Ma vie, ma bataille - Diamina - E-Book

Ma vie, ma bataille E-Book

Diamina

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Beschreibung

Aujourd’hui, lorsque je fais le bilan de ma propre vie alors que je suis encore très jeune, je me sens fière d’avoir toujours pu rester moi-même, malgré les obstacles rencontrés.
J’ai pour cela sous les yeux un excellent modèle, celui de mes parents.
Lorsque mon père est arrivé en France, il ne savait ni lire ni écrire. Il a élevé dix enfants qui, chacun à leur manière, ont tous réussi. Mes parents se sont battus pour nous élever dans le respect d’un certain nombre de valeurs qui ont été de précieux guides pour notre vie.
Mon père a été le pilier de la famille. Il est toujours à mes côtés lorsque je traverse des difficultés. Je me dois d’avancer pour lui faire honneur. A chaque obstacle qui se trouve sur ma route, je pense à lui et je me relève.
J’ai eu la chance de grandir en France et d’aller à l’école. J’estime ne pas avoir le droit de baisser les bras quoiqu’il arrive.
A mon tour, je voudrais être un exemple pour mes enfants.
Aujourd’hui je suis toujours là, plus vivante que jamais !






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Seitenzahl: 74

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Ma vie

Ma bataille

 

Diamina

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsque tu peux raconter ton histoire sans qu’elle te fasse pleurer, cela veut dire que tes blessures sont guéries.

 

A mon père

 

 

Préface

S’il m’a fallu du courage pour écrire mon histoire, j’en tire aujourd’hui tout le bénéfice. Certes, ce retour dans un douloureux passé fut difficile, mais il m’a permis de mettre de la distance et aujourd'hui, j’estime être guérie de mes blessures.

 

J’aimerais que mon récit donne du courage aux femmes qui ont vécu une histoire semblable à la mienne.

 

Je souhaite qu’elles puissent tourner la page pour renaître à la vie comme j’ai réussi à le faire.

 

Diamina

 

Une petite fille pas comme les autres

Je suis issue d’une famille musulmane. Mes parents ont quitté le Sénégal pour vivre en France.

Lorsque je suis venue au monde le 11 juillet 1976 à Rouen, je ne pesais que 2 kilos 115. Prématurée, j’ai manqué d’oxygène au niveau du cerveau et j’ai été placée pendant quelques mois dans un service de réanimation alors que je venais à peine d’ouvrir les yeux. J’étais également atteinte de drépanocytose, maladie héréditaire génétique dont les symptômes sont très gênants et dont je souffre encore aujourd’hui. Elle touche plus fréquemment les gens de couleur.

Mes parents n’ont donc pas connu la joie de me ramener à la maison dès ma naissance. J’imagine leur inquiétude lorsqu’ils ont dû me laisser entre les mains des médecins.

La maladie sera malheureusement mon quotidien. La drépanocytose me poursuit de ses symptômes depuis la naissance. Aujourd’hui, cette pathologie est beaucoup plus connue que dans les années 70, mais, à mon grand désespoir, il n’existe toujours pas de traitements. J’en suis réduite à subir des symptômes qui m’ont gâché la vie, m’empêchant d’avoir une scolarité normale. Le sang circulant mal, il se forme des caillots qui provoquent d’intenses douleurs au niveau des articulations. Mains, bras, jambes, pratiquement tout le corps est touché. Pour soulager la douleur, il faut fluidifier le sang en mettant le patient sous oxygène et sous perfusion. Sur une année, il m’arrive encore d’être hospitalisée trois à quatre fois.

Lorsque j’étais enfant, la douleur était telle lors d’une crise que je ne pouvais plus aller à l’école, ce qui me valut un retard scolaire. Au début, j’ai souffert d’être mal comprise. Mes parents et les enseignants pensaient que je jouais la comédie. Le problème est que les crises ne prévenaient pas, elles pouvaient surgir d’un moment à l’autre. Aujourd’hui, c’est toujours le cas.

Je devais me rendre à l’évidence, je n’étais pas une petite fille comme les autres. Pour ne rien arranger, je souffrais de strabisme, autrement dit je louchais ce qui me valait les moqueries de mes petits camarades. Décidément, je portais beaucoup de difficultés sur mes petites épaules.

Comprenant le mal-être que cela représentait pour moi, mes parents ont pris rendez-vous avec un ophtalmologiste et j’ai été opérée à l’âge de dix ans avec un certain succès puisque mon strabisme a diminué et les moqueries se sont faites plus rares.

J’avais également des problèmes d’anorexie. Ma mère devait se battre avec moi pour me faire manger à l’heure des repas.

***

Plus tard, je ferai trois AVC. Lors du premier AVC, on a cru que c’était une méningite, mais c’était bien un caillot qui était monté au cerveau. Le caillot eut la bonne idée de redescendre pendant la nuit, ce qui me permit d’échapper à une opération. Malheureusement il ne redescendit pas au bon endroit, et j’ai été paralysée sur tout le côté gauche. Aujourd’hui, j’en garde encore des séquelles, j’ai perdu une partie de l’usage de mon bras gauche et ma jambe a tendance à partir sur le côté après une longue marche.

Comme vous pouvez le constater, les pages de mon carnet de santé sont bien remplies.

Face à tous ces malheurs, mon premier réflexe a été de me réfugier dans une bulle. N’ayant pas de vraies amies et subissant constamment des moqueries, je me sentais incomprise, à l’écart des autres enfants. Je n’étais pas comme les autres et on me le faisait sentir.

Ce que je vais vous confier maintenant va peut-être vous étonner. Malgré tous ces problèmes de santé et les malheurs qui s’en sont suivis, je peux dire que j’ai eu une belle enfance. Je pouvais me ressourcer au sein d’une famille aimante. Je suis la cadette d’une fratrie de dix enfants composée de huit garçons et de deux filles. De mes parents comme de mes frères et sœurs, je me sentais aimée et considérée. Le cadre familial était devenu mon refuge. Mon père et ma mère se sont toujours bien occupés de moi, je n’ai jamais manqué de rien et surtout pas d’amour. Du bonheur dans mon malheur !

Comme je l’ai écrit plus haut, mon parcours scolaire fut en dents de scie compte tenu de mes nombreuses hospitalisations ou de mes journées passées à la maison, car la douleur était si forte que je n’aurais pas pu assister aux cours. Autant dire que mon parcours scolaire fut difficile à gérer. Certes, je sais lire et écrire, mais j’ai de grosses lacunes en différentes matières. Lorsque je voyais que mes frères et sœurs réussissaient bien à l’école, je me sentais à part. Une situation difficile à accepter, même si je comprenais que ce retard était dû non pas à mes capacités intellectuelles, mais à ma mauvaise santé.

Je n’aimais pas l’école pour deux raisons : parce que je n’obtenais pas de bonnes notes malgré mes efforts et parce que j’étais l’objet de moqueries. En classe, même si j’avais la réponse à une question, je gardais le silence car j’avais peur de dire une bêtise. Même chose pour l’écriture, j’avais peur qu’on me juge sur les fautes d’orthographe. La peur de mal faire me bloquait.

Il arrive un moment où devant la montagne de difficultés qui se dresse sur notre route, on finit par se résigner. On accepte tout, même les moqueries, tout simplement parce qu’on n’a pas le choix. Je m’enfermais dans une coquille. Alors que tout le monde bavardait autour de moi, je pouvais demeurer dans un coin, seule et silencieuse. Je m’échappais en rêvant à des princesses et des princes charmants comme toutes les petites filles de mon âge. Malheureusement, ces rêves ne se sont pas réalisés.

J’ai redoublé plusieurs classes et pour essayer de rattraper mon retard, après le CM2 j’ai été placée en SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté). Je me retrouvai alors avec des élèves qui comme moi connaissaient des difficultés scolaires. Nous étions une petite dizaine par classe, ce qui permettait aux enseignants de mieux s’occuper de nous. J’ai obtenu mon certificat de formation générale, ce fut une première victoire. Ce succès m’a redonné confiance alors que j’avais tendance à me sous-estimer. Non, je n’étais pas si nulle que cela !

Ensuite, de formation en formation, j’ai cherché ma voie. J’étais très attirée par la vente, mais je n’avais pas le niveau exigé. J’ai bénéficié de différents contrats emploi-solidarité. J’ai travaillé dans un collège pendant un an. Je servais les élèves à la cantine et faisais le ménage dans les classes.

 

 

 

 

Je deviens maman

Je me suis mariée à 19 ans de mon plein gré. Mes parents ne sont jamais intervenus comme cela peut se faire selon certaines coutumes sénégalaises, ils ont toujours respecté ma liberté et je leur en suis reconnaissante. Pour ma sœur, ce fut la même chose.

J’ai connu l’homme qui deviendra mon mari par l’intermédiaire d’un ami lors d’une visite que je lui avais rendue à Nice. Après ce séjour dans le sud de la France, nous avons gardé contact, puis il est venu à la maison faire la connaissance de ma famille. Nous avons les mêmes origines, nous sommes tous les deux Sénégalais. Son prénom est Alpha et il a neuf ans de plus que moi.

Quand nous nous sommes mariés le 28 août 1995, j’étais sûre d’avoir fait le bon choix.

Au début de notre mariage, nous vivions des jours heureux. Tout se passait bien entre nous. Alpha était un homme attentionné et très à l’écoute. Nos conversations étaient enrichissantes. Très généreux, il me couvrait de cadeaux. C’était pour moi le mari idéal.

Il a quitté Nice où il habitait pour venir à Rouen où ma mère lui trouva du travail comme vigile. Au début, nous vivions chez mes parents le temps de trouver un logement.

Alpha étant en situation illégale en France, il a dû repartir au Sénégal dans le but d’obtenir un visa long séjour. Pour pouvoir vivre tranquillement et travailler en toute légalité, il fallait qu’il régularise sa situation. Le mariage ne suffisait pas pour obtenir la nationalité française. Lorsqu’il est reparti dans son pays faire les démarches nécessaires, j’étais enceinte de trois mois.