Les Révolutions du pays des Gagas - Jules Janin - E-Book

Les Révolutions du pays des Gagas E-Book

Jules Janin

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Beschreibung

Extrait : "Je suis né au doux pays de Forez, sur les bords du Lignon, dans les champs de l'Astrée. Il n'y a pas ici-bas un plus grand ami de la paix et des choses pacifiques ; pas d'autre ambition qu'un peu de liberté pour écrire à mon bel aise, un beau soleil en avril, un grand silence en tout temps, et le facile travail de tous les jours."

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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 37

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Nous avons réuni, dans cet opuscule, deux feuilletons de M. Jules Janin, écrits à peu de distance l’un de l’autre, et cependant faisant un seul et même livre, ou peu s’en faut.

Le chagrin qu’a ressenti ce digne fils du Forez, quand il a appris les derniers troubles de ces montagnes, où son enfance s’est passée, lui a dicté ces pages touchantes ; nous les avons recueillies par reconnaissance et par respect.

A.L.

1813
I

Je suis né au doux pays de Forez, sur les bords du Lignon, dans les champs de l’Astrée. Il n’y a pas ici-bas un plus grand ami de la paix et des choses pacifiques ; pas d’autre ambition qu’un peu de liberté pour écrire à mon bel aise, un beau soleil en avril, un grand silence en tout temps, et le facile travail de tous les jours.

Je vais donc étonner beaucoup mes amis quand ils me verront revendiquer les récompenses des vieux soldats de la République et de l’Empire. Mais la justice et le bon droit m’encouragent à raconter, si voisin que je suis de mes derniers jours, la grande action que j’ai commise en mon enfance, et qui m’égale aux plus vaillants capitaines que la gloire ait négligés jusqu’à présent.

J’étais à peine un écolier de quatrième au lycée impérial, assez aimé et très connu dans la petite ville où mon père exerçait la profession d’avocat, mais d’un avocat sans cause, avec une grande réputation d’éloquence et de probité, qu’il avait gagné à discuter en plein tribunal les accusations de M. le préfet (ces préfets étaient des façons de proconsuls romains) contre les esprits, naturellement révoltés. M. le préfet les appelait ses bêtes noires. Pour tout dire, en un mot, mon père était l’avocat des causes perdues, et le défenseur des condamnés. Sa moindre plaidoirie attirait une foule énorme au Palais-de-Justice ; à peine il avait parlé… ses meilleurs amis se cachaient dans la foule et tremblaient qu’il ne les saluât, tant ils avaient peur d’être ainsi compromis.

Quant à plaider les belles affaires du possessoire, le contentieux riche et les héritages mal divisés entre parents qui ne sont pas unis, mon père n’y pensait guère et l’on ne pensait guère à lui. Si par hasard l’une de ces causes qui servent à la fortune d’un cabinet lui était apportée par quelque innocent, Maître Honoré Humbert était le premier à lui faire observer qu’il faisait fausse route en s’adressant à l’avocat mal noté. À peine averti, le plaideur remportait son dossier en toute hâte, oubliant assez souvent de refermer la porte, et toujours de remercier le pauvre avocat de son bon conseil.

Plus d’une fois, l’administration trouvant ce mécontent dans son chemin… dans ses ténèbres, l’eût fait volontiers disparaître, et rien n’était plus facile en effet, mais la ville entière honorait Maître Humbert pour sa résistance. Il était le descendant des meilleurs bourgeois de la province, et par sa vaillante et digne femme il tenait même aux anciens seigneurs du pays. Les pauvres gens l’aimaient, parce qu’il plaidait pour rien dans leurs petites querelles. Il défendait très bien (c’étaient ses meilleures causes) les belles femmes dans les mille questions que le divorce appelait et soulevait à sa suite. Enfin il était un des arguments dont se servaient, entre eux, messieurs les sous-préfets et messieurs les procureurs généraux, chaque fois qu’il était question du despotisme impérial, et de ce joug de fer qui allait s’appesantissant chaque jour sur ces têtes courbées. – Le despotisme ! y pensez-vous, Monsieur ? disaient les puissants du jour. Si vous aviez entendu plaider Maître Humbert à la première chambre, à coup sûr vous ne diriez pas que nous vivons sous la loi du plus fort !

Aux yeux de ces grands juges, Maître Humbert était un témoignage des libertés du temps passé, de l’heure présente et (que sait-on ?) des libertés à venir.

Voilà donc ce qui l’avait fait libre au milieu de la servitude universelle (on dirait aujourd’hui la servitude volontaire), et pourquoi on le retrouvait sur la brèche, armé de toutes pièces, sitôt qu’il s’agissait de quelque abandonné sans espoir et sans défenseur.

Mais son vrai champ de bataille n’était pas la police correctionnelle et non pas même la Cour d’assises.

Son vrai moment commençait à ces heures plus sombres, qu’un grand poète de notre pays, Victor de Laprade, a si bien racontées dans son nouveau poème, empreint de cette antique et douloureuse situation :

Mes amis, on annonce une victoire insigne :
Vingt mille prisonniers, des princes, de grands noms,
Des fusils, des chevaux, des drapeaux, des canons ;