Ces exercices ont pour but de mettre en action les muscles qui n’interviennent pas directement dans la locomotion, et de demander aux muscles locomoteurs eux-mêmes les mouvements qui ne leur sont pas habituels. J’en distinguerai quatre ; par ordre d’importance :
§ 1. — Appareils élastiques.
On pourrait les appeler appareils Sandow, du nom de l’athlète-professeur qui les a introduits en culture physique. Ils reposent sur ce principe indiscutable que le caoutchouc est l’opposant artificiel qui se rapproche le plus de l’opposant naturel (muscles ou tissu élastique) et qui le remplace le plus complètement. Il a même sur ce dernier certains avantages : sa résistance croissante, qui invite à des contractions à fond ; sa rétraction naturelle, qui ramenant sans effort ou avec un effort insignifiant, les membres déplacés à leur position première, donne au travail un caractère demi-passif ; d’exiger une intervention si faible, tout au moins si régulièrement cadencée de la volonté, qu’on peut s’y livrer presque en dormant ; enfin une variation pour ainsi dire discrétionnaire de la force, qui en fait tantôt et d’habitude un simple guide pour la volonté, et tantôt un instrument athlétique de premier ordre.
Pour éviter les accidents, on se servira de cordons élastiques entoilés ; et cet entoilage sera assez riche en gomme pour que l’élasticité reste au moins 1 1/2, c’est-à-dire que 1 centimètre donne 2 centimètres et demi en tout. En réfléchissant ces cordons sur des poulies de façon que la plus grande partie soit contre mur, on pourra leur donner de grandes dimensions et exécuter, sans trop de déplacements préalables, les mouvements les plus étendus.
Avec Sandow, Mac-Faden et autres, je ne demande aux élastiques qu’une faible résistance ; et je prends des cordons de 5 millimètres de diamètre en moyenne. De cette façon je puis exécuter, sans fatigue aucune, vingt fois de suite les mouvements durs, et cent fois au moins les mouvements doux. C’est à cette condition seulement que les développeurs deviennent les appareils à la fois les plus faibles et les plus puissants de la gymnastique moderne.
Les nombreux appareils répandus aujourd’ hui dans le commerce sont plus favorables au développement des bras et de la poitrine, que le public admire, qu’à celui de cette région que j’ai appelée corsage, comprise entre deux parallèles passant, l’une au niveau des hanches fémorales et l’autre à la pointe du sternum, et qui est bien pourtant, comme le veulent les Japonais, la partie du corps qu’il convient le plus de fortifier. Ils négligent aussi le cou, dont la musculature est cependant une beauté mâle de premier ordre, en la partie postérieure surtout, tant prisée dans le Midi sous le nom de coupet.
Pour cette raison j’ai dû en établir d’autres. Deux modèles étaient nécessaires : l’un permettant le mouvement des bras en avant et en arrière du corps immobile : c’est l’exerciseur mural ou petit exerciseur ; l’autre plus puissant, de plein corps pourrait-on dire, parce qu’il permet de se placer dans l’axe même de l’appareil : c’est l’exerciseur de porte ou grand exerciseur2.
Les exercices de chambre auront lieu l’après-midi, le fort de la digestion une fois passé, c’est-à-dire vers trois heures et demie pour un estomac ordinaire. On prendra le petit exerciseur une fois sur trois au jour moyen, un peu plus l’été que l’hiver, et le grand exerciseur les autres jours. Trois ou quatre fois par an, particulièrement au moment de la canicule, les exercices de chambre seront suspendus ; on en profitera pour courir un peu plus fort, à la fraîcheur du soir.
Ne vous arrêtez pas lontemps au cours de l’exercice : ce serait en compromettre les bons effets, surtout la sudation. Exercez-vous seul pour ne pas être ni excité, ni distrait ; et si malgré cela quelque méditation vient à la traverse, rejetez-la. Soyez donc à vos muscles, et rien qu’à vos muscles ; à cette condition seule vous pourrez n’y employer qu’une attention très légère et pas du tout épuisante.
A. — Petit exerciseur.
Cet appareil comprend : 2m,80 environ de rond élastique ; deux poulies et deux poignées en bois ; une têtière mi-cuir, mi-élastique ; une monture en fer des poulies, poignées et caoutchoucs (fig. 1).
Pour le fixer, on visse sur le dormant d’une porte ou sur du bois en plein mur, trois pitons ouverts placés : le premier aussi haut qu’on peut atteindre ; le second au niveau de la figure ; le troisième, ras du plancher, l’ouverture en bas ; et trois pitons fermés situés, les deux premiers à 1m,25 et le troisième à 1 mètre seulement des pitons ouverts (la dernière distance se compte forcément en remontant). De cette façon on réduit autant que possible la partie directe de l’extenseur pour augmenter d’autant la partie réfléchie.
L’appareil peut être fixé en haut, en bas, ou au milieu, le plateau des poulies aux pistons ouverts et le crochet aux pitons fermés correspondants ; il doit être légèrement tendu au départ.
Avec ce développeur comme avec le suivant, on doit exécuter de suite, autant que possible, deux séries de mouvements opposés, et séparer les doublets par des exercices à mains libres, des exercices de jambes principalement. Voici les principaux de ces mouvements.
Ier DOUBLET 3
a) Appareil en haut.
FIG. 2. — Départ.
FIG. 3. — Arrivée.
(Photographie MAGE.)
Traction en bas et en arrière avec passement des bras sur les côtés du corps.
Fortifie les muscles abdominaux et favorise le péristaltisme intestinal ; développe beaucoup l’épaule si l’on a soin de porter les bras en arrière ; développe aussi les avant-bras si l’on serre avec une force croissante du commencement à la fin.
100 fois de suite et plus ; se soulever la moitié du temps sur la pointe du pied par 10 fois.
Ier DOUBLET
(b) Appareil en bas.
FIG. 4. — Départ.
FIG. 5. — Arrivée.
Traction en haut et en arrière avec écartement des bras.
Fortifie le dos, le rein, la croupe et l’épaule ; favorise aussi le péristaltisme intestinal
30 à 50 fois.
1er Intermède : Ex. Gulam.
S’accroupir et se relever en faisant à tout coup deux pas en avant ou en arrière.
Fortifie surtout la cuisse ; un peu le mollet, côté externe
30 fois.
2me DOUBLET4
(Appareil au milieu jusqu’à la fin.)
(a) Face au mur.
FIG. 6. — Départ.
FIG. 7. — Arrivée.