Menthes-Friches - Barbara Auzou - E-Book

Menthes-Friches E-Book

Barbara Auzou

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Beschreibung

Menthes-Friches est né d’une volonté de parler « plus loin que la saison hostile » comme le suggère la lettre 2 de la section « Dans l’Atelier ».
Qu’elle soit variation autour de la menthe, de l’arbre à soie, du jardin plus généralement, il y a des secrets qu’on n’élève qu’au bleu du silence et c’est la main qui prépare la rencontre.
La tranquillité familière cherche son bonheur dans son sachet de lavande, l’armoire son masque dans un feutre mou.
Et la beauté poétique son ultime espace à faire feu…

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Barbara Auzou

Menthes-Friches

 

 

« Petits coups de ciseaux, lumière du dimanche

Matin où l’on coupait la menthe avec amour.

Restera cela même qui m’échappe aujourd’hui.

Donnez leur liberté aux choses qui survivent. »

 

Seamus Heaney

 

I.

 

La menthe se faufile et glisse foisonnante au bitume disjoint de l’attente comme au second foyer de l’orage et arpente sa verte blessure d’enclume à la braise d’un silence excessif.

 

II.

 

Ridicule d’asphyxie dans un ciel las des sommets, la fleur étourdie sur son essieu essuie l’échec de sa vanité et rêve de son berceau comme de sa première robe.

 

III.

 

Des colonnes d’odeurs sauvages regagnent du terrain sur l’interdiction de poindre

et à l’aube d’une verte naïveté s’offrent pyramidales à la main qui les enroule sans partage

dans leur fatal embaumement.

 

IV.

 

Et si le clou du spectacle

lacère mon pied

à l’herbe du troisième acte

que la plaie soit pure et tranchante

comme une trouée d’enfance

s’ouvrant intacte

au rideau d’un parfum

mentholé.

 

V.

 

La fenêtre farouchement fendue à la feuille effrontée se flatte de la profondeur du ciel nu et à brides rabattues enfourche les flancs affolés d’un jour friand de liberté.

 

VI.

 

L’éternel retour du vert tendre

La pâle réplique et le coup de grâce

à surprendre dans le dernier refuge

le havre de l’espérance et l’ultime trace.

Dans une lumière bientôt inhabitée

la feuille sombre dans la persistance

de son vert foncé se replie et s’efface

comme l’histoire en excès

sur la compréhension de l’histoire

comme la loi du nombre sur la singularité.

Variations autour du jardin

 

« À trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par mon poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion… »

 

Extrait de Sido. Colette.

 

Je vous regarde, durs,

hagards de rêves endoloris,

arpenter des trottoirs cravatés

de solitude comme autant de rêves de sable,

démunis, gris et néanmoins affables

par prudence ou par nécessité ;

pourtant inquiets au matin

de ce qui va s’éteindre, de ce qui s’est déjà

éteint au corridor des pas pressés

de la poussière et de l’usure,

rêvant d’oasis en pleine lumière.

 

Et puisque des saisons rien ne dure,

forcer la porte d’un jardin que tout éclaire

pour faire renaître en vous l’obstination

enfantine du lierre

et à vos doigts métronomes remplis d’effroi

des arômes froissés d’espoir, d’épaule et de thym

En terre arable, de guéret en guéret.

 

Aux terrasses de l’aurore trop tôt réveillées

au chèvrefeuille frissonnant encore

de ses rêves d’espaliers,

les mouvements de la terre arasée

à la prunelle fruitée du printemps,

s’offrent un petit tour de balancelle,

surprenant la fauvette au chamois de son aile

et la racine enroulée sur son apaisement.

 

Sa chemise humide est suspendue à la haie basse

et les petits murets se penchent, se fissurent et l’embrasse

dans un rire. La rosée est alertée. C’est déjà demain.

Plus personne ne peut mourir au jardin de guerre lasse.

 

Tout semble en ordre

au reptile alangui

de l’exact midi

rompu à mordre

les mystères flottés du matin

pour soustraire au geste

l’économie.

 

Pourtant l’ombre du doute se démène

sur les sedums et le romarin

cherchant la bouche et le vertige

de l’incendie,

sa peau de silence rougie

qui suspend des ponts entre les pavots

bleus, les cinéraires et le lobelia.

 

Le pas brûle à la paume du jardin

comme maintenu au secret d’un cœur immédiat

dont le fruit éclaterait à la dent aussitôt.

 

C’est l’heure de l’onagre qui s’ouvre obstinée

quand tout s’éteint en silence de champ déserté.

Peut-être serait-il sage de saluer les murs

qui bâtissent graves et sûrs le berceau de la nuit

et de rafraîchir le plâtre de la peau livide

à l’herbe assoupie.

Ce qui n’a pas été résolu ce soir et reste au secret

de l’ardoise

se lave le visage des songes futurs

sous la lumière translucide.

 

Et nous nous taisons étonnés du demain

qui déjà nous devance et nous surprend

et de son ombre qui soulève doucement

la robe du vent

avant de refermer sur l’éphémère oubli

la porte étroite du jardin.

La porte étroite du jardin de l’enfance

 

« Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours… »

 

Marguerite Duras,

Des journées entières dans les arbres

 

Terrain de l’enfance

 

Blessée au dire

Sur le terrain lourd de l’enfance

j’ai semé des signaux incompris

comme on soupire

comme on fouille

comme on danse

comme on épure

cruel bourbier à la gorge

sage

de l’enfant qui ne renonce pas

aux images.

Elles collent aujourd’hui

en contours contrariés

Aux bottes du message

qui pressure.

 

Une certaine façon d’être au monde

 

Avec leur façon bien à elles d’être au monde

les ailes ont tissé les choses dites sur les hanches rondes

du silence

Les oiseaux sont devenus les gestes oubliés jadis sur le

grand damier

de l’enfance

Nous voilà investis d’un secret dont nous occupons

désormais le banc vide

 

Callipyge

 

La pomme de mon enfance