Les résidents - Johann Etienne - E-Book

Les résidents E-Book

Johann Etienne

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Beschreibung

En quête de tranquillité, une femme s'est retirée dans une maison perdue au milieu des bois...

Dans une maison isolée, une femme vit seule.
Du moins, le croit-elle...
Une maison isolée,
Une femme seule,
La forêt pour seule témoin...
Après une longue absence, une femme rentre chez elle. Elle vit seule, à l’écart du monde et des hommes. Entre ces quatre murs, elle n’ambitionne qu’une chose : que le quotidien reprenne son cours. Mais d’étranges évènements ne tardent pas à ébranler ses aspirations...

Un thriller angoissant pour des frissons garantis !

EXTRAIT

Lundi 16 janvier, 22h44

C’est une petite maison isolée, éloignée de la route par un chemin sans issue. Elle surplombe un petit étang encadré d’une vaste forêt. L’été, les chants d’oiseaux adoucissent l’atmosphère. Au plus fort de l’hiver, le gel cristallise la surface de l’eau, la figeant en un miroir imparfait. Je m’y suis installée pour toutes ces raisons. Le silence et le calme siéent bien à mon caractère. De surcroît, ils sont propices à l’écriture. Et puis, à dire vrai, je n’ai jamais vraiment aimé la compagnie des autres.
Le portail de bois peint, l’allée gravillonnée, la façade de briques rouges, les deux larges fenêtres garnies de bacs à fleurs, les persiennes bleu pâle, la balustrade vermoulue, le vieux saule tordu planté dans le petit jardin. Sous l’éclat d’une Lune pleine, je retrouve dans l’instant ces lieux familiers.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1975 à Troyes, dans l'Aube, Johann Étienne écrit depuis l'âge de seize ans. Passionné d’Histoire et d’actualité, il se sert des réalités qui nous entourent pour élaborer intrigues et personnages au profit de romans de fiction policière.
Il est l’auteur de trois précédents thrillers, Le Théorème de Roar-chack, Prophétie et La Colonie; puis d’un roman court intitulé Le Plan, tous parus chez Ex æquo.
Les résidents est son cinquième roman.

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Table des matières

Résumé

1 Une petite maison isolée

2 Le sujet de mon prochain roman

3 Une étrange histoire

4 Un motel de seconde zone

5 « Je suis chez moi »

6 Il y a quelqu’un dans la maison

7 Quelque chose a bougé derrière les arbres

8 « Nous sommes chez nous »

9 L’heure des loups

10 L’objet de peurs irraisonnées

11 L’espoir de jours meilleurs

12 La fin de mon tourment

13 Une présence dans mon dos

14 Une pièce toute blanche

15 Ils sont revenus

16 Une fin inexorable ?

17 Ils sont entrés

18 Deux éclairs blancs

19 La danse des lueurs bleues

Dans la même collection

Résumé

Dans une maison isolée, une femme vit seule.

Du moins, le croit-elle…

Une maison isolée,

Une femme seule,

La forêt pour seule témoin…

Après une longue absence, une femme rentre chez elle. Elle vit seule, à l’écart du monde et des hommes. Entre ces quatre murs, elle n’ambitionne qu’une chose : que le quotidien reprenne son cours. Mais d’étranges évènements ne tardent pas à ébranler ses aspirations…

Né en 1975 à Troyes, dans l'Aube, Johann Étienne écrit depuis l'âge de seize ans. Passionné d’Histoire et d’actualité, il se sert des réalités qui nous entourent pour élaborer intrigues et personnages au profit de romans de fiction policière.

Il est l’auteur de trois précédents thrillers, « Le Théorème de Roarchack », « Prophétie » et « La Colonie » ; puis d’un roman court intitulé « Le Plan », tous parus chez Ex æquo.

Les résidents est son cinquième roman.

Johann Etienne

Les résidents

Thriller

ISBN : 978-2-37873-007-9

Collection Rouge : 2108-6273

Dépôt légal janvier 2018

© couverture Ex Aequo - Illustrations : Virginie PIATTI

© 2018 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Toute modification interdite.

Éditions Ex Aequo

6 rue des Sybilles

88370 Plombières les bains

www.editions-exaequo.fr

« On n’a vraiment peur

que de ce qu’on ne comprend pas »

Guy de Maupassant, « 

1Une petite maison isolée

Lundi 16 janvier, 22h44

C’est une petite maison isolée, éloignée de la route par un chemin sans issue. Elle surplombe un petit étang encadré d’une vaste forêt. L’été, les chants d’oiseaux adoucissent l’atmosphère. Au plus fort de l’hiver, le gel cristallise la surface de l’eau, la figeant en un miroir imparfait. Je m’y suis installée pour toutes ces raisons. Le silence et le calme siéent bien à mon caractère. De surcroît, ils sont propices à l’écriture. Et puis, à dire vrai, je n’ai jamais vraiment aimé la compagnie des autres.

Le portail de bois peint, l’allée gravillonnée, la façade de briques rouges, les deux larges fenêtres garnies de bacs à fleurs, les persiennes bleu pâle, la balustrade vermoulue, le vieux saule tordu planté dans le petit jardin. Sous l’éclat d’une Lune pleine, je retrouve dans l’instant ces lieux familiers.

La clé tourne dans la serrure, émettant son cliquetis habituel. Exténuée,je pousse la porte freinée par une pile de courrier entassée dans son dos. Le froid règne à l’intérieur. Instinctivement, je remonte le chauffage avant même d’enlever mon manteau. Je rentre enfin chez moi, après une longue absence.

Le courrier attendra. Je le ramasse à la hâte et vais pour le poser sur la console qui meuble l’entrée quand je rate mon coup de fatigue. La console ne se trouve plus à droite, mais à gauche de la porte. Je dois être sacrément fatiguée pour l’avoir oublié. Lasse,je jette mes chaussures dans un coin et me dirige vers la chambre dans l’obscurité.

Je connais l’endroit par cœur. Le plancher du couloir craque sous mes pas. J’ai toujours aimé ce bruit étrange, comme si les lames de chêne blanchi reprenaient vie chaque fois qu’on les foulait. Mes doigts effleurent la tapisserie. J’en sais tous les défauts, toutes les petites imperfections. Son toucher me rassérène.

Une odeur de renfermé a empli l’air ambiant. Je me suis absentée depuis longtemps, trop longtemps. Il faudra que j’aère toutes les pièces, mais pas maintenant. Maintenant, je n’ai qu’une envie : dormir. Au bout du corridor, les contours de la porte de ma chambre se dessinent dans la pénombre.

Je passe en coup de vent devant la cuisine quand un détail retient mon attention. Je m’approche, incertaine, enclenche l’interrupteur, faisant jaillir la lumière vive et blanche du plafonnier. Non, je ne me suis pas trompée. Sur la table gisent les vestiges d’un repas. Deux couverts sont dressés. Des restes de nourriture sont encore présents dans les assiettes, tandis que deux verres sont posés sur le plan de travail, à côté de l’évier.

J’avance dans la pièce à pas lents, pétrifiée par le spectacle. Je regarde et regarde encore. Aucun doute, tout est bien réel. Les assiettes sont là, en évidence. Plus loin, une bouteille de vin vide posée sur le sol, aux pieds du réfrigérateur finit de m’achever.

J’ai toujours vécu seule. La maison est vide depuis mon départ. Deux personnes ont pourtant dîné dans cette pièce il y a quelques heures à peine, avant de quitter les lieux en laissant tout sur place.

Deux personnes que je ne connais pas.

C’est une petite maison isolée...

2Le sujet de mon prochain roman

Mardi 17 janvier, 06h30

Le radio-réveil s’enclenche brutalement, m’extirpant du sommeil en sursaut. Je mets une bonne minute avant de comprendre ce qu’il se passe. D’une main maladroite, j’éteins le maudit appareil et m’affale sur l’oreiller. Je n’ai aucun souvenir de l’avoir programmé, encore moins à une heure aussi matinale. L’esprit encore embrumé par ma trop courte nuit, je laisse là mes interrogations. Une longue journée m’attend. Après tout, se lever à cette heure est peut-être une aubaine.

D’un pas mal assuré, je me traîne dans le couloir jusqu’à la cuisine. La fraîcheur matinale me fait frissonner de ton mon corps. Il va vraiment falloir que la maison se réchauffe un peu. Les deux assiettes sales me sautent aux yeux dès que la lumière se fait. Sans plus d’hésitation, je m’en saisis et les pose dans l’évier. Je fais de même avec les verres, avant de jeter la bouteille de vin dans la poubelle.

À bien y réfléchir, je ne me suis peut-être pas absentée aussi longtemps que je le pensais. Et puis, qui me dit que ces restes sont récents ? Aurais-je dîné avec quelqu’un la veille de mon départ ? Je ne me souviens plus très bien. Ce flou qui encombre ma mémoire trouve peut-être son explication dans cette bouteille de vin vidée à deux en un seul repas. Le froid qui règne dans la maison aura sans doute conservé la nourriture intacte.

Voilà que je souris de mon instant de panique d’hier soir. Il faut vraiment que je freine mon imagination débordante, elle va finir par me faire perdre la tête. J’ai besoin d’un café et d’une bonne douche chaude, dans cet ordre ou dans l’autre. La chance veut qu’il reste un fond de poudre brune et parfumée au fond d’une boîte en fer blanc. Je m’active à faire couler le précieux liquide pendant que je me glisse dans la salle de bain. Dix minutes d’une pluie brûlante suffisent à me revigorer.

Enroulée dans un peignoir, mon mug à la main, je fais le tour de mon intérieur. L’absence de tout autre changement finit par me convaincre que mon esprit m’a joué un mauvais tour. Je poursuis mon inspection par la terrasse. La vue n’a pas changé, toujours aussi magnifique. L’étang projette sa surface de mercure jusqu’à l’orée des grands arbres. Tout est calme au-dehors. J’irai peut-être courir dans la forêt ces jours prochains, comme j’en avais l’habitude.

Retour à l’intérieur et fin de la rêverie. Une épaisse couche de poussière recouvre les meubles, et les plantes ont besoin d’eau. Du travail en perspective. J’y consacre une bonne partie de la journée, conservant un peu de temps en fin d’après-midi afin d’aller faire quelques courses. Les placards sont vides et le réfrigérateur crie famine.

Une dernière pièce reste à contrôler, mon bureau, la seule dont la porte soit toujours verrouillée à double tour. J’extirpe la clé d’un pendentif qui ne quitte jamais mon cou et entre. Là aussi, la poussière a pris ses aises, mais tout semble en ordre. J’approche de la pièce maîtresse du lieu, une Underwood portative vieille de près d’un siècle, en parfait état de marche. C’est avec elle que j’ai composé mes premiers textes.

Je laisse un instant glisser mes doigts sur le clavier. Une irrépressible envie d’écrire m’envahit peu à peu, une inspiration que je compte bien mettre à profit tout au long des jours qui s’ouvrent devant moi. Mais pas tout de suite, pas maintenant. Ce soir, peut-être, quand j’aurai tout remis en ordre dans la maison. Oui, ce soir, ce sera parfait.

Le garage se trouve dans un cabanon indépendant, à quelques mètres de la maison. Je mets un certain temps à retrouver la clé du cadenas qui en clôt la porte. Je la déniche finalement au fond de la poche d’une veste. La porte hurle en s’ouvrant, comme un animal blessé. Sous sa bâche de plastique sale, ma voiture n’a pas bougé. Je la découvre d’un geste ample, prends place à l’intérieur, avant d’introduire la clé de contact dans le barillet. Une brève appréhension me gagne lorsque je lui imprime un mouvement de rotation. La batterie a-t-elle tenu ? Le grondement rauque du moteur me rassure aussitôt.

Direction la supérette, à quelques kilomètres de là. Le parking est désert. Seuls quelques véhicules épars peuplent l’esplanade de bitume. L’hiver est une saison morte dans la région. La foule reviendra aux beaux jours pour profiter des balades en forêt et des randonnées. Je trouve une place sans peine puis m’engouffre dans l’air suffoquant de l’espace commercial. Le choc thermique entre cette chaleur et le froid glacial du dehors m’étourdit un instant.

Un sentiment étrange s’insinue en moi au moment où je m’engage dans les rayons, comme une peur sourde, tapie dans l’ombre, prête à surgir. D’un mouvement de tête, je fais fi de l’impression et commence mes achats. Je n’ai pas de liste, mais vais à l’essentiel : nourriture, savon, produits d’entretien. Du papier aussi, beaucoup de papier. Deux rames de cinq cents feuilles 80 grammes, format A4, prennent place dans mon panier. Un bouquet de fleurs fraîches parachève le tout. Au printemps, j’ai coutume d’en cueillir presque chaque jour sur les rives de l’étang. Mais nous sommes en hiver, et mon intérieur à grand besoin de reprendre vie.

La curieuse oppression ne m’a pas quittée. J’ai beau essayer de la chasser de mon esprit, rien n’y fait. Je sens un poids sur mes épaules, comme si… on m’observait. Oui, c’est cela, cette tension grandissante dans mon esprit, cette crainte irraisonnée trouve enfin une réponse. Quelqu’un m’épie, suit chacun de mes gestes, chacun de mes pas depuis que j’ai posé le pied dans la supérette.

Instinctivement, je regarde autour de moi. Il est là, quelque part. Mes yeux cherchent un instant, parcourant les allées, s’arrêtant sur les quelques clients qui s’attardent. Là, cet homme ! Brun, la trentaine, jamais vu de ma vie. Alors pourquoi me dévisage-t-il ainsi ? Je le fixe quelques secondes, jusqu’à ce qu’il détourne la tête.

Je souffle un instant quand mon attention bute sur une autre personne. Une femme cette fois, cinquante ans environ, largement en surpoids. Aucun souvenir de l’avoir déjà rencontrée. Elle me regarde, elle aussi, affichant une mine circonspecte. Qui pense-t-elle avoir vu ? Une connaissance ? Une amie peut-être ? Cette fois, c’en est trop, trop pour que j’en supporte davantage. Il faut que je sorte, que j’échappe à ce malaise qui s’amplifie à chaque minute.

J’ai l’impression que tout le monde me scrute, vendeurs comme clients, que tous me fixent d’un œil étrange. D’un pas décidé, je fonce vers la première caisse libre que j’aperçois, jette mes achats sur le tapis roulant, paie et quitte les lieux en baissant la tête.

Ce n’est qu’une fois dans la voiture que je souffle enfin. Que vient-il de se passer au juste ? Que me voulaient-ils tous ? Était-ce une plaisanterie ? Je jette un œil furtif dans le rétroviseur et tente de refréner mon angoisse, en vain. Même sur le parking, l’impression d’être épiée ne me lâche pas.

D’une série de gestes nerveux, je démarre et quitte l’endroit, me jurant de ne plus remettre les pieds dans ce supermarché de malheur. On a voulu se rire de moi ? Qu’à cela ne tienne, ils ne sont pas près de me revoir et de recommencer. Sur la route du retour, l’étrange expérience que je viens de vivre me poursuit et grandit en moi sous une forme inattendue.

Et si je tenais là le sujet de mon prochain roman ?

3Une étrange histoire

Mercredi 18 janvier, 07h30

Je m’éveille dans le petit matin cotonneux. La nuit a été courte. J’ai écrit jusqu’à ce que la fatigue finisse par me vaincre. L’épisode du supermarché a porté ses fruits, même si, avec le recul, je commence à douter de l’avoir réellement vécu. N’ai-je pas un peu exagéré les choses ? Ces regards importuns n’ont-ils pas simplement réveillé mon agoraphobie naturelle ? Peu importe. En quelques heures seulement, j’ai composé l’essentiel de la trame de mon nouveau livre. Je lui ai même trouvé un titre : « Une étrange histoire ».

Je me lève avec peine, les mains encore endolories d’avoir frappé le clavier de longues heures durant. Le chauffage a fonctionné toute la nuit. Il règne enfin une douce chaleur dans la maison. Le petit-déjeuner sera copieux, les placards sont remplis, et mon estomac le sait. En sirotant mon café brûlant devant la baie vitrée qui donne sur la terrasse, je retrouve peu à peu mes habitudes, au point d’avoir l’impression de ne m’être jamais absentée. Sur la porte de réfrigérateur, les magnets alphabet multicolores dispersés attirent mon attention. Je les ordonne pour former la phrase suivante : « Home sweet home ».

Dehors, les grands arbres nus frémissent d’une légère brise, tandis que des canards courageux se fraient un chemin à travers la fine pellicule de givre qui recouvre la surface de l’eau, provoquant des sillons aux reflets métalliques. J’ai toujours éprouvé une sorte d’attirance et de fascination pour cette étendue mercure aux profondeurs sombres et mystérieuses.

Je décide d’aller courir en avalant ma dernière gorgée d’arabica. Trente minutes d’une foulée mesurée, histoire de réaccoutumer mon corps à la pratique de l’exercice. Je me suis arrêtée trop longtemps. Je souffre le martyre dès les premiers kilomètres. Les sentiers qui serpentent dans la forêt sont figés par le froid. Le gel imprègne la terre au point de la rendre dure comme de la pierre. Le choc de mes semelles à son contact résonne dans chaque fibre de mon être.