Marinade au goût amer - Guy Raynaud - E-Book

Marinade au goût amer E-Book

Guy Raynaud

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Beschreibung

14 août 2013 Sainte-Marie-la-Mer Lors de la course à pied La Marinade, un coureur décède proche du 8e km. Assassinat. Puis un autre 10 jours plus tard sur l'épreuve de Barcarès. Assassinat. Même modus operandi. La psychose du « serial killer » s'installe. L'enquête s'annonce longue et difficile. Face à l'irrationnel, elle aurait besoin de beaucoup d'imagination et d'un brin de pragmatisme. Que se passera-t-il sur la prochaine épreuve à Torreilles ? Découvriront-ils la diabolique vérité ? Ah ! Si Christelle Limière menait l'enquête...

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Toute ma reconnaissance aux organisateurs des courses sur route de Barcarès, Sainte-Marie-la-Mer et Torreilles.

Remerciements à mes correcteurs Bernard A. et Yves B.

Et à mes remarquables personnages : Alexandra, Anne, Michel, Fun et Crunch.

www.guyraynaud-romanspoliciers.fr

Sommaire

Prologue

Quelques semaines auparavant…

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

Chapitre XVI

Chapitre XVII

Chapitre XVIII

Chapitre XIX

Prologue

Sainte-Marie-la-Mer. Mercredi 14 août 2013.

À 40 ans, Jean-Pierre Luc sait qu’il a entrepris un pari un peu fou : améliorer son temps de l’année dernière sur la célèbre course pédestre La Marinade, lors de sa vingtième édition. Dix kilomètres d’effort et de plaisir !

Ce défi lui paraît stupide, enfantin. Son orgueil a été touché et se désister est impensable. Encore une épreuve de plus qu’il devra gagner !

Il apprécie particulièrement cette agréable et familiale station balnéaire qui tire son nom de son église dédiée à la Vierge Marie.

La saison estivale bat son plein, et le soleil encore brûlant contraint les sportifs à s’enduire de protection. La soirée s’annonce douce et chaude, sans le moindre souffle de vent. Seuls les cris discordants des mouettes rieuses viennent troubler la bonne humeur générale. Quelques bateaux blancs progressent lentement sur une mer étale.

Des nuées de participants aux tenues bariolées et d’accompagnateurs armés de portables se pressent sur la place Agora. À cette période de l’année, beaucoup de touristes se préparent dans une ambiance joyeuse et festive.

Durant ces derniers mois, trop occupé à l’hôpital, Jean-Pierre Luc s’est moins entraîné qu’à l’accoutumée et quelques kilos supplémentaires ont alourdi sa silhouette. Son surmenage professionnel, son hypertension artérielle et sa consommation excessive de nicotine et de caféine le pénalisent et le rongent intérieurement, même masqués par quelques médicaments prescrits par son cardiologue.

Aux alentours de 18 h 30, le long du promenoir longeant la plage encore copieusement garnie, la séance d’échauffement du médecin-chef ressemble à des retrouvailles entre copains après une longue absence. Le souffle court, sentant un peu de gêne dans sa poitrine, il s’arrête souvent, patiente quelques secondes, attend une respiration plus lente et reprend son entraînement.

Il se remémore les conseils de son cardiologue : « Juste quelques petits footings ! » Pas une seconde il n’imagine lâcher ses amis et renoncer à son projet.

Précédemment, il avait confié une bouteille d’eau et une serviette à son cousin Gérard Pignon, venu l’encourager. Cette aide précieuse l’aidera à surmonter la température trop élevée.

À 19 h, sous la banderole, les meilleurs athlètes femmes et hommes jouant les premiers rôles, le doigt sur leur montre chronomètre, sprintent au coup de feu du starter afin d’éviter les bousculades du départ. Au milieu des cris des nombreux supporters, près de 900 participants s’élancent à très vive allure, comme d’habitude.

Loin derrière, Jean-Pierre Luc se laisse porter par la foule des coureurs autour de lui. Il démarre lentement et patiente deux minutes avant d’appuyer sur le bouton de sa montre en passant sous la banderole.

Durant les premiers hectomètres, au milieu de son groupe, il laisse s’échapper le gros du peloton. Lentement, la lumière du ciel décline.

Au bout de cette longue ligne droite longeant la Méditerranée et le port, l’euphorie du départ laisse la place à un calme relatif, juste rythmé par le choc des chaussures sur le macadam.

Le coureur se souvient de sa récente et sulfureuse aventure avec Nathalie. Nouvelle dans son service, la jeune infirmière blonde ne se tient jamais très loin de lui. Il lui a d’ailleurs avoué qu’elle ressemblait à Marylin. Elle a dû interpréter sa réflexion comme un compliment, voire un appel. Elle le frôle, son corps effleurant le sien, réveillant instantanément sa libido. Sa haute stature lui permet de plonger son regard dans l’entrebâillement de sa blouse blanche : elle ne s’est pas encombrée d’un soutien-gorge.

Hier, un peu après midi, sous un prétexte futile, elle l’a suivi jusqu’à son bureau qui a été le théâtre d’ébats passionnés. Sa table de travail en avait vu bien d’autres. Il sait que sa testostérone prendra toujours le dessus sur sa raison.

Nathalie imagine que cette liaison avec son supérieur boostera sa carrière. Elle a insisté pour recommencer, sans se préoccuper des signes évidents de fatigue chez son partenaire. Il n’a pas pu refuser, même s’il savait que cette concupiscence l’handicaperait le lendemain, car beaucoup d’efforts l’attendaient.

Un sourire ou un regard : tout est matière à séduction. Cette pulsion exacerbée prend une place trop importante dans sa vie professionnelle. Il ne veut pas, ou ne peut pas, contrôler ses instincts primaires que ses relations féminines devinent aisément. Une hypertrophie physique commence alors à réveiller ses sens et, plus tard, aggravera son état de fatigue.

« Patricia n’en saura rien ! » pense-t-il.

Le mot « coureur », à la sémantique trompeuse, lui va comme un gant, si l’on peut dire…

Jean-Pierre Luc possède beaucoup d’atouts : une situation enviable de responsable d’un service à l’hôpital de Perpignan, un physique impressionnant de joueur de rugby à l’USAP et un agréable visage poupin qui lui confère beaucoup d’assurance et de charme.

En ce début de course, son allure avoisine les douze kilomètres à l’heure et Jean-Pierre rattrape un petit groupe de coureuses. Sur le bas-côté, il aperçoit Gérard Pignon qui lui tend la boisson rafraîchissante. Après quelques gorgées, il s’essuie le front et le cou avec la serviette et jette un coup d’œil à sa montre. Il constate qu’il est en retard sur son temps de passage.

Encouragé par ses compagnons, il démarre trop rapidement dans une atmosphère lourde et pesante.

Les lampadaires communaux s’allument. Le ciel tourne maintenant à l’orange, le soleil descend et la voûte céleste dévoile un magnifique clair-obscur tamisé.

À mi-course, son ami Patrice Songe, anesthésiste et marathonien, note que le médecin-chef ne parle plus, signe d’un rythme cardiaque élevé s’approchant de la résistance « dure ». Il remarque aussi son teint écarlate, mais se tait. Il imagine que Jean-Pierre se connaît suffisamment pour évaluer son degré de fatigue.

Au ravitaillement officiel du septième kilomètre, le coureur prend le temps de vider le gobelet d’eau qu’une personne lui tend.

Un regard à son chronomètre et Jean-Pierre Luc redémarre vivement malgré la sueur qui coule dans ses yeux. Il s’essuie le front d’un geste malhabile.

Après le kilomètre 8, le groupe longe l’Espace Nature et Liberté, et Jean-Pierre sait que l’arrivée n’est plus très loin. Il est euphorique : il va gagner son pari. Progressivement, l’obscurité passe du chien au loup.

Tout à coup, il ressent une douleur dans sa poitrine et marche sur une dizaine de mètres.

— Tu as raison de ralentir, conseille son ami. Prends le temps de respirer profondément !

Puis le praticien reprend sa course en jetant encore un coup d’œil à son poignet. Il touche au but, mais il ne faut pas perdre de temps. Il entrevoit la victoire et pense déjà aux réflexions moqueuses qu’il lancera à son entourage.

Galvanisé par les encouragements des spectateurs plus nombreux à l’approche de l’arrivée, le coureur essaie d’allonger sa foulée, mais ses jambes ne répondent plus et sa vue se brouille.

Il vacille, tangue et s’effondre, foudroyé.

Tout de suite, Patrice Songe s’agenouille près de lui et touche son pouls. « Mince, arrêt cardiaque ! » dit-il.

Le soleil rouge vient de disparaître derrière le Canigou. Le jour se meurt.

Quelques semaines auparavant…

Le lundi 3 juin 2013, la journée s’annonce ensoleillée et le thermomètre devrait monter jusqu’à vingt-sept degrés.

Alexandra Skimer, dans sa Coccinelle blanche décapotée, quitte Cabestany et se dirige vers Collioure. Elle doit y rencontrer sa maman.

Derrière ses lunettes de soleil à la monture blanche et le cou protégé par une écharpe virevoltante au gré du vent, elle ressemble à Grace Kelly pilotant sa Sunbeam Alpine sur une route sinueuse dominant la baie de Monaco dans les années cinquante, entre le tournage de deux films.

Depuis quelques mois, Solange est soignée dans une maison de retraite médicalisée. À 62 ans, sa santé se dégrade jour après jour.

Hier, au téléphone, elle a souhaité la visite de sa fille le plus rapidement possible. Le ton de sa voix trahissait de l’inquiétude. Longuement questionnée, la malade s’est d’abord montrée mystérieuse et a fini par avouer qu’elle devait lui révéler un secret de famille, avant qu’il ne soit trop tard.

Ce matin, après le départ de Michel, s’absentant encore toute la semaine pour son travail, elle a déposé Caroline, sa fille de 10 ans, devant son école et a laissé Crunch, son Yorkshire, dans sa panière.

Son mari lui donne bien des soucis. Michel avait pourtant promis de ne plus fréquenter les salles de jeux lors de ses déplacements professionnels. Promesse non tenue !

Elle lui a proposé une thérapie pour soigner cette addiction qui bouleverse leur vie de couple. Il a répondu qu’il saurait s’en sortir seul. Mais la période est mal choisie. Avec les beaux jours, Michel, directeur commercial France dans son entreprise, s’évertue à dépasser les objectifs de vente fixés par son patron.

Sur la N114, le soleil matinal irradie la frimousse sans défaut d’Alexandra Skimer. Cheveux mi-longs cendrés, gracieux visage rond et doré agrémenté de fossettes, la jeune femme prend soin de son apparence : de longues séances de délassement au bord de sa piscine, la fréquentation assidue d’un institut de beauté et des rencontres sportives avec son amie Marie au Tennis Club de Port-Barcarès.

Même si elle ne travaille pas, une occupation chronophage la passionne : la gestion de ses biens immobiliers que lui a cédés sa maman. Aussi, régulièrement, elle surveille les opportunités sur les sites Internet de quelques notaires et les ventes aux enchères judiciaires, source de son dernier investissement. Ses jeunes années à étudier le droit l’aident dans cette activité.

À Collioure, dans un couloir du bâtiment, l’infirmière en chef la reconnaît et s’avance pour la saluer. Alexandra se montre généreuse envers ce corps médical et elle apporte souvent des présents à tout le service. Elle a constaté que cela contribuait à de meilleurs soins et à des repas acceptables.

Assise sur son lit, Solange présente un visage fatigué et soucieux. Elle serre sa fille dans ses bras.

Quelques minutes plus tard, celle-ci pose la question qui la tourmente :

— Alors, qu’as-tu de si urgent à me révéler ?

Sur le chemin du retour, dans sa Coccinelle, la jeune femme arbore une mine défaite, tiraillée entre curiosité et sidération.

Décontenancée par la révélation de sa maman, elle se gare sur le bas-côté de la route à quatre voies et met son visage en larmes dans ses mains.

« Une sœur jumelle ! »

Pourquoi lui a-t-elle caché ce secret de famille ?

Elle se croyait fille unique et elle a une sœur jumelle, Anne.

Solange a expliqué que, à leur naissance, un juge d’instruction « fantaisiste », devant la procédure de divorce engagée par les parents, avait décidé de séparer les deux bébés : l’un étant confié à la mère, l’autre au père.

Alexandra est effarée : elle vient d’apprendre simultanément que son père décédé il y a cinq ans était en fait son beau-père et qu’il existe quelque part une femme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau.

Tout de même, elle comprend Solange qui a souhaité, au déclin de sa vie, libérer sa conscience de ce poids trop lourd.

Elle sort un kleenex, essuie ses larmes et décide de taire ce mystère à ses proches. Elle reprend la route.

Ce soir-là, Alexandra Skimer éprouve beaucoup de difficultés à trouver le sommeil. Les paroles troublantes de sa maman résonnent dans sa tête.

Comment a-t-elle pu garder ce secret de famille durant toutes ces années ?

§

À l’hôpital de Perpignan, le mercredi 5 juin 2013, Jean-Pierre Luc pose sa tasse à café sur son bureau, s’installe dans son fauteuil et tire sur sa cigarette : il s’accorde deux minutes de repos. Il reconnaît que sa vie de médecin-chef est trépidante et stressante, mais tellement enrichissante.

Il se souvient de son entraînement de course à pied, dimanche dernier, pendant trente minutes, avec son ami Patrice Songe et quelques connaissances. L’allure était tranquille et le groupe a beaucoup échangé.

Ils ont décidé de s’inscrire à la course pédestre La Marinade de Sainte-Marie-la-Mer, le 14 août prochain. Jean-Pierre aurait dû taire son temps sur cette épreuve l’année dernière. Un pari a été lancé et l’enjeu a été fixé : un repas gastronomique dans un grand et célèbre restaurant de Perpignan, Le Clos des Lys. Malheur au perdant !

Jean-Pierre Luc pense à nouveau à sa maladie. Cette fibrillation auriculaire le contrarie et, durant quelques secondes, des palpitations et de légers vertiges se manifestent. Il connaît bien cette pathologie, mais il avoue ne pas suivre d’une façon régulière et consciencieuse la thérapie de son cardiologue Christian Lorbac. Ses horaires de travail élastiques et son hygiène de vie trouble ne favorisent pas une amélioration de sa santé.

Des coups discrets à la porte de son bureau !

Il regarde sa montre : probablement son rendez-vous amoureux du mercredi midi, pendant que son assistante se restaure. Il écrase sa cigarette dans le cendrier.

Martine pénètre dans la pièce, un grand sourire aux lèvres. Jean-Pierre comprend, se lève, tire le rideau de sa fenêtre et revient s’installer sur son siège.

La gynécologue avait fait sa connaissance en début d’année et elle avait tout de suite été attirée par son physique impressionnant et son appétit sexuel. Martine, petite femme aux courts cheveux roux, les yeux pétillants d’impatience, ferme la porte à clé derrière elle et s’assoit à califourchon sur les genoux de l’homme, sa blouse médicale remontée jusqu’à la taille.

Rien sous son vêtement, comme d’habitude ! Lentement, il le déboutonne et caresse sa peau entièrement tannée, parsemée d’éphélides roses.

Les baisers se succèdent et les mains de l’homme s’activent. Puis, avec difficulté, elle se contorsionne, ouvre sa braguette et pousse un long soupir.

Tous les mercredis, cette séance ardente se répète et le plaisir est toujours aussi intense.

Martine est mariée, mais elle éprouve probablement davantage de jouissance dans ces relations furtives et interdites que dans son lit conjugal. Elle devait attendre impatiemment ce moment.

À califourchon sur les jambes de l’homme, petit à petit, son mouvement de balancier s’accélère. Plus tard, elle serre ses épaules et lance un petit cri.

« Tout a été très vite, trop vite ! » pense Jean-Pierre.

Elle se lève et l’embrasse du bout des lèvres, comme un satisfecit du bonheur éprouvé. Elle quitte la pièce en boutonnant sa blouse.

Pas une parole n’a été échangée !

Le praticien, loin d’être un parangon de vertu, apprécie ce rite sexuel qui dure maintenant depuis plusieurs mois.

Pas de sentiment, pas de palabre, pas de complication !

Juste un plaisir fugace !

§

À Toulouse, Michel Skimer rentre à son hôtel vers 19 h 30. Visiter les revendeurs de piscines et de spas l’oblige à des repas interminables et à des après-midi trop longs. Il essaie de compenser ces agapes professionnelles par de petits footings, mais ces courtes séances n’ont pas l’effet escompté. Elles l’épuisent plus qu’elles ne le détendent.

Grand et fort, Michel possède un physique imposant, mais ce sont surtout ses cheveux bruns longs et bouclés et son visage jovial qui interpellent. Dans son métier de vendeur, sa haute silhouette intimide et son sourire respire la bonne humeur. Tous les ingrédients sont réunis pour procurer confiance et garantie aux clients qu’il visite.

Le jeudi 6 juin 2013, le directeur commercial France dépose sa mallette dans sa chambre, prend rapidement une douche, descend au restaurant et s’installe à une table pour dîner.

Un peu de repos après une journée particulièrement longue et pénible. Il a dû résoudre un litige sur la malfaçon d’une coque installée chez un retraité pointilleux. Enfin, une solution satisfaisante pour tous a été trouvée.

À sa table, il ressent un léger étourdissement, puis une difficulté à reprendre son souffle quand le serveur s’avance pour noter sa commande. Il se tient la tête.

Ça ne lui était jamais arrivé !

Cette incommodité dans sa poitrine l’oppresse et l’indispose quelques secondes. Pourtant, la température est idéale et la climatisation fonctionne. Il ne comprend pas. Il respire lentement en attendant le hors-d’œuvre.

Le jambon Serrano et sa tranche de melon arrivent. L’assiette est posée devant lui. Le garçon de café lui souhaite « Bon appétit » et tourne les talons.

Tout à coup, Michel Skimer éprouve un haut-le-cœur, pousse un cri et s’effondre dans son plat la tête la première, faisant valser le melon par terre au milieu des hurlements du serveur et des clients des tables voisines.

Pas totalement conscient, il ignore où il se trouve. Il flotte dans un monde cotonneux qu’il ne connaît pas. Dans le lointain, un bruit continu et des paroles étranges parviennent jusqu’à lui.

Il ouvre un œil. Un homme en blouse blanche lui tapote la joue en l’appelant par son nom pendant qu’un autre compresse sa cage thoracique.

— Oh, doucement ! Vous me faites mal ! marmonne-t-il.

Il perçoit maintenant les bruits d’un moteur et d’une sirène. Dans le véhicule, les infirmiers se regardent.

— Ouf, il revient à lui ! constate le plus vieux.

— On vous emmène aux urgences du CHU, précise l’autre. Vous comprenez quand on vous parle ?

Michel Skimer cligne des yeux et secoue la tête. Puis il s’endort.

Encore des voix !

« Décidément, ils ne me laisseront pas dormir ! » pense-t-il.

Il se réveille, allongé sur un lit. Une femme lui tient la main et tâte son pouls pendant qu’un homme âgé, de l’autre côté, s’adresse à lui :

— Bonjour, je suis le cardiologue Lucien Courage. Vous pouvez dire que vous l’avez échappé belle. Bougez la tête pour confirmer que vous m’entendez !

Le patient cille les yeux.

— Bien. Vous avez subi une hémorragie sous-arachnoïdienne et vous pouvez remercier le SAMU. Voulez-vous que l’on prévienne votre famille ?

La victime réfléchit durant quelques secondes. « Ça ne servirait qu’à les inquiéter ! »

— Non, personne à prévenir.

— Comme vous voudrez ! Suite à cet arrêt cardiaque, vous allez tout de même passer la nuit ici et, demain matin, vous serez sur pied. L’infirmière de service vous donnera une ordonnance et une lettre que vous remettrez à votre cardiologue. Il est important que vous soyez suivi.

Puis il regarde la femme :

— Donnez-lui un bêtabloquant et un peu de Digoxine !

— Bien, docteur.

Et Lucien Courage quitte la chambre.

« Tans pis, j’irai au casino demain soir, » pense Michel Skimer.

Il est conscient que ses nombreuses heures de travail doivent être la cause de ce malaise. Ses dernières vacances remontent à plus d’un an et la fatigue s’accumule. À moins que son addiction aux jeux, aggravée par un évident manque de sommeil, ne soit la vraie raison de cet épuisement passager.

§

Au milieu de ses arbres fruitiers, proche de Céret, Jeannot Pépin, 35 ans le mois prochain, encore célibataire, prépare ses cageots de fruits pour le marché Cassanyes du lendemain. Un peu plus loin, sa mère Germaine, petite femme à la peau noire et ridée, perchée sur un escabeau, semble toujours aussi alerte.

Dans les Pyrénées-Orientales, son métier devient de plus en plus difficile et risqué. Tous les producteurs de fruits de la région se sont rassemblés pour dénoncer le dumping économique pratiqué par l’Espagne, qui engendre de fortes pressions à la baisse sur le prix de leurs produits. La concurrence espagnole et les tarifs toujours plus bas exigés par la grande distribution inquiètent les petits producteurs. Jeannot Pépin en est sûr : beaucoup seront amenés à disparaître.

À la mi-juin, protégé d’un soleil brûlant par une casquette sale, l’homme cueille les premiers abricots qu’il place délicatement sur un plateau. À ses côtés, une jeune fille en jean et tee-shirt troués répète les mêmes gestes.

Les mouvements sont mécaniques dans cet environnement champêtre où d’agréables senteurs réveillent leur odorat.

Cheveux noirs et yeux globuleux, la peau du visage déjà cuivrée, plutôt forte, Maria n’attire pas le regard des hommes. Elle semble timide et renfermée. Jeannot Pépin n’engage que des femmes. Il considère qu’une vendeuse possède davantage le sens du commerce qu’un homme. Mais ce n’est peut-être pas la seule explication !

Demain, c’est le premier jour de marché de Maria et ils partiront de bonne heure. Il l’emmènera à Perpignan dans son fourgon blanc Ivéco Daily tout neuf.

Il l’observe et, tout en travaillant, lui explique l’installation du stand, le placement des cageots sur le présentoir et le sourire qu’elle devra montrer aux clientes. Le producteur encaissera l’argent des ventes.

Il regarde sa mère occupée plus loin. Il s’approche de la jeune fille :

— Tu as compris ? Et pas de coup en douce ! D’accord ?

— Oui, patron.

— Si tu es gentille, tu pourras venir tous les jours.

Il caresse les fesses rebondies de Maria. Elle repousse sa main et continue son travail. Elle l’a écarté mollement et imagine que son refus ne sera pas dissuasif.

Devant sa timide opposition, l’homme sait qu’il pourra recommencer.

Jeannot Pépin en a beaucoup essayé : des jeunes filles sans formation attirées par un salaire de misère, des femmes divorcées avec enfants, contraintes de travailler pour survivre, des étudiantes souhaitant régler leur année de scolarité, des épouses dont le salaire du mari ne suffit plus. Dans la région, le travail manque.

Beaucoup ne restent pas longtemps. Aux premiers attouchements, elles ne reviennent pas le lendemain, sans même prévenir. Il ne comprend pas. C’est tout de même lui qui leur donne de quoi vivre !

D’autres consentent à des sacrifices pour subsister, pour payer un loyer et des repas décents aux enfants.

Même s’il a reçu quelques gifles, il en a couché quelques-unes dans sa grange : garder ce travail était vital pour elles. Elles devaient fermer les yeux en attendant que l’affaire se termine.

Une seule employée a montré un comportement violent. Au mois d’avril, dans les rangs de radis, après une caresse sur son fessier, la grande femme brune s’est redressée, s’est approchée de lui et a posé un couteau sous sa gorge :

— Ne recommence jamais ça ou t’es mort !

— Tu n’oseras jamais !

— On fait le pari ? répond-elle en appuyant la lame un peu plus sur son cou et en le fixant de ses yeux noirs.

Plus grande que lui, elle le toisait. Il avait senti dans son regard la volonté de se faire respecter. Il avait reculé.

Le lendemain, elle n’était pas revenue. De toute façon, il ne l’aurait pas gardée.

Deux jours plus tard, il l’avait aperçue au marché Cassanyes de Perpignan. Elle servait une cliente à une vingtaine de mètres de son emplacement. Elle lui avait lancé des regards sombres : son air glacial l’avait surpris.

§

Au commissariat central de Perpignan, Roger Croussard avait réorganisé son équipe dès le début du mois de juillet 2012, pressé par la démission précipitée de la capitaine Christelle Limière.

À maintes reprises, le commissaire avait essayé de convaincre la jeune femme de reprendre sa place, mais la disparition tragique de Benjamin Candide l’avait marquée à jamais1. Même la démarche inhabituelle et bienveillante du juge d’instruction jusqu’à son domicile, agrémentée de dithyrambes sincères, avait été vaine !

Roger Croussard décida alors de revenir à la charge plus tard. Volontairement, il avait laissé son bureau inoccupé.

Véra Weber, responsable du service des personnes disparues, avait été appelée en renfort fin juillet 2012 afin d’étoffer son groupe. Avec beaucoup d’appréhension et de retenue, elle avait accepté sa proposition, mais avait souhaité reporter sa venue début septembre, laissant le temps faire son œuvre.

À son arrivée dans cette grande pièce, elle avait remarqué tout de suite le nouveau tableau d’affichage aimanté installé sur un pan de mur. Le lieutenant lui avait expliqué qu’il était réservé aux affaires en cours.

S’asseoir sur le siège de Benjamin avait été un véritable supplice pour la jeune femme blonde. Le mouchoir devant les yeux, sous le regard protecteur de Jacques Louche, Véra avait caressé sa nouvelle table de travail d’un geste plein d’affliction. Les souvenirs arrivaient en cascade.

L’homme, de son bureau, avait surveillé son installation et son comportement. Quelques jours plus tard, une fois les larmes séchées et les sourires revenus, la routine du travail avait occupé son esprit et chassé ses idées noires.

Dans l’organisation de son service, le commissaire Croussard avait demandé au lieutenant de prendre en charge les dossiers traités auparavant par la capitaine Limière.

Jacques Louche, policier de la vieille école, doté d’une alopécie naissante, avait résolu ces affaires de son mieux, en provoquant et menaçant les suspects du haut de son mètre quatre-vingt-quinze. Il les avait un peu bousculés et ils avaient avoué.

Mais souvent, une question hantait son esprit :

« Qu’aurait fait la capitaine à ma place ? »

§

Le mercredi 19 juin 2013 en matinée, comme elle le fait souvent ce jour-là, Alexandra Skimer nettoie le bureau de Michel.

Poussée par une curiosité toute féminine, elle ouvre un tiroir et soulève quelques chemises cartonnées. Une lettre attire son attention. Elle s’assoit dans le fauteuil.

Accrochée à la missive du cardiologue Courage de Toulouse, elle découvre un rapport qu’elle lit attentivement.

« Pourquoi m’a-t-il caché sa maladie ? La présence de cette lettre prouve qu’il ne l’a pas encore remise à un confrère de Perpignan. Pourquoi ne se soigne-t-il pas ? »

Michel est un travailleur acharné, passionné par son métier. Souvent, il parle de ses objectifs de vente élevés, de ses difficultés à satisfaire les revendeurs et à motiver leur personnel. Mais aussi de son chiffre d’affaires en constante progression.

Elle remet le document à sa place. Il ne lui a rien dit. Il doit avoir ses raisons.

Le lendemain soir, dans un cabaret de Montpellier, assise au comptoir sur un tabouret, Alexandra Skimer sirote un scotch, sa courte jupe remontée jusqu’à mi-cuisse.

Que fait-elle ici entourée de tous ces hommes ?

À Cabestany, sa fille Caroline a passé la journée chez sa copine de classe Léane et elle a accepté qu’elle y dorme. Alexandra avait saisi cette aubaine pour voir de plus près cette frangine tombée du ciel.

Au début du mois de juin, elle avait sollicité l’aide d’une agence de détectives privés pour rechercher sa sœur jumelle. À partir de sa date et de son lieu de naissance, dix jours plus tard, l’équipe d’enquêteurs avait tout retrouvé : ses courtes études, ses cours de danse classique, son lieu de résidence, sa vie professionnelle et personnelle, Jules, son garçon de 6 ans et Fun, son Retriever à poil plat et à la robe noire. Elle aussi aimait les chiens.

« Anne Uruti, c’est un nom basque ! » pense la jeune femme.

Le même visage rond, les mêmes fossettes, les mêmes cheveux mi-longs raides et cendrés, c’est sa copie conforme. Alexandra avait redouté les réflexions des hommes autour d’elle et imaginé que cette ressemblance ne passerait pas inaperçue. Non, aucun risque ! Ils sont trop absorbés par la pureté de ce corps sans défaut que leur danseuse préférée exhibe avec arrogance devant eux.

Par ses gestes lents savamment étudiés, ses figures érotiques et ses coups d’œil à répétition, elle irradie la salle de spectacle. Alexandra se rend compte à quel point ses cours de danse classique y ont contribué.

Elle la regarde maintenant chalouper, se trémousser à demi-nue et se contorsionner autour d’une barre métallique. Elle n’a plus de doute : Anne sait captiver le regard des hommes. Ses déhanchements, ses attitudes lascives et ses regards de braise enflamment l’assemblée. Beaucoup de spectateurs ont la bouche béante et les yeux grands ouverts.

Lorsque le barman la dévisage et s’apprête à lui poser une question, Alexandra Skimer évite son regard, vide son verre, se lève et décide de rentrer à Cabestany.

Elle continuera de taire ce secret de famille à son mari. Elle doit prendre le temps de la réflexion.

§

Le vendredi 28 juin 2013, à l’hôpital, Patricia Luc est de service cette nuit-là.

Elle n’est même pas fatiguée. Elle observe la pendule accrochée au mur : 1 h 30.

Dans son service, un silence oppressant emplit les couloirs faiblement éclairés. Pas de sonnerie, pas de lumière rouge. La nuit s’annonce calme.

Elle repense à la conversation qu’elle a entendue hier matin, par inadvertance. Cachée dans la lingerie de son service, elle a surpris les confidences de deux aides-soignantes :

— Qui te l’a dit ?

— Mireille. Et ce n’est pas la première fois que la doctoresse le faisait avec Luc.

— On la connaît, Mireille. Depuis qu’elle est divorcée, elle les collectionne.

— Même avec l’aide-soignant Jérôme !

— Ah bon ? Mais c’est un jeune marié !

— Oui, je sais.

— Elle a bien dû essayer avec Luc ?

— Bien sûr. Ça a duré deux mois et elle a laissé sa place à la doctoresse.

Pour Patricia, ce n’était qu’une confirmation.

Une femme jalouse possède une sensibilité démesurée : les odeurs sur les vêtements de Jean-Pierre, la fatigue sur son visage et ses réponses hésitantes sur une collègue de travail ou une nouvelle infirmière.

Dans l’équipe de Patricia Luc, son amie Bénédicte lui avait rapporté quelques séances amoureuses de son mari en milieu de journée dans son bureau, qu’Évelyne, l’assistante du praticien, avait devinées.

Quand tout ça va-t-il s’arrêter ?

Arrivés à la quarantaine, les hommes sont souvent rattrapés par « le démon de midi ». Et pourquoi cela toucherait-il plus les hommes que les femmes ?

Un bruit de pas dans le couloir.

L’aide-soignant Jérôme pénètre dans la salle et salue l’infirmière de garde. Il s’assoit sur une chaise et lui sourit. Il demande un antalgique pour la malade de la chambre 412.

« C’est vrai qu’il est beau ! » juge Patricia.

Elle se remémore les confidences, ou plutôt les confirmations des deux aides-soignantes. Une occasion comme celle-là ne se présentera peut-être plus !

Mais la raison prend le pas sur la vengeance. Elle se dirige vers une armoire fermée à clé.

Non, elle ne cédera pas devant cette facilité.

Et puis, elle s’était déjà vengée à sa manière…

1 Guy Raynaud, L’énigme de la plage de l’Art.

Chapitre I

Le vendredi 16 août 2013, au commissariat central de Perpignan, malgré l’heure matinale, les couloirs résonnent déjà de pas et de bavardages.

Dans ces locaux sans climatisation, les policiers savent que les tee-shirts sont tolérés.

Aux alentours de 8 h 30, Roger Croussard demande à Véra Weber et Jacques Louche de le rejoindre à son bureau.

Là, le commissaire, homme glabre vêtu d’une chemisette claire, narre les appels téléphoniques qu’il a reçus hier matin sur son portable. D’abord celui du procureur de la République qui l’informait de l’ouverture d’une enquête préliminaire, suite à l’attaque cardiaque du médecin-chef Jean-Pierre Luc, lors d’une course pédestre à Sainte-Marie-la-Mer. Puis celui du directeur de l’hôpital, précisant la raison de ce décès et donnant le nom de la personne à contacter, Patrice Songe.

— Ah ! Cette mort était donc suspecte ? questionne le lieutenant.

— Oui. Mercredi soir, le médecin des urgences, qui connaissait la victime, a eu des doutes sur la cause de sa mort et il a refusé de délivrer le certificat de décès. Cet arrêt cardiaque ne lui paraissait pas naturel au vu de la fluidité de son sang. Après l’appel du procureur, j’ai ordonné une autopsie et j’ai demandé au légiste d’accélérer son travail. Son rapport devrait nous parvenir en milieu de matinée. C’est-à-dire très bientôt, précise-t-il en regardant sa montre. Pour votre information, le corps va être rendu à sa famille à la mi-journée et l’enterrement aura lieu demain après-midi.

Le couple d’enquêteurs prend des notes.

— Puis, tôt ce matin, je vous ai pris deux rendez-vous. Le premier à 10 h 30 avec Patrice Songe qui l’accompagnait lors de cette course. Il est important d’obtenir des informations pratiques sur les circonstances du drame.

Le commissaire marque une pause.

— Enfin, à 11 h 30, le cardiologue de Jean-Pierre Luc, Christian Lorbac, vous recevra. N’oubliez pas de lui demander une copie de son dossier médical !

— C’est de la famille du célèbre professeur Luc de Montpellier ? demande la jeune femme.

— Oui, Jean-Pierre était son fils. Voilà l’article paru ce matin sur L’Indépendant !

Roger Croussard tend le papier au lieutenant.

— J’en ferai une copie.

— Enfin, vous rencontrerez la veuve lundi prochain, avec les précautions d’usage dans une telle circonstance. Et, comme d’habitude, vous devrez fouiller dans le passé de la victime, lister ses amis et ses ennemis, vérifier leur emploi du temps et analyser son portable. Rendez-moi compte de vos investigations tous les soirs !

— Bien, commissaire ! approuve Jacques Louche.

Celui-ci a, encore une fois, une pensée pour Christelle Limière. Tout de suite, elle aurait su comment aborder les recherches inhérentes à cette enquête et elle n’aurait pas eu besoin qu’on lui prenne des rendez-vous. Il sait qu’elle ne se serait pas trompée.

Mais elle n’est pas là. Il se sent un peu orphelin.

§

À Perpignan, sur le marché de Cassanyes, en ce milieu de matinée, les autochtones et les nombreux touristes se pressent le long des éventaires en scrutant les abricots et en humant les melons.

Maria se montre accueillante et souriante, et son attitude satisfait son patron. Elle a changé de jean, et son ample et court tee-shirt noir met sa forte poitrine en valeur. Cette gangue sombre tressaute au gré de ses mouvements. Jeannot Pépin imagine les trésors qu’elle dissimule et il la surveille d’un œil pervers.

Entre deux clientes se présentant à la caisse, il observe aussi, de l’autre côté de l’allée, le stand de son confrère Edmond où son ancienne employée s’affaire en bavardant et en souriant à ses acheteuses.

De temps en temps, lors de ses rares moments de répit, celle-ci lève la tête et lance un regard sévère au producteur Jeannot Pépin. Maria la remarque et lui fait un petit signe de la main.

« Elle ne va pas rester longtemps ! » pense la femme brune en lui répondant.