Les Vertigineuses - Coline Raydon - E-Book

Les Vertigineuses E-Book

Coline Raydon

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Beschreibung

L’aventure commence… Le sac sur le dos, l’équipe scoute prend la direction de l’Amazonie, prête à pénétrer au cœur de ce territoire sauvage pour s’immerger dans la nature, bien décidée à bousculer ses habitudes et à faire preuve d’adaptation. Son objectif : apporter son aide à un centre de secours pour animaux victimes du braconnage avant de sillonner l’Équateur. Les Vertigineuses se rendent utiles !


À PROPOS DE L'AUTEURE


Amoureuse de la nature, Coline Raydon s’intéresse à la relation entre l’homme et celle-ci. À travers le récit de son voyage en Équateur, elle raconte son immersion au cœur de l’Amazonie, source de découvertes et de réflexions. Elle partage également le bonheur d’œuvrer en équipe pour une cause qui l’anime.

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Seitenzahl: 135

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Coline Raydon

Les Vertigineuses

Rencontre avec l’Amazonie

Roman

© Lys Bleu Éditions – Coline Raydon

ISBN : 979-10-377-6770-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À mon équipe scoute « les Vertigineuses »

avec qui j’ai grandi et partagé

d’incroyables aventures humaines.

28 juillet 2018

Avez-vous déjà remarqué que la peur du danger, le risque nous pétrifie bien plus que le danger en lui-même, lorsqu’il se présente à nous ? Cela dit, nous pouvons dépasser nos angoisses et vivre pleinement l’aventure de notre vie.

Aujourd’hui, c’est le jour J. Voilà un mois déjà que nous avons lancé, avec enthousiasme, le décompte des jours qui nous séparaient de notre départ en Équateur. Nous partons enfin réaliser notre expériment compagnon1, au cœur de la forêt amazonienne. Ce soir, mes parents réalisent que je pars vraiment dans la jungle avec mon équipe scoute. À une heure du départ, tout devient concret, surtout le palu et la rage, des maladies toutes deux présentes là où je vais. C’est ainsi que la peur du risque a fait irruption durant le dîner. Maman a sorti de sa boîte la notice2 des cachets contre le paludisme que je devrai prendre tous les jours durant mon voyage, nous détaillant les innombrables effets indésirables éventuels auxquels je m’expose :

« Soyez attentifs aux réactions sévères suivantes. Elles sont survenues chez un petit nombre de personnes. Réactions allergiques sévères : éruption cutanée et démangeaisons, apparition soudaine de sifflement respiratoire, oppression thoracique, gonflement des paupières, du visage, des lèvres ou d’autres parties du corps. Réactions cutanées sévères : éruption cutanée sévère généralisée avec formation de cloques et desquamation de la peau. »

Et maman ne s’arrêtait ni de lire… ni de paniquer :

« Effets indésirables très fréquents (peuvent affecter plus d’un patient sur 10) : maux de tête, nausées et vomissements, diarrhée. »

Je n’ai jamais autant relativisé que ce soir-là. Ces troubles très fréquents sont devenus minimes dans mon esprit face à ceux qui suivaient sur la liste car c’était loin d’être terminé !

Maman renchérissait :

« Effets indésirables fréquents (peuvent affecter jusqu’à 1 patient sur 10) : sensations vertigineuses, troubles du sommeil, rêves anormaux, dépression, perte d’appétit, fièvre, toux, éruption cutanée, éventuelles démangeaisons. »

Puis elle a terminé avec les effets indésirables peu fréquents, autrement dit les pires, qui peuvent affecter jusqu’à 1 patient sur 100 seulement mais qui donnent la trouille quand même :

« Chute de cheveux, inflammation du foie, crises convulsives, hallucinations… »

À la fin de sa lecture, maman n’était pas du tout rassurée et moi non plus. Note à moi-même : ne plus jamais lire ce genre de notice à la dernière minute !

Je devais prendre mon premier cachet dans quelques heures… juste avant de monter dans l’avion. Je craignais de subir des effets indésirables sévères mais une partie de moi me disait de garder mon calme, peut-être que tout irait bien, mon corps pouvait très bien supporter le traitement. La peur ne m’empêcherait pas de partir et ne gâcherait pas mon début de voyage ! Je verrai bien, je faisais confiance à la vie et à mon corps aussi pour limiter les dégâts. Je me préparais tout de même à être malade durant le vol, j’espérais très fort n’être confrontée qu’à un gros mal de tête et quelques vomissements. Ce qui était sûr, c’est que je sentais naître une profonde détermination en moi : vivre intensément ce voyage !

Chapitre 1

Le départ

28 juillet 2018

Vêtues de nos chemises vertes, nos foulards autour du cou parfaitement roulés, nos sacs sur le dos, nous arrivons à l’aéroport de Saint-Exupéry. L’enthousiasme est des nôtres ! Malgré l’heure matinale, la troupe est bien réveillée. Notre équipe, composée de Clémentine, Lou, Rose, Hélène et moi-même a pour nom « Les Vertigineuses » afin de signifier notre goût pour l’aventure. Une fois arrivées devant le pèse-bagage, place aux paris sur le poids de nos sacs à dos. Rose nous bat à plates coutures avec son sac de onze kilos, nous avons toutes entre onze et seize kilos sur le dos. Nous échangeons ensuite nos euros contre des dollars américains et embarquons.

Dans l’avion, on ressent déjà l’ambiance internationale. Les hôtesses qui parlent en anglais donnent du fil à retordre à Clémentine qui n’est pas très à l’aise dans cette langue. Plusieurs fois, elle n’a pas réussi à se faire comprendre. On lui a servi un alcool fort, du Milano alors qu’elle avait demandé un Coca-Cola. Quel fou rire nous avons eu ! La boisson, aussi imbuvable qu’une bouteille de parfum, a fini dans les toilettes de l’avion.

J’ai pris mon cachet antipaludéen il y a une heure et pour le moment, je me sens très bien, je suis soulagée ! Nous nous occupons sans souci dans l’avion, Clémentine installée sur la tablette de son siège fait de l’aquarelle, Rose et moi écoutons de la musique et dansons comme nous pouvons sur nos sièges. Nous faisons escale à Francfort où Hélène nous offre de délicieux bretzels puis à Panama. Les escales sont l’occasion idéale pour réaliser des tressages colorés dans nos cheveux avec de la laine. C’est la débrouille, nous n’avons pas de couteau, alors Lou coupe les fils avec ses dents.

Chaque minute qui passe nous rapproche un peu plus de notre destination. Je suis impatiente d’y être ! J’ai l’impression de réussir à imaginer comment va se dérouler notre voyage et en même temps cela me paraît impossible car je me doute bien qu’il y aura des imprévus. Nous serons peut-être en difficulté… comment réagirons-nous ? Comment allons-nous être accueillies par les scouts de Quito qui nous attendront à l’aéroport ? Et enfin, qu’allons-nous ressentir une fois plongées au cœur de la forêt Amazonienne ? Quelles surprises nous réserve notre voyage ? Nous nous lançons dans l’inconnu, à la rencontre de l’Équateur…

Chapitre 2

Quito

29 juillet 2018

Après environ vingt-quatre heures de trajet, dont quinze heures de vol et deux escales, nous survolons enfin Quito, la capitale de l’Équateur. Elle scintille dans la nuit noire, vue du ciel c’est un somptueux tapis de pépites d’or. Nous atterrissons donc assez tard à Quito mais pour moi c’est comme un nouveau jour qui commence car nous vivons les premiers moments de notre expérience équatorienne. Nous sommes joyeusement accueillies par Dario et Ronnie tous deux scouts d’Équateur que nous avons repérés facilement grâce à leurs foulards scouts. Nous chargeons les bagages dans leur voiture puis nous montons dans le véhicule. À notre grand étonnement, nous nous entassons à sept dans leur voiture cinq places, c’est illégal en France mais il faut croire que c’est habituel ici. Aucun problème pour notre équipe, c’est l’aventure ! Nous découvrons les musiques équatoriennes favorites des garçons, ils les adorent c’est certain car ils les connaissent par cœur. Ils ne sont pas les seuls à chanter, nous les accompagnons. Avec sept personnes dans la voiture, l’ambiance est festive ! Ce que j’aperçois par les fenêtres grandes ouvertes m’impressionne, la ville est pleine de reliefs. Nous sommes dans les contreforts des Andes, à 2850 mètres d’altitude. Je suis aussi surprise par l’immensité de la ville qui regroupe 2 551 721 habitants.

Nous arrivons rapidement chez Ronnie où le reste de sa famille ainsi que d’autres membres de son groupe scout nous attendent. Nous sommes une nouvelle fois chaleureusement accueillies, nos hôtes ont tous revêtu leur tenue scoute pour notre arrivée. Cette attention nous touche car elle est symbolique, le scoutisme nous relie tous ce soir. Leur chemise gris clair semble conçue dans une matière plus fine que celle des nôtres, très certainement moins chaude et adaptée au climat de l’Équateur. Sur l’un de leurs foulards, nous reconnaissons les couleurs du drapeau de leur pays, c’est sans aucun doute le foulard national, l’autre, celui de leur groupe est jaune et violet avec des bordures vertes. Alors que nous ne connaissons rien de nos hôtes, nous sentons que nous avons l’esprit scout en commun. Il y a quelques mois, nous avions contacté leur groupe car nous étions curieuses de rencontrer des scouts équatoriens lors de notre voyage. Ils ont généreusement accepté de nous accueillir à notre arrivée à Quito et ont même proposé de nous guider le lendemain jusqu’au bus qui nous mènera à destination. Après avoir partagé une tasse de tisane et pris une bonne douche, nous nous endormons paisiblement, couchées les unes à côté des autres sur des matelas installés dans le salon. Que nous réserve la journée de demain ? Je suis impatiente de le découvrir !

29 juillet 2018

Au réveil, tout le monde est de merveilleuse humeur. La famille de Ronnie nous a préparé un gros petit-déjeuner ! Des petits pains sont empilés sur une assiette, dans une autre des tranches de fromage épaisses sont alignées. Elles ressemblent à de la mozzarella, ils appellent ça du « queso manaba ». Il y a aussi du lait, du café, des fruits ainsi que des bananes plantain frites et aplaties, appelées « patacones ». Nous avons vraiment de la chance ! Ronnie a l’air particulièrement heureux de nous recevoir chez lui, il n’arrête pas de sourire. Il nous aide à enrichir notre vocabulaire espagnol, toute notre équipe parle ou du moins essaye. Le père de Ronnie a vu que nous nous intéressions aux écussons cousus sur leurs uniformes scouts, alors il en sort un de sa poche, met ses mains derrière son dos pour que je ne voie pas dans laquelle il le tient puis il me tend ses deux poings. J’en choisis un et « yes » ! Je viens de gagner un écusson équatorien. Nos hôtes sont des gens vraiment généreux.

Après ce moment convivial, nous faisons la vaisselle avec Ronnie. La cuisine contraste avec le reste de la maison, c’est une petite pièce beaucoup moins moderne, le sol est en béton brut et il y fait plus froid. Puis, nous partons visiter rapidement Quito avant de prendre le bus en direction de la forêt Amazonienne. Nous ne demandons qu’à découvrir l’environnement dans lequel nous sommes arrivées hier soir de nuit ! En marchant dans le quartier de Ronnie, je remarque des câbles électriques qui s’entremêlent en tous sens, en hauteur sur des poteaux le long des rues. Du poteau que je vois partent approximativement plus d’une soixantaine de fils. Aussi, la plupart des maisons ne sont pas finies. Ensuite, le bus nous amène au cœur de la ville. Celle-ci est dépaysante mais sûrement moins que la jungle dans laquelle nous pénétrerons bientôt. Dans les rues, les commerçants abordent les passants de manière enjouée. Les relations semblent plus simples ici qu’en France, c’est comme s’il y avait moins de distance entre les gens. Nos amis scouts sont d’excellents guides et nous sommes avec mon équipe des touristes très joyeuses, ravies d’être immergées dans cette nouvelle culture. Au sommet d’une des collines qui entourent la ville, à 3 016 mètres, on aperçoit la Vierge ailée de Quito. Je la trouve majestueuse, peut-être veille-t-elle sur la ville ?

La visite est de courte durée car nous devons maintenant nous diriger vers le bus. Nous avons récupéré nos sacs à dos et prenons le chemin de la gare routière mais Clémentine et Hélène ne se sentent pas très bien et sont très vite essoufflées. C’est sûrement à cause de l’altitude. Nos amis équatoriens les aident à porter leurs gros sacs et après un émouvant au revoir, nous voilà parties pour six heures de voyage.

Sur le trajet, nous sommes étonnées de voir des marchands de toutes sortes de friandises défiler dans l’autocar ; bananes séchées, pastèques fraîchement découpées, sucreries colorées, frites, il y en a pour tous les goûts !

Nous roulons depuis déjà quelques heures. Soudain, avec Rose nous sommes éblouies par le paysage. Rose fait le pitre, elle a les yeux écarquillés et sa bouche forme un O, son visage exprime la surprise et la joie, elle hallucine… c’est splendide ! La route surplombe un fleuve qui serpente entre les montagnes verdoyantes, ses eaux marron et rapides bondissent en formant des cascades. C’est un genre de paysage que nous n’avons jamais vu, la nature est luxuriante, imposante. Quelle excitation ! Nous nous rapprochons de la jungle !

Une fois arrivées à la station de bus de Puyo, nous devons maintenant trouver un taxi pour nous rendre à « Sacha Yacu Wild Animal Rescue Center 3», au cœur de la forêt Amazonienne. C’est l’association dans laquelle nous allons passer les deux prochaines semaines. Nous voulons nous engager dans la protection de la nature, nous rendre utiles ! Nous espérons développer au mieux les quatre axes suivants, propres à notre projet de solidarité : l’action au sein de l’association, la vie d’équipe, la progression personnelle et la rencontre de l’autre. Préparer ce voyage de A à Z nous a poussées à nous surpasser. Durant deux années entières, avec mon équipe, nous avons construit ce projet qui se réalise enfin aujourd’hui. Nous réunissant régulièrement au local scout ou chez les unes et les autres, nous avons passé des heures à discuter, à imaginer gaiement ce projet, à choisir quel sens nous voulions lui donner. Il a aussi fallu le présenter et le défendre afin d’obtenir de nombreuses subventions, nous avons aussi réalisé de nombreux petits boulots. Je me souviendrai toujours que lorsque nous réalisions des emballages de cadeaux durant les fêtes de Noël, pour gagner quelques sous, nous croisions très souvent d’anciens scouts dont le regard s’illuminait en nous voyant. Les plus âgés nous disaient avec émotion que le scoutisme avait changé leur vie. Ils trouvaient cela « génial » de voir des jeunes monter un tel projet et s’empressaient de nous tendre un billet. Puis ils repartaient fiers de leur bonne action. Ils étaient des rayons de soleil dans nos journées effrénées d’emballage.

Aujourd’hui, ça y est, nous y sommes et nous savons que nous allons devoir donner le meilleur de nous-mêmes sur place. Nos habitudes vont être bouleversées ainsi que notre confort, nous en sommes conscientes et ravies, nous allons devoir nous adapter, être solidaires et communiquer. Nous espérons nous ouvrir l’esprit et vivre de forts moments de partage.

Après avoir mis en place notre stratégie de négociation, nous demandons à plusieurs taxis s’ils peuvent nous conduire jusqu’à l’association. Par chance, l’un d’eux connaît notre destination et nous propose un prix raisonnable ; nous chargeons nos sacs à l’arrière de son pick-up jaune. Les filles sont toutes les quatre à l’arrière et je m’installe à l’avant puisque je suis la traductrice attitrée de notre voyage, « espagnolo facilo » ! Nous sommes rassurées de voir qu’il y a une caméra à l’intérieur du taxi, c’est une sécurité pour nous comme pour le chauffeur en cas de problème. Celui-ci est très gentil, il accepte de faire une halte pour acheter des bottes de pluie dont nous allons avoir grandement besoin. Nous empruntons ensuite de petites routes, bordées d’arbres très hauts et croisons des bœufs, accompagnés de leur éleveur. Il y a de la brume de tous les côtés, l’atmosphère devient de plus en plus humide. Il est déjà tard, nous allons arriver de nuit.

⸺ Ça y est ! Je vois le panneau de Sacha Yacu ! nous dit Clémentine.
⸺ On arrive ! s’écrie Hélène.

Le taxi s’engage sur un chemin caillouteux et pentu. On ne voit presque rien devant nous mais le chauffeur dit que ça va aller. Surgit alors un mélange d’adrénaline et d’inquiétude !

⸺ Ça va aller tu penses ? dis-je à Rose.
⸺ Ça secoue dans tous les sens mais ça a l’air d’aller ! me rassure-t-elle.
⸺ Je crois que c’est là, au bout de la montée, nous dit le chauffeur. On peut décharger les sacs ici et vous monterez à pied.
⸺ Il y a quelqu’un qui descend avec une lampe, je vois de la lumière, lance Clémentine.
⸺ Une jeune femme vient à notre rencontre, c’est Johanna, nous avons communiqué avec elle par mail depuis la France, explique Rose.
⸺