer toutes concurrences au pouvoir.
— J’ai conscience de ce problème et ce sera la loi du plus fort, mais je ne sais pas quelle sera notre durée de vie après notre perte d’immortalité, un millénaire, un siècle voire moins, je ne le sais pas.
— Je présume qu’avant de perdre cette immortalité, nous devrons être plus nombreux et nous étendre sur les terres fertiles au sud des montagnes, de la forêt à la limite sud du fleuve Hallaquendi et de la rivière Morequendi.
— Caleth, mon amour, je suis de ton avis de vouloir peupler cette région, mais je ne voudrais pas franchir le fleuve Hallaquendi, car je ressens des énergies fortes et très négatives. Je me demande ce qui peut attirer Quessir et sa femme Liata. Notre fils a pourtant été élevé avec tout notre amour.
— Callios, dit Caleth, quand il était près de nous, tu as souvent parlé de vouloir prendre un jour le pouvoir sur tous les clans du grand royaume elfique. Tu as même dit que tant que tu seras en vie, jamais tu n’essaieras de provoquer la colère divine de Corellon.
— Tu as raison de me le dire Caleth. Ton souhait de déployer notre clan sur l’ensemble des contrées elfiques me paraît raisonnable tant que nous n’utilisons pas la violence. Il nous faut aussi espionner nos voisins. Nous devons toujours garder notre avance sur eux et d’examiner leurs points faibles.
— Callios, le fait de connaître leurs qualités peut être un avantage afin de ne pas se faire surprendre. En attendant que notre clan grandisse, il va falloir créer des structures pour loger ceux qui sont déjà présents.
— Je vais faire commencer l’extraction des pierres par un groupe d’hommes pendant que d’autres préparent les emplacements des bâtiments. Pendant ce temps, vous pourrez vous charger de la production alimentaire.
— Nous avons des semences à planter et des enclos à dresser pour nos animaux, dit Linirianna. J’ai repéré hier des arbres fruitiers ainsi que certaines plantes comestibles. J’enverrai quelques femmes qui procéderont aux récoltes des denrées et des plants que nous replanterons au pied de notre nouvelle cité. Tu penses établir la cité jusqu’où ?
— Linirianna, la cité partira de la grotte et atteindra la berge du fleuve. Il faudra prévoir autant de chaque côté. J’ai l’intention de développer un accès par le fleuve. La mer se trouve à trois journées de marche actuellement. Dès que nous pourrons nous déplacer sur l’eau, nous réduirons probablement nos temps de voyages et nous pourrons certainement transporter beaucoup de marchandises. Actuellement, nous ne savons pas comment réussir à rester sur l’eau.
— Callios, pense aux arbres.
— Oui, nous pouvons certainement faire descendre des troncs d’arbres des hauts plateaux d’Anaroch jusqu’ici. Les arbres de là-bas sont bien plus grands que ceux qui sont à proximité de notre future cité. Avec ces grands arbres, nous pourrons obtenir des poutres exceptionnelles pour l’édification de grandes salles dans des bâtisses impressionnantes. En priorité, nous construirons les logis pour nos familles. D’ici trois lunes, je pense arriver à donner un toit à chacune des familles. Ensuite, je souhaiterais attaquer l’édification de la forteresse ainsi que de quelques résidences supplémentaires pour qui les futurs couples qui viendront de nos enfants. Avec la bonne volonté de chacun, je pense pouvoir achever l’ensemble d’ici une dizaine d’années. Allons donner nos consignes sur les emplacements des futures constructions de notre première cité.
Sur ces mots, Callios et Linirianna sortirent de la grotte et ils se séparèrent pour donner les missions aux différentes équipes du clan. Ce fut avec joie que chacun avait envie de participer à la création de leur nouvelle cité. Après quelques minutes, Callios arriva à la carrière de pierres. Il fut accueilli par les huit chefs d’équipes chargés de l’extraction des blocs de pierre. Avec Linirianna, ils avaient décidé que la grotte abriterait les familles tant que les bâtiments n’étaient pas achevés.
— Bonjour, Callios, nous avançons bien et la roche est de bonne qualité. Avec les nouvelles techniques de découpe de la pierre, les tailles sont propres et nous les extrayons plus vite. Actuellement, nous avons extrait plus d’un millier de blocs de deux coudées de long sur un de large sur un de haut et la journée n’est pas terminée.
— Sur les huit équipes qui travaillent sur ce site, il me faudrait dans un premier temps, deux pour le transporter des blocs jusqu’au site de construction et une équipe qui veillera à la construction des bâtiments. Avez-vous, dans vos équipes, des bâtisseurs ?
— Oui, Callios. J’ai l’équivalence de deux équipes.
— Très bien, dans un premier temps, une de ces équipes aidera à l’acheminement. Ensuite, ils renforceront les autres à la construction des logis des familles. Viendront ensuite, l’édification des entrepôts et après ce sera autour de la forteresse. Linirianna est partie voir avec les bûcherons pour les poutres et ouvertures. Êtes-vous prêts à relever ce défi ?
À l’unisson, l’ensemble lança un bruit sourd de satisfaction qui résonna dans la carrière. Les équipes se formèrent et les trois équipes chargées du transport et de la construction transportèrent chacune un bloc par lévitation. Arrivés sur place, Callios désigna les zones où seront construits les logis des familles. Il montra aussi l’emplacement des entrepôts et de la forteresse. Avec détermination, les bâtisseurs commencèrent à dégager les fondations puis commencèrent à poser les premières pierres. Pendant ce temps, les deux autres équipes rapportèrent les blocs.
À la fin de la journée, des blocs de pierre, des poutres et des menuiseries avaient été rassemblés proches de la zone des constructions et les femmes avaient fini la préparation d’une première parcelle de culture. D’autres femmes avaient recueilli des pierres de la carrière pour monter des murets afin de parquer les animaux afin qu’ils n’aillent pas dévorer les récoltes. Quelques hommes avaient abattu des arbres pour faire les toitures et obtenir du bois de chauffe. Le soir, après une journée bien productive, le clan avait pris un repas chaud et n’avait pas mis longtemps à s’endormir.
Après une lune d’acharnement, les premières habitations furent terminées. Les cultures étaient ensemencées et les animaux étaient parqués dans les nouveaux enclos.
Dans son nouveau royaume, Callios se sentait renaître. Il annonça à ses compagnons qu’il était temps de se reposer, car au matin, chacun devait participer à l’édification de la nouvelle cité. Chacun s’installa dans les différents coins de la grotte et ils commencèrent à s’endormir.
Debout de bonne heure, Callios descendit la pente menant aux baies rouges. Il en mangea quelques-unes puis il se dirigea vers la carrière, située un peu au nord de la grotte. Les tailleurs avaient choisi d’extraire les blocs de pierre de manière à creuser des galeries. Ils avaient réussi une percée dans le flanc de la montagne de près d’une centaine d’enjambées sur sept de large et quatre de haut. Callios s’imagina que cette grotte pourrait servir de réserve alimentaire lors des saisons chaudes et froides. En sortant de la galerie, le jour s’était levé et le ciel laissait apparaître des nuages chargés d’eau. Si le vent tombait, l’eau s’abattrait sur la vallée. Cette pluie serait bénéfique pour les cultures déjà ensemencées, mais ralentirait le travail de construction de la cité. Seuls les tailleurs de pierres pourraient découper les blocs sans inquiétude dans les galeries. Au bout de quelques instants, il prit la direction de la forêt où les bûcherons abattaient les arbres nécessaires au chantier. Sur place, grand nombre de troncs jonchaient le sol, prêts à être transportés pour être débités en poutres et en boiseries. Après avoir fait le tour de la zone de travail, il se rendit sur le terrain de construction des logis du clan. Après une dizaine de minutes de marche, Callios se trouva devant la première habitation. Elle était presque terminée et il restait plus qu’à installer la couverture de chanvre. La seconde bâtisse était bien avancée, mais il lui manquait la charpente et la couverture. Plusieurs autres maisons avaient été commencées sur le même modèle que la première. Il estimait que deux logis pourraient être terminés par jour. Il fut comblé de voir l’évolution de son projet pour son clan. Une demi-heure plus tard, il longeait le fleuve et traversait le chantier pour rejoindre la zone des cultures. Il fut étonné que de grandes surfaces de terres aient été travaillées. Il apercevait aussi que des sillons avaient été faits. En arrivant à l’entrée de la grotte, Callios constata que des ouvriers de la carrière étaient déjà partis. Des buissons de fruits roses poussaient à l’entrée de la caverne de la carrière. Ces fruits, une fois mangés, redonnèrent de l’énergie à ceux qui les ont consommés. Callios avait compris l’une des raisons de l’implantation des buissons proche de la caverne où les mineurs travaillaient. Il pensa que c’était le Dieu Solonor qui avait délibérément fait pousser ces fruits pour que les ouvriers de la carrière puissent se nourrirent tout en travaillant. Tout en pensant, Callios avançait vers la grotte du clan. Sur place, il constata que tous les groupes de la carrière étaient partis travailler. En s’approchant de son alvéole, Callios tenait à offrir des baies rouges à Caleth, son amour. Elle avait vingt-six ans de moins que lui et elle était la fille de son frère Clayroy ainsi que de sa sœur Khalilia. Ensemble, Callios et sa femme avaient eu près de deux cents enfants, principalement des jumeaux. Tous les membres de son clan étaient issus de ses enfants et de leurs descendants. À sa connaissance, seuls les membres restés à Faerun étaient issus d’une union d’un de ses fils avec une fille d’Yssel.
Arrivé au pied de la couche, Callios vit Caleth dormir. Il s’approcha de son visage et l’embrassa sur le front. Elle se réveilla, contente d’avoir reçu un bisou tendre de son amour.
— Bien dormie, ma chérie ? dit Callios.
— Oui, Callios. Je sens l’odeur sucrée des baies rouges. Je présume que tu m’en as amené !
— Oui, Linirianna. Que dis-tu du nom Orondor pour notre cité ?
— Je le trouve magnifique. Qu’est-ce qui t’a inspiré pour ce nom ?
— Ce matin, en sortant de la grotte, j’ai vu le soleil doré juste au-dessus de la petite colline ronde. Le ciel était nuageux et il avait fait une percée parmi les nuages, éclairant uniquement le chantier de notre cité d’un cercle de lumière dorée. J’ai pensé au rond doré du soleil quand le soleil se lèvera sur notre future cité, il lui donnera la couleur dorée. Durant la nuit, la pluie a arrosé les plantations. Je pense que la journée sera pluvieuse et que cela ne ralentira pas l’avancée des travaux.
— À propos de ton projet pour notre cité, comment ça avance ?
— Nos hommes ont très bien travaillé hier. Je pense que Solonor est pour quelque chose dans le choix d’implantation de notre cité. À proximité de la carrière, j’ai trouvé des buissons de fruits roses. J’en ai goûté un et après l’avoir mangé, une incroyable énergie s’est répandue en moi, me donnant ainsi un regain de force que je n’avais jamais eu auparavant.
— Callios, je vais manger de suite avant de sortir pour planifier le travail de la journée pour les femmes du clan. Je me chargerai de l’attribution des logis, famille par famille dès qu’une maison sera achevée.
— Les hommes de la carrière sont déjà au travail. Je pense que les bûcherons ne tarderont pas de les suivre. J’ai constaté que les femmes avaient bien travaillé dans les champs et dans la préparation des murets de pierres pour le parcage des animaux.