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À une époque où les crises diverses et imprévues se succèdent, les conditions de travail sont un sujet permanent d’interrogations pour les collaborateurs. Pour permettre d’avoir une vision globale du management, Mémoires d’un manager mêle des conseils pratiques et des anecdotes vécues par Nicolas Gusdorf, l'auteur. Comment mettre tous ses atouts de son côté ? Comment éviter les chausse-trappes ? Trouvez les réponses à ces questions dans ce livre.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Au gré de plusieurs décennies d’expérience dans des compagnies d’assurance en France et à l’international,
Nicolas Gusdorf a eu à résoudre de multiples problématiques et à diriger de très nombreuses équipes de collaborateurs de tous niveaux. Avec
Mémoires d’un manager, il met en avant le condensé de sa connaissance du domaine.
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Seitenzahl: 211
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Nicolas Gusdorf
Mémoires d’un manager
© Lys Bleu Éditions –Nicolas Gusdorf
ISBN : 979-10-377-7622-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À l’attention de Raphaël, Laurent et Véronique
Le management est un thème de réflexion universel et permanent. Combien d’ouvrages ont été écrits, de séminaires ont été organisés pour tenter d’en percer tous les secrets. Les réflexions qui sont dans ce livre n’ont pas vocation à révolutionner cet art – car il s’agit bien d’un art –.
Elles ne sont que le fruit d’une expérience que j’ai eu, que j’ai, la chance de vivre avec beaucoup de bonheurs partagés.
Tout ce que vous lirez dans ces pages n’a rien de scientifique. Mon objectif est seulement d’essayer de donner des pistes à de jeunes gens qui démarrent une carrière, ou à des cadres qui se posent des questions sur leur avenir.
Au cours de ces 40 dernières années, j’ai assisté à des bouleversements très importants.
La financiarisation de l’économie a incontestablement influencé les techniques managériales : avec l’obsession de diminuer les coûts, on est passé du tout humain au tout process, du management affectif à un management qui se veut scientifique, avec des effets positifs et négatifs.
Les chiffres, les reportings, les enquêtes de toutes natures ont certes permis une approche plus objective des performances des collaborateurs, mais ils ont dans le même temps contraint les managers à renforcer les relations humaines pour maintenir un climat social acceptable.
La violence des crises économiques, la surprise des crises sanitaires, que nous avons traversées a engendré des inquiétudes et, parfois, du désespoir.
Pour moi qui ai commencé à travailler dans les trente glorieuses, le travail ne posait pas de problème à celui qui voulait travailler, ce qui était le cas de la plupart des jeunes gens. Il y en avait pour tout le monde !
On ignorait tout de l’indemnisation du chômage car on ne le craignait pas. On se posait moins la question de sa carrière car on entrait dans une entreprise comme en religion, avec une trajectoire définie à l’avance dans une filière précise.
Lorsque, après bien des péripéties et des échecs quelque peu traumatisants, je suis entré dans une grande compagnie d’assurances pour vendre des contrats d’assurance-vie et de capitalisation, l’itinéraire était sélectif mais tout tracé : après une formation d’un mois, on commençait comme vendeur, poste dans lequel d’ailleurs on pouvait faire toute sa carrière. Si on en avait la volonté, on pouvait suivre ensuite une formation interne qui menait à un poste d’inspecteur départemental, chargé d’encadrer une équipe de vendeurs et de gestionnaires de portefeuille. Et enfin, le graal était le poste d’inspecteur général, celui qui pilotait toute une région.
C’était un système de vente pyramidal, un de ces modèles que l’on a beaucoup critiqués ensuite, mais qui était d’une redoutable efficacité commerciale, et qui constituait un ascenseur social exceptionnel pour des collaborateurs sans qualification qui se découvraient des talents commerciaux.
Et le juge de paix était objectif : les chiffres d’affaires réalisés étaient le premier critère. L’appréciation des autres qualités de tel ou tel relevait de l’inspecteur, qui avait pour mission de détecter des talents susceptibles de préparer les réseaux de demain.
Quand je suis entré dans ce réseau, j’étais ambitieux et je me voyais effectuer un parcours qui devait me mener à un poste d’inspecteur départemental a minima ; je n’osais espérer devenir inspecteur général, mais j’étais décidé à tout tenter. Rien ne se passa comme prévu, et j’ai eu l’occasion de changer de cap, toujours dans l’univers de l’assurance, et d’embrasser de nombreux postes très différents pour mon plus grand bonheur, avant de créer mon entreprise.
Tout cela avec un diplôme universitaire de latin ! Et quelques échecs cuisants pourcommencer ! Mais, à cause de tous ces avatars, une humilité, unevolonté de me battre, une curiosité et une persévérance de tous les instants.
J’espère que les réflexions contenues dans ce livre donneront au lecteur l’optimisme et une positive attitude, comportements qui seuls permettent de construire un parcours professionnel non seulement réussi mais heureux.
Le métier d’acteur fascine tout le monde. Qui n’a pas rêvé d’être Alain Delon ou Jean-Paul Belmondo, Brad Pitt ou Leonardo Di Caprio, Catherine Deneuve ou Brigitte Bardot, Angelina Jolie ou Sharon Stone ? Par-delà leur physique généralement avantageux, mais difficile à égaler, c’est leur personnalité qui attire ; leur capacité à se fondre dans le caractère d’un personnage qui leur est totalement étranger, pour jouer un rôle à la scène ou à l’écran.
Mais ce mot a une autre définition selon le Petit Robert : « personne qui prend une part active, joue un rôle important ». Ce qui nous ramène à notre sujet.
En effet, il existe plusieurs manières d’appréhender sa vie : le plus simple, c’est de se contenter de cultiver notre jardin, selon la formule de Voltaire au chapitre 30 de Candide (1759) : face à Pangloss qui prétend que le bonheur est de vivre dans un luxueux château sans rien faire, Candide défend la thèse d’une vie modeste en cultivant son jardin.
Aujourd’hui, c’est s’installer dans un confort de vie tranquille, faire son travail, tout son travail mais rien que son travail, et conduire ainsi une carrière sereine sans jamais sortir de sa zone de confort.
Tout au long de ces pages, le lecteur pourra s’apercevoir que je suis en totale opposition avec ce comportement. En effet, la vie est passionnante à condition de la conduire en prenant une part active, en jouant un rôle important. C’est ainsi que je crois avoir mené ma vie, tant personnelle que professionnelle, au risque de choquer parfois ceux qui estimaient inutile de mener autant de combats, de s’engager pour autant de causes.
C’est sans doute mon père qui m’a inculqué ces traits de caractère.
En effet, il était un révolté, un résistant, comme il l’a démontré pendant la 2e guerre mondiale où, après avoir combattu comme officier dans les Ardennes pour sauver un bataillon décimé par l’ennemi, il a été fait prisonnier, et est resté 5 ans en Allemagne, ballotté de camp en camp. En effet, les Allemands, contraints par la Convention de Genève de traiter les officiers convenablement, n’en craignaient pas moins que ceux-ci fomentent une révolte, et les déplaçaient régulièrement pour des raisons de sécurité.
Mais de tout cela, comme beaucoup de combattants, mon père n’a jamais parlé. Si donc j’ai pu comprendre son caractère, c’est au travers de ses prises de position quotidiennes, en politique ou dans la vie associative.
Propriétaire d’une maison sur le Bassin d’Arcachon, où il avait passé toute son enfance à crapahuter avec les scouts au bord de l’océan ou dans la forêt landaise, il était très attaché à cet endroit, et tenait à le préserver de l’appétit des promoteurs de tous poils qui rêvaient de construire à tout va des immeubles pour rentabiliser leurs investissements fonciers.
J’étais encore adolescent quand il fut décidé de construire un gigantesque égout susceptible de rejeter dans l’océan toutes les eaux usées de la région, au premier rang desquelles les rejets d’une usine de pâte à papier, la Cellulose du Pin.
Ni une ni deux, mon père décida de mener la fronde contre ce projet, et m’emmena la nuit peindre des slogans hostiles sur la route qui passait à proximité, et le jour distribuer des tracts et faire signer des pétitions sur le site.
Dans la lignée de cette action, il décida, en 1969, de créer, avec quelques amis, une association de défense de ce site exceptionnel. Cette association, l’Association de Défense et de Promotion de Pyla sur Mer, existe toujours, plus de 50 ans après sa création. Et l’on peut sans modestie dire que c’est à elle, à ses combats incessants contre des élus voraces et peu soucieux de laisser derrière eux un paysage de verdure sereine, que l’on doit le Pyla d’aujourd’hui, un village sous les pins qui a résisté à toutes les pressions foncières qui se sont succédé et qui existent toujours.
C’est ainsi que mon père me donna l’exemple de ce qu’il fallait faire si l’on voulait être acteur de sa vie. Alors que la plupart des gens restent indifférents à ce qui les entoure, l’acteur de sa vie doit prendre en main certains sujets, souvent seul contre tous, et se charger, pour le compte d’autrui, de mettre en évidence les incohérences des projets qui ne conviennent pas à l’intérêt général.
J’ai repris ce flambeau sur ce territoire de vacances, mais j’ai aussi défendu ailleurs plusieurs causes qui me tenaient à cœur : l’implantation d’un petit parc aquatique en région parisienne, présenté par le maire de la commune comme une opportunité exceptionnelle de construire une piscine aux frais d’un opérateur privé : ce parc aquatique fut en effet géré par l’opérateur pendant 2 ans, confié ensuite à la gestion communale pour cause de fréquentation insuffisante et donc de déficit chronique, et fermé 3 ans plus tard, pour être remplacé par un lotissement. Un gâchis considérable pour un projet qui n’avait aucune chance de réussir à cet endroit, ne serait-ce que pour des raisons climatiques !
À Paris, j’ai créé une association pour défendre les intérêts des riverains d’un gros projet immobilier : la création d’un écoquartier sur le site d’un ancien hôpital, écoquartier sans espaces verts et promis à une ghettoïsation probable étant donné son enclavement et l’absence de mixité attendue en raison des profils trop homogènes des futurs habitants.
En revanche, contrairement aux sollicitations de nombre de mes amis, je ne me suis pas engagé en politique. Car, à la différence des hommes politiques souvent guidés par une idéologie rigide et sectaire, ces combats, je les mène en toute liberté, au nom de ma dignité, au nom de l’avenir de mes enfants et petits-enfants, sans aucune idéologie, avec le seul souci de l’intérêt général et du bien vivre ensemble, cette expression tarte à la crème, leitmotiv des politiques d’aujourd’hui.
Et au risque de prendre des coups ! Avoir mon nom et ma photo assortis de qualificatifs diffamatoires, même à la une d’une feuille de chou locale ou sur les réseaux sociaux, cela ne fait jamais plaisir ! Mais cela fait partie du jeu, il faut s’y attendre et l’accepter.
Je constate d’ailleurs que cette attitude se manifeste dans la vie privée comme dans la vie professionnelle. Bien souvent, celui qui est acteur dans sa vie privée l’est aussi dans sa vie professionnelle.
En effet, dans la vie professionnelle, il en va de même. Un parcours n’est jamais uniforme, n’est jamais tout tracé. On ne rentre plus en entreprise comme on entre en religion, car le monde est trop changeant et l’avenir trop incertain. Ce qui ne doit pas être une source d’inquiétude ! Car ces changements recèlent des opportunités que l’on pourra saisir si on en a la volonté !
On est certes recruté pour occuper un poste défini. À chacun de nous de faire tous les efforts pour réussir cette première étape. Mais après… Tout change si vite qu’il faut en permanence observer les mutations, ce qu’elles préparent pour demain, et quelle place on pourra y occuper.
C’est ça être acteur de sa vie, c’est ne pas se contenter d’être spectateur. C’est être curieux, être aux aguets, ouvrir les yeux sur son entreprise mais aussi sur le marché, sur les concurrents qui sont des employeurs potentiels de demain, nous permettant peut-être de franchir chez eux des étapes que l’on ne peut pas franchir dans son entreprise ; nous permettant aussi de nous remettre en question en tentant de nouvelles expériences, et, pourquoi pas, de créer notre propre affaire.
Arriver à un poste de direction d’équipe, c’est abandonner l’égocentrisme qui caractérise le collaborateur ordinaire, c’est incontestablement adopter un comportement teinté d’altruisme. Mot trop fort, notion galvaudée à notre époque ? Étymologiquement, être altruiste – du latin alter, autre – c’est être tourné vers les autres, c’est penser aux autres, c’est leur accorder de la reconnaissance et de la considération.
Bien sûr, cette attitude n’est pas totalement désintéressée, puisqu’elle a pour objectif de faire mieux travailler ses équipes. Il n’en reste pas moins vrai qu’un patron qui ne s’occupe que de lui ne peut pas s’imposer comme leader.
En effet, un bon dirigeant ne passe pas ses journées enfermé dans son bureau. Sa porte doit être ouverte, sans pour autant que son bureau devienne un couloir ouvert à tous à tout moment ; mais lui-même doit savoir manifester ainsi sa présence et ne pas craindre de rencontrer les autres.
Car ils ont besoin de leur chef, tous les collaborateurs d’une entreprise, besoin de ses conseils, de ses avis, de sa présence. Ils passent sur leur lieu de travail autant de temps que chez eux, ils s’impliquent dans leur vie professionnelle autant que dans leur vie personnelle, et ils y rencontrent les mêmes doutes.
Il n’est pas possible de diriger une équipe sans se préoccuper de ses problèmes : les problèmes quotidiens du métier amènent leur lot de questions, ce sont les plus faciles à régler. Mais d’autres interrogations surviennent : l’avenir, la carrière, l’évolution de l’entreprise, il faut sans arrêt rassurer.
La santé, les problèmes quotidiens interfèrent sur l’activité professionnelle, il est impossible d’en faire abstraction. Le dirigeant est ainsi amené à apporter des réponses, voire à trouver des solutions à des questions qui dépassent le cadre de l’entreprise, et qui renforcent les liens entre les hommes. C’est ainsi que l’on crée une équipe.
Les hommes ont besoin d’être dirigés, et on ne peut pas les diriger sans les aider. Aide morale bien sûr, aide matérielle parfois, aide professionnelle aussi : les hommes doivent évoluer dans leurs fonctions et c’est le rôle du dirigeant de les stimuler, conscient qu’il doit être que faire évoluer ses collaborateurs, c’est bien sûr les rendre heureux mais cela permet aussi de favoriser sa propre évolution.
L’ambition du manager passe par sa capacité et sa volonté de favoriser la carrière de ses hommes. Il n’est pas d’exemple de chef qui réussisse à atteindre les sommets s’il ne se préoccupe pas de ses troupes. Et c’est ici qu’apparaît tout l’intérêt du comportement altruiste : aide les autres et les autres t’aideront.
De l’altruisme, il en faut aussi si l’on veut étendre son champ de responsabilités.
J’ai eu le privilège de présider pendant 15 ans la branche professionnelle de l’assistance : c’est 25 % de mon temps que j’ai passé à agir pour le bien de l’ensemble des sociétés d’assistance : fédérer les dirigeants, stimuler les énergies, impulser des domaines de réflexion nouveaux sans pour autant franchir la ligne jaune des sujets relevant du domaine de la concurrence, entretenir un climat de convivialité entre des acteurs redoutablement concurrents entre eux, oublier ses intérêts propres pour mettre au premier plan les intérêts de la collectivité… Ce ne fut pas toujours facile ! Mais quel enrichissement ! Que de contacts cette fonction m’a apportés !
Je ne saurais trop recommander à chacun, s’il en a l’occasion, de prendre des fonctions professionnelles complémentaires à ses tâches quotidiennes. À condition d’avoir un tempérament altruiste !
L’ambition
Tiré du mot latin ambitio, du verbe ambire, entourer, briguer, le mot ambition désigne le désir : désir de gloire, désir de posséder, désir de réussite sociale.
Ces désirs sont positifs, et inhérents à la nature humaine. Sous réserve de les dompter !
Car, comme dit Montesquieu dans ses Pensées : « un homme n’est pas malheureux parce qu’il a de l’ambition, mais parce qu’il en est dévoré. »
C’est là toute la subtilité de ce sentiment. Car si être ambitieux est quelque chose de positif, l’ambition peut rapidement devenir une souffrance si elle n’est pas maîtrisée.
Entrer dans la vie professionnelle sans ambition, c’est se condamner à se satisfaire de postes sans envergure. C’est donc une qualité que d’être ambitieux.
Lorsque, après quelques échecs dans la voie que mes parents avaient tracée pour moi, j’ai pris en main mon destin, j’ai décidé d’effacer cette triste période. Le hasard m’a amené à vendre au porte-à-porte des contrats d’assurance-vie et de placements. À ce moment-là, j’ai eu conscience de commencer ma vie professionnelle à un poste qui ne correspondait pas totalement à mes capacités.
Mais je devais me rendre à l’évidence : avec en poche un diplôme de lettres classiques, que l’on qualifierait certes aujourd’hui de master 2 mais dans une discipline menant exclusivement à l’enseignement, avec en plus dans mes études universitaires la période troublée de mai 68, qui n’était pas véritablement une ode au travail, je ne pesais absolument rien sur le marché. Il me fallait donc faire mes preuves, apprendre un métier nouveau et prouver que j’avais les capacités nécessaires pour l’exercer.
Et, en vérité, ces contraintes ont été bénéfiques, car je dois dire que j’ai tout de suite pris goût à la vente, à la nécessité de convaincre, et que mes résultats ont été immédiats.
Mes échecs m’ont permis de découvrir un univers à mille lieues de celui dans lequel j’avais évolué, mais dans lequel je me suis senti à l’aise. Et si le vendeur est heureux, le client aura tendance à acheter plus facilement !
En revanche, j’ai, dès mes débuts, envisagé la suite !
Dans le réseau que j’avais intégré, le parcours était tout tracé pour ceux qui voulaient progresser, puisque le poste à conquérir était celui d’inspecteur du cadre, l’homme qui pilotait une équipe de commerciaux généralistes et spécialisés, responsables d’un portefeuille de clients sur un département.
Dès que j’ai commencé à faire mes preuves, j’en ai parlé à mon inspecteur, et lui ai demandé d’envisager de me faire suivre rapidement la formation interne qui menait aux postes de cadres.
Grâce à son expérience et son flair, cet autodidacte rusé a compris tout de suite l’intérêt qu’il avait, ne serait-ce que pour son image personnelle de recruteur de talent, à accéder à ma demande. Et il a tenu parole, car, deux ans plus tard, je commençais à entrer dans un cursus fort bien fait, alternant cours théoriques et stages pratiques, avant de passer le concours d’inspecteur, le passeport pour l’avenir.
Quel moteur sinon l’ambition ?
Mais encore faut-il savoir la présenter sous un jour favorable :
Mon parcours s’est ensuite modifié : il a connu des inflexions imprévues liées à des rencontres et à des événements totalement extérieurs à ma volonté, des perches que l’on m’a tendues et dont j’ai eu la chance de ne saisir que les plus fructueuses.
Après l’inspectorat, j’ai été formateur commercial, producteur de télévision d’entreprise, puis j’ai découvert les métiers des services associés aux contrats d’assurance, que j’ai fini par diriger pour le compte d’un grand groupe mutualiste d’assurance.
Ma carrière atypique peut apparaître comme étrange en France, où les parcours sont plutôt fonction de la formation initiale suivie – plus mon école est prestigieuse, plus j’irai loin ! –, mais il est classique dans un pays comme l’Allemagne, où la plupart des dirigeants sont passés par tous les niveaux de leur entreprise.
C’est donc plus la personnalité de l’individu, ses capacités, son appétit de réussir, bref son ambition, qui conditionnent le déroulé de sa carrière.
Que tous ceux qui, pour des raisons diverses, n’ont pas réussi des études aussi brillantes qu’ils l’auraient souhaité ne se découragent donc pas ! Qu’ils s’appliquent à construire leur avenir en mettant en valeur leurs atouts personnels !
C’est un peu plus compliqué que pour les gens surdoués, mais c’est sans doute plus passionnant, et très gratifiant de ne devoir sa réussite qu’à sa persévérance et à son flair.
Quelle drôle d’idée, allez-vous penser, que de parler d’amour dans un livre consacré au management ?
Et pourtant, l’amour est aussi un sujet dans les entreprises.
Un sujet parce que c’est à son travail que l’on passe le plus de temps ; parce que c’est à son travail que l’on rencontre le plus de monde ; parce que, à son travail comme dans sa vie privée, on a envie de se faire aimer par ses collègues ou ses supérieurs.
Et cette envie est souvent la cause de bien des problèmes. Les liaisons clandestines entretenues au travail avec tel ou telle collègue sont le plus souvent très pénalisantes. En effet, elles peuvent apporter fréquemment déconcentration et modification des comportements pour celui ou celle qui en est la victime, et donc la clandestinité ne dure pas longtemps.
Cela devient aussi un problème d’image à l’intérieur de l’entreprise. Ces liaisons sont appréciées différemment par les uns ou les autres : les capacités de séduction provoquent l’admiration de certains ou certaines, mais le reproche d’autres qui ne voudraient ou ne pourraient pas en faire autant.
Lorsqu’une liaison d’un manager est connue du marché, c’est l’image de l’entreprise qui est touchée ; pas forcément de manière très négative d’ailleurs, mais plutôt par l’ironie des commentateurs qui font des gorges chaudes de l’atmosphère courtelinesque qui y règne et ne se privent pas d’en parler dans tous les déjeuners en ville, fiers de connaître les secrets d’alcôve des dirigeants.
Ce genre de situation est donc difficile à gérer.
Car si deux collaborateurs de la même entreprise entretiennent une liaison, la façon la plus simple de régler la question est de l’officialiser.
Sinon, la cohabitation quotidienne des amoureux rend illusoire toute volonté d’y mettre fin. Les exemples que j’ai pu observer autour de moi se sont soldés par l’exfiltration d’un des partenaires dans une filiale ou une autre entreprise.
À propos d’amour, un film de Didier Kaminka (1990) évoque la Promotion canapé. Il raconte la carrière fulgurante de certaines femmes charmantes – eh oui ce sont plus souvent des femmes qui en bénéficient que des hommes –.
Douées de bon sens, celles-ci commencent par des postes intermédiaires qu’elles occupent avec brio, avant de bénéficier de promotions fulgurantes. Et d’atteindre le plus haut niveau des dirigeants de la société, avec une capacité d’adaptation rapide dans la tenue de leur nouveau poste.
Quittons maintenant cet univers de la gaudriole pour envisager l’affectivité dans le travail.
En effet, quel que soit son poste, on ne peut pas travailler efficacement sans aimer son travail, sans aimer ses collègues, du moins certains d’entre eux, sans aimer son entreprise. Et le manager ne peut pas commander efficacement une équipe s’il n’aime pas ses collaborateurs. Je dois dire que j’ai profondément aimé toutes les équipes que j’ai eu le privilège de diriger.
Mais le verbe aimer est ici plutôt synonyme d’apprécier.
C’est pourquoi il ne faut pas chercher à se faire aimer ! En utilisant par exemple la technique du tutoiement. La familiarité ne crée pas le respect !
Pour ma part, je n’ai quasiment jamais tutoyé un collaborateur, et je n’ai tutoyé mes supérieurs, à contrecœur, que quand ils me l’ont demandé.
Le vouvoiement permet d’entretenir le respect réciproque, il permet aussi de gérer toutes les situations de la vie professionnelle. Chacun sait qu’une relation professionnelle peut, comme dans la vie privée, connaître des hauts et des bas. Comment gérer un conflit sévère avec quelqu’un que l’on tutoie ? Comment sanctionner une personne que l’on a traitée comme un copain, voire comme un ami ?
On a sa vie privée pour se distraire ou se reposer, mais on est sur son lieu de travail pour travailler ! Élargir ses relations à de l’amitié personnelle avec des collaborateurs est, à de rares exceptions près, un jeu dangereux ! Au premier incident, l’amitié va perturber la gestion d’un problème et le rendre encore plus difficile à résoudre.
Ceci posé, je l’ai dit, j’ai aimé, apprécié toutes mes équipes avec sincérité. Mais cet amour des gens doit être naturel !
Je n’ai pas passé mon temps à faire de grandes déclarations aux uns et aux autres, mais je crois que, dans tous les postes de commandement que j’ai occupés, tous les gens ont ressenti le respect et l’affection que j’avais à leur égard.