Mémoires d'un chasseur de fantômes - Laetitia Duvignere Billon - E-Book

Mémoires d'un chasseur de fantômes E-Book

Laetitia Duvignere Billon

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Beschreibung

Je suis Laetitia, médium, chasseuse de fantômes passionnée, intrépide et profondément dévouée à mon métier.

Mon don, que j’ai subi lorsque j’étais enfant, me permets aujourd’hui de communiquer avec les esprits afin d’aider des familles dans le besoin, en proie à des manifestations fantomatiques. Mon plus, est que je travaille avec une approche profondément humaine et emphatique. Je travaille avec mon cœur, traitant chaque famille que j’aide comme si c’était la mienne.

Amoureuse des sensations fortes, et addicte à l’adrénaline, je saute en parachute, j’ai mon permis moto et je vais très prochainement apprendre à piloter un avion monomoteur. La vie est trop courte n’est-ce pas ?

C’est un livre inspiré de faits qui me sont personnellement arrivés. Je relate l’histoire de ma famille, mes rencontres fantomatiques et quelques unes de mes aventures les plus marquantes. Je vais vous entraîner dans un voyage fascinant à travers mes aventures en tant que médium et chasseuse de fantômes. Chaque chapitre est une porte ouverte sur mon histoire mêlant mystère, effroi et fin heureuse, une porte vers un monde que l’on ne soupçonne pas…

Convaincus, septiques ? Venez frissonner avec moi, venez dans mes aventures, je serai votre guide


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Veröffentlichungsjahr: 2024

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Couverture

Page de titre

 

 

 

 

 

 

 

Mémoires d’un chasseur de fantômes

 

 

 

 

 

Autobiographie

 

de Laetitia Duvignere - Billon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps d’un roman

Editeur

 

Collection « Essai »

 

I - MON ENFANCE NORMALE OU PRESQUE

 

 

Vous vous souvenez sûrement de la petite fille un peu étrange de la cour de récréation en primaire, celle qui préférait jouer toute seule avec le vent ou les feuilles mortes en automne pendant les interclasses et qui n’a pas beaucoup de copines, voire même aucune. Est-ce que vous vous souvenez de la petite fille bizarre de l’école ? La petite fille étrange, transparente, que personne ne remarque, qui passe son temps à contempler les arbres et tout ce qui l’entoure sans s’intéresser aux autres personnes, un peu comme si elle était seule au monde. On aurait dit qu’elle venait d’une autre époque ou même d’un autre monde. Cette petite fille, c’était moi.

 

J’observais, les autres petites filles de mon âge, jouer ensemble, sautant à l’élastique, à la corde à sauter, se raconter des secrets à l’oreille en gloussant, s’échanger des petits mots et des lettres secrètes entre elles. Il m’arrivait d’entendre qu’elles s’invitaient à des soirées pyjama et à des fêtes d’anniversaires. Comme je ne me mêlais pas aux autres, qu’on ne me remarquait pas, surtout que j’aimais cette transparence, je ne participais qu’aux goûters collectifs en classe.

 

Je savais que je devais me mêler aux autres, m’intégrer, faire comme les autres, pour ne pas paraître étrange à leurs yeux, mais les autres enfants ne m’intéressaient pas. Je les trouvais puériles à parler de choses futiles, se disputer pour une bille ou qui aura la place centrale à l’élastique. Moi, j’étais captivée par la beauté d’une feuille morte sur le sol, j’aimais écouter le vent, le sentir sur mon visage, observer attentivement les oiseaux qui volaient au-dessus de la cour de récréation. Qu’est-ce que j’aurais aimé être un oiseau, pour pouvoir voler et être libre, j’aurais donné tout ce que j’avais à l’époque pour prendre leur place, ne serait-ce qu’une journée, mais je me forçais littéralement jour après jour, pour jouer à 1-2-3 soleil ou à l’épervier avec les autres lorsqu’un instituteur ou une assistante m’y obligeait, afin de me fondre dans la masse et faire comme les autres.

 

Faire comme les autres…

 

J’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille exceptionnelle, très unie, aimante et bienveillante, avec des parents incroyables et admirablement dévoués à leurs enfants. Je suis l’aînée d’une fratrie de quatre enfants. J’ai deux sœurs, une première avec laquelle j’ai deux ans ma cadette, une seconde avec laquelle j’ai treize ans d’écart et un frère avec qui a quatre ans de moins que moi. Je viens d’une famille somme toute normale, en même temps, la normalité peut avoir une définition différente d’une famille à une autre.

 

Je suis la descendante d’une famille de mages et de sorciers, une tradition qui se transmet depuis des générations et des générations du côté de mon père. Le plus drôle (ma mère me dit à chaque fois que j’ai une définition toute particulière de ce mot) c’est que du côté maternel de mon père, il y avait des médiums, des magnétiseurs - rebouteux ainsi que des mages et que du côté paternel de mon père, il y avait des sorciers, qui ne faisaient pas forcément le bien et qui étaient respectés autant que craints ; d’ailleurs, il suffit de prononcer le prénom d’Ismaël auprès des anciens du coin et vous verrez encore de la peur dans leurs regards. Donc, très peu de chance pour moi de passer à côté du lourd héritage familial. Ce qui fait que, dans notre famille, le mot «normal» prend une tournure inhabituelle par rapport au reste du monde.

 

C’est moi à l’âge de deux ans.

 

 

 

« Il y a un ordre des puissances dans notre monde, en quelque sorte une hiérarchie :

 

En troisième position, vous avez les sorciers. Ils ont besoin d’incantations, de plantes, d’artefacts et/ou de suivre un rituel précis afin de lancer un sort.

 

En seconde position, vous avez les mages. Ils ont la possibilité d’enlever les dons à un sorcier et n’ont pas besoin d’artefacts pour jeter un sort. Ils peuvent passer à côté de vous et vous lancer un sort sans que vous vous rendiez compte de quoi que ce soit.

 

En première position, vous avez les druides. Ils ont la possibilité de supplanter les deux autres et utilisent l’énergie des divinités afin de lancer des sortilèges. »

 

Cependant, le second maître mot et le principe essentiel qui régnait au sein de notre famille était le secret absolu et ce quoi qu’il en coûte. C’était notre pierre angulaire. Nous devions tous nous mêler aux gens normaux, dans un monde « normal », tout en sachant que nous étions différents, des moutons noirs en quelque sorte. Cet équilibre délicat et instable instauré par nos ancêtres afin de ne pas attirer l’attention et d’être dénoncés. Ce code de conduite du secret absolu était gravé en nous, comme marqué au fer rouge, surtout depuis que mon arrière-arrière-grand-père avait été déporté et enfermé dans un camp de travail par délation de leur très charmante et adorable voisine. Par conséquent, nous avions l’interdiction absolue et formelle d’en parler à moins qu’un ancêtre n’en donne l’autorisation et jamais dans un lieu public.

 

Cette interdiction étant purement et totalement indiscutable, tous les membres de la famille s’y soumettaient par peur de représailles, y compris ma grand-mère Lucette, qui « subissait » son don, sans avoir la possibilité d’en parler à qui que ce soit, ni même avoir des explications sur ce qu’elle ressentait et voyait tous les jours.

 

J’ai le même don que ma grand-mère Lucette, c’est-à-dire que je vois les défunts. Imaginez le désarroi de cette jeune femme d’à peine 16 ans, voir des choses qu’aucun être humain n’a la possibilité d’apercevoir, ni même imaginer. D’être prisonnière dans un monde étrange et totalement effrayant, sans avoir personne à qui se confier, afin de respecter les règles établies et intransgressibles de notre famille. Imaginez-vous arpenter les rues et voir, être traversé ou même touché par des personnes défigurées, blanchâtres, en état de putréfaction, qui la plupart du temps, n’avaient même pas conscience de leurs conditions, cherchant une aide et errant sans but et même réalisant les mêmes tâches qu’ils avaient lorsqu’ils étaient en vie.

 

C’est ce que ma pauvre petite grand-mère a enduré sans relâche toute son existence.

 

Un jour, la tante de mon père, âgée d’à peine 18 ans a été dans l’obligation de subir une opération de l’appendicite, suite à une suspicion de péritonite, mais succomba brutalement sur la table d’opération, quelques minutes à peine après le début de l’intervention chirurgicale. Comme le voulait la coutume à cette époque, la veillée mortuaire de ma pauvre grand-tante se déroula à la maison, dans sa chambre, donnant sur la cuisine. Une fois la toilette mortuaire réalisée par les anciennes de notre famille, mon arrière-grand-mère préleva quelques-uns de ses cheveux, afin de les mettre dans un médaillon, puis on l’installa dans sa chambre avec sa plus belle toilette du dimanche et ses bijoux de baptême. Son lit entouré de grosses bougies blanches posées à même le sol, afin de la veiller à tour de rôle. Mais lors de cette soirée-là, ma grand-mère Lucette, qui était dos contre le poêle à bois de la cuisine la vit. Elle écarquilla ses grands yeux bleus et se mit à trembler de tout son long, pétrifiée, incapable de respirer ou de prononcer un seul mot, incapable de réfléchir, en total état de choc. Elle était là ! Elle était debout dans la cuisine, sortant

 

Lucette, ma grand-mère

 

 

de sa chambre, comme si de rien n’était. C’était tout bonnement impossible. Sa mère étant encore en pleine veillée dans sa chambre, elle pouvait entendre ses sanglots étranglés à travers la porte de sa chambre, tout le monde l’aurait entendue hurler si elle était sortie de son lit. Les hommes de la maison étaient tous autour de la table, mais personne ne réagissait. Personne ne réagissait, ils continuaient leur conversation sur la gestion de la forêt usagère de la famille comme si de rien n’était. Mathilde était pourtant là, en face d’elle dans sa chemise de nuit longue en coton blanc et les pieds nus. Elle était sortie de sa chambre en passant à travers la porte, avec son sourire espiègle qui la caractérisait. Elle lança un coup d’oeil à ma grand-mère en mettant son index sur la bouche, pour lui faire signe de se taire et de garder le secret, tout en se dirigeant tranquillement vers la porte d’entrée de la maison afin sortir dans le jardin de derrière en passant encore à travers la porte.

 

 

 

Ma grand-mère maternelle avec mon père

 

 

Le lendemain de son enterrement, toujours en état de choc, elle cherchait une réponse à ce qu’elle avait vu la semaine d’avant. Elle se demandait si ce qu’elle avait vu était réel et le seul endroit où trouver une réponse était, l’église.

 

Elle quitta son domicile et son mari et parti immédiatement en direction de l’église, afin de trouver une oreille compréhensive et surtout des explications. Ne dit-on pas que Jésus est ressuscité du monde des morts afin d’aider les hommes ? Le prêtre de la paroisse l’écoutera sûrement et c’était LA personne la mieux placée pour lui répondre.

 

Ma grand-mère s’était promis de ne plus jamais parler de ce qu’elle voyait et se contentait de retranscrire ses pensées en sténographie codée.

 

 

Une fois arrivée à l’église, elle chercha de manière frénétique le prêtre et le supplia de lui accorder un peu de son précieux temps, afin de lui expliquer sa mésaventure de la semaine dernière. Cependant, au lieu de l’entendre, il se moqua d’elle dans un fou rire et alla trouver sa belle-famille, afin de leur dire qu’elle était complètement folle et que sa place était dans une institution plus adaptée à son état mental.

 

Sa belle famille, sous l’influence de sa belle-mère méchante et acariâtre, la convoqua. Elle était face à un tribunal, digne de l’inquisition. Lucette, traitée de folle, restait digne, n’essayait même pas de se défendre et à partir de ce jour, elle n’a plus jamais parlé de ce qu’elle voyait et se mura dans un silence religieux. Elle se contentait de retranscrire tout ce dont elle été témoin sur des petits carnets en sténographie cryptée qu’elle avait apprise durant ses études supérieures entre deux séjours en maison de repos et psychiatrique.

 

Je me souviens d’une femme toujours triste, le vernis à ongles et les boucles d’oreilles toujours assorties à son rouge à lèvres, lorsque nous allions chez elle, le regard toujours fuyant, à fixer des endroits dans une pièce où je ne voyais rien.

 

C’est à cause de sa souffrance et de celle qu’elle a malencontreusement fait subir à ses enfants, que je décide aujourd’hui de briser cette loi du silence et d’assumer pleinement et de dévoiler au grand jour ce que je suis. Pour les personnes qui vivent la même chose que moi, tous les autres et surtout pour ma grand-mère Lucette.

 

*****

 

 

J’ai toujours été le témoin d’événements étranges dans ma vie et ce, depuis l’âge de 5 ans, surtout dans la maison de mon enfance en Gironde. Cependant, comme mon père passait le plus clair de son temps à nous dire que c’était «normal», alors, toutes ces choses étranges, n’étaient pas ou peu effrayantes, quoique …

C’était pourtant une maison neuve, construite sur un terrain que mes parents avaient acheté, sur la commune de Gujan-Mestras, à la place d’un ancien pré à vaches.

 

Je me souviens encore du regard pétillant et plein de fierté de mes parents lorsqu’ils ont enlevé et caché méticuleusement dans les herbes hautes le panneau «A vendre» situé au beau milieu de ce terrain, et l’expression conquérante de mon père ce jour-là « Les enfants, ici, je vous ferai construire notre toute première maison et on y sera tous heureux, pour toujours ». On y croyait tous, car il nous avait promis de nous y construire une balançoire. Notre toute première balançoire !

 

C’était le rêve de toute une vie que mes parents avaient fait bâtir alors que je n’avais que sept ou huit ans et elle me paraissait si grande par rapport à celle que nous avions louée auparavant chez M et Mme S., qui était à 5 minutes à pied de là. Cette maison était immense, presque trop grande pour moi du haut de mes huit ans, voire même effrayante des fois. Je ne me doutais pas à ce moment-là, que ma vie allait basculer à tout jamais et faire de moi la personne que je suis maintenant.

 

*****

 

Avez-vous déjà eu la sensation d’être suivi lorsque vous vous déplacez, d’être épié et que lorsque vous vous retournez, il n’y a personne ?

 

Vous êtes-vous déjà rendu compte que les objets disparaissaient ou s’étaient déplacés tout seuls chez vous ?

 

Avez-vous déjà senti un courant d’air froid près de vous, alors que toutes les fenêtres et toutes les portes sont fermées ?

 

Avez-vous déjà senti des odeurs de chair en putréfaction et de pourriture dans votre propre maison en pleine nuit ou en pleine journée alors que vous votre mère vient de finir le ménage ?

 

Avez-vous déjà aperçu des ombres noires se déplacer sur les murs et par les fenêtres ou l’impression que quelqu’un se déplace dans le jardin alors que tout le monde est installé sur le canapé en train de regarder la télévision ?

 

Avez-vous déjà vu des dizaines d’oiseaux se tuer en plein vol, se fracassant le cou sur vos fenêtres ?

 

Toutes ces sensations étaient malheureusement habituelles chez moi et tout a commencé pour nous environ 5 ans après notre aménagement, quand mes parents commencèrent à réaliser des travaux d’agrandissement dans le garage afin de construire deux chambres supplémentaires pour ma sœur et moi, suite à l’arrivée impromptue de ma petite sœur Gaelle.

 

A notre installation dans cette nouvelle maison, tout allait bien, nous vivions en harmonie et en paix, puis un jour, on a commencé à entendre des bruits la nuit. Ma chambre donnait sur la cuisine et de temps en temps, j’étais réveillée en sursaut par le bruit des casseroles qui tombent des placards dans la cuisine, alors que tout le monde dormait. Cela faisait un vacarme assourdissant, j’avais l’impression qu’un placard de la cuisine s’était décroché du mur et s’était éclaté sur le sol. Je me levais en sursaut, en haletant, et me précipitant dans la cuisine, en allumant toutes les lumières sur mon passage. Mais une fois arrivée dans la cuisine, je ne pus que constater que le placard était parfaitement en place et de plus était fermé. Tout était « normal » dans la cuisine. Cependant, je n’avais pas rêvé, j’avais bien entendu ce raffut assourdissant en pleine nuit. Je n’avais pas pu tout inventer. C’est impossible.

 

D’autres nuits, je pouvais entendre le bruit de l’interrupteur du salon avec son «CLIC» incessant, c’était d’ailleurs, le seul interrupteur de la maison qui faisait du bruits, les autres ayant été changés avec les nouveaux interrupteurs silencieux de la marque Legrand, une véritable innovation à l’époque. D’autres nuits, j’entendais des grincements des portes, des chuchotements ; des gémissements et d’autres bruits inexplicables et bizarres me réveillaient en pleine nuit.

 

Le plus étrange, était que le comportement de tous les habitants de la maison avait changé. Nous étions tous fatigués, les cernes de mes parents se dessinaient sur leur visage, même après une bonne nuit de sommeil, nous n’arrivions pas à nous reposer, mes parents prenaient même des comprimés pour dormir à base de valériane et d’aubépine. Nous étions tous sur les nerfs et à cran, des disputes éclataient dans cette maison à n’importe quel moment de la journée, pour des sujets le plus souvent absurdes.

 

C’est d’ailleurs à partir de ce moment-là que les finances de mes parents ont commencé à se détériorer de manière radicale. Ma mère avait sacrifié sa carrière professionnelle pour s’occuper de nous éduquer et mon père pourtant militaire de carrière avait pourtant une solde correcte. Cependant, du jour au lendemain, le salaire et les prestations familiales se désintégraient comme par magie. Je me souviens également qu’un majestueux pin des Landes planté par mon père lors de la construction, en poussant avait percé la conduite d’eau juste après le compteur, entraînant une facture pharaonique, que la fosse septique se bouchait plusieurs fois par an, notre chat se faisant renverser par une voiture arborant une queue à vif sans son fourreau, laissant apparaître des muscles et des vertèbres, vision d’horreur nous obligeant à le faire opérer chez le vétérinaire, les problèmes avec un banquier odieux et despotique, rejetant des chèques sans raison et j’en passe.

 

Un jour, alors que mon père qui venait d’achever la construction d’un abri de jardin, il a bien failli mourir le lendemain d’un jour de pluie, électrocuté dans une flaque par un câble électrique, qui s’était dénudé de manière totalement inexpliquée. Je ne sais toujours pas comment il a fait pour s’en sortir tout seul, puisque nous étions tous à l’intérieur de la maison. Je me souviens juste, de voir mon père complètement affaibli, titubant, nous racontant sa mésaventure, sans savoir comment il avait pu échapper à la mort.

 

 

 

II – MES RENCONTRES AVEC LES MORTS ET L’AUTRE MONDE

 

 

La toute première expérience, du moins, celle dont j’ai un souvenir impérissable s’est déroulée le 24 décembre 1981, alors que je n’avais que 5 ans. Nous dormions dans la même chambre ma sœur et moi et ce soir-là, notre mère nous avait bordées, comme tous les soirs en insistant sur le fait de bien rester au lit, afin de ne pas déranger le travail du père Noël. Elle nous avait même menacées de ne pas avoir de jouets sous le sapin si nous sortions de notre lit.

 

 

Encore moi à l’âge de 5 ans.

J’ai d’ailleurs toujours une coupe de cheveux aléatoire.

 

 

Notre appartement se trouvait dans un immeuble militaire situé en bout des pistes de décollage des avions de chasse de l’armée de l’air de la BA 113, sur la ville de Saint-Dizier au onzième étage, sans cheminée. Donc logiquement, le Père Noël était obligé de passer par la porte d’entrée, longer le couloir qui passait devant la cuisine et devant le long couloir qui mène aux chambres, afin de mettre les cadeaux sous le sapin qui se trouvait dans la salle à manger. J’avais étudié toutes les possibilités la journée du 24 décembre.

 

Tous les dessins animés et les livres représentant le Père Noël que j’avais vus jusqu’à ce jour, le montraient dans son traîneau descendant et passant par la cheminée afin de déposer les cadeaux des enfants sages, buvant un verre de lait et manger un petit gâteau. Mais chez nous, ce n’était pas possible. Il est vrai, que j’ai toujours aimé vérifier les faits par moi-même, alors, ayant attendu un petit moment afin de ne pas éveiller les soupçons de mes parents et me faire réprimander, je me levais en catimini, bien décidée à attendre quitte à veiller toute la nuit dans le coin du couloir, du moins, jusqu’à ce que mes parents aillent au lit afin de ne pas me faire prendre. J’avais été (presque) sage et je voulais être certaine d’avoir des cadeaux et surtout la marchande dont j’avais toujours rêvé et que j’avais commandée. Je faisais attention à ne pas faire le moindre bruit, puisque mes parents regardaient encore la télévision dans le salon et que je voulais avoir ma marchande.

 

Le temps pour un enfant est tout à fait relatif, puisque je ne me souviens pas combien de temps j’ai attendu cachée dans le coin du couloir sans faire de bruit alors que la lumière brillait dans le salon. Tout à coup, je vis un inconnu, un homme blanc grand et mince traverser le couloir à pas feutrés. Il venait de la porte d’entrée et se dirigeait vers le salon, il allait en direction du sapin de Noël. J’étais tout excitée, même s’il ne ressemblait pas du tout à l’image que je me faisais de cet homme à la barbe blanche, corpulent et habillé de rouge, puisqu’il portait un jean à pattes d’éléphant, une chemise à carreaux et une paire de baskets déchirées, mais pour moi, c’était LUI.

 

Il n’y avait aucun doute, puisque personne n’avait frappé à la porte, personne n’avait sonné et surtout mes parents étaient toujours dans le salon à regarder la télévision. Peut-être qu’ils étaient en train de lui donner un coup de main, un lutin peut-être ?

 

A ce moment précis, j’ai couru le sourire aux lèvres et l’air conquérant dans ma chambre, j’ai sauté, puis je me suis jetée dans mon lit en disant tout excitée à ma petite sœur, toujours bien calée dans son lit que j’avais vu le Père Noël et que nous aurions toutes les deux des cadeaux au réveil. Je m’endormis paisiblement, impatiente d’attendre que le soleil se lève pour ouvrir mes cadeaux.

 

Au petit matin, je courus dans le salon, afin de vérifier que le Père Noël avait bien laissé des cadeaux pour moi et « Ils » étaient là ! Mon petit cerveau était en pleine ébullition, je n’avais plus qu’une idée en tête, je devais les ouvrir. Puis, je me suis dirigée en courant dans la chambre de mes parents pour les réveiller, j’ai sauté sur leur lit, pour leur avouer mon action d’espionnage nocturne de la veille. Je leur avais

 

Ma petite sœur et moi en train de jouer avec la marchande que j’avais commandée au Père-Noël ce fameux 25 décembre.

 

dit que j’avais vu quelqu’un traverser le couloir dans la nuit et que je savais que le Père Noël était venu dans notre appartement et que même sans cheminée, il passait. A ce moment-là, mes parents se sont regardés longuement et m’ont assuré que personne n’était venu chez nous la nuit dernière. Peu importe, j’avais eu la marchande dont j’avais toujours rêvé, donc leur tentative d’explication était restée vaine.

 

*****

 

Lors de mon entrée au cours élémentaire première année, nous avons déménagé sur le bassin d’Arcachon, pour nous rapprocher des familles de mes parents, un retour aux sources, suite à la mutation de notre père sur la B. A. 106 de Mérignac et avons atterri dans une maison de location dans la même rue que mes grands-parents maternels.

 

Nous logions dans une maison située au fond du jardin de M. et Mme S. pendant le temps de la construction de notre nouvelle maison. Dans cette demeure, mon petit frère et mes parents avaient leur chambre et je partageais la mienne avec ma sœur cadette. Une grande chambre tout en longueurs, très souvent en bazar à cause des poupées et autres jouets que nous avions toutes les deux. Cette grande chambre, avait une commodité supplémentaire avec un cagibi de toilette sans porte au fond à gauche. Cette salle d’eau possédait une fenêtre en verre granuleux et teinté de blanc, laissant passer la lumière du jour et de la lune.

 

Je ne pouvais pas me l’expliquer, mais plus les jours passaient, plus je détestais cet endroit, il me terrorisait. A chaque fois que j’étais dans ma chambre, mon regard était irrémédiablement attiré par le cabinet de toilette. J’éprouvais une angoisse indescriptible à chaque fois que je m’en approchais. J’y allais pourtant, le soir pour me brosser les dents, mais j’en avais peur.

 

Une nuit de pleine lune sans nuages, qui pouvait illuminer la fenêtre opaque du cabinet de toilette, je ne dormais pas, à cause du chant mélodieux digne d’une scierie, fort et puissant des ronflements cadencés de ma petite sœur. Entre deux « respirations », j’entendis soudain un bruit sourd provenant du cabinet de toilette, comme si quelqu’un était tombé ou s’était affalé de tout son long au sol. Ce bruit me fit sursauter, et je m’enfouis immédiatement sous mes draps en tremblant le cœur battant. Je finis par sortir ma tête de mon sanctuaire, pour reprendre mon souffle tout en jetant un œil vers « l’endroit ». Tout à coup, je vis des longs doigts grisâtres, arthritiques et squelettiques, qui, un à un sortaient du cagibi lentement, comme pour prolonger mon agonie, s’agrippant sur l’encadrement de la porte. C’en était trop pour mon jeune âge, j’étais complètement terrorisée, puis tout à coup un buste sorti de ce cagibi, comme un clown sort de sa boîte, me regardant avec ses yeux creux et vides. Des larmes lourdes roulèrent sur mes joues et je me mis immédiatement à hurler en pleine nuit : « - Ahhhhh ! Papa ! Maman ! un squelette ! Au secours ! ».

 

Mon père entra comme un éclair dans notre chambre, alluma l’ampoule du salon pour créer un peu de clarté dans la chambre et me demanda ce qui se passait. Je pleurais à chaudes larmes, je sanglotais toujours, balbutiant, en essayant tant bien que mal d’expliquer à mon père que j’avais vu un squelette sortir du cabinet de toilette et qu’à cause de la lune, je l’avais bien vu. Il entra dans la chambre, alluma cette petite pièce, puis vérifia. Il me dit :

 

« - Il n’y a rien, tu as probablement fait un mauvais rêve.

- Non papa, je n’ai pas rêvé, je te jure, j’ai vu un squelette (entre mes sanglots)
- Il n’y a rien, viens voir par toi-même, c’est ton imagination
- Non papa, je te promets que j’ai vu un squelette (mes larmes coulaient de plus belle)
- Maintenant, tu dors, je suis fatigué et il est tard
- Non, je ne veux plus dormir ici
- Tu dors ou tu prends une fessée
- Non, j’ai peur.
- Ça suffit, lève-toi que je te mette une fessée. Lève-toi, je te dis. »

 

Je lui fis non de la tête en ravalant mes sanglots et en essuyant mes larmes avec mon drap.

 

L’idée de me prendre une fessée en pleine nuit, ne me ravissait pas tant que cela et je me suis donc résignée à rester au lit et promettre à mon père de ne plus le réveiller. Il quitta ma chambre et je décidais de tourner le dos au cabinet de toilette et d’essayer de m’endormir tout en sachant pertinemment que je n’avais pas rêvé.

 

Ce squelette revenait de manière régulière la nuit pour m’épouvanter. Le fait de ne pas avoir la possibilité d’anticiper ses visites rendait mes nuits plus compliquées les unes des autres, mais l’optique d’avoir une fessée par mon père ne me ravissait pas le moins du monde, donc, je ne disais plus rien, me résignant et pleurant seule dans mon lit en me cachant sous mes couvertures.

 

Je dois avouer que dans mon malheur nocturne, j’avais quand même de la chance, car le squelette en question restait toujours dans l’encadrement du cabinet de toilette et ne se déplaçait pas dans ma chambre jusqu’à mon lit, comme si un champ de force l’en empêchait. J’avais une peur immense de le retrouver au pied de mon lit, ou pire, à mon chevet en ouvrant les yeux.

 

C’est à ce moment précis, que j’ai réalisé que je ne pourrais compter sur personne d’autre que moi. A seulement 7 ans, je pris conscience que j’étais la seule personne qui pourrais m’aider.

 

J’étais seule.

 

*****

 

Nous avons enfin déménagé et quitté notre maison de location, lorsque j’eus atteint mes huit ans, pour nous installer dans la nouvelle maison de mes parents et tout rentra dans l’ordre.

 

Ce n’est que vers l’âge de douze/treize ans, que tout a basculé pour moi. Cette année 1988 a été particulièrement meurtrière et difficile pour l’intégralité de notre famille. Je perdis mon grand-père âgé de seulement 55 ans d’une insuffisance cardiaque, le lendemain de l’anniversaire de ma maman et seulement deux mois plus tard, nous perdions mon oncle et mon cousin de 8 ans dans un tragique accident de voiture. Je me souviens encore du coup de fil reçu ce soir du mois de mars 1988 à 20 h 30. Le visage de ma mère d’abord souriant, se figeât, son regard horrifié, le ton de sa voix étranglée, ses yeux écarquillés. Elle raccrocha le combiné marron du téléphone lentement, comme pour lui laisser le temps d’assimiler l’information qu’elle venait de recevoir. Je me souviens encore de son regard triste et vide. Elle reprit ses esprits et sortit de manière machinale « Tonton a eu un accident. Je pars et je rentrerai tard. Soyez sages et ne vous couchez pas trop tard !». Et son départ en trombe de la maison.

 

Le lendemain matin, mes parents étaient « normaux » au petit déjeuner et lorsque je posais des questions sur ce qui était arrivé la veille, ma mère restait évasive. Mes parents eurent une discussion avec nos professeurs respectifs avant le début des cours et je trouvais cela très louche. Mon instituteur était étrangement gentil avec moi, lui habituellement bourru et sec. J’avais récolté une bonne vingtaine de bons points, moi qui habituellement peinais à en avoir un ou deux par semaine. Je trouvais cette gentillesse et cette charité suspecte.

 

Après l’école, ils nous emmenèrent mon frère, ma sœur et moi, sur la plage du lac de la Madeleine, notre parc de jeux préféré. Ils nous réunirent en cercle, assis sur le sable. Ma mère pris la parole :

 

« - Hier soir, Tonton a eu un accident. Il n’était pas seul dans la voiture. Il y avait vos trois cousins.

- Comment ils vont ? Dis-je, mon cœur et mon esprits remplis de panique.
- J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Tonton et votre cousin sont morts dans l’accident. Vos deux cousines ont été transférées à l’hôpital de Bordeaux dans un état très grave et ont été opérées en urgence toutes les deux, mais elles sont vivantes. »

 

Nous nous sommes tous mis à pleurer en nous prenant dans les bras, puis nous avons quitté la plage pour rentrer à la maison en silence.

 

Au mois de juillet suivant, nos parents nous ont une nouvelle fois convoqués dans le salon cette fois-ci. Tout le monde se regardait en chien de faïence, sans mot dire. Après quelques instants, qui parurent une éternité, ma mère prit la parole :

 

« - On a une mauvaise nouvelle à vous annoncer.

- Bon, qui est mort cette fois-ci ? Dis-je en colère.
- Personne.
- Alors pourquoi on est là ?
- Eh bien les enfants, je ne sais pas comment vous l’annoncer. Je suis enceinte. Vous allez avoir un petit frère ou une petite sœur en février prochain.

Mon père rajouta :

- Nous allons devoir faire des travaux dans la maison pour accueillir le nouveau membre de la famille. Je vais faire des travaux dans le garage et vous construire à ta sœur et toi, une nouvelle chambre. Vous verrez, ce sera super. J’ai déjà plein d’idées. »

 

Moi à l’âge de 14 ans.

Je louche toujours aussi bien aujourd’hui !

 

 

Dès le début des travaux, les problèmes ont débuté et les fantômes ont réapparu…

 

Une nuit d’hiver, alors que la cheminée éclairait le couloir ainsi que la porte de ma chambre ouverte, pour profiter de la chaleur de la maison, je fus réveillée en sursaut par notre chat noir prénommé « Johnny » qui avait décidé de finir la nuit sur mon lit. Immédiatement après, je vis une ombre se dessiner sur la porte de ma chambre avec la lumière de la cheminée. Il avait une coiffe d’indien gigantesque, il fit demi-tour et disparut dans l’obscurité. Je ne pouvais pas avoir rêvé puisque mon chat m’avait réveillée juste avant son apparition. Le fantôme d’un Indien d’Amérique dans mon couloir ? Il est bien loin de sa terre natale !

 

Je décidais d’ignorer ce que je venais de voir, de me retourner et de finir ma nuit.

 

C’est de là que j’ai développé ma faculté à m’endormir en moins de 20 secondes.

 

 

*****

 

Mon père avait construit notre chambre à ma sœur et moi de ses propres mains dans notre ancien garage. Il l’avait partagée en trois parties. Mon père s’était conservé un emplacement de stockage, souvent désordonné avec l’accès par le jardin conservant ainsi la porte du garage installée depuis de nombreuses années avec l’aide de mon grand-père paternel. Il avait construit une chambre avec mezzanine pour moi et avait habilement créé un accès dans le prolongement du couloir déjà existant. Nous avions une immense chambre, les murs de le mienne était blancs et celle du bas étaient couvert d’une épaisse tapisserie murale bleue avec une grande hauteur sous plafond. Sous la mezzanine, mes parents nous avaient créé un petit coin salon avec un poste de télévision (rien qu’à nous) et une banquette réalisée avec de vieux matelas recouverts d’une couverture.

 

Dès les premiers jours de notre installation, il commençait à se passer des choses bizarres, l’atmosphère était lourde. Je pensais que c’était à cause de la hauteur vertigineuse de notre chambre, le fait que j’étais encore avec ma sœur avec laquelle je me chamaillais souvent.

 

Dès la première nuit, réveillée par le chant mélodieux des ronflements intempestifs de ma sœur. Je tournais et virais dans mon lit, cherchant désespérément le sommeil, puisque ma tentative de la réveiller en lui jetant mon chausson dessus, avait échoué. Il faut dire, que je suis loin d’être un tireur d’élite.