Les cailloux du Racou - Guy Raynaud - E-Book

Les cailloux du Racou E-Book

Guy Raynaud

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Beschreibung

Juillet 2011. Anse de Porteil au sud de la plage du Racou. Qui a asséné ce coup fatal sur l'occiput de l'homme ? Cet homicide a-t-il un lien entre ce rocambolesque "casse" survenu dans un palace lors du dernier Festival de Cannes et les frasques de la bijoutière d'Argelès-sur-Mer ? Avec toujours autant de malice et d'audace, la capitaine Christelle Limière devra démêler l'écheveau de ces rebondissements en cascade. Mais la police ne gagne pas toujours et la morale n'est pas toujours sauve...

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Mes plus sincères remerciements à Gilou G., Hélène R., Nathalie T., Bernard A., Joël C. et José Bo. pour leur aide précieuse, et à mes photographes Hélène R., José Ba. et Pierre S.

Sommaire

Prologue

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Prologue

Anton Petrescu arrête sa Kawasaki Z1000 rouge près de l’entrée du camping. Son informatrice ne s’est pas trompée : c’est bien l’endroit où sa fille aime se promener.

Parmi les rares voitures en stationnement, il aperçoit la Golf GTI blanche ; son coffre est ouvert. L’étudiante n’est pas seule ; un homme est affairé, proche d’une roue arrière.

Le Roumain pense qu’elle a emprunté la voiture de sa mère parce que la sienne ne démarrait pas. Il faudra qu’il réfléchisse à la punition perverse qu’il infligera à la bijoutière suite à son oubli. Il la dépravera un peu plus.

Son casque et ses gants à la main, il ajuste ses lunettes de soleil et grimpe sur le terre-plein qui domine l’anse de Porteil, au sud de la plage du Racou. Sur cette éminence naturelle, quelques petits buissons agrémentent un sol inégal et parsemé de pistes argileuses de couleur ocre.

En ce lundi 4 juillet 2011, les touristes n’ont pas encore envahi cette aire sauvage et encore vierge, bordée par la voie de chemin de fer, la mer Méditerranée et un camping.

Le soleil de cette fin de matinée rayonne dans un ciel sans nuage couleur azur ; un léger souffle marin agite sa tignasse brune.

Anton s’approche sans bruit. Il sait qu’il n’a rien à craindre de la conductrice. C’est le dépanneur qu’il veut voir.

Une automobile vient se garer à proximité ; un couple de randonneurs en descend et emprunte le sentier du littoral.

Il se souvient de sa première rencontre avec Catherine Boiteux à Argelès-sur-Mer. Joséphine lui avait ouvert la porte d’entrée de la demeure dans une tenue estivale. Le regard de la jeune fille s’était tout de suite posé sur la moto rouge, puis elle avait fixé l’homme avec bravade. Lui, c’est son minuscule maillot de bain rouge, dont la ficelle soulignait son indécence, qu’il avait surtout observé.

Quand elle avait regagné la piscine après avoir appelé sa mère, elle avait volontairement accentué son déhanchement et une poussée d’adrénaline lui avait serré la gorge.

Anton Petrescu domine maintenant le parking et il s’accroupit derrière une touffe d’herbes hautes pour se cacher.

Ses yeux s’attardent sur le jeune homme blond et hâlé. Il arbore un tee-shirt et un bermuda colorés. À ses côtés, Joséphine scrute autour d’elle et semble nerveuse. Elle lui parle à l’oreille. Il répond en souriant et s’essuie les mains à un chiffon. Elle regarde encore en direction de l’entrée du camping : il n’a peut-être pas suffisamment caché sa moto.

Le réparateur range la roue crevée et les outils dans le coffre de la Golf ; son travail semble terminé. Il saisit un grand sac à dos qui était posé à terre et le place lui aussi dans la malle.

Anton devine qu’ils vont partir et pense aux bijoux dans le coffre qu’il doit récupérer en urgence.

Le motard s’apprête à se lever pour courir vers son engin.

Crac ! Il entend un bruit derrière lui et se retourne. Un éclair brouille sa vue et il s’affale…

Chapitre I

À Argelès-sur-Mer, Alexandre Boiteux est un homme respecté. Sa bijouterie se situe dans une zone commerçante renommée.

À vingt ans, il a suivi des études spécialisées et obtenu le titre de bijoutier-joaillier. Plus tard, Jean Boiteux a légué le commerce à son fils unique. Le père s’est d’abord opposé à son mariage avec Catherine, une fille-mère à la situation modeste ; mais la belle blonde à la vénusté attrayante a tissé ses filets et le jeune orfèvre a succombé.

Le couple a vécu de merveilleuses années. Entre la boutique et l’éducation de Joséphine, les journées défilaient trop rapidement.

Catherine l’a aidé à la bijouterie ; elle a d’abord écouté et regardé, puis s’est documentée et, petit à petit, les pierres précieuses n’ont plus eu de secret pour elle. Elle donnait d’excellents conseils aux clientes afin d’accorder les nouveaux bijoux à leurs vêtements.

Ensemble, ils ont ciblé les journées à forte fréquentation et elle n’apparaissait au magasin que le vendredi et le samedi.

Mais au fil des ans, la clientèle s’est déplacée dans les grandes surfaces alentour et les méventes ont placé le commerce dans une situation financière délicate.

En janvier dernier, les comptes du bilan 2010 ont montré une inquiétante baisse du chiffre d’affaires et le bijoutier de cinquante-cinq ans s’est séparé d’une de ses deux vendeuses. Excellent commerçant, il a d’abord essayé d’augmenter ses ventes ; mais une nouvelle gamme de bijoux fantaisie et des prospectus dans les boîtes aux lettres n’ont pas eu l’effet escompté.

Au printemps, un étranger lui a demandé de transformer une parure familiale. Sur un collier apporté par l’homme, un diamant a été retiré. Puis, dans le chaton d’une bague choisie sur ses étagères, la pierre précieuse a été enchâssée.

Deux jours plus tard, le client l’a complimenté sur la qualité de sa prestation. À court d’expédient pour améliorer la situation de son commerce, il a accepté sa proposition.

À l’arrière de la boutique, penché sur sa table de travail, Alexandre Boiteux, l’œil vissé sur une loupe éclairante, manipule avec dextérité une tourmaline aux magnifiques reflets roses et mauves.

Tout à coup, il se redresse et pense à l’avenir de son commerce. Il ne peut compter sur la fille de Catherine pour prendre la relève : Joséphine semble trop immature, trop dépensière et pas assez courageuse.

À vingt-deux ans, elle souhaite encore changer d’orientation : après des études de droit avortées et une année perdue en faculté de médecine, cette blonde effrontée veut s’inscrire à des cours de kinésithérapeute.

Dès qu’il donne un avis tranché, la jeune fille se braque et il constate qu’elle se tourne vers sa mère.

Les époux Boiteux ne savent que faire ! Quel avenir a-t-elle ?

§

Au commissariat de Perpignan, Christelle Limière se remémore son affectation dans la capitale catalane.

Il y a un an, à Angoulême, sa nomination au grade de capitaine de police, suite à son succès dans l’enquête du meurtre d’un libraire1, a accéléré sa carrière.

En janvier, elle y a retrouvé Jacques Louche. Elle reste persuadée que la qualité de ses interrogatoires dans cette précédente affaire a marqué l’esprit du lieutenant et de son supérieur.

Le commissaire Roger Croussard a visionné les fameux entretiens de Pierre Portman et Fernand Marques. Il a apprécié sa façon d’aborder chacun d’eux, se montrant maligne et séductrice avec le premier, agressive et redoutable d’efficacité avec le second.

Ses qualités professionnelles l’ont convaincu, notamment la préparation de ses réunions. Mais il a aussi retenu chez cette jeune et séduisante femme, son dynamisme, sa sensibilité et son inventivité.

Plus tard, elle lui a avoué ses connaissances en morphopsychologie, ce qui l’a agréablement surpris. Elle s’était beaucoup documentée sur cette science qui révèle le caractère et le psychisme d’une personne par l’analyse de la forme de son visage et de ses récepteurs, les yeux, le nez et la bouche. Deux grandes catégories divisent les individus : les « dilatés » et les « rétractés », et elle connaissait maintenant parfaitement les caractéristiques qui les différenciaient.

Ces analyses lui permettent de cerner plus rapidement le caractère et les motivations des suspects.

De plus, elle n’a pas été insensible à cette magnifique région, à son climat bienfaisant et à l’hospitalité de ses habitants.

Son supérieur a placé sous ses ordres les lieutenants Philippe Beauregard et Jacques Louche. Autant Louche — qu’elle a d’ailleurs classé tout de suite dans la catégorie des dilatés —, policier rondouillard d’une cinquantaine d’années essayant de cacher une calvitie précoce est jovial et bon vivant, autant Beauregard, bel homme de vingt-cinq ans, faraud au teint mordoré, paraît hautain et outrecuidant.

Ce dernier n’est pourtant pas dans ce commissariat depuis longtemps, mais il tutoie tout le monde et affiche fièrement sa vie opulente.

Perdue dans ses pensées, Christelle Limière sursaute quand Jacques Louche entre dans son bureau :

— Je ne vous dérange pas, capitaine ?

— Pas du tout. Entrez, lieutenant ! Alors, ces vols de voitures ?

— C’est la cinquième plainte que nous avons enregistrée en quelques jours dans le département. Et le mode opératoire est toujours le même.

— C’est-à-dire ?

— Des annonces sur des sites spécialisés, puis la visite d’un jeune couple d’acheteurs potentiels. Ils doivent en profiter pour observer les lieux et la sécurité de l’habitation.

Ces arnaques, régulièrement pratiquées avec ce mode de vente, avaient déjà fait la « une » des journaux régionaux.

— Et le lendemain, la voiture a disparu.

— Parlez-moi des véhicules !

— Il y a de tout : des petites et des grosses cylindrées. Toutefois, j’ai remarqué qu’elles font partie des modèles les plus volés en France ; j’ai vérifié sur Internet.

Les bras ballants, le regard dans le vague et la mine triste, il paraît dépité, sans solution. La jeune femme essaie de l’aider en le remotivant :

— Dans les rapports écrits, avez-vous remarqué quelque chose d’anormal, de surprenant ?

— Ah oui ! Lors des essais, deux plaignants ont remarqué que l’homme gardait longtemps la clé de contact dans sa poche, comme s’il la manipulait en cachette.

— Vous pensez qu’il aurait pu prendre son empreinte pour la reproduire ?

— Je ne sais pas, répond-il d’une voix résignée.

— Renseignez-vous auprès de plusieurs garagistes ! Et rencontrez de nouveau les vendeurs, ils ont peut-être remarqué autre chose !

— Bien, capitaine.

— Faites-moi une copie de ces plaintes afin de les consulter !

— Vous les aurez dans cinq minutes.

Le lundi 4 juillet 2011, la capitaine passe une grande partie de la matinée à analyser ces doléances dans l’espoir de déceler un début de piste.

§

S’ennuyant un peu au camping, Nathan demande à ses parents s’il peut faire du vélo sur les chemins, au-dessus du parking.

Son père préfère accompagner le gamin de neuf ans.

L’homme monte le VTT de son fils sur le tertre. Il le regarde pédaler sur les sentiers. Le garçon, une casquette vissée sur la tête, chantonne.

Tout à coup, il tombe de vélo et appelle son père.

1 Voir chez le même éditeur Coup de canif sur le Canigou

Chapitre II

Christelle Limière raccroche son téléphone. Puis elle se dirige vers le bureau du commissaire Croussard.

Deux minutes plus tard, elle pénètre dans celui du lieutenant Philippe Beauregard. Personne.

« Celui-là, il n’est jamais là quand on a besoin de lui ! »

Elle sort son portable : il ne répond pas. Elle laisse un message.

Jacques Louche étant occupé à ses vols de voitures, elle choisit d’emmener le brigadier-chef Rousse et deux gardiens de la paix.

Ne connaissant pas suffisamment la région, elle se laisse guider jusqu’à l’anse de Porteil, au sud de la plage du Racou. Elle se gare à proximité de la camionnette de la gendarmerie d’Argelès.

Tout en enfilant ses gants, la jeune femme grimpe sur une élévation de terrain où elle reconnaît le couple de techniciens de la scientifique vêtu d’une combinaison blanche. Ils ont déjà commencé leur travail.

Elle se présente à un major qui lui précise tout de suite que le légiste a été prévenu. Le gendarme est probablement déçu que l’enquête lui échappe, mais le juge d’instruction de Perpignan a tranché. D’un signe de tête, il indique l’emplacement du gisant, un peu plus loin, dépassant d’une crevasse naturelle.

Christelle Limière prend le temps d’observer attentivement les alentours : la voie ferrée, l’hôtel dans la verdure, le parking en contrebas, la villa cachée derrière les arbres, la mer Méditerranée et le camping.

L’homicide s’étant déroulé sur une butte, quelqu’un a bien dû apercevoir la scène !

Elle appelle le brigadier-chef Rousse et un gardien de la paix ; elle leur demande de vérifier, dans l’hôtel à flanc de colline, derrière la voie de chemin de fer, si des clients auraient aperçu quelque chose, depuis leurs terrasses.

Les deux hommes se dirigent vers le pont.

Et la maison en contrebas, en bordure de mer ! Si le lieutenant Beauregard avait été présent, elle lui aurait confié cette mission.

Elle interpelle l’autre gardien et le sollicite pour qu’il relève les immatriculations des voitures garées sur le parking.

À une dizaine de mètres, quelques curieux se sont déjà regroupés et la capitaine rappelle au major l’interdiction de prendre des photos. Celui-ci signale les présences d’un homme et d’un petit garçon un peu plus loin :

— Ce sont eux qui ont découvert le corps ! précise-t-il.

— Je les rencontrerai tout à l’heure.

Instinctivement, elle regarde sa montre : 12 heures passées de 10 minutes.

Elle s’approche et, dans la fondrière, aperçoit la victime. L’homme, face contre terre, paraît grand et large d’épaules. À ses côtés, elle remarque un casque de motard, des gants et les restes d’une paire de lunettes de soleil.

Elle s’adresse à la technicienne de la scientifique à proximité en montrant la protection solaire :

— Vous l’avez trouvée dans cet état ?

— Oui, nous n’avons rien touché.

Elle imagine que, dans un élan de vengeance, l’assassin a piétiné les lunettes.

Elle s’accroupit et constate que sa tête baigne dans une mare rouge. Elle ne pourra donc pas prendre une photo de son visage. Elle relève tout de suite la blessure à l’arrière du crâne, proche de l’occiput. Le sang sourd de la plaie.

Délicatement, des poches du blouson, elle sort une carte d’identité et un portemonnaie garni de quelques pièces et de trois billets de banque. Elle consigne tout de suite son âge, trente ans, et son nom, Anton Petrescu. Un permis de conduire et une attestation d’assurance complètent sa recherche. Son adresse à Saint-Cyprien y figure. Et rien d’autre : pas de téléphone portable et pas de trousseau de clés d’une habitation.

À son poignet, l’homme porte une montre d’une grande marque. Ses doigts fins ne ressemblent pas à ceux d’un travailleur manuel. Même vêtu d’un jean, son tee-shirt et son blouson montrent une certaine élégance et semblent être d’une bonne qualité.

Au fur et à mesure de ses remarques, la policière prend des notes sur son carnet.

Au moins, elle est sûre d’une chose : le vol n’est pas le mobile. On s’en est vraiment pris à sa personne. L’agression s’apparente à une attaque ciblée, comme une vengeance par exemple.

Elle se redresse et salue le légiste qui vient juste d’arriver :

— Je vous verrai tout à l’heure !

La capitaine marche ensuite vers l’homme et l’enfant :

— Attendez ici une minute ! dit-elle fermement en leur montrant un emplacement à l’écart.

Puis elle se dirige vers le gardien de la paix qui lui tend un papier où figurent les immatriculations des voitures du parking.

— Gardez ces informations ! Au bureau, vous ferez des recherches et vous questionnerez les propriétaires pour savoir s’ils ont aperçu quelque chose. Vous vous rapprocherez du lieutenant Beauregard.

— Bien, capitaine.

— La victime est un motard. Retrouvez sa moto et téléphonez au service technique pour son enlèvement ! ordonne-t-elle en lui tendant l’attestation d’assurance.

— Bien capitaine.

Christelle Limière ne veut rien omettre. Elle sait que beaucoup d’enquêtes n’aboutissent pas en raison de scènes de crime dégradées. Son rôle consiste aussi à vérifier que les opérations se déroulent selon les procédures en vigueur.

Dès la découverte de la victime, tout est important : les précautions prises par les différents intervenants et les premières orientations des investigations. C’est souvent là que le succès d’une enquête se dessine.

Le lieutenant Beauregard aurait pu l’aider dans cette tâche, mais il est absent.

Elle s’avance vers l’enfant qui tient toujours son vélo d’une main et s’accroupit :

— Comment t’appelles-tu ?

— Nathan.

— Quel âge as-tu ?

— Neuf ans.

— C’est toi qui as trouvé le corps ?

— Oui, murmure le môme, apparemment fier, mais un peu traumatisé tout de même.

Elle se redresse et regarde l’homme : — Vous êtes son père ?

— Oui.

— Personne n’a touché au corps ?

— Non, personne. J’ai pu joindre ma femme sur son portable et les propriétaires du camping ont appelé la gendarmerie d’Argelès.

— Avant la découverte du corps, avez-vous vu quelqu’un aux alentours ?

— Je ne m’en souviens pas.

En bermuda et chemisette, d’allure sportive, il ne semble pas trop affecté.

— Quelle heure était-il quand vous lui avez téléphoné ?

— 11 heures 8, répond-il immédiatement. J’ai retenu l’heure car je savais que la question me serait posée.

La jeune femme note cette information importante.

— Tout à l’heure, un policier prendra votre déposition et essayez de vous souvenir d’un comportement ou d’un fait anormal !

— D’accord.

— Attendez-le plutôt là-bas ! conseille-t-elle en lui montrant un emplacement un peu plus loin.

Le gardien de la paix arrive tout essoufflé :

— J’ai fait le nécessaire pour la moto, capitaine.

— Parfait. Vous prendrez la déposition du père du gamin.

— Bien, capitaine.

— Ah oui ! Questionnez aussi toutes les personnes présentes : ont-elles aperçu quelque chose de singulier ou d’insolite ?

Sur le parking, la voiture banalisée du lieutenant Philippe Beauregard freine brusquement ; il claque sa portière et monte sur l’élévation de terrain en courant.

Christelle Limière regarde sa montre.

— Voyons cela, suggère-t-il en se dirigeant vers le corps d’un pas pressé, sans un regard pour sa supérieure.

— Lieutenant, mettez vos gants et ne touchez à rien, s’il vous plaît !

— Ils sont dans la voiture, capitaine.

— Allez les chercher ! rétorque-t-elle sur un ton ferme.

Il s’est arrêté et s’est retourné, l’air renfrogné.

— Et après, vous viendrez me voir.

Maintenant ganté, il se présente face à la jeune femme.

— Où étiez-vous, lieutenant ? Je vous ai cherché tout à l’heure.

— J’avais une affaire personnelle à régler.

— Le commissaire est au courant ?

— Non, mais j’avais prévu de le lui dire. Elle n’en croit pas un mot.

— Mais c’est à moi que vous devez rendre des comptes ! La prochaine fois, souvenez-vous-en !

Puis elle fait un bilan rapide de ses premières constatations. Quand elle donne le nom de la victime, les yeux du lieutenant s’étonnent et ses sourcils se lèvent.

— Je vais appeler le commissaire pour procéder à une perquisition à son domicile le plus tôt possible, précise-t-elle. Autre chose. Vous apercevez cette villa là-bas, derrière les arbres ?

— Oui.

— Je vois un homme qui travaille dans le jardin. Demandez-lui s’il a vu quelque chose d’anormal ou s’il a croisé une voiture qui partait précipitamment !

L’homme s’exécute en secouant la tête.

La capitaine rejoint le technicien de la scientifique qui observe le sol à proximité :

— Dans combien de temps aurez-vous terminé ?

— Une demi-heure environ.

— Nous aurons probablement une « perqui » en début d’après-midi à son domicile, à Saint-Cyprien.

— Pas de problème.

— Je vous tiens au courant.

Elle s’isole et téléphone au commissaire. Elle lui fait part de ses premières observations. Il approuve l’idée de la perquisition et la contactera dans un moment.

Sur le parking, Christelle Limière remarque la voiture du journal L’Indépendant qui se gare. Elle reconnaît la journaliste qui s’avance vers elle.

Émilie Ingrat ne porte pas bien son nom. Son physique attire le regard des hommes. Grande et attirante femme aux longs cheveux noirs, trente ans environ, la chroniqueuse l’avait surprise en évoquant ses récents succès en terre charentaise, lors de leur première rencontre. Dans ce métier, les informations circulent vite.

Pas de carnet, pas de stylo, pas de magnétophone ! Juste un sourire engageant qui devait lui ouvrir bien des portes.

Sur un ton amical, la policière dévoile ses premières constatations sans entrer dans les détails : « un homme est mort, il a été découvert en fin de matinée et l’enquête commence. » Pas d’autres précisions !

Son interlocutrice lui sourit et souhaite en savoir davantage.

— Il faut laisser travailler les techniciens et le légiste, répond-elle en montrant des dents éclatantes.

— Merci pour ces premières infos, capitaine. Je pourrai vous appeler demain ?

— Bien sûr.

L’enquêtrice avait lu quelques articles de la journaliste : l’écriture était brillante et le ton approprié. Elle connaissait son métier.

Dans sa démarche, ses paroles douces et ses attitudes enjôleuses, il émanait d’Émilie Ingrat beaucoup de grâce et de séduction. Même après son départ, les volutes de son parfum matinal exhalaient d’agréables effluves.

Christelle Limière la regarde s’éloigner en souriant et décide d’attendre les premières observations du légiste. Elle pense que l’enquête de voisinage dans l’hôtel, dont les terrasses bénéficient d’une vue plongeante sur le tertre, prendra du temps.

Elle se retourne et, derrière ses lunettes de protection, admire les reflets du soleil sur la mer où voguent quelques voiliers.

« Un vrai paysage de carte postale ! » pense-t-elle.

Elle marche en direction du chemin du littoral, laissant les spécialistes de la scientifique faire leur travail et fouiller les alentours à la recherche d’indices, peut-être l’arme du crime ou quelques empreintes de chaussure.

Face à la « grande bleue », elle s’arrête, prend une profonde inspiration et ferme les yeux. Son beau visage, caressé par un agréable vent chaud, présente déjà une coloration dorée.

Elle se délecte de ce site grandiose et pense qu’elle devra remercier le commissaire Croussard de l’avoir attirée dans cette merveilleuse région. Elle contemple maintenant le bord de mer ; le souffle marin rend le paysage de la côte sableuse particulièrement clair et elle distingue nettement les immeubles de Canet-en-Roussillon.

La jeune femme ne le sait pas, mais à l’endroit où elle se trouve, environ un siècle plus tôt, le célèbre peintre Étienne Terrus d’Elne immortalisait ce panorama sur une de ses toiles, « la maison abandonnée », qu’elle apercevait en contrebas.

Des pas derrière elle.

— Alors, capitaine, on profite du paysage ?

— Oui, c’est magnifique. Vous habitez dans la région depuis longtemps, lieutenant ?

— Un an.

— Et le jardinier ?

— Il est arrivé vers midi. La voiture de la gendarmerie était déjà là.

— J’ai envoyé le brigadier-chef Rousse et un gardien procéder à une enquête de voisinage dans l’hôtel qui se situe de l’autre côté de la ligne du chemin de fer. Donc à votre retour au commissariat, supervisez leurs informations ! Questionnez aussi les propriétaires des voitures stationnant sur le parking et rapprochez-vous de la SNCF pour vérifier si un train a circulé entre 9 heures et 11 heures 8 !

L’homme sort son carnet et y inscrit ces demandes.

Tout à coup, le portable de la jeune femme émet une musique entraînante. Le juge d’instruction a validé la perquisition au domicile de la victime en présence de deux témoins, comme la loi l’exige. L’autorisation écrite suivra. Elle indique au commissaire qu’elle le rappellera.

— Nous ferons une perqui à son domicile à 14 heures 30. Je n’ai pas vu d’alliance à son doigt, mais il ne vit peut-être pas seul. Annoncer cette mauvaise nouvelle ne sera pas facile !

— Ça fait partie du métier.

— Oui, bien sûr. Si nous allions manger un peu ?

— Pas de problème.

— Je vais laisser la Laguna au brigadier-chef et nous prendrons votre voiture. Tiens, le légiste a terminé ! Allons lui parler !

Les deux policiers n’en sauront pas beaucoup plus : un coup porté avec force derrière la tête par un objet contondant. La mort a été instantanée et le corps a été poussé dans la crevasse. Il évalue l’heure de la mort en milieu de matinée. Son rapport leur sera remis demain matin.

Le gardien de la paix s’approche et confirme qu’il a enregistré la déposition du père de l’enfant et que les badauds n’ont rien observé de particulier. Elle lui remet les clés de sa voiture et lui demande d’aller rejoindre le brigadier-chef Rousse qui questionne les clients de l’hôtel.

Avant de quitter la scène de crime, elle informe le major de la gendarmerie d’Argelès et les techniciens de la scientifique de la prochaine perquisition au domicile de la victime, dont elle communique l’adresse. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas fait de découverte significative : aucune arme et indice notoire retrouvés. Ils précisent qu’ils ont aussi retourné les pierres à proximité afin de découvrir d’éventuelles traces de sang.

Enfin, elle joint la secrétaire du commissaire, lui demande de contacter un serrurier pour 14 heures 30 et communique l’adresse de la victime.

§

Petru Moldovan est un affairiste roumain de quarante-cinq ans qui a bien réussi. Car pour lui, réussir signifie posséder beaucoup d’argent !

En janvier 2006, poussée par l’Union Européenne, la criminalité en Roumanie a été identifiée. Au mois de mars, le gouvernement roumain a coordonné la conférence de Sinaia où la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la corruption ont été ciblés. Voyant leur horizon se rétrécir, beaucoup d’individus peu recommandables ont préféré quitter leur pays.

Au mois de mai de cette même année, Petru Moldovan s’est installé dans le nord de l’Espagne. Il a laissé derrière lui plus d’ennemis que d’amis.

Deux mois plus tard, il a ouvert un garage à La Jonquera. Mais il n’est pas un expert en mécanique. Alors pourquoi un garage ?

Doté d’un visage buriné et grossier, d’un nez épaté, l’homme est nerveux, voire violent. Des dossiers ont été classés sans suite au tribunal de Craiova.

En 2008, il demande à son neveu Anton Petrescu de venir le rejoindre. Le jeune homme, grand et brun, plutôt beau garçon, s’acclimate vite et Petru en fait son nervi.

En sa compagnie, il impose quelques « filles » à La Jonquera, près des parkings où des camions de toutes les nationalités stationnent. Des intimidations, des bagarres et des coups de couteau naissent de ces représailles, mais Petru est une forte tête. Anton et quelques affidés l’aident dans ces conflits.

Puis il installe son neveu en France pour lui servir de relais dans ses entreprises illicites.

Á son garage, le lundi 4 juillet 2011, vers 13 heures 15, son portable sonne et son indicateur français lui apprend le drame.

Anton sera vengé !

§

Devant des sandwichs, Christelle Limière et Philippe Beauregard ne parlent plus. La policière n’a pas apprécié ses avances grossières et sans retenues : le lieutenant n’a pas cessé de la courtiser ouvertement.

Il l’a d’abord flattée sur son physique, puis sur ses compétences professionnelles. Mais ses propos sont plutôt maladroits et ses flagorneries gauches. L’homme, imbu de sa personne, compte sur ses sourires et ses paroles suaves et mielleuses pour séduire la jeune femme. De temps en temps, il glisse une allusion sur son somptueux niveau de vie, ses deux appartements en location à Canet-en-Roussillon et sa Porsche Cayenne.

À son arrivée dans le service, la capitaine avait remarqué ses privautés. Dès le premier contact, il tutoyait ses relations professionnelles. Elle l’avait tout de suite classé parmi les dilatés.

Depuis qu’elle avait découvert le Manuel de morphopsychologie de Louis Corman, elle s’appuyait sur ses connaissances pour perfectionner ses interrogatoires, mais aussi pour analyser le comportement des personnes de son entourage.

Bien sûr, Philippe Beauregard est un bel homme. Son visage au cadre large et aux récepteurs ouverts montre une grande confiance et beaucoup d’assurance.

L’enquêtrice a précisé qu’il perdait son temps et l’a rabroué. Elle a signifié qu’entre eux, seules des relations de travail devaient exister. Le lieutenant s’est figé devant sa rebuffade et ses paroles désobligeantes : il n’a pas aimé sa réaction.

Il s’armera de patience.

§

Dans la Golf GTI blanche, Joséphine Boiteux et Thomas roulent vers Pyrénées 2000. Sur leur trajet, ils s’arrêtent à un fast-food. Pour faire plus ample connaissance, ils bavardent ; elle lui parle de ses quelques années d’étude chaotiques, de ses « envies d’ailleurs » et de ses conflits générationnels avec ses parents. Elle lui adresse souvent des sourires complaisants.

Thomas, charmant jeune homme au teint cuivré, s’exprime peu. Il lance des généralités et la questionne sur le métier de son beau-père. Dès leurs premiers regards échangés, il a compris qu’il plaisait à la jeune fille. Autant Joséphine est expansive et loquace, autant le garçon paraît réservé et réfléchi.

Elle l’a remercié de son aide pour le changement de la roue crevée. À Argelès, ils ont fait un détour chez son garagiste et elle reprendra son pneu le lendemain.

En vacances, il a accepté son invitation.

En arrivant au chalet, elle prévient sa mère qu’elle rentrera demain matin. Au téléphone, Joséphine devine sa correspondante inquiète et embarrassée. L’étudiante met cela sur le compte de leur dispute de la veille au sujet d’une nouvelle orientation de ses études, en septembre prochain.

Elle propose à Thomas de prendre ses aises.

Dans la chambre parentale, la jeune fille se déshabille et se dirige vers la salle de bains. Elle termine sa toilette quand il pénètre nu dans la douche italienne. Elle ne l’a pas entendu entrer. Elle lui sourit et lui ouvre les bras : c’est ce qu’elle attendait.

Plus tard, il la transportera sur le lit et, insouciants, ils goûteront avec appétence ces tendres moments de plaisir.

§

En début d’après-midi, le couple de policiers de Perpignan arrive devant l’appartement d’Anton Petrescu, près du port de plaisance. Un serrurier et un adjudant-chef de la gendarmerie de Saint-Cyprien les attendent. Celui-ci a dû être prévenu par son collègue d’Argelès.

Il signale que le logement est inoccupé.

Pendant que l’artisan s’active, la jeune femme frappe à la porte de l’appartement voisin où un couple d’un certain âge la reçoit. Ils ne font aucune difficulté pour servir de témoins, même si la surprise se lit sur leur visage. Ils ne posent aucune question.

Deux minutes plus tard, la porte d’entrée s’ouvre et tous pénètrent dans l’habitation de la victime.

Tout à coup, le groupe s’arrête devant le capharnaüm qui s’offre à eux. Toutes les pièces montrent un désordre indescriptible : les tiroirs de la cuisine, ceux du bahut de la salle à manger, de l’armoire de la chambre sont ouverts et le sol est jonché de vêtements, de coussins éventrés et d’objets divers.

— Stop, n’entrez pas ! ordonne la capitaine.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Voilà pourquoi nous n’avons pas trouvé ses clés sur lui ! Son logement a été fouillé.

Le serrurier quitte le groupe.

Les témoins, interdits, restent dans l’entrée. Derrière eux, le couple de la police scientifique arrive et écarquille les yeux. La technicienne sort son appareil et prend quelques photos. Puis tout le monde s’équipe : les uns avec leurs habits blancs immaculés, les autres avec leur paire de gants bleus.

Seuls les techniciens pénètrent dans l’appartement sens dessus dessous afin de chercher d’éventuels indices. Ils procèdent à plusieurs relevés d’empreintes digitales sur des éléments au sol.

Pendant ce temps, la capitaine observe attentivement les pièces depuis l’entrée. Aucun tableau n’est accroché aux murs de la cuisine et de la salle à manger ! Aucune plante verte ou pot de fleurs ne vient égayer le logement ! Sur le réfrigérateur, pas de post-it ou de pense-bête ! Aucun signe d’intimité, de chaleur ! Comme si ce logement n’était qu’un lieu de passage, et non de vie.

Elle en est sûre : une femme n’a jamais vécu ici.

Le mobilier et les ustensiles ménagers semblent d’une qualité médiocre. Elle n’aperçoit pas de téléphone fixe.

Les locataires des appartements voisins stationnent devant la porte d’entrée ; le lieutenant et l’adjudant-chef les dispersent.

« Enfin, il prend des initiatives ! » pense-t-elle.

Quinze minutes plus tard, les policiers et le couple de témoins sont autorisés à pénétrer dans les pièces. L’adjudant-chef reste à la porte d’entrée.

— Qu’avez-vous trouvé ? demande Christelle Limière.

— L’ordinateur, que vous voyez là ! répond le technicien. Regardez à la tête du lit, capitaine !

Deux sangles sont accrochées au châlit.

— Tiens, ça ressemble à des accessoires masochistes. Pas de téléphone portable ?

— Non.

Une demi-heure plus tard, ils placeront dans un carton des documents écrits en langue roumaine, des relevés bancaires et téléphoniques. Ils emporteront également un ordinateur portable.

Leur travail terminé, les deux techniciens précisent que le rapport sera à leur disposition demain après-midi et ils quittent les lieux.

L’enquêtrice décide de questionner les témoins.

Résidant depuis plus de dix ans dans cet immeuble, le couple de retraités connaît pratiquement tous les locataires, sauf les saisonniers bien sûr.

— Le grand jeune homme brun était très poli et gentil, mais assez solitaire, remarque la femme.

— Recevait-il des amis ?

— Des visites à son appartement ? Oui, une femme blonde d’une quarantaine d’années passait le voir quelquefois.

— La connaissez-vous ?

— Personnellement, non. Mais nos amis nous ont dit que c’est la femme d’un bijoutier d’Argelès.

— Vous connaissez son nom ?

— Je crois qu’ils l’ont appelée Boiteau, ou quelque chose comme ça !

Un sourire éclaire le visage de la policière.

— Merci beaucoup. Autre chose ! Les locataires bénéficient-ils d’une cave ?

— Oui.

— Pouvez-vous me rendre un petit service ?

— Bien sûr, répond l’homme.

— Pourriez-vous demander au gardien de venir nous rejoindre avec la clé de sa cave ?

— Oui. Je reviens dans cinq minutes.

Le représentant de la gendarmerie de Saint-Cyprien met les scellés sur la porte du logement d’Anton Petrescu. Pendant ce temps, Christelle Limière sort son téléphone et s’isole pour informer son supérieur.

Puis le témoin et la gardienne de l’immeuble arrivent :

— C’est le numéro 16 ! précise celle-ci.

— Ça vous ennuierait de nous y conduire ?

— Non.

Plus tard, ils constateront que la cave est entièrement vide.

§

Au bord de sa piscine, en milieu d’après-midi, Catherine Boiteux, uniquement vêtue d’un string et d’une casquette, peaufine son bronzage. Son corps cuivré d’une beauté sculpturale doit faire l’objet de beaucoup d’attention.

Les yeux mi-clos derrière ses lunettes noires, elle repense aux rebondissements de la matinée.

Vers 9 heures, Anton la reçoit à son appartement, mais elle reste dans l’entrée, ce qui n’est pas son habitude. Il montre une mine fatiguée et semble pressé. Il lui remet le sac noir.

Une heure plus tard, elle l’appelle sur son portable et lui indique l’endroit où sa fille aime flâner : l’anse de Porteil, au sud du Racou. Il faut qu’il récupère les bijoux dans le coffre de la Golf.

L’évocation du nom du Roumain lui procure des frissons et des picotements au creux des reins. Elle se souvient de leur première rencontre, début mai dernier. Il était arrivé à moto. Joséphine avait signalé sa présence. L’homme apportait le premier sac de bijoux.

Fascinée, la bijoutière fixait ses grands yeux limpides. Grand et fort, il plongeait son regard dans le sien. Elle y avait lu de la provocation et du désir.

Trois jours plus tard, Alexandre lui demanda de rendre le sac.

Au bout du fil, Anton Petrescu avait prétexté l’impossibilité de se déplacer et il avait communiqué son adresse à Saint-Cyprien.