Mbayé ! Mbayé ! - Romain Sokpé Bally-Kenguet - E-Book

Mbayé ! Mbayé ! E-Book

Romain Sokpé Bally-Kenguet

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Beschreibung

"Mbayé ! Mbayé !" se présente comme une collection exquise de contes. Chacun de ces textes s’épanouit en une conclusion empreinte de sagesse, ayant pour dessein d’illuminer les âmes et de rectifier les conduites déviantes.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Muni de sa plume, Romain Sokpé Bally-Kenguet a exploré plusieurs genres littéraires. Aujourd’hui, il interpelle les consciences pour un monde meilleur en proposant "Mbayé ! Mbayé !"

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Seitenzahl: 53

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Romain Sokpé Bally-Kenguet

Mbayé ! Mbayé !

Conte

© Lys Bleu Éditions – Romain Sokpé Bally-Kenguet

ISBN : 979-10-377-7258-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le forgeron, la maladie et la mort

Le forgeron, la maladie et la mort habitaient Kodoro-Oko qui était un vieux village qui avait l’âge de la terre. Des générations et des générations s’y étaient succédé. Tel un prodigieux piéton, ce village avait beaucoup marché. Mais, tout se passait comme s’il marchait à reculons telle une écrevisse. Autrement dit, il avançait à la manière d’un danseur de tango : un pas devant, deux pas en arrière, cinq pas en arrière, trois pas devant. Certains villages qui étaient nés au même moment que Kodoro-Oko avaient grandi et grossi alors que ce patelin était resté tout petit-petit comme un nain nain. Le vécu quotidien des gens s’appelait problèmes sur problèmes, difficultés sur difficultés, galère sur galère, misère sur misère. Tout cela parce que ses habitants étaient des fainéants, des gueulards qui parlaient beaucoup, mais qui travaillaient peu.

Un matin, le linga1 avait retenti à plusieurs reprises pour appeler le village à un grand rassemblement. Les gens avaient répondu massivement. Sous l’arbre à palabres, une foule bigarrée et bariolée était là. Après s’être aperçu que le mal-vivre s’enflait et se gonflait de jour en jour, il allait être question, aujourd’hui même, pour les filles et les fils de ce village de se retrouver dans une sorte de conférence nationale pour parler de Kodoro-Oko qui marchait clopin-clopant. Depuis des lustres, ils attendaient ce moment de grand déballage. C’était donc l’occasion ou jamais de balayer la maison commune qui était vraiment sale. Oui, la balayer, la nettoyer, la dépoussiérer, la toiletter, l’épousseter, l’astiquer à fond.

Les débats furent houleux.

Les gens de Kodoro-Oko qui n’avaient pas leur langue dans la poche s’étaient parlé franchement, les yeux dans les yeux. Ils avaient mis sur la table tous les sujets qui fâchaient. Ils avaient discuté de tout ce qui bloquait la marche en avant de leur terre-naissance. Les langues s’étaient déliées. Elles avaient critiqué vertement ceux qui trônaient à la tête du village, qui étaient considérés comme étant les artisans de leur galère d’aujourd’hui et de toutes les misères d’hier. Une maladie diagnostiquée est à moitié guérie, dit-on. Et chacun sait que le linge sale se lave mieux en famille. Cette palabre avait décidé qu’à partir de ce jour jusqu’à désormais, ce serait le chacun-chacun, le chacun pour soi : plus question qu’untel se nourrisse aux dépens d’untel, plus question que celui-ci ou celui-là tende des mains de mendiant pour vivre en parasites et que chacun devait voir midi devant sa porte et manger à la sueur de son front. À l’unisson, ils proclamèrent :

— Plus jamais comme par le passé ! À bas la fainéantise ! À bas l’oisiveté ! Pour un Kodoro-Oko nouveau, le travail, rien que le travail. Et malheur pour celui qui refuse de travailler !

Quelques jours après la fin de ce rassemblement, tout le village s’était mis au travail. Du premier cocorico à la tombée de la nuit, les habitants de Kodoro-Oko besognaient durement dans les champs. Avec ardeur et ferveur. Sans repos et sans dodo. Le boulot rien que le boulot. Pendant que tous labouraient, semaient, sarclaient, La Maladie et sa complice La Mort ne faisaient que faire des allées retour pour rien chez Ndao-Ndao, le forgeron du coin. Les deux compères avaient un sérieux problème : depuis trois mois, La Mort et La Maladie lui avaient remis houes, pioches, pelles, machettes et daba pour affûtage. Au fur et à mesure que les jours s’écoulaient, elles brûlaient d’impatience de se mettre au travail comme les autres. Chaque fois que ces deux amies passaient pour retirer leurs outils, Ndao-Ndao, le forgeron, ne faisait que remettre au lendemain, en additionnant et multipliant les faux rendez-vous. Sans bouder, elles repassaient comme convenu. Et Ndao-Ndao écorchait leurs oreilles avec des chansons qui avaient des refrains du genre : « excusez-moi. Ce n’est pas de ma faute. Ces derniers temps, j’ai beaucoup à faire. Je vous prie de repasser demain ». Quand elles repassaient, le « demain » devenait « après demain » et ainsi de suite. La Maladie et la Mort en étaient arrivées à plusieurs semaines d’attente.

Deux mois plus tard.

Ndao-Ndao le forgeron continuait de les rouler dans la farine de manioc. Malgré ça, ses deux clientes ne se lassaient pas de faire ces allers et retours, parfois dix ou quinze fois par jour. Monsieur le forgeron ne faisait que les remettre à demain. Au troisième mois, La Mort avait piqué une grosse colère et martelé :

— Merde ! Putain de merde ! À partir d’aujourd’hui, je ne veux plus mettre les pieds chez Ndao-Ndao ! C’est pas des manières, ça ! C’est prendre les gens pour des cons, ça !

La Maladie qui était de nature jusqu’au-boutiste ne s’était pas découragée. Tous les jours, elle se pointait chez ce Ndao-Ndao, le forgeron qui ne faisait que lui psalmodier les mêmes récitations, les mêmes refrains, les mêmes mensonges à dormir debout.

Un jour, La Maladie avait retrouvé Ndao-Ndao, le forgeron, dans son atelier en train de travailler. Contrairement à ce qu’il lui avait juré la veille, ce bon artisan faisait autre chose que leur travail promis. Soit dit en passant, Ndao-Ndao le forgeron avait une bouche sucrée et une langue mielleuse. Il possédait l’art de calmer et d’amadouer. La Maladie savait pertinemment qu’il lui racontait des histoires sans queue ni tête. Chaque fois qu’elle s’énervait, le très rusé forgeron l’amadouait avec des propos lénifiants et l’assurait que pour le prochain rendez-vous le travail va être fait avec soin et finesse. La Maladie repartait chez elle, revenait le jour dit. Mais, comble du comble, elle ne trouvait toujours pas satisfaction.

Et le temps passait.